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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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CONCLUSION GENERALE

Pour conclure, il nous faut mentionner que la société que nous étudions est la société moderne et postcoloniale. Même les espaces hétérotopiques indigènes, pourtant traditionnels, sont traversés par ce courant de la modernité qui s'est exprimé par la souveraineté de la loi capitaliste, de l'esprit de l'individualisme et le repli identitaire. La société gabonaise dans laquelle nous venons d'achever notre enquête est une société moderne et une société sur laquelle l'imaginaire à jeter son dévolu. Nous sommes dans une forme d'immense accumulation de spectacles.291 La société gabonaise postcoloniale est donc une société du spectacle. Nous devons comprendre ce terme dans son sens premier. C'est-à-dire, une société où le quotidien est une masse de scènes ironiques, érotiques, tragiques, dramatiques et parfois inédites. C'est ce que Gilles DELEUZE dit quand il énonce que l'intentionnalité fait place à tout un théâtre, une série de jeux du visible et de l'énonçable.292 C'est donc le spectacle qui « n'est pas [seulement] un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images [et des choses].293 » Ce spectacle n'est qu'une forme de l'imaginaire ou « il est le coeur de l'irréalisme de la société réelle294.» Contrairement à ce que l'on pourrait penser, cette société que nous décrivons, cette société avec ses scènes aussi inédites les unes que les autres, est en fait un lieu où la réalité est transcrite ; une réalité possédée et enchevêtrée par le spectre de l'imaginaire. C'est peut être comme le dit DEBORD parce que la réalité apparaît dans le spectacle, et le spectacle est réel. C'est-à-dire que l'imaginaire prend une autorité réelle sur la scène du spectacle, l'apparence. Ainsi dit, nous pouvons considérer que l'ensemble de la configuration des représentations qui viennent d'être décrites est constitué par la transformation du capital économique295.

Les métaphores postcoloniales du Sida, les mots du Sida à Libreville sont issus de la réappropriation de l'économie libérale par les sociétés du spectacle de la postcolonie. C'est une économie des mots. Une économie qui met en rapport des mots et une maladie, des mots et une marchandise qui est le Sida ; les mots et la fiction imaginative du sens. Nous sommes dans une forme de réification d'un marché symbolique et imaginaire. C'est les choses et affaires du corps, cette sorcellopathie, ces strings des bombes sexuelles, ce stupéfiant qui viennent, tous et chacun à la fois, expliquer la viscosité du sens de la maladie du Sida au Gabon. Une viscosité cherchant avant tout le sens des choses du fait d'une urgence logique et sociale.296 Ils viennent expliquer une chose réelle avec des concepts aussi irréels les uns que les autres. Pourtant, ces concepts irréels s'échangent bien dans cette société du spectacle, cette société de la « grande nuit postcoloniale » que décrit Achille MBEMBE297. Nous nous accordons alors avec TONDA quand il dit que « tous les imaginaires que nous avons décrits et qui convertissent en capital sorcier le capital économique, le capital scolaire, le capital

291 Guy DEBORD, La société du spectacle, Paris, Gallimard, coll « Folio », 1992, p 15.

292 Gilles DELEUZE, Pourparlers 1972-1990, Paris, Éditions de minuit, 2003, p 146.

293 Guy DEBORD, Op cit, p16.

294 Guy DEBORD, Op cit, p 17

295 Joseph TONDA, « Capital sorcier et travail de Dieu », Pouvoirs sorciers, Paris, Karthala, coll « Politique

africaine », n°79 -octobre 2000, p 58.

296 Marc AUGE, Maladies, Paris, Encyclopédies Universalis, corpus 14, 2002, p 194

297 Achille MBEMBE, Sortir de la grande nuit. Essais sur l'Afrique décolonisée, Paris, La découverte, 2010, p 16.

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politique, le capital religieux et chrétien sont la preuve de ce que Dieu et le génie sorcier [mais aussi la rumeur] sont partie prenante des mêmes structures de causalité du malheur en Afrique298». Nous accordons du crédit à ce propos en ce sens que c'est le rapport à l'imaginaire social qui perverti, transfigure, métamorphose et métaphorise la chose réelle en produit irréel. Le Sida de ce fait n'est plus un syndrome d'immuno déficience acquise, mais quelque chose qui se rattache à toutes les sordidités imaginaires du discours trivial et du mythe indigène. C'est-à-dire, tout sauf un discours rationnel qui est conforme aux normes étiologiques de la pensée biomédicale. Il faut s'attendre à ce qu'une analyse selon laquelle, « toute maladie ou infortune requiert une interprétation, et celle-ci est un avatar des relations sociales et des représentations propres à une société299», devienne un argument d'autorité dans l'explication du rapport des représentations sociales de la maladie du Sida à la réalité. La société postcoloniale de Libreville est une société qui est dans une crise de la question de la représentation. Ce qui conduit indubitablement vers une crise étiologique. Mais encore, « tout se passe par conséquent comme si la transmission hétérosexuelle était la seule réalité épidémiologique tangible et exemplifiait à elle seule, sous forme de comportements spécifiques, le sous-développement et les misères de l'Afrique.300»

