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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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INTRODUCTION GENERALE

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« La maladie est la zone d'ombre de la vie, un territoire Auquel il coûte cher d'appartenir .En naissant, nous Acquérons une double nationalité qui relève du royaume Des biens -portants comme de celui des malades. Et bien Que nous préférions tous présenter le bon passeport, le Jour vient oft chacun de nous est contraint, ne serait-ce Qu'un court moment, de se reconnaître citoyen de l'autre Contrée. »

Susan SONTAG.

Quand la métaphore exerce un droit de réification à tel point qu'elle crée une indiscernabilité entre l'irréel et le réel, nous assistons à une production d'une nouvelle réalité ayant une frontière fine avec l'imaginaire. Une métaphore consiste à comparer, à penser par analogie. La métaphore est une image mentale, elle est une représentation. Ce qui revient à dire que les métaphores, dans le cadre de notre étude, sont des représentations sociales.

En Afrique centrale, les représentations sociales comme partout ailleurs, s'inscrivent dans des figures de styles littéraires. « Une représentation sociale est une préparation à l'action (...) Sa qualité éminente est de donner un sens au comportement, de l'intégrer à un ensemble de comportements déterminés1.» Dans cette étude, il s'agit de décrire l'une des diverses représentations de la maladie et, plus précisément, de la maladie du Sida. Il s'agit de décrire, les lieux de production de ces représentations sociales. Pour ce faire, nous avons retenu les bars, les marchés, les cimetières, les églises et les mbandjas2 qui produisent des mots, des expressions, des métaphores, des représentations. Nous les qualifions, à la suite de Michel FOUCAULT, les hétérotopies. Ce sont « des lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui sont dessinés dans l'institution même de la société, et qui sont des sortes de contreemplacements, sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels [...] sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables »3. Entre autre, des lieux du sacré mais aussi le lieu de toutes les transgressions4. Dès que l'on se retrouve en présence d'expressions métaphoriques de la maladie du sida, telles que Sidonie, maladie du siècle, maladie du sang, de Mbumba, Mbumba Iyanô, Kôhng, ou encore, de punition divine ou de karma, nous sommes face à des mots produits par les usagers des hétérotopies. En fait, les hétérotopies sont des lieux oü l'on produit et use des métaphores dans une perspective métonymique ; jouant aussi sur des images. En d'autres termes, les images sont dotées de puissance ou encore de pouvoir au sens où elles sont censés agir comme des forces. Ce sont donc des lieux de représentations sociales. Le propre des représentations sociales en Afrique centrale est d'être gouverné par une violence de l'imaginaire. Sauf que ce gouvernement qui administre les populations par la violence de l'imaginaire est lui-même aliéné, car possédé par

1 Serge MOSCOVICI, Préface du livre de Claudine HERZLICH, Santé et maladie, Paris, Editions EHESS, 2005, p 10.

2 André RAPONDA-WALKER et Roger SILLANS, Rites et croyances des peuples du Gabon, Libreville, Editions Raponda Walker, coll « hommes et société », 2005, p 216.

3 Michel FOUCAULT, Dits et écrits IV, Paris, Gallimard, 1994, p 756

4 Michel FOUCAULT, l'art de penser, Conférence audio MP3, 1966

l'imaginaire. Ce qui permet de dresser une différence entre violence de l'imaginaire et violence symbolique. A la différence de la violence de l'imaginaire, la violence symbolique est une violence qui ne peut-être exercée par celui qui l'exerce et qui ne peut-être subie par celui qui la subit que parce qu'elle est méconnue en tant que telle5, la violence de l'imaginaire est une violence consentie. Or pour TONDA, la violence de l'imaginaire est « cette violence qui s'exerce sur les corps et les imaginations au moyen d'images (icônes, symboles, indices), de gestes corporels, de mots, [et qui ] doit son efficience aux consentements révoltés et aux connivences paradoxales de ces corps et imaginations6».

L'idée que nous voulons soutenir ici est que les métaphores du sida ont pour fonction de zombifier7 et vampiriser un individu ; lequel individu est généralement celui qui donne la maladie qui tue, qui est un assassin, un sorcier (Chapitre 1). Le zombie ou le vampire est « un être indifférent à l'humiliation, à l'horreur, à la peur, sans conscience et sans personnalité8». Le Souverain moderne (le nganga et le pasteur) qui est le dénominateur par lequel on arrive aux représentations sociales du Sida (Chapitre 3) est finalement, « une autorité qui dévore la vie [et] une autorité productrice de morts, ou, ce qui revient au même, de morts-vivants, c'està-dire des zombies, des vampires, au sens oü l'imagination populaire donne à ce mot au Gabon, à savoir les sorciers. Les « cités africaines » sont, dans cette perspective, des cités de « vampires9». Mais cette vampirisation s'établit par le moyen de « l'économie des miracles de la foi, des croyances aux fétiches, magies et sorcelleries nationales et internationales, et qui consiste en l'administration d'une violence indivisible sur les corps et les imaginations 10 ». Donc, le Souverain moderne gouverne et administre, les populations vampirisées et mystifiées, par l'argent, la force et les représentations sociales : les métaphores.

Mais si tant est que nos villes de l'Afrique centrale sont des lieux de vampirisation et de zombification, des « espaces hétérotopiques », il va de soi que la maladie ne peut, elleméme, qu'être englobée par ce nuage efficient d'images de l'imagination. Car « se représenter (...) c'est en réalité, aller au-delà, édifier une doctrine qui facilite la tâche de déceler, de programmer ou d'anticiper actes et conjonctures11.» La maladie à ce titre est une maladie en rapport avec l'autre. Elle n'est jamais personnelle, mais toujours collective. Ce qui explique qu'elle soit un phénomène social. Un phénomène social qui siège dans le « deuxième monde, deuxième cité, monde pandémonium, ou quatrième dimension12» : les hétérotopies.

5 Pierre BOURDIEU, Questions de sociologie, Paris, Les éditions de minuit, 1984, p 141.

6 Joseph TONDA, Le Souverain moderne, Op cit, p.7

7 A ce sujet lire Jean et John COMAROFF, « Nations étrangères, zombies, immigrants et capitalisme millénaire », Bulletin du Codesria, 3 et 4, 1999.

8 Joseph TONDA, Le Souverain moderne, Op cit, p 11.

9 Joseph TONDA, Op cit, p 10.

10 Joseph TONDA, Ibid, p 10.

11 Serge MOSCOVICI, Op cit, p 11.

12 Filip De BOEK, « Le deuxième monde et les enfants-sorciers en république démocratique du Congo », Paris , Karthala, coll « Politique africaine », n°80, décembre 2000, p33.

5

Chacun, dans les cités postcoloniales d'Afrique centrale, se donne une idée du réel au moyen des représentations. Ceci est le propre de l'idéologie. Dans la cité des vampires, la maladie se décrit par les moyens de la métaphore et de la métonymie. Seulement, « mon propos n'est pas la maladie physique en soi, mais l'usage qui en est fait en tant que figure ou métaphore13». Sauf qu'en Afrique centrale, dans les cités des vampires, il n'y a pas que les métaphores mais aussi la métonymie. Dans les villes postcoloniales, la maladie et la maladie du Sida sont étranges. C'est parce que comme le dit Susan SONTAG, « un mal aussi irréductible est, par définition, mystérieux14». L'homme est donc enclin à avoir peur de ce qu'il ne maîtrise pas. Il faut justifier l'injustifiable. Mais encore, il faut donner sens à cette pandémie pour rassurer. Le Souverain moderne se doit donc « de préserver l'apparence d'une maîtrise de la situation [qu'il n'a pas]15». En fait, « une nouvelle situation réclame une nouvelle magie 16» comme le dit les COMAROFF.

Mais de manière générale, «c'est l'esprit qui trahit le corps17», les mots ou le sens qui trahissent le corps. C'est ainsi que « méme si la maladie n'est pas ressentie comme la punition de la communauté [comme attaque lancée par un sorcier], elle le devient après coup à mesure qu'elle amorce l'effondrement inexorable de la morale et des moeurs18». En fait, elle finit par corrompre le langage comme le dit SONTAG. Le langage est corrompu par les représentations sociales, par les métaphores, le Kongossa (Chapitre 2). C'est ainsi que dans nos cités zombifiées, « la maladie intervient en tant que châtiment surnaturel, ou possession démoniaque19». C'est ce sens qui est problématique. C'est le mot et son sens qui pervertissent la maladie. Ainsi, « rien n'est plus répressif que d'attribuer une signification à une maladie, cette signification se situant invariablement au plan moral. Une maladie grave, dont l'origine demeure obscure et qu'aucun traitement ne réussit à guérir sera, tôt ou tard, totalement envahie par le sens qu'on lui donnera. Dans un premier temps, les terreurs les plus profondément enfouies (corruption, pourriture, pollution, anomie, débilité) sont identifiées à la maladie. Celle-ci devient alors métaphore. Puis, au nom de cette maladie (c'est-à-dire) en l'utilisant en tant que métaphore), l'horreur est à son tour greffée sur des éléments étrangers. La maladie devient adjectif. On l'emploiera comme épithète pour parler de quelque chose de répugnant ou de laid20». Nous avons ici une définition de ce que nous entendons par violence du sens. Nous entendons par violence du sens la puissance ou le pouvoir que le sens des expressions, des mots et des images exercent sur les individus par laquelle ils arrivent à créer une fabulation du réel. De même, cette violence du sens conduit à ce que nous parlions de la prestidigitation sociale. La corruption du sens du mot est une forme de prestidigitation. La

13 Susan SONTAG, La maladie et ses métaphores, le sida et ses métaphores, Paris, Christian Bourgeois éditeur, coll « titre 101 », 1993, p 11.

14 Susan SONTAG, Op cit, p13.

15 Jean-Pierre DOZON et Didier FASSIN, « raison épidémiologique et raisons d'Etat. Les enjeux socio-politiques du Sida en Afrique », Sciences sociales et santé, Paris, Vol. VII, n°1, février 1989, p 28.

16 Filip De BOEK, « Le deuxième monde et les enfants-sorciers en république démocratique du Congo », Op cit, p34.

17 Susan SONTAG, La maladie et ses métaphores, le sida et ses métaphores, Op cit, p 57.

18 Susan SONTAG, Op cit, p 58.

19 Susan SONTAG, Op cit, p 61.

20 Susan SONTAG, Op cit, p 80.

prestidigitation est une notion qui consiste à déformer le réel en irréel à tel point que l'irréel prend une autorité qui le confond et le fait paraître pour la réalité.

D'aucuns diront que les métaphores de la maladie du Sida existent au-delà des frontières de l'Afrique centrale. En effet, et c'est la raison qui conduit à ce que notre objet d'étude soit les métaphores postcoloniales et les hétérotopies. Les métaphores de la maladie semblent différentes dès qu'elles croisent la viscosité et la densité de l'imaginaire des sociétés postcoloniales d'Afrique centrale. Elles sont englouties, et « digérées " par les représentations de sorcellerie, de Dieu, et de cette frénésie à presque tout mettre en rapport avec le sexe (chapitre 4). L'exploitation de la maladie en Afrique centrale, plus précisément dans le milieu de la médecine hors secteur biomédical (MHSB)21, prend pour support une production imaginaire qui met la maladie dans une situation biomédicale complexe. Une situation complexe car la médecine dans la postcolonie porte les stigmates du conflit des guerres, rebellions pour les indépendances des sociétés dominés. Cette médecine reste, peut-être inconsciemment, la fille du colonialisme qui a servit à « mater " les peuples dits « primitif ".

Ainsi, les métaphores du Sida relaient cette maladie vers les « affaires du corps " qui ne sont que « toutes les situations de santé et de maladies, de fortune et d'infortune à la chasse, dans les champs, dans les affaires, à l'école, au jeu, à l'église, au bureau de l'administration, au marché, au foyer, en politique, en amour, en famille, etc.22" qui se diffusent par la rumeur. Ces affaires du corps n'ont alors rien avoir avec la conceptualisation médical du Sida. S'agit-il d'ignorance ou d'une lutte entre biomédecine et pratique thérapeutique indigène ?

Toutefois, la maladie en Afrique, et plus particulièrement le Sida, est dédoublée. Il y a ce que nous pourrons appeler le Sida du premier monde et le Sida du deuxième monde en reprenant De BOEK23. Le Sida du premier monde est le Sida biomédical. Un Sida qui repose son argumentaire théorique sur la véracité des notions étiologiques. Le Sida du deuxième monde n'est plus ce qu'en pense la biomédecine. Mais, il est un sort, une possession par une donnée inconnue. En fait, de manière générale la maladie du deuxième monde est toujours en rapport avec l'autre. Lorsque nous parlons de possession par une donnée inconnue, nous ne disons pas qu'il ne connaisse pas l'origine de la maladie. Mais que par des moyens invisibles l'autre peut donner la maladie à son voisin.

Ces représentations utilisent le sens par le moyen des métaphores et des métonymies. « Car l'intérêt de la métaphore réside précisément dans le fait qu'elle se réfère à une maladie envahie par la mystification, remplie des fantasmes de la fatalité à laquelle on n'échappe pas24".

21 Joseph TONDA, « La santé en Afrique ou l'esprit contre le corps », l'Homme et la maladie, Libreville, Editions Raponda Walker, coll « palabres actuelles »,n°2-Vol A, 2008, p 69.

22 Joseph TONDA, La guérison divine en Afrique centrale (Congo, Gabon), Paris, Karthala, 2002, p 41.

23 Filip De BOECK, « Le deuxième monde et les enfants-sorciers en République Démocratique du Congo », Paris, Politique africaine, n°80, décembre 2000.

24 Susan SONTAG, La maladie et ses métaphores, le sida et ses métaphores, p113.

7

Cet énoncé suggère que la maladie du Sida se retrouve englobée dans un marché linguistique. Nous y retrouvons les acteurs de ce marché qui sont les ngangas, les rosicruciens et les pasteurs. Pierre BOURDIEU parle de ce marché comme un marché oü s'échange les mots. C'est en fait un marché du sens. Chacun dispute et échange le sens des mots et des expressions que l'on utilise pour se représenter la maladie du Sida. Ici, l'intervalle de réflexion est strictement dans le domaine du symbolique. C'est l'échange, l'interaction du symbole du mot et de son sens, ainsi que celui des producteurs de ces sens et ces mots qui préoccupent cet auteur.

A contrario ou par extension, nous entendons ce marché avec Max WEBER non plus comme un marché du sens mais une économie des mots. Il y a en fait un commerce des mots et des expressions dans les représentations sociales de la maladie du Sida. Ceci s'explique par le biais de la présence du charisme, de la puissance de l'imaginaire. Les acteurs de cette économie des mots appuient leur pouvoir sur la présence d'un surnaturelle, d'un invisible qui préside au monde terrestre. En fait cette économie des mots est rendu possible par la force de l'enchantement du monde. Sans enchantement, les pasteurs, ngangas et rosicruciens n'auraient « aucune autorité " dans la société car leur pouvoir charismatique n'existerait pas. L'économie des mots revient à postuler que les mots et leur sens sont exploités, perverties dans un but lucratif et charismatique.

Les représentations métaphoriques du Sida au Gabon dans les espaces hétérotopiques, sont une forme d'explicitation du marché du sens des représentations sociales de la maladie du Sida au Gabon. Dans sa forme inhérente, le marché linguistique et l'économie des mots ne sont qu'une copulation qui permet de mettre au jour l'exploitation de la maladie du Sida et celui du charisme religieux. Que cela n'en déplaise à certains détracteurs, le monde social Gabonais est encore dans le « stade métaphysique " que nous illustrait Auguste COMTE dans son cour de philosophie positive. La présence du charisme, de l'imaginaire est tellement encrée dans les représentations sociales qu'elles nous permettent de dire que nous sommes bien dans un monde enchanté ! Probablement du fait que « l'héritage de la modernité coloniale, tel qu'il s'est incarné dans l'État postcolonial, est parfois perçu comme une source de sorcellerie et de mal25."

Une introduction à ce mémoire doit nécessairement amener le lecteur à retenir que deux grands axes situent l'ossature logique de cet argumentaire. Le premier axe est celui de la violence de l'imaginaire. S'il est besoin de rappeler que la violence de l'imaginaire est une « violence qui s'exerce sur les corps et les imaginations au moyen d'images (icônes, symboles, indices), de gestes corporels [et] de mots26» c'est pour dire que la représentation des imaginaires des expressions et des mots, du charisme sont les dignes produits de cette violence de l'imaginaire. Le terrain n'a fait que corroborer ce point de vue. Le second axe est celui qui présente le fait que les métaphores postcoloniales sont une forme de réinvention d'un monde « indigène ". Un monde qui cherche et recherche une identité tout en niant et

25 Filip De BOEK, « Le deuxième monde ou les enfants-sorciers en République Démocratique du Congo », Paris, Karthala, coll « Politique africaine », n°80, décembre 2000, p34.

26 Joseph TONDA, Le Souverain moderne, Op cit, p 7.

déniant les acquis biomédicaux qui sont perçus, par extension, comme une idéologie coloniale qu'il faut faire disparaître.

L'objet de cette étude est les représentations sociales, les métaphores postcoloniales du Sida ou, pour être précis, les mots qui disent les maux du Sida. De fait, sur mon terrain, « je n'ai pourtant rencontré que du langage [...] Le seul fait empirique que j'aie pu noter, c'était de la parole27». Il n'y avait rein d'autres que des mots pour décrire un mal. Et cette description s'établissait dans des espaces du sacré, où curieusement la déviance et la transgression avaient élues domiciles. Ces espaces sont métaphoriquement des abcès qui n'ont pour objectif que de faire souffrir la société en lui administrant des doses d'imaginaires ayant les vertus de la morphine (Chapitre 4). C'est donc, à l'intersection dense des grilles de lecture de Pierre BOURDIEU, Max WEBER et de Michel FOUCAULT que nous nous inscrivons dans un cadre théorique qui semble proche de la sociologie imaginative de Jean et John COMAROFF. Pour eux, cette sociologie « a trait aux constellations symboliques que les individus mobilisent collectivement pour donner sens à l'univers28.» L'hypothèse que nous formulons à l'endroit de la question qui est de savoir pourquoi existe -t-il autant de métaphores de la maladie du sida dans les espaces hétérotopiques à Libreville est la suivante. Ces métaphores existent car elles sont le produit des hétérotopies, de l'imaginaire postcoloniale qui cherche à réinventer et recréer un monde « indigène » qui exclu l'idéologie coloniale. Tout ceci, se structurant autour d'un marché linguistique de la maladie du sida dont la notion de charisme est un stéréotype de l'outil d'exploitation du sens de la maladie. C'est de manière hypothético-déductive que nous explorons les hétérotopies et les métaphores du Sida à Libreville par le moyen des entretiens et une analyse de contenu des discours.

27 Jeanne FAVRET-SAADA, Les mots, la mort, les sorts, Paris, Gallimard, coll « Folio/Essais », 1977,P 25.

28 Jérôme DAVID, « Sociologie imaginative, néomodernisme et réalisme symbolique », Zombies et frontières à l'ère néolibérale. Le cas de l' Afrique du Sud post-apartheid, Paris, Les prairies ordinaires, coll « penser/croiser », 2010, p14.

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