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Tontines et développement dans le groupement Bashali Mokoto à  Masisi en RDC

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par Daniel BAHATI BIREGEYA
Université de Goma - Licence en économie 2011
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE GOMA

(UNIGOM)

B.P. 204 GOMA

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

TONTINES ET DEVELOPPEMENT DANS LE GROUPEMENT BASHALI MOKOTO A MASISI

Par : BAHATI BIREGEYA Daniel

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du diplôme de Licence en Sciences Economiques.

Directeur  : Prof. MUTABAZI Augustin

Encadreur : CT. SENZIRA NAHAYO Paul

Année Académique 2010 - 2011

EPIGRAPHE

« La pauvreté, cette gangrène qui mine la société et qui empêche les hommes de s'épanouir, est aussi source de créativité».

Par Yolande LOVI

« L'infrastructure détermine la superstructure ».

Cité par Karl Marx

DEDICACE

A mes parents BIREGEYA Antoine et BANYERE Cécile pour leur appui matériel, moral et spirituel ainsi que les sacrifices consentis afin de baliser mon avenir. 

A mes frères et soeurs : ULIMWENGU Bernardin, TULINABO Innocent, BARAKA Fidèle, YENGA Donatien, YENGA Moïse, BONANE Espérance, NEEMA Angélique et ASIFIWE Henriette pour leur amour fraternel.

BAHATI BIREGEYA Daniel

REMERCIEMENTS

Nous voici aux acquêts de notre second cycle couronné par la rédaction d'un mémoire de licence selon la coutume académique. Vu le devoir moral de reconnaissance, il serait malhonnête de ne pas souligner que le présent travail constitue la symbiose d'une pluie d'efforts fournis par diverses personnes auxquelles s'adressent nos profondes et sincères gratitudes.

De prime abord, nos vives reconnaissances s'adressent au Seigneur Dieu Tout Puissant qui ne cesse d'illuminer nos connaissances par des idées nobles et nous prête son souffle de vie nonobstant nos péchés innombrables.

Ensuite, nos hommages s'adressent aux autorités académiques de l'Université de Goma d'une façon générale et en particulier au Chef de Travaux Paul SENZIRA NAHAYO qui, en dépit de ses multiples occupations a accepté de guider nos pas trébuchants. Nous serions ingrat de passer sous silence les efforts fournis par notre cher assistant Serge SONGOLO.

Nos compliments et remerciements vont tout droit  aux familles BATENDE, KAUNDA KITSA pour leur encadrement physique et moral ; sans oublier mes cousins et cousines : Blaise, Godélive, Benjamin, Anuarite, Amisi, Mbale etc.

Nous remercions ensuite nos amis et connaissances : MUMBERE LYSO Gentil, MUMBERE KATEMBO Bienfait, Bahati MATABARO Pascal, SIMWRAY MUTSORWA Calvin, Franck NDONZA, Eric KANYAMIHIGO, GAHAMANYI NIYONZIMA Thomas, KATUZO BIRINGANINE, SHUHURU SEKABANZA Emmanuel, Joao, KABWE BAHIGA Alain, ainsi que tous nos camarades avec qui nous avons mené une échauffourée intellectuelle de cinq ans.

Enfin, la liste étant longue et l'oublie étant impérieuse, nous ne pourrons pas aller vers le terme de ce paragraphe sans remercier tous ceux qui, de près ou de loin nous ont aidé tout au long de notre parcours académique

0. INTR0DUCTION

0.1 Problématique

Tout le monde s'accorde à dénoncer l'insuffisance de la formation du capital dans les pays en développement. Les Nations Unies en 1951, Arthur Lewis en 1955, relèvent que le taux de formation brut du capital fixe est inférieur à 5% du PNB dans les pays non développés alors qu'il est plus de 10% dans les pays développés. Or, pour croître, il faut investir, pour investir, épargner, il faut disposer d'un revenu qui est au-delà des besoins fondamentaux. Les pays pauvres risquent donc de se trouver coincés dans la trappe de pauvreté (Leibenstein, 1957) : le revenu est très faible pour permettre la formation d'une épargne suffisance afin de réaliser les investissements nécessaires à la productivité du travail et à l'élévation du revenu.1(*)

Si la croissance économique a besoin de l'épargne pour alimenter les investissements, certains experts et observateurs estiment que l'épargne interne des pays en développement est insuffisante. Sous forme d'investissement international, l'épargne mondiale répugne aux pays africains en raison des législations fiscales et comptables inappropriées. En dépit de ce scepticisme, le succès des tontines a fait croire que ces structures peuvent remplacer les banques et les sociétés d'assurance dans le système financier africain.2(*)

Traditionnellement, les investissements du secteur agricole, pourtant stratégique, n'ont jamais été proportionnels à l'importance et à la place de ce secteur dans l'économie nationale. Les tranches de budget de l'Etat à celui-ci ont toujours été très faibles.3(*)

Paradoxalement, alors que la RDC dispose d'un énorme potentiel de ressources agricoles, forestières et minières, le pays compte parmi les plus pauvres du monde. Mauvaise gestion économique, graves déficiences des moyens de communication et détournement de la richesse nationale par une minorité politique, sont les faits marquants de cette navrante évolution économique.4(*)

L'une des contraintes au redémarrage de celui ci est l'absence de mécanismes de financement de ses activités. Toutes les tentatives de mise en place des institutions destinées au financement des activités agricoles ont échoué pour plusieurs raisons dont le manque de ressources adaptées aux caractéristiques du secteur, la mauvaise gestion, etc. 5(*)

Les besoins financiers pour assurer la relance du secteur agricole et atteindre les Objectifs de développement pour le Millénaire dans le monde rural sont immenses en RD Congo.6(*)

Comment mobiliser l'épargne au profit du développement rural où près de trois quart de la main d'oeuvre active vit plus ou moins directement du travail de la terre ? Interrogez le planteur d'arachide sénégalais, l'éleveur malien, le maraîcher burkinabé, le caféiculteur camerounais ou ivoirien et le fermier zaïrois : tous vous diront invariablement que l'insuffisance de moyens, surtout financiers, représente un handicap quasi insurmontable dans la réalisation de leurs projets, aussi viables soient-ils. Comment en effet acheter des semences sélectionnées, des engrais, vacciner le bétail ou mettre en valeur le moindre lopin sans un minimum d'argent ?

Inutile de compter sur les circuits classiques d'épargne et de crédit : un peu partout, des faillites retentissantes se sont soldées par de coûteuses restructurations des établissements bancaires, désormais très réticents pour accorder du crédit. Quant à l'usurier du coin, devenu lui aussi très prudent, il ne prête plus qu'au compte-gouttes. Il fallait bien combler ce manque. Les paysans sont donc de plus en plus nombreux à se regrouper dans des associations d'entraide afin de réaliser tel ou tel projet.7(*)

La pauvreté, cette gangrène qui mine la société et qui empêche les hommes de s'épanouir, est aussi source de créativité. En effet, c'est pour sortir de cette situation que l'homme a mis au point la tontine.8(*)

La popularité des tontines parmi les groupes à revenu faible ou intermédiaire montre que les gens aiment épargner, même quand les circonstances sont difficiles.9(*)

La plupart des études rendant compte de la situation du secteur financier traditionnel insistent non seulement sur l'importance et le dynamisme des transactions, mais aussi sur le fait que les agents qui y opèrent répondent assez bien aux besoins individuels, notamment les besoins sociaux à court terme des populations. Ils sont toutefois incapables de satisfaire les besoins des populations sur une large échelle et à un coût raisonnable, et encore moins de prendre en charge les besoins des structures associatives, coopératives et mutualistes. Il est cependant important de souligner que l'on assiste actuellement à une certaine recomposition de la finance informelle et à l'émergence de nouveaux circuits à partir des systèmes des tontines.10(*)

Cette forme traditionnelle d'épargne et de crédit semble particulièrement bien adaptée au monde rural, estime un économiste statisticien camerounais, M. Moïse Nzemen, dans la mesure où «les paysans mieux organisés, peuvent tirer avantage des formes traditionnelles de solidarité pour réunir et mobiliser des ressources (financières ou autres) nécessaires au financement du développement ».11(*)

Longtemps ignorées, les pratiques tontinières existaient pourtant depuis des décennies, et elles constituent un réservoir important d'épargne dans les pays en développement.12(*)

La crise du secteur bancaire au Congo, et plus spécialement celle des organismes de crédit publics, est désormais ouverte. La crise des institutions occulte celle, plus grave, du crédit rural, base des économies africaines. Au-delà de la réhabilitation de l'identité des banques de développement et des caisses de crédit agricole, il semble nécessaire de chercher d'autres voies et moyens pour financer les activités agricoles et para agricoles au Nord Kivu en général et dans le groupement Bashali Mokoto en particulier.

Le constat est amer : l'agriculture n'est plus qu'une activité de subsistance ; la production insuffisante ne pouvant nourrir l'ensemble de la population. Les besoins alimentaires du pays sont donc en grande partie couverts par des importations de maïs, riz, blé, sucre, volaille, poisson, viande et autres denrées.13(*)

Rappelons que l'agriculture ne constitue qu'un secteur d'activité parmi tant d'autres mais c'est un secteur spécifique. Tout d'abord, dans un pays se trouvant dans sa première phase de son développement, elle emploie beaucoup plus de gens que dans d'autres secteurs d'activités. La majorité des pays en développement les plus démunis, Chine et Inde inclus, comprennent 60 à 70% dans le secteur agricole.

Pour survivre, l'humanité peut se passer d'acier, d'électricité mais pas de nourriture. L'agriculture est le seul secteur à produire de l'alimentation.14(*)

La lutte contre la pauvreté, l'emploi, la distribution et l'accès aux services sociaux de base s'impose progressivement comme des objectifs de plein droit devant être poursuivi directement. Le monde agricole est perçu comme le lieu du combat contre la pauvreté.15(*)

Le manque d'accès au crédit pénalise particulièrement les paysans et les habitants des campagnes. Face à la crise du système bancaire moderne réapparaissent des associations d'épargne traditionnelle comme la «  tontine », cagnotte attribuée périodiquement à un bénéficiaire, généralement tiré au sort.

Le métier du tontinier ou « banquier ambulant » connaît une mutation sans précédant. Celle-ci se traduit par le primat du financement sur la fonction collective jadis dominante chez les tontiniers. 16(*)

La province du Nord Kivu en général, et le groupement de Bashali Mokoto à Masisi en particulier qui constitue notre champ d'investigation, n'est pas exclu du manque endémique d'accès aux services financiers modernes afin de répondre aux différentes exigences de production (facteurs de production).

A ce titre, souligne minutieusement l'inspection provinciale de développement rural du Nord Kivu dans son article traitant les contraintes liées au développement agricole et rural que l'une de celles ci est l'accès difficile aux services financiers.17(*)

Partant de ce qui précède, nous nous proposons d'aborder les questions suivantes :

· Vu l'accès difficile aux services financiers, vu la quasi absence du crédit au monde rural, comment la présence des tontines mutuelles permet-elle de promouvoir les paysans du groupement de Bashali Mokoto?

· Quelle est la tranche de la part de levée affectée à l'agriculture?

De manière provisoire, nous répondons en ces termes :

ü La présence des tontines mutuelles permet de promouvoir les paysans du groupement de Bashali Mokoto par le biais d'acquisition des nouvelles terres arables pour la création et l'extension des cultures et l'achat des petits matériels agricoles et ce ; en fonction de l'objectif fixé.

ü Cette part serait inférieur à 50% et proportionnelle à la levée.

0.2 Etat de la question

Dans son ouvrage intitulé « L'entrepreneur informel africain et le concept de gestion éco-social » Emile Michel HERNANDEZ reconnait que l'informel en général et la tontine en particulier constitue une réponse de survie. Il semble correspondre assez bien aux valeurs socioculturelles africaines.

Jean Marie Nzekoue de sa part, signale dans son article sur « Tontines : tous pour un » que dans les pays francophones, un Africain sur trois est membre d'une tontine. Est-ce que cette épargne spontanée servait au développement rural ? D'abord, les uns l'utiliseront à payer funérailles ou baptême. Ensuite, certains paieront la scolarité de leurs enfants. D'autres enfin en profiteront pour investir dans une activité qu'ils jugent rentable.

En outre, Hugues SEUMO remarque également dans son article sur : « La tontine africaine, un modèle de résolution des problèmes ? », paru Dimanche le 22 Mars 2009 à 00:39:14 que celles-ci, en Grosso Modo, représentent une pratique informelle d'épargne et de crédit. Elles permettent de combler des difficultés rencontrées par des membres et dont les institutions bancaires ne peuvent pas car, les critères d'adhésions ne sont pas stricts. Chacun s'inscrit dans une tontine en fonction de son revenu.

Bas-Congo : Tontine, secours de seconde main pour des travailleurs. Posté par Robert Kayama, le 28 janvier 2010, ce dernier se résume en ces termes : « Je ne saurai pas vous décrire ici toute la littérature de la tontine chez nous. Mais, qu'il vous plaise aux uns et aux autres de causer avec les aînés et ils nous apprendront que la tontine est l'unique, et peut-être, la seule voie qui peut nous conduire vers le changement de nos conditions de misère totale que les politiciens nous obligent de garder et ne rien faire. Pour subvenir à leurs besoins, des travailleurs au Bas Congo au sud-ouest de Kinshasa s'adonnent à la tontine. Ce qu'on appelle désormais le développement, c'est une invention de ce genre de pratiques. Les tontiniers sont des véritables moteurs de notre économie provinciale. Il faillait les encadrer mais avec quel administration ? Celle où l'impunité ouvre des portes à des KULUNA toutes catégories confondues ? Comme le dit Ndeko Lukau Tshang, la mentalité. Que fait-on avec l'argent ainsi obtenu ? Les uns achètent des terrains pour devenir propriétaires, les autres dans les commerces et les autres encore dans le financement des études et autres ».

TOMBOLA MARHEGANE Jean Bosco, dans son mémoire titré : « Crise de liquidité et développement du secteur financier informel dans la ville de Goma, cas des tontines », souligne le rôle non négligence de ces dernières dans un processus de développement. 71% de ses enquêtés ont estimé que la tontine est efficace du fait qu'elle est proche de ses membres qui se connaissent bien. A cet effet, la pression sociale les amène à investir les fonds vers des activités rémunératrices. Ainsi, les fonds reçu d'une tontine constitue plus à une dotation en captal qu'à un crédit à la consommation.

0.3 Objectif du travail

Tout travail scientifique poursuit toujours un objectif noble et précis. Le notre n'est pas exclu de cette configuration générale. A cet effet, notre objectif étant d'analyser les effets des tontines sur le développement du monde rural en général et au groupement de Bashali Mokoto en particulier, notre devoir est de souligner les impacts de celles-ci sur le développement agricole de ce groupement.

0.4 Choix et intérêt du sujet

Le choix de ce sujet n'est pas hasardeux. Il a été stimulé par les effets socio-économiques produits par les tontines dans les ménages pauvres ou intermédiaires en général et ceux du groupement de Bashali Mokoto en particulier.

A cet effet, notre souci à ce sujet n'est pas qualifié dérisoire ; il s'apprécie sous différents cadres que nous essayerons de passer en revue.

0.5 Méthodologie du travail

Pour produire un travail véritablement scientifique et efficace, toute recherche exige une certaine méthodologie, une opération intellectuelle de traitement des données relatives à une réalité sociale étudiée en fonction d'un objectif précis.

C'est ainsi que dans notre étude s'est réalisée sous la houlette des différentes méthodes et techniques. D'une part, les techniques suivantes ont été utilisées :

· Technique documentaire : par le bais de celle-ci, nous avons pu réviser la littérature tontinière. Elle nous a ainsi été utile dans la conception de notre cadre théorique. En outre, elle nous a permis de recueillir certaines données sur le territoire de Masisi en général et sur le groupement de Bashali Mokoto en particulier ;

· Technique d'interview : elle nous a également facilité à constituer le cadre théorique ainsi que les données relatives à notre milieu d'étude ;

· Le questionnaire d'enquête : celui-ci nous a permis de recueillir les données nécessaires à l'analyse des nos hypothèses de recherche.

De l'autre part, les méthodes ci après ont été utilisées :

ü La statistique descriptive: elle nous a permis de calculer certains pourcentages et fréquences de nos données ;

ü La statistique inférentielle : elle nous également été utile, d'une façon générale, lors de l'analyse des données recueillies auprès des tontiniers de Bashali Mokoto et ce, par le biais du progiciel SPSS. En outre, grâce à l'induction, nous avons généralisé les données relatives à 190 tontiniers que la boule de neige nous a permis d'atteindre sur l'ensemble notre population d'étude de ce groupement.

0.6 Délimitation du sujet

Sur le plan spatial, notre étude porte sur le groupement de Bashali Mokoto du territoire de Masisi. Du point de vu temporel, il s'agit d'une étude instantanée.

0.7 Canevas de présentation

Le canevas de notre travail porte sur trois principaux chapitres. D'abord, le premier retrace le cadre théorique de l'étude. Ensuite, le deuxième se dissèque autour de la présentation du milieu d'étude et enfin, le troisième, constituant l'essentiel de notre étude, donne la quintessence des tontines et leurs impacts sur le développement du groupement de Bashali Mokoto.

O.8 Difficultés rencontrées

L'homme se mesure devant l'obstacle, ont dit nos aïeux. Tout travail scientifique ne peut se réaliser aisément. Pour atteindre le terme de ce travail, nous avons connu plusieurs difficultés, entre autres :

· La réticence des tontiniers à nous donner toutes les données nécessaires à la bonne réalisation de notre étude ;

· Les contraintes budgétaires, surtout que nous étions souvent obligés de faire des kilomètres à pieds pour atteindre notre population d'étude (les tontiniers) ;

· La carence documentaire dans notre bibliothèque qui nous obligé à nous abonner ça et là, pour avoir les informations pertinentes.

Chapitre premier :

APERCU GENERAL DU ROLE DES TONTINES DANS LE DEVELOPPEMENT RURAL

Toute recherche scientifique se focalise toujours sur une base théorie afin de mener une analyse dans un milieu donné. A cet effet, ce chapitre constitue le fondement de notre étude. Pour ce faire, nous passerons en revue, d'une part, les généralités sur les pratiques tontinières et de l'autre part, brosserons succinctement le rôle de celles-ci dans le développement rural.

I.1 Généralités

I.1.1 Définitions des concepts clés

I.1.1.1 La tontine

La tontine est une association de personnes qui, unies par des liens familiaux, d'amitiés, de profession, de clan ou de région, se retrouvent à des périodes d'intervalles plus ou moins variables afin de mettre en commun leur épargne en vue de la solution des problèmes particuliers ou collectifs.

Cette définition est proche de celle donnée par BOUMAN (1977) qui explique que « les tontines sont des associations regroupant des membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services au bénéfice de tous les membres et ce, à tour de rôle ». 18(*)

Selon la définition du petit Robert, en Afrique, la tontine est  une «Association de personnes versant régulièrement de l'argent à une caisse commune dont le montant est remis à tour de rôle à chaque membre» 19(*)

La forme la plus élémentaire de la tontine consiste en une formule mixte d'épargne et de crédit qui fonctionne comme suit : les participants versent régulièrement des cotisations de montant fixe à un fonds commun qui est distribué tour à tour à chacun des membres, désigné en général par tirage au sort. Quand chaque membre a reçu le fonds une fois, le cycle doit normalement recommencer. Il faut noter que le premier membre à recevoir le fonds bénéficie d'un prêt sans intérêt, tandis que le dernier à le recevoir épargne tout au long du cycle sans être rémunéré (voire même un taux d'intérêt négatif si l'inflation est forte) pour toucher à la fin le même montant qu'il aurait accumulé en épargnant régulièrement à titre individuel. Les autres membres se trouvent, selon leur rang d'accès au fonds, en position de débiteur ou de créditeur. Leur participation leur permet néanmoins de bénéficier de la somme totale plutôt que s'ils avaient épargné par eux-mêmes. 20(*)

Les tontines existent presque partout en Afrique sous divers autres noms. On les rencontre sous des noms très proches dans d'autres continents. Au Sri Lanka, par exemple, on les appelle « cheetu », « chittfunds » en Inde, adjolu au Bénin, Sosiyete ou Ikinina au Rwanda, Likelemba ou ristourne en RDC. Elles existaient depuis le IXe siècle en Chine sous des formes relativement sophistiquées, avec enchères (neibiao).21(*)

I.1.1.2 Le développement rural

Le développement rural est une stratégie élaborée en vue d'améliorer la vie sociale et économique d'un groupe spécifique de personnes : les populations rurales pauvres. Il implique d'offrir les bienfaits du développement aux plus pauvres de ceux qui cherchent des moyens d'existence dans les zones rurales. Ce groupe comprend les petits exploitants agricoles, les métayers et les « sans terre ». (World Bank, 1975, p3).22(*)

Le développement rural est un terme concernant toutes les activités qui accroissent le bien être des populations rurales, notamment la satisfaction des impératifs vitaux : l'alimentation par exemple, et le développement par des programmes d'éducation et de nutrition du potentiel humain à la campagne.23(*)

Le développement rural peut être redéfini de façon à inclure l'objectif de donner aux populations rurales pauvres (hommes et femmes) la possibilité d'exister et de contrôler une plus grande part des avantages du développement.24(*)

I.1.2 Origine des tontines

Les tontines existaient bien avant l'introduction de la monnaie dans l'économie. Elles plongent leurs racines dans l'histoire lointaine des peuples concernés. En France aussi, autrefois, les paysans avaient l'habitude de travailler ensemble dans le champ de chacun à tour de rôle, ou de réparer ensemble le toit des maisons, l'une après l'autre.25(*)

Auteur d'un récent ouvrage, intitulé « Tontine et développement », M. Nzemen démontre que la culture financière est ancrée dans la mentalité de l'Africain. Face aux aléas de toutes sortes, la première réaction est venue du monde rural. Le grenier, sorte d'épargne récolte, est l'ancêtre des tontines actuelles de solidarité.26(*)

Bien que l'origine du terme « tontine » renvoie à une forme d'épargne localisée en Italie, en réalité cette forme d'entraide a été découverte dans d'autres pays d'Europe, d'Amérique Latine, surtout en Asie (Japon, Chine et diaspora chinoise, Corée, Indonésie etc.) et d'Afrique (Bénin, Cameroun).27(*)

Les pays africains de leur coté faisaient de même. En effet, les Africains, eux aussi, se sont depuis longtemps groupés pour travailler ensemble successivement dans le champ de chacun d'eux ou construire chaque maison l'une après l'autre dans le village. Ils constituaient de cette façon une tontine de travail qui pouvait servir par exemple à creuser les tombes, ou alors une tontine en nature pour acheter des tuiles ou organiser une fête. Ce n'est que plus récemment, quand la monnaie a commencé à circuler, qu'ils ont constitué des tontines d'argent.

Il n'y a que peu de temps que des écrits mentionnant l'existence de tontines en Afrique sont apparus. En 1952, W.R. Bascom parle de l'Esusu au Nigeria et dans les pays voisins où il est pratiqué couramment par les musulmans yorubas.

Selon Ardener, l'Esusu serait apparu en réalité vers le milieu du 19ème siècle.

Puis, au cours des années suivantes, de plus en plus d'informations sur ce type de pratique vont permettre de mieux connaitre les mécanismes tontiniers, et de s'apercevoir que les tontines existent en fait dans de très nombreux pays d'Afrique.

Ce sont les pays d'Afrique de l'ouest qui feront d'abord l'objet d'études sur les tontines, et en particuliers le Nigeria, la Sierra Leone où il semble que le phénomène soit très ancien.

La littérature sur les autres pays d'Afrique de l'ouest rapporte que c'est aux alentours de la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle que les tontines ont fait leur apparition. Les tontines semblent être beaucoup plus récentes en Afrique de l'est.

Contrairement à l'Afrique, les choses sont nettement plus anciennes en Asie. Au Japon, par exemple, l'apparition des premières tontines « avec argent » daterait de 1275, et en Corée, le « Kye » serait peut être apparu dès le neuvième siècle.

Certains auteurs, spécialisés dans l'étude des tontines asiatiques, pensent qu'elles sont apparues dès le 2è siècle après Jésus Christ. L'hypothèse qui parait la plus vraisemblable à leurs yeux est que les tontines de crédit, qui étaient en réalité des sociétés d'entraide, doivent leur origine à l'influence bouddhique et au rôle joué par les monastères. Les mujins auraient alors pris leur essor à la fin du VIIème siècle.

La tontine est également apparue très tôt dans d'autres pays d'Asie. Par exemple, un contrat du quatorzième siècle fait état d'une telle pratique au Japon où on la trouve sous l'appellation de Kou. Ces tontines existaient déjà dans ce pays un siècle plus tôt dès 1275. On aurait même retrouvé cette appellation dans des textes datant de 606. Malheureusement, on ne dispose que de très peu d'informations sur l'origine des tontines dans les autres pays asiatiques.

Le mot vient d'un financier italien prénommé Lorenzo Tonti qui avait convaincu Mazarin, vers 1650, d'utiliser une nouvelle formule d'emprunt pour renflouer les caisses de l'Etat. Aux tontines publiques ont succédé des tontines privées qui permettaient de préparer sa retraite ou de s'assurer sur la vie. Il est plutôt étonnant de retrouver cette expression française utilisée dans tous les pays. On la rencontre même dans le Chitt Funds Act promulgué à Singapour en 1971 qui s'y réfère expressément.

Selon T. Pairault (1990), le terme semble avoir été utilisé pour la première fois par un juriste français dans un ouvrage publié à Saigon en 1905, l'année même où une nouvelle loi sur les tontines est promulguée en métropole ; cet événement explique cela!

Les tribunaux d'Indochine ont ensuite à plusieurs reprises utilisé la formule, les commentateurs d'arrêts l'ont expliquée, et les juristes ont fini par se rendre compte que dans les pays voisins ces pratiques étaient les mêmes, et donc une appellation commune serait beaucoup plus simple. Cette explication laisse cependant sans réponse la question de savoir comment l'expression est passée du continent asiatique au continent africain. 28(*)

I.1.3 Les diverses formes et caractéristiques des tontines

I.1.3.1 Les diverses formes

Il existe plusieurs types de tontines, chacune d'entre-elles étant, dans sa composition, à dominance professionnelle ou géographique. Les tontines professionnelles ou socioprofessionnelles sont les tontines de cadres, de fonctionnaires, d'agriculteurs, d'artisans, de commerçants, d'entreprises...

Les tontines géographiques sont les tontines de quartiers, de villages, des Africains en France, de l'élite en R.C.A. ...

On peut distinguer trois types principaux de tontines: les tontines mutuelles, les tontines commerciales, et enfin les tontines financières.

I.1.3.1.1 Les tontines mutuelles

Ces tontines sont les plus répandues. Elles reposent sur la solidarité entre membres qui se connaissent bien. Les tontines mutuelles peuvent être définies comme des fonds d'épargne rotative où les levées bénéficient à chacun des sociétaires selon un ordre préétabli, mais révisable. Chacun peut prêter et emprunter et remplacer une créance par une dette. Ces créances et dettes ont plusieurs caractéristiques particulières:

· Elles ne sont assorties d'aucun intérêt. En effet, les créances ne rapportent rien, et les dettes ne coûtent rien non plus. Ainsi, l'épargne et le crédit sont gratuits ;

· Il n'y a pas d'intermédiaire. Tous les adhérents ont certes des créances et des dettes, mais ils les ont les uns envers les autres du fait que la tontine ne dispose pas d'une personnalité juridique propre ;

· Les créances et les dettes se compensent parfaitement tout au long du cycle et s'annulent au dernier tour. L'accumulation n'est ici que temporaire.

I.1.3.1.2 Les tontines commerciales

Dans cette forme de tontine, les fonds sont collectés par un tiers qui a pris l'initiative de la création du groupe et qui joue le rôle de banquier, prélevant une commission pour le service qu'il rend d'ajuster au mieux l'épargne collectée et les prêts déboursés.

Dans cette forme de tontine, on peut également parler de créances et de dettes. En effet, la créance du client augmente au fur et à mesure qu'il dépose son épargne chez le tontinier, qui lui, à l'inverse voit sa dette augmenter d'autant. La créance des clients et la dette du tontinier sont la contrepartie l'une de l'autre: elles progressent à chaque versement et diminuent lors du remboursement. Les caractéristiques de ces créances et de ces dettes sont les suivantes :

· Elles s'accompagnent, contrairement à celles des tontines mutuelles, d'un intérêt. Mais cet intérêt est négatif puisque c'est le client qui le paye pour que son argent soit en sécurité. En général, il est de 3% ;

· Il n'y a toujours pas d'intermédiaire. Le tontinier ne prête pas aux uns ce qu'il a reçu des autres, mais il y a un agent avec lequel tous les clients sont en relations, et sur lequel ils ont tous une créance juridiquement identifiée. Cette créance est d'ailleurs matérialisée par la carte émise au nom du tontinier qui l'a remise à chaque client et dont il coche une case à chaque versement. Elle est un titre de créance dont la validité a déjà été reconnue en justice. Si le client la perd, le tontinier peut refuser de le rembourser....mais il a plutôt intérêt à garder la confiance de ses clients ;

· La dette du tontinier et la créance de ses clients progressent parallèlement jusqu'au remboursement. Ici également, l'accumulation est temporaire, mais elle est régulière car les versements s'échelonnent selon un échéancier prévu d'avance. Ainsi, la détermination de la valeur de ces créances et de ces dettes est plus facile car très souvent, les clients qui viennent d'être remboursés reprennent aussitôt leurs versements.

I.1.3.1.3 Les tontines financières

Contrairement aux tontines commerciales, où l'on cherche au maximum à récupérer l'argent déposé, les dépôts effectués ici par l'ensemble des adhérents sont mis aux enchères selon des modalités statutairement définies.

Le participant le plus offrant paie donc un intérêt pour emprunter l'argent de la tontine. Le taux diminue à mesure que les tours se succèdent puisque les candidats sont de moins en moins nombreux et que la durée restant à courir est de plus en plus courte. Le produit de ces enchères est ensuite reparti entre les participants qui, quelle que soit leur propre enchère, se trouvent rémunérés de leurs propres versements. L'intérêt est négatif pour ceux qui ont besoin d'emprunter rapidement, et positif pour ceux qui ont pu attendre.

L'intérêt n'est pas le prix d'équilibre de l'offre et de la demande de liquidité à un moment donné, il résulte de l'étalement pendant le cycle des besoins de chacun.

Pour clore, soulignons que la part de cotisation varie d'une tontine à une autre en fonction du niveau des revenus des membres et des objectifs qu'ils visent.29(*)

En outre, les divers systèmes des tontines qui peuvent exister se distinguent les uns des autres par les conditions d'adhésion, le nombre des membres, le montant d'adhésion et la périodicité des contributions, le mode de gestion, l'emploi des fonds, le mode de remboursement des prêts etc.30(*)

Remarques sur les différentes formes de tontines:

Les tontines, au-delà d'être un moyen d'épargner ensemble et de bénéficier à tour de rôle de tout ou partie de cette épargne, peuvent complémentairement ou principalement jouer un rôle social. Elles sont une forme d'entraide, notamment en cas d'hospitalisation ou de décès.

Les intérêts perçus sur les enchères peuvent alimenter cette « section sociale » ou cette dernière peut aussi faire l'objet d'une cotisation particulière. Certains considèrent que le rôle des tontines est celui d'une « espèce de sécurité sociale à l'africaine ». 31(*)

I.1.3.2 Caractéristiques

Les tontines se caractérisent par :

· Des relations personnelles très étroites entre les membres ;

· Leurs mécanismes sont d'une réelle originalité et d'une grande souplesse ;

· Elles sont populaires et autogérées par les intéressés ;

· Elles assurent une fonction financière sans l'aide des banques et des services techniques ;

· Elles rassemblent l'épargne sous forme de cotisations, et permettent à leurs membres de faire des économies afin de faire face à des dépenses importantes en cas de deuil, de maladie ou pour investir.32(*)

I.1.4 Fonctionnement et activités

Le principe de la tontine est celui d'un échange circulaire et égalitaire d'un bien ou service entre un groupe de personnes qui partagent le plus souvent les mêmes ambitions.

Le principe des tontines est simple: un groupe d'amis ou de proches décident de se réunir régulièrement pour mettre leur épargne en commun. Chacun cotise une somme fixe, déterminée à l'avance: par exemple, 10 personnes donnent 1000 euros. A chaque rencontre, il y en a autant que de membres dans la tontine et une seule personne empoche l'intégralité de la cagnotte, soit 1000 euros. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tous les adhérents aient «bouffé la tontine».33(*)

Le « tour » échoit au moment où un membre bénéficie des cotisations versées par l'ensemble des membres de son association. L'ensemble des « tours » constitue un « cycle ». Celui ci correspond à la rotation complète des tours.

La durée du cycle ne s'exprime donc ni en semaines ; ni en mois ; ni en années, mais elle est égale au produit du nombre des membres par la périodicité des tours. Les membres d'une tontine s'engagent à toute la durée du cycle. Entre deux cycles, ils peuvent sortir librement et les nouveaux adhérents peuvent entrer. Les modalités d'attribution des tours sont déterminées soit par la désignation du dirigeant de la tontine, soit par tirage au sort, soit par vente aux enchères (procédure souvent complexe), ou encore suivant l'urgence des besoins de l'un des membres.34(*)

Les performances des tontines en matière de remboursement ne sont pas assuré par des garanties formelles, mais résultent de la pression sociale et sont généralement bonnes. En effet, leur mode de fonctionnement parait adapté à l'environnement culturel africain dans la mesure où la tontine constitue une obligation de solidarité inter temporelle.35(*)

Quand aux activités, la tontine peut avoir quatre principales fonctions :

· La fonction mutuelle qui permet à ses membres de faire face aux dépenses importantes imprévues (maladies ou deuil), de couvrir des besoins financiers et d'accorder une assistance morale à des personnes en difficultés, ou encore d'organiser une fête, un mariage, une naissance,...

· La fonction d'épargne : dans ce cas, la tontine occupe la fonction d'une caisse d'épargne ou d'une banque ;

· La fonction crédit pour les membres ou les non membres. La tontine se transforme alors en banque, et prête l'argent à des taux préférentiels à se membres ;

· La fonction d'investissement : la tontine investit généralement dans le domaine social. Au Cameroun par exemple, une tontine a un foyer qu'elle loue pour les fêtes et les mariages. D'autres ont acheté des caisses, de l'équipement pour les cérémonies, un taxi bus ou un véhicule pour les liaisons entre leurs régions d'origine et capitales, un petit magasin d'alimentation, une quincaillerie et même un corbillard.36(*)

I.1.5 Organisation, remboursement des prêts et adhésion des membres aux tontines

Du point de vue organisation, comme dans toute association, on trouve un président, des vices présidents, des secrétaires, des trésoriers, des commissaires aux comptes, un censeur pour le maintien de la discipline, des conseillers, voire d'autres spécialistes selon le cas. Comme la tontine n'a pas de caractère juridique, elle n'a pas d'enregistrement légal et fait donc partie des associations informelles.37(*)

Pour corroborer ce qui vient d'être évoqué en amont relativement au recouvrement des créances, on peut se demander pourquoi la finance informelle réussit alors que le système bancaire africain connaît tant des difficultés et a dans ses comptes autant des créances irrécouvrables. Là encore, l'explication est sociale. Si le débiteur d'une banque se sent peu concerné par sa dette et omet si souvent de remplir son obligation de remboursement, le lien de confiance et la pression sociale sont suffisamment forts pour assurer le respect des engagements financiers informels. La force des liens sociaux, la personnalisation des relations diminuent le coût implicite des fonds prêtés en réduisant le risque de non remboursement. 38(*)

Concernant l'adhésion des membres aux tontines, elle est guidée par trois critères :

· La liquidité : on voit, on touche, on sent l'argent à chaque séance ;

· La solidarité (un seul bras n'attache pas un fagot de bois) : on peut aller jusqu'à passer son tour en faveur de quelqu'un d'autre qui a un besoin urgent.

· La régularité : chaque jour, chaque semaine, chaque mois, les membres de la tontine se réunissent. L'assiduité aux séances est signe de l'attachement aux objectifs du groupe et la garantie de la parole donnée. Aucun prétexte ne peut justifier une irrégularité dans les versements des cotisations.

En définitif, «Quand tu échoues la tontine, tu deviens indésirables dans le groupe. Tu peux être discrédité et exclu de ton association », raconte Malamba T, sociologue congolais en Belgique.39(*)

I.1.6 Statut, faiblesses des tontines et nécessité du droit

I.1.6.1 Statut et faiblesses des tontines

En favorisant le développement des pratiques tontinières, le marasme financier qui a suivi la crise économique des années 1990 en a également dévoilé les faiblesses des fondements juridiques. 40(*)

Selon R.Noumen, la capacité de prêt a également une marge très retreinte. L'offre de crédit est donc inélastique alors que la demande est élevée, d'où surenchère.

En Afrique, les tontines ne sont pas encore reconnues légalement. Cependant, on peut observer quelques modifications allant dans ce sens. Par exemple, dans la zone de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine, une loi sur les institutions mutualistes ou coopératives d'épargne et de crédit est en cours d'adoption devant les parlements nationaux. Cette loi vise plutôt le secteur semi formel, mais pourrait servir de tremplin aux tontines pour solliciter leur reconnaissance auprès des autorités. 41(*)

Bien plus, les limites et contraintes des tontines mettent évidence le système tontines quand à leur rôle possible de financement du développement. Celui-ci doit être recherché à partir d'une approche « locale » du développement : ensemble des projets individuels et collectifs s'inscrivant dans une réalité spatiale, humaine, économique, articulée sur l'extérieur, mais laquelle les individus se connaissent et sont prêt à investir.42(*)

I.1.6.2 Nécessité du droit : processus de bancarisation des tontines

Les différents travaux sur les tontines (Nzemen 1988,1993 ; Pairault 1990 ; Henri 1991) insistent sur la logique de la confiance comme principal substrat sur lequel se bâtissent ces pratiques. Mais les tontines font beaucoup plus que s'appuyer sur la confiance, elles sont des lieux privilégiés où l'on peut en toute quiétude s'en remettre aux autres. Elles sont un des foyers où la confiance se crée et se fortifie. Cette confiance est fondée sur une connaissance mutuelle concrète des acteurs, vertu cardinale qui manque le plus aux banques et au système financier institutionnel.

Mais les défaillances de plus en plus fréquentes des membres dans un contexte de crise, d'appauvrissement et d'exclusion constituent une source de difficultés en chaîne qui effrite dangereusement l'étoffe de la confiance qui constitue l'essence de la tontine. Ceci contribue à en fragiliser les fondements. La détérioration des relations interpersonnelles peut avoir des répercussions néfastes sur le fonctionnement du groupe, surtout si les protagonistes occupent des positions stratégiques dans l'organigramme de la structure (président et trésorier par exemple). Quelquefois les problèmes nés entre les membres, en dehors de l'association, peuvent nuire à la solidité du système et à la cohésion du groupe dans la mesure où les rapports sociaux débouchent presque toujours sur la constitution de réseaux clientélistes.

Il s'en suit alors la division du groupe en fractions rivales et antagonistes qui peut aboutir à la dislocation pure et simple avec les conséquences incalculables. Au sein des nombreux groupes, la fiabilité et l'efficacité de la pratique tontinière dépend du trésorier qui très souvent détient en devers lui d'importantes sommes d'argent, quand bien même l'association serait titulaire d'un compte bancaire. Il arrive très souvent que l'individu qui occupe cette fonction abuse de la confiance mise en lui et disparaisse avec la Caisse ou distraie des sommes importantes au moment de la redistribution à échéance des épargnes dans les diverses caisses.

Le deuxième niveau où la question de la confiance dans la tontine pose problème est institutionnel et concerne l'attitude de l'Etat à l'égard des tontines et, partant, la nature des rapports entre l'Etat et les tontiniers. Warnier (1993-80) rappelle à cet effet que «nombreux sont les tontiniers qui redoutent une légalisation des tontines parce qu'ils se méfient des intentions cachées d'un législateur au service d'un Etat trop gourmand».

Par ailleurs, les relations entre le système bancaire et les nombreux opérateurs sont marquées par la méfiance en raison de la sélectivité des prêts qui se feraient souvent sur la base des relations personnelles ou pour des raisons d'équilibre régional plutôt que sur les critères économiques et financiers. Ce genre de réticence traduit un déficit de confiance entre les opérateurs économiques et l'Etat en même temps qu'elle pose la question de l'attitude de l'Etat par rapport aux tontines.

Dans une logique répressive, l'Etat peut se prévaloir de la fonction de police administrative que lui reconnaît le pouvoir réglementaire, ou exercer sur les tontines un contrôle de gestion plus ou moins abusif (Togolo, 1998).

Dans une logique d'encadrement par contre, l'Etat peut davantage jouer un rôle de régulation qui viendrait appuyer la régulation interne de plus en plus inopérante en raison des limites et des abus de confiance. Plutôt que de jouer à cache-cache avec l'Etat ou de limiter les compétences de l'Etat pour miser sur la loi du marché, il conviendrait de protéger la puissance publique de la marchandisation qui la menace (Warnier 1993:275). 43(*)

De sa part, M. Nzemen plaide dans son ouvrage pour une reconnaissance juridique des tontines. L'Etat ne se mêlerait pas de leur organisation mais prélèverait des taxes. En échange de quoi les magistrats pourraient trancher les litiges entre l'association et certains membres indélicats. Les tontiniers seront-ils d'accord ?44(*)

Il faut donc que l'Etat parvienne à convaincre les tontiniers afin que ces derniers s'imprègnent de l'importance de la reconnaissance juridique de la tontine afin d'accroitre son efficacité.

I.2 Rôle des tontines dans le développement rural

La motivation économique essentielle d'appartenir à une tontine est de disposer en une fois, d'une grosse somme d'argent qui permet de réaliser un investissement important.

Comme fait social, la tontine ne saurait être réduite à l'une de ses fonctions sociale, économique, commerciale, financière, entrepreneuriale. Il convient dès lors d'étudier et de comprendre les pratiques tontinières par rapport aux sociétés qui les ont engendrées et qui les animent. Tout au long des deux dernières décennies (1980 et 1990), l'obsession des agences internationales de développement ( Fonds Monétaire International particulièrement) à imposer dans tous les pays africains des recettes extraordinairement identiques [Stiglitz,2002] en termes de politiques d'ajustement structurel a desservi les politiques de développement souvent conçues sous le signe de l'unique voie à travers le Consensus de Washington alors même que les experts sont convaincus que l'harmonie du développement suppose que chaque peuple puise dans son registre culturel et dans ses représentations propres, les conditions de son épanouissement et de sa reproduction. 45(*)

A cet effet, Georges DESFOUR souligne que le développement endogène doit venir de la population, des hommes qui prennent en mains leurs destins et organisant leurs sociétés en se basant sur leurs propres ressources et sur la maîtrise qu'ils ont sur leur devenir.46(*)

A cheval entre le financier par l'octroie des crédits et en ajustant l'épargne et le social, les tontines s'adaptent aux besoins et à l'environnement socio-économique de leurs membres. Ces associations d'épargne et de crédit tournant, bien qu'octroyant un niveau limité de crédit, constitue souvent la seule alternative fiable pour que les petits emprunteurs puissent satisfaire leurs besoins de crédit.47(*)

I.2.1 Considérations magistrales sur l'épargne

I.2.1.1 Définition

L'épargne tire son origine du mot anglais « saving » signifiant l'action de sauver, c'est-à-dire mettre en sécurité ou conserver ou préserver pour un usage futur. C'est un acte de prévoyance.48(*)

Pour les classiques et Marx, l'épargne est essentiellement l'effet des possédants (à consommer pour les capitalistes), elle s'identifie largement au « surplus » produit par la société, qui est accumulé dans une perspective de production élargie.

Pour les néoclassiques, l'épargne apparaît avant tout comme le résultat d'une décision individuelle, une conséquence du choix entre consommation présente et consommation future, qui dépend du goût de celui qui prend cette décision, mais aussi du taux d'intérêt considéré comme une « prime d'abstinence » ; ce qui permet de dire que les agents procède par « un choix inter temporel ».49(*)

John MEYNARD KEYNES (1883-1946) est passé à celle de l'abstention de consommer. Pour lui, tout acte d'épargner est un acte passif de renonciation « l'individu disposant d'un certain revenu effectue des achats de biens consommables ; ce qu'il refuse de dépenser ou de consommer constitue de l'épargne. L'épargnant n'est pas seulement un individu qui diffère sa consommation en vue d'accroître ultérieurement sa capacité productive ou une substitution d'une demande de consommation future à une demande de consommation présente. Un acte d'épargne individuelle, écrit Keynes, signifie pour ainsi dire une décision de ne pas dîner le soir. Il constitue une réduction nette de la demande » 50(*)

De ce qui précède, nous pouvons dire que l'acte d'épargner résulte d'un choix de la part du titulaire d'un revenu, d'un bien ou d'un service entre consommation immédiate et mise en réserve. Il porte sur cette fraction provenant de la production courante ou d'une circonstance exceptionnelle (héritage, gratification) qui est retranchée de la consommation courante. La constitution de l'épargne se justifie par le souci de diversifier le patrimoine de l'épargnant soit pour des raisons de prestige, de sécurité, d'héritage ou de pouvoir.

I.2.1.2 Importance de l'épargne dans le développement économique

L'épargne sert de nerf dans le développement économique. Elle est le moteur du développement. Que l'on agisse au niveau local, national, global ou international, l'épargne reste la clé du financement de développement.

S'il convier de ne pas céder à l'illusion selon laquelle un niveau élevé d'investissement serait à lui seul la source d'un processus développement accéléré ; il n'en demeure pas moins que l'accumulation du capital est la condition nécessaire.51(*)

L'épargne rend possible l'investissement, celui-ci permet, quant à lui, la production et cette dernière crée le revenu. Si les revenus sont bien utilisés, un mieux être, c'est-à-dire un développement en résulte. L'épargne bien investit crée un processus de renforcement du capital et de reproductibilité de l'épargne, et donc, un effet « boule de neige » qui entraîne le développement.

Epargne

Investissement

Production

Revenu

Source : Fernand VINCENT

I.2.1.3 Les motivations de l'épargne

Les motivations de l'épargne sont diversifiées et ne s'excluent pas les unes des autres. Ainsi, retenons à titre indicatif, la précaution non affectée à des objectifs spécifiques (chômage, risques sociaux divers,...), et la précaution affectée à un objectif précis (investissement, patrimoine, retraite, revenu supplémentaire régulier, bénéficier des différents types de prêts,...).52(*)

I.2.1.4 Danger de l'épargne

Rappelons deux dangers que les épargnants peuvent courir :

· En cas de forte ou de très forte inflation, l'épargne ne doit en aucun cas rester monétaire mais doit être immédiatement investit dans un bien car l'effort de l'épargne monétaire sera détruit par l'inflation ;

· Il faut chercher à tout prix à prêter localement l'épargne rassemblée. Il y a, en effet, risque de décapitaliser le milieu qui épargne si toutes sortes de raisons, on a peur que les prêts accordés ne seront pas remboursés et que l'on place l'épargne rurale en ville auprès des fonctionnaires ou, pire encore, à l'étranger.53(*)

I.2.4 Exigences et quelques indicateurs du développement local

L'idée de base est qu'il est malsain de parachuter des idées et des décisions d'actions sur les populations sans que celles-ci aient le mot à dire. A vraie dire, les paysans ne sont pas à l'aube de leur histoire, ils ont accumulé dans la mémoire du groupe des quantités de formation pour leur propres expériences. Les structures d'appui comme les organismes d'encadrement doivent essayer de connaître cette histoire et cette réalité pour y intégrer leurs propositions d'action.

Or, généralement, la conception et la pratique de la planification ne permettent pas aux ruraux de faire leur choix, de définir en commun leur objet et d'établir leurs programmes d'actions. C'est la raison pour laquelle nombreux paysans refusent de participer à un développement conçu et géré par autrui. Et à GHANDI de dire à ce sujet que «  ce que vous faites pur moi sans moi, vous le faites quelque part contre moi ».

Le développement dépend donc de la conception que les intéressés s'en font et aussi des connaissances et des spécialisations d'un grand nombre des personnes en exerçant des multiples professions et activités dans leur territoire.54(*)

La mobilisation et concentration du surplus économique en vue de son utilisation planifiée pour le développement est l'une des conditions du développement (exigence économique).55(*)

Quelques indicateurs du développement local :

· L'habitat ;

· Les conditions sanitaires ;

· Le niveau d'éducation scolaire des certains enfants ;

· Le degré de participation des dépenses entourant le mariage ;

· L'accès à l'information ;

· La perfection des outils de production ;

· L'acquisition des nouvelles terres.56(*)

Pour clore, DEBOURSE indique, quand à lui, que la capacité pour tous de réponde aux besoins vitaux de base : la nourriture, le vêtement, le logement, la santé, la sécurité et l'éducation font parti intégrante des finalités du développement.57(*)

I.2.5 Impacts des tontines dans le développement local

En tant que processus et stratégie d'amélioration du niveau de vie d'une portion donné d'un territoire, le concept est évoqué souvent en politique économique. Pour X. GREFFE, la politique de développement local diversifie et enrichit les activités sur un territoire donné par la mobilisation des ressources et de ses énergies. Sa réussite dépend de l'information et de la formation des hommes qui y participe. Dans cette perspective, l'accent est mis sur des données locales.58(*)

« Les banques ne prêtent qu'aux riches ». Malheureusement cette version est encore trop souvent vérifiée. Les paysans, les petits entrepreneurs, ou les artisans, les groupes de femmes ou les jeunes qui n'ont pas de garantie n'ont aucune chance d'accéder au crédit de banques commerciales ou de développement. Ces dernières ne veulent pas prendre le risque. Le système de financement actuel est simplement inadapté aux besoins du développement local. 59(*)

Pour pallier à cette inaccessibilité au fonds des banques, l'être humain, étant doué d'une forte capacité de réflexion, a mis au point la pratique tontinière afin d'être à même d'accéder aux différentes composantes de développement.

Cette pratique fait parti des associations d'épargne et de crédit  visant l'épanouissement individuel et collectif de ses participants et s'appuie sur des mécanismes de solidarité globale tels la collecte et la redistribution de l'épargne sous formes diverses : gains, prêts, soutien financier aux membres frappés par les évènements heureux (naissance ou mariage) et malheureux (le décès dans la famille d'un membre), l'assistance morale, organisation des fêtes et la distribution des prix aux enfants des membres.60(*)

Même s'il n'existe pas encore d'études globale et planétaire, les études d'impacts spécifiques existantes démontrent que la tontine réduit la pauvreté et fait entrer les pauvres dans le système financier ; ce qui leur permet de se développer.

D'autres auteurs ont soulignés en quoi les mécanismes non institutionnel de financement pouvaient être novateur. A cela s'ajoute le constat des certains cas de micro entreprise qui, ayant accès au financement formel continuaient à recourir à des financements non institutionnels. Comme l'avance Marc Labie : « On est donc parvenu à recourir progressivement à la conclusion que le financement non institutionnel ne constituait en rien une version primitive de la finance informelle appelée à disparaître mais bien une version spécifique qui, par ses caractéristiques propres, notamment de grande proximité entre les épargnants et les opérateurs de fonds et/ou collecteurs de fonds, permettait que les mécanismes de financement adaptés aux réalités locales se mettent en pace».

Le système financier informel est apparu comme une forme de solidarité entre les plus pauvres exclu du système bancaire, mettant en commun leur apport afin de financer leur projet. Il s'est, ensuite, développé et représenté peu à peu une part significative du financement du développement. Il pourrait constituer le principal avenir du développement économique des pays en développement car les impacts sociaux existent et la perception qu'en ont les bénéficiaires est très encourageante.61(*)

La pratique tontinière en Afrique permet d'assurer le bien être social. Et largement, la dynamique tontinière se matérialise dans le contexte de l'économie du marché non seulement par l'utilisation des fonds dans le financement des entreprises (Kandem 2002), mais aussi par la transposition des « tontines en entreprises » (Nkankleu 2002a). La tontine est un instrument de socialisation et de réalisation des projets de développement communautaire.62(*)

La tontine est souvent l'affirmation de la recherche d'une identité. Elle est le signe d'une appartenance, et souvent elle gagne la considération dans les villages. Outil de solidarité et de prévoyance sociale, elle est en quelque sorte une prévoyance à « l'africaine ».

Elle est en outre, un instrument de promotion sociale car elle permet l'amélioration de l'habitat, l'acquisition des certains instruments domestiques (radios, téléviseurs, groupes électrogènes, meubles,...), la création et l'extension des cultures de rente ou vivrière, l'achat des petits matériels agricoles, etc.

Dans des nombreux pays africains, la tontine de relève être l'élément le plus important de l'épargne populaire. Il faut donc savoir l'utiliser, la moderniser et l'orienter non seulement vers la couverture des besoins sociaux mais également vers la création des activités économiques pour un développement intégral des membres et de l'Afrique en général.63(*)

Raphael NKAKLEU et ses co-auteurs de leur part, soulignent que l'intermédiation tontinière va devoir subir une imitation passant de la tontine en entreprise (c'est-à-dire mise en place au sein d'une entreprise) à la tontine d'entreprise (c'est-à-dire une création collective de la direction et des personnels dans la perspective du partage d'une certaine vision qui fait l'entreprise « une affaire de tous ou un service de chacun »). Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un nouveau système d'incitation et d'un nouveau mode de coordination regroupant tous les acteurs dans l'organisation afin d'atteindre un objectif désormais partagé par tous, dans un cadre rendu robuste par ses ressorts sociaux et solidaire.64(*)

Le secteur informel et particulièrement la tontine, remplit un vide quand le crédit agricole est défaillant ou quand les programmes de crédits spéciaux en faveur du groupe ciblé ou d'un secteur donné, notamment le monde rural sont inexistants.65(*)

L'utilisation des tontines en matière entrepreneuriale ne doit pas être surestimée. Y.A. FAURE rappelle que la littérature sur les pratiques tontinières a mis l'accent sur la typologie des associations financières, sur leurs modalités de fonctionnement, sur la mathématique des intérêts, etc. ; mais demeure fort laconique sur la nature des emplois faite des fonds collecté par les participants. Ils servent à des fins multiples : usages improductifs (dépenses ostensoirs comme le financement des cérémonies familiales, dépenses courantes, l'achat des biens durables) ou pour des usages productifs (transformation de l'épargne informelle en celle formelle, investissement dans la construction et l'accession à la propriété, financement d'activités commerciales et artisanales existantes ou en cours de création).66(*)

En conclusion, la diversité des pratiques tontinières et leur apport au financement de l'économie et aux progrès des nations montrent que la valorisation des pratiques locales est une nécessité. L'humilité nous impose de reconnaître avec Warnier (op. cit pp285-286) que le développement de «l'Afrique ne se fera pas à coup de programmes d'ajustement et par transfert d'ethos et de procédure de gestion importés et ignorant les réalités et les capacités du terroir .... Les civilisations comme le développement sont les produits d'un bricolage incessant. Personne au demeurant n'a jamais réussi à faire table rase d'aucune civilisation. Rien ne change que par reprise de l'héritage. Le développement de l'Afrique s'inscrira dans son héritage propre ou ne se fera pas ».67(*)

Chapitre deuxième :

PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

II.1. Monographie du territoire de Masisi

II.1.1 Coordonnées géographiques et écologiques

II.1.1.1 Localisation

Le territoire de Masisi est situé dans la partie orientale de la RDC et dans la partie australe du Nord Kivu. Il est limité par :

· Au Nord, par le Territoire de Walikale ;

· Au Sud, par le Lac Kivu et la Province du Sud Kivu ;

· A l'Est, par le territoire de Nyiragongo et de Rutshuru ainsi que les communes de Goma et de Karisimbi ;

· A l'Ouest, par les Territoires de Kalehe et de Walikale.

Superficie est de 4.734Km2 sur 59.871,72Km2 que compte le Nord Kivu, soit 7,96 pourcent de la superficie toute la Province.

II.1.1.2 Climat

La température moyenne du territoire de Masisi est de 23°C à 100m d'altitude, de 20°C à 140m d'altitude, de 17°C à 1800m d'altitude et de 15°C dans les régions de 200 m d'altitude.68(*)

Le territoire de Masisi est composé de trois principales régions à savoir :

· La région de haute altitude allant de 1000m à 2700m d'altitude (Kibabi, Matanda, Mihanga, Ngungu,...) ;

· La région de basse altitude de 3000m à 1700m d'altitude (Karisimbi, Nyange, Mweso,...) ;

· La région du bord du lac Kivu bénéficiant d'un climat spécial.69(*)

II.1.1.3 Hydrographie

Le réseau hydrographique de ce Territoire est constitué de lacs et de rivières. Parmi ces lacs, il y a lieu de mentionner une série de petits lacs existant dans la collectivité chefferie de Bashali à savoir : Mokoto, Ndalaa, Lukulu, Mbita et Mbalukira.70(*)

Signalons également que le Lac Kivu est aux de la collectivité chefferie de Bahunde, au sud ouest du Territoire de Masisi. Quand aux rivières, on peut citer en passant, la rivière de Chungiri qui sépare ce Territoire de celui de Kalehe, celle de Nganjo qui sépare les collectivités de Bashali et de Bahunde, celle de Kamurontsa et tant d'autres comme Loashi, Osso, Mutiri, Reng, Kyambiringa, etc.

Il est à signaler que les noms des rivières correspondent souvent à ceux des grands villages ou localités se trouvant aux alentours ou traversés par ces rivières.

II.1.1.4 Relie, sol et sous sol

II.1.1.4.1 Relief

Comme partout au Nord Kivu, le relie du Territoire de Masisi est très accidenté. Il est principalement formé de hautes montagnes, des plaines, des plateaux et collines.71(*)

II.1.1.4.2 Sol et sous sol

Le territoire de Masisi a un sol volcanique riche en humus et par conséquent, très fertile. Le sous sol est, quant à lui, riche en matières premières. On y trouve les ressources minières telles que la tourmaline, le colombo-tantalite, la cassitérite et qu'en sais-je encore ?

II.1.1.5 Végétation

La végétation de ce Territoire est constituée de forets ainsi que des savanes herbeuses.72(*)

II.1.2 Subdivision administrative et démographique

Le Territoire de Masisi est une entité administrative décentralisée de la Province du Nord Kivu, dotée d'une personnalité juridique et est subdivisé en collectivités, celles-ci en groupements et ces derniers en localités et cités et ce, conformément à l'ordonnance loi n°82-006 du 25février 1982 portant organisation politico-administrative du Territoire de Masisi en République Démocratique du Congo.

Celui-ci comprend quatre collectivités, dix neuf groupements, quatre vingt-dix localités et une cité.

Il convier d'ajouter que c'est à l'époque colonial en 1916 que les anciens royaumes sont devenus des chefferies établies sur des bases rationnelles avec une réduction rigoureuse de l'autorité des anciens chefs coutumiers.73(*)

En addition en rapport avec la population, nous avons :

· Les Hunde : ils sont les autochtones de ce Territoire. Ils seraient venus de Bunyoro en Ouganda. Leur origine remonte aux migrations bantoues lors de leur déplacement à partir du bassin du Lac Tchad au XVème siècle. Ils vivent de l'agriculture, de la pèche, de la chasse, d'élevage et du commerce.

· Les Batembo : selon la tradition orale, les Batembo seraient venus de Bunyoro(Ouganda) où ils étaient installés. Ils vivent également de l'agriculture, de la chasse, de l'élevage du petit bétail et de la pêche.

· Les Pygmées(Twa) : ils sont disséminés dans tout le Territoire et sont représentés dans chaque groupement en nombre insignifiant. Ils vivent naturellement de la chasse ainsi que de la cueillette.

· Les Hutu et Tutsi : la présence de ce deux ethnies dans ce Territoire provient des migrations organisés par le pouvoir colonial belge entre 1937 er 1954 et celles survenues sous le régime rwandais de Habyarimana.74(*) Les premiers vivent de l'agriculture, de l'élevage et du commerce alors que les seconds vivent principalement de l'élevage.

II.1.3 Ressources et activités

Ce Territoire est à vocation agro-pastorale. La population exploite la terre pour l'agriculture ainsi que l'élevage. De part sa position géographique, Masisi constitue un véritable grenier de la ville de Goma, Bukavu et de la République Rwandaise ; ce qui permet à sa population de s'ouvrir au commerce.

II.1.3.1L'agriculture

Compte tenu de son climat et de son sol, le Territoire de Masisi est favorable aux cultures vivrières et industrielles. Comme cultures vivrières, on y cultive le haricot, les mais, l'arachide, le sorgho, les bananiers, le manioc etc. Quand aux cultures industrielles, il y a le caféier, le théier, le quinquina, le pyrèthre, le cotonnier, le palmier à huile.

Des usines ont été installées pour ces cultures mais à cause des guerres et conflits, aucune ne fonctionne ou même n'existe plus.

II.1.3.2 L'élevage

On pratique l'élevage du petit bétail comme la chèvre, le mouton, le porc, la volaille etc. et celui du gros bétail, notamment les bovins.

Le développement de l'élevage dans ce Territoire a été favorisé par les vastes étendues de pâturage naturel qui couvrent pratiquement les trois quart sur Territoire. Il ressort des informations que pendant la période précoloniale, l'autochtone vivait de l'agriculture, de la pêche, de la chasse et de l'élevage du petit bétail. C'est le colon qui l'a initié à l'élevage moderne du gros bétail qui s'est développé davantage avec l'arrivé des immigrants venus principalement du Rwanda. Déjà en 1957, le rapport de la Province du Nord Kivu donne le nombre de 18659 tètes de gros bétail.75(*)

II.1.3.3 Autres ressources

Le Territoire de Masisi regorge les minerais et des pierres précieuses. Exploitées de manière artisanale et sans aucune organisation formelle (société minière), les sites d'extraction ont été, surtout de ces dernières années des lieux d'affrontements entre divers groupes armés.

Bien plus, on trouve dans celui-ci une foret qui comporte des arbres géants qui approvisionnent la ville de Goma en planches pour la construction des maisons, la fabrication des meubles et en braise. On y trouve certaines espèces comme les gorilles, les chimpanzés pour les primates et autres animaux comme les antilopes, les écureuils, etc. et beaucoup d'autres espèces animales et végétales intéressantes pour les recherches scientifiques.

II.1.4 Le régime foncier

La terre est la source de toute richesse et partant, des conflits dans le Territoire de Masisi. Il importe cependant de préciser son mode de gestion et d'acquisition car non seulement la terre est d'une importance capitale dans ce Territoire mais aussi toute l'organisation politique coutumière s'y base. Le chef coutumier est considéré comme son gardien. Voyons maintenant comment celle-ci a été gérée pendant la période coloniale ainsi qu'après l'indépendance.

II.1.4.1 Politique foncier avant l'indépendance

Depuis le début de la colonisation, une nette distinction a été entre terres domaniales, les terres indigènes et celles vacantes.

D'abord, les terres coloniales sont celles qui revenaient à l'Etat et donc, à la colonie. Elles étaient du domaine public ou privé. Ensuite, les terres indigènes sont celles qui occupées par les communautés locales coutumières, les autochtones. Enfin, les terre vacantes sont celles qui ne sont ni de l'Etat ni des indigènes chacune de ces catégories de terres était régie par des règles particulières : le droit écrit pour les non indigènes et le droit coutumier pour les indigènes.76(*)

Pendant cette période, le pouvoir foncier était caractérisé par la possibilité pour les particuliers de devenir propriétaire de entre par voie d'occupation coutumière ou par voie de cession. Il faut noter que le mode de « faire valoir directe » était de mise. C'est-à-dire qu'il y a des liens contractuels qui existaient entre le détenteur du droit d'usage sur la terre(le demandeur) et le détenteur du droit de la maitrise foncière sur cette terre(le Mwami).c'est de la terre que les paysans attend toute satisfaction des se besoins tant primaires que secondaires. Comme détenteur de la maitrise foncière, le « Mwami » peut l'utiliser directement ou la faire travailler par ses membres de famille. C'est ce qui est appelé « mode de faire valoir direct ».77(*)

Toute l'organisation coutumière est basée sur la terre. Le chef coutumier est considéré gardien des limites de toute la sphère de son entité. Le droit de propriété n'est un droit de brève ou longue occupation selon ce que veut le « Mwami ».

Quand à la distribution des terres, c'est le « Mwami » qui distribue celles non occupées. Le bénéficiaire n'a pas le droit de la vendre ni de la louer à une tierce personne. Pour occuper un champ abandonné, on devait demander l'autorisation du notable afin d'éviter tout conflit avec le premier occupant ou les héritiers de la dite terre. Dans ce Territoire, ni le fermage (l'emprunteur cultive la terre moyennant une redevance fixe) ni le métayage (l'emprunteur cultive la terre moyennant une part de sa récolte) n'était pas autorisé.

En effet, les communautés locales avaient les propriétés privées des terres qu'elles occupent de façon individuelle ou collective où elles exerçaient certaines activités, notamment l'agriculture, l'élevage, etc. la terre avait une considération mythique et ancestrale si bien qu'il ne fallait pas la vendre.

II.1.4.2 Politique foncière après l'indépendance

Depuis l'accession de notre pays à l'indépendance, on a essayé à plusieurs tentatives d'assurer la plénitude de la propriété du sol au nouvel Etat. Il s'agissait de chercher DNS un premier temps d'une part à anéantir la propriété privée des terre par le pouvoir concédant ; d'autre part, à lutter contre l'existence des certaines grandes étendues de terre sous fourme de cessions ou concession non mises en valeur. Cela n'était pas de nature à favoriser le développement du pays.78(*)

II.1.4.2.1 Principaux textes légaux régissant le régime foncier

Il s'agit principalement de la législation foncière. L'une des dispositions de la constitution du 1er Aout 1964 invitait le législateur à régler souverainement par la loi nationale le régime juridique des cessions et concessions foncières faites avant l'indépendance. Ce texte assurait à la RDC la plénitude de ses droits de propriété sur son sol et la pleine souveraineté dans la concession ou cession de ses droits fonciers, forestiers et miniers sur toute l'étendue de son Territoire.

Cette Ordonnance-Loi fut connu sous l'initiateur en la personne de Isaac Gérard BAKAJIKA KAGOMBE « Loi BAKAJIKA ». L'article de la dite disposition était libellé de la manière suivante : « Le sol et le sous sol zaïrois ainsi que les produits naturels appartiennent à l'Etat ».

La présente loi a assurée à la RDC la plénitude et la libre disposition de tous ses droits sur le sol, le sous sol et les ressources naturelles non mises en valeur.

II.1.4.2.2 Dispositions spéciales aux terres rurales

Pour préserver le patrimoine de l'Etat, tant urbain que rural, le législateur congolais prévu certaines dispositions spéciales pour chacun de ces deux milieux. Comme notre travail traite d'un milieu rural, nous ne révélons que les dispositions concernant les terres rurales.

Les terres rurales d'une superficie de plus de 10ha destinées à un usage agricole ou d'élevage ne peuvent être concédées que si elles n'on pas été occupées en vertu d'un titre d'occupation provisoire pendant un terme de 5ans. Le concessionnaire possède un contrat de concession ordinaire qui est son emphytéose, la superficie, l'usufruit, l'usage et la location.

D'après l'article 110, l'emphytéose est un droit d'avoir la pleine jouissance d'un terrain inculte appartenant à l'Etat, à la charge de mettre et d'entretenir le fonds en valeur et de payer à l'Etat une redevance en nature ou en numéraire. L'emphytéose ne peut être établie pour un terme excédant 25ans. Cependant, ce dernier est renouvelable.

Selon l'article 123, la superficie est le droit de jouir d'un fonds appartenant à l'Etat et de disposer des constructions, des bois, arbres et autres plantes qui y sont incorporés.

L'article 132 stipule que l'usufruit concédé par l'Etat à une personne sur un fonds est le droit pour elle de jouir et d'user du fonds, comme l'Etat lui-même, mais à condition de la conserver dans son état.

Enfin, l'usage selon l'article 141 est le droit que l'Etat reconnait à une personne d'en jouir soi même avec sa famille, soit en y créant des entrepôts pour soi même avec sa famille.

Selon l'article 53 de la loi foncière, le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l'Etat et l'article 160 ajoute que les concessions ne peuvent excéder :

· Une superficie de 50ha pour des terres à destination agricole ou d'élevage ;

· Une superficie de 5ha pour des terrains à destination industrielle ou commerciale ;

· Une superficie de 1ha pour des terrains à caractère résidentiel. 79(*)

Soulignons que la loi foncière est restée longtemps ignorée par les Chefs coutumiers et par la majorité de la population. Cette ignorance est la base de beaucoup de conflits de terre. Bien que la loi foncière existait, la loi coutumière primait sur cette dernière. Cependant, certaines personnes bien avisées étaient munies des documents fonciers de leurs concessions.

II.2 Brève monographie du groupement de Bashali Mokoto

Ce groupement est l'un des deux principaux groupements formant la collectivité chefferie de Bashali. Il est limité au Nord par le territoire de Rutshuru, au Sud - Est par le groupement de Bashali Kaembe, à l'Est par celui de Bishusha et à l'Ouest par le territoire de Walikale.

Le chef lieu de ce groupement fut Muhanga. Actuellement, suite aux guerres tribales, devenu Kitshanga.

Sur le plan peuplement, ce groupement est principalement occupé par trois tribus à savoir :

Les Hunde, les Hutu et les Tutsi qui trouvent leur origine dans les deux pays limitrophes de la RDC, entre autres, l'Uganda et le Rwanda.

· Les HUNDE : ils sont les premiers occupants de ce groupement après les pygmées qui, selon l'histoire, semble être les premiers occupants de l'Afrique Centrale. Ces derniers furent les fondateurs de ce groupement. Leur date d'arrivé serait imprécise. Cependant, la tradition orale témoigne que vers 1885, les Hunde étaient déjà dans ce groupement.

· Les HUTU : ils tirent leur origine du Rwanda. Ils quittèrent ce dernier vers 1942. Les causes de leurs migrations sont multiples, entre autres : les conflits tribaux, manque des sols arables pour la culture et l'élevage. C'est la tribu majoritaire de ce groupement du fait qu'ils occupent le deux quart de ce groupement.

· Les TUTSI : ils sont également originaires du Rwanda. Cette tribu est subdivisée en deux catégories à savoir : les Bagogwe et les Banyenduga. Outre ces trois tribus, soulignons qu'il y a également les Nande et Kobo.

Le tableau ci-après reprend la population de ce groupement selon le sexe mais confondue pour toutes les tribus :

Sexe

Effectif

Pourcentage

Masculin

78.168

49,1

Féminin

81.027

50,9

Total

159.195

100

Source : Rapport annuel 2010

Sur le plan organisation sociale, la discrimination y occupe un rang non négligeable. Ces trois tribus ne vivent pas dans un même milieu. Chacune à sa localisation géographique ; corollaire directe de la discrimination que connait ce milieu. Cette discrimination est à la base du déplacement des certains de ses habitants vers d'autres groupements ; se qui fait qu'il soit très difficile de connaitre la population exacte de ce groupement.

Quand aux cultures, il a un sol riche sur lequel s'applique plusieurs cultures à savoir : le haricot, le maïs, manioc, pomme de terre etc. cependant, en dépit de toutes ces cultures, la population vit dans la pauvreté suite à certains facteurs qu'il scie de souligner :

ü L'insécurité : ce milieu est un champ de bataille des différents groupes armées, ce qui n'est de nature à faciliter le développement de ces cultures avec comme corollaire directe la malnutrition

ü Etat de délabrement des routes de dessertes agricoles : l'écoulement des produits agricoles vers les grands centres urbains pose problème et, pour tout dire, les paysan se trouve dans la difficulté de gagner son pain quotidien et se résigne ainsi en pratiquant souvent une agriculture de subsistance.

ü Soins sanitaires inadéquats : ce groupement est habité par une population jeune du fait que la quasi inexistence des soins appropriés fait que les plus âgés meurt trop vite.

Chapitre troisième :

TONTINES ET DEVELOPPEMENT RURAL DANS LE GROUPEMENT DE BASHALI MOKOTO

Au niveau de ce dernier chapitre, il sera question de développer le système tontinier dans le Groupement de Bashali Mokoto. A l'issu de cette analyse, nous allons montrer leurs impacts sur le secteur agricole de ce groupement.

Pour ce faire, notre réflexion sera axé sur quatre principaux points portant sur : les caractéristiques socio-démographiques des répondants, les tontines et le développement rural à Bashali Mokoto, la part de la levée affectée à l'agriculture et enfin, nous allons procéder à une discussion des résultats de notre enquête.

III.1 Caractéristiques socio-démographiques des répondants

A ce stade, nous allons présenter notre échantillon selon le sexe, l'état civil, l'âge, le nombre d'enfants en charge, le niveau d'étude ainsi que les activités principales.

Tableau n°1 : Présentation des enquêtés selon le sexe

Sexe

Effectif

Pourcentage

 

Masculin

70

36,8

 

Féminin

120

63,2

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

Il ressort de ce premier tableau que sur un total de 190 tontiniers que nous avons enquêtés, il y a 70 et 120 personnes respectivement du sexe masculin et féminin. Bien plus, il est à noter que le sexe féminin représente la majorité de notre échantillon ; soit 63,2 %.

Tableau n°2 : Présentation des enquêtés selon l'état civil

Etat civil

Effectif

Pourcentage

 

Marié

90

47,4

 

Célibataire

60

31,6

 

Divorcé

40

21,1

 

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Parmi les 190 personnes faisant partie de notre échantillon, il y a nonante mariés, soit 47,4% ; soixante célibataires, soit 31,6% et les divorcés qui représentent la minorité ; soit 21,1% (40 personnes).

Tableau n°3 : Présentation des enquêtés selon l'âge

Age

Effectif

Pourcentage

 

17,00

10

5,3

 

18,00

10

5,3

 

19,00

10

5,3

 

22,00

10

5,3

 

24,00

10

5,3

 

25,00

50

26,3

 

28,00

10

5,3

 

30,00

20

10.5

 

32,00

10

5,3

 

35,00

20

10,5

 

38,00

20

10,5

 

40,00

10

5,3

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

Tout porte à croire que les âges extrêmes sont respectivement 17 et 40 ans. En outre, la majorité de nos enquêtés est âgé de 25 ans ; soit 50 personnes représentant 26,3% de notre échantillon et ainsi de suite.

Tableau n°4 : Présentation des enquêtés selon le nombre d'enfant en charge

Nombre d'enfants

en charge

Effectif

Pourcentage

 

0

60

31,6

 

1

20

10,5

 

2

10

5,3

 

3

30

15,8

 

4

10

5,3

 

5

20

10,5

 

6

20

10,5

 

7

10

5,3

 

8

10

5,3

 

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Partant de ce qui précède, il appert que 60 tontiniers, soit 31,6% n'ont pas d'enfants en charge. En addition, ceux qui ont plus d'enfants en charge sont au nombre de dix alors que ceux qui en ont moins représentent 10,5% de l'échantillon, etc.

Tableau n°5 : Présentation des enquêtés selon le niveau d'étude

Niveau d'étude

Effectif

Pourcentage

 

Primaire

90

47,4

 

Secondaire

60

31,6

 

Supérieur

40

21,1

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

Il est à noter d'abord, que 90 personnes pratiquant le système tontinier dans le groupement de Bashali Mokoto ont un niveau d'étude primaire ; ensuite, 60 autres ont un niveau secondaire et enfin, 40 uniquement sont du niveau supérieur.

Tableau n°6 : Présentation des enquêtés selon leurs activités principales

Activité principale

Effectif

Pourcentage

 

Agriculture

40

21,1

 

Commerce

100

52,6

 

Enseignement

10

5,3

 

Fonction publique

10

5,3

 

Humanitaire

20

10,5

Autres

10

5,3

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Soulignons que la majorité absolue de notre échantillon, soit 100 tontiniers, a comme activité principale le commerce. En deuxième lieu, il y a 40 tontiniers agriculteurs. La dernière catégorie regorge, à titre illustratif, les élèves etc.

III.2 Tontines et développement rural à Bashali Mokoto

Tableau n° 7 : Présentation des enquêtés selon leur objectif dans une tontine

Objectif

Effectif

Pourcentage

 

Achat de nouvelles terres arables pour l'extension

des cultures, achat de petits matériels agricoles

150

78,9

 

Autres

40

21,0

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

La majorité absolue de nos enquêtés (150 personnes) poursuit l'objectif d'achat de nouvelles terres pour l'extension des cultures, achat des outils agricoles pendant que la minorité (40 personnes) poursuivent d'autres objectifs tels que le paiement des frais d'étude, l'augmentation du capital afin d'initier un projet important, etc.

Tableau n°8 : Présentation des enquêtés selon les différentes raisons les empêchant d'affecter une part de leur levée à l'agriculture

Raison

Effectif

Pourcentage

 

La faiblesse de la récolte

15

36,8

 

La grandeur de la charge familiale

4

10,5

 

Manque d'intérêt

6

15,8

 

Je ne sais pas

2

5,3

 

Autres

13

31,6

 

Total

40

100,0

Source : nos enquêtes

Ce tableau nous renseigne sur les différentes raisons qui font à ce que les tontiniers de notre milieu d'étude soient réticents par rapport à la décision d'affecter ou non une part de l'argent perçu au secteur agricole.

Pour l'ensemble, la faiblesse de la récolte constitue la raison majeure (15 personnes) pendant que la minorité (2 personnes) est constituée des indécis etc. En addition, la catégorie « Autres » (13 personnes) comprend par exemple ceux qui n'aiment pas faire l'agriculture.

Tableau n° 9 : Présentation des enquêtés selon l'affectation de la levée

Affectation

Effectif

Pourcentage

 

Achat des nouvelles terres arables pour l'extension

et des cultures, achat des petits matériels agricoles

130

68,4

 

Autres

60

31,6

 

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Partant des résultats confinés dans le tableau ci-haut, il est à noter que la majorité de nos enquêtés, soit 68,4% affectent leur levée à l'achat des terres pour l'extension et la création des cultures et l'achat des outils agricoles contre 31,6% seulement usant leur levée à d'autres fins.

Tableau n° 10 : Présentation des enquêtés selon les difficultés liées au respect des engagements entre les tontiniers

Difficultés

Effectif

Pourcentage

 

Le non respect de l'échéance

120

63,2

 

Le manque d'appui

10

5,3

 

Aucune difficulté

30

15,8

 

Autres

30

15,8

 

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Il est à noter que le non respect de l'échéance constitue la difficulté majeure que connaissent les tontiniers du groupement de Bashali Mokoto, soit 63,2 % de notre échantillon. Dix seulement (soit 5,3%) soulignent le manque d'appui alors que 30 tontiniers (15,8%) ne connaissent pas de difficulté.

En plus, trente tontiniers (soit 15 ,8%) évoquent les conflits entre les membres, le détournement des fonds par le responsable du groupe ou même le caissier(e). C'est la catégorie « Autres ».

Tableau n° 11 : Présentation des enquêtés selon les mesures prises en cas d'insolvabilité d'un membre

Mesure

Fréquence

Pourcentage

 

Le chasser

90

47,4

 

Le traduire en justice

20

10,5

 

Lui infliger une amende

40

21,1

Autres

40

21,1

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtés

Il convient de noter que les tontiniers (à 47,4%) préfèrent chasser leur membre qui devient insolvable. Par ailleurs, 20 personnes (soit 10,5%) traduisent en justice le membre qui ne respecte plus ses engagements, pendant que 40 autres (soit 21,1 %) leur infligent une amande en cas de d'insolvabilité.

Enfin, 40 tontiniers (soit 21,1%) sont classés dans la catégorie « Autres » qui regroupe ceux qui procèdent par la médiation, la patience... afin de résoudre le problème d'insolvabilité.

Tableau n°12 : Présentation des enquêtés selon le souhait d'une reconnaissance juridique de la tontine

Occurrence

Effectif

Pourcentage

Pour

150

78,9

Contre

40

21,1

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Il appert que sur 190 tontiniers du groupement de Bashali Mokoto que la boule de neige nous a permis d'enquêter , la majorité de ceux-ci, soit 150 enquêtés (78,9%), souhaitent une reconnaissance juridique de leurs tontines, alors que la minorité, soit 40 tontiniers (21,1%) ont une occurrence contre la reconnaissance juridique de la tontine.

Tableau n°13 : Croisement objectif dans la tontine - Affectation de la levée

Affectation

Objectif

Achat des terres pour la création des cultures,...

Autres

Total

Achat des terres pour la création des cultures...

130

20

150

Autres

0

40

40

Total

130

60

190

Source : nos traitements

Il appert que sur 150 tontiniers dont l'objectif était d'affecter la levée à l'achat de nouvelles terres pour l'extension des cultures et achat des outils agricoles, 130 atteignent leur objectif. En outre, les quarante autres dont l'objectif n'était pas d'affecter la levée à l'agriculture atteignent également le leur.

Tableau n°14 : Test de khi deux

 

Valeur

ddl

Signification asymptotique (bilatérale)

Khi-deux de Pearson

10,978

1

0,001

Nombre d'observations valides

190

Source : nos analyses

Test d'hypothèses :

· Hypothèse nulle : L'objectif dans la tontine est indépendant de l'affectation de la levée ;

· Hypothèse alternative : L'objectif dans la tontine est dépendant de la finalité de la levée

La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire à 1 ddl et au seuil 0,005 de 7,87944. Ainsi, comme khi deux calculé (10,978) est supérieur au khi deux tabulaire (7,87944) au seuil de 0,005 à 1ddl, l'hypothèse nulle est rejetée, et nous déduisons que l'affectation de l'argent perçu dépend largement de l'objectif que s'était fixé un tontinier. Autrement dit, une association significative entre les deux variables.

Tableau n°15 : Tests associés au khi deux

 

Valeur

Signification approximée

Nominal par Nominal

Phi

0,760

0,001

 

V de Cramer

0,760

0,001

 

Coefficient de Contingence

0,605

0,001

Nombre d'observations valides

190

 

Source : nos traitements

De ce qui précède dérive que les statistiques Phi et V de Cramer ont une même valeur de 0,760. La valeur du test est très significative (p<0,005) ; ce qui indique que les chances d'obtenir 0,760 par hasard est très faible. En termes de corrélation, il s'agit d'un effet de grande taille. De même, le coefficient de contingence est de 0,605. Nous confirmons donc le résultat du khi deux : la relation entre l'objectif dans une tontine et l'affectation faite de la cagnotte reçue est significative.

III.3 Part de levée affectée à l'agriculture

Tableau n°16 : Présentation des enquêtés selon le nombre de membres

Nombre de

Membres

Effectif

Pourcentage

 

3

20

10,5

 

4

60

31,6

 

5

30

15,8

 

6

30

15,8

 

7

30

15,8

 

8

10

5,3

 

10

10

5,3

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

Il appert que 60 tontiniers (31,6%), la majorité, sont dans un groupe de 4 membres. Bien plus, les groupes de 5,6 et 7 représentent chacun 30 personnes (15,8%) dans notre échantillon et ainsi de suite. Ceux qui se trouvent dans les groupes de 8 et 10 membres, soit 5,3% chacun, représentent la minorité.

Tableau n° 17 : Présentation des enquêtés selon la périodicité de la contribution

Périodicité de la contribution

Effectif

Pourcentage

 

Par semaine

120

63,2

 

Par mois

60

31,6

 

Autres

Total

10

190

5,3

100,0

Source : nos investigations

En rapport avec les différentes modalités de contribution chez les tontiniers de notre milieu d'étude, 120 tontiniers (soit 63,2%) font leur contribution par semaine, pendant que 60 (soit 31,6%) le font par mois. La catégorie « Autres » comprend seulement 10 personnes (soit 5,3%).

Tableau n° 18 : Présentation des enquêtés selon le montant de contribution à chaque tour

Montant (en $ US)

Effectif

Pourcentage

 

1,00

10

5,3

 

3,00

10

5,3

 

4,00

10

5,3

 

5,00

40

21,1

 

10,00

30

15,8

 

15,00

10

5,3

 

20,00

10

5,3

 

25,00

10

5,3

 

30,00

20

10,5

 

40,00

10

5,3

 

60,00

20

10,5

 

200,00

10

5,3

 

Total

190

100,0

Source : nos investigations

Bon nombre de nos enquêtés contribue 5$ à chaque tour, soit 21,1% de notre échantillon. En addition, les contributions extrêmes sont respectivement de 1 et 200$.

Tableau n° 19 : Présentation des enquêtés selon le montant perçu à chaque levée

Montant reçu

(en $ US)

Effectif

Pourcentage

 

18,00

10

5,3

 

20,00

10

5,3

 

30,00

10

5,3

 

35,00

10

5,3

 

50,00

20

10,5

 

80,00

10

5,3

 

100,00

10

5,3

 

120,00

10

5,3

 

125,00

10

5,3

 

150,00

10

5,3

 

200,00

20

10,5

 

210,00

10

5,3

 

250,00

10

5,3

 

400,00

10

5,3

 

600,00

20

10,5

 

1000,00

10

5,3

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

Remarquons que les montants perçus représentant les limites inférieures et supérieures sont respectivement de 18 et 1000$. Nous ne saurions pas passer sous silence le fait que l'écart entre les deux extrémités est si énorme ; soit 982$. Bien plus, celles-ci comptent chacune 10 personnes (5,3%) de notre échantillon.

Tableau n°20 : Présentation des enquêtés selon la partie de la levée affectée à l'agriculture

Montant affecté

à l'agriculture

Effectif

Pourcentage

 

,00

60

31,6

 

5,00

20

10,5

 

15,00

10

5,3

 

20,00

10

5,3

 

25,00

10

5,3

 

45,00

10

5,3

 

50,00

10

5,3

 

75,00

10

5,3

 

80,00

10

5,3

 

100,00

20

10,5

 

150,00

10

5,3

 

200,00

10

5,3

 

Total

190

100,0

Source : nos enquêtes

Constatons que 31,6% de notre échantillon n'affectent aucune part de leur levée à l'agriculture ; soit 60 tontiniers au total. En outre, il sied de noter que la grande part affectée au secteur agricole dans le groupement de Bashali est de 200$ alors que la petite est de 5$.

Tableau n°21 : Croisement montant perçu-montant affecté à l'agriculture

Montant

affecté à l'

agriculture

($)

Montant

perçu ($)

0

5

15

20

25

45

50

75

80

100

150

200

Total

 

18

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

20

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

30

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

35

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

50

10

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

20

 

80

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

100

00

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

120

00

00

00

00

00

00

00

00

10

00

00

00

10

 

125

00

00

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

150

00

00

00

10

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

200

00

00

00

00

10

00

00

00

00

10

00

00

20

 

210

00

00

00

00

00

10

00

00

00

00

00

00

10

 

250

00

00

00

00

00

00

10

00

00

00

00

00

10

 

400

00

00

00

00

00

00

00

10

00

00

00

00

10

 

600

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

10

00

20

 

1000

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

10

Total

60

20

10

10

10

10

10

10

10

20

10

10

190

Source : nos calculs

Tout porte à croire que 10 tontiniers dont la levée est de 1000 $ affectent 200 $ à l'agriculture, pendant que dix autres touchant 18$ à leur levée y affectent 5$. Dans l'ensemble, 60 tontiniers n'affectent rien à l'agriculture, et leurs levées sont respectivement de 18, 20, 30, 35, 50 et 80$ en fonction de 10 tontiniers par catégorie.

Tableau n° 22 : Pourcentage des montants affectés à l'agriculture par rapport aux montants totaux perçus par les tontiniers de notre échantillon

Montant

affecté à l'

agriculture

(%)

Montant

perçu ($)

0

10 ; 5

12

13

12,5

21

20

19

67

50

25

20

Total

 

18

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

20

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

30

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

35

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

50

10

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

20

 

80

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

100

00

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

120

00

00

00

00

00

00

00

00

10

00

00

00

10

 

125

00

00

10

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

150

00

00

00

10

00

00

00

00

00

00

00

00

10

 

200

00

00

00

00

10

00

00

00

00

10

00

00

20

 

210

00

00

00

00

00

10

00

00

00

00

00

00

10

 

250

00

00

00

00

00

00

10

00

00

00

00

00

10

 

400

00

00

00

00

00

00

00

10

00

00

00

00

10

 

600

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

10

00

20

 

1000

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

00

10

10

Total

60

20

10

10

10

10

10

10

10

20

10

10

190

Source : nos calculs

Il est à noter que dix tontiniers ayant une levée de 50$ affectent 10% de celle- ci à l'agriculture, alors que dix autres dont le montant perçu est de 100$ y allouent 5% de celui-ci. Dans l'ensemble, le taux affecté au secteur agricole est inférieur à 50% du montant perçu aux levées respectives des tontiniers de notre échantillon.

Tableau n°23 : Test de khi deux

 

Valeur

ddl

Signification asymptotique (bilatérale)

Khi-deux de Pearson

174,167

165

0,297

Rapport de vraisemblance

76,525

165

1,000

Nombre d'observations valides

190

 
 

Source : nos calculs

Test d'hypothèses :

Hypothèse nulle : la part allouée au secteur agricole est indépendante de la levée

Hypothèse alternative : la part allouée au secteur agricole est dépendante de la levée des tontiniers.

La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire de 135,807 au seuil de 10% à 100ddl. Ainsi, khi deux calculé (174, 167) est supérieur au khi deux tabulaire (135, 807) ; ce qui rejette l'hypothèse nulle en faveur de celle alternative.

Tableau n°24 : Tests associés au khi deux

 

Valeur

Signification approximée

Nominal par Nominal

V de Cramer

0,913

0,297

 

Coefficient de contingence

0,950

0,297

Intervalle par Intervalle

R de Pearson

0,921

0,000

Ordinal par Ordinal

Corrélation de Spearman

0,912

0,000

Nombre d'observations

Valides

190

 

Source : nos calculs

Les statistiques V de Cramer (0,913) et le coefficient de contingence (0,950) ont une valeur tendant vers 1. En outre, les coefficients de corrélation de Pearson et Spearman sont tous positifs (respectivement +0,921 et +0,912) et situés au dessus de 0,8. Toutes ces statistiques associées au khi deux viennent corroborer son résultat : le rapport entre la part de levée affectée au secteur agricole et le montant perçu est statistiquement significatif.

III.4 Discussion des résultats de l'enquête

Partant des résultats de notre enquête confinés dans les différents tableaux en amont, notons que les femmes représentent la majorité de notre population d'étude.

Dans la globalité, les tontiniers de ce groupement ont un niveau d'étude primaire. Ceux du niveau supérieur représentent la minorité. Cela s'explique essentiellement par la faiblesse du revenu agricole, l'exploitation dont est victime le monde rural par les urbains (le capitalisme urbain), c'est-à-dire que ces derniers exploitent le monde rural en défaveur des ruraux ; ce qui a comme corollaire directe la baisse du niveau supérieur. Soulignons également que les femmes, contrairement aux hommes, ce qui est inhabituel, s'adonnent aux études que ces derniers.

Les femmes sont donc devenues des principales concurrentes des hommes dans divers domaines de la vie. Ça serait dû aux externalités positives de leur émancipation.

Une forte présence des mariés dans le système tontinier dans ce groupement a été constatée. Cela se justifierait par la multiplicité des charges familiales auxquelles ceux-ci sont appelés à faire face. L'épargne tontinière constitue, à cet effet, une garantie contre les aléas de la vie.

En outre, une explosion des commerçants est à souligner. Cette explosion aurait comme mobile la constitution d'un capital important afin d'améliorer leur niveau d'activité ; ce qui corrobore ce qui se passe partout ailleurs dans les tontines.

Bien plus, notons que le secteur agricole intéresse la majeure partie de notre des tontiniers de Bashali Mokoto. Cependant, ceux qui n'investissent pas dans celui-ci évoquent la faiblesse de la production agricole comme étant le principal goulot d'étranglement. Celle-ci serait due à plusieurs facteurs à l'instar des conditions climatiques ; l'homme n'a pas de main mise sur la nature. Il se contente ainsi du peu que lui fournit nature et son revenu s'en trouve sensiblement réduit en période de vache maigre ; ce qui implique, en effet, le manque d'intérêt à l'égard l'agriculture.

Quant aux difficultés que connaissent les tontiniers de Bashali Mokoto, il est à noter que le non respect de l'échéance constitue le différend majeur qu'ils connaissent ; soit 63,2 % de notre échantillon. Dix seulement (5,3%) soulignent le manque d'appui alors que 30 tontiniers (15,8%) ne connaissent pas de difficulté.

En plus, trente tontiniers (15 ,8%) évoquent les conflits entre les membres, le détournement des fonds par le responsable du groupe ou même le caissier(e). C'est la catégorie « Autres ».

Là encore, la mise en exergue de la confiance mutuelle entre les membres comme garantie ; ceci vient également corroborer ce qui a été évoqué dans notre cadre théorique en ces termes : « Mais les défaillances de plus en plus fréquentes des membres dans un contexte de crise, d'appauvrissement et d'exclusion constituent une source de difficultés en chaîne qui effrite dangereusement l'étoffe de la confiance qui constitue l'essence de la tontine. Ceci contribue à en fragiliser les fondements ».

La reconnaissance juridique des tontines serait ainsi indispensable. Cependant, les avis sont partagés. D'une part, ceux dont l'occurrence est pour la reconnaissance juridique de la tontine ; soit 150 enquêtés (78,9%), estiment que le secours à l'Etat leur permettrait de résoudre les différends surgissant entre eux. De l'autre part, ceux dont l'opinion est contre représentent la minorité, soit 40 tontiniers (21,1%). Pour eux, l'Etat est un gourmand et voudra ainsi s'accaparer de leur argent.

En rapport avec la contribution à chaque tour, il parait beau de signaler que l'effectif important de nos enquêtés contribue 5$ ; soit 21,1% de notre échantillon. En addition, les contributions extrêmes sont respectivement de 1 et 200$. Il se dégage ainsi une étendue importante entre celle-ci ; soit 199$.

Ce fort écart entre les contributions extrêmes reflèterait, bien attendu, la forte tension salariale. Partant des théories économiques, l'épargne d'un ménage dépend de son revenu ; c'est-à-dire que plus le revenu est important, l'épargne le sera également.

Paradoxalement, plus le revenu est faible, il est globalement affecté à la consommation présente. Il est ainsi difficile pour les ménages se situant dans cette dernière catégorie d'épargner suffisamment. Le choix inter temporel, tel qu'évoqué par les néoclassiques, fait à ce que ces derniers optent généralement pour la consommation présente que celle future ; ce qui corrobore le slogan populaire ci après : « vivre au taux du jour ».

Il appert que sur 150 tontiniers dont l'objectif était d'affecter leur levée à l'achat des nouvelles terres pour l'extension et la création des cultures, achat des outils agricoles ; 130 atteignent leur objectif ; soit 87%.

En outre, les quarante autres dont l'objectif n'était pas d'affecter leur levée à l'agriculture atteignent également le leur.

La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire à 1ddl et au seuil 0,005 de 7,87944. Ainsi, comme khi deux calculé (10,978) est supérieur au khi deux tabulaire (7,87944) au seuil de 0,005 à 1ddl, l'hypothèse nulle est rejetée. Tout porte à croire que l'objectif que poursuit un tontinier influence significativement l'affectation de sa levée.

En addition, il parait beau de noter que les statistiques Phi et V de Cramer ont une même valeur de 0,760. La valeur du test est très significative (p<0,005) ; ce qui indique que les chances d'obtenir 0,760 par hasard est très faible. En termes de corrélation, il s'agit d'un effet de grande taille. Il y a ainsi une forte association entre l'objectif que poursuit un tontinier et l'affectation faite de sa levée. De même, le coefficient de contingence est de 0, 605 ; ce qui corrobore le résultat de khi deux.

Dans la suite, il est à noter que dix tontiniers ayant une levée de 50$ affectent 10% de celle ci à l'agriculture alors que dix autres dont le montant perçu est de 100$ y allouent 5% et ainsi de suite. Dans l'ensemble, le taux affecté au secteur agricole est inférieur à 50% des levées respectives des tontiniers de notre échantillon.

La distribution de khi deux nous donne une valeur tabulaire de 135,807 au seuil de 10% à 100ddl. Ainsi, khi deux calculé (174, 167) est supérieur au khi deux tabulaire (135, 807) ; ce qui rejette l'hypothèse nulle en faveur de celle alternative. Pour tout dire, il y a une association entre la levée et la part allouée au secteur agricole. Il s'agit, d'après nos analyses, d'une évolution en termes facial mais pas en termes relatif.

Les statistiques V de Cramer (0,913) et le coefficient de contingence (0,950) ont une valeur tendant vers 1 ; cela représente une forte association entre la levée et la part de la levée affectée à l'agriculture. Il s'agit également d'un effet de grande taille.

En outre, les coefficients de corrélation de Pearson et Spearman sont tous positifs (respectivement +0,921 et +0,912) et situés au dessus de 0,8 ; ce dénote une corrélation de forte intensité entre la levée et la part affectée au secteur agricole. La positivité des coefficients de Pearson et Spearman indique, en plus, que la part affectée à l'agriculture augmente simultanément avec la levée. Pour tout dire ; toutes ces statistiques associées au khi deux viennent corroborer son résultat : la relation entre la part de la levée affectée au secteur agricole et le montant perçu est statistiquement significative.

Les difficultés d'accès au système bancaire pour une frange de la population du territoire de Masisi en général, et ceux du groupement de Bashali Mokoto en particulier, ont favorisé la création de circuits financiers informels. Les tontines, l'un des éléments essentiels de l'épargne, jouent un rôle très important et progressif dans l'entreprenariat de ce groupement.

CONCLUSION

A coeur vaillant, rien d'impossible, dit-on. Etant au terme de notre investigation, il sied de rappeler qu'elle est intitulée : « Tontines et développement dans le groupement Bashali Mokoto à Masisi ».

Pour ce faire, les préoccupations ci-dessous ont été au centre de cette recherche :

· Voir dans quelle mesure la présence des tontines mutuelles contribue à la promotion des paysans du Groupement Bashali Mokoto, malgré l'accès difficile aux services financiers et la quasi absence du crédit au monde rural ;

· Identifier la tranche de la part de levée affectée à l'agriculture.

Hormis l'introduction et la conclusion constituant respectivement les extrémités inférieure et supérieure de notre travail, celui-ci est constitué de trois principaux chapitres. D'abord, le premier retrace le cadre théorique de l'étude. Ensuite, le deuxième tourne autour de la présentation du milieu d'étude et enfin, le troisième, constituant l'essentiel de notre étude, donne la quintessence des impacts des tontines dans le développement du groupement Bashali Mokoto.

Notre préoccupation majeure étant, comme toute autre recherche, de vérifier nos hypothèses de base, nous avons pu vérifier celles-ci sous la houlette des différentes techniques et méthodes lors de la récolte et analyse des données impérieuses à notre investigation.

D'une part, sur le plan technique de recherche, nous avons utilisé :

· Technique documentaire : par le bais de celle-ci, nous avons pu visiter la littérature tontinière. Elle nous a ainsi été utile dans la conception de notre cadre théorique. En outre, elle nous a permis de recueillir certaines données sur le Territoire de Masisi en général, et sur le Groupement de Bashali Mokoto en particulier ;

· Technique d'interview : elle nous a également facilité à constituer le cadre théorique ainsi que les données relatives à notre milieu d'étude ;

· Le questionnaire d'enquête : celui-ci nous a permis de recueillir les données nécessaires à l'analyse des nos hypothèses de recherche.

De l'autre part, les méthodes ci après ont été utilisées :

ü La statistique descriptive: elle nous a permis de calculer certains pourcentages et fréquences de nos données.

ü La statistique inférentielle : elle nous également été utile, d'une façon générale, lors de l'analyse des données recueillies auprès des tontiniers de Bashali Mokoto et ce, par le biais du progiciel SPSS. En outre, grâce à l'induction, nous avons généralisé les données relatives à 190 tontiniers que la boule de neige nous a permis d'atteindre sur l'ensemble notre population d'étude de ce groupement.

Au terme des analyses statistiques, nous avons abouti aux résultats confinés dans les lignes qui suivent.

A cet effet, dans l'ensemble, 150 (78,9%) contre 40 (21,1%) tontiniers poursuivaient respectivement les objectifs d'affecter leurs levées à l'achat des nouvelles terres arables pour l'extension et la création des cultures, achat des petits matériels agricoles et autres. Dans cette dernière catégorie, signalons ceux dont l'objectif était d'affecter leurs levées au paiement des frais d'étude, à la constitution un capital important afin d'entreprendre un projet ainsi de suite.

En addition, il appert que sur 150 tontiniers (100% ici) dont l'objectif était d'affecter leurs levées à l'achat des nouvelles terres pour l'extension et la création des cultures, achat des outils agricoles ; 130 atteignent leur objectif ; soit 87%. Et donc par comparaison à l'ensemble de notre échantillon, 130 tontiniers (68,4%), la majorité, affectent leurs levées à l'agriculture contre 60 (31,6%), la minorité, qui n'y allouent aucune part de l'argent perçu.

En outre, la distribution de khi deux nous a donné une valeur tabulaire à 1ddl et au seuil 0,005 de 7,87944. Ainsi, comme khi deux calculé (10,978) est supérieur au khi deux tabulaire (7,87944) au seuil de 0,005 à 1ddl, Ho a été rejetée.

En addition, il sied de noter que les statistiques Phi et V de Cramer ont une même valeur de 0,760. La valeur du test est très significative (p<0,005). En termes de corrélation, il s'agit d'un effet de grande taille. De même, le coefficient de contingence est de 0, 605 tendant vers 1 ; ce qui corrobore le résultat de khi deux.

Il y a ainsi, pour tout dire, une forte association entre l'objectif que poursuivent les tontiniers de Bashali Mokoto et l'affectation faite de leurs levées.

Pour clore, toutes ces analyses viennent confirmer notre première hypothèse de recherche libellée de la sorte : « La présence des tontines mutuelles permet de promouvoir les paysans du groupement Bashali Mokoto par le biais d'acquisition des nouvelles terres arables pour la création et l'extension des cultures et l'achat des petits matériels agricoles et ce ; en fonction l'objectif fixé ».

Dans la suite, il est à noter que dix tontiniers ayant une levée de 50$ affectent 10% de celle-ci à l'agriculture alors que dix autres dont le montant perçu est de 100$ y allouent 5%. Dans l'ensemble, le taux affecté au secteur agricole est inférieur à 50% des levées respectives des tontiniers de notre échantillon. Nous constatons ainsi que la part affectée au secteur agricole est fonction de la levée et ce, en terme facial.

Bien plus, la distribution de khi deux nous a donné une valeur tabulaire de 135,807 au seuil de 10% au ddl de 100. Ainsi, khi deux calculé (174, 167) est supérieur au khi deux tabulaire (135, 807) ; ce qui conduit, à cet effet, au rejet de l'hypothèse nulle en faveur de celle alternative. Ainsi, il y a une association entre la levée et la part allouée au secteur agricole.

Poursuivant nos analyses, les statistiques V de Cramer (0,913) et le coefficient de contingence (0,950) ont une valeur tendant vers 1 ; cela représente une forte association entre la levée et la part affectée à l'agriculture. Il s'agit également d'un effet de grande taille.

En outre, les coefficients de corrélation de Pearson et Spearman sont tous positifs (respectivement +0,921 et +0,912) et situés au dessus de 0,8 ; ce qui dénote une corrélation de forte intensité entre la levée et la part affectée au secteur agricole. La positivité des coefficients de Bravais Pearson et Spearman indique, en plus, que la part affectée à l'agriculture augmente simultanément avec la levée. Corroborons ce qui a été noté dans les lignes ci-dessus que cette évolution est nominale. Pour tout dire, toutes ces statistiques associées au khi deux viennent également confirmer son résultat.

Bouclons cette seconde analyse en confirmant également notre deuxième réponse provisoire selon laquelle la part de levée affectée à l'agriculture à Bashali Mokoto serait fonction de la levée et inférieure à 50%.

En conclusion, dans des nombreux pays Africains, la tontine se révèle être l'élément le plus important de l'épargne populaire. Il faut donc savoir comment l'utiliser, la moderniser et l'orienter non seulement vers la couverture des besoins sociaux mais également vers la création d'activités économiques. Le pari sur le développement dans un contexte socio-économique ne peut mériter que des profondes réflexions. Leur apport au financement et au progrès de ce groupement montre que la valorisation de ces pratiques locales est une nécessité.

Ainsi, en termes de politique d'efficacité des activités tontinières, nous suggérons ce qui suit :

· Elaborer des règles écrites dans toutes les tontines de Bashali Mokoto ainsi qu'un règlement d'ordre intérieur ;

· Respecter, dans la mesure du possible, le système de rotation établi initialement et obliger les nouveaux venus à attendre leur tour, sauf en cas de besoin ultime ;

· Veiller à ce que les fruits de l'épargne de la tontine ne soient pas systématiquement orientés vers les dépenses ostentatoires au détriment de celles d'investissement;

· Abolir les limites de la taille afin d'obtenir plus d'impacts économiques ;

· Obtenir une reconnaissance juridique afin de protéger les membres (créer une association et déposer les statuts au Groupement) ;

· Finalement, le renforcement des capacités des membres, et surtout les responsables des tontines s'avère non sans valeur.

Ne prétendant pas avoir abordé exhaustivement notre problème de recherche, nous suggérerions aux chercheurs intéressés par le même sujet d'approfondir davantage l'étude de l'impact des tontines de travail agricole sur le développement en milieu rural.

BIBLIOGRAPHIE

1. OUVRAGES

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· MAYOUKOU C., La réputation, un mécanisme incitatif dans la fonction d'intermédiation des tontiniers en Afrique Subsaharienne, IRED, Paris 1996

· CHAMBERS R., Développement rural : la pauvreté cachée, éd. Karthala, Paris 1990

· CHARNOZ O. et all, L'aide publique au développement, La Découverte, Paris 2007

· CHEVILLARD N., 1989. De la Banque à la Tontine, des passerelles à inventer. Afrique industrie, Mars 1989

· DEBOURSE R., Vers un développement pour tous, éd.RDC Kinshasa 2005

· DEFOUR G., Le développement rural en Afrique Centrale : Théories et essaie d'analyse critique, éd. Bandari, Bukavu 1994

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· GASSE-HELLIO M., Les tontines dans les pays en développement, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

· GILLIS M. et all, Economie de développement, De Boeck, Bruxelles 2001

· GUERRIEN B., Dictionnaire d'analyse économique, éd. La Découverte, Paris 1997

· HERNANDEZ E., L'entrepreneur informel africain et le concept de gestion éco-sociale, Paris, sd,

· JACQUEMOT P. et all, La nouvelle politique économique en Afrique, éd. EDICEF, Paris 1993

· KEYNES JM, La théorie générale de l'emploi, intérêt de la monnaie, Londres 1936

· MOLO MUMWELA, Le développement local au Kwango Kwilu (RD Congo), sd,

· MOSHET A., Pour une agriculture moderne : les impératifs du développement et de la mondialisation, éd. Nouveaux Horizons, Paris 1967

· NANFASSO R., L'économie solidaire dans les PED, éd. HARMATTAN, Paris 2007

· QUIVY R. et all, Manuel de recherche en sciences sociales, éd. DUNOD, Paris 1995,

· SILEM A. et all, Lexique d'économie, éd. Dalloz, Paris 2002

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· SPIAELS R., Problèmes d'Afrique Centrale, URCB, 1954

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· VINCENT F., Financer autrement les associations et ONG de développement du Tiers Monde, volume1, IRED-Genève 1994,

· WAUTHY E., Initiation à la vie économique, éd. De Boeck, Bruxelles, sd

2. REVUES ET ARTICLES

· BANQUE MONDIALE, Washington DC, Rapport sur le développement dans le monde, 1989

· HATCHEU E. et alii, De l'informel au formel : Le défi de la bancarisation des tontines en Afrique, Université de Dschang, Cameroun, sd

· Inspection Provinciale de Développement Rural, Les contraintes liées au développement agricole et rural de la Province du Nord Kivu, sd

· Journal de la République du Zaïre, Loi portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime de sureté, Kinshasa 1980, pp80-105

· KEMBOLA, Monographie de la région du Nord Kivu, Draft, Kinshasa, Aout 1996

· LOVI Y., Tontine : une arme de lutte contre la pauvreté, le 04-09-2009

· NZEKOUE JM, Tontines : tous pour un, Cameroun 1993

· Philippe M., Ministère de l'Agriculture, des ressources naturelles de développement rural, Février 2006

· Rapport annuel du Territoire de Masisi, 2010

· Rapport de la situation de Masisi, 1948

· Rapport des affaires économiques, Division du Plan/Archives, 1957

· SCHWETZ J., « Un voyage d'une étude dans la région du Nord Kivu » dans revue Congo, Tome II, 1970

· SEUMO H., La tontine africaine : un modèle de résolution des problèmes ?, Dimanche 22 Mars 2009 à 00:39:14

· YOUSSOUFOU CONGO, Le financement de l'économie sociale au Burkina Faso, sd

3. TFC ET MEMOIRES

· HANGI BULENDA, Contribution à l'étude régionale de Masisi, TFC inédit, ISP/BUKAVU, 1973

· Kambale F., Etude comparative du système des tontines et système de crédit des COOPEC de Goma, ISC 2008

· NAHAYO P., Formation des prix et promotion paysanne. « cas de la collectivité de Bwisha  du territoire de Rutshuru au Nord Kivu», UCB 1997

· TOMBOLA MARHEGANE JB, Crise de liquidité et développement du secteur financier informel dans la ville de Goma, cas des tontines, Mémoire inédit, UNIGOM 2010

4. NOTES DE COURS

· GAKURU SEMACUMU, Cours d'économie rurale1, (inédit) UNIGOM 2010

WEBOGRAPHIE

· Agriculture et développement rural en RD Congo, consulté le 12 février 2011 sur www.google, à 12h36'

· Crédits et Tontines, consulté en ligne sur http://www.gradse.org/index.html, le 21 janvier 2011 à 16h10'

TABLE DES MATIERES

EPIGRAPHE i

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

0. INTR0DUCTION 1

0.1 Problématique 1

0.2 Etat de la question 6

0.3 Objectif du travail 7

0.4 Choix et intérêt du sujet 7

0.5 Méthodologie du travail 7

0.6 Délimitation du sujet 8

0.7 Canevas de présentation 8

O.8 Difficultés rencontrées 9

Chapitre premier : 10

APERCU GENERAL DU ROLE DES TONTINES DANS LE DEVELOPPEMENT RURAL 10

I.1 Généralités 10

I.1.1 Définitions des concepts clés 10

I.1.2 Origine des tontines 12

I.1.3 Les diverses formes et caractéristiques des tontines 14

I.1.4 Fonctionnement et activités 18

I.1.5 Organisation, remboursement des prêts et adhésion des membres aux tontines 19

I.1.6 Statut, faiblesses des tontines et nécessité du droit 20

I.2 Rôle des tontines dans le développement rural 23

I.2.1 Considérations magistrales sur l'épargne 24

I.2.4 Exigences et quelques indicateurs du développement local 26

I.2.5 Impacts des tontines dans le développement local 27

Chapitre deuxième : 32

PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 32

II.1. Monographie du territoire de Masisi 32

II.1.1 Coordonnées géographiques et écologiques 32

II.1.2 Subdivision administrative et démographique 34

II.1.3 Ressources et activités 35

II.1.4 Le régime foncier 36

II.2 Brève monographie du groupement de Bashali Mokoto 39

CHAPITRE TROISIEME : 41

TONTINESETDEVELOPPEMENT RURAL DANS LE GROUPEMENT DE BASHALI MOKOTO 41

III.1 Caractéristiques socioprofessionnelles des répondants 41

III.2 Tontines et développement rural à Bashali Mokoto 44

III.3 Part de levée affectée à l'agriculture 49

III.4 Discussion des résultats de l'enquête 56

CONCLUSION 60

1. OUVRAGES 65

2. REVUES ET ARTICLES 66

3. TFC ET MEMOIRES 67

4. NOTES DE COURS 67

WEBOGRAPHIE 67

TABLE DES MATIERES 68

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE A

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

Dans le cadre de notre travail sanctionnant la fin de notre deuxième cycle en Sciences Economiques, nous sommes entrain de réaliser une étude sur : « TONTINES ET DEVELOPPEMENT DANS LE GROUPEMENT BASHALI  MOKOTO A MASISI».

Pour cela, nous sollicitons humblement votre contribution pour la réalisation de ce travail en répondant à ces questions et vous promettons une discrétion des réponses que vous nous donnerez. Elles ne serviront qu'à des fins scientifiques.

Consigne : Veuillez encercler la (les) case(s) correspondante(s) de votre choix et pour celles demandant votre point de vue, nous vous prions de les compléter sincèrement.

I .1 IDENTITE DE L'ENQUETE

1. Sexe : a. Masculin b. Féminin

2. Etat civil : a. Marié b. Célibataire c. Divorcé(e) d. Veuf (ve)

3. Age :...............................

4. Nombre d'enfants en charge :.......................

5. Niveau d'étude :.........................................

6. Activités principales génératrices de revenu(dans l'ordre d'importance) :....................................................................................................................................................................................................................................................................................................

I.2 QUESTIONNAIRE PROPREMENT DIT

7. A combien êtes vous dans votre tontine ? R/.........................

8. Comment faites-vous la contribution ?

a. Par semaine b. Par mois c. Autres à préciser.......................................

9. Quelle est la contribution à chaque tour ? R/.........................................($)

10. Quel est votre objectif dans ce groupe ?

a. Achat des nouvelles terres arables pour l'extension et la création des cultures et achat des petits matériels agricoles

b. Autres à préciser..................................................................................

11. Combien recevez-vous lors de votre tour ? R/....................................($)

12. Quelle est l'affectation faite de l'argent reçu lors de votre tour ?

a. Achat des nouvelles terres arables pour la création et l'extension des cultures, et achat des petits outils agricoles ; bref, affecté à l'agriculture

b. Autres à préciser.................................................................................

13. Si vous affecter une partie de l'argent reçu à l'agriculture, à combien pouvez vous estimez celle-ci ? R/.............................................................($)

14. Dans le cas où aucune partie de votre argent reçu de la tontine n'est affectée à l'agriculture, qu'est ce qui vous empêche d'investir dans ce domaine ?

R/..........................................................................................................

15. Quelles sont les difficultés auxquelles vous vous butez afin d'honorer vos engagements tontiniers?

R/.........................................................................................................Quelles mesures prenez-vous lorsque l'un de vos membres devient insolvable ?

R/.........................................................................................................

16. Pouvez-vous souhaiter avoir une reconnaissance juridique de votre tontine ?

a. Oui b. Non

17. Donnez d'autres commentaires en rapport avec votre tontine s'il y en a.

R/.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Merci pour votre contribution

* 1 JM FONTAINE, Mécanismes et politiques de développement économique : Du « big push » à l'ajustement structurel, éd. CUJAS, Paris 1994, p p40-41

* 2 Emil1e HATCHEU TCHAWE et all, De l'informel au formel : Le défi de la bancarisation des tontines en Afrique, Université de Dschang, Cameroun, sd, p1

* 3 Philippe MATHIEU, Ministère de l'Agriculture, des ressources naturelles de développement rural, Février 2006, p22

* 4 www.google, Agriculture et développement rural en RD Congo, consulté le 12 février 2011 à 12h36', p1

* 5 www.google, Idem, p9

* 6 www.google, Idem, p13

* 7 J.M NZEKOUE, Tontines : tous pour un, Cameroun 1993, p1

* 8 YOLANDE LOVI, Tontine : une arme de lutte contre la pauvreté, le 04-09-2009, p1

* 9 BANQUE MONDIALE, Washington DC, Rapport sur le développement dans le monde, 1989, p138

* 10 YOUSSOUFOU CONGO, Le financement de l'économie sociale au Burkina Faso, sd, p3

* 11 J.M NZEKOUE, op. cit. p2

* 12 www.gdrc/icm/french/.../intro.html du 22/02/2011 à 11h31', p6

* 13 www.google, op cit, p1

* 14 M.GILLIS et all, Economie de développement, De Boeck, Bruxelles 2001, p551

* 15 0. CHARNOZ et all, L'aide publique au développement, La Découverte, Paris 2007, p74

* 16 C.MAYOUKOU, La réputation, un mécanisme incitatif dans la fonction d'intermédiation des tontiniers en Afrique Subsaharienne, IRED, Paris 1996, p1

* 17 Inspection provinciale de développement rural, Les contraintes liées au développement agricole et rural de la Province du Nord Kivu, sd, p3

* 18 M.GASSE-HELLIO, les tontines dans les pays en développement, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, p1

* 19 http://www.gradse.org/index.html, Crédits et Tontines, consulté le 21 janvier 2011 à 16h10', p1

* 20 M.GASSE-HELLIO, op cit, p1

* 21 F.VINCENT, Financer autrement les associations et ONG de développement du Tiers Monde, volume1, IRED-Genève 1994, p112

* 22 R.CHAMBERS, Développement rural : la pauvreté cachée, éd. KARTHALA, Paris 1990, p241

* 23M.GILLIS et all, op cit, p550

* 24 R.CHAMBERS, op cit, p230

* 25 M.GASSE-HELLIO, op. cit, pp2

* 26 J.M NZEKOUE, op cit, p2

* 27 S. SOULAMA, Micro-finance, pauvreté et développement rural, sd, p28

* 28 M.GASSE-HELLIO, op. cit, pp2-4

* 29 M. GASSE-HELLIO, op. cit, p12

* 30 R. QUIVY et all, Manuel de recherche en sciences sociales, éd. DUNOD, Paris 1995, p82

* 31 M. GASSE-HELLIO, op. cit, pp11-12

* 32 F. VINCENT, op cit, pp113-114

* 33 H. SEUMO, La tontine africaine : un modèle de résolution des problèmes ?, Dimanche 22 Mars 2009 à 00:39:14, p2

* 34 Chevillard N., 1989. De la Banque à la Tontine, des passerelles à inventer. Afrique industrie, Mars 1989, p 65 cité par VINCENT op cit.

* 35 P.JACQUEMOT et all, La nouvelle politique économique en Afrique, éd. EDICEF, Paris 1993, p199

* 36 F. VINCENT, op cit, p114

* 37 M. GASSE-HELLIO, op. cit, p14

* 38 E.M HERNANDEZ, L'entrepreneur informel africain et le concept de gestion éco-sociale, Paris, sd, p23

* 39 H. SEUMO, op cit, p3

* 40 HATCHEU TCHAWE Emile et all, op cit, sd, p5

* 41 M. GASSE-HELLIO, op. cit, p14

* 42 F. VINCENT, op cit, vol2, p172

* 43 HATCHEU TCHAWE Emile et all, op cit, sd, p4-6

* 44 J.M NZEKOUE, op cit, p2

* 45 HATCHEU TCHAWE Emile et all, op cit, sd, p7

* 46 G. DEFOUR, Le développement rural en Afrique Centrale : Théories et essaie d'analyse critique, éd. Bandari, Bukavu 1994, p14

* 47 C. MOLO MUMWELA, Le développement local au Kwango Kwilu (RD Congo), sd, p234

* 48 A.SILEM et all, Lexique d'économie, éd. Dalloz, Paris 2002, p226

* 49 B . GUERRIEN, Dictionnaire d'analyse économique, éd. La Découverte, Paris 1997, p184

* 50 J.M. KEYNES, La théorie générale de l'emploi, intérêt de la monnaie, Londres 1936,

* 51 E.WAUTHY, Initiation à la vie économique, éd. De Boeck, Bruxelles, sd, p199

* 52P.JACQUEMOT et alii, op cit, p195

* 53 Fernand VINCENT, op cit, p114

* 54 MOSHET A., Pour une agriculture moderne : les impératifs du développement et de la mondialisation, éd. Nouveaux Horizons, Paris 1967, p9

* 55 R.DEBOURSE, Vers un développement pour tous, éd.RDC Kinshasa2005, p11

* 56 P. SENZIRA NAHAYO, Formation des prix et promotion paysanne. « cas de la collectivité de Bwisha  du territoire de Ruthuru au Nord Kivu», UCB1997,p66

* 57 R.DEBOURSE, op cit, p11

* 58 P. SENZIRA NAHAYO, op cit, p65

* 59 F. VINCENT, op cit, pp43-45

* 60 Roger A.TSATCACK NANFASSO, L'économie solidaire dans les PED, éd. HARMATTAN, Paris 2007, p149

* 61 J.ATTALI all, Voyage au coeur d'une révolution : la micro finance contre la pauvreté, éd. JC Lattes, Paris 2007, p72

* 62 Roger A.TSATCACK NANFASSO, op cit, p150

* 63 F. VINCENT, op cit, vol2, p116-119

* 64 Roger A.TSATCACK NANFASSO, op cit, p171

* 65 P.JACQUEMOT et all, op cit, p202

* 66 Emil Michel HERNANDEZ, op cit, Paris, sd, p21

* 67 Emile HATCHEU TCHAWE et all, op cit, sd, p13

* 68 Rapport de la situation de Masisi, 1948

* 69 H. BULENDA, Contribution à l'étude régionale de Masisi, TFC inédit, ISP/BUKAVU, 1973, p3

* 70 J. SCHWETZ, « Un voyage d'une étude dans la région du Nord Kivu » dans revue Congo, TomeII, 1970

* 71 KEMBOLA, Monographie de la région duNord Kivu, Draft, Kinshasa, Aout 1996

* 72 Rapport annuel du Territoire de Masisi, 2001, p4

* 73 VARLEYEN, Congo patrimoine de la Belgique, éd. Visscher, Bruxelles 1950, p321

* 74R. SPIAELS., Problèmes d'Afrique Centrale, URCB, 1954, pp110-116

* 75 Rapport des affaires économiques, Division du Plan/Archives, 1957

* 76 Données recueillies auprès des agents de la Division Foncière du Territoire à Masisi

* 77 GAKURU SEMACUMU, Cours d'économie rurale1, UNIGOM 2010

* 78 Données receuillies auprès des agents de la Division Foncière du Territoire à Masisi

* 79 Journal de la République du Zaïre, Loi portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime de sureté, Kinshasa 1980, pp80-105






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