Implicitement, les acteurs de la société postcoloniale gabonaise sont en perpétuelle contradiction avec eux-mémes et leur propre sens. Ceci nous l'illustrons avec SINDZINGRE quand il dit qu' « être le sujet d'une infortune est un évènement fondamentalement injuste pour quiconque, qui implique la nécessité de trouver un sens, de l'insérer dans une chaîne de causes et effets301.» Nous y voyons une contradiction car les acteurs de la postcolonie croient en ce Dieu stupéfiant, en ces esprits de la forét et de la grande nuit de l'agape sorcellaire. Ce sont ces représentations qui les protègent, et qu'ils divinisent, qui sont encore, curieusement à l'origine du mal. C'est-à-dire qu'ils sont, symboliquement, pris de passion et d'admiration, d'adoration pour les structures de causalité du malheur : leur propre imagination. Ce qui nous permet de dire que les acteurs de la postcolonie participent aux structures de causalité du malheur en Afrique centrale car ils en font partis. Ils s'empoisonnent de leur propre poison imaginaire. Ils sont en fait une sorte de paradoxe. Ils stigmatisent le mal qui leur est donné par celui ou ceux qu'ils ont crées, mais ils sont pris d'adoration pour leur bourreau, leur Souverain, leur imagination. En fait nous sommes dans une forme de théorie du miroir. Mieux encore, nous sommes en face de la théorie du syndrome de Stockholm. Syndrome par lequel l'otage finit par tomber amoureux de son bourreau. Les sujets postcoloniaux sont effrayés par le reflet du miroir en oubliant que ce qu'ils les effraient n'est autre que la projection imaginaire de leurs phobies ; en un mot ils ont peur d'eux-mêmes. C'est une forme de

298 Joseph TONDA, Op cit, p 65.

299 N. SINDZINGRE, « La nécessité du sens : l'explication de l'infortune chez les SUNFO », Le sens du mal, Paris, éditions des archives contemporaines, coll « Ordres sociaux », 1994, p 96.

300 Jean-Pierre DOZON, « Le sida et l'Afrique ou la causalité culturelle en question », in Critique de la santé publique, Paris, Balland, 2001, p 224.

301 N. SINDZINGRE, Ibid, p 96.

masochisme ou encore une forme de possession302, de transe. Mais peut-être que Yves BARREL trouve mieux les mots pour exprimer ce que nous pensons quand il dit qu' « en prenant son temps pour se contredire, la pensée humaine évite de s'affoler303.» C'est donc cela à quoi nous avons affaire dans cette étude, un affolement. C'est l'affolement qui conduit à ce que la maladie soit égarée dans les chemins de traverses des imaginaires. La maladie n'est plus seulement ce qui affecte les organes humains, mais aussi cette chose psychosomatique qui affecte l'esprit et ensuite le corps. C'est l'esprit de Dieu ou les esprits de la forêt, le non-être, qui donne le mal. Il n'y a plus rien avoir avec les bactéries, les parasites ou les virus, la maladie dans la postcolonie a été extraite de son champ. « Ainsi, que la maladie soit appréhendée comme hasard ou comme nécessité, comme innée ou accidentelle, elle est toujours extérieure à l'individu lui-même.304» Nous en viendrons à penser qu' à l'intérieur du corps humain, il y a un taux de bactéries ou de parasites, d'une certaine façon un taux de désordre autorisé. Tout comme la société à son taux d'hérésie, d'inepties « autorisées » dont les guerres, les épidémies meurtrières, les représentations sociales imaginaires en sont le stéréotype. Et la maladie sociale la plus répandue à l'heure actuelle dans les sociétés de la postcolonie africaine est la violence de l'imaginaire, la violence du sens.

Cette maladie de l'imaginaire est une maladie qui surgit suite à une entreprise de reconstruction, ou encore de réidentification. Lorsque baisse la flamme du joug colonial, l'africain est exposé a des réalités qui sont la construction d'un monde selon son idéologie. Mais ce monde est le lieu de déficit. Car ce que les colons laissent derrière eux ce ne sont que des structures primaires instaurées pour la petite communauté européenne. Ces structures qui prenaient en charge la part de ce qu'ils appelaient « l'Afrique utile ». Ce n'est donc rien que les « travailleurs nègres » qui en avaient accès. Du coup, le déficit sanitaire éclate avec une spontanéité cruelle au grand jour des indépendances. Alors, face à ce déficit de structures, l'imaginaire va réinventer et réifier un monde. Un monde où la médecine indigène avec toutes ses représentations prend une autorité « biomédical » en attendant l'arrivée de la biomédecine, le retour du « colon blanc ». Les métaphores du Sida sont une caractéristique de ce que nous venons d'énoncer. Les métaphores de la maladie est un manque de quelque chose. Cette capacité de la société à créer des significations imaginaires à partir desquelles se conçoit la possibilité méme de distinguer le rationnel et l'irrationnel, le naturel et le surnaturel, implique pour une formation sociale confrontée à des déficits historiquement produits, de s'inventer ou de s'instituer à partir du magma composé par les combinaisons, mélanges, associations, fusions de significations imaginaires sociales indigènes et exogènes305 comme le dit Joseph TONDA. C'est donc d'une certaine manière pour éviter de s'affoler que la société use des métaphores du Sida qui ont de l'autorité dans l'État biopoliticien du Gabon. L'imaginaire

302 Lire à ce sujet Charles BAUDELAIRE qui dans un poème présente métaphoriquement cette grande nuit idéologique dans lequel un individu rend hommage à son oppresseur. « Le possédé », Les fleurs du mal, Paris, La librairie Générale Française, coll « Livre de Poche classique », 1999, p 85.

303 Yves BAREL, Le paradoxe et le système, Grenoble, PUG, 1979, p 258 cité par André MARY dans la préface de La guérison divine, Paris, Karthala, 2002, p 10

304 François LAPLANTINE, Anthropologie de la maladie, Paris, Editions Payot, 1992, p 280.

305 Joseph TONDA, La guérison divine en Afrique centrale (Congo, Gabon), Paris, Karthala, 2002, p 229.

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prend le relais dès que la biomédecine ou la biopolitique devient déficiente. C'est à cet effet, que nous pensons que les métaphores postcoloniales sont en fait des dispositifs. Car, par elles, il y a une orientation, un formatage, une formation et reformation, une réformation du modèle de penser. La maladie s'égare dans les méandres de l'imaginaire car elle permet de distraire la conscience collective en attendant la fin du déficit médicale.

Il nous faut aussi retenir, que le Stupéfiant, les Esprits de la forét et de l'eau sont tous l'unique représentation du Souverain. C'est l'être imaginaire qui a pouvoir de vie et de mort sur les sujets qui l'ont créés. Mais ce Souverain est un imaginaire. C'est quelque chose que l'on n'a jamais vu mais qui agit par une puissance « magique » sur les corps, sur les choses par les mots. C'est un être irréel qui vient commander les choses, le réel. Le réel est assiégé par l'irréel, qui, par extension, arrive à le réifier, l'aliéner à tel point qu'une indiscernabilité s'installe entre le réel et l'irréel. Alors, « la leçon de la sociologie de la guérison divine en Afrique centrale, est celle du caractère fondamentalement magique du Souverain moderne 306 .» Nous pouvons ironiquement penser que la violence de l'imaginaire est fondamentalement une « pensée de la magie ». C'est-à-dire une pensée qui pervertie et rend indiscernable les choses de leur non être, c'est ce que nous appelons de la prestidigitation sociale. Nous pensons que la biomédecine est une médecine démagifiante, méme si l'on reconnaît que son pouvoir technique se double d'un « pouvoir charismatique qui se nourrit de la foi dans les possibilités de la médecine à vaincre la maladie et la mort307

Cependant, dès que la biomédecine arrive dans les lieux de la pensée indigène, tout ne se passe pas comme s'il fallait, pour la médecine ésotérique indigène, léguer ou restituer ces droits à la biomédecine. Mais bien au contraire, une lutte entre les deux s'opère sur le champ de la maladie ; une lutte pour s'approprier le sens de la maladie et parfois plus encore. Les métaphores de la maladie du Sida sont un exemple de ce conflit entre la biomédecine et la médecine ésotérique indigène. Nous parlons plus ici de déficit, mais de refus de restituer le droit à la réalité. Cette lutte est un conflit ouvert qui expose la dualité entre l'imaginaire et la réalité, entre l'irréel et le réel, entre l'être et le non-être. C'est alors tout simplement une lutte de sens.

À la question de savoir pourquoi existe-t-il autant de métaphores de la maladie du Sida dans les espaces hétérotopiques du Gabon, nous pensons que la floraison névralgique des espaces hétérotopiques à Libreville, qui sont les lieux producteurs du sens commun, ont pris le dessus sur la biomédecine par l'incurie avérée de l'État au début de la pandémie du Sida. Mais nous devons comprendre que cet État postcolonial s'est lui-même infecté par ce besoin

d' « affolement » créé par le satrape dans l'objectif de rendre la réalité indiscernable. Car dans cette obscurité, la manipulation des hommes de la société gabonaise devient plus facile car cette population est elle-même cette chose qui sort de la forêt et qui croit en ces choses de la nuit et du non-être. Cet État postcolonial de la fin des années 80 et des années 90 tend à entrer dans un modernisme. Ceci inclut que le repli identitaire qui plane sur le besoin de

306 Joseph TONDA, Op cit, p 230

307 Jean-Claude GUYOT, Quelle médecine pour quelle société, Paris, Privat, 1982, p 291 cité par Joseph TONDA, La guérison divine en Afrique en Centrale, Op cit, p231.

donner une explication, un sens imaginaire de la maladie du Sida propre à chaque ethnie, est ostracisé par la puissance d'une représentation « univoque " de la maladie du Sida comme maladie biomédicale. Nous entrevoyons une lecture « moderniste " des métaphores du Sida à Libreville. En ce sens que les métaphores du Sida sont caractérisées par deux grands moments. Le premier moment est cette période postcoloniale oü le Sida c'est le Mbumba, le Nzatsi, le Kôhng, en quelque sorte le sida est un évènement qui est attribué à la puissance d'un pouvoir mortifère sorcellaire invisible. C'est-à-dire que dans la postcolonie la maladie est une entité extérieure à l'être. C'est un mal donné par les autres. Le second moment c'est la deuxième période de la fin des années 90 qui s'inaugure par des métaphores musicales qui démystifient, démythifient le sida des autres, le Sida invisible sorcellaire, pour intégrer cette dimension du soi et de sa propre responsabilité. C'est donc un Sida qui ne prend en compte que le soi et non plus les autres cette extériorité que l'on cherche à condamner de son mal. C'est deux moments s'opposent par le fait que l'un est tourné vers l'extérieur et cherche la causalité de la maladie en dehors de soi, tandis que l'autre regarde à l'intérieur de Soi comme une critique de la responsabilité. Alors, parmi les structures de causalités du Souverain moderne nous pouvons ajouter les métaphores et leur sens, la violence du sens. Mais encore, les structures de causalité de la maladie du Sida ne sont plus essentiellement les Nzatsi, les Mbumba, les Mwiri, les Kôhng, mais aussi, les actes qui impliquent sa propre responsabilité (comme le refus du port du préservatif). Ce n'est plus l'autre mais moi qui suit responsable de ma maladie.

Seulement, nous réaffirmons avec force que les métaphores postcoloniales sont une forme de réinvention d'un monde « indigène ". Un monde qui cherche et recherche une identité tout en niant et déniant les acquis biomédicaux qui sont perçus, par extension, comme une idéologie coloniale qu'il faut faire disparaître.

En définitive, la peste, que nous décrivons comme métaphore du Sida ou comme grande épidémie selon CAMUS, est la métaphore des représentations sociales de la maladie du Sida. Ce sont ces représentations du Sida qui nous déciment en grand nombres depuis les années 1990 comme l'a fait la peste. Ces représentations sociales, ces métaphores du Sida, qui la rendent plus puissante et plus meurtrière en Afrique Centrale. C'est donc ces métaphores qu'il nous faut extirper de la nuit de la prestidigitation postcoloniale, la nuit de l'imaginaire pour enfin vivre la réalité de la maladie du sida au grand jour du réel. Nous devons passer à autre chose, entre autre à la reddition de la frénésie des représentations imaginaires à vouloir s'accaparer le réel. Mais nous ne devons pas oublier que si ces métaphores sont la peste « on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que peut-être, le jour viendrait oü, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse308." Les métaphores du Sida ou la violence de l'imaginaire dans la société postcoloniale gabonaise sont l'épidémie qui corrompt le sens de la maladie.

308 Albert CAMUS, La peste, Paris, Gallimard, coll « Folio », 1947, p 279.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault