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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

( Télécharger le fichier original )
par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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Section 3 : Démarche méthodologique

Une première remarque s'impose sur la notion de « terrain ». En effet, « faire du terrain, c'est avoir envie de se colleter avec les faits, de discuter avec les enquêtés, de mieux comprendre les individus et les processus sociaux ».100 Il va de soit qu'il n'y a pas de recherche sans terrain, surtout en sciences humaines.

1- Cadre empirique de la recherche

L'univers d'enquête est le lieu par excellence où le chercheur va puiser les informations dont il a besoin pour rendre compte du phénomène qu'il étudie. A Libreville, il existe plusieurs cimetières, nous avons fait la recension dans le tableau qui suit, il s'agit aussi bien des cimetières publics que privés :

100 Stéphane BEAUD et Florence WEBER, Guide de l'enquête de terrain. Produire et analyser des données ethnographiques, Nouvelle édition, Paris, éd. La Découverte, 2003, p.16.

Tableau n°2: Recension des cimetières de Libreville (liste non exhaustive)

Arrondissement

Terrain d'étude

Communauté
enterrée

Cimetières
clôturés

Cimetières
éclairés

Cimetières
Gardés

Cimetières
Réservés
aux :

1er

Ambowè

Mpongwè

Non

Non

Non

Toutes

1er

Méssôlô

Sékiany

Oui

Non

Non

Toutes

1er

Cap
Astéries

Benga

Non

Non

Non

Toutes

2ème

Sainte
Marie

Toutes

Non

Non

Non

Toutes

4ème

Plaine Niger

Mpongwè

Oui

Oui

Oui

Catholiqu
es

4ème

Baraka
Mission

Galoa

Partiellement

Non

De jour

Protestan
ts

5ème

Lalala

Toutes

Oui

Non

Oui

Toutes

5ème

Mindoubé

Toutes

Partiellement

Non

De jour

Toutes

Compte tenu du fait que le chercheur doit délimiter son univers d'enquête, nous trouvons d'abord utile de préciser que parmi tous les cimetières que nous recensions à Libreville, il y en a qui sont sous la juridiction de la Mairie de Libreville, d'autres101 non, d'où le caractère privé qu'ils prennent.

Le cimetière de Mindoubé a enregistré une quarantaine de tombes profanées (46 pour être exacte) en octobre 2006102.32 tombes supplémentaires en 2007103 et tombes en juillet 2008104. Ces quelques informations par l'Union Plus, quotidien d'informations gabonais et notre enquête de terrain sur ledit site, attestent bien que la pratique de la marchandisation des restes humains existe à Libreville. Mindoubé est le théâtre de ces profanations. Plus encore, c'est que d'octobre 2006 à juillet 2008, il s'est écoulé deux ans et qu'il y a eu des élections politiques

101 Ces cimetières sont sous la juridiction des Associations privées communautaires, celles des Quatre Saisons pour le cimetière du quartier Plaine Niger et la Mission Baraka, pour le cimetière qui porte sa dénomination.

102 Cf. l'Union Plus du mardi 10 octobre 2006, rubrique « société et culture », p.6 en annexe.

103 Chiffre obtenu à la suite de notre enquête de terrain sur le site, durant laquelle nous avons du compter et marquer ces trente-deux tombes profanées en plus avec des bois. Nous avons bénéficié de l'aide du gardien monsieur Jean-Noël présent sur les lieux.

104 Cf. l'Union Plus du mercredi 16 juillet 2008, rubrique « société et culture », p.6 en annexe.

(législatives et les locales). Surtout que durant ces deux ans, cela fait 87 tombes au total qui ont été profanées.

Tableau n°3 : Répartition des cimetières sous juridiction de l'HDV

Arrondissement

Terrain d'étude

Communauté
enterrée

Normes de sécurisation des cimetières

Clôture

Éclairage

Gardiennage

1er

Ambowè

Toutes

Non

Non

Non

2ème

Sainte Marie

Toutes

Non

Non

Non

5ème

Lalala

Toutes

Oui

Non

Oui

5ème

Mindoubé

Toutes

Partielleme
nt

Non

De jour

Il faut signaler que le cimetière de Mindoubé a suscité un intérêt sociologique de notre part car il ne bénéficie pas des normes de sécurité105 que nous avons évoquée dans le tableau n°3 plus haut. De plus, il est représentatif de l'ensemble des différentes ethnies de la population gabonaise qui est enterrée. Par ailleurs, Mindoubé, en tant que terrain d'enquête privilégié, nous permet de voir que « le sociologue n'observe pas la réalité sociale, mais des pratiques [...] Entre lui et son objet d'étude s'interpose un ensemble d'interprétations et d'interventions ».106 C'est Mindoubé qui est victime des profanations des tombes à la veille des élections ; phénomène récurrent et qui se pose avec acuité. Comme l'indique ici le tableau n°4, où il s'agit d'un histogramme qui met donc en évidence le phénomène.

105 Cf. photos n° 8, 9, 10,11, et 14 dans la deuxième partie du Mémoire.

106 Alain TOURAINE, Pour la Sociologie, Paris, éd. du Seuil, (coll. « Points »), 1974, p.25.

Tableau n°4 : Histogramme des tombes profanées à Libreville de 2004 à 2008 pour Mindoubé

Effectifs

50 45 40 35 30 25 20 15

10

5

0

 

2004 2006 2007 2008

Années
(xi)

Effectifs
(ni)

2004

20

2006

46

2007

32

2008

9

total

107

> Il y a lieu ici de préciser que le phénomène que nous décrivons s'observe en périodes électorales. Entre 2006 et 2007, c'est-à-dire en l'espace d'une année, il y a eu au total près de 70 tombes qui ont été profanées dans le même cimetière, c'est-à-dire à Mindoubé ; pratiquement à la même période.

> Enfin l'année 2008 a vu l'organisation des élections législatives partielles et les locales sur le territoire national. Mais c'est aux lendemains de ces consultations électorales que les profanations se sont enregistrées à Mindoubé en Juillet de la même année. Comme le confirme « l'Union Plus » du 22 juillet 2008 en annexe.

Notre enquête sur le terrain s'est résumée à l'observation participante, « durant laquelle le chercheur participe aux activités qu'il observe. »107 Cette technique d'enquête nous a donc permis de participer à la vie quotidienne des populations de la décharge publique de Mindoubé (en l'occurrence les femmes surtout) faisant face à notre terrain d'étude: le cimetière. Nous avons dû travailler deux jours de suite avec ces femmes dans la décharge pour mieux nous intégrer. Nous nous sommes appropriés une benne à ordure du camion de la SO.V.O.G; ce qui nous a permis de pouvoir échanger cette benne à ordure contre les informations concernant les profanations des tombes au cimetière. Notons aussi que cette méthode qualitative qu'est l'observation « est essentielle à toute recherche sociologique ».108

107 Alain BEITONE et al. Sciences sociales, Paris, (coll. « aide-mémoire »), 3ème éd., 2002, p.27.

108 Ibid., p.26.

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