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L'expression de la Liberté dans « sous le jasmin la nuit » de Maà¯ssa Bey

( Télécharger le fichier original )
par Abdelkader Belkhiter
Université de Saà¯da Algérie - Magister 2009
  

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Une aspiration :

Maïssa Bey a retranscrit ces mots pour se sauver de la déraison et l'absurdité de ce monde. Elle a aussi écrit cet ouvrage en pensant à tous ceux qui vivent des relations affectives avec leurs enfants, leurs parents, leur conjoint ou leurs amis (es) dans lesquelles ils se sentent privés de liberté et aussi à ceux qui ne réussissent pas à connaître des relations affectives satisfaisantes et durables parce qu'ils ont peur de perdre leur liberté. Elle l'a écrit pour tous les gens qui s'aiment et qui n'arrivent pas à exister pleinement, à s'affirmer simplement ou à se dire authentiquement dans leur vie relationnelle. Par le biais de ce recueil de nouvelles, elle écrit pour ceux qui prêtent aux besoins, aux désirs, aux idées et aux opinions des autres plus d'importance qu'à leurs propres besoins et pour ceux qui, par amour de l'autre, négligent «l'amour de soi».

"A tous ceux qui me demandent pourquoi j'écris, je réponds tout d'abord qu'aujourd'hui je n'ai plus le choix, parce que l'écriture est mon ultime rempart, elle me sauve de la déraison et c'est en cela que je peux parler de l'écriture comme d'une nécessité vitale."55(*)

Ces pages permettront certainement à toute personne, qui grâce à une éducation fondée sur le respect, a trouvé la voie de la liberté profonde. Ceux-là trouveront dans ce livre un écho de leur expérience et un outil de confirmation et d'approfondissement.

Pour Maïssa Bey, aider ou éduquer quelqu'un c'est lui permettre, par la relation même que nous avons avec lui, de connaître et de trouver les clés de sa propre liberté et non, par inconscience, d'entretenir les chaînes d'une dépendance malsaine. Elle veut que toute personne contribue à l'épanouissement de l'être par l'éclosion du sentiment de liberté. 

La lecture de recueil de nouvelles permettra aux lecteurs de porter leur regard sur eux-mêmes plutôt que de le lire en essayant d'utiliser son contenu pour comprendre les femmes ou les aider. La meilleure façon de créer un sentiment réel de liberté dans nos relations et dans nos sociétés est de consacrer notre énergie à la recherche de liberté personnelle et intérieure.

Esthétique de liberté :

1. L'éclatement de la parole :

Dans un style remarquable et dans une écriture créative, la romancière peint les relations affectives entre les individus ; elle parle du corps de la femme, du plaisir, du désir, du sexe, elle le fait car cela s'intègre dans un ensemble, sans aller dans l'autre sens, c'est-à-dire écrire des choses pour choquer où pour plaire à une certaine société. Elle recherche le mot juste dans son écriture afin d'exprimer des situations vécues et son ressenti concernant son pays, sa révolte.

La communication paraît impossible entre les personnages. Les dialogues que Maïssa Bey nous propose mettent en scène une violence souvent non déclarée, suggérée et produite grâce à une parole aphone qui se conjugue avec le silence dans un monde absurde. Les personnages de « Nonpourquoiparceque » s'échangent des paroles, mais l'incommunicabilité reste maîtresse du texte. Le verbe vient en quelque sorte pour suppléer l'absence d'actions. Mais paradoxalement, chaque mot dit par les personnages apporte au territoire discursif un surcroît de légitimité et de densité. Certes, les dialogues marquant le récit sont peu nombreux, mais réussissent néanmoins à dessiner les contours d'une rencontre trop peu productive. Mais peut-on parler réellement de dialogue dans un univers où les personnages ne s'écoutent pas, ne s'entendent pas, s'ignorent ? Ils vivent en vase-clos.

Les dialogues qui ont lieu entre les deux personnages : la fille et sa mère dans la nouvelle « Nonpourquoiparceque » marque le refus de cette violence du milieu familial. Cette fille, toujours contrainte de contourner et de déjouer la syntaxe du « parce que ! », cette réponse-injonction qui ponctue les refus et les interdictions familiales. Alors, il faut mentir pour voler «  la peur au ventre » quelques instants de liberté.

Les paroles qu'elles s'échangent semblent incomprises, tantôt ignorées. Les deux personnages se regardent, se parlent. Chaque personnage construit un univers monologique. Cette absence d'échange ou de communication est en soi une violence qui pousse chaque individu à réclamer une liberté.

Cette réification des personnages est encore renforcée par cette situation monologique. Parler, c'est agir, mais ici parler n'a aucun sens, la parole est inapte à porter du sens. C'est à la limite de cette « écriture blanche » dont parle Roland Barthes dans Le degré zéro de l'écriture.56(*)

Lorsque le mari s'adresse à son épouse, ses paroles s'avèrent bientôt vaines. Son interlocuteur ne semble pas entendre ce qu'il dit, ou omet de le faire Maya, l'épouse, préfère ne pas parler, elle pense que la parole n'a aucune utilité. Elle préfère écouter :

« ...il l'appelle. Maya. [...]Il ne sait pas si elle le regarde, si elle lui sourit, attentif seulement à ce qu'il pourra saisir d'elle et emporter avec lui. Halo de lumière transparente du jour. Elle s'approche, prête à écouter, à obéir ». Pp.12/13

Les mots se noient dans un océan de silence et d'inefficacité. Tout se perd. L'homme est incapable de dire, de parler. Il n'arrive pas à se faire maître de l'« échange » souvent peu présent. Les personnages évoluent dans un monde qui les dépasse. Chaque personnage construit son propre univers où l'autre est exclue. Nous avons affaire à une altérité négative.

La parole des personnages est dense, intéressante. Maïssa bey essaye, par le biais des mots simples mais tranchants, de briser le silence qui règne sur la société arabo-musulmane.

Quelques répliques sont reprises et reviennent tout le long du récit Nonpourquoiparceque sans que cela ne fasse avancer le récit. Nous avons l'impression que les choses ne bougent pas. Ce qui nous plonge dans l'univers de l'absurde.

- Dis, est-ce que je peux... ?

- Non !

- Pourquoi ?

- Parce que...

- Pourquoi parce que ?

- Parce que c'est comme ça.

Variante

- Parce que tu ne peux pas

- Pourquoi ?

- parce que P.89

Dans ce récit NONPOURQUOIPARCEQUE, malgré les nombreux dialogues entre la jeune fille et sa mère, la communication ne s'établit pas. Un décalage d'âge et d'idées s'installe, ce qui crée un obstacle empêchant la circulation de toute parole.

L'impuissance de communiquer provient aussi de l'impuissance de la parole, et cette dernière provient de l'impuissance de l'homme qui la produit. Dans le récit Sous le jasmin la nuit, Maya semble fragile, faible et la vulnérable devant cette autorité exercée par son mari.

Ailleurs, dans Nuit et silence la discussion entre la femme terroriste et la jeune fille était aussi stérile à cause de la divergence des points de vue. Elle exposait son point de vue avec des phrases violentes.

Les différents récits portent essentiellement sur des sujets d'actualité. Le but est de poser les questions plutôt que d'y répondre, Maïssa Bey choisit de rester neutre et lègue le rôle du juge et le verdict au lecteur.

A partir du silence des personnages et de la violence qui prédomine, se construit les récits. La parole perd sa valeur et sa fonction originelle. Les personnages sont en rupture avec leur langage et avec leur vie. Maïssa Bey use de cette parole afin de démontrer l'impuissance de la parole et l'absurdité du monde.

* 55 - http://www.africansuccess.org/visuFiche.php?id=630&lang=fr

* 56 - Roland Barthes, Le degré zéro de l'écriture, suivi de nouveaux essais critiques, Paris, Le Seuil, 1953, Rééditions 1972.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus