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Tontines et développement dans le groupement Bashali Mokoto à  Masisi en RDC

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par Daniel BAHATI BIREGEYA
Université de Goma - Licence en économie 2011
  

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I.2.4 Exigences et quelques indicateurs du développement local

L'idée de base est qu'il est malsain de parachuter des idées et des décisions d'actions sur les populations sans que celles-ci aient le mot à dire. A vraie dire, les paysans ne sont pas à l'aube de leur histoire, ils ont accumulé dans la mémoire du groupe des quantités de formation pour leur propres expériences. Les structures d'appui comme les organismes d'encadrement doivent essayer de connaître cette histoire et cette réalité pour y intégrer leurs propositions d'action.

Or, généralement, la conception et la pratique de la planification ne permettent pas aux ruraux de faire leur choix, de définir en commun leur objet et d'établir leurs programmes d'actions. C'est la raison pour laquelle nombreux paysans refusent de participer à un développement conçu et géré par autrui. Et à GHANDI de dire à ce sujet que «  ce que vous faites pur moi sans moi, vous le faites quelque part contre moi ».

Le développement dépend donc de la conception que les intéressés s'en font et aussi des connaissances et des spécialisations d'un grand nombre des personnes en exerçant des multiples professions et activités dans leur territoire.54(*)

La mobilisation et concentration du surplus économique en vue de son utilisation planifiée pour le développement est l'une des conditions du développement (exigence économique).55(*)

Quelques indicateurs du développement local :

· L'habitat ;

· Les conditions sanitaires ;

· Le niveau d'éducation scolaire des certains enfants ;

· Le degré de participation des dépenses entourant le mariage ;

· L'accès à l'information ;

· La perfection des outils de production ;

· L'acquisition des nouvelles terres.56(*)

Pour clore, DEBOURSE indique, quand à lui, que la capacité pour tous de réponde aux besoins vitaux de base : la nourriture, le vêtement, le logement, la santé, la sécurité et l'éducation font parti intégrante des finalités du développement.57(*)

I.2.5 Impacts des tontines dans le développement local

En tant que processus et stratégie d'amélioration du niveau de vie d'une portion donné d'un territoire, le concept est évoqué souvent en politique économique. Pour X. GREFFE, la politique de développement local diversifie et enrichit les activités sur un territoire donné par la mobilisation des ressources et de ses énergies. Sa réussite dépend de l'information et de la formation des hommes qui y participe. Dans cette perspective, l'accent est mis sur des données locales.58(*)

« Les banques ne prêtent qu'aux riches ». Malheureusement cette version est encore trop souvent vérifiée. Les paysans, les petits entrepreneurs, ou les artisans, les groupes de femmes ou les jeunes qui n'ont pas de garantie n'ont aucune chance d'accéder au crédit de banques commerciales ou de développement. Ces dernières ne veulent pas prendre le risque. Le système de financement actuel est simplement inadapté aux besoins du développement local. 59(*)

Pour pallier à cette inaccessibilité au fonds des banques, l'être humain, étant doué d'une forte capacité de réflexion, a mis au point la pratique tontinière afin d'être à même d'accéder aux différentes composantes de développement.

Cette pratique fait parti des associations d'épargne et de crédit  visant l'épanouissement individuel et collectif de ses participants et s'appuie sur des mécanismes de solidarité globale tels la collecte et la redistribution de l'épargne sous formes diverses : gains, prêts, soutien financier aux membres frappés par les évènements heureux (naissance ou mariage) et malheureux (le décès dans la famille d'un membre), l'assistance morale, organisation des fêtes et la distribution des prix aux enfants des membres.60(*)

Même s'il n'existe pas encore d'études globale et planétaire, les études d'impacts spécifiques existantes démontrent que la tontine réduit la pauvreté et fait entrer les pauvres dans le système financier ; ce qui leur permet de se développer.

D'autres auteurs ont soulignés en quoi les mécanismes non institutionnel de financement pouvaient être novateur. A cela s'ajoute le constat des certains cas de micro entreprise qui, ayant accès au financement formel continuaient à recourir à des financements non institutionnels. Comme l'avance Marc Labie : « On est donc parvenu à recourir progressivement à la conclusion que le financement non institutionnel ne constituait en rien une version primitive de la finance informelle appelée à disparaître mais bien une version spécifique qui, par ses caractéristiques propres, notamment de grande proximité entre les épargnants et les opérateurs de fonds et/ou collecteurs de fonds, permettait que les mécanismes de financement adaptés aux réalités locales se mettent en pace».

Le système financier informel est apparu comme une forme de solidarité entre les plus pauvres exclu du système bancaire, mettant en commun leur apport afin de financer leur projet. Il s'est, ensuite, développé et représenté peu à peu une part significative du financement du développement. Il pourrait constituer le principal avenir du développement économique des pays en développement car les impacts sociaux existent et la perception qu'en ont les bénéficiaires est très encourageante.61(*)

La pratique tontinière en Afrique permet d'assurer le bien être social. Et largement, la dynamique tontinière se matérialise dans le contexte de l'économie du marché non seulement par l'utilisation des fonds dans le financement des entreprises (Kandem 2002), mais aussi par la transposition des « tontines en entreprises » (Nkankleu 2002a). La tontine est un instrument de socialisation et de réalisation des projets de développement communautaire.62(*)

La tontine est souvent l'affirmation de la recherche d'une identité. Elle est le signe d'une appartenance, et souvent elle gagne la considération dans les villages. Outil de solidarité et de prévoyance sociale, elle est en quelque sorte une prévoyance à « l'africaine ».

Elle est en outre, un instrument de promotion sociale car elle permet l'amélioration de l'habitat, l'acquisition des certains instruments domestiques (radios, téléviseurs, groupes électrogènes, meubles,...), la création et l'extension des cultures de rente ou vivrière, l'achat des petits matériels agricoles, etc.

Dans des nombreux pays africains, la tontine de relève être l'élément le plus important de l'épargne populaire. Il faut donc savoir l'utiliser, la moderniser et l'orienter non seulement vers la couverture des besoins sociaux mais également vers la création des activités économiques pour un développement intégral des membres et de l'Afrique en général.63(*)

Raphael NKAKLEU et ses co-auteurs de leur part, soulignent que l'intermédiation tontinière va devoir subir une imitation passant de la tontine en entreprise (c'est-à-dire mise en place au sein d'une entreprise) à la tontine d'entreprise (c'est-à-dire une création collective de la direction et des personnels dans la perspective du partage d'une certaine vision qui fait l'entreprise « une affaire de tous ou un service de chacun »). Il ne s'agit ni plus ni moins que d'un nouveau système d'incitation et d'un nouveau mode de coordination regroupant tous les acteurs dans l'organisation afin d'atteindre un objectif désormais partagé par tous, dans un cadre rendu robuste par ses ressorts sociaux et solidaire.64(*)

Le secteur informel et particulièrement la tontine, remplit un vide quand le crédit agricole est défaillant ou quand les programmes de crédits spéciaux en faveur du groupe ciblé ou d'un secteur donné, notamment le monde rural sont inexistants.65(*)

L'utilisation des tontines en matière entrepreneuriale ne doit pas être surestimée. Y.A. FAURE rappelle que la littérature sur les pratiques tontinières a mis l'accent sur la typologie des associations financières, sur leurs modalités de fonctionnement, sur la mathématique des intérêts, etc. ; mais demeure fort laconique sur la nature des emplois faite des fonds collecté par les participants. Ils servent à des fins multiples : usages improductifs (dépenses ostensoirs comme le financement des cérémonies familiales, dépenses courantes, l'achat des biens durables) ou pour des usages productifs (transformation de l'épargne informelle en celle formelle, investissement dans la construction et l'accession à la propriété, financement d'activités commerciales et artisanales existantes ou en cours de création).66(*)

En conclusion, la diversité des pratiques tontinières et leur apport au financement de l'économie et aux progrès des nations montrent que la valorisation des pratiques locales est une nécessité. L'humilité nous impose de reconnaître avec Warnier (op. cit pp285-286) que le développement de «l'Afrique ne se fera pas à coup de programmes d'ajustement et par transfert d'ethos et de procédure de gestion importés et ignorant les réalités et les capacités du terroir .... Les civilisations comme le développement sont les produits d'un bricolage incessant. Personne au demeurant n'a jamais réussi à faire table rase d'aucune civilisation. Rien ne change que par reprise de l'héritage. Le développement de l'Afrique s'inscrira dans son héritage propre ou ne se fera pas ».67(*)

* 54 MOSHET A., Pour une agriculture moderne : les impératifs du développement et de la mondialisation, éd. Nouveaux Horizons, Paris 1967, p9

* 55 R.DEBOURSE, Vers un développement pour tous, éd.RDC Kinshasa2005, p11

* 56 P. SENZIRA NAHAYO, Formation des prix et promotion paysanne. « cas de la collectivité de Bwisha  du territoire de Ruthuru au Nord Kivu», UCB1997,p66

* 57 R.DEBOURSE, op cit, p11

* 58 P. SENZIRA NAHAYO, op cit, p65

* 59 F. VINCENT, op cit, pp43-45

* 60 Roger A.TSATCACK NANFASSO, L'économie solidaire dans les PED, éd. HARMATTAN, Paris 2007, p149

* 61 J.ATTALI all, Voyage au coeur d'une révolution : la micro finance contre la pauvreté, éd. JC Lattes, Paris 2007, p72

* 62 Roger A.TSATCACK NANFASSO, op cit, p150

* 63 F. VINCENT, op cit, vol2, p116-119

* 64 Roger A.TSATCACK NANFASSO, op cit, p171

* 65 P.JACQUEMOT et all, op cit, p202

* 66 Emil Michel HERNANDEZ, op cit, Paris, sd, p21

* 67 Emile HATCHEU TCHAWE et all, op cit, sd, p13

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe