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Essor de la microfinance à  Kinshasa en RDC

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par Christian Nkuka
Université protestante au Congo - Graduat 2012
  

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Section 2 : GENESE DE LA MICROFINANCE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Du point de vue de la structure

Tout le monde s'accorde à ce que les coopératives d'épargne et de crédit sont les plus anciennes des institutions de microfinance formelles et semi formelles en RDC.

D'où, l'on ne saurait comprendre le contexte d'émergence de la microfinance en dehors de celle des coopératives d'épargnes et de crédit dont les origines sont lointaines et dépassent le cadre continental africain5 :

En 1831, un philosophe et homme politique français Philippe BUCHEZ, un des inspirateurs du socialisme chrétien établit les règles de la coopération ouvrière de production.

En 1844, un petit groupe de tisserands anglais de la ville de Rochdale lança la première coopérative de consommation.

Cette société coopérative qui s'occupait au départ d'une boutique des produits alimentaires et autres articles des ménages fut créée sur certaines règles dont le succès fut tel qu'elle se transforma en un mouvement national.

Profitant ainsi de cette réussite des anglais, les français, dont le pays était le premier à créer la coopérative de production ont approfondi les recherches qui ont abouti en 1934 à la réalisation du système, des coopératives de production qui est devenu mondial.

C'est en Allemagne que les premières formes de coopérative d'épargne et de crédit ont vu le jour au XIXe siècle. Mal payés, les ouvriers et les petits fonctionnaires avaient beaucoup de difficultés et de mal à nouer les deux bouts aux fins de mois. La sécurité sociale n'existait pas et pour octroyer les crédits, les banques exigeaient des garanties fortes coûteuses.

Alors cette catégorie de personnes ne pouvait obtenir de crédits qu'en recourant aux services des usuriers qui pratiquaient des taux d'intérêts très élevés.

5MPEGERE, C., « Rapport d'étude sur la règlementation des institutions de microfinance et des fonsdev en RDC », 2007, p.13

Ainsi, pour venir en aide à cette masse des personnes, HERMANN CHULZE- DELITZSCH (1853) et FRIEDRICH WILHEM RAIFFENSEN (1866), ont-ils créé des coopératives permettant aux pauvres de mettre ensemble leurs économies pour avoir un crédit plus facile et moins cher.

Il s'agissait d'apprendre aux économiquement faibles d'économiser non pas pour devenir riches, mais pour subvenir aux besoins primaires, ils devraient pour cela, mettre en commun des avoirs de chacun au profit de l'ensemble. Les actions de RAIFFEISEN se répandirent vite en Allemagne et poussèrent d'autres pays d'Europe à les adopter: en Italie sous l'impulsion de Léon WOLLEMBOURG, en Belgique sous la conduite de l'abbé MELLAERTS. En 1900, l'Europe comptait déjà quelque 8.000 sociétés coopératives d'épargne et de crédit.

De l'Europe, le mouvement gagna le continent américain et surtout le Canada où en 1900 Alphonse Desjardins fonda la première caisse populaire à Lévis au Québec. Desjardins est considéré comme fondateur des coopératives d'épargne et de crédit telles que nous les connaissons aujourd'hui. Le mouvement Desjardins est conçu comme une synthèse originale des différents modèles d'institutions d'épargne et de Crédit européennes.

Du Canada, les COOPEC gagnèrent l'Australie, les Etats-Unis d'Amérique et l'Afrique.

Les associations d'épargne et de crédit prennent différents dénominations en Afrique :

-Caisse populaire d'épargne et de crédit;

- Caisse rurale d'épargne et de crédit;

- Coopérative d'épargne et de crédit;

- Coopérative de crédits mutuels ou mutuels de crédit ; - Banques populaires~

Malgré ces différentes dénominations, elles poursuivent toutes les mêmes objectifs à savoir : regrouper les gens d'une même communauté qui veulent mettre ensemble leurs économies et les gérer ensemble. Les adjectifs populaires, ruraux, ou mutuels qui qualifient ces coopératives ou caisses ont un sens propre dans ce contexte.

Ces coopératives ou caisses sont populaires parce qu'elles sont organisées par des simples gens qui en sont propriétaires, les seules gérants et les seuls bénéficiaires ; « populaires parce qu'accessibles à tout le monde. Elles deviennent « rurales » quand elles sont créées en milieux ruraux par des paysans. Elles sont gérées par les paysans eux-mêmes, avec des personnes choisies parmi eux et par eux. L'adjectif « mutuel met l'accent sur l'idée d'entraide sans but lucratif.

1. Epoque coloniale

Si pendant l'époque coloniale les coopératives d'épargne et de crédit avaient été favorablement accueillies dans les colonies anglaises au Congo par contre, leur reconnaissance par l'autorité coloniale fut tardive et une place modeste leur fut réservée.6

a. Oubli délibéré de Coopérative d'épargne et de crédit

Exposant le problème de COOPEC en RDC, Moeller constata dans les années 40 l'inexistence d'endettement et de l'usure auprès des populations congolaises de la colonie belge. Aussi ne croit-il guerre pouvoir justifier la nécessité de la création de ce type d'organisation coopérative car selon lui la COOPEC n'est envisagée et conçue qu'en fonction d'un état d'endettement et d'usure, au lieu de servir à fournir aux organisations indigènes les premières mises de fonds nécessaires à la formation de leur capital à l'installation, et à l'achat de matériel.

L'appréhension d'un échec l'écarta de cette voie afin qu'un désastre éventuel estime-t-il ne détruise dans l'esprit de l'indigène tous les avantages de l'épargne. Cette position fut en fait celle du Conseil colonial lorsqu'il fut question des associations coopératives indigènes écartant ainsi le problème de la création des coopératives de crédit. Quand l'opportunité d'une politique de crédit fut reconnue, il fut préconisé que celle-ci serait réalisée par deux voies :

- Un fonds spécial de crédit indigène qui permettrait de distribuer de crédit aux agriculteurs ;

- Des caisses administratives qui pourraient aussi dans certains cas leur fournir des avantages. Malgré les limites connues et imposées à ces deux institutions qui ne sont pas parvenues à être « populaires » et la conviction que les créations de coopératives de crédit telles que préconisées et réalisées en faveur des colonies anglaises constitueraient

6MPEGERE, C., op.cit., p.15

une excellente mesure, Mr Willaert écartait cette dernière solution, pour la très simple mais significative raison qu' : « on pourrait arriver plus facilement au même résultat en créant au Congo une caisse d'épargne sur le modèle de la caisse d'épargne et de retraite de Belgique .

Manifestement, le problème des coopératives d'épargne et de crédit était en rapport à la fois avec la politique de crédit et le financement des coopératives indigènes. Les véritables caisses d'épargne et de crédit auraient sans doute produit un double effet:

- doter les coopératives à la base de moyens financiers ;

- leur conférer un pouvoir économique et politique jusque-là craint par le colonisateur.

b. Interventions coopératives de la caisse d'épargne

Certains objectifs visés par la caisse d'épargne du Congo belge étaient :

- Aider les autochtones à se constituer des réserves afin d'améliorer leur situation socio-économique ;

- Faire entrer dans le circuit économique et utiliser à des fins productives des sommes qui, sans cela resteraient inactives. Cette caisse d'épargne serait alimentée par :

- des fonds provenant de l'épargne ou des dépôts des autochtones; - des apports de caisse de chefferies ;

- des coopératives cotonnières et autres ;

- des apports de l'épargne non indigène.

Il s'est avéré lors des discussions sur la création de cette caisse que l'utilisation de son actif et la préoccupation de faire servir l'épargne des autochtones au développement de l'économie étaient absent du projet de décret. L'autorité coloniale fut si réticente à l'idée des COOPEC que fut rejetée l'initiative de leur création au Kasaï en 1957 par l'association de classes moyennes africaines (A.C.M.A.E) : elle était en effet perçue comme un moyen et une force économique forte dangereuse pour l'administration et le secteur européen.

Alors, par la caisse d'épargne, le pouvoir colonial s'était fixé pour objectif non seulement de recueillir les économies individuelles mais aussi et surtout, de mettre fin à l'existence de ces nombreuses caisses d'épargnes privées du fait que, se situant en dehors du circuit économique formel, celles-ci ne faisaient pas l'objet d'aucun contrôle.

A l'instar de la caisse générale d'épargne et de retraite de Belgique, la caisse d'épargne du Congo devrait donc rationner la collecte de l'épargne populaire et assumer un monopole de fait visant une meilleure utilisation des moyens financiers et un contrôle effectif de l'Etat.

Malheureusement par son biais il eut des transferts frauduleux des fonds vers la caisse coloniale et métropolitaine.

Enfin en 1958, un projet de décret tendant à modifier celui de 10 Juin 1950 conférant enfin à la caisse la possibilité d'accorder des prêts et avances aux coopératives indigènes régies par le décret du 24 Mars 1956. Ainsi la caisse d'épargne était autorisée à s'impliquer dans le financement des coopératives. Avant la caisse d'épargne, des caisses régionales et de nombreuses caisses d'épargnes d'initiatives privées avaient été créées.

Parmi ces dernières celle du Centre agronomique de l'université Lovanium au Congo (CADULAC), une des plus importantes par ses volumes d'épargne et le montant de ses prêts.

Suite à la création de la caisse d'épargne du Congo belge le 10 Juin 1950, les épargnants de CADULAC ont été engagés à transférer leurs dépôts à cette institution officielle. En définitive, la caisse d'épargne n'a été d'aucun concours pour les coopératives. En effet, quatre ans après sa création, ses fonds étaient toujours placés dans les circuits économiques européens et asiatiques, les coopérateurs et leurs coopératives n'y avaient aucun accès.

Il apparaît ainsi qu'entre la coopérative d'épargne et de crédit et la caisse d'épargne, le pouvoir colonial avait opté pour cette dernière, se dotant ainsi d'un outil de rationalisation et de contrôle et « gelant une solution qui, si elle avait été effective aurait renforcé et promu les coopératives indigènes.

Cette option, sans doute politique, exprime les difficultés de la coopérative d'épargne et de crédit promue par le pouvoir colonial et est symptomatique du non engagement du pouvoir colonial à faire des coopératives un instrument réel d'autopromotion.

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