WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

( Télécharger le fichier original )
par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

f- Les mesures en vigueur

-La douane ivoirienne face à la contrebande et aux contentieux

On va essayer en quelque sorte de mentionner les efforts de la répression de la contrebande en Côte d`Ivoire, les difficultés qui entravent le travail des agents de douanes et les solutions proposées. Toujours dans ce même cadre, et pour mieux éclaircir, nous allons essayer de faire un état des lieux. Les douanes recherchent les infractions à caractère douanier. En effet, il existe trois modes de saisines de cette régie.

Selon le Lieutenant LACINA DIABATE, 2006 (commandant de douane, administrateur des services financiers, chef de la Brigade des douanes et des enquêtes douanières à la police économique) :

« -Le premier mode de saisine en matière de contrebande est la dénonciation, elle représente 90% des dossiers.

-Le deuxième mode de saisine est la saisine incitante ou l`auto saisine et -le dernier mode de saisine est la plainte ».

Les douanes ont deux missions, une concerne la collecte de droits et taxes de douanes sur les marchandises qui rentrent et sortent du territoire douanier à travers les frontières et l`autre mission est une mission à caractère économique et concerne la protection de l`industrie locale à travers certaines mesures, lois et contraintes qui sont mises en place. D`une part, on peut dire qu`une infraction en matière douanière est une infraction pécuniaire qui est très souvent réglée par une transaction entre l`autorité locale et l`acteur appréhendé. Selon BILE Abia Vincent, (7 novembre 2007), le contentieux douanier peut-être défini en effet, comme l`ensemble des règles relatives à la naissance, au déroulement et la conclusion des litiges ayant pour objet l`interprétation et l`application du droit douanier.

Il reste attendu que cette définition est prise dans son sens le plus strict écartant tous les contentieux dans lesquels l`administration des douanes peut se retrouver sans qu`il soit question d`application d`une disposition douanière. Le contentieux douanier naît généralement de deux manières, à l`occasion soit du recouvrement d`une créance de la douane soit de la constatation de la commission d`une infraction. Pour les besoins de la présente étude, nous nous intéresserons uniquement au second fait générateur du contentieux douanier à savoir la constatation de la commission d`une infraction douanière. La constatation des infractions douanières appartient aux termes du décret n°68-410 du 3 septembre 1968 relatif à la constatation des infractions aux lois et règlements des douanes, en principal à l`administration des douanes.

Cependant, les autres administrations peuvent constater les infractions douanières, dans les rayons des frontières de terre et de mer, à l`occasion de l`exercice de leurs fonctions, lorsqu`il n`est pas possible d`aviser utilement le bureau, le poste ou la brigade le plus proche. La constatation des infractions douanières est consignée soit dans un procès verbal de constat, soit dans un procès verbal de saisie lorsqu`il est possible d`appréhender les marchandises frauduleuses ou les moyens de transport. La rédaction des procès verbaux obéissent à un formalisme dont le non respect ouvre droit à une action en nullité, aux termes de l`article 213 du code des douanes. Ainsi, aux termes des « articles 201, 203 et 209 du code des douanes, les procès verbaux doivent mentionner la date, la cause de la saisie, la déclaration qui a été faite au prévenu, les noms, qualités, demeures des saisissants et de la personne chargée des poursuites, la présence du prévenu à leur description ou la sommation qui a été faite d`y assister, que lecture a été faite au prévenu s`il est présent et qu`il a été interpellé de le signer ».

En cas de saisie, le procès verbal précise le nom, la qualité du gardien, le lieu de la rédaction, l`heure de la clôture et que copie a été remise sur le champ au prévenu s`il est présent.

Relativement à la signature qui doit être apposée par le prévenu sur les procès verbaux, il y a lieu d`indiquer que tant la lettre que l`esprit des textes ci-dessus visés, permettent de s`assurer qu`il s`agit d`une signature ayant pour intérêt de revêtir les procès verbaux d`un caractère contradictoire.

Par conséquent, le prévenu qui ne reconnaît pas les faits allégués dans les procès verbaux, doit avoir la latitude de prendre des réserves marquant formellement sa protestation.

La liberté de prendre des réserves est d`autant plus importante que les articles 211 et 212 du code des douanes disposent que les procès verbaux font foi jusqu`à inscription de faux des constatations matérielles qu`ils relatent.

La réserve constitue par conséquent, un commencement de preuve de l`altération des faits matériels relatés dans les procès verbaux. Par contre, une signature sans réserve emporte reconnaissance du prévenu des faits qui lui sont reprochés. Or, force est de constater que la douane ivoirienne exige souvent des prévenus qu`ils signent ses procès verbaux nets de réserve. En cas de refus, la douane use de la contrainte pour vaincre la résistance du prévenu. Au delà de la question de la régularité de la mesure de contrainte qui sera débattue par ailleurs, il y a lieu d`indiquer que cette pratique de la douane ivoirienne est illégale et est constitutive d`un abus de pouvoir. Après la constatation de l`infraction douanière au travers des procès verbaux dont la rédaction a été

analysée ci haut, des poursuites doivent être exercées pour réprimer les auteurs et les bénéficiaires de la fraude douanière.

A cet effet, deux types d`actions peuvent être exercés indifféremment, l`action publique et l`action fiscale. L`action publique en vue de l`application des peines pénales est exercée, aux termes de l`article 218 du code des Douanes, par le Procureur de la République qui use des voies ordinaires de mise en mouvement de l`action publique à savoir la citation directe et le réquisitoire introductif. L`action fiscale pour l`application des sanctions pécuniaires est exercée par l`administration des douanes. Cependant, le Ministère public peut l`exercer accessoirement à l`action publique, aux termes de l`alinéa 3ème de l`article 218 précité. En pratique, le Ministère public n`exerce les deux actions que lorsque l`administration des douanes a négligé d`exercer l`action fiscale. A l`effet de permettre au Procureur de la République d`exercer les poursuites nécessaires pour découvrir et sanctionner les fraudeurs, l`article 208 du code des Douanes fait obligation à l`administration des douanes de transmettre au Parquet du Tribunal, les procès verbaux de saisie constatant les délits, les contraventions douanières n`étant pas passibles de privation de liberté contrairement en matière pénale.

L`administration des douanes, à qui est dévolue l`action fiscale, est juge de l`opportunité des poursuites ; elle peut donc ignorer l`infraction qui est commise ou négliger de la poursuivre. Dans le cas où elle décide de poursuivre l`infraction douanière, elle s`oblige à saisir deux juridictions suivant la nature de cette infraction. Elle saisit le tribunal civil dans le ressort duquel est situé le bureau ou le poste de douane le plus proche du lieu de constatation de l`infraction, en cas de contravention et ce, par voie d`assignation délivrée au prévenu à sa requOte. Dans ce cas, le

ministère public intervient en application des dispositions de l`article 106 du code de procédure civile aux termes desquelles « sont obligatoirement communicables au ministère public, trois jours avant l`ordonnance de clôture ou avant l`audience, suivant les distinctions prévues à l`article 47, les causes suivantes : Celles dans lesquelles, l`ordre public, l`Etat ou les collectivités publiques sont intéressés » En effet, toute infraction douanière intéresse l`ordre public économique et l`Etat. En cas de délit, l`administration des douanes s`oblige à saisir les juridictions répressives du lieu de constatation de l`infraction douanière, par dépôt de plainte avec constitution de partie civile. Mais en réalité, cette plainte n`est nécessaire que lorsque les prévenus, les marchandises frauduleuses ou les moyens de transport n`ont pas été appréhendés sur le champ, de sorte que la manifestation de la vérité nécessite l`ouverture d`une information judiciaire. A contrario, le ministère public qui reçoit la transmission des procès verbaux de saisie, en application des dispositions de l`article 208 précité et qui voit les prévenus déférés par devant lui, met en mouvement la procédure de flagrant délit, s`il estime bien entendu, que toutes les conditions légales sont réunies. Comme dans tout contentieux, les poursuites douanières s`éteignent par la survenance de certains événements.

En ce qui concerne, l`extinction des poursuites douanières : tant l`action publique que l`action fiscale s`éteignent par la prescription et par la transaction. La prescription de l`action en répression des infractions douanières, aux termes de l`article 226 du code des douanes court dans les mOmes délais que l`action publique en matière d`infraction de droit commun à savoir 3 ans pour les délits et une année pour les contraventions. La transaction, privilège de l`administration des

douanes pour régler à l'amiable ses différends avec les personnes poursuivies demeure la voie la plus prisée, elle peut intervenir avant ou après le jugement définitif. Dans le dernier cas, la transaction laisse subsister les peines corporelles à savoir les peines privatives de liberté. La douane ivoirienne a toujours privilégié la transaction dans le dessein de se préserver contre les immixtions malveillantes des autorités judiciaires. Elle n`hésite pas à user de la contrainte pour parvenir à cette fin. La régularité de la contrainte obéit à des conditions de fond et de forme. En ce qui concerne les conditions de fond, l`article 220 du code des douanes qui définit les cas d`emploi de la contrainte, dispose que « Le Directeur Général des Douanes, le Receveur Principal des Douanes et les Chefs de Bureaux peuvent décerner contrainte pour le recouvrement des droits et taxes de toute nature que l`administration des douanes est chargée de percevoir ou de liquider, pour le paiement des droits, amendes et autres sommes dues en cas d`inexécution des engagements contenus dans les acquit-à-caution et soumissions et, d`une manière générale, dans tous les cas où ils sont en mesure d`établir qu`une somme quelconque est due à l`administration des douanes... »

Il résulte de ce texte que la contrainte est décernée principalement dans deux cas ; lorsque l`administration des douanes justifie de l`inexécution des engagements contenus dans les acquit-à-caution et soumissions et lorsqu`elle justifie d`un titre de créance née soit d`une transaction signée librement et sans contrainte, soit des droits et taxes éludés ainsi que des amendes fixée, par une décision de justice.

Il s`en infère donc qu`avant la signature d`un protocole d`accord, aucune contrainte ne saurait être décernée par la douane sans qu`elle ne soit entachée d`irrégularité. Quant aux conditions de forme, les articles 222 et 223 du code des douanes en prévoient deux. Ces articles disposent

en effet, que la contrainte doit à la fois comporter copie du titre qui établit la créance et être visée par le juge.

En conclusion, certes, cette administration des douanes a le mérite de

faire des efforts énormes pour lutter contre la fraude, ce qui fait d`elle un moteur essentiel de l`économie ivoirienne, il reste cependant qu`elle est astreinte à respecter les règles du contentieux douanier. La soumission de l`administration des douanes aux règles du droit douanier constitue un gage de sécurité pour les opérateurs économiques qui ont besoin d`être rassurés sur le fait que le pays dans lequel ils investissent est un Etat de droit respectueux des lois dont il s`est dotées. L`administration

des douanes ivoiriennes doit donc faire cet effort d`appliquer de manière stricte les règles du contentieux douanier afin de mieux relever les défis financiers qui lui sont assignés.

- L'Etat des lieux

Depuis 1999, la Côte d`Ivoire est entrée dans une ère d`instabilité politique et sociale, avec pour conséquence une forte récession économique dont la manifestation la plus évidente est la série de crises à répétition qui se sont enchaînées comme suit :

Crise politique de décembre 1999 qui a aboutit au coup d`état militaire du 24 décembre 1999.

Mutinerie de juillet 2000

Complot du cheval blanc de septembre 2000

Suites électorales d`octobre 2000

Législatives de décembre 2000

Complot de la Mercedes noire de janvier 2001

Crise politico-militaire du 19 septembre 2002 et instauration de couvre-feu

Protestations de Marcoussis / Kléber en janvier 2003

Evénements de mars 2004

Evénements de novembre 2004

Evénements de GUITROZON ;

Evénements d`Agboville et Anyama ;

Attaque du camp de gendarmerie d`Agban ;

Attaque des deux camps militaires d`Akouedo le 2 janvier 2006; Manifestations de protestation contre le groupe de travail international (GTI) du 16 au 19 janvier 2006.

De manière générale, ces crises ont eu un impact négatif sur les performances économiques nationales et de manière plus spécifique sur les entreprises par la favorisation d`entrée de marchandises de contrebande depuis les frontières Centre Nord Ouest (CNO) où l`autorité douanière est presque inexistante mOme si l`on parle de plus en plus d`unité des caisses de l`Etat.

Face à cette situation, certaines institutions en l`occurrence la Chambre de Commerce et d`Industrie de Côte d`Ivoire (CCI-CI) a entrepris un certain nombre d`actions allant de l`organisation de réunions de concertation à la mise en place d`une cellule de crise chargée de recenser les dommages et autres pertes subis du fait des troubles et fraudes qui ont perturbé l`activité économique.

Elle a ainsi pu défendre les intérêts de ses ressortissants tout en assurant leur représentation au sein des instances de concertation.

C`est donc fort de la traduction en actes concrets du droit à représenter les entreprises et à parler en leur nom, conférant à la chambre toute sa légitimité, qu`elle prend position.

Elle répond également à la volonté de l`institution de faire des propositions au gouvernement pour la relance et la restauration de la compétitivité du secteur privé et reposer le problème des entreprises directement ou indirectement victimes des casses, de contrebande, pillages et destructions de biens qui demeurent entier.

- L'Impact de la contrebande en cote d'ivoire

Au niveau du secteur privé : au regard des moyens dégagés et en raison des circonstances qui prévalent, bon nombre d`entreprises n`ont pas eu l`idée ou la possibilité, pour diverses raisons, d`établir un constat des dommages subis dus à la crise et au phénomène de contrebande, les conséquences relevées qui ne sont pas exhaustives sont les suivantes :

580 sinistres recensés depuis 1999 par la chambre de commerce

et d`industrie de Côte d`Ivoire (CCI-CI).

174 cessations d`activités constatées sur une seule année (janvier 2004 à février 2005).

Plus de 30.000 emplois perdus

La chute du chiffre d`affaires moyen des entreprises entre 30% à 50% en 2005.

296.684.150. FCFA de pertes enregistrées dans le secteur du vivrier durant les derniers événements du 16 au 19 janvier 2006. Un préjudice des dommages, toutes crises confondues, estimé à 122.297.232.873.FCFA.

Par ailleurs, cette situation d`instabilité politique de corruption et de contrebande à grande échelle a eu pour conséquences :

La suppression des crédits des fournisseurs étrangers et l`exigence de paiement au comptant ;

La rupture de contrats, l`annulation des marchés et le renchérissement du coOt d`affrètement des navires pour cause de guerre ;

L`impossibilité d`enlever les marchandises dans les délais réglementaires qui entraîne des mises en dépôt et des pénalités et d`autres frais supplémentaires pour les entreprises ;

La difficulté pour les entreprises de faire face aux échéances financières ;

Les départs définitifs ou momentanés de chefs d`entreprises, de mandataires sociaux et fondés de pouvoir rendant difficile le fonctionnement des entreprises ;

La mise en chômage technique et les licenciements de nombreux travailleurs ;

L`exode de famille d`expatriés et l`éclatement des certaines familles ivoiriennes ;

La destruction et la fermeture d`établissements scolaires ; Délocalisation des institutions internationales et représentations diplomatiques.

Au niveau sectoriel : une analyse par filière, permet d`apprécier de manière plus fine la situation. Il est cependant constant que l`arrOt des unités de production, les difficultés d`approvisionnement et de qualité de la matière première, la fraude, la contrebande, le développement du marché informel et de la concurrence déloyale, menacent dangereusement l`existence des secteurs suivants :

Le textile avec des pertes atteignant 20% à 47% de leur chiffre d`affaire et 32% de la valeur ajoutée pour certaines entreprises (cas UNIWAX), en raison de la contrebande et de la fraude.

Le sucre avec des pertes énormes de productions (plus de 19.000 tonnes évaluées à 5 milliards pour SUCRIVOIRE en 2002/2003) du fait de la perturbation de l`activité de production ;

Le bois avec la perte de marchés à l`exportation et une perte de taux d`activité de 40%, -65% d`emploi en 2003 du fait des difficultés de contrebande et d`approvisionnement en grumes

L`hôtellerie avec la chute des taux d`occupation (-75%) du fait du blocage de l`activité touristique en rapport avec la dégradation de l`image du pays ;

Le transport qui a connu une immobilisation des moyens et un accroissement important des délais de 50 à 100% suivant la destination ; cela s`est traduit par une baisse du chiffre d`affaires des acteurs de ce secteur, le cas de la société MTT étant très illustratif avec une chute du chiffre d`affaire de 25% à 50% entre 2001/2002.

Le riz dont le marché est fortement perturbé par l`existence d`un circuit parallèle provenant du nord avec des prix défiant toute concurrence.

La pOche dont l`existence est menacée par l`appauvrissement en ressources halieutiques.

La filière des fruits (ananas, bananes, mangues, papayes) ainsi que celle des vivriers subissent les effets de l`immobilisation des moyens de transport et connaissent de graves problèmes de commercialisation et d`avaries de produits lors de ces crises.

Les pièces de rechange automobile sur lesquelles existe un fort trafic illégal avec les pays limitrophes

Le tabac où la contrebande et la fraude sont des plus développées.

-L'environnement des affaires : il se caractérise par l`insécurité juridique et judiciaire accrue, la remise en cause de la liberté de circulation des biens et des personnes( racket de certaines forces de l`ordre sur les axes routiers), l`absence d`un dispositif administratif minima pouvant permettre aux entreprises de se développer dans les zones assiégées, la perturbation des circuits de distribution et les hausses consécutives des prix, l`assèchement des crédits bancaires et

l`arrOt des projets sur financements extérieurs. En Côte d`Ivoire, le coût du loyer est très élevé (de 2 à 3 points de plus que celui des autres pays de l`Union Economique Monétaire de l`Ouest Afrique (UEMOA). Comment pourrait-on attendre encore de ces entreprises qu`elles soient compétitives quand l`environnement de fraude généralisée dans lequel elles évoluent, constitue en lui-même un obstacle à leur développement ? L`un des éléments de cet environnement qui paraît des plus préoccupants, demeure la question de l`atteinte à l`intégrité territoriale et du bien-être des populations soucieuses de plus en plus de leur survie. Ce qui a engendré la séparation et la création de deux économies, le développement de l`informel et d`un marché de produits non soumis aux droits et taxes de l`UEMOA, auxquels s`ajoute l`érection de barrages intempestifs qui ont amplifié le phénomène du racket, symbole parfaitement achevé de la déliquescence morale de la société ivoirienne. Le racket affecte non seulement la fluidité des échanges, mais également la trésorerie des entreprises obligées de s`acquitter de sommes non négligeables, pour éviter que la perte de temps sur les trajets n`affecte la qualité des produits transportés.

Le racket est également présent au sein de nos administrations où la gratuité du service public n`a plus cours, conférant ainsi à certains agents des privilèges dont ils n`entendent pas se départir.

Sinon comment comprendre que les instruments juridiques, administratifs, institutionnels élaborés par l`Etat de Côte-d`Ivoire soient si peu ou mal appliqués et occasionnent la multiplicité des opérations et des procédures qui s`apparentent à un véritable parcours du combattant ?

L`on pourrait ainsi citer :

Les nombreuses entraves à la création d`entreprise et à l`obtention du registre du commerce et du crédit mobilier,

La multiplicité des points de formalités export,

La complexité des formalités d`importation des marchandises, Le non respect de la convention TRIE...

Pour sortir de la crise, le pays doit être totalement réunifié ; le désarmement doit Otre effectif ; l`élection présidentielle doit se tenir. La diversité des sources de productions primaires et des richesses doivent être plus généralisées. Le pays dispose de toutes les ressources nécessaires au développement d`une agriculture diversifiée. Les filières agricoles sont étendues et sont aussi importantes les unes que les autres même si la filière café-cacao est de loin le plus dominant. Outre ces deux cultures, nous avons le coton, l`hévéa, le palmier à huile, l`anacarde, la banane, l`ananas, etc. Le secteur des mines notamment le fer, le manganèse, l`or, le diamant, etc., et celui de l`énergie (pétrole et gaz) sont aussi importants pour l`économie ivoirienne. Ils constituent des secteurs porteurs dont l`exploitation accrue apportera une valeur ajoutée nette au PIB nominal mais dans ce secteur, il existe une fraude organisée et une mauvaise gestion dénoncée par le rapport 2006 de l`Onu sur la côte d`ivoire. Les richesses du sous-sol et du bassin sédimentaire nous offrent des opportunités qui pourraient servir à développer des activités minières variées. Il nous faut donc poursuivre la diversification et la modernisation du secteur agricole, réhabiliter et relancer le secteur minier et développer le secteur pétrole-gaz. Le secteur des services bénéficie de la main d`uvre qualifiée ; le programme de reconstruction offre des opportunités à la Côte d`Ivoire pour relancer véritablement son économie. L`orientation plus favorable des comportements d`épargne et d`investissement est un autre atout. De

même, le marché national doit être approfondi et le marché sous régional développé. La reconstruction porte sur les infrastructures économiques et les infrastructures de base (école, eau, électricité, santé), la réhabilitation de l`ensemble des édifices publics. Notre foi est renforcée par des exemples historiques tels que le plan Marshall qui fut un plan américain pour aider la reconstruction de l`Europe après la Seconde Guerre mondiale. Les pays européens ont établi un plan de reconstruction. Entre 1947 et 1951, les États-Unis à travers l`Administration de Coopération Économique (ECA) créée à cet effet, ont consacré plus de treize milliards de dollars de l`époque (dont onze milliards en dons) au rétablissement des 16 pays européens. Le montant total de l`aide correspond à 100 milliards de dollars actuels. La Côte d`Ivoire est en train de sortir d`une crise militaro-politique. Sa reconstruction, ainsi que nous l`avions dit tantôt, doit être un facteur important de son redécollage. Aujourd`hui, l`aide extérieure à la Côte d`Ivoire s`inscrit dans le cadre du programme FRPC-FEC et la mise en ~uvre du PPTE. Le PPTE doit Otre pour les Ivoiriens un instrument de redécollage de l`économie nationale. La Côte d`Ivoire entend mettre tout en ~uvre pour atteindre le point d`achèvement afin de bénéficier d`une réduction considérable (80%) de sa dette. Les économies à réaliser du fait de l`annulation de la dette seront affectées prioritairement aux dépenses d`investissement et aux dépenses sociales prévues dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP).

Toutes ces stratégies rigoureusement menées vont progressivement réduire dans une fourchette acceptable le phénomène de contrebande observé aux différentes entrées routières du district d`Abidjan spécifiquement et aux frontières routières de la Côte d`Ivoire en général.

TABLEAU 7: Préjudices déclarés par les entreprises sinistrées
par la contrebande, par la crise et par secteur d'activité

Secteurs
d'activité

Valeur des dégâts crise, puis

contrebande décembre 1999

Valeur des dégâts

crise, puis contreband e juillet 2000

valeur dégâts crise, puis contrebande septembre 2002

Valeur des dégâts crise, puis

contrebande janvier 2003

Valeur des dégâts crise, puis

contrebande novembre

2004

Valeur totale des dégâts toutes crises, toutes

contrebande s confondues

Industrie

2 667 367 00

96 000 000

37 876 346 00

6 750 325

00

12 928 057

57

60 318

095

-

0

 

0

0

 

6

 

576

 

Pourcentage

 

9.93%

 
 
 
 
 
 
 

par

69.95%

 

86.47%

98.20%

 

21.56%

 
 
 

secteur

 

0.16%

 
 
 
 
 
 
 

-

4.42%

 

62.79%

11.19%

 

21.43%

 
 
 

Pourcentage par crise

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Commerce

959 733 000

870 473 000

1 001 367 000

0

 

19 334 617

42

22 166

190

s et distribution

 
 
 
 
 

9

 

429

 

-

25.17%

90.07%

2.28%

 
 
 
 
 
 

Pourcentage

 
 
 
 
 

32.25%

 
 
 

par

4.33%

3.92%

4.52%

 
 
 
 
 
 

secteur

 
 
 
 
 

87.23%

 
 
 

-

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Pourcentage par

crise

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Services

186 254 000

0

4 847 109 000

 
 
 
 
 

-

 
 
 
 
 
 
 
 

Pourcentage par

secteur

4.88%
0.57%

0
0

11.06%
14.91%

 
 
 
 
 

-

 
 
 
 
 
 
 
 

Pourcentage par

crise

 
 
 
 
 
 
 
 

Source : CHAMBRE DE COMMERCE ET D'INDUSTRIE DE CÔTE
D'IVOIRE, (février 2006)

CHAPITRE 8: DISCUSSION ET DIFFICULTES RENCONTREES

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote