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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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index du tableau

> Tableau de la construction du concept du «conflit » . 36

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Dédicace

Remerciements Index du tableau Sommaire

Introduction générale . 1

Les préalables épistémologiques 3

Section 1 : Objet et champ de l'étude . 3

Section 2 : Construction du modèle d'analyse 9

Section 3 : Démarche méthodologique 34

Première partie : La question du mariage au Gabon en période précoloniale 39

Introduction de la première partie .... 40

Chapitre I : Aperçu historique sur la question du mariage 41

Section 1 : La conception du mariage dans la commune ancienne 41

Section 2 : Echanges relationnels entre la bru et la belle famille 51

Chapitre II : L'impact de la période coloniale sur la société gabonaise 59

Section 1 : Instrumentalisation des valeurs occidentales 59

Section 2 : Le choix ou la rencontre du conjoint 64

Conclusion de la première partie 70

Deuxième partie : Les rapports entre bru et belle-mère dans la famille gabonaise actuelle ..71

Introduction de la deuxième partie .72

Chapitre III : Les rapports mère-fils à travers la bru 73

Section 1 : La relation « mère-fils » 73

Section 2 : Domination symbolique et relation belle-mère et bru 77

Chapitre IV : La réfraction des rapports sociaux au sein du couple 96

Section 1 : L'instabilité du couple et le recours à différentes pratiques telle la

sorcellerie ..96

Section 2 : Affirmation de la bru 102

Conclusion de la deuxième partie 106

Conclusion générale 108

Références Bibliographiques 111

Table des matières 118

Annexes

Introduction générale

La Sociologie de la famille, du mariage est une des nombreuses branches qui composent la Sociologie générale. Il va de soi que cette sociologie de la famille, du mariage s'intéresse particulièrement au phénomène du mariage ; en ce sens que pour nous, il n'y a de famille que parce qu'il y aurait eu au préalable mariage. Affirmer cela, c'est dire que « le mariage définit des modalités d'une union légitime, approuvée par la société et déterminant plus spécialement les relations entre mari et femme. >>1 Justement, en partant de cette définition du mariage que nous propose Jacques LOMBARD, nous nous intéressons à la formation sociale gabonaise actuelle.

A ce sujet, nous avons constaté qu'au sein même de la famille gabonaise actuelle, précisément dans la relation entre belle-mère et bru, il existe un conflit qui apparaît manifeste ou latent selon les situations, et a des répercussions dans le couple. De plus, il prend forme par des actes et des injures de la part des deux acteurs tels : « quand je me dispute avec mon mari, ma belle-mère prend la part de son fils. Lorsque je dors avec mon mari, elle vient me réveiller à 5 heures du matin en disant que vous êtes entrain de"baiser", allons-y en brousse.>>2 Ou encore, « quand elle lave le linge de son mari~ n'a jamais pris ne fusse qu'une fois dans le mois le linge du beau-père, de la belle-mère. En passant elle peut prendre le linge des frères du mari pour laver ne fusse que deux tenues mais rien. Quand elle fait la vaisselle, le reste des travaux, elle laisse pour les beaux-frères et

la belle-soeur sachant que les beaux-frères ne travaillent pas souvent, c'est la belle-soeur quis'occupe du reste du ménage. Elle aime toujours rester dans la chambre et quand le mari est

là, ils passent plus de temps dans la chambre mari et femme. Mon fils me donnait au moins 50000f chaque fin de mois, il ne me donne vraiment plus rien depuis qu'elle est venue rester avec nous.»3

1 Jacques LOMBARD, Introduction à l'ethnologie, 2ème édition, Paris, Armand Colin, (coll. « Cursus, série Sociologie »), 1998, p.54.

2 Propos de madame I.E.E, bru, vit en concubinage, 2 enfants, sans profession.

3 Propos de madame I.M.J, 43 ans, belle-mère, archiviste, 10 enfants.

Notons que ces conflits mettent le fils dans une situation délicate. Selon toute vraisemblance, c'est ce genre de conflits ou rapports conflictuels entre belle-mère et bru qui alimentent les conversations dans les différents quartiers de Libreville, sous la rubrique du << Kongossa4. » Aussi, toute la difficulté de cette étude résiderait dans le fait d'expliquer ce phénomène social en se gardant de donner le tort à un des acteurs : et qu'il a été souvent difficile de pouvoir collecter les récits de vie des informatrices et des informateurs, qui vivent ces situations.

Pour la simple et bonne raison qu'il s'agit de « s'introduire » dans la vie privée des gens ; dans le but de nous faire partager leurs expériences ; que les femmes trouvent douloureuses en réveillant ces souvenirs. Elles préférèrent tourner la page. Porter notre regard sur le phénomène des rapports << mère-fils >> à travers la bru, c'est montrer que l'homme est un alibi pour voir comment se lisent les rapports entre belle-mère et bru. C'est aussi tenter d'appréhender, à partir de la famille gabonaise, considérée comme le premier canal de socialisation de l'individu, des logiques de pouvoir et de lutte qui s'installent et se manifestent ; out comme qui détient le pouvoir.

Faire cette incursion dans la vie du couple, c'est en outre tenter de comprendre en vue d'expliquer les mécanismes en filigrane qui expliqueraient les divorces les divorces, les familles recomposées, etc. Cette étude veut saisir les fondements sociaux des rapports conflictuels entre la belle-mère et la bru. Enfin, notre Mémoire de Maîtrise se compose de 3 parties qui sont respectivement, les préalables épistémologiques, d'une première partie axée sur la question du mariage au Gabon en période précoloniale et pour finir, la seconde partie traitera des rapports entre bru et belle-mère comme objet à proprement parlé.

Préalables épistémologiques

Section 1 : Objet et champ de l'étude.

1- Les rapports mère-fils à travers la bru comme objet d'étude.

Le travail que nous avons réalisé porte sur la « famille. » Il s'agit d'étudier les rapports entre la mère et son fils à travers la bru dans la famille gabonaise actuelle. Pour mener à bien notre étude, nous nous sommes appesantis sur la famille élargie; celle composée du père, la mère, les enfants, les grands-parents, les neveux, les oncles, les tantes etc. vivants sous un même toit. Il convient de noter avec Henry MENDRAS que, << le terme de famille est ambigu dans notre langage (...) Il désigne les gens liés par le sang et éventuellement les alliés : mes oncles, mes tantes, mes grands-parents, mes cousins, constituent ma famille. »5

Dans notre contexte d'étude6, trois cas de figures ont été constatés en ce qui concerne la belle-mère et la bru. En effet, la belle-mère désignerait ici la femme qui a mise au monde l'enfant et l'a élevé elle-même ; soit celle qui n'a pas mise au monde l'enfant mais l'a élevé jusqu'à ce qu'il soit grand ou alors, les grandes soeurs du mari qui ont participé à son éducation, après le décès de la maman ou alors, quand cette dernière n'avait pas de moyens. De même, la bru ou belle-fille désignerait l'épouse de son fils. Par épouse on attend ici soit celle qui vit en concubinage depuis plus de cinq ans dans le foyer; soit celle qui est mariée que ce soit à la coutume, coutume et état civil, état civil ; état civil et religieux.

Notre étude part du constat selon lequel les belles-mères et les brus s'accusent mutuellement sinon réciproquement d'impolitesse. Ce conflit se manifeste dans le verbe (c'est-à-dire qu'il s'exprime par des injures, des railleries, des ragots) et dans des actes pratiques. Comme verbe, on peut retenir par exemple les injures de la bellemère sur la bru telles : << ce n'est pas le fait de coucher avec mon fils, il n'y a pas encore

5 Henry MENDRAS, Eléments de sociologie, 2ème tirage, Paris, Armand Colin, p.145.

6 Signalons que nous n'avons pas choisi une ethnie précise.

d'enfants, ce n'est pas la peine d'être là, tu ne sais pas entretenir la maison, les marmites sont mal lavées et tu t'occupes mal de mon fils >>7 ; « mon fils participe seul aux besoins du ménage. Par ailleurs, l'éducation des enfants n'est pas bien faite. >>8

En ce qui concerne les injures des brus envers les belles-mères, nous avons retenu par exemple « qu'on ne souffre pas avec les mères des maris. Nos mères ne vivent plus. Des fois, elles se mettaient à parler seules : je ne veux pas voir la mère de mon mari, je ne veux pas que mon mari donne de l'argent à sa mère seule moi. Elles m'insultent ouvertement "idoungui" c'est-à-dire "maboule, les yeux rouges". >>9 Autre injure de la bru envers la belle-mère : « tu n'es pas la mère de mon mari, dis nous sa vraie mère ; il ne peut pas avoir une mère infirme, tu fais exprès de ne pas marcher. »10 Ou encore, « sorcière, c'est toi qui a mangé mon fils dans mon ventre. »11

Quant aux autres pratiques révélatrices de ce conflit à la maison, on note comme actes des belles-mères qu'« elle passe son temps à nous espionner, des fois, elle rentrait dans notre chambre sans cogner. >>12 Mieux encore, « ma belle-mère m'avait emmené en brousse, elle savait que je ne connaissais pas sa plantation. Elle m'avait rempli le panier de nourriture malgré ma petitesse et m'a laissé seule en brousse jusqu'à ce que je sois arrivée au village en me renseignant car il était déjà tard. »13 En outre, « quand mon mari apportait le poisson, elle prenait la part de poisson de la deuxième femme et écaillait, laissant pour moi au sol jusqu'à ce que je revienne de mon bricole. Quand je laissais mon enfant endormi pour aller au travail, elle ne s'occupait pas de mon enfant, gardait mon enfant avec la couche que j'ai

7 Entretien avec madame B.O.M une bru, sans enfants, âgée de 28 ans, étudiante, Fang et vit en concubinage depuis 7 ans.

8 Entretien avec une belle-fille, madame Y.H, âgée de 40 ans, psychologue, Myènè, vit en concubinage depuis 9 ans, avec 2 enfants.

9 Entretien avec madame M.D, né vers 1930, belle-mère, sans profession, veuve avec 8 enfants, elle a trois belles-filles. Elle est Massango.

10 Entretien avec madame M.J, belle-mère, 42 ans, Mitsogho, sans profession avec 5 enfants, elle vit en concubinage.

11 Entretien avec madame B.M.G, belle-mère, âgée de 52 ans, Punu, commerçante, elle a 6 enfants. Elle est divorcée.

12 Propos de madame I.E.E, belle-fille, âgée de 30 ans, Massango, sans profession, vit en concubinage depuis 8 ans. Elle a 2 enfants.

13 Propos de madame M.M.A, belle-fille, 46 ans, mariée à la coutume et à l'état-civil, avec 6 enfants, Akélé, sans emploi.

laissé, l'enfant restait avec les cacas jusqu'à ce que j'arrive. »14 Enfin, «quand j'accouche, elle ne vient pas me rendre visite, elle peut faire même trois mois sans venir nous voir, elle ne touche pas le bébé.»15

Au sujet des actes des brus, nous avons retenu par exemple « lorsque j'arrive chez elle, quand elle veut elle me dit bonjour, soit elle me dit d'aller me service moi-même à la cuisine dans la marmite. Elle ne rendait pas visite à la belle-famille, restait toujours avec son mari. »16 En plus, « Malgré que je sois malade, elle ne vient même pas me rendre visite ; elle n'envoie pas les enfants venir me voir, je reste seule dans la grande maison ; elle ne respecte pas le gens, elle n'a que du mépris pour la belle famille ; ne prépare même pas pour le grandfrère du mari. Quand les gens arrivent chez elle, ils restent avec la faim. Elle ne garde pas les enfants du côté de son mari rien que son côté meme lorsque tu arrives, il n'y a que ses parents dans la maison. »17 Aussi, « elle ne me rend pas service, c'est-à-dire me laver le linge, me puiser de l'eau, ne me prépare pas la nourriture que j'aime pour me donner car mon fils lui donne de l'argent. Elle ne m'achète pas quelque chose à boire. Lorsqu'elle se réveille, elle utilise mes marmites propres et les laisse sales. Quand je suis malade, elle ne me chauffe pas de l'eau, je fais meme quatre jours alitée et ne vient meme pas me dire bonjour.»18

Ces mots et ces actes sont socialement significatifs parce qu'ils ont pour fonction de rabaisser l'autre, mais également, de faire prendre conscience surtout à la bru de son statut, du rang qu'elle occupe dans la famille. En fait, l'ironie, la moquerie et le ragot ont pour fonction, selon Pierre BOURDIEU19, de rappeler à l'ordre et à une certaine prise de conscience, c'est-à-dire à la conformité et à l'uniformité à toute la communauté, la famille et lui signifier clairement qu'il y a un maître des lieux.

14 Propos de madame M.A.M, belle-fille, 51 ans, mariée à la coutume, 7 enfants, Kota, elle a fait 25 ans de vie conjugale avec son mari.

15 Des propos de madame I.M.J, belle-fille, 43 ans, mariée à la coutume, Massango, archiviste, avec 10 enfants.

16 Entretien avec madame B.C, belle-mcre, 45 ans, 6 enfants, mariée à l'état-civil, sans emploi. Elle est Akélé.

17 Propos de madame B.F, belle-mère, Nzébi, sans profession, veuve avec 10 enfants.

18 Propos de madame B.M.G, divorcée avec 6 enfants, âgée de 52 ans, Punu et commerçante.

19 Pierre BOURDIEU et al, Un art moyen. Essai sur les usages sociaux de la photographie, 2ème édition, Paris, Les éditions de Minuit, 1965, 360 p.

Il apparaît clair que c'est le fils qui soit à l'origine de ces rapports conflictuels entre sa mère et sa femme. D'où, nous avons voulu saisir les fondements sociaux de ce type de rapports entre les belles-mères et les brus. Ce sont ces frictions, ces tensions et affrontements symboliques qui font l'objet de notre étude. Il faut dire qu'à travers la lecture des rapports entre mère et fils, il s'agit juste d'un alibi pour lire en réalité les rapports entre la belle-mère et la bru. Rapports qui, en général, apparaissent comme conflictuels.

Mieux, on parlera de frictions ; « des frictions de plus en plus fréquentes et vives entre deux femmes les plus aimées d'un homme: sa mère et son épouse. La première trouve souvent que la seconde est une intrigante, qui menace plus ou moins la vie de son fils, et elle n'hésite pas à l'accuser d'user de sorcellerie pour envoûter son fils ; quant à l'épouse, elle voudrait bien voir sa belle-mère s'occuper surtout de son propre ménage et un peu moins de celui de son fils, qu'elle revendique comme le sien. En un mot, chacune trouve que l'autre est trop envahissante et devrait, sinon disparaître, du moins s'estomper un peu de la vie de l'homme qui les a mis face à face. »20

Il est en de même au Gabon où les brus que nous avons rencontrées pour la circonstance, nous ont affirmé qu'il n'est pas toujours souhaitable de vivre avec les belles-mères dans la même maison, parce que la bru n'aura pas sa place dans son propre foyer et serait relayée au second plan. C'est fort de ce constat que nous nous posons la question de savoir pourquoi existe-t-il des rapports conflictuels entre la belle-mère et la bru ?

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery