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Les élections législatives de 1902 en France

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par Lucien MITAIS
Université Paris- Sorbonne - Diplôme d'études supérieures 1967
  

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3. LES REPUBLICAINS MODERES

D'avril 1896 a juin 1898 l'immense majorité des républicains modérés soutient le ministere Méline. Cependant certains d'entre eux, a vrai dire peu no mbreux, prennent alors place dans l'opposition. Hostiles a la politique d'apaise ment, ils sont en effet restés partisans de la concentration, c'est-à-dire de l'alliance des modérés et des radicaux. Ils sont rasse mblés a la Chambre dans le petit groupe de l'Union progressiste, appelé encore groupe Isambert, du nom de son président; parmi eux, Delcassé.

Méline doit se retirer en juin 1898 car une quarantaine de progressistes, inquiets du renouveau de co mbativité manifesté par la droite lors des élections de mai, l'abandonnent lors du scrutin sur la majorité « exclusive ment républicaine ». Divisés face au cabinet Brisson, les modérés soutiennent tous ensuite le cabinet Charles Dupuy a ses débuts. Mais en février 1899, Poincaré, Barthou, Leygues ainsi que quelques autres abandonnent Dupuy qui, pour faire voter la loi de dessaisisse ment, sollicite tacite ment l'appui de la droite et des nationalistes. Enfin en juin 1899, craignant un coup de force nationaliste ou royaliste contre la République, une soixantaine de progressistes lâche Dupuy et se joignent a la gauche pour former la majorité qui vote la confiance a Waldeck-Rousseau.

Il est excessif de prétendre, co mme le fait M. Beau de Lo ménie12, que les progressistes dissidents ont adhéré au Bloc des gauches afin d'exploiter le a derivatif

12 Emmanuel BEAU DE LOMENIE, Les responsabilités des dynasties bourgeoises , t. III, p.332.

anticlerical », a pour detourner les doctrinaires democrates, radicaux et socialistes de leurs preoccupations de revendications sociales ». En juin 1899, Waldeck-Rousseau et ses amis se sont séparés du gros des progressistes parce qu'ils jugeaient les institutions républicaines menacées. Ils restent ensuite fidèles a leur alliance avec la gauche surtout parce qu'ils ne veulent pas se a couper » du grand a parti republicain »13 étant a persuades que l'avenir est a la Republique democratique »14. Cependant il faut bien admettre que si Waldeck-Rousseau a fait de la lutte anticléricale l'article essentiel de son programme de gouverne ment, c'était bien parce que les républicains de gauche étaient plus que réticents a l'égard des projets d'impot progressif sur le revenu est de réformes sociales profondes.

L'alliance des progressistes dissidents avec les radicaux et surtout avec les socialistes, la présence de Millerand au ministère du Commerce et le vote de la loi sur les associations d'une part, le rapprochement de plus en plus marqué de la majorité des progressistes et de la droite conservatrice et même nationaliste d'autre part, rendent impossible a brève échéance toute réconciliation entre les deux fractions du parti modéré. Les républicains de gauche décident donc, a l'approche des élections, de s'organiser d'une manière autono me. C'est ainsi qu'en mai 1901 est fondée l'Alliance républicaine dé mocratique. Ce n'est pas un véritable parti politique : elle ne cherche pas a recruter des militants, mais elle vise a rasse mbler toutes les personnalités modérées, politiques ou non, favorables au gouverne ment de défense républicaine. Elle a constitue plutôt un brillant et nombreux etat-major qu'une armee »15. Son influence provient pour une part i mportante des liens qui unissent ses principaux me mbres a certains milieux d'affaire et a la grande presse.

Le passage a droite de la plupart des républicains modérés, entrainés par Méline et ribot, revêt une importance capitale, car il est définitif. A la vérité l'affaire Dreyfus n'a fait là que précipiter une évolution déjà bien entamée entre 1893 et 1898. Pour les progressistes, le seul danger véritable se situe désormais a gauche. Dans l'opposition ou ils prennent place, ils gardent encore pour la plupart leurs distances avec les nationalistes, mais en revanche ils resserrent considérable ment les liens qui déjà les unissent aux

13 Jacques CHASTENET, La république triomphante 1893-1906, p.218.

14 Ibid.

15 Ibid.

conservateurs. Rasse mblés a la Chambre dans le groupe des républicains progressistes, ils n'ont pas encore fondé dans le pays une organisation identique a l'Alliance républicaine dé mocratique des modérés du Bloc : la Fédération républicaine ne sera en effet créée qu'en 1903. On doit signaler que quelques républicains modérés, qui en 1899 avaient soutenu l'action de Waldeck-Rousseau, car ils jugeaient alors la République menacée, ont par la suite rejoint les rangs de l'opposition. Toutefois ces ho mmes, au rang desquels figure Poincaré, ne sous-estiment pas a l'instar de la majorité des progressistes, le danger nationaliste.

Divisés, les modérés n'abordent pas les élections dans des conditions favorables. La situation n'est pas encore trop grave pour les républicains de gauche, maitres de l'appareil gouverne mental, mais l'est en revanche beaucoup plus pour les progressistes qui, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, affrontent le verdict des urnes en étant dans l'opposition et en ayant par surcroit de fortes chances d'y rester. 1l est évident qu'ils risquent d'être abandonnés par certains de leurs électeurs, gouverne mentaux de te mpérament, et de plus intéressés par les avantages que peut procurer le fait d'avoir un député siégeant dans la majorité.

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