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Une Algérie fracturée, un enfant en danger

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par Lounis Oukaci
Université Mentouri de Constantine - Doctorat d'état en sciences de l'éducation 2007
  

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A-3- dépistages de la prostitution des enfants

3-1. Secteur où s'exerce la prostitution des enfants.

On s'est heurté, lors de notre enquête, au principal problème qui se pose lorsque l'on aborde la prostitution en général, et celle des enfants en particulier, à savoir l'absence des données et des statistiques fiables. En outre, le droit algérien fait problème en ce qui concerne la définition de l'enfant. La majorité est prévue à l'article premier de la convention des droits de l'enfant du 20.11.1989, qui fixe la règle et apporté l'exception. Cet article stipule : « au sens de la présente convention, un enfant s'entend de tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la majorité est atteint plutôt en vertu de la législation qui lui est applicable ».

En effet à la lecture de notre législation, on se retrouve devant une multitude de majorités qui déroute l'enfant, et qui crée en son « statut » une divisibilité contraire à la lettre et à l'esprit de la convention. D'après les juristes, l'article 40 du code de la famille fixe la majorité à 21 ans, pour le garçon et à 18 ans pour la femme pour contracter mariage. Le code de la nationalité à 21 ans.

Ce qui est surtout surprenant, c'est le fait que le code électoral fixe la majorité à 18 ans, c'est à dire qu'à cet âge, un individu engage l'avenir de la nation par le choix de ses représentants alors qu'au même âge, il ne peut disposer d'un bien aussi minime soit-il, que par l'intervention de son tuteur. On peut certes évoquer la volonté du législateur pour comprendre l'origine de ses différentes majorités. Mais sur quoi repose cette volonté ? Quel est son fondement ?

Nous ne pouvons répondre à ces questions. Néanmoins, nous pouvons dire que la convention des droits de l'enfant est le fruit d'une coopération étroite entre le législateur et les différents spécialistes en sciences humaines et sociales. Et, qu'il serait judicieux de s'aligner sur la convention plutôt que d'invoquer des arguments d'ordre politiques ou religieux.

Nous n'avons remarqué sans restriction aucune que le nombre d'enfants impliqués dans la prostitution, surtout les petites filles, est monté en flèche. Cette situation, avec son cortège de conséquences désastreuses (absentéisme et décrochage scolaires précoce, petite et grande délinquance, banditisme, drogue, rupture des liens avec la famille et grossesses prématurées) créé des problèmes d'ordre sanitaire et social.

La prostitution est devenue conventionnellement, un moyen acceptable de gagner sa vie, et à cette vitesse, on arriverait peut être à l'institutionnaliser. Elle touche des enfants, dont le niveau social est inférieur à la norme, (09 millions de personnes selon CNES). Cette catégorie est de plus en plus marginalisée par les pouvoirs publics, L'autre catégorie, et là nous ne risquons pas de tomber dans l'erreur, est en train de s'engloutir dans la pauvreté caractérisée. Le danger nous guette et l'explosion sociale pourrait avoir lieu à tout moment.

Il est intéressant de noter aussi que la majorité des politiciens prétendent que la prostitution des enfants ne revêt qu'un caractère marginal. Or l'enquête confirme que les enfants entre 12-18 ans sont impliqués dans ce type de fléau. Certes, la prostitution ne s'accroît pas au même rythme dans les divers régions du pays, celles qui posent problèmes, sont les régions que nous avons sillonnées. Alger, Bejaia, Constantine, Annaba, Guelma, Sétif, et Tamanrasset.

La prostitution des enfants devra être considéré comme un problème grave dans ces régions, et il en va de même dans les zones frontalières, surtout parmi les populations de l'extrême Sud.

Dans le constantinois, les prostituées mineures racolent le long de la nationale Constantine-Alger vers le Sud, Constantine Annaba vers l'Est, et Constantine-Alger vers le Nord. A l'intérieur de la ville, la prostitution est concentrée dans la zone de loisir de Djebel Ouahch, et les pizzerias de la ville.

On a rencontré deux filles de moins de 16 ans, La mère de ces deux filles, rencontrées les avait emmené sur la route pour les obliger à se prostituer. L'argent ainsi gagné lui servirait - d'après ses filles - à acheter de la drogue. Elle se droguerait en présence de ses filles.

Questionnés, les usagés de ces routes déclarent, qu'il y a un boom de la prostitution des enfants, surtout les filles, dans la ville de Constantine qui s'est ensuite propagé à l'Est vers Annaba, Skikda, Guelma, vers le nord Sétif, Bougie, vers le Sud Batna (...) En somme la ramification de ce fléau prend des proportions énormes, inquiétantes et, dangereuses. Le principal problème que pose ce cercle fermé (prostitués et leurs souteneurs) est son manque de coopération quant aux conseils qu'on pourrait lui donner sur les dangers qu'encourent les enfants. Malheureusement, ce cercle fermé ne croit en rien. L'augmentation des adeptes de ce cercle nous laisse perplexe, avec la liberté des mass medias, ils sont au courant de tout, rien ne leur échappe, ils sont conscients des risques et des dangers qu'ils encourent. Ils sont insensibles aux discours, qu'ils qualifient de démagogiques, ils croient en une seule chose : le concret.

Effectivement, que pourrait-on répondre à cette fille qui nous développe, cette argumentation : « Mon père, après tant d'années de services loyaux, se trouve actuellement sans travail, marginalisé, exclu sans ressources aucunes. Il n'ose plus me regarder en face. Sa dignité est bafouée, piétinée, par cette fille qui se prostitue, C'est normal, il aimerait me voir bien habiller, fréquentant l'université, mais (...). Ma mère, au foyer, des frangins, tous au chômage, je n'ai aucune qualification. Malheureusement, le seul moyen de gagner ma vie est de vendre mon corps au plus offrant ». Sans commentaire ! ...

En général, ces filles souffrent déjà de toxicomanie et de solitude. Un autre sujet de préoccupation est l'absentéisme scolaire qui touche de plus en plus ces couches vulnérables. Les marchands du secteur, pour la plupart des repris de justice, engagent des jeunes filles pour s'occuper du recrutement de leurs paires, pour les versées ensuite dans la prostitution.

L'Etat ne fait pas preuve d'une grande vigilance en ce qui concerne les enfants de moins de 18 ans et, surtout nous déplorons l'absence des services d'aide sociales qui devront descendre sur terrain et se rapprocher de ces enfants, ne serait- ce que pour un soutien moral, ou une visite médicale afin de prévenir des maladies sexuellement transmissibles.

La plupart des filles impliquées dans la prostitution ont, entre 15 et 18 ans, encore que l'ont ait vu apparaître des filles de moins de 15 ans. La plupart de ces filles se sont enfuies des centres de rééducations. Dans la plupart des cas, elles se prostituent pour gagner de l'argent ou pour trouver à se loger, généralement, chez leur souteneurs, ou les femmes adultes prostituées, ayant des appartements, qui leur servent de maisons closes, et où elles peuvent recevoir, sans aucune inquiétude les quelques personnalités locales, où même nationales, pour abuser des petites filles de moins de 18 ans. Ces prostituées professionnelles, en collaboration étroite avec les souteneurs, qui représentent actuellement, « un certain danger », par les pressions qu'ils exercent notamment sur certains responsables et à ce titre, ils peuvent être tenu pour responsables de la catastrophe que vit actuellement l'Algérie d'aujourd'hui. Pour ce qui est des pouvoirs publics, on pourrait avancer que leur complicité est devenue évidente. Les endroits, où opèrent ces prostituées professionnelles et leurs souteneurs sont connus par tout le monde. Mais la question, qu'on se pose est : où est l'Etat ?

Depuis 1995, on constate un essor prodigieux d'hôtels de luxe, où la prostitution fleurit légalement, or il est illégal pour les filles de moins de 18 ans de travailler dans de tels endroits. Par ailleurs, ces hôtels luxueux sont des territoires réservés aux professionnelles, aux souteneurs et leurs clients fortunés. Les souteneurs de seconde zone n'ont pas trouvé mieux que d'envahir les lieux légaux (Pizzeria, Bar, restaurant) et où on remarque l'absence totale de l'Etat.

L'emploi des jeunes filles de 15 à 18 ans est formellement interdit par la loi, et tombe sous le coup des dispositions du code pénal qui incrimine les activités mettant en danger le développement moral des jeunes. Or on relève qu'un grand nombre d'enfants, surtout les filles y travaillent, non seulement comme serveuses mais aussi comme prostituées.

Les jeunes, fréquentant ces endroits, sont unanimes quant à la question : N'avez-vous pas peur de la police ? La réponse est négative : « non la police ne s'intéresse pas à ces endroits, vu leurs caractères légaux ». Chaque endroit, selon leurs dires, bénéficie d'une protection et de couverture. Nous avons essayé de comprendre la portée de leurs propos, mais on s'est rendu compte que même ces jeunes n'en savent pas plus.

En ce qui nous concerne, nous prenons ces propos pour une stratégie, une forme de propagande développée par les souteneurs afin de mettre en confiance ces jeunes filles mineures qui se donnent à coeur de joie à la boisson alcoolisée et à la cigarette (...) ou ils faudra prendre leurs propos, pour une vérité, dans la mesure ou ils n'ont jamais été inquiétés. La réponse exacte pourrait se trouver chez les pouvoirs publics. Car s'aventurer à vérifier ces deux hypothèses revient à se condamner à des représailles.

L'Etat devra prendre ce problème au sérieux. Les filles de moins de 18 ans prises entrain de travailler dans ces endroits, devront être ramenées dans leurs familles qui sont civilement responsables, ou dans des centres de rééducations, mais avec instruction ferme de les accepter. Quant aux responsables de l'implication de ces enfants dans la prostitution, ils doivent être poursuivis.

3-2. Prostitution des garçons.

Dans la rue, des centaines et des centaines de garçons se prostituent comme à Constantine par exemple au niveau de la route de Sétif. La plupart de ces garçons ne sont pas forcément homosexuel. Ce sont en majorité des garçons de 15-20 ans qui se sont enfuis de chez eux et sont venus des villages avoisinants dans la perspective de gagner de l'argent facilement. Ils n'ont été poussés à la prostitution que par la pauvreté.

Les témoignages des garçons confirment que la prostitution des garçons est bel et bien établie. La majorité d'entre eux a 16 ans, tous sont hétérosexuels et ils sont pour la plupart issus de familles dysfonctionnelles. Il s'agit soit de fugueurs, soit d'enfants rejetés par l'école, ou par les parents. La plupart d'entre eux travaillent en ville.

Tous les garçons ont dit qu'ils avaient peur de la maladie et de la solitude. Certains avaient peur du SIDA. Pour ce qui est des préservatifs, les enfants ont déclaré que les clients n'acceptaient pas de les utiliser, le refus est catégorique, quitte à payer plus. En plus, ils nous ont déclaré que la pédophilie existe surtout dans l'extrême Sud du pays.

Un petit nombre de garçons a déclaré ne pas avoir peur du SIDA, Mais par contre, beaucoup d'entre eux affirment que cette maladie existe, surtout à Tamanrasset, où ils auraient vu des garçons mourir d'une mort suspecte.

La préoccupation croissante que suscite la dépendance à l'égard du jeu semble tout à fait justifiée. Car l'enquête établit également que la plupart de ces garçons ont un grand besoin d'argent, non pas pour survivre, mais plutôt pour assouvir leur passion du jeu.

L'augmentation de la prostitution des garçons, tout particulièrement dans les grandes agglomérations, nous a été signalée par notre échantillon. Cela est dû, selon nous, à ces dix années de guerre, où l'Etat s'est mobilisé à éradiquer le terrorisme, reléguant ainsi le social et le culturel au second plan, ce qui aura provoqué l'augmentation des problèmes sociaux, dont la prostitution de plus en plus croissante d'enfants mineurs. Ce que nous remarquons aussi, c'est que malgré cette marginalisation apparente, jamais le social n'a été au coeur des débats politiques comme cette année 2000.

En ce qui concerne la toxicomanie, dans notre enquête, on note que le lien entre toxicomanie et prostitution n'est pas bien établi. Il semble que les toxicomanes préfèrent voler de l'argent ou fabriquer leurs propres stupéfiants plutôt que de se livrer à la prostitution. En outre les souteneurs n'acceptent pas les prostitués toxicomanes parce qu'elles leur coûtent plus chères. En revanche, notre inquiétude est très grande, quant à la pauvreté, qui commence à devenir un facteur influent. La corrélation entre la pauvreté et la prostitution ressort clairement chez l'échantillon sur lequel on a travaillé, surtout chez les jeunes filles attirées par les habits de luxe qu'on expose dans les vitrines et qui se trouvent tentées à rêver qu'un jour elles pourront porter ces effets, cette paire de souliers ou encore ce beau manteau dont le prix est souvent exorbitant. Pas moins de 10.000 dinars l'article. Or il se trouve que toute la famille réunie n'arrive pas à faire 10.000 dinars par

mois, dont 60% va pour la nourriture. Alors, faisant les comptes et voyons sérieusement et en toute objectivité autour de nous. Ces jeunes filles, toutes habillées « made in », alors que la majorité des familles ne boucle pas la fin du mois. Je vous laisse tirer vos conclusions ! (...)

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo