WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

( Télécharger le fichier original )
par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

IV-2- Population d'enquête

Dans un souci de diversification de sources des données on a mené les recherches (enquêtes) auprès de différentes catégories de populations susceptibles d`apporter des éclaircissements par rapport à l`objet :

1) Les acteurs initiaux et finaux du phénomène de la contrebande, c'està-dire : les fournisseurs, les distributeurs, les acheteurs, les commerçants, les détaillants, et les vendeurs susceptibles de produire de la contrebande.

2) Les agents et cadres des services des douanes, de la police économique et de la gendarmerie nationale.

3) Les responsables administratifs et le personnel de la chambre de commerce et du ministère du commerce.

4) Les responsables de l`ONG STOP FRAUDE (ONG en faveur de la lutte contre la fraude fiscale et la contrefaçon sans frontière en cote d'ivoire).

5) Les responsables de l`Office Ivoirien de la Protection Intellectuelle (OIPI).

IV-3-Echantillon

Les acteurs pratiquants la contrebande dans le district autonome d`Abidjan le font dans le noir et non pas à ciel ouvert, ils sont difficilement observables et repérables, il a fallu l`aide d`acteurs témoins en l`occurrence les agents de (police, gendarmerie, douane) pour espérer avoir un effectif de 33 individus. Quoique de petite taille l`échantillon a toutes les caractéristiques de la population mère d`où il a été tiré, tous les acteurs ci-dessus cités s`y retrouvent représenter en tenant compte des caractères correspondants à la population mère. On a dans l`effectif de l`échantillon : les fournisseurs, les distributeurs, les acheteurs, les commerçants, les détaillants, et les vendeurs, les agents des services des douanes, de la police économique et de la gendarmerie nationale.

Les responsables administratifs de la chambre de commerce et du ministère du commerce.

L`échantillon se compose d`intervenants initiaux et finaux de la contrebande dans le district autonome d`Abidjan répartis en deux cohortes.

La première cohorte compte 18 acteurs actifs (cf. Tableau 2) pour chacune des 13 communes du district autonome d`Abidjan on a : (2) pour ABOBO, (2) pour ADJAME, (2) pour ATTECOUBE, (2) pour ANYAMA, (1) pour COCODY, (1) pour BINGERVILLE, (1) pour le PLATEAU, (1) pour YOPOUGON, (2) pour TREICHVILLE, (1) pour KOUMASSI, (1) pour MARCORY, (1) pour PORT-BOUËT, (1) pour SONGON.

La deuxième cohorte compte 15 acteurs passifs (complices): (2) pour ABOBO, (2) pour ADJAME, (1) pour ATTECOUBE, 1 pour ANYAMA,

(1) pour COCODY, (1) pour BINGERVILLE, (1) pour PLATEAU, (1) pour YOPOUGON, (1) pour TREICHVILLE, (1) pour KOUMASSI, (1) pour MARCORY, (1) pour PORT-BOUËT, (1) pour SONGON .

La première cohorte est composée d`acteurs ayant toujours participé à la contrebande de façon régulière, la deuxième, de ceux ayant été complice, ou ayant participé occasionnellement ou accidentellement à la contrebande.

Tableau 1: Échantillon de l'enquête par cohorte, par type d'acteurs

Les communes du
district d'Abidjan

Cohorte acteurs
actifs

Cohorte
acteurs
passifs

TOTAL

ABOBO

02

02

04

ADJAME

02

02

04

ATTECOUBE

02

01

03

ANYAMA

02

01

03

BINGERVILLE

01

01

02

COCODY

01

01

02

KOUMASSI

01

01

02

MARCORY

01

01

02

PORT-BOUËT

01

01

02

SONGON

01

01

02

TREICHVILLE

02

01

03

YOPOUGON

01

01

02

TOTAL

18

15

33

La méthode d'échantillonnage retenue, non probabiliste, est celle par «choix raisonné» (Beaud, 1984). Cette méthode est apparue la plus appropriée en raison de l`objectif de recherche qui consiste à mettre au jour les implications directes ou non, permanentes ou occasionnelles des acteurs contrebandiers dans l`essor et la pérennisation du phénomène de la contrebande et de points de vue différents de ces différents acteurs. À ces deux critères, s'ajoutait celui de la position occupée dans le groupe des rapports de force au sein du groupe.

En ce qui a trait à la sélection des sujets en fonction de leur point de vue et de leur position dans le groupe des rapports de force, trois principes ont guidé l`étude. Il s'agit des principes de saturation, d'hétérogénéité et de structure.

Le principe de saturation réfère ici à l'épuisement de la variété des explications ayant cours au sein d'un ensemble donné d'acteurs à propos d'une réalité ou d'un phénomène. L'application de ce principe s'est concrétisée dans le cadre de notre enquête par l'ajout d'entrevues tant que nous apprenions quelque chose de nouveau sur notre objet de recherche. L'étape de la réalisation des entrevues a par conséquent pris fin lorsque les sujets que nous rencontrions répétaient, globalement, ce que les sujets précédents nous avaient déjà appris.

Le principe d'hétérogénéité réfère, pour sa part, à l'exigence d'explorer ou, en quelque sorte, de saturer les divers points de vue repérés. L'application de ce principe s'est traduite par une sélection des sujets en fonction de cet objectif d'exploration de la variété des points de vue.

Enfin, le principe de structure réfère à la correspondance postulée (Bourdieu & WACQUANT, 1992) entre le point de vue exprimé par l'acteur et la position occupée dans la structure des rapports de force. La prémisse sous-tendant ce principe étant que le discours des sujets n'est pas un discours désincarné ou neutre, en marge de la dynamique des rapports sociaux, mais participant au contraire à cette dynamique. L'opérationnalisation de ce principe nous a conduits à choisir des sujets occupant des positions différentes dans la structure des rapports de force au sein de leur groupe d`activité. L'hétérogénéité des discours procédait en partie de la position occupée par les sujets dans l`organisation criminelle.

L'application des principes de saturation, d'hétérogénéité et de structure dans la sélection de nos répondants rendait nécessaire l'acquisition de ce que Bourdieu appelle "la compétence spécifique» du milieu étudié (1993); c'est-à-dire une connaissance préalable des logiques sociales et des rapports de force qui permet de sélectionner adéquatement les sujets au regard de notre objectif de recherche et d'interpréter leur discours à travers la dynamique des rapports de force dans lequel ils évoluent. La nécessité d'acquérir cette "compétence spécifique» nous a conduits à faire une première analyse des données au moment même où nous procédions à la cueillette des données. Bien que préliminaire à cette étape de l'enquête, cette analyse constituait néanmoins un élément clé du processus de sélection des sujets. À partir d'informations recueillies auprès des acteurs interviewés, nous procédions ainsi à la sélection d'autres intervenants dont la participation nous paraissait pouvoir enrichir nos données en apportant un point de vue soit différent, soit opposé, où soit concordant avec ceux recueillis jusque-là. Par exemple, si, dans le cadre d'une entrevue, un participant nous communiquait une information que nous jugions pertinente de vérifier ou d'approfondir, nous sélectionnions un autre intervenant qui, sur la base de notre connaissance du milieu qui allait en s'approfondissant pouvait contribuer à enrichir nos données et notre connaissance de la logique de la discipline.

Un refus de participation plus grand chez les femmes que chez les hommes. L`échantillon ne compte que 10 femmes : cinq à ABOBO et cinq à ADJAME. Deux raisons peuvent expliquer cet état de fait. La première tient à la composition même de la population visée par notre enquête, plus particulièrement dans la contrebande. En effet, le nombre de femmes contrebandières dans le district d`Abidjan est extrêmement faible en comparaison avec celui des hommes; elles sont la plupart du

temps des revendeuses donc en fin de processus. Au moment de la réalisation de l'enquête notre échantillon ne comptait que trois femmes contre 30 hommes, et par la suite nous sommes parvenus à 10 contre 23 acteurs masculins pour un peu équilibrer les données. La deuxième raison tient au fait que la majorité des femmes contactées refusaient de participer à l'enquête où ne retournaient pas nos questionnaires. Les raisons motivant les refus étaient la crainte d'être reconnue (quatre femmes), le manque de temps (deux femmes), le manque d'intérêt (une femme), le fait d'être un acteur dans la contrebande «atypique» (trois femmes). En ce qui a trait à ce dernier motif de refus, bien que nous expliquions aux femmes que le seul critère de sélection des répondants et répondantes était qu'ils ou qu'elles participent à la contrebande sur le territoire douanier du district autonome d`Abidjan et qu'ils ou elles soient en permanence ou occasionnellement dans la contrebande, les femmes maintenaient leur décision. On peut noter que ces femmes étaient de tout âge et qu'elles pouvaient donc percevoir comme une menace potentielle le fait d'être interrogée sur leurs activités criminelles. Pour ce qui est des hommes, ils répondaient en général plus favorablement à notre demande de participation. Quelques-uns ne nous ont pas retourné nos questionnaires, un a refusé parce qu'il n'était pas intéressé, un par manque de temps et un troisième parce qu'il se disait «étranger au monde fermé des contrebandiers». À l'instar des trois femmes ayant refusé parce qu'elles se disaient «atypiques», il n'est pas improbable que ce troisième acteur ait pu percevoir quelque chose de menaçant dans notre enquête. Biais possibles pouvant découler du type dinformations recherchées. En raison du caractère relativement personnel des informations que nous désirions obtenir et du nombre restreint de sujets faisant partie de notre échantillon, il n'est pas improbable que certains acteurs aient pu refuser de participer à l'enquête parce qu'ils anticipaient

la possibilité d'être éventuellement reconnus. En ce sens on pourrait reprocher à notre échantillon d'être biaisé en présumant que ceux qui ont refusé d'en faire partie partagent des caractéristiques communes qui sont différentes de celles des sujets ayant accepté. Plus précisément, on pourrait supposer que ceux qui ont refusé avaient comme trait distinctif de se percevoir comme non conformes à la définition légitime du «bon» citoyen. Toutefois, si ceci a pu s'appliquer, certains intervenants initiaux comme finaux de la contrebande qui ont accepté de faire partie de l'étude se sont au contraire présentés d'emblée comme non conformes à la définition légitime du «bon» citoyen dans leur communauté et/ou groupe et ont vu dans l'entrevue une occasion de faire valoir leur point de vue. Le matériau disponible nous permet donc de prendre en compte le point de vue de ceux qui ne font partie des groupes dominants. Il va de soit que les pratiques des contrebandiers constituent un objet de débat parce qu'elles sont évaluées de façon statutaire et interpersonnelle; choisir d'en parler dans le cadre d'une enquête universitaire n'est donc pas neutre. En ce sens, notre étude pouvait constituer pour certain un cadre où poursuivre la lutte pour la définition légitime du «bon» citoyen. Nous en étions conscients, et c'est pourquoi il était important pour nous de connaître, au moins globalement, la position des répondants dans la configuration des rapports de force au sein de leur groupe social ou communauté. Cette position étant l'un des éléments permettant de comprendre le sens de leur discours. La confrontation des points de vue sur les pratiques constituait la base de l'analyse de la dynamique de construction sociale de la science. Dans cette confrontation, les points de vue étaient analysés en tenant compte de la position des répondants. Notre analyse repose ainsi sur le postulat que le «réel est relationnel » (BOURDIEU & WACQUANT, p. 72), les acteurs d'un champ étant engagés dans un système de relations

«objectives», de sorte que les actions des acteurs ne sont compréhensibles que replacées dans le système de relations. Les secteurs du district d'Abidjan retenus sont (les marchés, les grands espaces commerciaux, les postes de contrôles ou corridor d'entrée, et les entrepôts d'entreprises privées ou publiques au sein des zones industrielles.). Afin de limiter l'ampleur du corpus à étudier (critère de faisabilité) et de prendre en compte le poids des traditions universitaires, nous avons choisi d'étudier le phénomène dans ces différents secteurs d`activités économiques, en l'occurrence les grands marchés et les grands espaces commerciaux des 13 communes qui constituent le district d`Abidjan, les quatre grands corridors d`entrée du district d`Abidjan ( les corridors d`entrée de DABOU, et de GESCO sur l`autoroute du nord et celui d`ADZOPE, les corridors d`entrée de BINGERVILLE et de la route ABIDJAN-BASSAM-ABOISSO. Les zones industrielles du district d`Abidjan. Ces différents secteurs ont été retenus parce que beaucoup d`activités économiques s`y déroulent. Par ailleurs, le choix d'observer les sciences économiques et la sociologie criminelle dans l`étude de ce phénomène, et non dans d'autres études où peuvent se retrouver des sociologues et des économistes (criminologie, relations industrielles, communication) tient au fait que ce sont dans ces genres de sujets d`études que la logique propre à chacune des deux disciplines s'observerait le mieux. Ceci, en raison de l'indépendance entre ces deux disciplines scientifiques. Cette indépendance est bien sûre toute relative.

CHAPITRE 5 : TECHNIQUES DE RECUEILS DES DONNEES

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle