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Une Algérie fracturée, un enfant en danger

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par Lounis Oukaci
Université Mentouri de Constantine - Doctorat d'état en sciences de l'éducation 2007
  

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OUKACI LOUNIS

Docteur d'état en sciences de l'éducation
Maître de conférences .
Faculté des sciences humaines et sociales
Université de MENTOURI
Constantine
ALGERIE

Quand la volonté politique existe fortement, sincèrement,
L'histoire avance. Il est intolérable quelle continue d'avancer en foulant
Les plus faibles. Elle doit les porter à bout de bras, comme
Des gerbes d'espérance, vers un avenir de réel épanouissement humain.
MARCEL VOISIN

Introduction

« L'assemblée générale des Nations Unis a adopté le 20 Novembre 1989 lors de sa 77eme session le texte final de la convention relative aux droits de l'enfant. Depuis cette date historique la quasi totalité des pays l'a adopté. Elle a également force de loi en Algérie, depuis sa ratification le 23 Décembre 1992 par le parlement.

Mais que de chemins parcourus, que d'obstacles surmontés de part le monde, pour que l'enfant ait enfin une existence juridique, qu'il passe d'un état de «quasi personne» à celle d'un citoyen à part entière »(1) .

Très beau discours, qui ne reflète en rien, la réalité de millions d'enfants vivant dans l'oubli total et l'anonymat par excellence. Nous ne doutons pas de la sincérité de l'interlocuteur, mais nous voulons l'inviter à sortir à minuit sur son balcon, nous lui demandons d'observer et d'écouter.

Nous sommes persuadés, qu'il va s'apercevoir que, des millions d'enfants dorment avec un « ventre vide », que des centaines de milliers de femmes pleurent, et crient leur désespoir, que des milliers de jeunes meurtris dans leurs chairs, ont perdu tout espoir et projet d'avenir, que des millions de chômeurs crient leur détresse en regardant leurs progénitures s'éteindre à petit feu, que des centaines de milliers d'handicapés subissent la loi divine et la loi des hommes... .

Nous avons sollicité cet interlocuteur, le représentant de l'UNICEF en Algérie, parce qu'on a beau cherché cette «société civile» que nous avons finalement croisée, après maintes tentatives, en compagnie de la majorité des «Elus du peuple», dans cette nouvelle « république Algérienne démocratique », constituée uniquement d'hôtels de luxes, loin de cette autre Algérie Populaire.

Nous l'avons alors sollicité, pour qu'il se penche du haut de son balcon, pour observer cette deuxième république populaire désarçonné, aliéné.

Aussi, invitons gracieusement notre interlocuteur à faire un voyage à travers cette Algérie de l'indigénat pour qu'il puisse se rendre compte que l'UNICEF est aussi victime de cette analyse superficielle.

1- Une Algérie agonisante.

C'est avec sincérité et sérieux que l'Algérie s'est engagée à assurer toute la protection voulue aux enfants sur son territoire. Le reste du monde n'est cependant pas, sans savoir, qu'elle est confrontée à d'énormes problèmes.

D'ailleurs, certain indicateurs socio-économiques et éducationnels sont parmi les plus alarmants au monde : vieillissement de la population, absence de cellules de proximité d'accueil dans les régions éloignées, manque d'information, des taux de fécondité à partir de 35 ans, la non-maitrise des méthodes de contraception et le manque d'approvisionnement approprié. Ces causes, pour ne citer qu'elles, provoquent chaque année 1000 décès maternels et infantiles. Sur 180.000 décès enregistrés en 1999, 140 femmes sur 1000 meurent (soit 14% l'auteur) suite aux complications et 57 bébés décèdent suite aux malformations génétiques.

Cela étant, 8% des décès sont dus, essentiellement, aux avortements et/ou aux fausses couches ... les observateurs de la santé estiment que le taux de mortalité maternelle et infantile au Sud du pays dépasse les 30% » (2).

Du point de vue économique, la situation demeure alarmante. Le conseil économique et social (CNES) continue à tirer la sonnette d'alarme sur la situation économique et sociale. Quelques indicateurs démontrent clairement cette catastrophe qui pourrait engendrer une explosion sociale : déficit global du trésor à fin Juin 1999 : 80.2 milliards de dinars (03 fois plus important que celui enregistrer à la même période de 1998). Le taux de change afin Juin 1998 : 68.3 1 DA pour 01 Dollar US (contre 60.40 DA pour 01 Dollar US à fin Décembre 1998 et 66.16 DA pour 01 Dollar US à fin Mars 1999).

Le service de la dette à fin 1998 : 05 milliards de Dollars. Le découvert en compte courant des banques : 71.8 milliards de dinars (contre 40.2 milliards à fin 1998)... Plus de 01 million d'enfants souffrent de malnutrition, dont 100.000 de formes sévères.»(3).

Cette crise économique interne et chronique a eu des répercussions sur la société. Ses retombées sont dramatiques et représentent un réel danger sur sa cohésion sociale.

Selon une étude en termes réels du pouvoir d'achat des revenus salariaux entre 1986 et 1994 aurait été de plus de 45% (...). L'appauvrissement d'une partie des salariés est particulièrement sensible, puisque 13 % des chefs de ménages salariés sont classés dans la catégorie « très pauvres ». L'apparition de « nouveaux pauvres » issus des couches moyennes, depuis le début des années 90 est un phénomène inédit qui confère à la pauvreté de nouvelles caractéristiques. Un rapport reprenant des chiffres de l'ONS (office nationale des statistiques) affirme que 33% des salariés ont un revenu inférieur à 6000 dinars.

Bientôt nous aurons deux classes très distinctes les riches, qui représentent l'infime minorité, et les pauvres qui représentent la majorité. Le fossé est grand, très grand même, et de nouvelles moeurs commencent à apparaître et à s'amplifier à une vitesse phénoménale. Cette évolution à deux vitesses engendrera, dans un futur proche, grâce à l'effondrement des valeurs, une nouvelle forme de banditisme et de pression, qui sera exercée sur les «hommes politiques».

Du point de vue éducationnel, la situation n'est guère encourageante. Le 1/4 de la population est analphabète soit plus de 07 millions, dont plus de 04 millions de femmes, la déperdition scolaire est de 500.000 élèves par an. « Les salles de classes sont utilisées à plus de 220 % de leur capacités. Le parc des infrastructures du primaire accuse un déficit qui dépasse les 40.000 salles de classes, ce qui correspond à 12 ans d'investissement à ce niveau. En ce qui concerne la qualification des enseignants dans les deux premiers cycles, on recense prés de 85% des enseignants ne possèdent pas le baccalauréat. Le taux est de 63% dans le troisième cycle. Dans le secondaires en revanche, les enseignants sont majoritairement d'un niveau universitaire 9 7%» (4).

Pour ce qui est des supports pédagogiques, « on note que sur 15200 écoles primaires, réparties sur le territoire national, 4045, soit 26% seulement, sont dotées de bibliothèques scolaires »(5). Enfin pour ce qui est de la santé scolaire, on note que « la couverture sanitaire des écoles atteint à peine les 50% ». (6)

Du point de vue politique : la participation politique des citoyens se trouve fragile, sinon inexistante. Le principe qui guide la démocratie est celui de la citoyenneté. Il implique à la fois le droit pour chaque être humain d'être traité par les autres en égal en ce qui concerne la formation, les choix collectifs et l'obligation

de la part des gouvernants d'être également responsables devant tous les membres de la société politique ; inversement, ce principe impose aussi des obligations aux gouvernés, notamment celle de respecter la légitimité des choix, comme il accorde aussi des droits aux gouvernants, notamment celui d'agir de manière autorisée pour promouvoir l'effectivité de ces choix, et pour protéger la Nation des menaces contre son existence.

La démocratie (comme régime), la citoyenneté (comme statut et rôle) et la participation (comme activité) sont trois concepts étroitement reliés. Tous trois posent de sérieux problèmes sémantiques à l'origine d'importants désaccords épistémologiques et idéologiques. De ce fait, la démocratisation désigne les processus par lesquels les règles et les procédures de la citoyenneté sont soit appliquées aux institutions politiques anciennement régies pour d'autres principes (le contrôle coercitif, la tradition social, le jugement des technocrates ou la pratique administrative), soit élargies pour inclure des personnes ou des groupes qui ne jouissaient pas antérieurement de tels droits et obligations, soit enfin étendues pour ouvrir les institutions qui n'étaient pas antérieurement soumises à la participation des citoyens.

Or, il se trouve que, chez nous le concept de citoyenneté, n'est pas pris en considération par la classe politique. Cette dernière cherche à s'imposer comme substitut à ce déficit de citoyenneté, donc à amorcer une fonction de mobilisation politique et d'intégration, tout en risquant d'hypothéquer doublement celle-ci. D'une part, en construisant la citoyenneté sur un monde externe à nos valeurs ancestrales, rendant de la sorte plus difficile la conversion de la citoyenneté en instrument de gouvernement et donc en argument de mobilisation de l'obéissance civile.

D'autre part, cherchant à corriger ce défit de citoyenneté dans un espace politique différencié, en l'associant à la stratégie, de protection ou de promotion d'une classe politique nouvelle ou de notables traditionnels convertis en élite politique, elle risque d'associer la fonction citoyenne moderne à une légitimité fragile.

Les conditions de vie que connaît un grand nombre de familles et d'enfants son telles que l'application des dispositions et articles divers de la convention ne peut se concevoir que dans le cadre d'une démarche tendant à remédier progressivement à la situation ; les désavantages et les privations de droits dont souffrent les enfants sont en effets plus marqués et plus difficiles à surmonter.

A l'heure actuelle, l'Algérie subit comme d'autre pays du monde les effets de certaines évolutions socio-économiques aux retombées défavorables sur la situation de nombreux enfants de moins de 18 ans. Au premier rang d'entre elle, figure la transition rapide d'une économie presque exclusivement agraire à une économie de marché où l'industrie et les services occupent une place grandissante. Ce phénomène est accompagné d'un déplacement de la population des compagnes vers les villes, le gros des migrants appartenants aux groupes sociaux les plus pauvres (la concentration de la population au Nord du pays, due à l'exode, est l'une des délicates contraintes que rencontre l'Etat).

Selon une étude faite par un ingénieur en 1987 : « 65% de la population, soit environ 15 millions d'habitants, était concentré au nord occupant une superficie ne dépassant pas les 4% du territoire national et comporte l'essentiel des terres agricoles, soit 70 %. Dans les autres régions, 25%, soit 5,7 millions d'habitants se trouvent dans les hauts plateaux sur environs 9% du territoire national. Quant au Sud qui représente 87% de la superficie nationale, seulement 10%, soit 2,2 millions d'habitants, y vivaient.

Alger à cette époque comptait 3.663.505 habitants concentrés sur 0,3% de la superficie nationale, soit une densité de 508 h/km2. Ainsi ce phénomène a provoqué une utilisation abusive et anarchique des terres agricoles les plus fertiles. Par ailleurs, la zone tellienne, considérée à grand risque sismique comptera en 2010 plus de 20 millions d'habitants et atteindra un taux d'urbanisation estimé à 70 %. A cela vient s'ajouter l'accroissement anarchique des villes et des activités

économiques et industrielles qui menacent les ressources rares et qui imposent une pollution préoccupante des eaux, des sols et de l'atmosphère » (7). Sans oublier en plus le taux d'accroissement de la population des grandes villes, le manque de terres et la marginalisation croissante de certain groupes (l'urbanisation du pays est à présent estimée à la hauteur d'environ 60% et les bidonvilles accueillent une grande majorité de la population urbaine, cette dernière est en augmentation rapide (...). Les demandes de logement dépassent les 500.000), tout cela contribue à une certaine clochardisation de tous les aspects de la vie, clochardisation qui à un effet négatif sur les moyens de subsistances, la cohésion familiale et la place des enfants.

Un nombre grandissant de ménages est dirigé par une femme seule, dont beaucoup abandonnées temporairement ou définitivement par des maris qui se soustraient à leurs responsabilités familiales.

Les bouleversements de l'économie mondiale dans les années 80, ont eu des répercussions sur l'ensemble des pays. En Algérie, l'augmentation du nombre de femmes devant assumer seules les charges de la famille, souvent sans qualification ou une formation adéquate et suffisante, en fait la catégorie sociale la plus vulnérable. Ceci représente une des symptomatiques de la conjoncture actuelle qui caractérise l'Algérie d'aujourd'hui.

Dans les années fastes, la question du travail de la femme ne se posait pas. En effet, l'épanouissement personnel dans le prolongement d'une scolarité rendu possible par la démocratisation et la gratuité de l'enseignement pour tous favorisait l'insertion socioprofessionnelle de la femme. « Aujourd'hui, cette insertion socioprofessionnelle ne se pose plus dans les mêmes termes, elle se pose beaucoup plus en terme de nécessité économique dont l'enjeu est la valorisation du revenu de la femme ou de sa famille, lorsqu'il n'est pas celui de la création d'un revenu inexistant auparavant. Le taux d'activité féminine est de 16.7%. 8,4% de familles ont une femme comme chef de famille. 3200 femmes, sans emploi, sont chef de famille ou chef de ménage ». (8) Cette situation alarmante ne peut qu'avoir une influence négative sur le devenir de l'enfant.

2- Les conditions de vie et l'épanouissement des enfants.

Un nombre relativement élevé d'enfants vivent dans des conditions particulièrement difficiles : la faim, la malnutrition, l'inégalité des chances devant l'éducation et la santé dues aux déséquilibres régionaux provoqués par les pouvoirs successifs, autant de démentis catégoriques à nos déclarations humanitaires : l'analphabétisme juridique par excellence touche tous les enfants algériens, des centaines et des centaines de milliers d'enfants sont analphabètes, des centaines et des centaines de milliers d'enfants se prostituent. Les moeurs ont atteint un seuil intolérable, et nous ne devons pas nous étonner, si un jour la prostitution sera institutionnalisée. Des centaines et des centaines de milliers d'enfants souffrent de malnutrition. Des centaines et des centaines de milliers d'enfants handicapés échappent aux statistiques, d'où l'absence d'une prise en charge. Enfin, des centaines et des centaines de milliers d'enfants traumatisés à jamais par les effets de la nouvelle guerre d'Algérie 1990 (...). Nous en accueillons la nouvelle comme un fait divers, pire un fait semblable aux prévisions météorologiques ! ... .

Avons-nous le droit de tolérer cette catastrophe alors que nous sommes au troisième millénaire ? L'opinion publique, est-elle prête à lui sacrifier les subventions allouées aux festivités, célébrées ici et là ? N'est-il pas navrant de constater la légèreté, le désintéressement et le peu d'intérêt que nous tirons de notre situation privilégiée ?

Nous disons avoir le souci de l'intérêt de l'enfant, de sa promotion sociale, de son épanouissement, de son éducation, de ses besoins essentiels, à un bon départ dans la vie, et nous révélons un tel mépris de la vie des enfants que nous compromettons l'avenir de la nation.

De toute évidence, ces enfants sont entrain de perdre leur santé, leur énergie, leur ressort moral. « La pauvreté ainsi répandue se traduit pas uniquement par des insuffisances de nourritures, de santé de logement, de développement mental. La pauvreté sociale entraîne les handicaps d'éducation, de formation, de promotion. Elle interdit les loisir et le plaisir, sauf « celui du pauvre » qu'est l'acte sexuel, « créateur » à son tour de pauvreté. « Le fait de pauvreté piétine les vies » (9).

Rappelons, en effet, qu'en « 1987, le nombre de familles est à 3.931.386. La taille moyenne ayant évoluée de 4.66 à 5.87 personnes par famille (5.68 en 1977). A

la fin de l'année 1995 on estime le nombre de familles à 4.920.000, par contre, la taille moyenne des ménages passe respectivement de 5.1 en 1966 à 7.1 personnes en 1987 et 6.9 en fin 1995 »(10).

Actuellement, il y aurait 03 millions de familles, qui vivent au dessous du seuil de pauvreté. Terrible constat d'un pays dont le dynamisme et la prospérité passaient pour des exemples à suivre. Cela nous incitera à prendre plus profondément conscience du drame vécu par les populations du fin fond de l'Algérie.

Dans les ménages les plus pauvres, des enfants de moins de 15 ans cessent souvent d'aller à l'école pour accomplir des taches contribuant au budget familial. En ville, les jeunes trouvent à s'employer dans presque tous les métiers pour lesquels ils possèdent la force requise. Ces jeunes, comptent parmi les habitués de la main d'oeuvre du secteur non structuré, leur degré d'exploitation économique varie selon la branche et l'employeur.

2.1. Le travail des enfants et des adolescents.

Enquête dans les régions de Constantine et de Oum-El-Bouaghi.

1-A- Introduction.

L'exploitation de la main-d'oeuvre infantile, fléau que l'on croyait inexistant, commence au contraire à se propager et à prospérer. Les causes de cette exploitation de l'enfant, il faut les chercher parmi les causes du sous développement économique ou dans l'inadaptation des méthodes de travail moderne à la production. Si l'on veut protéger réellement, efficacement l'enfant contre toute forme d'exploitation, il faut d'abord libérer les parents en leur permettant de satisfaire leurs besoins essentiels : de nourriture, de santé d'instruction, de logement etc. Nous ne pouvons nous empêcher de revenir, aux causes mêmes qui engendrent les effets les plus néfastes pour les enfants. Et face à ce cercle vicieux de la misère, pendant combien de temps continuerons nous à formuler des voeux pieux ? Ainsi, dire au paysan, à l'ouvrier, au chômeur, qu'ils n'ont qu'à avoir moins d'enfants n'est pas la meilleure manière de les aider à résoudre leurs problèmes.

Il n'est pas suffisant de promouvoir un âge minimum du travail. Il faut surtout lutter contre la pauvreté par la mise en place d'une politique susceptible de permettre aux populations d'avoir des raisons de vivre là où elles sont. La protection de l'enfant est devenue indispensable : comment peut-on l'assurer ? Avec quels moyens ? Par quel miracle fera-t-on changer d'avis aux exploiteurs toujours assez adroit pour contourner la loi ? Le mal n'est- il pas plus profond qu'on ne le pense, et l'enfant dans notre société aliénée sera-t-il mieux préparé à une vie heureuse que son ami des pays respectueux et respectables ?

1. B. Enfants et adolescents sur le marché du travail.

Cette enquête traite, la question du travail des enfants et préconise des mesures en vues d'instaurer des lois incitatives voire coercitives, pour les familles qui empêchent leurs enfants d'aller à l'école, revalorisant ainsi le statut des enfants afin de les soustraire à l'exploitation aveugle. L'enquête préconise encore d'autres mesures pour éviter que les enfants soient mis au travail subrepticement, ou fortuitement. Elle vise aussi à déterminer dans quelle mesure la réglementation en vigueur qui interdise le travail des enfants est en accord avec les normes et les

valeurs de la société concernant la place qu'occupe l'enfant. [(Statut général du travailleur, loi n° 78-12 du 05 Août 1978)](11).

Cette enquête effectuée pendant la période 1996-97 a porté sur 2016 enfants et adolescents de 13 à 18 ans et sur les activités auxquelles ils consacraient plus de 30 jours par an.

Pour savoir si les adolescents avaient travaillé, des questions leur ont notamment été posées sur des activités allant du travail saisonnier dans les champs, les carrières, dans les magasins, dans les pizzerias ou autre. Une définition très large du « travail » a donc été adoptée pour tenir compte de la forme (l'enquête) et de la définition en droit, du travail à l'intérieur d'une entreprise : « un poste de travail désigne un ensemble déterminé de taches qui sont à accomplir régulièrement par un travailleur dans le cadre d'une répartition de toutes taches qui incombent au collectif dont ce travail fait partie » (art.99).(12) Par ailleurs, il est précisé que « la raison d'être d'un poste de travail doit être défini avec le maximum de précision, notamment en ce qui concerne les taches, y afférente. » (art. 101)(13).

Il n'a pas été tenu compte en cours de l'enquête de la période pendant laquelle les activités se sont exercées, pendant l'année scolaire, ou pendant les vacances. En d'autres termes il est tenu compte dans les pourcentages indiqués, du lavage d'une voiture fait trois à quatre fois dans l'année, ou encore de la vente de journaux. Il convient aussi de faire observer que l'échantillon utilisé dans cette enquête n'est pas représentatif de tous les jeunes des deux régions sus citées.

Les résultats obtenus ne peuvent être étendus à l'ensemble du pays en raison de la façon dont le groupe étudié a été composé. En effet, d'une part l'échantillon a été sélectionné dans les régions. Il n'a jamais été question de procéder à un échantillonnage aléatoire. Les jeunes scolarisés ont été contactés directement par l'intermédiaire des enseignants, pour ce qui est des jeunes non scolarisés, il ne nous a pas été difficile de les contacter. Les répartitions dans les différentes catégories d'établissement d'enseignement ne sont pas numériquement représentatives de la répartition nationale ou régionale des jeunes qui fréquentent les mêmes catégories d'établissement. Cette remarque vaut également pour l'âge des jeunes interrogés.

Les limites indiquées ci-dessus quant au caractère représentatif de l'enquête ne signifie cependant pas que ces résultats soient sans valeurs. Les informations recueillies permettent d'avoir une bonne idée du point de vue qualitatif des nombreux aspects du travail des jeunes. Les limites ont été indiquées clairement afin que l'on ne recherche pas à tirer des conclusions précises sur les enfants et les adolescents à partir des données numériques de cette enquête.

1. C. résultats et commentaires.

Il ressort de l'analyse quantitative du travail des enfants que la réglementation en vigueur n'est pas en accord avec l'évaluation des mentalités en ce qui concerne le travail des enfants. Cela tient à l'antinomie qu'il y'a entre le travail tel qu'il est défini par la loi (art. 99. A103) (14), d'une part, et d'autre part, le fait qu'une grande partie du travail accompli par les enfants, selon les résultats de l'enquête, représente un moyen de gagner un peu d'argent et d'occuper leur temps libre et ne saurai en général être considéré comme un travail au sens courant du terme, selon l'avis des employeurs. L'enquête révèle, par exemple, que 25.82% du travail effectué par les enfants de 13 à1 8 ans consiste à laver des voitures, 25,03 % de la même tranche d'âge revend les cigarettes. Par contre 13.50% travaille dans des garages de mécanique comme « apprenti ».

Si nous considérons, que ce lieu de travail est équivalent au travail dans une entreprise, on pourra dire qu'il y a violation des lois portant interdiction de recruter des enfants de moins de 16 ans. Ainsi, il y a violation des lois d'apprentissage. Par exemple le travail dans un garage de mécanique auto (13.50%), commerce en détail (278%), travail dans les carrières (8,7%), travail dans une boulangerie (0.39 %).

Ces activités sont considérées, par les employeurs, comme des occupations pendant le temps libre. Il en va de même pour le travail saisonnier, où on trouve à l'intérieur de cette tranche d'âge des écoliers, qui avaient travaillé en saisonniers au moins 60 jours par an.

Quoiqu'il en soit les textes sont formels. Toute personne employant des enfants de moins de 16 ans est en infraction avec la loi même si le travail est saisonnier. (Relation de travail, condition est modalité de recrutement : art.44 ; l'âge minimal requis pour le recrutement est fixé par le statut particulier de l'organisme employeur. En aucun cas, il ne peut être inférieur à 16 ans. De 16 ans à leur

majorité civile, les jeunes travailleurs ont les mêmes droits, et les mêmes devoirs que les employeurs occupants les mêmes postes de travail.)(15).

En ce qui concerne l'apprentissage la loi n°81-07- du 27 Juin 1981 stipule : « le contrat d'apprentissage doit être signé par le père ou le tuteur légal et l'employeur, qui peut être selon le cas artisan ou un directeur de l'unité de production ou un responsable de service de formation de l'unité (...). Pour les employeurs accueillants leurs propres enfants ou leurs pupilles en qualité d'apprentis, ils doivent remplir et signer en (05) exemplaires au main d'oeuvre le plus proche.»(16).

De même l'organisation internationale du travail (OIT), ainsi que l'UNICEF, considèrent que le travail des enfants de moins de 16 ans, comme étant une violation des droits fondamentaux des enfants.

Le tableaux ci-après contient amples renseignements sur le nombre de violations et d'interdictions du travail des enfants sur le temps du travail et repos, ainsi que la sécurité social.

LES JEUNES SUR LE MARCHE

Secteur

 

Nr de
jeunes

%
globale

Groupe
13-15 ans

Groupe
16-18 ans

%
13/15 ans

%
16/18 ans

Restauration *

49

2.32

00

49

00

3.62

Plongeur dans un café *

17

0.80

02

15

0.26

1.11

Manoeuvre *

81

3.84

00

81

00

5.99

Travaille saisonnier (agriculture)**

118

5.60

31

87

4.10

6.43

Boulangerie *

103

4.89

03

100

0.39

7.40

Station service (garage) *

267

12.67

102

165

13.50

12.21

Lavage de voitures **

198

0.40

195

03

25.82

0.22

Revendeur de journaux (matin/soir) **

78

3.70

19

59

2.51

4.36

Revendeur des cigarettes **

447

21.22

189

258

25.03

19.09

Travail à la carrière **

144

6.83

61

83

8.07

06.14

Travail dans les marchés **

387

18.37

129

258

17.08

19.09

Commerce en détails *

134

6.36

21

113

2.78

08.36

Aide dans l'entreprise familiale *

21

0.99

00

21

00

01.55

Divers

62

2.94

03

59

0.39

04.36

 

2106

99.93

755

1351

99.93

99.93

* peut être considéré comme travail dans une entreprise.

** peut être considéré comme travail en dehors d'une entreprise.

Les jeunes interrogés se répartissent, par âge comme suit :

18

16.28

343

17

19.99

421

16

27.87

587

15

15.24

321

14

12.58

265

13

08.02

169

Tranche d'âge

13-15 ans = 755 jeunes 16-18 ans = 1351 jeunes.

D'après l'enquête, les 2016 enfants ne connaissent pas ce que veut dire ce concept, même les jeunes, ayant un emploi stable, ne sont pas déclarés, par l'employeur quoiqu'on dise la loi (chapitre III la protection sociale Art. 187).

Le tableau nous donne aussi une idée du nombre de jeunes âges de (16 à 18) ans ayant quitté l'école, et sont autorisés à travailler par les parents sans que ces jeunes soient déclarés, ni rémunérés selon la loi il en va de même des enfants en bas âges, qui sont autorisés, des fois, obligés, à travailler pendant les vacances scolaires, ou les week end dans les marchés, dans les carrières, à vendre les journaux ou à aider la famille dans leurs entreprises. En outre, les enfants des fellahs et des petits commerçants, qui habitent sur place, obligent leurs enfants à travailler plusieurs heures par jours ou par semaine, sans aucun remord ni aucun scrupule.

D'une manière générale 79.88% de tous les travaux effectués par les jeunes de (13 à 18 ans) le sont à longueur d'année.

1-D- Conclusion :

Cette enquête révèle que l'exploitation des enfants existe bel et bien en Algérie. Aussi, le travail des jeunes de la tranche d'âge (16 à 18 ans) pourrait avoir un aspect éducatif et pourrait être important pour l'avenir des jeunes, leur permettant d'acquérir l'expérience, et ainsi ne pas être totalement dépourvus. Lorsqu'ils arriveront sur le marché du travail légal. Mais, néanmoins, il ne favorise pas la fréquentation scolaire pour la tranche d'âge (13 à 15 ans), parce qu'il est source de fatigue, d'échec et de déperdition scolaire.

3- Les enfants de la ville :

L'exode rural a eu des conséquences néfastes, également dans les villes la situation de guerre et d'insécurité, à l'instar d'autres facteurs, y sont pour beaucoup. Celles-ci, surpeuplées, ne peuvent accueillir les nouveaux arrivants des campagnes, ailleurs, que dans des bidonvilles et des taudis. Généralement, c'est la génération active qui quitte les douars. Ces jeunes n'ont aucune chance de travailler. Les nouveaux chômeurs ne font qu'amplifier le nombre très élevé de chômeurs dans les villes.

Ces jeunes, en chômage, vivent misérablement dans les bidonvilles des quartiers périphériques, où les conditions d'hygiène sont telles qu'on pourrait avancer que la mortalité serait extrêmement élevée. Les personnes âgés et les enfants, restés aux douars subissent le dépérissement de la communauté rurale.

Pour les jeunes de 15 ans et plus, la ville n'est qu'une vitrine de consommation, où la chance de trouver une embauche est minime. Pour pouvoir se réinsérer, ils ne leur restent que les moyens illégaux non pas pour vivre, mais pour survivre.

Ces jeunes et ces moins jeunes, vivant dans les villes, souffrent de l'exiguïté du logement. On peut se poser la question sur l'espace qui leur ait réservé ? Les enfants de la ville n'ont pas leurs place, même dans les lieux qui leur reviennent de droit : l'école, la crèche, la maison. Seul la rue leur appartient. Car souvent, il est chassé du logement, ses jeux sont trop bruyants et provoquent des conflits avec les voisins... Il est temps de leur rendre leur place de rêve et de poésie, de leur permettre d'affirmer leur autonomie et leur liberté et, avant tout de leur rendre l'espace (crèche, école, espace vert), où dépenser leur énergie vitale à bon escient, et redécouvrir leurs corps et leurs potentialités, où vivre l'épanouissement, le grandissement par le jeu et l'exploit. La famille agressée de toute part, s'est repliée sur elle même. L'enfant est coupé du monde naturel. Ses parents ne l'amènent plus à toucher, à voir, entendre, à garder le contact direct et immédiat avec le monde

concret. L'école, avec son programme abstrait, renforce le fossé entre l'enfant et la réalité amère vécue au quotidien. Il se retrouve tiraillé entre un curriculum formel, dispensé dans une école sanctuaire, et un curriculum réel totalement contradictoire. Plus tard, adulte frustré, il sera la proie de toutes les influences, il sera nourris de fatalisme qui, poussé à l'exaspération, fera rejaillir toute sa haine et sa rancoeur envers la société.

4- Les enfants des bidonvilles.

Les jeux de ces enfants reflètent le paradoxe de l'existence humaine. Survivre est leur préoccupation première, mais, celle-ci s'intègre dans leurs habitudes de jeu, car malgré la maladie, l'ignorance, la pauvreté, les enfants des bidonvilles jouent, inventent une infinité de jeux. Les plus marquants sont, ces dix dernières années, où les jeux violents sont très fréquents dans les cités à grande densité de concentration des populations.

Comme le fait remarque MICHEL DE MONTAIGNE, génial précurseur de la psychopédagogie du 20eme siècle, que « les jeux ne sont pas des jeux en eux mêmes, mais il faut les considérer comme leurs occupations les plus sérieuses ».

Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à chasser les pigeons sur les toits des bâtiments, et tire une satisfaction, en arrachant «les tètes des pigeons » ? Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à « harceler » chats et chiens à coup de pierres ? Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à saccager l'éclairage public et les cages d'escaliers à coup de pierres ? Que peut-on dire devant le jeu de ce groupe d'enfants qui s'amusent à jouer à l'intérieur des poubelles ? Où sont les parents ? Où est l'école ? Où est la société civile ? Où sont les pouvoirs publics ? Où sont les élus du peuple ? Quel est le devenir de ces milliers d'enfants qui sont livrés à eux - mêmes ? La violence sous toutes ses formes est une réalité. Pour l'enfant, les films violents permettent le défoulement. Pourrait-on sublimer cette pulsion ?

Beaucoup ont songé aux sports de compétition, ou d'amateurs, à l'art et la musique, qui la canaliserait dans une saine émulation. Induire une politique artistique et sportive dans le milieu scolaire sera l'un des moyens de diminuer l'agressivité des enfants à l'intérieur et à l'extérieur de l'établissement. Ce n'est pas à coup de cours magistraux et de campagnes de sensibilisation qu'on arrivera à éradiquer la violence. Mais ce qu'il faudra faire, c'est instaurer une stratégie globale où le concept violence sera pris dans son sens le plus large, car la violence existe à l'intérieur de la famille, dans les institutions étatiques, etc.

4-1- Pour une prise en charge réelle de l'enfant.

En reconnaissant à tous les enfants sans exception le droit au bien-être physique, la déclaration des droits de l'enfant voulait que soient satisfaits au maximum leurs besoins primordiaux. Elle veut toutefois aller plus loin en ce qui concerne l'enfant en danger moral et l'enfant mentalement et socialement désavantagé, en prévoyant pour eux les soins spéciaux que nécessitent son état ou sa situation.

Selon les sources de l'office national des statistiques (ONS), les ministères de l'éducation, de la santé et du travail : « le nombre d'enfant entre 0-15 ans est de 140.000 handicapés, soit 1,2 % du total de la population globale, répartie selon l'handicap : le taux des non voyants 16,5% ; le taux des malentendants 41,71% ; le nombre d'enfants danger moral est de 12.000, le nombre d'enfants illégitimes est de 3000 enfants ».

Ajoutons à ces données « les 7000 enfants orphelins, dont les parents ou le père, sont terroristes » (17) , et les quelques 40.000 enfants, dont les parents sont assassinés par les terroristes. En plus les enfants issus du divorce, qui évolue en courbe ascendante « 22.676 en 1994 contre 24.866 en 1998 » (18) . Et enfin les 500.000 élèves, qui sont chassés, sans aucune qualification, chaque année de l'école. Cette masse représente « une masse de délinquant potentiel », donc en danger moral avec son lot de problèmes (toxicomanie, banditisme, prostitution, grossesses prématurées et dysfonctionnement familial).

5- Une société mise devant ses responsabilités.

Il faut absolument qu'une conscience collective suscite l'adoption d'un train de mesures susceptible de modifier fondamentalement le statut social de l'enfant. Toute société, qui se veut respectueuse des principes humanitaires auxquels elle se réfère, doit mettre tout en oeuvre pour assurer la préparation effective de l'enfant à son rôle de citoyen.

Comment former des citoyens futurs responsables et actifs ? Nous ne devons avoir d'autre ambition que rendre à l'enfant son indépendance en lui inculquant les valeurs et les normes humanitaires et universelles. Car il faut que tout enfant puisse devenir tout ce que sa nature lui permette d'être, c'est à dire être capable en fonction de ses capacités cognitives et conatives de trouver sa place, tout juste sa place, dans une société en pleine transition, désormais mondialisée.

L'école et l'un des 03 catalyseurs (famille, école, masse médias) qui nous permet d'arriver à cette finalité créer un ALGERIEN - CITOYEN.

5-1- L'éducation à la citoyenneté dans le milieu scolaire.

1- Introduction

Le souci de préparer, à l'école, les enfants à leur futur rôle de citoyen semble avoir été présent dans notre société. Evidement, selon l'évolution de la société algérienne, les orientations de l'éducation à la citoyenneté devront être posées en termes différents. Avant, l'objectif était de former un « citoyen socialiste ». Cet idée a persisté jusque dans les années 80, date à laquelle toute la société a basculé dans l'oubli total. Aujourd'hui, le pluralisme multiforme oblige à reconsidérer le concept traditionnel de la citoyenneté, largement fondé sur l'appartenance à une société « fermée » et homogène.

La conscience de l'importance de revoir l'éducation à la citoyenneté à la lumière des besoins nouveaux de la société s'exprime par des attentes elles-mêmes nouvelles. Comment ces nouvelles attentes s'incarneront dans les politiques, programmes et pratiques scolaires ?

2- Formation de l'élève citoyen.

L'école a un triple mandat, celui d'instruire, de socialiser, et d'éduquer les générations nouvelles afin qu'elles puissent acquérir d'une part, des compétences leur permettant d'agir sur le monde physique et sur la nature et, d'autre part, des normes et des règles de vie facilitant la vie en société, notamment le règlement des conflits. La formation civique, indépendamment des appellations qu'on a pu lui donner, est fondée sur la nécessité de transmettre des connaissances concernant les règles à la vie sociale et le fonctionnement des institutions, ainsi que les valeurs correspondants aux comportement attendus du citoyen dans la société et auxquelles renvoient ces règles et ces institutions. L'école algérienne répond-t-elle aux nouvelles attentes de l'élève ? Sans tomber dans l'erreur nous disons non cela est du à (04) quatre reproches qu'on pourrait faire à la « qualité » du système éducatif.

Premièrement : une concentration excessive des apprentissages sur la mémorisation des faits s'opère aux dépens de la capacité d'analyse, de réflexion et de résolution de problèmes.

Deuxièmement : Des lacunes existent dans les disciplines peu prisées par les responsables politiques (langues étrangères, sciences humaines, sociales et politiques). On reproche également à la «qualité» de l'enseignement un certain nombre de falsification dans les matières historiques, et une importance excessive donnée à l'idéologie.

Troisièmement : Au niveau de la pédagogie l'approche dominante est fondée sur le cours magistral. La certification des connaissances prend essentiellement la forme de questions de cours apprises par coeur. Il y a donc très peu d'attention à l'individualisation des apprentissages.

Quatrièmement : Enfin, au niveau de la gestion administratif. Elle est qualifiée de bureaucratique. Elle l'est tout d'abord dans son aspect organisationnel, où la centralisation et l'impersonnalité sont poussées au maximum. Elle l'est en second lieu, dans sa pédagogie et dans l'acte même d'enseignement caractérisé par l'existence d'un fossé entre l'enseignant et l'enseigné, qui reproduit la séparation en strates du système Bureautique. Elle l'est, enfin, dans l'importance qu'elle donne au problèmes de la sélection d'une petite élite et de son assimilation aux couches sociales supérieures, au détriment de la formation même de l'ensemble des

étudiants... .l'importance de former des citoyens est directement évoquée dans les objectifs généraux de l'éducation et les programmes scolaires. Cependant, les degrés où de tels objectifs sont repris et concrétisés dans des contextes spécifiques totalement contradictoires aux attentes de l'enfant d'une manière particulière et la société d'une manière générale. Et c'est à travers les chartes de TRIPOLI et d'ALGER (1962-1964), que se sont codifiées les premières orientations officielles concernant le système éducatifs au sein de l'Etat indépendant. Ces premières orientations sont intégrées dans le système éducatif en fonction de la définition du concept « culture », celle-ci se résume dans l'option formulée : « la culture algérienne sera nationale, révolutionnaire et scientifique ».

Le rythme auquel se succèdent les programmes de l'éducation civique depuis 37 ans est édifiant. Réduite à une « instruction » civique dans les programmes scolaires et diluée dans les activités d'éveil au niveau du primaire durant la période 1963-1980, une éducation éminemment dogmatique avait été imposée à la rentrée scolaire 1980-1981, date qui coïncidait avec la généralisation de l'école fondamentale et l'arabisation de bas en haut et de haut (l'université) en bas. L'éducation civique représentait alors, une discipline très importante, avec horaires spécifiques et programmes spécifiques.

Le compte à rebours de l'explosion sociale était alors programmé et, peu de gens, malheureusement, le savaient. Cette poignée d'intellectuelles ne pouvait rien faire devant les mercenaires à la solde des pays, qui nous haïssaient (...) le constat est là pour confirmer l'alarme déclenchée antérieurement : l'école tenue en otage par « des individus », n'a fait que « cloîtrer » ces enfants et ces jeunes, ces derniers, sont conscients d'être écartés des responsabilités, sont conscients quant au bénéfice du profit social (le droit à la scolarisation), sans prendre leur part de production (le partage des bénéfices).

Automatiquement il y a rejet du système et rébellion qui trouvent explication dans trois facteurs :

Le premier : se trouve dans le conception idéologique de l'école même, le seconde : facteur réside dans l'enseignement aléatoire et non planifié des matières religieuse par un ensemble d'enseignants non qualifiés, pour ne pas dire incompétents, et la non compatibilité des programmes de cette matière avec l'aspect cognitif de l'élève.

Et enfin, le troisième facteur : est l'enseignement falsifié de l'histoire algérienne. Cette falsification a vidé ce grand patrimoine de sa substance, qui aurait pu être l'élément moteur de cette « énorme énergie » qu'est la jeunesse d'aujourd`hui.

Ce que nous devons faire pour une bonne éducation à la citoyenneté, sera de mettre en relief les deux dimensions de l'éducation civique en termes de savoir faire pratique, de pratique des valeurs. Les droits de l'homme, et les droits de l'enfant serviront de cadre de référence. Une refonte de l'éducation civique et sa mise en place devra être amorcée à tous les niveaux de l'enseignement fondamentale et secondaire. Jusqu'à un certain point, l'éducation à la citoyenneté fait bien ressortir l'un des principaux enjeux de sa redéfinition.

Comment prendre en compte la pluralité et la diversité idéologique tout en assurant la transmission d'un patrimoine et des repères identitaires communs permettant la communication et assurant la cohésion sociale ? Pour introduire ce concept dans notre « culture scolaire », il faudra assurer : Premièrement le débat pour les compétences civiques mises de l'avant dans les divers programmes et les présenter sous forme de connaissances à faire acquérir à l'enfant. Le second réside dans la prise en compte de la nécessité que l'enseignement formel soit associé à des méthodes pédagogiques et à des structures de participation permettant l'exercice actif de la citoyenneté par les élevés au sein de la classe, de l'institution scolaire et de la société.

Comme on le constate, l'éducation à la citoyenneté a une dimension très large qui doit prendre place dans tous les enseignements et qui est, par conséquent, l'affaire de tous. Il est donc parfois difficile de voir comment l'éducation à la citoyenneté prend forme à travers les contenus d'enseignement. Malgré les difficultés pratiques qu'on pourra rencontrer ceci ne devra pas nous empêcher d'aller de l'avant et faire acquérir à la jeunesse future le statut de citoyen et pour arriver à concrétiser cet objectif il faudra :

3- Les connaissances à faire acquérir :

En ce qui concerne l'éducation civique nous suggérons à la tutelle d'articuler les programmes du fondamentale et du secondaire sur les thèmes suivants :

· l'accès à la culture dans son sens le plus large, surtout l'enseignement non falsifié de l'histoire.

· l'enseignement de la charte de l'enfant.

· l'enseignement des droits de l'homme.

Ces trois axes représenteront respectivement des repérés intergénérationnels. L'Etat de droit, la démocratie, la préservation de l'environnement.

Par-delà les matières obligatoires déjà enseignées que l'on devra revoir, voire éliminées, il faudra renforcer par le biais de l'éducation informelle, l'éducation à la citoyenneté. Cette dernière devra amener chez tous les sujets (les élèves, les lycéens) de la légitimité de la diversité socio-économique, culturelle et politique, à l'existence du racisme, de la violence, de la discrimination basée sur le sexe, et du régionalisme au sein de notre société.

Leur faire prendre conscience de ces fléaux, et tant d'autres, leur permettrons d'appréhender l'avenir avec sérénité et surtout sans violence. Car le principe qui guide la démocratie est la citoyenneté.

4- Conclusion.

Ceci dit, l'école aussi bien organisée soit-elle, ne remplacera pas la famille, premier catalyseur d'un vrai épanouissement. Lorsqu'il est question d'amour. L'enfant, dans sa famille, ou en dehors de celle-ci, a besoin d `amour pour vivre d'une manière satisfaisante. La famille peut-elle toujours assurer cet idéal ?

5-2- L'enfant et sa famille.

« Il est d'usage assez courant de décrier la famille et de la rendre responsable d'innombrables maux, en quoi on a simplement tort de ne pas souligner assez que ce n'est pas « la » famille qui est en cause, mais bien la carence de la famille, son insuffisance psychologique, pédagogique et morale. C'est la « mauvaise famille » insuffisante, qui est à l'origine de tant de vies manquées et de misère, de névrose, d'inadaptation et de troubles de toute sorte. Il serait juste de se souvenir parfois que les vies saines, équilibrées, heureuses ont aussi commencé dans une famille, il est injuste de ne mettre que nos défauts et nos insuffisances, et d'insinuer ainsi que nos caractéristiques valables et positives auraient une autre origine... probablement situées en nous-mêmes »(19).

Ainsi, comme nous le constatons, tous les parents ne peuvent être des boucs émissaires, tous les enfants ne sont pas des saints ou des martyrs. Ainsi, Reich, peut-il accuser la famille d'être « une fabrique d'idéologie, autoritaire et de structure mentale conservatrice » (20). Mais vouloir reformer les structures familiales sans y substituer de nouvelles formes admises par les mentalités relève de l'utopie.

En Algérie, vouloir abroger quelques amendements que contient le code de la famille, pour remettre la société sur le diapason de la modernité, suscite une polémique et une effervescence politique d'une intensité extraordinaire. Tout changement, parce qu'il remet en question les valeurs traditionnelles, parfois archaïques, suscite toujours inquiétude et regret.

Dans les événements sanglants de 1988, on voit un refus catégorique de l'autorité. La famille n'est pas seule à être mise en cause. Toute autorité en tant que pouvoir impliquant la soumission et l'acceptation passive, se voit l'objet d'un refus qui se généralise. Dans son analyse de l'autorité Gérard Mendel critique « Tout le système de valeur antérieur fondé sur le principe de l'autorité a tendance à disparaître au profit de ces règles d'or de l'ère industrielle fondées, elles sur les principes d'efficacité » (21). Il rajoute : « Principe d'efficacité par une éducation libérale semble à la base de cette démystification de l'autorité dont l'image passait dans l'esprit de l'enfant par celle du père. La société des adultes n'apparaît plus comme sécurisante aux yeux des jeunes, mais plutôt comme dangereuse. Et pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le fils ne veut plus ressemblé au père ».

.L'enfant refuse l'héritage, il préfère accéder à l'état d'adulte sans perdre son état d'enfance. Quoi qu'il en soit dorénavant, rien ne sera jamais plus pareil. Nous assistons à la naissance d'une nouvelle vision de la relation parents-enfants, qui exclut d'avantage la soumission.

Le sociologue Boukhabza, en analysant les causes et les origines des événements d'Octobre 88, a démontré avec brio le marasme de la famille algérienne et sa soumission totale à l'autorité, d'où sa marginalisation dans le processus éducatif : « proclamée dans les textes fondamentaux du pays comme cellule de base de l'organisation sociale, la famille en Algérie cesse progressivement d'être un instrument d'éducation, d'acculturation et de socialisation. Une telle situation est dû au fait qu'elle est elle-même soumise à un processus de destruction favorisée par sa soumission quasi permanente aux idéologies et aux cultures venues d'ailleurs et à la dévalorisation des valeurs et des normes dont elle tient sa raison d'être ».

Au seul plan qui intéresse cette réflexion. Il faut relever l'impact parfois dérisoire de la famille sur la prima d'éducation de l'enfant. Ce dernier est théoriquement pris en charge par l'école des l'âge de six ans. En fait ni le contenu culturel du message scolaire, ni les conditions de scolarisation, ne favorisent une éducation de l'enfant en adéquation avec le projet de société proclamé. Ajoutons à cela le décalage entre les valeurs étudiées au sein de l'établissement et celles développées par le milieu familial, ou le système audiovisuel ou tout simplement l'environnement, et l'on abouti à un processus d'acculturation de l'enfant, où prédomine un amalgame de valeurs souvent incohérentes, en dysharmonie et par rapport aux objectifs proclamés et par rapport à la simple cohésion sociale. La famille amoindrie par la précarité de son existence, les tensions quasi permanentes qu'elle n'a ni à résorber ni à assumer, par une contestation continue des valeurs les plus intimes censées représenter le socle invariable qui donne un sens à tout son fonctionnement, se laisse entraîner dans une certaine dérive culturelle.

Les dispositifs légales pris à ce sujet ou encore les proclamations faites la concernant ne peuvent rien à la poursuite de la dynamique qui l'érode et la ronge.

Il faut dire que le fondement essentiel de la famille ne se limite pas à la reproduction biologique, mais doit porter sur une dimension à la fois culturelle, sociale, économique.

Culturelle dans la mesure où c'est au sein de la famille que l'enfant est d'abord « cultivé », que les rapports à la société y sont appris, que cette cellule de base constitue l'instrument fondamental de la solidarité sociale. Et qu'au plan économique, elle a un rôle des plus importants à jouer. Or l'organisation institutionnelle en place se traduit dans les faits, même si elle nie ou occulte toujours cette réalité, par une marginalisation des fonctions familiales au profits des institutions, même si ces dernières ne les assument pas convenablement ». (22)

Voilà donc l'expérience que vit aujourd'hui beaucoup de familles Algériennes, où les jeunes ayant une culture différente veulent, parfois par le conflit, faire admettre leurs propres valeurs. C'est de l'attitude parentale active, de la réponse que les adultes donneront aux enfants considérés comme interlocuteurs valables que viendra la solution, désormais fille du dialogue.

Il faudra donc que les parents prennent conscience qu'une autorité inconditionnelle ne peut que « déstabiliser » l'enfant et aggraver son inconfort dans la famille. Force est de constater que malgré la marginalisation de la famille, par les pouvoirs publics, dans le processus d'éducation. L'adaptation de l'enfant dans la famille et la société est tributaire de la fonction maternelle.

5-3- La relation Mère-Enfant.

Diverses études ont démontré que l'important est le sentiment de sécurité, plus parfois que la sécurité elle-même, qu'éprouve le bébé, quelles que soient sa ou ses sources. La mère apparaît comme l'initiatrice à la vie. Ce qui nous incite à donner une importance primordiale à l'éducation de la femme et de la jeune fille, future mère. Comment se présente la situation en Algérie ?

3-A- L'éducation des femmes et des jeunes filles.

Introduction :

L'analphabétisme des femmes ne constitue qu'un indicateur du niveau de vie général plutôt qu'un facteur en lui-même déterminant pour la santé et l'éducation des enfants et des nourrissons. La corrélation entre l'éducation maternelle est une meilleure prise en charge de l'enfant n'est pas encore démontrée par des recherches approfondies. Mais il est d'ores et déjà évident que l'éducation des jeunes filles est l'un des meilleurs investissements, qu'un pays en développement puisse prendre en considération, avec un sérieux exemplaire, dans le domaine de la santé et de l'éducation.

3- B- L'éducation et la survie de l'enfant et du nourrisson.

De nombreuses études menées à travers le monde ont montré qu'une faible
mortalité infanto juvénile est liée presque invariablement à un niveau élevé chez les
femmes. Le professeur John Caldwell (cite par l'UNICEF 1986), de l'Australien
National University, une autorité incontesté, dans ce domaine, a résumé comme suit
les résultats de ces études. « La corrélation entre l'an alphabétisation et l'espérance
de vie à la naissance était plus élevée qu'entre l'espérance de vie et n'importe quel
autre facteur spécifique. La corrélation avec l'analphabétisme était, en fait, à peine
inférieure à celle avec l'indice du développement général (...) on peut en outre
relever que des taux de mortalité infanto juvénile extrêmement bas ont pu être
atteints dans certaines sociétés où le niveau d'instruction des femmes est élevé »(23).
Des études récentes encore ont confirmé l'impact de l'éducation des femmes
et des jeunes filles sur le bien être de l'enfant et du nourrisson. Ces recherches
confirment clairement que « plus la mère est instruite, plus son enfant a de chance
d'atteindre l'âge de cinq ans (...). En fait, la variation de la mortalité infantile en

fonction de degré d'instruction de la mère est indépendante du niveau général de la mortalité ». (24)

En Algérie, malheureusement il n'y a point de recherches actions qui pourront nous éclairer sur ce sujet. Mais néanmoins, une chose est sûre, notre pays ne fait pas exception à la règle de ces recherches menées à travers le monde, nous pourrons tenir des indices permettant de dire qu'il est vital de mener une stratégie pour mettre fin à l'analphabétisme, entrave et source de tous les maux et les crises que traverse actuellement le pays. Statistiquement parlant, la situation est alarmante.

Année

Population analphabète

Pourcentages

 

Total

Hommes

Femmes

Total

H

F

1971

4.565.715

1.735.230

2.021.985

 

58.2

87.4

1985

6.012.000

2.159.000

3.853.000

 

Nd

63.1

1997

nd

Nd

7.000.000

 

nd

nd

 

Tableau n° 2
L'évolution de l'analphabétisme en Algérie
(25)

· Annuaire statique de l'UNESCO de 1980. 88.

· Ministre de la solidarité.

Ce tableau démontre l'ampleur de ce phénomène que l'Algérie a essayé de combattre avec l'aide des instances internationales (PNUD, UNESCO) entre 1967-1971 et 1970-1973. Cependant, aucun programme ne fut mené à terme en raison des efforts et des moyens particuliers que requiert ce genre d'opération. En effets, les investissements en matière d'éducation continue de bénéficier exclusivement au système d'enseignement formel.

A quoi est du cet échec ? L'une des principales causes de cet échec est qu'il ne bénéficie pas de l'appui de la collectivité. Il nous semble que son succès soit directement fonction de cet appui. Pour s'assurer le soutien de la collectivité, il faudra d'abord gagner la confiance des notables. En d'autres termes, la campagne à mener commencera par eux. Il faudra donc organiser des contacts directs entre le personnel chargé de l'alphabétisation, et ceux qui représentent le pouvoir en vue de

discuter des dangers de l'analphabétisme, pour la collectivité, et des avantages qu'elle peut retirer de ces programmes.

Cette attaque lancée contre l'analphabétisme au sein de la collectivité comme aussi d'une collectivité à l'autre, n'est rien d'autre qu'une forme de développement réalisée à partir de la base (adhrum) en grand Kabylie, (Arch) chez les Chaouias, (Hurm) chez les M'Zab, (Tribu) chez les nomades et les semi-nomades.

Et on ne peut mettre fin à ce fléau sans passer par les notables. Cette politique est dictée par la structure sociale et par la répartition égale des citadins et des ruraux qui représentent successivement 53,31% en zone urbaine et 46.69% en zone rurale.

Cette politique nous obligera à mener une stratégie à petite échelle du Douar, de la Commune, la Daïra jusqu'à la Wilaya. Si on suit cette stratégie, il y'a tout lieu de croire et d'espérer que cette nouvelle approche à petite échelle permettra d'éliminer l'analphabétisme dans les cinq années avenir.

Se confiner dans les méthodes classiques et tenir un discours démagogique entraînera toute la société dans l'obscurantisme total. Jugez-en sur les 07 millions d'analphabètes il n'y a que 100.000 inscrits, soit 1,42% de la population analphabète et 0,34% de la population globale. Si c'est ça la réussite d'un programme d'une association et l'effort d'un Etat. Nous disons Alléluia

3- C- Femme éducation et santé

Le corrélatif unique le plus important de la survie de l'enfant n'est pas comme on pourrait s'y attendre : l'aisance financière de la famille ou des installations médicales accessibles, mais bien le niveau d'instruction de la mère.

En Algérie le taux brut de natalité en 1996 est de 22.9 pour mille, c'est à dire 22.9 naissances pour 1000 habitants, par contre la mortalité infantile est estimée, par les professionnels de la santé, à 65 morts pour 1000 naissances, soit 6,5%. C'est énorme pour un pays qui a investi des milliards de dinars pour maintenir une matrice appréciable conforme aux normes internationales. 76% de femmes accouchent en milieu assisté, 215 femmes meurent en couche en moyenne pour 100.000 grossesses en 1996.

Ces chiffres reflètent la politique de la santé menée par les spécialistes, ceci nous oblige à reconnaître les efforts qui ont été consentis dans les années fastes.

Mais aujourd'hui la question qu'on devra poser est combien de temps encore l'Etat pourra t-il contenir cette masse de femmes analphabètes, en âge de procréer dans le futur et qui représente 56.9% entre (15 et 49 ans) et, qui heureusement, utilise un moyen contraceptif ? Quelle sera la stratégie à adopter pour mettre fin à l'analphabétisme et, de là, diminuer le taux de mortalité maternelle et infantile ?

A mesure que la société traditionnelle devient une société de transition au sein de laquelle une population éduquée fait son apparition, une différence se marque dans la façon dont les membres de la communauté adhérent au rôle traditionnel selon qu'ils ont fréquenté l'école ou non.

La scolarisation de la femme en Algérie a eu des répercussions profondes, elle a modifié non seulement le comportement des personnes qui ont reçu une instruction mais aussi les attitudes des autres envers elle.

Une femme qui fréquente l'école est plus apte à s'élever contre les prétentions de sa belle-mère, laquelle elle même, en pareil cas est beaucoup moins portée à insister. La jeune femme oppose la sagesse de l'école et la sagesse des anciens. Elle cherche d'avantage à communiquer avec son mari est celui-ci risque moins de décourager ses efforts.

Enfin de compte, il peut même se faire que la famille évolue de façon à se recentrer autour de l'enfant, avec tout ce que cette évolution signifie pour l'abaissement de la mortalité infantile et l'évolution des performances scolaires et sa réussite dans la vie future. Une plus grande part des ressources familiales étant consacrées à l'enfant, celui-ci n'aura plus à travailler durement et sera de ce fait exposé à moins de risques et mènera une vie plus saine.

Conclusion

La discrimination à l'égard des filles existe toujours. A l'heure actuelle, le plus bas taux de scolarisation dans le primaire se trouve dans la wilaya de Ghardaïa avec 40.27% de filles. Le taux le plus élevé concerne la wilaya d'Alger avec 48.27%. Pour le moyen, le taux le plus bas se trouve dans la wilaya d'Adrar 31.09% de filles contre 50.73 à Alger. Pour le secondaire c'est encore la wilaya d'Adrar qui compte le moins de filles, soit 27.92% contre 61.75% dans la wilaya d'Alger. Comme on peut le marquer le taux le plus bas existe au Sud du pays et, dernièrement, les spécialistes ont été catégoriques quant au taux élevé de mortalité infantile enregistré au Sud du pays.

Le taux d'analphabétisme pour les femmes de (16 ans et plus) est de 43.02% soit plus de 04 millions de femmes ne savent ni lire ni écrire. Que peut-on dire devant ces chiffres qui parlent d'eux-mêmes, sauf que la discrimination à l'égard des femmes, au même titre que la plupart des autres discriminations contre les femmes mèneront tout droit à des taux de mortalité infantiles élevés. La relation entre la malnutrition de la mère et l'insuffisance pondérale à la naissance a été établie, à travers le monde et pourtant les femmes continuent même lorsqu'elles sont enceintes à être sous alimentées plus souvent que les hommes.

Un dysfonctionnement de la cellule familiale entraîne une multitude de problèmes d'ordre psychologique qui rend l'enfant vulnérable à toutes influences venant de l'extérieur. En Algérie, nombreuses sont les familles qui n'arrivent pas à assumer leur rôle de protecteur et de guide. Alors ce rôle est assumé par l'Etat.

5-4- L'enfant et l'Etat.

« L'enfant a droit à l'éducation sur la base de l'égalité des chances : l'enseignement primaire est obligatoire et gratuit pour tous ».

L'organisation des différentes formes d'enseignement secondaire tant général que professionnel est accessible à tous les enfants. L'accès à l'enseignement supérieur s'effectue en fonction des capacités de chacun par tous les moyens appropriés dans le stricte respect des droits de l'homme, des parents et de l'épanouissement de la personnalité de l'enfant » (Art 28 et 29 convention des droits de l'enfant).

Dans la législation Algérienne et au terme de la loi fondamentale Algérienne, l'article 53 de la constitution stipule que « l'enseignement fondamental est obligatoire. Sa gratuité obéit aux conditions fixées par la loi ».

Le but de cet exposé, concernant le rôle de l'Etat quant à l'éducation des enfants, n'est pas de porter une critique exhaustive avec données statistiques à l'appui, mais au contraire, de faire part de notre expérience empirique.

Les conclusions de cette expérience nous révèlent que la société algérienne est belle et bien diversifiée. L'école n'a pas pris acte de cette diversification idéologique, politique et culturelle, par conséquent, il faut donc absolument diversifier l'enseignement. Uniformisation et démocratisation sont deux termes antinomiques, et jusqu'à présent ce qu'on appelle « démocratisation de l'enseignement » a été une uniformisation désastreuse pour près 90% des enfants de ce pays. Les 10% restant serait à l'aise dans ce système scolaire que nous allons présenter comme absurde, parce que nous avons souffert et si nous nous sommes intéressés à ces problèmes, c'est sans doute parce que nous sommes le pure produit de ce système absurde.

Il y'a donc des différences et vouloir changer le système complètement serait rendre un mauvais service à une partie des enfants qui sont assez bien adaptés au système actuel. On peut l'améliorer, mais ne détruisons pas ce qui existe déjà et ce qui profite à 10% des élevés.

Le système éducatif d'une société reflète le système social de cette société et constitue, en même temps, le moyen essentiel grâce auquel ce système se perpétue. On peut d'une certaine manière le considérer comme le principal appareil de contrôle social, auquel doivent se soumettre les individus et comme un des modèles les plus marquant de leur vie d'adulte.

Ces 10% des élèves, que nous avons évoqué, et à qui le système réussi. Posons-nous la question sur leur avenir. Que deviennent-ils ? Des professeurs, des fonctionnaires d'Etat, voire des ministres ? Et bien entendu, ils estiment que le système scolaire est extraordinaire puisqu'il a fait d'eux ce qu'ils sont devenus. Alors, la résistance à tout changement vient de ces intellectuels à la solde du pouvoir. Nous devrions donc, si nos hypothèses sont exactes, retrouver dans notre système éducatif les éléments caractéristiques d'une école dogmatique, démagogique, voire violente.

Reconnaissons le, l'école n'enseigne qu'une part extrêmement restreinte de tout ce qui constitue l'expérience collective, la culture vivante d'une communauté humaine. Cette « haute culture » est et doit rester essentiellement minoritaire, car tout effort de diffuser à grande échelle pour en faire bénéficier l'ensemble du corps social ne peut que la détruire. Nous pensons qu'il ne saurait y avoir de continuité culturel sans un minimum de stabilité sociale, cette dernière est au bord de l'explosion, et que la haute culture ne peut survivre que si, parallèlement à la cristallisation incessante des élites, un certain nombre de lignes familiales, porteuses traditionnellement de cette culture, sont capables de préserver leurs position sociale dominante de génération en génération. Nous insinuons par là, une méfiance à l'égard de l'idéologie de la scolarisation. L'essentiel de la culture c'est à dire la manière de vivre, de se comporter, ne s'apprend pas à l'école, mais au sein de la famille et on ne doit pas considérer la scolarisation des masses comme une panacée sociale.

Accorder trop de place à l'éducation familiale et religieuse ne peut que conduire à une corruption de la culture de même que la scolarisation d'un individu ne peut être pour lui qu'une cause de malheur. Et là, nous touchons au «dogme de l'égalité des chances ». Que signifie l'égalité des chances ? L'égalité, à notre sens, veut dire que l'élève A, dont la famille ayant un revenu avoisinant les 30.000 dinars,

fréquente la même école que l'élève B, dont la famille ayant un même revenu. Voilà l'égalité, voilà la démocratisation de l'enseignement. En contrepartie, l'égalité d'un point de vue démagogique, est que l'élève A, ayant des parents, dont le revenu est de 30.000 DA fréquente la même école avec l'élève B, ayant des parents, dont le revenu est de 6000 dinars. Et que dire de l'élève, ayant des parents, dont le revenu est de 00.00 DA. En claire, on apprend à l'enfant « d'accepter ce droit, qui consiste à accepter cette injustice. Un droit égale pour tous à devenir inégaux. ».

Cette politique a été nourrie et soutenue par les pouvoirs successifs des années 70 et, renforcée par ceux des années 80. C'est-ce qui a conduit à la désintégration des classes et l'abandon par la famille de ses responsabilités éducatives au profit d'un Etat- providence.

Ce dogme et cette démagogie, ont conduit à soumettre toute la société à des élites d'esprits agiles, dépourvues de racines sociales et de mémoire culturelle « Nous avons encouragé la culture orale au détriment de la culture écrite, signe d'un pays en pleine décadence ». Ce qui a provoqué la dégradation de l'enseignement universitaire sous prétexte d'éviter le gaspillage des talents ou l'étouffement des génies. Il ne fait aucun doute que dans la précipitation à vouloir faire faire des études à tout le monde, nous réduisons nos niveaux d'exigences et nous abandonnons de plus en plus l'étude de ces matières qui servent à transmettre les éléments fondamentaux de notre culture scolaire ; détruisant ainsi nos édifices anciens pour préparer le terrain par lequel les délinquants sont venus camper avec leurs comportements barbares. Nous avons vécu l'expérience le résultat est, de 100.000 morts et 20 milliards de dollars de dégâts matériels (...).

D'une façon générale, on assiste à un effondrement de l'éducation. Les élèves fréquentant cette école reçoivent des « informations scientifiques », souvent livresques et douteuses, fortement marquées par l'empreinte idéologique et moralisatrice. On se soucie plus de la mise en condition que de l'épanouissement personnel. Nous vivons « au moyen âge ». Ajouter à cela la baisse du niveau de vie et les difficultés économiques : « en 1995, selon une enquête de l'ONS la masse globale des dépenses était de 995,85 milliards de dinars, dont 582.17 milliards de dinars consommés dans l'alimentaire. Les produits alimentaires accaparent 60% des

revenus des ménages contre 4,39% pour la santé, 1.10% pour l'éducation et 0.62% pour les loisirs. Les plus riches occupent 27.20% de la consommation globale des ménages contre 2.27% pour les plus pauvres. La consommation des viandes a connu une baisse durant ces dernières années et est de l'ordre de 39.5%, tandis que la consommation des légumes secs a augmenté de 16%, la baisse du pouvoir d'achat des salaires entre 1986-1996 a été de 45% » (26)

Avant les années obscures du moyen âge c'est à dire avant les années 90. On peut remarquer aisément qu'il y avait une évolution des conditions de vie de toute la société, c'était les années fastes. Jugez-en. On prendra les indices suivants pour faire la comparaison entre les groupes de produits suivants :

Les céréales, les légumes, les fruits, les viandes, les matières grasses, et le lait et ses dérivés et observant l'évolution de la consommation par tête entre 1966 et 1988 et 2000.

Produit

1966

1988

1988/66*

2000**

Céréales

262 kg

185 kg

-30%

+16%

Légumes frais

37.8 kg

75.8 kg

+100%

Nd

Viandes et poissons

21.0 kg

30.5 kg

+45%

39%

Matières grasses

10.2 kg

17.2 kg

+68.6%

Nd

Laits et dérivés

35 L

71.9 L

105.4%

Nd

 

Tableau n° 02

Consommation par tête et accroissement en %(27) Sources : * Boukhoubza

** Journal Liberté

Ces données démontrent clairement que entre 1966-1988 qu'il y'avait une élévation sensible du niveau de vie. Après cette date 1988, nous pouvons remarquer que nous sommes entrain « d'évoluer en reculant ».

Cette baisse du niveau de vie frappe les petits enfants encore plus durement que les grands. L'effarante moralité infantile crée une sorte d'indifférence soutenue par la foi. Les jeunes sont bien loin de croire qu'ils peuvent prendre leurs destin en

main tellement ils se sentent écraser par la précarité de leurs conditions, mais aussi parce que on leur enseigne la résignation.

Cette rudesse de la vie quotidienne engendre trop souvent une brutalité des moeurs. Les viols, la prostitution infantile, la toxicomanie, le banditisme, et tant d'autres fléaux que la famille ne peuvent assumer seule. Le retour à une vie calme et paisible n'est pas pour demain, ni pour après demain, et que l'enfant abandonné, traumatisé, martyrisé et marginalisé attend beaucoup de l'Etat, comme le stipule les articles 19 et 34 de la convention des droits de l'enfant, «les Etats parties prennent toutes les mesures tendant à protéger les enfants contre les brutalités physiques, mentales, la négligence, la violence sexuelle, les abandons et l'exploitation ».

La législation, quant à elle, stipule des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives pour protéger l'enfant contres toutes formes de maltraitantes. « Le code pénal punit et condamne

· l'abandon et le délaissement d'un enfant en un milieu solitaire.

· L'attentat à la pudeur et viol commis sur la personne d'un mineur fille ou garçon même âge de plus de 16 ans.

· La relation sexuelle qualifiée d'inceste

· La relation homosexuelle

· L'incitation de mineur à la débauche et à la prostitution » (Articles 338 à 339). Pour ce qui est du code de l'information dans ses articles 24 et 26 il réprime sévèrement ces actes.

Qu'en est il réellement ? Selon le juriste Zeroual Abdelhamid, les choses ne sont pas du tout faciles. Cela est du à plusieurs facteurs dont : la majoration, l'identité et l'intérêt supérieur de l'enfant. « Pour ce qui est de la majoration, prévue par l'article premier de la convention du 20.11.89, l'a fixé à 18 ans. En droit Algérien, la situation est des plus contradictoires. Ainsi l'article 40 du code civile fixe la majorité à 21 ans pour le garçon et 18 ans par la femme pour contracter mariage. Le code de la nationalité à 21 ans (...). En ce qui concerne l'identité, la convention insiste sur la garantie de l'identité de l'enfant, c'est à dire, sur son droit d'avoir un nom, un prénom et une nationalité (art 7). En droit Algérien le nom est régi par deux textes, le décret 7 1-157 du 3 Juin 1971 relatif au changement du nom

et l'ordonnance 76-7 du 20 Février 1976 relative à l'acquisition de ce nom. Ce qui est notable en droit Algérien est le progrès assez récent qu'a connu notre législation avec l'avènement du décret 92-24 du 19 Janvier 1992, modifiant le décret 71-157 et qui autorise la concordance de nom entre le KAFIL (qui prend en charge l'enfant dans le cadre de la KAFALA) et l'enfant Makfoul (adopté). Ainsi le décret de 1992 permet à l'enfant de prendre le nom de la personne qui le prend en charge et instaure une compétence juridictionnelle pour l'octroi du nom (par ordonnance du président du tribunal). Contrairement au décret 75-157 qui instaure une compétence relevant du domaine réglementaire (...) ce qui constitue un progrès important (...).

Pour ce qui est de l'intérêt suprême de l'enfant. En droit Algérien, l'intérêt suprême de l'enfant connaît des hauts et des bas, ce qui dénote d'une législation résistante et parfois contradictoire. En effet, les garanties accordées par le code pénal sont mises en échec par le code civil. Ainsi, l'article 52 du code de la famille semble ignorer l'intérêt de l'enfant en privant celui-ci de l'octroi obligatoire d'un logement au bénéfice de l'épouse divorcée pour lui permettre d'exercer décemment son droit de garde. D'après l'article 123 de la constitution, les traités ratifiés par le président de la république sont supérieurs à la loi d'où la nécessité de modifier le code de la famille.

Enfin, pour pouvoir consacrer l'intérêt supérieur de l'enfant, il faudra unifié les codes et les textes et abroger l'article 52 du code de la famille. De cette façon, se concrétisera l'intérêt supérieur de l'enfant et notre droit sera homogène et conforme à la convention des droits de l'enfant » (28) . Comme nous le constatons, nombre de lois et règlements protègent les enfants, beaucoup sont bien conçus et actuelles alors que d'autre remonte à l'époque coloniale.

La formation ou l'interprétation de la législation doivent être revues afin de l'aligner d'avantage sur la convention. Des incohérences existent entre les lois concernant les différents aspects de la vie des enfants et une définition légale unique de l'enfant fait défaut. En fait, la société dans son ensemble ne considère plus comme un « enfant » un garçon ou une fille ayant atteint la puberté, et ce quoi qu'en dise la loi.

Le processus législatif n'est donc qu'une des voies s'offrant pour améliorer la protection de l'enfance. De nombreuses lois sont insuffisamment appliquées, ou bien elles le sont de telle manière qu'elles ne font qu'aggraver le préjudice déjà subi par l'enfant au lieu de remettre sa vie en ordre.

La vie de la plupart des enfants est davantage régie par la coutume familiale et la loi religieuse. Plutôt par les religieux, que par la législation nationale. L'application de la loi, par exemple, les dispositions relatives au paiement de la dote ou au mariage précoce, passe donc par un changement des valeurs quant aux rôles et à l'identité des jeunes gens, mais cela ne saurait se produire du jour au lendemain.

Nous avons évoqué précédemment les statistiques concernant les enfants en danger moral, les enfants illégitimes et nous avons démontré que la famille algérienne, vu le marasme dans lequel elle vit et la pauvreté caractérisée qu'elle endure, a démissionné de son rôle de protecteur et de régulateur.

A cette défaillance, l'Etat a répondu par l'affirmative. Le code pénal, en son article 320, réprime tout abandon dans un but lucratif des enfants nés ou à naître et des enfants recueillis (trouvés). La constitution, en ses articles 35 et 39, réprime les infractions commises à l'encontre des droits et libertés que les atteintes physiques ou morales à l'intégrité de l'être humain.

5-5- Les enfants en danger moral.

Lorsque l'Etat se substitue à la famille défaillante, il rend service à la société. Mais à l'enfant ? Le décret n° 08-83 du 15 Mai 1980 portant création, organisation et fonctionnement des foyers pour enfants assistés prévoit des mesures de placement à titre transitoire des enfants privés temporairement ou définitivement de leurs milieux familiales, dans des foyer pour enfants assistés (F.E.A) (6-19 ans) et des pouponnières (P.E.A) (0-6 ans).

Cette autorité conférée se réduit, malheureusement, à un rôle administratif. Observer les commandements de l'hygiène, tels qu'ils sont définis par la loi, et préparer les enfants à se glisser sans heurts dans les moules fabriquées par l'Etat à cet effet.

Au fait combien sont-ils ? Comment peut-on définir l'expression « en danger moral ». Est-ce que le fait de fumer une cigarette peut être considérer comme étant un enfant en danger moral ? Est-ce que le fait de bouder l'école peut être considérer comme étant un enfant en danger moral ? Est ce que le fait d'agresser ses pairs, peut être considérer comme étant un enfant en danger moral ? Est ce que le fait d'être rejeter par l'école, sans aucun niveau ni qualification, et rester la plupart du temps dans la rue, est considéré comme étant un enfant en danger moral ? Est ce, enfin, le fait de jouer en inventant des jeux violents est considéré comme étant un enfant en danger moral ? Si la réponse est affirmative ! Alors, nous avons sur les bras des millions de jeunes enfants en danger moral, et qu'aucune institution éducative ne pourra contenir, sauf la rue...

Que dire alors, de ces milliers d'enfants qui s'adonnent à la drogue, à la prostitution ? Sont-ils en danger moral, sont-ils des délinquants potentiels, ou «une bombe», qui nous explosera, un jour, en pleine figure ? Sous l'effet de l'exaspération, la haine et la rancoeur surgiront de leurs entrailles, et se dirigeront vers la société qui ne veut pas admettre son échec, qui est pourtant visible à l'oeil nu.

5-A- Les enfants délinquants

Comment apparaît la délinquance ? Comment diminuer de son intensité ? Ni le fait de passer son enfance dans un taudis, et ils sont des centaines de milliers, ni le dysfonctionnement de la famille, et ils sont quelques 3 millions, ni la violence à la télévision, ni la violence dévastatrice vécue dans les années 90, ne peuvent fournir une explication nécessaire et suffisante, complète et réaliste aux problèmes vécues par la société Algérienne.

Les facteurs sociopolitiques, socio-économiques et socio éducationnels sont à l'origine de la défaillance psychologique de « l'enfant-sujet ».

Aucun peuple, à travers l'histoire universelle et contemporaine, n'a vécu ce qu'à vécu le peuple Algérien. La conquête des phéniciens, des Romains des Arabes, des Ottomans, et enfin le colonialisme français. Sous le poids de ces conquêtes caractérisées par la barbarie et l'oppression, nous avons appris, malgré nous, à apprivoiser la brutalité et la violence qui sont devenues par la force des choses une des caractéristiques qui définissent l'Algérien.

Cette violence qu'on croyait effacée de notre mémoire, a réapparu à travers les conflits politiques, qui ont atteint l'invraisemblable dans les années 90.

Le deuxième facteur est l'aspect socio-économique. Les pouvoirs successifs ont toujours privilégié l'aspect économique au détriment de l'aspect humain et social. C'est à dire que leur insolence est telle qu'ils ont mis « le sujet Algérien dans une équation mathématique » reléguant l'aspect social au second plan, en donnant la priorité au politique et au sécuritaire.

Enfin, le troisième facteur, est l'aspect socio éducationnel, par le biais de l'école, le système éducatif a formé des « sujets bêtes et disciplinés» au lieu de former des «citoyens actifs et responsables ».

Ce sont ces trois facteurs, qui expliquent le comment et le pourquoi de la violence. Ces trois facteurs façonnent et obligent l'enfant à se préoccuper de son comportement futur. Si on ne s'attaque pas à ces facteurs à travers une stratégie globale le fléau de la délinquance s'amplifiera et prendra des proportions énormes dans un futur proche. Les indices de la décadence commencent à apparaître à travers tout le territoire national.

A-1- Prostitution des enfants et des jeunes filles.

Introduction :

A/ Bref récapitulatif.

Après l'indépendance, l'Algérie a vécu pendant une trentaines d'années sous La férule d'un régime socialiste. La plupart des personnes se sont félicités que la démocratie a mis fin à l'ère socialiste. Donc elle est considérée comme un pays en transition du point de vue politique et socio-économique. Dans divers domaines, cette transition a, sur les enfants, des incidences qui ne sont pas toujours positives. B/ Quelques questions préoccupantes.

B/1. Dépendance à l'égard du jeu

De source non gouvernementale, de graves préoccupations ont été exprimées. La montée de la passion du jeu chez les jeunes enfants, provoquée par l'ouverture des salles de jeu. Le besoin crée par le démon du jeu est l'une des nouvelles causes de la prostitution des enfants, en particulier les garçons.

B/2. La toxicomanie.

La liberté de fraîche date, dont jouissent les jeunes, les incite à abuser des drogues, phénomène également inquiétant, car il peut mener à la prostitution.

B/3. Perméabilité des frontières.

La perméabilité des frontières, surtout celles du sud et de l'ouest, font que de plus en plus d'individus, notamment des jeunes, surtout les filles, venant du Niger, du Mali, du Maroc et même du Burkina-Faso, où ils éprouvent ensuite de grandes difficultés à survivre à travers des sources de revenus légitimes, n'ont d'autres ressources que la prostitution et la vente de la drogue.

B/4. Economie libérale.

Ayant vécu plusieurs décennies sous un régime socialiste, les parents attirés par les modes de vies occidentaux, se livrent de plus en plus à des activités commerciales afin d'améliorer leur niveau de vie. De ce fait, ils sont moins en mesure de superviser leurs enfants et de s'en occuper.

B/5.

Transformation radicale du système éducatif.

Toute la société regrette l'effondrement du système éducatif, qui se chargeait d'organiser des activités pour les enfants après l'école. Le fait que les enfants disposent de plus de temps libre, surtout pendant la période des grandes vacances sans aucune supervision scolaire ou parentale, les rend plus vulnérables à des influences des douteuses.

B/6. Liberté sexuelle.

La liberté sexuelle est considérée comme l'un des nouveaux acquis que l'économie de marché peut offrir en regard du puritanisme de l'ère socialiste. Ainsi, filles et garçons se livrent plus facilement à la prostitution, la plupart du temps sans même réellement savoir à quoi ils s'exposent.

A-2- Prostitution des enfants.

Il convient de rappeler qu'avant les années 80, il y avait une politique précise concernant la prostitution des adultes. Après cette date, les autorités n'ont pratiquement plus donné d'importance à ce phénomène. Pire, ils ont procédé, sous la pression de la montée de l'islamisme, à la fermeture des endroits où elle était autorisée sans aucune étude ou une politique de «rechange ». Quant au devenir des prostituées, livrées à elles-mêmes, elles se sont éparpillées ici et là. Le résultat est que ce fléau s'est amplifié étendant ses ramifications à presque tout le territoire national. On assiste, aujourd'hui même à l'exportation «des Jeunes filles » à l'étranger : Algérie-Doubaï Via la Tunisie et la Syrie.

Typiquement la prostitution s'exerce dans la rue, les boites de nuits, les hôtels, les maisons clandestines, les bars et mêmes à l'université. Les prostituées les plus exposées sont celles qui font le trottoir ou sur les routes nationales. Tandis que les prostituées professionnelles, qualifiées aussi de prostitués de luxes et qui jouissent d'une protection d'un réseau très organisé, elles courent moins de risque.

Lors de notre enquête, nous avons remarqué que les routes nationales Constantine-Batna, Béjaia-Setif, et Alger-zeralda étaient bordées de prostituées offrant leurs services. Les riverains, nous avons dit qu'auparavant la situation était moins pire. Les prostituées sont plus visibles actuellement, parce que les maisons closes sont interdites par la loi, et la situation sécuritaire y est pour beaucoup. En plus, les usagés de ces routes nous ont fait part d'un marché illégal qui est entrain de

s'installer tout autour des grandes villes sus citées. Aujourd'hui, il n'y a que les filles majeures qui fréquentent les routes, les filles adolescentes sont moins visibles vu que les souteneurs les recrutent pour les verser ensuite dans les « maisons closes » qui se sont multipliées le long de ces routes et dans les cités, où les prostitués professionnelles exercent leurs « métier ».

A-3- dépistages de la prostitution des enfants

3-1. Secteur où s'exerce la prostitution des enfants.

On s'est heurté, lors de notre enquête, au principal problème qui se pose lorsque l'on aborde la prostitution en général, et celle des enfants en particulier, à savoir l'absence des données et des statistiques fiables. En outre, le droit algérien fait problème en ce qui concerne la définition de l'enfant. La majorité est prévue à l'article premier de la convention des droits de l'enfant du 20.11.1989, qui fixe la règle et apporté l'exception. Cet article stipule : « au sens de la présente convention, un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteint plutôt en vertu de la législation qui lui est applicable ».

En effet à la lecture de notre législation, on se retrouve devant une multitude de majorités qui déroute l'enfant, et qui crée en son « statut » une divisibilité contraire à la lettre et à l'esprit de la convention. D'après les juristes, l'article 40 du code de la famille fixe la majorité à 21 ans, pour le garçon et à 18 ans pour la femme pour contracter mariage. Le code de la nationalité à 21 ans.

Ce qui est surtout surprenant, c'est le fait que le code électoral fixe la majorité à 18 ans, c'est à dire qu'à cet âge, un individu engage l'avenir de la nation par le choix de ses représentants alors qu'au même âge, il ne peut disposer d'un bien aussi minime soit-il, que par l'intervention de son tuteur. On peut certes évoquer la volonté du législateur pour comprendre l'origine de ses différentes majorités. Mais sur quoi repose cette volonté ? Quel est son fondement ?

Nous ne pouvons répondre à ces questions. Néanmoins, nous pouvons dire que la convention des droits de l'enfant est le fruit d'une coopération étroite entre le législateur et les différents spécialistes en sciences humaines et sociales. Et, qu'il serait judicieux de s'aligner sur la convention plutôt que d'invoquer des arguments d'ordre politiques ou religieux.

Nous n'avons remarqué sans restriction aucune que le nombre d'enfants impliqués dans la prostitution, surtout les petites filles, est monté en flèche. Cette situation, avec son cortège de conséquences désastreuses (absentéisme et décrochage scolaires précoce, petite et grande délinquance, banditisme, drogue, rupture des liens avec la famille et grossesses prématurées) créé des problèmes d'ordre sanitaire et social.

La prostitution est devenue conventionnellement, un moyen acceptable de gagner sa vie, et à cette vitesse, on arriverait peut être à l'institutionnaliser. Elle touche des enfants, dont le niveau social est inférieur à la norme, (09 millions de personnes selon CNES). Cette catégorie est de plus en plus marginalisée par les pouvoirs publics, L'autre catégorie, et là nous ne risquons pas de tomber dans l'erreur, est en train de s'engloutir dans la pauvreté caractérisée. Le danger nous guette et l'explosion sociale pourrait avoir lieu à tout moment.

Il est intéressant de noter aussi que la majorité des politiciens prétendent que la prostitution des enfants ne revêt qu'un caractère marginal. Or l'enquête confirme que les enfants entre 12-18 ans sont impliqués dans ce type de fléau. Certes, la prostitution ne s'accroît pas au même rythme dans les divers régions du pays, celles qui posent problèmes, sont les régions que nous avons sillonnées. Alger, Bejaia, Constantine, Annaba, Guelma, Sétif, et Tamanrasset.

La prostitution des enfants devra être considéré comme un problème grave dans ces régions, et il en va de même dans les zones frontalières, surtout parmi les populations de l'extrême Sud.

Dans le constantinois, les prostituées mineures racolent le long de la nationale Constantine-Alger vers le Sud, Constantine Annaba vers l'Est, et Constantine-Alger vers le Nord. A l'intérieur de la ville, la prostitution est concentrée dans la zone de loisir de Djebel Ouahch, et les pizzerias de la ville.

On a rencontré deux filles de moins de 16 ans, La mère de ces deux filles, rencontrées les avait emmené sur la route pour les obliger à se prostituer. L'argent ainsi gagné lui servirait - d'après ses filles - à acheter de la drogue. Elle se droguerait en présence de ses filles.

Questionnés, les usagés de ces routes déclarent, qu'il y a un boom de la prostitution des enfants, surtout les filles, dans la ville de Constantine qui s'est ensuite propagé à l'Est vers Annaba, Skikda, Guelma, vers le nord Sétif, Bougie, vers le Sud Batna (...) En somme la ramification de ce fléau prend des proportions énormes, inquiétantes et, dangereuses. Le principal problème que pose ce cercle fermé (prostitués et leurs souteneurs) est son manque de coopération quant aux conseils qu'on pourrait lui donner sur les dangers qu'encourent les enfants. Malheureusement, ce cercle fermé ne croit en rien. L'augmentation des adeptes de ce cercle nous laisse perplexe, avec la liberté des mass medias, ils sont au courant de tout, rien ne leur échappe, ils sont conscients des risques et des dangers qu'ils encourent. Ils sont insensibles aux discours, qu'ils qualifient de démagogiques, ils croient en une seule chose : le concret.

Effectivement, que pourrait-on répondre à cette fille qui nous développe, cette argumentation : « Mon père, après tant d'années de services loyaux, se trouve actuellement sans travail, marginalisé, exclu sans ressources aucunes. Il n'ose plus me regarder en face. Sa dignité est bafouée, piétinée, par cette fille qui se prostitue, C'est normal, il aimerait me voir bien habiller, fréquentant l'université, mais (...). Ma mère, au foyer, des frangins, tous au chômage, je n'ai aucune qualification. Malheureusement, le seul moyen de gagner ma vie est de vendre mon corps au plus offrant ». Sans commentaire ! ...

En général, ces filles souffrent déjà de toxicomanie et de solitude. Un autre sujet de préoccupation est l'absentéisme scolaire qui touche de plus en plus ces couches vulnérables. Les marchands du secteur, pour la plupart des repris de justice, engagent des jeunes filles pour s'occuper du recrutement de leurs paires, pour les versées ensuite dans la prostitution.

L'Etat ne fait pas preuve d'une grande vigilance en ce qui concerne les enfants de moins de 18 ans et, surtout nous déplorons l'absence des services d'aide sociales qui devront descendre sur terrain et se rapprocher de ces enfants, ne serait- ce que pour un soutien moral, ou une visite médicale afin de prévenir des maladies sexuellement transmissibles.

La plupart des filles impliquées dans la prostitution ont, entre 15 et 18 ans, encore que l'ont ait vu apparaître des filles de moins de 15 ans. La plupart de ces filles se sont enfuies des centres de rééducations. Dans la plupart des cas, elles se prostituent pour gagner de l'argent ou pour trouver à se loger, généralement, chez leur souteneurs, ou les femmes adultes prostituées, ayant des appartements, qui leur servent de maisons closes, et où elles peuvent recevoir, sans aucune inquiétude les quelques personnalités locales, où même nationales, pour abuser des petites filles de moins de 18 ans. Ces prostituées professionnelles, en collaboration étroite avec les souteneurs, qui représentent actuellement, « un certain danger », par les pressions qu'ils exercent notamment sur certains responsables et à ce titre, ils peuvent être tenu pour responsables de la catastrophe que vit actuellement l'Algérie d'aujourd'hui. Pour ce qui est des pouvoirs publics, on pourrait avancer que leur complicité est devenue évidente. Les endroits, où opèrent ces prostituées professionnelles et leurs souteneurs sont connus par tout le monde. Mais la question, qu'on se pose est : où est l'Etat ?

Depuis 1995, on constate un essor prodigieux d'hôtels de luxe, où la prostitution fleurit légalement, or il est illégal pour les filles de moins de 18 ans de travailler dans de tels endroits. Par ailleurs, ces hôtels luxueux sont des territoires réservés aux professionnelles, aux souteneurs et leurs clients fortunés. Les souteneurs de seconde zone n'ont pas trouvé mieux que d'envahir les lieux légaux (Pizzeria, Bar, restaurant) et où on remarque l'absence totale de l'Etat.

L'emploi des jeunes filles de 15 à 18 ans est formellement interdit par la loi, et tombe sous le coup des dispositions du code pénal qui incrimine les activités mettant en danger le développement moral des jeunes. Or on relève qu'un grand nombre d'enfants, surtout les filles y travaillent, non seulement comme serveuses mais aussi comme prostituées.

Les jeunes, fréquentant ces endroits, sont unanimes quant à la question : N'avez-vous pas peur de la police ? La réponse est négative : « non la police ne s'intéresse pas à ces endroits, vu leurs caractères légaux ». Chaque endroit, selon leurs dires, bénéficie d'une protection et de couverture. Nous avons essayé de comprendre la portée de leurs propos, mais on s'est rendu compte que même ces jeunes n'en savent pas plus.

En ce qui nous concerne, nous prenons ces propos pour une stratégie, une forme de propagande développée par les souteneurs afin de mettre en confiance ces jeunes filles mineures qui se donnent à coeur de joie à la boisson alcoolisée et à la cigarette (...) ou ils faudra prendre leurs propos, pour une vérité, dans la mesure ou ils n'ont jamais été inquiétés. La réponse exacte pourrait se trouver chez les pouvoirs publics. Car s'aventurer à vérifier ces deux hypothèses revient à se condamner à des représailles.

L'Etat devra prendre ce problème au sérieux. Les filles de moins de 18 ans prises entrain de travailler dans ces endroits, devront être ramenées dans leurs familles qui sont civilement responsables, ou dans des centres de rééducations, mais avec instruction ferme de les accepter. Quant aux responsables de l'implication de ces enfants dans la prostitution, ils doivent être poursuivis.

3-2. Prostitution des garçons.

Dans la rue, des centaines et des centaines de garçons se prostituent comme à Constantine par exemple au niveau de la route de Sétif. La plupart de ces garçons ne sont pas forcément homosexuel. Ce sont en majorité des garçons de 15-20 ans qui se sont enfuis de chez eux et sont venus des villages avoisinants dans la perspective de gagner de l'argent facilement. Ils n'ont été poussés à la prostitution que par la pauvreté.

Les témoignages des garçons confirment que la prostitution des garçons est bel et bien établie. La majorité d'entre eux a 16 ans, tous sont hétérosexuels et ils sont pour la plupart issus de familles dysfonctionnelles. Il s'agit soit de fugueurs, soit d'enfants rejetés par l'école, ou par les parents. La plupart d'entre eux travaillent en ville.

Tous les garçons ont dit qu'ils avaient peur de la maladie et de la solitude. Certains avaient peur du SIDA. Pour ce qui est des préservatifs, les enfants ont déclaré que les clients n'acceptaient pas de les utiliser, le refus est catégorique, quitte à payer plus. En plus, ils nous ont déclaré que la pédophilie existe surtout dans l'extrême Sud du pays.

Un petit nombre de garçons a déclaré ne pas avoir peur du SIDA, Mais par contre, beaucoup d'entre eux affirment que cette maladie existe, surtout à Tamanrasset, où ils auraient vu des garçons mourir d'une mort suspecte.

La préoccupation croissante que suscite la dépendance à l'égard du jeu semble tout à fait justifiée. Car l'enquête établit également que la plupart de ces garçons ont un grand besoin d'argent, non pas pour survivre, mais plutôt pour assouvir leur passion du jeu.

L'augmentation de la prostitution des garçons, tout particulièrement dans les grandes agglomérations, nous a été signalée par notre échantillon. Cela est dû, selon nous, à ces dix années de guerre, où l'Etat s'est mobilisé à éradiquer le terrorisme, reléguant ainsi le social et le culturel au second plan, ce qui aura provoqué l'augmentation des problèmes sociaux, dont la prostitution de plus en plus croissante d'enfants mineurs. Ce que nous remarquons aussi, c'est que malgré cette marginalisation apparente, jamais le social n'a été au coeur des débats politiques comme cette année 2000.

En ce qui concerne la toxicomanie, dans notre enquête, on note que le lien entre toxicomanie et prostitution n'est pas bien établi. Il semble que les toxicomanes préfèrent voler de l'argent ou fabriquer leurs propres stupéfiants plutôt que de se livrer à la prostitution. En outre les souteneurs n'acceptent pas les prostitués toxicomanes parce qu'elles leur coûtent plus chères. En revanche, notre inquiétude est très grande, quant à la pauvreté, qui commence à devenir un facteur influent. La corrélation entre la pauvreté et la prostitution ressort clairement chez l'échantillon sur lequel on a travaillé, surtout chez les jeunes filles attirées par les habits de luxe qu'on expose dans les vitrines et qui se trouvent tentées à rêver qu'un jour elles pourront porter ces effets, cette paire de souliers ou encore ce beau manteau dont le prix est souvent exorbitant. Pas moins de 10.000 dinars l'article. Or il se trouve que toute la famille réunie n'arrive pas à faire 10.000 dinars par

mois, dont 60% va pour la nourriture. Alors, faisant les comptes et voyons sérieusement et en toute objectivité autour de nous. Ces jeunes filles, toutes habillées « made in », alors que la majorité des familles ne boucle pas la fin du mois. Je vous laisse tirer vos conclusions ! (...)

A-4- Exploitation sexuelle des enfants : prévention et protection

4-1- Initiatives publiques et privées.

Les ONG, qui s'occupent des enfants, devraient être dotées d'un « numéro vert » exclusivement réservé aux enfants et viserait essentiellement à leur donner la possibilité de s'exprimer. Ces enfants disent, qu'ils ont envie de parler, ils veulent évoquer l'amour, l'école, la famille, l'Etat «si on nous écoute, nous leur parlerons de nos problèmes, qui sont complexes et graves : sévices sexuels et physiques, drogues et toxicomanie, la brutalité, dont nous sommes victimes ; et nous dénoncerons les agents en causes : la famille, la collectivité, l'école, nos camarades, nos enseignants et toute la société ».

A la question. Pourquoi vous n'allez pas vous plaindre à la police ? Ils nous ont répondu que : «la police et les professionnels en cause ne nous traitent pas toujours avec suffisamment de délicatesse ».

Le fait que l'Etat n'offre pas de mécanismes suffisants pour s'occuper des enfants maltraités est un sujet de préoccupation. La maltraitance des enfants est généralement considérée comme une affaire de famille et par ailleurs il est impossible d'intervenir sans mandat. En l'absence de mécanismes de réactions adaptées, l'objectif n'est donc pas de criminaliser la maltraitance, mais de renforcer la famille. Au lieu de recourir à des poursuites dans tous les cas, tout particulièrement dans les cas ou les preuves ne sont pas convaincantes, on tente des mesures extrajudiciaires. Par exemple en confiant le règlement du problème à un organisme, tel que la direction de l'action sociale, que l'Etat devrait créer cela permettrait d'éviter de faire des victimes supplémentaires.

Ces enfants nous ont fait part de certaines lacunes de la politique algérienne à leur égard, notamment les suivants :

a. Il n'existe pas de centre d'accueil suffisant.

b. Il n'existe pas de coordinateur chargé des questions relatives aux enfants.

c. Les enfants de moins de 15 ans et ceux ayant plus de 15 ans ne sont pas traités de la même manière dans les centres qui existent sur le territoire

d. Le placement en institution est généralement la première mesure à laquelle recourt l'Etat.

A-le système éducatif.

Nous estimons que le système éducatif est l'un des trois catalyseurs, (famille, école, masse médias) de la prévention de toutes violences dont sont victimes les enfants. Nous proposons aux autorités en ce qui concerne l'exploitation sexuelle et la maltraitance des enfants, qu'elles privilégient les initiatives de prévention et d'éducation sur la répression.

Les enseignants du fondamentale et du secondaire devront recevoir une formation adéquate. La nécessité d'une telle formation se fait sentir tout spécialement dans les grandes villes et les régions frontalières. On constate aussi la nécessité d'établir des programmes spéciaux à l'intention des adultes.

Nous pensons qu'il est temps qu'au cours de son éducation à l'école, l'enfant devra être informé de tous les dangers qu'il encourt. Cependant, on est conscient que ce n'est pas suffisant. Il faut former des professionnels : « l'Algérie aura besoin, dans les dix prochaines années, plus de psychologues que toutes autres spécialistes », afin de créer les conditions permettant d'aider une société aliénée.

Toute la société devra coordonner son activité avec l'appui du parlement et du sénat pour établir un rapport sur les véritables conditions d'existence des enfants. En Juin 1999, le ministère de la solidarité a parrainé un séminaire portant sur les problèmes des jeunes filles victimes de violences avec la participation des

représentants de la « société civile », des universitaires chercheurs, des juristes et des psychiatres. Les recommandations de ce séminaire, malheureusement restent, à notre avis, des déclarations d'intentions.

Ce qu'il faudra faire, c'est mettre sur pieds, un projet préscolaire pour tous, visant l'intégration sociale des enfants issus des familles à problèmes, avec la participation de leurs familles. Ce projet se concentrera sur la mise en place de programme d'éducation dans les écoles et de programme de prévention de la criminalité. Un centre communautaire implanté dans un grand ensemble fournira une assistance sociale à l'intégration. La police sera appelée à donner des conférences dans les classes pour les lycéens, notamment, ceux qui sont passés à la criminalité du fait de leurs statuts socio-économiques et culturels.

Toutes les écoles ne possèdent pas de garderies situées dans l'établissement même où les enfants pourront pratiquer des activités extrascolaires, artistiques ou musicales. L'objectif sera de maintenir les enfants occupés dans l'environnement protégé de l'école, loin de la rue et de ses tentations. Ils convient de noter qu'il n'existe pas encore dans les écoles, des spécialistes formés à la détection de la maltraitance des enfants. On pourra mettre en place un programme à cet effet, incluant une formation à la détection de la toxicomanie. Dans la pratique, lorsqu'un enseignant soupçonne fortement qu'un enfant est victime de maltraitance, il est de son devoir de citoyen d'informer la police ou au moins la direction de l'établissement.

Comportement, malheureusement, rare de nos jour. Le motif invoqué par les enseignants est « la peur des représailles ». Il convient aussi de noter que l'éducation sexuelle n'est pas induite dans les programmes scolaires. Connaître son corps c'est lui faire éviter beaucoup de tracas.

A-5- Education sexuelle dans le milieux scolaire : comment ? Pourquoi ?

L'éducation sexuelle devra être induite dans les programmes scolaires du collège au lycée. Elle sera assumée par un service de santé scolaire, médecins et

psychologues. Cette éducation sexuelle sera intégrée à l'éducation pour la santé ce qui permettra d'utiliser un concept basé sur les possibilités d'apprentissages et les compétences du public cible. La prévention des grossesses chez l'adolescente fera partie du mandat et s'inscrira dans une approche tout à la foi globale et spécifique, en tenant compte de l'âge et des motivations des élèves à entrer en matière.

Toutefois, le problème des grossesses précoces en Algérie n'atteint pas l'ampleur des pays occidentaux. Mais, si cette situation persiste, ce problème s'amplifiera et aura des incidences très graves sur la santé des jeunes filles.

Donc, nos effort devront tendre à la sensibilisation voire à l'amélioration de la situation actuelle étant donnée la souffrance intime et souvent dommageable, même à long terme, pour l'adolescente, lié soit à une interruption de grossesse, soit à la naissance d'un enfant qui même désiré, peut poser une série de difficultés psychologiques et sociales tant pour lui-même que pour sa mère, voilà pourquoi, on devra inclure cette matière dans nos écoles.

Pour ce qui est du comment ? l'éducation sexuelle fera partie des programmes globaux d'éducation pour la santé qui devront être élaborés à partir des mandats confiés au ministère de la santé dans lequel des infirmières, des médecins, des psychologues, des éducateurs se partageront les tâches de prévention et de la promotion de la santé.

Ces programmes s'adresseront aux jeunes, à leurs parents et aux enseignants, soit lors des visites individuelles, soit par des leçons collectives en classe.

Les stratégies et les moyens pour réaliser ces objectifs :

a. prévenir les maladies sexuellement transmissibles MST/SIDA

b. prévenir les grossesses dites non désirées

c. prévoir les abus sexuels.

d. Prévenir l'abus de produits toxiques

e. Promouvoir et protéger la santé des jeunes en général, ainsi que l'adaptation des programmes correspondants qui seront déterminés en fonction de l'éducation et des priorités.

f. Le tout sera conditionné par les ressources humaines et financières à disposition.

Les programmes de l'éducation sexuelle devront être fortement orientés vers la prévention du SIDA et des abus sexuels, mais la contraception reste elle aussi, une priorité.

Le concept d'éducation sexuelle dans lequel ces interventions auront lieu devront permettre à l'intervenant de tenir compte des besoins des élèves, mais aussi de leurs compétences dans la mesure où l'approche de l'enfant ou de l'adolescent, même si celui est en difficulté, devra placer l'adulte dans une position de respect d'écoute et de valorisation. En éducation sexuelle, il sera peut utile d'aborder les jeunes en mettant en évidence leurs défauts, leurs difficultés, voire leur impuissance à se responsabiliser.

L'expérience du terrain démontre chaque jour que l'exploitation des compétences des publics cibles (enfants et adolescents), est un pari à ne pas manquer à condition que les adultes proches des jeunes et des moins jeunes veuillent bien y adhérer et c'est probablement à ce niveau qu'il faut travailler avec plus de détermination. Ils est donc utile d'en parler régulièrement avec eux et de montrer que malgré des rapports sexuels décriés, l'adolescent et surtout l'adolescente, méritent respect et confiance, que des connaissances sont utiles là comme ailleurs, car à un moment donné elles pourront aider à prendre des décisions qui lui éviteront d'être la perpétuelle victime d'une succession de fatalités.

5-1- Les masse médias

Conscients des critiques formulées sur les incidences négatives de la violence et du sexe à la télévision, nous avons eu l'occasion de discuter avec les professionnels de l'information. Nous placerons les médias en troisième position après la famille et l'école que nous considérons comme un instrument prioritaire de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants.

Ces professionnels de la presse écrite nous ont dit : « qu'après trois décennies d'un régime socialiste et totalitaire, vouloir imposer toute sorte de censure de contrôle est une question très délicate ». Cependant, en raison de l'importance de la question pour les enfants, le pouvoir publics pourraient imposer

quelques restrictions aux émissions, qui promouvoir la violence et qui font l'apologie des actes inhumains ou cruels sur les ondes.

Mais la question pertinente qui reste sans réponse est, qu'en est-il des chaînes étrangères ? Et que pourrait faire l'Etat devant ce danger qui envahit tous les foyers Algériens ? Et que faire pour protéger les enfants, surtout les adolescentes, qui s'accrochent chaque nuit à la télévision pour voir les films pornographiques ? La réponse de ces professionnels est : « Qu'il appartient à l'Etat de prendre ses responsabilités ».

B-1- Répression de l'exploitation sexuelle des enfants.

Au cours de notre entretien avec les juristes, il ressort un besoin pressant quant à la création d'un institut de la prévention sociale qui fera des recherches en criminologie et prévention sociale, notamment sur les questions relatives aux jeunes enfants. Ces futurs spécialistes fourniront des statistiques touchant à la maltraitance des enfants et autres délits. Ces données donneront un aperçu sur les dangers qui guettent toute la société. Pour ce qui des poursuites en matière de prostitution des enfants, selon les juristes, la police se heurte à divers difficultés notamment le fait que « dans la plupart des cas, il n'existe pas de document ni de preuves solides, et les enfants, tout particulièrement les filles, répugnent à témoigner, car ils craignent davantage les souteneurs que la police. »

Les réseaux de la prostitution sont très bien organisés, bénéficient d'une/ou des couvertures, et utilisent du matériels très perfectionnés, ils ont peut être plusieurs années d'avance sur la police quant à la technologie à laquelle ils ont accès, et aussi les moyens financiers colossaux, dont ils disposent.

Les policiers, doivent aussi compter avec l'ambivalence de la loi en ce qui concerne la majoration ? Les policiers, qu'on a interviewés, ont noté que les cas de sévices sexuels signalés avaient considérablement diminués en 1994, mais qu'une recrudescence se dessinait. L'augmentation des cas signalés de prostitution infantile est attribuée, par la police, à l'intense compagne menée par la brigade des moeurs, dont le résultat est que plus d'affaires sont révélées. Cela ne veut pas dire, selon eux, qu'il y a eu une augmentation effective du nombre d'affaire. Le fait que

la police soit très stricte en ce qui concerne la prostitution d'enfants mineurs, dissuade fortement les souteneurs de s'intéresser à eux. La plupart des personnes, que nous avons interrogées, ont estimé que pour contrôler la prostitution et réprimer plus efficacement la prostitution des mineurs, la prostitution des adultes devrait être légalisée.

Ces prostituées professionnelles pourraient être imposées par l'Etat et obligées de se soumettre à des visites médicales, ce qui contribuerait à réduire l'incidence des maladies transmissibles sexuellement MST/SIDA.

Dans la situation actuelle, il est très difficile de dépister les prostitués, qui ont contaminé des clients ou qui ont été contaminées par des clients, car celles-ci refuse de se soumettre à des contrôles médicaux. D'autres part, elles n'ont pas d'assurances médicales, si bien que les médecins ne veulent pas les examiner.

Conclusion et recommandations

A. Conclusion.

Nous notons, avec amertume, que le tableau général qu'offre l'Algérie n'est pas encourageant. Nous tenons à remercier tous les jeunes qui ont eu l'amabilité de coopérer et l'ouverture dont ils ont fait preuve afin de nous aider à comprendre comment et pourquoi ces jeunes se prostituent et quel sont les agents causales qui contribuent directement à ce fléau.

Nous apprécions beaucoup également les activités menées par les rares ONG pour s'attaquer à la question des enfants en situation délicate.

Il existe cependant un sujet de préoccupation que nous tenons particulièrement à évoquer, le cas des filles handicapées. Cette minorité est maltraitée et violée. Elle est marginalisée et ne fait l'objet d'aucune protection. Nous regrettons beaucoup, faute de techniques appropriées et des moyens pour ce genre d'enquête, que nous n'ayons pu avoir d'entretien avec ces filles.

B. Recommandations

Nous souhaitons faire les recommandations suivantes :

a/ il conviendrait de mettre en place un organe central chargé de coordonner les activités concernant tous les enfants, y compris ceux appartenant à une minorité d'enfants handicapés et les activités des diverses institutions de la république.

B/ les lois nationales devraient être révisées en vue d'éliminer toute ambiguïté possible concernant la majoration ? Qui fait que bon nombre d'enfants sont privées de leurs citoyenneté et donc de protection de la loi.

C/ dans les grandes villes, la situation des enfants, qui se prostituent mérite une attention particulière. Des patrouilles de police devraient être constamment effectuées dans les endroits où l'on sait qu'ils opèrent habituellement. Les responsables de l'application des lois devraient toujours manifester une présence visible pour dissuader les enfants et leurs clients potentiels.

Il conviendrait d'organiser « des opérations balayage » et de donner une large publicité, à travers les médias, aux arrestations qui seraient ainsi effectuées, afin d'adresser un avertissement énergique aux clients éventuels.

D/ pour lutter contre le phénomène croissant du jeu chez les jeunes enfants, et compte tenu de fait qu'il est établi que ce phénomène est l'une des causes d'implication des enfants tout particulièrement, les garçons dans la prostitution, il conviendrait d'interdire strictement l'entrée des enfants de moins 16 ans dans ces endroits en prévoyant des peines à l'encontre de ceux qui les autorisent à fréquenter de tels endroits. Les galeries de jeux vidéo et de jeux d'attraction devraient également faire l'objet de contrôles périodiques pour vérifier que les enfants ne font pas de paris.

E/ Il conviendrait de resserrer la collaboration entre les organes du gouvernement et les quelques rares ONG s'occupant des enfants, et d'établir une meilleure coordination et répartition des responsabilités afin de traiter l'intégralité des problèmes touchant les enfants.

f/ la proportion élevée d'enfants s'étant enfuis d'institutions qui en avaient la garde, semble confirmer la nécessité de superviser plus étroitement ces établissements publics pour s'assurer que les enfants n'y subissent pas de représailles.

5-B- Les enfants du divorce

L'article 09 de la convention stipule que « l'enfant ne doit pas être séparé de ses parents contre son grès sauf en vertu d'une décision prise par les autorités compétentes dans l'intérêt supérieur de l'enfant ».

Dans la législation Algérienne, les articles de 62 à 72 stipulent que : «la prise en charge de l'enfant issu des parents séparés, ou orphelin de l'un des deux ou du père et de la mère est prévu par le code de la famille dans le cadre de la «Adana » (droit de garde) ».

* Le droit au recouvrement de la pension alimentaire est garantie par la même loi qui organise et réglemente son attribution.

Où est l'intérêt suprême de l'enfant ? L'article 52 du code de la famille est une entrave qui viole cet intérêt supérieur : le droit à un toit, qui le sécurise et le met à l'abri de la rue et de ses tentations. Au fait c'est l'intérêt des deux conjoints qui est préservé en cas de divorce.

Le divorce dans notre société est devenu par la faiblesse du droit, un facteur de pression et de chantage utilisé par l'homme, pour imposer sa dictature et assouvir son «ego» meurtri, par les pressions tant internes qu'externes. Le comble, la loi dans toute sa majesté l'aide à concrétiser ce côté pervers de sa personnalité masochiste.

Ceci dit, il ne faut pas considérer le divorce comme une fatalité bien au contraire et, dans l'intérêt de l'enfant une mesure qui pourrait le délivrer des mesquineries des parents qui ne veulent pas divorcer à cause des considérations sociales, dont il sera la permanente victime. On comprend à la lecture de cette réflexion, les dires du docteur J.G Lemaire « Si le divorce peut, sans équivoque être redouté dans ses effets sur l'évolution affective des enfants, c'est à dire qu'il est parfois considéré comme étant la pire situation. Des études statistiques ont confirmé ce que psychiatres d'enfants et psychologues avaient remarqué : les troubles les plus fréquents sont constatés dans les foyers où la haine et la souffrance se font jour ouvertement, mais où cependant les parents continuent à coexister. C'est dans cette atmosphère passionnée et hautement conflictuelle que les perturbations affectives des enfants sont à leur maximum avec toutes leurs conséquences » (29).

Il est évident que ce climat de haine, de rivalité pour la possession morale et affective de l'enfant cette hargne quotidienne entre époux, traumatise l'enfant et brise ses besoins d'identification. Il n'est pas contesté que 70 à 80% des enfants délinquants ont des parents désunis.

De même que la plupart des névroses infantiles trouvent leur source dans la profonde mésentente du couple, non dans le divorce. Mieux vaut un «bon divorce» que l'enfer d'un couple qui se déchire.

« D'ailleurs, les incidences psychosociologiques de la dissociation conjugale sur les enfants dans un pays où le divorce est interdit sont plus graves que dans ceux qui l'autorisent. Ceci s'explique facilement par le fait que le divorce ne fait que traduire juridiquement une situation conjugale préexistante qui déséquilibre l'enfant.... le divorce peut donc, si les autorités et les parents le veulent, ne pas être un désastre pour l'enfant. Il n'est ni un bien, ni un mal. Il est seulement ce que des adultes conscients, lucides, responsables peuvent en faire. Préserver sa dignité d'homme et de femme c'est donner à l'enfant une leçon utile et qu'il appréciera » (30). Une analyse objective qu'on pourrait attribuer à une société respectueuse des valeurs et des principes du mariage : «L'union pour le bien et pour le pire».

Sans polémiquer, nous dirons que, grâce à l'effondrement des valeurs ancestrales et la situation socio-économique désastreuses, de nouvelles moeurs institutionnalisées conventionnellement, sont apparu. Beaucoup de nouveaux riches aux allures farfelues, aidés par la loi et par leur situation économique favorable attirent dans leurs griffes des centaines de milliers de femmes. Ces dernières, sous le poids de la misère caractérisée, se laissent obnubiler par cette vie facile qui, malheureusement, engendre d'énormes problèmes d'ordre psychosociologiques.

Ce qu'il faudra savoir, c'est qu'avec le nombre ascendant de couples divorcés nous devrions nous attendre à une progression effarante de la délinquance juvénile en Algérie. Tout ceci grâce à l'irresponsabilité partagée entre l'homme et la femme.

Une chose est sûre, c'est qu'il ne faudra pas qu'ils soient fiers de leurs comportements. Aucune circonstance atténuante ne peut leur être attribuée, car par leur divorce, le nombre d'enfants délinquants potentiels sera élevé. Et il est grand temps qu'on fasse passer le droit des enfants sur le droit des parents.

En conclusion, on pourrait avancer que bien que l'homme est favorisé par la loi, la femme en contre partie ne fait pas beaucoup d'efforts pour préserver sa dignité. Actuellement, que peut-on dire : beaucoup de femmes mariées sont entretenues par des amants dans ce pays, et où, paradoxalement tout le monde réclame et se bat pour la dignité.

5-C- Les enfants battus.

Bien qu'il soit difficile d'obtenir des chiffres précis, on peut dire que le nombre d'enfants battus serait très élevé. Et il est temps que les mass medias consacrent des émissions télévisées à ces enfants martyrisés pour que l'opinion publique puisse se rendre compte de l'ampleur du danger et surtout des conséquences désastreuses dues aux tortures infligées par les parents, les enseignants, les proches, les camarades et les voisins (...).

Malheureusement, toute la société ne se rend pas compte que le problème est très grave, qu'il est plus profond et qu'il ne dépend pas seulement des comportements aberrants, mais aussi de structures sociales et économiques qui amènent des parents à être à bout de nerfs, « exaspérés par leurs situation économique du fait du chômage, de l'exiguïté du logement, de la pauvreté, si bien qu'ils ne trouvent plus qu'à verser leur colère et leur exaspération, en battant leurs enfants ».(31)

Exception faite de quelques cas de sadisme, les parents qui martyrisent leurs enfants sont des gens comme tout le monde, mais qu'à un moment donné à cause d'un état de surexcitation, ils perdent leur maîtrise d'eux même. Cependant, malgré le calvaire vécu, par l'enfant. Il est déconseillé d'arracher l'enfant à sa famille... c'est plutôt la cellule familiale entière, qui doit être aidée.

La convention des droits de l'enfant stipule que : «les Etats doivent prendre toutes les mesures tendant à protéger les enfants contre les brutalités physiques, mentales, la négligence, la violence sexuelle, les abandons et l'exploitation» (articles 19 et 34.).

Dans la réalité, l'enfant dans sa faiblesse et la victime de l'adulte. Ce dernier
trouve chez lui, la victime facile qui lui permet d'assouvir son agressivité ou ses
désirs. Ceci se produit dans le cadre social général, ou bien dans le cadre familial.
« La morale de la violence » commence souvent avant l'école dans le spectacle des
« mères battues » et c'est dans ce cadre, qu'elle se consolide sous toutes ses formes.
Le premier uniforme que revêt l'enfant est celui de la violence, de la
«Redjla». Etre un homme est une qualité réservée à ceux qui ont appris l'art de
détruire. C'est peut être là, une façon de se préparer à se soumettre aux violences

infligées par ses proches, son père en particulier, qui est à ses yeux et qui doit le rester, l'homme exemplaire que tout le monde craint.

A leur tour, les enseignants terrorisent l'élève, l'humilient, parce que mal formés, recrutés, sans avoir eu accès à la psychologie de l'enfant. Les enseignants se cachent sous la vision de l'enfant tyran, turbulent et étourdi « le syndrome des enfants battus et maltraités» entraîne l'intervention du médecin expert.

5-C- Les formes de maltraitances des enfants en Algérie. A L'aspect médico-légal (32)

Il s'agit d'une étude rétrospective réalisée, auprès des services de médecine légale CHU Constantine, portant sur les enfants agressés.

I- Matériels et méthodes.

a. Sources de données : Les informations nécessaires à cette étude ont été recueillies à partir des observations médicales issues de 631 dossiers disponibles aux archives de services de médecine légale au C.H.U de Constantine.

b. Méthode d'études et moyens


· Type d'étude :
étude rétrospective ayant couvert les 02 années (1998-1999) et se proposant la description du phénomène «agression des enfants dans notre société

7,6

Protocole : pour ce faire, les étudiants ont procédé à :

1/ Une répartition des cas, selon l'âge et le sexe de la victime.

2/ Une répartition des cas, selon l'occupation des victimes

3/ Une répartition des cas, selon la nature de l'agent causal

4/ Une répartition des cas, selon les lésions provoquées et leur siège topographique. 5/ Une répartition des cas, selon l'auteur des agressions.

6/ une répartition des cas, selon les saisons et selon les horaires dans la journée.

« TABLEAU: 1 ANNÉE 1998

Age

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

0 -15 ans

19

40

20,65

13,88

17,26

6 - 10 ans

38

107

41,30

37,15

39,22

11 - 15 ans

35

141

38,04

48,95

43,67

Total

92

288

100

100

100

GRAPHE 01 :

Densité

De fréquence (%)

Densité
De fréquence (%)

28,2

21,

8

3,8

7

5 10 15

 

Classe d'âge (Années)

5 10 15 Classe d'âge

(Années)

Nombre de cas par tranche d'âge et par année

+ la fréquence augmente au fur et à mesure qu'on avance dans l'âge.

+ on constate que la fréquence des garçons battus est trois fois plus élevée que chez les filles et ce ci pour toutes les tranches d'âge.

TABLEAU: 2 ANNÉE 1999

Densité
De fréquence (%)

 
 
 
 
 
 

**

 
 
 
 
 

Age

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

0 -15 ans

13

15

20

08,06

14,03

6 - 10 ans

23

68

35,38

36,55

35,96

11 - 15 ans

29

103

44,62

55,37

49,99

Total

65

186

100

100

100

GRAPHE 02 :

Densité

De fréquence (%)

28,2

13,6

3

**

6

5 10 15

 

Classe d'âge (Années)

5 10 15 Classe d'âge

(Années)

Nombre de cas par tranche d'âge et par année

+ la fréquence augmente au fur et à mesure qu'on avance dans l'âge.

+ on constate que la fréquence des garçons battus est trois fois plus élevée que chez les filles et ceci pour toutes les tranches d'âge.

Profession

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Sans

28

75

30,43

26,04

28,23

Scolarisé

64

213

69,56

73,95

71,75

Ouvrier

00

00

00

00

00

Libérale

00

00

00

00

00

Total

92

288

100

100

100

Réparation selon la profession

Les enfants scolarisés représentent la plus grande proportion vu que la majorité est scolarisée.

TABLEAU : 4 ANNEE 1999

Profession

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Sans

14

22

21,54

20,19

20,86

Scolarisé

51

164

78,46

79,80

79,13

Ouvrier

00

00

00

00

00

Libérale

00

00

00

00

00

Total

65

186

100

100

100

Réparation selon la profession

Les enfants scolarisés représentent la plus grande proportion vu que la majorité est scolarisée.

Agent causal

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Naturel

 

54

195

53,46

67,94

60,7

 

Improvisé

43

76

42,57

26,48

34,52

Préparé

00

01

00

0,34

0,17

Tranchant

03

13

02,97

04,52

03,74

Autre

01

02

0,99

0,69

0,84

Total

101

287

100

100

100

Réparation selon la nature de l'agent causal

On note une prédominance de l'agent contondant surtout naturel

TABLEAU: 6 année 1999

Agent causal

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Naturel

 

45

114

68,18

63,68

65,93

 

Improvisé

15

51

22,72

28,49

25,60

Préparé

00

00

00

00

00

Tranchant

02

08

03,03

04,46

03,74

Autre

04

06

06,06

03,35

04,70

Total

66

179

100

100

100

Réparation selon la nature de l'agent causal

On note une prédominance de l'agent contondant surtout naturel

Siège des lésions

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Membre >

31

58

25,89

18,29

22,09

Membre <

19

29

15,83

09,14

12,48

Thorax

08

17

06,66

05,14

06,01

Abdomen

06

19

05

05,99

05,49

Tête

56

194

46,66

61,19

53,92

Total

120

317

100

100

100

Réparation topographique des lésions provoquées

On remarque une prédominance des lésions au niveau de l'extrémité céphalique, ceci pour les deux sexes.

Tableau : 8 année 1999

Siège des lésions

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Tête

28

139

57,14

67,47

62,30

Membre >

07

33

14,28

16,01

15,14

Membre <

09

14

18,36

06,79

12,57

Thorax

01

07

02,04

03,39

02,71

Abdomen

04

13

08,16

06,31

07,23

Total

49

206

100

100

100

Réparation topographique des lésions provoquées

On remarque un prédominance des lésions au niveau de l'extrémité céphalique, ceci pour les deux sexes.

Tableau : 9 année 1998

Nature des lésions

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Syndrome subjectif isolé

06

17

10,52

06,51

08,511

Plaie superficielle

24

106

42,10

40,61

41,35

Plaie profonde

05

24

08,77

09,19

08,98

Lésion osseuse

02

21

03,50

08,04

05,77

Lésion organique

00

03

00

01,14

00,57

 

20

90

35,08

34,48

34,78

Total

57

261

100

100

100

Réparation selon la gravité des lisions.

- on note que si 8/10 enfants présentent des lésions minimes, 1/15 enfant présentent des lésions graves (osseuses ou organiques).

- Les enfants de sexe masculin sont battus beaucoup plus violemment que les enfants de sexe opposé.

TABLEAU : 10 ANNEE 1999

Nature des lisions

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Syndrome subjectif isolé

06

32

05,04

09,16

07,10

Plaie superficielle

50

150

42,01

42,97

42,49

Plaie profonde

10

27

08,40

07,73

08,06

Lésion osseuse

04

24

03,36

06,87

05,11

Lésion organique

02

01

01,68

0,28

0,98

 

47

115

39,49

32,95

36,22

Total

119

349

100

100

100

Réparation selon la gravité des lésions.

- on note que si 8/10 enfants présentent des lisions minimes, 1/15 enfant présente des lésions graves (osseuses ou organiques). Les enfants de sexe masculin sont battus beaucoup plus violemment que les enfants de sexe opposé.

Auteur

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Parent direct

05

02

05,43

00,73

03,08

Parent indirect

09

03

06,52

01,10

03,81

Enseignant

08

14

08,69

05,14

06,91

Autres

70

253

76,08

93,01

84,54

Total

92

272

100

100

100

Réparation selon l'auteur des agressions.

- 1/11 enfants est battus par son enseignant.

- Plus de 8/10 enfants sont battus par des personnes n'ayant aucune autorité sur eux.

TABLEAU : 12 ANNEE 1999

Auteur

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Parent direct

07

05

16,66

02,76

09,71

Parent indirect

01

01

0,003

0,55

0,27

Enseignant

03

13

7,14

07,18

07,14

Autres

31

162

73,81

89,50

81,65

Total

42

181

85,18

100

100

Réparation selon l'auteur des agressions.

- 1/11 enfants est battus par son enseignant.

- Plus de 8/10 enfants sont battus par des personnes n'ayant aucune autorité sur eux.

Horaire

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Matin

31

64

37,80

34,40

36,10

Après midi

42

105

51,21

56,45

53,83

Soir

09

17

10,97

09,13

10,05

Total

82

186

100

100

100

Réparation des agressions tout au long de la journée

- Il y a une prédilection des agressions au cours de l'après-midi.

TABLEAU : 14 ANNEE 1999

Horaire

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Matin

12

65

33,13

43,33

38,23

Après midi

22

73

61,11

48,66

54,88

Soir

02

12

05,55

08

06,77

Total

36

150

100

100

100

Réparation des agressions tout au long de la journée

- Il y a une prédilection de l'agression au cours de l'après-midi.

Nombre

J F M A M J J A S O N D

67

53

33

25

23

21

18

16

15

13

8 5 3 1

Nombre

67

37

35

28

28

11

10

8

5

3

1

Saisons

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Hivers jan

03

18

03,26

06,25

 

Fev

02

15

02,17

05,20

09,69

Mars

02

01

02,17

00,34

 
 

08

16

08,69

05,55

 

Printemps Avril

02

05

02,17

01,73

13,67

 

05

08

05,43

02,77

 

Mai

 
 
 
 
 

Juin

 
 
 
 
 
 

13

53

14,13

18,40

 

Eté juill

04

25

04,34

08,68

40,38

Août

11

67

11,95

23,26

 

Sep

 
 
 
 
 
 

33

36

35,86

12,50

 

Automne Octo

03

21

03

07,29

36,70

Novem

06

23

06,52

07,98

 

Dec

 
 
 
 
 

Total

92

288

100

100

100

GRAPHE 15:

Nombre de cas par saison

La moitié des garçons sont battus en période estivale avec un pic au mois de septembre. Les 3/4 des filles sont agressées durant la période estivale et l'automne, avec un net pic au mois d'Octobre.

TABLEAU : 16 ANNEE 1999

Saisons

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

Hivers jan

05

11

07,69

05,91

 

Fev

10

28

15,38

15,05

26,89

Mars

06

01

09,223

00,53

 
 

01

01

01,53

00,53

 

Printemps Avril

10

35

15,38

18,81

28,39

 

13

01

10

00,53

 

Mai

 
 
 
 
 

Juin

 
 
 
 
 
 

01

01

01,53

00,53

 

Eté juill

03

01

04,61

00,53

15,11

Août

01

40

01,53

21,50

 

Sep

 
 
 
 
 
 

00

05

00

02,68

 

Automne Octo

07

25

10,76

13,44

29,53

Novem

08

37

12,30

19,89

 

Dec

 
 
 
 
 

Total

65

186

100

100

100

GRAPHE 16:

J F M A M J J A S O N D

Nombre de cas par saison

On note une prédominance des agressions en Automne chez les garçons

Les filles sont très peu agressées en été.

I,T,T

 

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

0-7 jours

70

211

75,26

73,26

74,26

8-15 jours

13

50

13,97

17,36

15,66

16-25 jours

09

14

09,67

04,86

07,26

> 25 jours

01

13

01,07

04,51

02,79

Total

93

288

100

100

100

Réparation selon la durée de l'incapacité temporaire totale

Les 3/4 des incapacités temporaires totales ne dépassent pas les sept jours cependant 10 % Des incapacités temporaires totales sont évaluées à plus de quinze jours.

TABLEAU : 18 ANNEE 1999

I.T.T

Nombre

Pourcentage

Moyenne

 
 
 
 

0-7 jours

58

126

89,23

67,74

78,48

8-15 jours

04

36

06,15

19,35

12,75

16-25 jours

02

12

03,07

06,45

04,76

> 25 jours

01

12

01,53

06,45

03,99

Total

65

186

100

100

100

Réparation selon le durée de l'incapacité temporaire totale

Les 3/4 des incapacités temporaires totales ne dépassent pas les sept jours cependant 10 % Des incapacités temporaires totales sont évaluées à plus de quinze jours. » (28)

Conclusion :

Au terme de cette étude rétrospective sur le problème « des violences envers les enfants », ayant couvert les deux années 1988-1989, on n'a abouti aux constations suivantes : ces agressions intéressent toutes les tranches d'âges avec une nette prédominance chez l'adolescent du sexe masculin (03 fois plus).

Les violences commis sont polymorphes allant des sévices psychologiques jusqu'aux agressions physiques engendrant un pourcentage non négligeable de lésions osseuses et organiques (1/15) attestant toujours leur gravité, pouvant se produire tout au long du calvaire de l'enfant des lésions occasionnées sont le plus souvent le fait d'agents contondants (9/10) : de coup de poings, coups de pied, gifle, projection au sol, bâton, tisonnier, ceinture, couteau, fourchettes, ... touchant généralement l'extrémité céphalique dans 6 cas/10.

A noter que le nombre des enfants agressés, selon les auteurs de l'enquête, augmente considérablement pendant la période estivale où l'enfant se trouve livré à lui-même ainsi que durant la rentrée scolaire et que l'enfant est victime de violence à n'importe quel moment de la journée, notamment dans les après-midi.

Enfin cette étude à montré que la majorité des lésions provoquées n'atteint pas le seuil d'incapacité temporaire totale (ITT) 15 jours engageant une poursuite judiciaire de l'auteur

B- L'aspect psychologique de l'enfant martyrisé (33).

Nous avons vu, précédemment, que l'enfant subi des tortures physiques inimaginables, ces dernières laisseront des traces indélébiles dans son vécu psychosociologique. Une mauvaise prise en charge entraînera cet enfant-adulte dans le futur à perpétrer ce geste agressif, auquel il a été soumis.

Ceci dit, nous allons nous pencher sur l'impact de l'agression sur le vécu psychologique de l'enfant ? En terme simple, nous disons comment l'enfant perçoit cette violence, quelle est sa représentation de l'agresseur ?

Le 1er cas : M.B, Agé de 10ans, élève, en cinquième année.

Fondamentalement, cet enfant dont le père est enseignant en mathématique et dont la mère au est au foyer présente les signes d'agressions perpétrés par son père. Ces agressions ont commencé à l'âge de (3 ans). Le moyen utilisé est une canne en bois. D'après l'enfant, son père est devenu agressif après la perte de son frère. Après cette date, il s'emportait à n'importe quel comportement émanant de l'enfant. Il agresse même sa femme.

Résumé de l'entretien.

De l'entretien, on peut clairement tirer les conclusions suivantes :

a. l'enfant souffre d'un problème relationnel.

b. Ces punitions ont laissé des traces indélébiles sur le plan psychologique. Angoisse, peur, complexe d'infériorité, la représentation du père est entachée de haine, de rancoeur, l'enfant souffre de ne pouvoir communiquer avec les autres.

c. Le sujet vit dans un milieu familial caractérisé par des conflits intermittents, ces conflits ont eu des répercussions négatives sur son développement psychologique, et même cognitif, car cet enfant souffre d'un retard scolaire par rapport à ses pairs sachant que son père est universitaire.

Le 2me cas : G.H, âge de 10ans, élève en quatrième année fondamentale.

Son rendement scolaire est entre moyen et faible. Il présente des signes d'agressions apparentes, ses mains et son, corps présentent des hématomes (zones bleues), en plus ses doigts portent des marques de cigarettes. Cet enfant présente des signes d'angoisse, il ne peut se tenir convenablement sur une chaise.

Son père et fonctionnaire dans l'hôtellerie, il présente des signes de nervosité, agresse tout les membres de la famille, ne se soucie guère du sort de ses enfants, que lors des résultats scolaires, qui, semble t-ils, sont faibles. Sa réaction et de martyriser ses enfants, selon les dires de la mère qui est une femme au foyer.

Résumé de l'entretien.

De l'entretien il ressort les conclusions suivantes :

a. le côté relationnel père-enfant est caractérisé par l'agressivité poussée à l'extrême.

b. aucune affection

c. une famille dysfonctionnelle

d. rendement scolaire entre moyen et nul.

e. éprouve de la haine et de la rancoeur pour le père

f. éprouve une grande difficulté à communiquer «introvertis »

g. tendance suicidaire.

Le 3me cas : A.F, âgé de 08 ans, élève en 3me année fondamentale.

Fils unique, ne parle pas, n'a pas d'amis. Les signes de l'agression apparaissent sur son épaule (zones bleues). Son père est fonctionnaire dans une société de publicité sa mère fonctionnaire dans une institution spécialisée. Selon les dires de la mère, son mari a eu de mauvaise relation avec ses frères, on le méprisait, d'où son excès de nervosité. Son père le traitait avec agressivité.

Résumé de l'entretien.

Il ressort de l'entretien que malgré la situation économique aisée, cela n'a pas empêché que cette famille vive dans une atmosphère électrique due essentiellement au traumatisme apparent dont souffre le père, ayant vécu lui même dans une atmosphère d'agressivité, ayant pour résultat la haine et la rancoeur. Mais cette fois, cette haine et cette rancoeur sont dirigées vers ses enfants et sa femme.

Nous pouvons dire que si le père a eu la chance d'être pris en charge par les services concernés, la situation que vit actuellement sa famille serait autre, c'est à dire une atmosphère conviviale.

Pour ce qui est de l'enfant on peut tirer les conclusions suivantes :

a. l'enfant ne communique plus, ou rarement.

b. Introverti

c. Eprouve de la haine et de la rancoeur envers son père

d. Représentation de l'image du père négative.

e. Résultats scolaires médiocres.

4me cas : L.A. âgé de 11 ans, élève en cinquième année fondamentale.

Situation économique faible, résultats scolaires faibles depuis la première année fondamentale. Son père chômeur, sa mère au foyer. Les signes de violence sont apparents aux visages, à l'abdomen et sur ses mains. La relation familiale entre le père et sa famille n'est basée que sur l'agressivité et l'humiliation, d'après la mère, la nervosité du père est due, aux nombreuses années passées en prison.

Résumé de l'entretien.

De l'entretien, il apparaît que la famille vit le marasme économique au quotidien, ceci a eu une influence négative sur le coté relationnel. En plus de la vie dure qu'avait subit le père pendant les années de prison, laissant sa famille sans aucune prise en charge. S'il y'avait des centres spécialisés qui s'occupaient de ces prisonniers, qui passent un nombre d'années en prison en vue de leur réinsertion, ou du moins l'existence d'une assistance psychologique à l'intérieur de ces prisons, peut être que l'intensité de cette agressivité caractérisée serait diminuée et qu'elle n'aurait pas à resurgir aujourd'hui. Pour ce qui est de l'enfant, les répercussions de cette agressivité sont :

a. l'enfant est introverti

b. il est angoissé, traumatisé

c. son rendement scolaire est très faible

d. la représentation de l'image du père est négative.

Conclusion

Cette étude psychologique, démontre clairement l'impact de l'agressivité paternelle sur le développement psychosociologique, affectif et cognitif de l'enfant. Il apparaît clairement que les comportements nuisibles des parents « inconscients », laisseront des séquelles indélébiles, généralement dramatiques, sur l'avenir de l'enfant. Encore faudrait-il rappeler qu'il s'agit d'aider son environnement familial, afin que celui-ci lui permette de vivre et d'appréhender l'avenir avec sérénité.

5-6- Les enfants désavantagés : enfants handicapés.

La convention des droits de l'enfant stipule que « les enfants, ont droit à un traitement, une éducation et des soins spéciaux et bénéficient d'une aide à chaque fois que possible compte tenu des mesures financières de leur parents » (article 23). D'emblée, on peut déduire le caractère diversifié de l'aide à apporter à ces enfants en fonction de la situation financière de leurs parents. C'est à dire : point de place à l'uniformisation de l'aide et de financement. « Le peu d'argent », dont dispose, l'Etat devra être acheminé vers les familles les plus vulnérables, ayant des enfants désavantagés, handicapés.

Dans la législation Algérienne, on peut lire à travers le décret n° 80-59 du 08 mars 1980 portant création, organisation et fonctionnement des centres médico- pédagogiques et des centres d'enseignements spécialisés pour l'enfance handicapée. Ce décret a favorisé la mise en place de structures de prise en charge psychologique et médicale des différents handicaps.

Un dispositif législatif et réglementaire de soutien aux enfants a été mise en place et consiste en :

- l'exonération de IRG (Impôt sur revenu globale)

- la gratuité et les réductions sur les tarifs de transport

- l'attribution d'une pension pour handicapés lourds.

- L'attribution d'une allocation forfaitaire de la solidarité (AFS)

- l'exonération des taxes de douanes sur les importations de matériels, véhicules aménagés, appareillage destinés aux invalides.

- L'exonération de TVA (taxes sur la valeur ajoutée).

- Mise en place d'un dispositif en facteur de l'insertion professionnelle des handicapés.

La réalité sur terrain.

Dans les années fastes, la famille n'avait guère besoin de l'aide de l'Etat, mais le passage brusque d'une économie dirigée vers une « économie de marché » a eu des conséquences néfastes sur les couches défavorisées. « Estimée à 1989 à quelque 800.000 nécessiteux, cette catégorie est passée en 1999 à plus de 1.900.000 personnes. Dans dix ans, ce chiffre sera revu à la hausse et atteindra 3.600.000 personnes, demandeurs de protection sociale.

Estimé à quelque 02 millions, la population handicapée vit dans une situation déplorable, plus de 1.200.000 infirmes sont délaissés par l'Etat. Ce dernier ne peut prendre en charge que 800.000 handicapés. Quelques 210.000 handicapés bénéficient d'une aide directe de l'Etat, dont 8600 enfants» (34).

Prenant le dernier chiffre, puisque c'est de l'enfant dont il s'agit. D'après le ministère de la solidarité en 1999, le nombre d'enfants handicapés entre (0-15 ans) est de 140.000 soit 1.2% de la population globale. Répartie comme suit :

- le taux des non - voyants est de 16.5%

- la taux des mal - entendants et de 47.1%

- le nombre d'enfants en danger moral est de 12.000

- le nombre d'enfants illégitime est de 3000

A en croire ces chiffres, il se trouve qu'il y'a [140.000 (chiffre officiel) - 8600 (chiffre donné par l'organe de presse Liberté)] donc, on a 131 '400 enfants, qui ne sont pas pris en charge et oubliés par l'Etat.

Actuellement, on peut avancer que la société pour diverses raisons, dont l'effondrement des valeurs ancestrales est certainement le facteur le plus déterminant, est caractérisée par le rejet pur et simple de l'enfant handicapé. Cette attitude, on l'a trouve chez les sociétés du moyen âge et dans la politique du troisième REICH.

De telles pratiques n'ont surgi que récemment. L'attitude humanitaire et solidaire, qui caractérisait la société traditionnelle, s'est transformée en une attitude individualiste, laissant à l'Etat le soin de s'occuper des handicapes mentaux et physiques et, de les prendre en charge.

Or l'Etat dans toute sa majesté, d'après les officiels, n'a plus les moyens de faire face à cette catégorie d'handicapés d'une manière particulière, et celle des enfants d'une manière particulière.

Nous ne cherchons nullement à incriminer, ni l'Etat, ni les élus du peuple, nous tenons simplement, en termes simples, à démontrer que les moyens qu'on pourrait mettre à la disposition de ces 140.000 enfants handicapés, ne sont pas du tout impossible à trouver.

Les représentants du peuple, savent très bien, que le budget alloué pour les festivités par les communes et les wilayas, se chiffre en milliards de dinars. Ils savent aussi, que les assemblées populaires communales et les assemblées wilayales, et pour des calculs purement politiciens, déboursent annuellement des milliards de centimes pour soutenir et financer des clubs de football. Et enfin, ils savent très bien que cet argent est utilisé dans des transactions et transferts douteux.

Il serait juste de mettre cet argent au service des centres spécialisés et au service des familles, ayant des enfants handicapés, afin de subvenir à leur besoin. Aussi, nous tenons à lancer un appels aux âmes charitables, aux institutions privées, qui ont énormément d'argent, d'investir dans ces centres, avec un contrôle rigoureux de leur part, et pourquoi pas devenir un membre d'honneur au sein de l'administration de ces centres. Au lieu de sponsoriser un gala, il serait mieux de collaborer à l'éclosion sur les visages de ces enfants du sourire et du bonheur, de la santé et de la paix.

Nous ne sommes pas du tout contre les activités sportives, artistiques ou culturelles, mais nous estimons qu'il faudrait d'abord assurer le mangé et la santé à ces milliers d'enfants. Plus tard, on pourra réfléchir sérieusement à l'art, au sport et à l'éducation.

Ce qu'il faudra savoir, c'est que l'enfant handicapé n'a pas besoin de notre pitié, qui n'a d'autre effet que de le blesser au plus profond de lui même et de le décourager. Aussi, « si l'enfant paralysé se sent constamment objet de curiosité, il peut développer un complexe d'infériorité avec les séquences psychologiques qu'il entraîne : angoisse, perte de confiance en soi, repli sur soi, attitudes. Antisociales »

(35).

Ce que l'enfant handicapé attend de la société, c'est tout juste sa place, ni plus ni moins, c'est à dire de la considération de la même manière que les autres enfants, avec le peu de droits dont ils disposent. Il ne demande rien d'autre que sa dignité soit respectée. La collectivité, ainsi que l'Etat, ont le devoir de prendre en charge l'enfant handicapé pour qu'il cesse d'être un paria de la société. En terme simple, il réclame le droit de cité, le droit à la citoyenneté. C'est exactement ce que ressentent les enfants victimes des conflits armés.

5-7- Les enfants victimes du conflit armé.

7-A- L'héritage de la guerre.

L'article 38/4 de la convention stipule que « les Etats parties sont tenus de prendre toutes les mesures possibles pour que les enfants touchés par un conflit armé bénéficient d'une protection et de soins ».

La législation Algérienne stipule que « les enfants victimes d'actes terroristes sont régulièrement et immédiatement prise en charge par les pouvoirs publics au double plan physique et psychologique au niveau des centres conçus à cet effet ».

A ce sujet, nous ne cherchons pas à faire le procès des pouvoirs publics caractérisés par leur lenteur remarquée quant à la prise en charge de ces milliers d'enfants, ayant étaient témoins des scènes d'horreurs et de barbarie indescriptible. Ces scènes d'horreurs ont dépassé, de par leurs atrocités et leur intensité, ce qu'avait enduré le peuple algérien à travers toutes les conquêtes.

Ces scènes atroces ont laissé des traces indélébiles et pour longtemps, sur les enfants. Ce conflit armé nous a légué une très lourde tribu. Environ 7000 enfants orphelins, dont les parents ou le père est terroristes, plus de 40.000 enfants victimes du terrorisme, plus de 3000 femmes ou jeunes filles violées, et 20 milliards de dollars de dégâts matériels.

Ces milliers d'enfants sont en réalité une « bombe à retardement » prête à exploser si les pouvoirs publics et la « société civile » ne redoublent pas d'efforts quant à la prise en charge de ces enfants, car cela relève de leurs droits.

7-B- Les enfants des terroristes.

Comment se sentent-ils ? Comment se représentent-ils l'image de la société ? Comment la société les perçoit-elle ? Quelle perspective pour ces milliers d'enfants ? Tant de questions, qui trouvent des réponses explicites, dans l'attitude de la société elle- même.

« Gênés par le regard de la société, les enfants issus de familles des terroristes, vivent au quotidien le mépris et la haine. Sont-ils responsables des actes de leurs parents ? Méritent-ils ce sort du «bannissement» ?

Montrés du doigts. Ils s'en vont sous un poids lourd à porter sur des chemins qui n'augurent rien de bon. Un avenir bâti sur la haine, le mépris, la Hogra engendrera à coup sûr une ère de violence et de terrorisme, s'ils ne sont pas pris en charge. Ne dit-on pas que l'histoire à tendance à se répéter. Après l'indépendance, on n'a rien fait pour canaliser la haine et la rancoeur nourries, par un discours démagogique développé envers les enfants des Harkis. Pire, on leur a collé l'étiquette de l'enfant du traître à qui il ne faut pas faire confiance, le résultat : ces enfants, se sont mis sur la défensive jusqu'au jour où cette rancoeur envers le peuple, et grâce au climat politique des années 90, a réapparu au grand jour. Eh bien ! Là Aussi nous sommes entrain de refaire la même erreur. Ils sont oubliés dans leur détresse et leur tristesse. Mais qui se rappellent que ces enfants existent ? Qui a prévu dans son programme une place pour eux ?

« Saddek 14 ans, courbe l'échine sous le poids du cageot de pommes de terre qu'il transporte sur son dos. Il courbera l'échine, quand ses camarades lui rappelleront sans cesse que son père est terroriste. Son histoire commence en Juin 1991 quand son père est élu sur la liste des candidats du front islamique du salut (FIS) dans une circonscription de l'Est Algérien, depuis la vie de cet enfant, âgé de 07 ans et bon élève à l'école, prend une nouvelle dimension. Petit à petit, il voit le milieu dans lequel il grandit se métamorphoser. Sa mère opte pour le «Djelbab» (voile islamique) et commence à lui corriger son vocabulaire,

ainsi «El Machina» (le train) devient «Et Quitar », et « tomobile » (la voiture) devient «Essayara». Sa soeur, plus jeune que lui de quatre ans, est ficelée comme dans un paquet dans un semblant de hidjab gris.

Saddek regarde ce drôle de père qui laisse pousser sa barbe et ne met désormais plus que des pantalons qui s'arrêtent au mollet sur des chaussettes de Nylon et une sorte de tunique du même ton que le pantalon.

L'enfant a conscience que ses parents attirent l'attention dans la rue par leur accoutrement, mais il est loin de se douter qu'un jour ils vont être traquées (...).

Saddek ne dit rien de la mort de son père. Mais, au désespoir de sa mère, il quitte l'école. Par ailleurs, cette famille, s'est retrouvée dans une situation délicate, sa mère n'a jamais travaillé et ne peut pas subvenir aux besoins de ses enfants. Son mari ne lui a rien laissé, sauf une lourde charge.

Les gens se sont détournés d'eux et seul un ami de son père et voisin a offert un petit travail à saddek « tu dois faire attention à ton fils ! Fais en sorte qu'il ne suive pas les traces de son père !» dit le voisin à la mère. Mais comment peut on protéger un enfant si tout lui est refusé ? » (36).

Saddek fait partie de ces milliers d'enfant, dont les parents sont des terroristes, que le sort n'a pas gâté. Leurs seules erreurs c'est d'être né sous une mauvaise étoile. Le sort en a décidé ainsi. Mais est-ce juste de les rendre coupables des crimes commis par leurs parents. Est-ce juste de les condamner dans le mépris et l'ignorance ? N'ont-ils pas assez bavé, durant ces dix dernières années de guerre, pour que cette « société civile » en rajoute, à leur malheur et à leur marasme ? Ce mépris et cette brutalité poussés à l'excès créeraient en leur «intérieur » un fatalisme qui les dirigerait tout droit vers l'exaspération. Une autre étincelle dans un futur proche embrasera de nouveaux cette Algérie, fracturée de bout en bout, et ces enfants seront les premiers à faire le maquis.

« L'histoire qui va suivre s'est passée, lors d'une réunion d'association d'enfants dans un milieu hospitalisé :

Les discussions allaient bon train sur la façon et les moyens d'aider efficacement les enfants victimes du terrorisme, un membre d'une association prend la parole : « je suis prêt à apporter ma contribution à vos projets, mais il est hors de question que j'aide les enfants des terroristes ». Une assistante sociale se lève, et quitte la salle, pour revenir plus tard, dans ses bras un enfant, elle le hisse dans les aires, et lui dit en colère « bouffe-là, si tu veux ou si tu peux » (37).

Comment peut-on qualifier ce qui s'est passé dans cette réunion. Tout simplement, et évitant de prendre partie prie, nous disons simplement que c'est de l'invraisemblable

B-1- Le vécu psychologique des enfants des terroristes (38).

Du point de vue méthodologique, nous avons utilisé l'entretien semi directif, l'analyse du contenu logico sémantique afin de répondre à la problématique suivante : quel est le vécu psychologique de ces enfants ? Comment se représentent- ils l'image de la société ? Il ressort de l'enquête effectuée sur 40 enfants (20 enfants dont les parents sont terroristes, et 20 enfants dont, les parents sont victimes du terrorisme), et par le biais de l'analyse du contenu de l'entretien, (04) concepts caractérisent la personnalité de ces enfants : l'angoisse de mort 100%, l'angoisse de l'avenir 100%, l'envie de se venger 75%, la haine envers la société 100%.

Cela démontre clairement, à travers l'enquête, que d'une part l'enfant vit un traumatisme intense, et d'autre part, que la société tout entière, inconsciente de ce qui se passe en son intérieur, est entrain de couver une «autre génération » d'un autre temps et d'une autre ère et, qu'elle serait prête, quand tout les «ingrédients » seront réunis, pour se soulever encore une fois. Mais à la différence de la première crise, le second soulèvement sera plus violent, plus intense. Pire, il touchera cette fois-ci toute la société. Vu le nombre élevé d'enfants, dans notre enquête, nous prenons quelques exemples :

Cas n°1

Prénom : Chihab

Age : 8 ans

Entretien :

Question : qu'est ce qu'il fait ton père ?

Réponse : il est dans le maquis.

Q : Où ?

R : A Collo

Q : La date à laquelle il a rejoint le maquis ?

R : 1990.

Q : Comment est-il mort ton père ?

R : Mort assassiné ... l'armée l'a assassiné.

Q : Où ?

R : Ils l'ont assassiné au « HAOUCH »

Q : Cela remonte à combien ?

R : Cela fait trois ans.

Q : Tu veux nous raconter ?

R : Moment d'hésitation - j'étais présent, quand ils l'ont amené à la maison. Il était enchaîné, puis ils l'ont assassiné devant nous... puis ils ont insulté ma mère ... et ils l'ont emmené en prison.

Q : Toi et tes frères qu'êtes vous devenus ?

R : On est resté là sans dire un mot... sauf que mon petit frère de 3 ans pleurait... quand ils sont parties, les voisins sont venus et ils nous ont emmenés avec eux... ils ont contacté nos grand parents, qui sont venus aussitôt et nous sommes partis avec eux.

Q : Et ta mère pourquoi ils l'ont arrêtée ?

R : Ils lui reprochent de ne pas dénoncer mon père.

Q : Combien de temps ta mère est restée en prison ?

R : Une année et demie.

Q : Chihab, qu'est ce que tu veux faire, quand tu sera grand ?

R : Comme mon père .... Un moudjahid... et je me vengerais de l'armée.

Q : Pourquoi ?

R : Notre père nous a conseillé de suivre ce chemin... et il nous a dit que ce chemin est juste... maman aussi. Parce que l'armé est impie.

Q : Qu'espère tu devenir ?

R : Je veux devenir docteur

Q : Quoi encore ?

R : Que mon père revient et que nous vivions comme nous étions avant.

Q : Penses-tu à ton père ?

R : Je le vois dans mes rêves... j'ai peur... je me réveille chaque nuit et je pleurs.

Analyse de l'entretien

Il ressort de l'entretien, que cet enfant a vécu dans un environnement caractérisé par les idées fondamentalistes. Il a été emmitouflé et enrôlé par une éducation qui le rend fataliste et lui procure une assurance, que les idées et les actes commis par son père sont justes et justifiés. Il va jusqu'à qualifié son père de Moudjahid sans aucune hésitation, ni peur. Au contraire, il est très fière de son père et il a envie qu'il revienne.

Il ressort de l'entretien, que l'enfant a un sentiment d'ambivalence. L'envie de suivre les conseils de son père, et l'envie d'une indépendance, devenir médecin, symbole de l'aide et de la solidarité. Etre tout simplement au service de la société.

Ce coté humanitaire réapparaît clairement et surplombe ce côté masochiste. Ce message est destiné à cette «société civile » et les pouvoirs publics. Ce message se veut comme un cri d'alarme. En des termes simples, Chihab représente deux personnalités : Celui d'une machine de guerre prête à faire «table rase », si l'on ne canalise pas cette énergie destructive due au traumatisme. Et celle d'une énergie constructive, prête à service la société, qui a besoin de tous ces enfants, pour se relever au rang des Nations civilisées respectueuses des valeurs humanitaires et universelles.

Commentaire de l'entretien.

La conclusion que nous pouvons tirer, est que cet enfant a vécu un drame d'une intensité violente, surtout quand on sait que cet enfant a été « convié » a participer, malgré lui, à l'exécution de son père, c'est ce qui lui a donné une certaine confiance en soi, et une autorité et une assurance de ce que faisait son père est juste. C'est ce que lui donne le courage de se venger quand ils sera grand.

Sa vie est alimentée par le scepticisme, et le mépris envers l'autorité, et l'esprit de vengeance grandit en lui de jour en jour.

Cet enfant a peur, il est angoissé, il est convaincu qu'un jour l'armée, impie d'après les dires de son père, l'exécutera comme elle l'a fait avec son père.

Cas n°2

Prénom : Taki Eddine

Age : 12 ans

Entretien :

Question : Que faisait ton père ?

Réponse : Il travaillait chez « El houkouma » (l'Etat)

Q : Quand est-ce qu'il est mort ?

R : Il y a 3 ans

Q : Il est mort où ?

R : Il est mort devant nous.... l'armée l'a assassiné !

Q : Raconte nous comment il est mort ?

R : J'ai rien vu ...

Q : Pourtant tu étais présent ?

R : J'ai oublié.

Q : L'armée, est-elle venue chez vous ?

R : Un jour, ils sont venus tôt le matin,... on est sortie moi, mes frères et ma mère... mon père est resté à l'intérieur... il y a eue un échange de coups de feu ... et il est mort. Il a blessé trois de ces gens...

Q : Où étiez- vous ?

R : Nous ... dans le jardin... ils ont fait sortir mon père... mort... couvert de sang... ils tiraient des coups de feu... et rigolaient... puis ils ont fait exploser une bouteille de gaz à l'intérieur de la maison... ils ont pris les affaires de mon père.

Q : Qu'est ce qui te fais peur ?

R : J'ai peur de l'armée... j'ai peur qu'ils reviennent pour nous assassiner... je ne peux pas rester seul à la maison... je rêve de mon père... je crie et je pleure.

Q : Quand tu seras grand, qu'est ce que tu feras ?

R : Je veux devenir « T'bib » (médecin)

Lors de notre entretien avec la mère, il ressort que son fils Tarek s'est métamorphosé. Avant la mort de son père, Tarek était ouvert et épanoui. Mais après, il s'est subitement introverti, il est devenu silencieux, on a l'impression qu'il vit dans son «monde» à lui. Il était très attaché à son père... il est devenu instable, angoissé en l'absence de son père. Il ne peut plus resté seul, et si on frappe à la porte, il vient tout de suie se mettre derrière sa mère.

Elle essaye, tant bien que mal, à ne pas relater les événements qui sont à l'origine de l'éclatement de la famille. Et elle tient à ce que ses enfants ne se remémorent pas le calvaire vécu il y a 3 ans. Mais cet événement, est en « eux ». Il est dans leur « intérieur ».

A travers leurs jeux. On remarque qu'ils «s'identifient» aux rôles des services de sécurité, et celui de leurs pères. Ils fabriquent les armes, des fois, avec la galette. La mère est angoissée à l'idée que ses enfants développent un esprit de haine et de vengeance. Elle a perdu son mari, et elle ne veut pas perdre ses enfants.

A la question, quant à leurs réactions, quand ils retournent sur les lieux du drame. Elle répond, quand on retourne là-bas, ils vont directement près de l'endroit où le corps de leur père a été déposé. Ils se penchent jusqu'à sentir son sang, qui n'a pas encore disparu.

Cette femme sous le poids de la responsabilité, sans ressource aucune, essaye, tant bien que mal, a élever ses enfants dans cette esprit de paix et de concorde. Et son intention tel que nous l'avons vu et suivi et vraiment sincère. Sauf que, elle seul, ne pourra élever ses enfants sans l'aide immédiate des pouvoirs publics.

L'analyse de l'entretien.

Cet enfant a vécu dans ses moindres détails l'assaut donné par les services de sécurité pour mettre hors d'état de nuire le père. Cet événement traumatisant a laissé des traces indélébiles, qui sont dramatiques pour son avenir.

La fragilité, tant physique que morale, qui caractérise cet enfant nous incite à l'entourer de la meilleure protection possible.

Tarek est introverti, il a fallu plusieurs séances pour qu'il ait accepté de parler. L'impact de l'événement est apparent, (j 'ai oublié). Cette expression explique son envie de fuir. En plus, il est angoissé à l'idée que les services de sécurité reviennent un jour pour le tuer, lui, et sa famille.

Il manifeste une grande peur, quand on frappe à la porte et n'aime pas rester seul. Ce comportement démontre clairement l'intensité du traumatisme, marqué par des cauchemars, où il voit son père couvert de sang. Cette image atroce est bien ancrée dans son « intérieur », malgré les efforts de sa mère et de l'équipe psychopédagogique. Cet enfant n'est pas encore arrivé à sortir du «gouffre».

Ce sujet éprouve une haine et une vengeance d'une très grande intensité, qu'il faudra canaliser et verser dans des activités sportives et artistiques, seul moyen d'éviter que l'enfant, verse dans le terrorisme.

Résultats et commentaires.

Il ressort de l'entretien , que le vécu psychologique de Taki est caractérisé par la peur, l'angoisse de mort, la haine et la vengeance, la régression et l'inadaptation affective. Ces traits de sa personnalité ne sont que les résultats de ce traumatisme, auquel il a été soumis.

Pour ce qui est de la représentation de l'avenir, on peut remarquer qu'il y a une ambivalence : l'envie de devenir médecin et l'envie de se venger. Comme on peut le remarquer. Ce traumatisme a fait basculé ses rêves et ses projets d'une extrémité à l'autre : du médecin à celui de l'assassin.

Conclusion :

Toutes les mères, de notre enquête, se sentent coupables de ne pas prendre leurs responsabilités au moment voulu. Aujourd'hui, ces mères sont unanimes, elles sont toutes convaincues qu'elles auraient pu fuir, elles et leurs enfants de cette atmosphère de terreur et de haine, et éviter à leurs enfants tout contact avec leurs pères et avec les groupes armés.

Ces femmes sont unanimes quant à leurs responsabilités et à ce qui arrive à leurs enfants : « Notre égoïsme, notre opportunisme, et non la peur, ont fait que nous sommes restées et soutenues nos maris, pire à encourager leurs actes, et à initier nos enfants aux idées fondamentalistes destructives... . Aujourd'hui, voilà que nous récoltons la tempête et, ce qui est désolant dans toute cette tragédie, c'est que nous sommes toutes seules, après un semblant de solidarité de la part des « amis » de nos maris et quelques groupes, qui s'empressaient à l'époque de nous prêter de l'aide. Maintenant, nous sentons que nous «sommes conjuguées au passé ». Voilà le sentiment de ces femmes délaissées, avec leurs progénitures, aux abois sans aucune aide, ni ressources.

Où est la société civile ? Où sont les politiciens de tous bords ?... Sur terrain, on a remarqué que l'Etat, malgré le retard enregistré, suppléait à tout ce «beau monde». Une prise en charge totale de ces enfants, ayant des parents terroristes, exige de nous, non pas de la pitié, mais une aide, tant sur le plan matériel que psychologique.

Ces enfants, à l'instar des enfants victimes du terrorisme, vivent les mêmes problèmes psychosociologiques et psychiatriques. Ils ne demandent pas de la compassion, ni de la compréhension, ni de l'amour. Ils demandent leurs droits inaliénables tels que prévu pour la convention des droits de l'enfant, ni plus ni moins.

7-C- Les enfants victimes du terrorisme.

Combien sont-ils ? Dix milles... trente milles... 40.000 milles. Le chiffre importe peu. Ce qu'il importe de savoir, c'est que ces enfants ont droit à une prise en charge totale, ainsi que leur environnement, où ils vivent.

Cette revendication de leurs droits, dans sa formulation lapidaire semble à la société toute entière inutile, car évidente. Mais la réalité semble contredire ce droit qui est évident. La majorité de ces enfants sont livrés à eux-mêmes, sans aucune assistance.

Est-ce que nous pouvons juger cette société sévèrement, sans aucunes circonstances atténuantes ? Ou, essayons-nous de lui donner un alibi, en disant que son oubli est du à cette culture orale où nous sommes entrain d'évolués ?

A notre humble avis, aucune circonstance atténuante n'est permise, surtout quand il s'agit des enfants, toute la société a failli à sa mission. L'échec est total. Chaque Algérien, digne de ce nom, et qui se respecte, doit savoir qu'il a participé, qui par son silence, qui, par peur, qui, par lâcheté, qui, par sa fuite à l'étranger, qui, par son égoïsme. À l'éclatement de l'Algérie. Sauf les personnes, qui ont payé de leur vie, pour crier leur indignation, leur désaccord, quant à là planification machiavélique perpétrée depuis l'année 1976. A ces personnes, nous rendons un grand hommage... .

Cette catastrophe, que nous avons vu venir depuis les années 80, que nous avons berné, que nous avons encouragé par notre silence, a entraîné chez les enfants des séquelles physiques et psychologiques indélébiles, qui seront dramatiques à leur épanouissement et aussi pour l'avenir de la Nation. Ceci dit, et malgré cette tragédie, la société ne cesse de démontrer son incapacité quant à la prise en charge des ces enfants et de leur environnement.

Nos investigations démontrent qu'à coté de la dynamique familiale et des aspects psychosociologiques dans l'inadaptation des enfants, le conflit intérieur des catastrophes vécues paraissent essentielles. Cela nous rappelle que l'amour ne suffit pas, dans bien des cas, à créer pour les enfants un équilibre de vie.

Ces enfants ne peuvent prendre conscience de ces « connexions de la crise », qui ont fait basculer leur vie d'une manière radicale, et de leur place tant qu'ils ignorent ce qui s'est passé réellement. C'est-à-dire le comment et le pourquoi de

cette violence, de cette guerre, de cette tragédie ? Ne connaissant rien, ils ne peuvent se connaître eux-mêmes et s'établissent dans une longue crise d'identité. Outre ces problèmes, il faut faire une place importante à ces enfants déracinés.

Cette tragédie a déclenché d'immenses paniques dans les populations rurales, surtout, qui se jetaient dans de tragiques transhumances : les exodes, le nombre de ces fuyards n'a jamais été aussi élevé qu'au cours des années 93-97. Ils se compteraient par dizaines de milliers. Ces personnes déplacées, devenues encombrants à la suite de cette tragédie pleine de violence, d'atrocité et de barbarie indescriptible, attendent encore d'être prises en charge par les pouvoirs publics...

Ces personnes déracinées, ne sont pas prêtes à revenir sur les lieux d'horreur. Ce pouvoir en place n'a rien trouvé de mieux à leur offrir que la concorde. Beaucoup sont installées dans les bidonvilles et les taudis, autour des villes déjà asphyxiées et où leurs enfants grandissent dans un environnement indescriptible sauf si on les compare à ceux qui existaient au moyen âge. Au nord à l'Est ou à l'ouest, la cohorte de ces réfugiés vient grossir le prolétariat misérable des villes. Aucun travaille possible pour eux, ils vivent dans des conditions moralement et socialement inadmissible, et leur nombre ne cesse de croître.

Parmi ces enfants, victimes du conflit armé, provoqué par le fondamentalisme orchestré, planifié, et généré par le biais de l'école, que je qualifie de dogmatique et sanctuaire des années 80. Combien sont proches de nous, ceux de Bentalha, de Rais, de Jijel, de Relizane, de Médéa, de Sidi Belabes, de Oum-El-Bouaghi , de Bechar, de Boumerdes, de Bouira, de Tizi-Ouzou et ... tant d'autres régions d'Algérie.

« Moi, raconte Salah, je suis venu de mon propre gré avec ma femme et mes quatre enfants. Je ne suis pas de la région d'Alger, mais de Jijel (El Aouana). J'avais vécu le calvaire pendant les premières années de la tragédie 92-93. J'en avais assez. Mes enfants, Chétifs et mal nourris, n'en pouvaient plus. Aujourd'hui, je suis là, dans ce taudis. Ils (les terroristes) ne m'ont jamais rien dit, rien fait. La région où j'habitais, était paralysée (on l'appelait zone libre). Après un long silence, il dit... vous pensez que le chômage n'est pas une raison suffisante pour fuir la région ? Je n'ai aucune qualification, je vivait de mes bras... je suis avec celui qui me nourrit, qui me procure un logement, un travail... quand on a commencé à avoir

faim, quand on voit ses enfants s'éteindre sous ses yeux, à petit feu, on cesse d'être nationaliste. On oublie l'Algérie

C'est mon cas, et je l'avoue humblement. La faim et l'humiliation sont les pires ennemies de l'homme. Je sais ce que vous devez pensez. Il est toujours facile de jeter la pierre quand on n'est pas soi-même éprouvé». Voilà donc le calvaire de ce monsieur et tant d'autres, malgré, qu'il n'a pas subi les affres du terrorisme, se trouve touché de plein fouet par cette crise. Que dire alors des familles victimes du terrorisme !...

En Novembre 1995, Bentalha et Rais à l'Est d'Alger. Après la tragédie, qui a fait énormément de victimes et qui a traumatisé l'ensemble de la population des deux localités, avec une très grande intensité chez les couches vulnérables, les enfants et les femmes (...) En somme cette tragédie a laissé une population exsangue. Nous nous sommes déplacés sur ces lieux, le but de notre visite est de relater avec objectivité le vécu psychosociologique de ces enfants martyrs, et, que nous sommes convaincus, qu'après le passage de «la tempête» la société oubliera... mais pour ces milliers d'enfants, le calvaire continue. Ecoutons la petite Narimane :

Q : Tu étais ici quand les terroristes sont venus ?

R : Narimane secoue la tête, signe de peur et de l'affirmative.

Q : Tu veux nous raconter ?

R : Nous nous sommes enfuis en direction des vergers, mon papa, lui, est resté pour défendre nos bien ... nous nous sommes cachés toute la nuit ... un lourd silence ... ensuite elle continua. J'entendais des cris des personnes que j 'ai tout de suite reconnu.

Q : Tu n'étais pas loin ?

R : Si, mais ... tout le monde criait, il y'avait énormément de personnes qui sont restés là bas... comment voulez vous qu'on n'entende pas... impossible ... Impossible.

Q : Quoi Narimane ? Qu'est ce que tu veux dire par impossible ?

R : Un regard furtif. Puis c'est le silence... on pourrait nous entendre de la CHINE ! ... même avec une nuit dense, les terroristes nous ont vu. Ils nous disaient restez ou vous êtes, nous allons venir vous tuer tous... mais ils ne sont pas venus.

Q : Tu es resté toute la nuit dans les champs ?

R : Ce n'est qu'au matin, que nous sommes revenus. Il n'y avait plus rien. Toutes nos maisons étaient saccagées... c'est normal ils étaient nombreux...

ils avaient beaucoup d'armes... et ils sont restés presque toute la nuit. Narimane, aussi jeune soit-elle, raconte l'histoire -à bon entendant - comme s'il s'agissait du récit de la vie de tous les jours.

Q : Et ton père Narimane ? On a tout de suite compris et remarqué notre indécence. Cette question a rendu son visage terne, elle nous fixa longuement ... ces beaux yeux bleus étaient pleins de larmes ... avec une très grande humilité. Elle se retint.

R : maman l'a trouvé devant la porte couvert de sang... on l'a assassiné avec un sabre ... ici nous sommes une très grande famille... j'appelle Salim (fils de notre voisin) mon frère... son père Taher (Ami) (mon oncle)... nous sommes tous frères et soeurs, cousins et cousines. Vous comprenez... nous avons tous perdus des frères, des cousins... puis silence total.

En visitant les différents endroits, où la mort et la destruction étaient visibles, nous avons été attiré par ces enfants, qui souffrent de malnutrition, notre attention s'est dirigée vers cette association, malheureusement, il n'y en a pas beaucoup, les autres, apparaîtront lors des prochaines élections électorales.

Nous avons constaté aussi, chez ces enfants, l'immense désire de vivre et d'oublier cette tragédie. Dans le calme et la sérénité nous avons senti que quelque part, il y `avait dans cette région de la «Mitidja» un « sentiment de culpabilité ». Aujourd'hui, ces personnes rêvent et espèrent que la violence appartiendra un jour au passé et demandent, qu'avant de les juger, il faudra les comprendre. C'est exactement ce que disent les grands magistrats «avant de juger, il faut comprendre et quand on comprend, il sera difficile de juger ». Nous allons suivre ce conseil et éviter de les jugées.

La responsabilité de l'Etat : De la Rancoeur à la rupture.

« Rescapée du massacre de Bentalha. Nabila garde encore des séquelles indélébiles. Un manège dans le couloir avait attiré notre attention. Des curieux se bousculaient pour voir le bout de chaire de 8 ans endormi sur son lit et qui est devenu une « attraction » du fait que ses parents sont des terroristes... lors des massacres de Bentalha et Rais, beaucoup de gens traversent ce couloir, juste pour voir, les enfants de l'AIS, comme ils disent ». Toute cette solidarité, dont on bénéficiée les habitants rescapés des massacres collectifs ont dévoilé un peu cet état d'esprit.

Le père de FK a été tué par les forces de l'ordre. Le reste de sa famille a péri dans le massacre de RAIS. Le garçon âgé de 9 ans est conscient du drame. Il sait que son père était terroriste. Il sait que désormais, il est seul, juste avec sa soeur et une vieille tante sans aucune ressource ni aide pour survivre.

Les deux associations, qui activent dans cette région, ont refusé toute aide à cette famille, et aux autres familles, sous prétextes que leur père, oncle ou frère était terroriste... Mais qui donne le droit à des associations à caractère social de juger et de condamner ? Est-ce que F.K, est responsable des actes de son père, pour être privé de ses droits ? Pour être affamé, écarté et marginalisé ? N'a t-il pas payé un lourd tribut en voyant sa mère et ses autres frères engorgés sous ses yeux ?...

Moloud craintif et fragile refuse de rejoindre l'école. Il est montré du doigt, car ses oncles et son père, qui ont basculé dans le camp des terroristes ont été tués par les forces de l'ordre. Ces enfants ne veulent plus jouer. Ils n'ont jamais été pris en charge, ni participé aux nombreuses sorties en plein aire ou festivités organisées par les associations. Plus grave, certains voisins affligent à ces enfants un traitement sévère : « par sa faute, les nôtres sont morts » disent-ils.

Mais ce qu'ils n'arrivent pas à admettre, c'est que à un moment donné, tout les villageois, qui habitaient dans les fiefs de l'AIS (Armé Islamique du Salut) ont soutenu, par peur ou par conviction, les terroristes dans leur folie meurtrière. N'oublions pas, que pendant l'année 90-9 1, le FIS a raflé la majorité des sièges, lors des élections municipales. N'oublions pas que pendant les années 9 1-92 et 92-93 les

majorités des personnes, de l'intellectuel à l'ignorant, appelait ces terroristes des Moudjahiddines. N'oubliant pas, que beaucoup de personnes servaient de « logistique » au vu et au su de tout le monde. N'oublions pas, que la majorité des va-nu-pieds, les voyous, les souteneurs, les bandits, qui soutenaient ces groupes armés, sont aujourd'hui riches et respectables. N'oublions pas que des énergumènes font la pluie et le beaux temps, chacun dans son douar, son village, sa commune, sa Daïra et sa Wilaya. Tout le monde les connaît. Ces va-nu-pieds, qui étaient pauvres, n'ayant aucun sou en 1990, se retrouvent aujourd'hui, en l'an 2000, comme par miracle, à la tête de sommes faramineuses. Qui de nous ne connaît pas cette vérité ... ces individus, qui ont aidé les terroristes, n'ont jamais été inquiétés, ni par les services de sécurité, ni par les groupes armés.

Ecoutons le témoignage de cet adolescent rencontré, par une journaliste, lors d'un reportage à Ouled Allel « tout les habitants de Ouled Allel avaient à un moment donné soutenu les groupes armés. Certains ont donné de l'argent, de l'or, des armes d'autres ont été indicateurs. D'autres n'ont rien dit. Ils savaient, mais n'ont rien dit. Se rendant ainsi complices qu'ils le veulent ou pas (...) pourquoi s'en prendre aux enfants maintenant ? » (33). La plupart d'entre eux ont vu leurs parents, ou pères tués par les militaires lors de l'opération Ouled Allel. Ils ont alors fui avec leur familles. C'est à se demander parfois ce que sont devenus ces dizaines d'enfants, qui vivaient ici. Se sont des déracinés qui vivent dans l'anonymat total... les enfants de RAIS et de Bentalha, de Ouled Allel ont cette « chance » d'appartenir à la région Algéroise, où toutes, ou presque la majorité des associations activent - politique oblige-, et surtout quand on sait que cette région a fait l'objet d'une visite de son excellence l'ambassadeur des Etats Unis d'Amérique SVP ! Que dire des enfants, qui vivent en fin fond de l'Algérie ? Cette Algérie profonde, que les pouvoirs successifs ont toujours reléguée au second plan, et ne s'intéressent à elle, ne la sollicitent, que pendant les périodes électorales. Nous citerons les enfants de la région de Rélizane, de Bel Abbés, de Laghouat, de Constantine, de Jijel, d' Oum El Bouaké, de Bechar, de Médéa... ces régions, qui ont vécu le terrorisme, avec toute sa barbarie laissant, derrière elle, « une masse d'enfants » oubliée, marginalisée. La déprime, l'angoisse, la peur sont les seuls facteurs qui «nourrissent » leur «ego». Ces êtres fragiles meurtris dans leurs chairs ne rêvent que d'une seule «chose», la

vengeance. La rancoeur dans toute son intensité nourrie par le mépris, les poussera dans un futur proche à se venger de toute la société.

Où est l'état ?

La marginalisation existe déjà dans l'entourage immédiat de l'enfant. Mais, pire encore, il est au sein de l'administration chargée pourtant d'aider ces enfants.

Devant ce constat de faillite de la « société civile ». L'enfant est moins souvent protégé que le plus modeste des sujets algériens. Peut-on admettre que même dans la société qui revendique et valorise la Rahma et la concorde, la condition de l'enfant reste inchangée ? L'Etat devrait se substituer à cette « société civile » défaillante pour apporter tous les soins et protection à l'enfant.

Au risque de nous répéter, cela relève du droit de l'enfant. L'Etat doit, aussi collaborer avec les instances internationales l'UNICEF, l'UNESCO et écouter les spécialistes algériens et non les associations. Les subventions allouées à ces dernières devront être distribuées aux équipes de recherches en sciences humaines et sociales. Les résultats auxquels vont aboutir ces recherches aideront l'Etat à planifier des stratégies et contrecarré d'autres fléaux sociaux, que les 10 années de guerre, ont laissés...

Un lourd tribu nous a été légué, une fois cette guerre terminée, le plus difficile est à craindre : la pauvreté, le chômage, la prostitution avec son lot de problèmes, la toxicomanie, le banditisme, l'aliénation etc. C'est-à-dire que dans un futur proche, si l'Etat ne prend pas ses responsabilités, ces enfants se sentiront marginalisés, trahis et oubliés, et pourront, par haine recréer une autre forme de terrorisme : le banditisme et le crime organisé.

C-1- Le vécu psychologique des enfants victimes du terrorisme.

Cas n° 1 : Sophiane

Age : 13 ans

Niveau scolaire : 5me année fondamentale

L'entretien clinique.

Q : Tu habites où maintenant ?

R : Dans le centre.

Q : Pourquoi on t'a ramené au centre ?

R : Maman est en prison, mes frères aussi, mes soeurs sont dans un autre centre (le Chalet / Constantine) !

Q : Pourquoi ta mère et tes frères sont en prison ?

R : Ma mère préparait la nourriture pour les terroristes .... Ils ont trouvé les armes sur eux (mes frères).

Q : Et ton père, où est-il ?

R : Mort... Ils l'ont assassiné.

Q : Tu veux nous raconter comment ?

R : Il s'est pendu au tronc d'un arbre.

Q : pourquoi s'est-il suicidé ? Un très long silence, il se noie dans son monde. Il semble perdu. Sofiane veux-tu qu'on arrête ?

R : Ils sont venus, ils l'ont engorgé, ils l'ont suspendu à l'arbre.

Q : Qui on ?

R : Les terroristes... ils sont venus pour l'emmener avec eux aux maquis (Djebel). Il a refusé. Ils l'ont menacé... puis ils l'ont égorgé avec un sabre.... Ils l'ont traîné et l'ont suspendu à l'arbre de notre jardin « Haouch ».

Q : Tu étais présent quand ils sont venus ?

R : Oui.

Q : tu peux nous raconter ?

R : On était tous à la maison, les terroristes, nous ont fait sortir de la maison, mon père, mes frères, mes soeurs, et maman dans le jardin, puis ils l'ont ligoté, lui ont bandé les yeux et avec un sabre, ils lui ont coupé la gorge, puis suspendu à l'arbre.

Q : Et après que s'est-il passé ?

R : Ils ont dit à mes frères Djamel et Mouloud, la prochaine fois sa sera votre tour.

Q : Qu'est ce que vous avez fait, une fois qu'ils sont partis ?

R : Rien, on pleurait.

Q : Comment ta mère et tes frères ont été arrêtés par les services de sécurité ?

R : sous la menace, ma mère a commencé à préparer les repas aux terroristes, quand l'armée a pris connaissance, ils sont venus et ils l'ont emmené. Mes frères aussi ont été arrêtés parce qu'ils cachaient des armes. Ensuite ils ont brûlé notre maison.

Q : Toi et tes soeurs vous êtes resté où ?

R : On est resté chez mes grands parents. Puis ils nous ont ramenés aux centres.

Q : Sofiane. Qu'est ce que tu veux faire, une fois grande ?

R : Rien, je ne sais pas.

Q : Est ce que tu as un souhait ?

R : Rien je veux rentrer chez moi... moi, mes soeurs mes frères et ma mère. C'est-elle qui m'a dit qu'elle a construit pour nous une nouvelle maison.... Mais j 'ai peur que les terroristes reviennent pour nous assassiner... comme ils l'ont fait avec mon père.

Commentaire de l'entretien.

Cet enfant a été témoin de l'assassinat de son père par les terroristes. Notre première impression est que cet enfant souffre, suite à ce traumatisme. On perçoit clairement l'impact de cet événement sur l'aspect psychologique : son silence perçant lors de l'entretien, introverti très timide et surtout méfiant. Car malgré, le climat convivial que nous avons créé, cet enfant ne nous a jamais dévoilé le viol collectif subit par ses soeurs, perpétré par les terroristes, et surtout l'inceste commis sur ses soeurs par ses frères. Tout ces événements aussi catastrophiques les uns que les autres ont laissé des traces indélébiles sur sa personnalité fragile : il aime l'isolement, très timide et parle peu.

Cet enfant est très angoissé, il a peur de la réaction de la société... il sait qu'autour de lui l'environnement est toujours hostile, qu'il y'a de la haine, de la rancoeur, de la vengeance, du mépris. C'est pour cette raison qu'il est méfiant. Il cache la vérité, il ne veut pas que l'ont sache que son père a été assassiné par les terroristes, il ne veut pas qu'on sache qu'il est une victime... Il a peur de tout le monde. Il y'a une crise de confiance qui s'est cristallisée à « l'intérieur » de tous les enfants de notre enquête et la société. Les enfants des terroristes craignent la société et les services de sécurité. Les enfants victimes du terrorisme craignent les terroristes et disent répugner des mesquineries de la société.

L'un comme l'autre, ont un sentiment commun. La crise de confiance s'est installée entre eux et la société. Cette crise de confiance est apparente chez Sofiane : il essaye de cacher la vérité sur la mort de son père par peur des terroristes, symbole de l'horreur et, évite de parler de sa mère par crainte des services de sécurité : symbole de l'autorité. Pour lui les terroristes ont assassiné son père. Et l'armée a brûler leur maison et mis sa mère et ses frères en prison. Cette crise de confiance le rend méfiant, de tous ce qui l'entoure, et a entraîné chez cet enfant la perte de confiance, la perte de l'espoir, le futur pour lui, ne signifie rien. Son souhait c'est de retrouver cette affection maternelle perdu il y'a 3 ans. Tout en gardant en son « intérieur » cette peur, une fois rentré chez lui, les terroristes débarqueront et les assassineront. Ceci prouve que l'angoisse de mort, la terreur, la peur sont « le pain quotidien de Sofiane »

Résultats et commentaires.

De l'entretien, en remarque clairement que Sofiane vit le calvaire dans son « intérieur », malgré les trois années passées loin du lieu du drame. Et cela malgré les efforts louables de l'équipe psychopédagogique du centre. Cela est dû à l'intensité de cette « somme » d'événements aussi catastrophiques les uns que les autres. L'assassinat de son père, sa mère ses frères en prison, ses soeurs violées par les groupes armés, puis par ses frères. Ce qui provoque en lui, une perte d'identification, de régression et développe une personnalité mélancolique, d'où une personnalité suicidaire. Sofiane donne l'impression d'être calme, mais à travers le dessin, on voit clairement le côté caché de sa personnalité.

En conclusion : on peut dire que Sofiane et tant d'autres enfants ayant vécu un double événements, doit bénéficier d'une prise en charge spéciale. Ces enfants tout comme Sofiane éprouvent de la haine envers les groupes armés et les services de sécurité.

Cas n°2 : Amina

Agé : 10 ans.

Le contenu de l'entretien.

Q : Qu'est ce qu'il faisait ton père ?

R : policier.

Q : Il exerçait où ?

R : A Ziadia.

Q : Comment est-il mort ?

R : Ils l'ont assassiné, alors qu'il rentrait à la maison.

Q : Tu l'as vu, quand ils l'ont assassiné ?

R : Oui, je l'ai vu, ils l'ont assassiné devant notre bâtiment. On était au balcon. Chaque soir, ma mère et moi, faisant le gué. On voit, et on inspecte les lieux pour voir s'il n'y a pas quelqu'un, étranger à la cité... Mais ce jour là, ils étaient cachés derrière un mur. Quand mon père est arrivé, avec son collègue... ils ont tiré sur lui et son collègue... ils étaient trois... ils ont pris les armes et ils sont partis.

Q : Qu'est ce que tu as fait ?

R : Je suis descendu avec ma maman et mes frères en bas, j'ai vu mon père couvert de sang, lui et son collègue.

Q : Quand tu vois les terroristes, à la télévision, qu'est ce que tu fais ?

R : J'ai peur... je n'aime pas les voir.... Si je vois un terroriste je le tuerais.

Q : Est-ce que tu penses à ton père ?

R : Oui chaque jour... je pleure à chaque Aïd El Kabîr.

Q : Quant tu seras grande, qu'est ce que tu feras ?

R : Devenir policière comme mon père... je veux tuer tous les terroristes.... Mais, ma maman tient à ce que je fasse des études à l'université ... elle veut me voir médecin ou avocate. Avant je voulais bien être médecin, mais.... Maintenant je m'engagerai dans la police... je dois être comme mon père.

Q : Qu'est ce que tu espères du futur ?

R : Rien ... l'Algérie sortira vainqueur de cette guerre.... Que mes frères et ma mère ne soient pas assassinés par les terroristes.... Je veux plus entendre parler d'eux.

Commentaire de l'entretien.

Le sujet âgé de 10ans, dont le père a été assassiné par les terroristes, vit un état traumatique, malgré les 03 années passées. Le sujet semble affecté et très marqué par cet événement. Elle relatais l'assassinat avec des détails (voir le dessin), que même un professionnel en criminologie ne pourrait égaliser, malgré son âge précoce (elle avait 7 ans le jour de l'assassina).

De l'entretien, on peut tirer les conclusions suivantes : la haine et le mépris envers les terroristes, le besoin d'identification, la peur et l'angoisse à l'idée de perdre ses frères, surtout sa mère.

Il se trouve aussi que cet assassinat a fait basculer ses projets d'avenir d'une extrémité à une autre. L'envie de devenir médecin à l'envie de devenir policière.

Conclusion et commentaires

De l'entretien , on peut tirer les conclusions suivantes : il y'a un paradoxe entre le tempérament calme du sujet lors de l'entretien et le dessin libre qui démontre clairement qu'elle souffre énormément dans son intérieur. On sent qu'il y'a vraiment un bouillonnement dans son «intérieur» plein de haine, de mépris, de vengeance, de peur et d'angoisse. Tout ces facteurs influent d'une manière directe sur son «coté fragile de petite fille», qu'elle est.

Cette fille demande de l'aide, demande que cette « énergie destructrice » soit transformée en une « énergie constructive ». C'est- ce que font les spécialistes en psychologie clinique malgré les moyens limités dont ils disposent.

Résultats de l'enquête proprement dite.

L'enquête s`est portée sur (40) enfants âgés de (08 à 13 ans). L'objectif de notre recherche était de connaître le vécu psychologique de ces enfants, dont les parents sont terroristes ou victimes du terrorisme. Et quelle est leur représentation de la société ?

Ces 2 groupes, (20 enfants, dont les parents son terroristes, et 20 enfants victimes du terrorisme), présentent les mêmes signes de souffrances d'ordre psychologiques : l'angoisse de mort, la peur, la vengeance, et la haine. Ces facteurs ont généré chez tous les sujets, la régression, la mauvaise identification, le mépris et la méfiance envers la société. Cette pression, poussée à l'exaspération, entraînera dans un futur proche l'embrasement de l'Algérie, cette fois ci, d'une intensité inimaginable.

Aussi, les résultats de l'enquête, nous ont révélé que les séquelles dues aux événements ont laissé des traces indélébiles chez tous les sujets malgré le temps passé (3 à 6 ans). Ce qui laisse supposer que la prise en charge n'est pas efficace, vu le manque de moyens dont dispose les équipes psychopédagogiques.

Il faut donc veiller à donner les moyens matériels et financiers aux professionnels, afin qu'ils puissent mener leurs missions convenablement. Encore faudrait-il signaler au passage, que tout le monde doit participer à cette opération. Pour que cette mission soit efficace, deux acteurs seulement devront intervenir, l'Etat, avec ses moyens logistiques, et les professionnels : psychologues, psychiatres, pédiatres, psychanalystes, et sociologues.

Avant de juger un événement, disent les grands juristes de ce monde, il faut d'abord le connaître. Et quand on le connaît, il nous est difficile de le juger... Mais dans le cas de la guerre d'Algérie 199 1-2000. Force est de croire qu'aucune argumentation d'ordre politique, philosophique, scientifique ou religieuse, soit elle ne peut justifier les actes barbares que la société algérienne a subit.

Tout le monde sait que les pouvoirs successifs, d'une manière consciente et, avec une complicité directe pendant les années 80, ont berné, encouragé, aidé l'islamisme à s'enraciner à travers une planification minutieusement perpétrée par le biais d'un système éducatif, du primaire jusqu'à l'université...

Mais en contre partie, presque la majorité du peuple Algérien -le peu qui reste de femmes et d'hommes, qui se sont soulevés pendant les années 80, ont été malheureusement marginalisé, ou assassiné- nie qu'elle a donné sa bénédiction durant les années 80, jusqu'à nos jours. Qui, par sa collaboration directe, qui, par sa collaboration indirecte, qui, par son opportunisme, qui, par son esprit de vengeance et de rancoeur, qui, par son silence, qui, par sa lâcheté, qui, par la fuite à l'étranger tout en sachant qu'ils auraient pu stopper : CETTE OPERATION CHIRURGICALE : METTRE L'ALGERIE A GENOUX.

On peut dire, comme disaient les imminents juristes du siècle, «Il nous est difficile de juger ». Mais aller jusqu'à justifier la barbarie, en couvrant d'éloges les acteurs de cette tragédie, ou du moins justifier leurs actes, relève tout simplement de l'absurde et de l'invraisemblable.

On ne se rend pas compte, qu'on est entrain « d'institutionnaliser la violence » sous toutes ses formes. Institutionnaliser la violence, revient à légitimer le crime organisé, à légitimer le crime contre l'humanité, à légitimer le blanchissement des sommes colossales d'argent et d'or amassées par les acteurs de la violence et les mafieux sanguinaires, lesquels profitant de cette situation dramatique, sont devenus en un temps record des milliardaires « respectables », à légitimer la prostitution des mineurs, à légitimer la « profession » des souteneurs. Ces derniers deviendront une force de pression dans ce pays, car ils gèrent des

milliards de dinars récoltés par la prolifération de la prostitution et la vente de la drogue. Nous sommes réellement en danger. C'est la désarticulation sociale.

Ce sujet que nous avons développé émane d'une recherche académique, qui n'est certes pas exhaustive. C'est pour cette raison que nous avons voulu la considérée comme étant une réflexion à haute voix, afin d'apporter une petite contribution aux préoccupations des enfants et de leur devenir. Comptez autour de vous les enfants angoissés victimes du terrorisme, les victimes du divorce... comptez autour de vous les enfants privés d'affections, les abandonnés, les orphelins, les martyrisés, les marginalisés, les exclus, les enfants handicapés, les délinquants, les toxicomanes, les enfants prostitués.

En voyant les conditions de l'enfant, nous allons apercevoir le paradoxe qui gère notre société. D'une part, nous revendiquons la dignité, l'égalité, la justice. Et d'autre part, nous collaborons tous, aux piétinements de ces valeurs, en méprisant, en battant, en terrorisant, en marginalisant les futurs citoyens de la Nation.

Des centaines de milliards de dinars investis dans le domaine de la santé. Et pourtant, jamais autant d'enfants n'ont été touchés par la malnutrition et les maladies. Des centaines de milliards de dinars investis dans le domaine de l'éducation. Et pourtant, jamais autant d'enfants n'ont été victimes d'analphabétisme. Ces progrès méthodologiques et didactiques semblent trop souvent servir la mise en condition idéologique et culturelle.

Des centaines de milliards de dinars mises aux services de la solidarité. Et pourtant, jamais autant de familles n'ont été victimes de la pauvreté, ces dernières acceptent leur sort avec fatalisme.

Notre politique, qui se veut éminemment sociale et « développe » ses services dans ce sens, a réussi à séparer ce que fut toujours uni, la famille, à l'atomiser au maximum. Quand la notion de respect de l'enfant paraît et croit à notre horizon, la carence d'autorité saine, ferme et bienveillante plonge le jeune dans le désarroi et la déréliction. Au sein de ses contradictions où triomphent l'hypocrisie morale et le conformisme sur la tutelle du dieu argent reconnaissant avec René Maheu « le besoin absolu de la jeunesse s'accommode moins que jamais des injustices et du désordre du monde .... ».

Ils nous appartient à tous de prendre nos responsabilités, parce que tout est encore possible, le meilleur, et le pire, et parce que l'homme, pour son salut ou sa perdition, reste capable d'étranges et imprévisibles sursauts. Nous pouvons, grâce à ce qui nous reste comme dignité, créer des conditions nécessaires et suffisantes pour sortir de l'impasse : faire sortir ces êtres fragiles, vulnérables, innocents, minés par la misère, la malnutrition, l'analphabétisme, abrutis par la corvée de survivre.

Nous pensons qu'une prise de conscience de cette situation inadmissible peut, seul, provoquée le sursaut tant attendu, et tant espéré.

Quand la volonté politique existe, fortement, sincèrement, l'histoire avance. Il est intolérable qu'elle continue d'avancer en foulant les plus faibles. Elle doit les porter à bout de bras, comme gerbes d'espérance, vers un avenir de réel épanouissement humain....

Enfin, comme le disait si bien Peter Ustinov, « Peut être devrions nous songer à éviter à nos enfants qu'ils se perdent en chemin comme nous l'avons fais-nous- mêmes ».

BIBLIOGRAPHIE

1. M. Youssouf Omar, In guide des droits de l'enfant, édité par : le ministère de la solidarité nationale et de la famille. Alger 1999.

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3. Il y'a plus de misère (C.N.E.S), in Journal Liberté, Novembre 1999. P03

4. Le grand déballage, In journal Liberté, Mai 1998.

5. Bibliothèque scolaire, In journal Liberté, Juin 1998

6. Un observatoire avant la fin de l'année. In journal El-watan, Juin 1998.

7. Une nature à préservée, In journal Liberté, Mai 1998, P24

8. Actes du séminaire sur la femme. Ministère de la solidarité.

Alger 3 et 4 Mars 98.

9. Chevalier (J.M.), La pauvreté aux U.S.A, ed, P.U.F, Paris, 1971.

10. Actes de rencontre nationale sur la famille. Alger 14-05-1998.

11. Statut général du travailleur, loi n°78-12 du 05 Août 1978.

12. Statut général du travailleur, Ibid.

13. Statut général du travailleur, Ibid.

14. Statut général du travailleur, Ibid.

15. Statut général du travailleur, Ibid

16. La loi sur l'apprentissage, loi n° 81-07 du 27 Juin 1981.

17. Enfants des terroristes, orphelins indésirables. In journal La nouvelle République. Juin 1998.

18. Le divorce à l'Algérienne, In journal Liberté 9 Mars 2000. P1.

19. Osterrieth, l'enfant et la famille, ed. du Scarabée, 1967. P.9.

20. Reich (w), cité par Jean Drumel. L'enfant cette personne. Elsevier Séquoia Bruxelles et le comité Belge pour l'UNICEF. ISBN 2-8003-0346-8. 1979. P97.

21. Gérard (M), Pour décoloniser l'enfant, 5me ed, P.S Payot, Paris 1977.

22. Boukhobza, (M), Octobre 88, ed, Bouchéne, Alger, 1991, PP-60-62.

23. John Carldwel, In la situation des enfants dans le monde, ed Aubier, UNICEF 1986.

24. Barbara, In la situation des enfants dans monde, ed Aubier, UNICEF 1986.

25. Sources : * Annuaire statistique de l'UNESCO de 1980-88.
* Source ministère de la solidarité et de la famille

26. Journal Liberté Mars 2000

27. Boukhobza (M), Op.cit, P150

28. Zeroual Abdehamid, in Journal El Watan, Avril 1998

29. Lemaire (J.G), Les conflits conjugaux, Cité par Hotstein, in dossier du divorce, Ed, universitaire, Paris, P60.

30. Rosenstheil, La séparation, in l'ouvrage pour enfant.

31. Le docteur Strauss, La cité, 9 Novembre 1978

32. Maltraitances des enfants : « aspect médico-légal ». Groupe d'étudiants en médecine, CHU de Constantine, dirigé par Dr. Benharkat (A). Juin 1991.

33. « le vécu psychologique des enfants battus » recherche effectuée par M. Oukaci Lounis.

34. L'Algérie dans tous ses états, In journal Liberté, Mars 2000. P.3.

35. L'assemblé général de l'ONU a adopté une résolution en faveur du déficient mentale. Décembre 1971. Courrier de l'UNESCO, Mars 1974.

36. Les enfants des terroristes. In journal La nouvelle république.

37. In journal La Nouvelle République, Ibid.

38. « Le vécu psychologique des enfants victimes du terrorisme et des enfants des terroristes », recherche effectuée par M. Oukaci Lounis - Septembre 1999.

SOMMAIRE PP

3

Introduction

Une Algérie agonisante 4-8

9-10

11-16
17-18

19

20

21

21-26 27-29 30-34 35-41

42

43

44-60
61-63
64-81

82-85

86-113

114-115
116-117

Les conditions de vie et l'épanouissement des

enfants

2-1- Le travail des enfants et des adolescents

Les enfants de la ville

...
...

Le enfants des

bidonvilles

4-1 - Pour une prise en charge réelle de l'enfant

Une société mise devant ses responsabilités

...

5-1 - L'éducation à la citoyenneté dans le milieu scolaire

5-2- L'enfant et sa famille

5-3- La relation mère enfant

5-4- L'enfant et l'Etat

5-5- Les enfant en danger moral

5-A - Les enfants délinquants

A-1- prostitution des enfants et des jeunes filles

5-B- Les enfants de divorce

5-C- Les enfants battus

C-1- L'aspect médico-légal

C-2- L'aspect psychosocial ...

5-6- Les enfants désavantagés : enfants handicapés

5-7- Les enfants victimes du conflit armée

7-A- L'héritage de la guerre ....

7-B- Les enfants des terroristes

B-1- Le vécu psychologique des enfants des terroristes

7-C- Les enfants victimes du terrorisme

C-1- Le vécu psychologique des enfants victimes du Terrorisme

- Conclusion

- Bibliographie

Regardez autour de vous. Vous allez vous apercevoir que vous êtes entrain d'hypothéquer l'avenir de la Nation.

En violentant, en traumatisant, en marginalisant, en excluant ces millions d'enfants, vous mettez l'Algérie en danger. Car, son avenir dépendra de la position qu'occupera l'enfant. Or, « l'enfant sujet » ne demande rien, sauf sa place, juste sa place, son droit à la CITOYENNETE. Car le principe qui guide la démocratie est celui de la citoyenneté.

Dans les pays respectables et respectueux des valeurs humanitaires : l'amour, le bonheur, la dignité, l'honneur, la solidarité, ne s'achètent pas. Or, il se trouve qu'en Algérie, avec l'éclatement des valeurs ancestrales, avec de l'argent on peut tout acheter. Voilà le drame qui caractérise la société Algérienne, en pleine décadence. Réalité qui demande méditation et réflexion... .

Peter Ustinov disait » : peut-être devrions-nous songer à éviter à nos enfants qu'ils se perdent en chemin comme nous l'avons fais nous-mêmes. »

OUKACI LOUNIS

Docteur d'état en sciences de l'éducation
Maître de conférence.
Faculté des sciences humaines et sciences sociales
Université de MENTOURI
Constantine
AL GERIE






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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon