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La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

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VI-1-Méthodes D'analyse

1- Épistémologie scientifique et limites

Selon GASTON BACHELARD, la science est un produit de l`esprit humain, produit conforme aux lois de notre pensée et adapté au monde extérieur. Elle offre donc deux aspects, l`un subjectif, l`autre objectif, tous deux également nécessaires, car il nous est aussi impossible de changer quoi que ce soit aux lois de notre esprit qu`à celle du monde. Nous disons que ce sont ces mêmes démarches que les sciences criminologiques utilisent pour aborder la compréhension de tout phénomène social. Elle a à réfléchir sur l`utilité et l`efficacité des lois qu`elle découvre.

Il ne serait pas difficile de montrer, d`une part, que, dans ses jugements scientifiques, le rationaliste criminologiste le plus déterminé accepte journellement l`instruction d`une réalité qu`il ne connaît pas à fond et que, d`autre part, le réaliste le plus intransigeant procède à des simplifications immédiates, exactement comme s`il admettait les principes informateurs du rationalisme. Autant dire que pour la philosophie scientifique, il n`y a ni réalisme ni rationalisme absolus et qu`il ne faut pas partir d`une attitude philosophique générale pour juger la pensée scientifique. Tôt ou tard, c`est la pensée scientifique qui deviendra le thème fondamental de la polémique philosophique ; cette pensée conduira à substituer aux métaphysiques intuitives et immédiates les métaphysiques discursives objectivement rectifiées. A suivre ces rectifications, on se convainc par exemple qu`un réalisme qui a rencontré le doute scientifique ne peut plus

Otre de mOme espèce que le réalisme immédiat. Il semble d`ailleurs qu`on puisse donner rapidement une raison de cette base dualistique de toute philosophie scientifique : par le fait même que la science est une philosophie qui s`applique, elle ne peut garder la pureté et l`unité d`une philosophie spéculative. Quel que soit le point de départ de l`activité scientifique, cette activité ne peut pleinement convaincre qu`en quittant le domaine de base : si elle expérimente, il faut raisonner ; si elle raisonne, il faut expérimenter.

Toute application est transcendance. Dans la plus simple des démarches scientifiques, nous montrerons qu`on peut saisir une dualité, une sorte de polarisation épistémologique qui tend à classer la phénoménologie sous double rubrique du pittoresque et du compréhensible, autrement dit, sous la double étiquette du réalisme et du rationalisme. Si nous savions, à propos de la psychologie de l`esprit scientifique, nous placer juste à la frontière de la connaissance scientifique, nous verrions que c`est à une véritable synthèse des contradictions métaphysiques qu`est occupée la science contemporaine. Toutefois, le sens du vecteur épistémologique nous paraît bien net. Il va sûrement du rationnel au réel et non point, à l`inverse, de la réalité au général comme le professaient tous les philosophes depuis Aristote jusqu`à Bacon.

Si le réel immédiat est un simple prétexte de pensée scientifique et non plus un objet de connaissance, il faudra passer du comment de la description au commentaire théorique. Cette explication prolixe étonne le philosophe qui voudrait toujours qu`une explication se borne à déplier le complexe, à montrer le simple dans le composé. Or la véritable pensée scientifique est métaphysiquement inductive ; comme nous le montrerons à plusieurs reprises, elle lit le complexe dans le simple, elle

dit la loi à propos du fait, la règle à propos de l`exemple. Nous verrons avec quelle ampleur les généralisations de la pensée moderne achèvent les connaissances particulières. Nous mettrons en évidence une sorte de généralisation polémique qui fait passer la raison du pourquoi au pourquoi pas. Nous ferons place à la paralogie à côté de l`analogie et nous montrerons qu`à l`ancienne philosophie du comme si succède, en philosophie scientifique, la philosophie du pourquoi pas. Comme le dit Nietzsche : tout ce qui est décisif ne naît que malgré. C`est aussi vrai dans le monde de la pensée que le monde de l`action. Toute vérité nouvelle naît malgré l`évidence, toute expérience nouvelle naît malgré l`expérience immédiate.

Devant cette floraison épistémologique, faut-il continuer de placer d`une réalité lointaine, opaque, massive, irrationnelle ? C`est oublier que le réel scientifique de la criminologie est déjà en rapport dialectique avec la raison scientifique. Après un dialogue qui dure depuis tant de siècles entre le monde et l`Esprit, on ne peut plus parler d`expériences muettes. Pour interdire radicalement les conclusions d`une théorie, il faut que l`expérience nous expose les raisons de son opposition. Le physicien n`est pas aisément découragé par une expérience négative. Michelson est mort sans trouver les conditions qui auraient, d`après lui, redressé son expérience relative à la détection de l`éther. Sur la base mOme de cette expérience négative, d`autres physiciens ont subtilement décidé que cette expérience négative dans le système de Newton était positive dans le système d`Einstein. Ils ont précisément réalisé sur le plan de l`expérience, la philosophie du pourquoi pas. Ainsi une expérience bien faite est toujours positive. Mais cette conclusion ne réhabilite pas la positivité absolue de l`expérience tout court, car une expérience ne peut être une expérience bien faite que si elle est complète, ce qui n`arrive

que pour l`expérience précédée d`un projet bien étudié à partir d`une théorie achevée. Finalement les conditions expérimentales sont des conditions d`expérimentation. Cette simple nuance donne un aspect tout nouveau à la science puisqu`elle met l`accent sur les difficultés techniques qu`il y a à réaliser un projet théorique préconçu. Les enseignements de la réalité ne valent qu`autant qu`ils suggèrent des réalisations rationnelles.

C`est donc bien à la croisée des chemins que doit se placer l`épistémologie, entre le réalisme et le rationalisme. C`est là qu`il peut saisir le nouveau dynamisme de ces philosophies contraires, le double mouvement par lequel la science simplifie le réel et complique la raison. Le trajet est alors écourté qui va de la réalité expliquée à la pensée appliquée. C`est dans ce court trajet qu`on doit développer toute la pédagogie de la preuve.

D`une manière générale encore, n`y a-t-il pas un certain intérêt à porter le problème métaphysique essentiel de la réalité du monde extérieur sur le domaine même de la réalisation scientifique ? Pourquoi partir toujours de l`opposition entre la Nature vague et l`Esprit fruste et confondre sans discussion la pédagogie de l`initiation avec la psychologie de la culture ? Par quelle audace, sortant de moi, va-t-on recréer le Monde en une heure ? Comment aussi prétendre saisir un moi simple et dépouillé, en dehors même de son action essentielle dans la connaissance objective ? Pour nous désintéresser de ces questions élémentaires, il nous suffira de doubler les problèmes de la science par les problèmes de la psychologie de l`esprit scientifique, de prendre l`objectivité comme une tâche pédagogique difficile et non plus comme une donnée primitive.

D`ailleurs c`est peut-Otre dans l`activité scientifique qu`on voit le plus clairement le double sens de l`idéal d`objectivité, la valeur à la fois réelle

et sociale de l`objectivation. Comme le dit M. Lalande, la science ne vise pas seulement à « l`assimilation des choses entre elles, mais aussi et avant tout à l`assimilation des esprits entre eux ». Sans cette dernière assimilation, il n`y aurait pour ainsi dire pas de problème. Devant le réel le plus complexe, si nous étions livrés à nous-mOmes, c`est du côté du pittoresque, du pouvoir évocateur que nous chercherions la connaissance : le monde serait notre représentation. Par contre, si nous étions livrés tout entier à la société, c`est du côté du général, de l`utile, du contenu, que nous chercherions la connaissance : le monde serait notre convention. En fait, la vérité scientifique est une prédiction, mieux, une prédication. Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et expérience, liant la pensée à l`expérience dans une vérification : le monde scientifique est donc notre vérification. Au dessus du sujet, au-delà de l`objet immédiat, la science moderne se fonde sur le projet. Dans la pensée scientifique, la méditation de l`objet par le sujet prend toujours la forme du projet.

Les données ci-dessus recueillies, font ressortir de l`enquOte que l`âge, est un facteur à risque et non un facteur définitif dans l`explication du phénomène. En ce sens que l`on a pu croiser différentes tranches d`âge au centre du phénomène lors des investigations. Cependant, la tranche d`âge de (18, 25) a connu le plus grand nombre d`acteurs contrebandiers et cela s`explique tout simplement parce qu`elle représente la plus grande franche de la population ivoirienne en activité économique soit plus de 50% (INS 98) de la population active. Le genre (sexe) est comme l`âge un facteur à risque, il ne justifie pas absolument la présence d`un individu dans la contrebande. On rencontre à la fois des femmes et des hommes au centre du problème. Cependant, les hommes

ont prouvé par leur accessibilité et disponibilité, qu`ils étaient près à participer à notre recherche différemment aux femmes qui elles, se sont montrées un peu plus discrètes. On a aussi rencontré d`une part, des acteurs actifs (fournisseurs, des vendeurs ou des revendeurs) et d`autre part des acteurs passifs (acheteurs, distributeurs consommateurs). Aucun rôle ici n`est plus déterminent que l`autre dans la structuration du phénomène par exemple le fournisseur n`est pas plus important que le distributeur, chaque maillon du réseau à une utilité. On retrouve aussi tous les niveaux d`instruction au centre du problème depuis les acteurs analphabètes jusqu`aux grands intellectuels (criminels à col blanc) tous à leur niveau se retrouvent au centre de la contrebande, même si le regard est très souvent dirigé vers les acteurs analphabètes qui se font le plus souvent prendre pendant les contrôles.

En définitive, toutes les couches sociales participent au phénomène, allant, du travailleur dans l`administration publique à celui du privé, de celui du formel à l`informel, jusqu`aux débrouillards ou aux sans emplois. Cependant, le regard reste pointé sur les acteurs qui n`ont pas un emploi fixe (chômeurs, débrouillards, sans emploi) contrairement aux travailleurs ayant un emploi fixe et officiel. Cette situation s`explique par le fait que l`opinion publique pense que les individus qui ont un emploi fixe et officiel, sont moins tentés à passer à l`acte de contrebande que ceux qui se trouvent dans un état d`oisiveté et d`emploi précaire. Un adage populaire le signifiant si bien =`l` oisiveté est la mère de tous les vices«. MOme s`il s`avère que c`est le point de vu de l`opinion commune, dans la réalité et dans les faits, un travailleur officiel n`est pas moins contrebandier qu`un autre employé dans un emploi officieux.

Pour mieux comprendre le phénomène de la contrebande, Il s`agit de
comprendre les motivations personnelles de chaque acteur en face

d`une situation incitatrice ou de toute opportunité avant le passage à l`acte. Il faut tenir compte très souvent de la condition sociale des acteurs. Et cette analyse est la même en ce qui concerne les facteurs explicatifs liés à la nationalité, au milieu de vie, à la situation matrimoniale, à la religion etc. Tous ces facteurs explicatifs doivent toujours être associés au libre arbitre de l`acteur. Parce qu`il existe dans des cas où, des individus malgré leur condition de vie favorable, aisée ne s`empêchent pas à prospérer dans la contrebande pour un besoin de rentabilité économique et pour un enrichissement illicite permanant.

Par contre il se trouve des personnes vivant dans une situation de vie défavorisée, qui volontairement refuse d`être contrebandier. Alors les questions de fond qui nous viennent à l`esprit sont les suivantes :

Quelles sont les raisons personnelles et fondamentales qui incitent tout individu à embrasser une carrière de contrebandier ?

Est-ce parce que cette activité lui apporte une sécurité économique ? Est-ce qu`on devient contrebandier par imitation ou par envie?

Est-ce qu`on est contrebandier parce que les contrôles de douane et de police ne sont pas efficaces?

Est-ce qu`on est contrebandier parce que les autorités créent ou surestiment les droits et taxes de douane aux frontières ?

La préférence de la transaction au détriment de l`application strictes de sanctions pénales en matière de punition contrebandière n`est elle pas une des raisons explicatives du problème?

En tentant de répondre à ces interrogations nous cherchons à explorer d`autres voies explicatives du phénomène.

Les motivations ou raisons de l`acteur lui-même soumis à de fortes tentations peuvent le conduire au passage à l`acte.

Sans oublier que les défaillances liées aux mesures de contrôle et à la taxation démesurée aux différentes entrées routières du district d`Abidjan explique aussi le phénomène.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle