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Les festivals de musiques actuelles en milieu rural en France: simple fonction culturelle ou vecteur de développement?

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par Léa Vauxion
ICART - Institut des carrières artistiques - Licence european bachelor au titre de " médiatrice culturelle " 2012
  

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LES FESTIVALS DE

MUSIQUES ACTUELLES EN

MILIEU RURAL EN

FRANCE

SiMpLE FoNcTioN cuLTuRELLE ou vEcTEuR DE DEvELoppEMENT ?

Lea Vauxion

2011-2012 Mémoire ICART

Remerciements

Je tiens à remercier ma directrice de mémoire, Mme Sonia Moumen, pour ses conseils avisés.

Je souhaite remercier M. Sean Bouchard et M. Bastien Perez pour leurs entretiens très enrichissant. Un grand merci à José Reis Fontao qui malgré sa tournée très prenante a su répondre à toutes

mes interrogations, de même pour le groupe Hyphen Hyphen,

une pensée toute particulière à leur chanteuse Samantha Cotta.

Sommaire

INTRODUCTION 5

AVANT-PROPOS METHODOLOGIQUE 8

CHAPITRE I : LES FESTIVALS : VECTEURS DE DÉVELOPPEMENT AU SEIN

DU MILIEU RURAL FRANÇAIS 22
Introduction : une perception du milieu rural redevenue positive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
23

1 Une dynamique culturelle en termes de décentralisation et démocratisation 26

1.1 Les politiques d'aménagement culturel du territoire : réduction des inégalités

géographiques et sociales d'accès à la culture ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 1.2 Les politiques culturelles et les inégalités sociales d'accès à la culture : démocratisation, populations rurales et festivals de « diffusion » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

2 Une dynamique sociale en termes de développement local 36

2.1 Positionnement du festival : rapports entre image de l'évènement et la création

d'une forte identité locale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 2.2 La mobilisation de la population locale : création d'une forte cohésion sociale . . . . . . . . . . 40

> Entretien avec Bastien Perez, programmateur du festival Musicalarue

3 Une dynamique artistique en termes de valorisation du patrimoine 42

3.1 Paradoxe entre festivals de musiques actuelles et valorisation du patrimoine :

leslimites entre ruralité et actualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 3.2 Possibilités de valorisation des produits et commerces locaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

Conclusion : étude de cas : le festival de Jazz in Marciac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

CHAPITRE II : L'ÉCONOMIE DES FESTIVALS : AU COEUR DES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL ET CULTUREL ? 52
Introduction : « Industrie » ou «fièvre » festivalière : entre esprit de fête et rentabilité . . .
53

4 L'impact des festivals : un moteur pour le tissu économique local ? 56

4.1 Les partenaires des festivals : rôles et implications des acteurs locaux . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 4.2 Analyse globale des financements : recettes et dépenses des festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 4.3 Les retombées économiques directes des festivals sur leur territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

5 L'activité des festivals : génératrice d'une dynamique en matière d'emploi ? 80

5.1 Les emplois culturels permanents : administration et direction du festival . . . . . . . . . . . . . 80
5.2 Les emplois liés à la production artistique : artistes interprètes et techniciens . . . . . . . . . . 81
5.3 Les emplois saisonniers et collaborations ponctuelles : job d'été, stage et bénévolat . . . . 82

6 L'attractivité des festivals : une stratégie de développement du tourisme local ? 85 6.1 La crise économique actuelle : impact sur les budgets loisirs et culture des familles . . . . . 85 6.2 Animations locales et attraction touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 6.3 Le développement touristique sur le long terme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

Conclusion : étude de cas : le festival des Vieilles Charrues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

CHAPITRE III : LES FESTIVALS DE MUSIQUES ACTUELLES : LUXE OU VÉRITABLE MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET ARTISTIQUE ? 98

Introduction : Une culture perçue comme un luxe ? 99

7 Du point de vue des organisateurs et de la vie culturelle locale 101

7.1 Les avantages pour un acteur culturel d'organiser un festival de musiques actuelles . . . . 103

7.2 L'impact de l'activité des festivals sur la croissance des actions culturelles locales . . . . . 107

7.3 Les possibilités de création d'action culturelle pédagogique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

8 Du point de vue des publics 113

8.1 Public non-sensibilisé et public averti : étude sociologique des pratiques des publics . . . . 113 8.2 Fréquentation des festivals : inégale et légèrement croissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 8.3 Les festivals : un « art de vivre » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

9 Du point de vue des artistes et de l'Industrie musicale 129

9.1 L'intérêt pour un artiste de se produire dans un festival . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 > Entretien avec José Reis Fontao du groupe Stuck in the Sound

> Entretien avec Samantha Cotta du groupe Hyphen Hyphen

9.2 La crise actuelle de l'industrie musicale : l'importance de la production scénique

pourles artistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
> Entretien avec Sean Bouchard responsable du label Talitres

9.3 La promotion des artistes émergents et des pratiques artistiques en amateur . . . . . . . . . 137

CONCLUSION GÉNÉRALE :

L'avenir des festivals de musiques actuelles : des mutations nécessaire ? 140

Table des illustrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Table des entretiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162 Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Index des exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184

Introduction

? Contexte actuel

En France, la richesse de l'offre festivalière fait l'objet de multiples débats sur sa fonction dans l'activité culturelle mais surtout sur les possibilités de création de nouveaux projets au sein de ce marché qui tend vers la saturation.

Depuis les années 1980 et avec l'arrivée de Jack Lang rue de Valois, la culture devient un axe majeur de la politique gouvernementale, prenant une dimension évènementielle et festive avec la création de nouvelles célébrations comme la Fête de la Musique, du Cinéma, ou encore des Journées nationales du patrimoine.

C'est dans ce contexte que les festivals entament leur forte croissance due à l'engouement des collectivités territoriales pour l'évènementiel, en particulier pour le domaine culturel reconnu pour ses qualités d'attractivité, de divertissement et de cohésion sociale.

Aujourd'hui, les politiques d'aménagements des territoires ruraux s'appuient sur les festivals culturels dans un but de démocratisation de la culture et d'animation des espaces sous faible influence urbaine. Cette « frénésie festivalière » entraine une augmentation excessive du nombre des festivals qui semblent désormais perdre leur dimension exceptionnelle.

L'utilisation abusive du terme festival l'entrainant vers la banalisation rend par ailleurs son recensement très difficile. Pouvant se définir d'après Luc Bénito* comme une fête unique ou comme une célébration publique d'un genre artistique dans un espace-temps réduit, c'est suivant cette définition que l'on peut approximativement situer le nombre de festivals en France dans une tranche allant de 600 à 2000 manifestations chaque année.

A propos des festivals de musiques actuelles, malgré l'absence de données statistiques,
ils semblent prédominants avec près de 50%* sur l'offre totale des festivals en France,

)

suivis par les festivals pluridisciplinaires et de théâtre. (cf. graphique 1

* Source : BÉNITO Luc, Les festivals en France : marchés, enjeux et alchimie, Chapitre : Le Phénomène « Festival », Les Caractéristiques typologiques des festivals, 2001, p.15 à 16

? Objet et enjeux de ce mémoire

De ces observations naissent de nombreux questionnement en ce qui concerne l'état des lieux des festivals culturels en France.

De nos jours tout semble prétexte à l'organisation d'un festival. Mais en pleine période de crise économique, quels sont les apports des festivals en termes artistique, économique, touristique mais aussi de valorisation du patrimoine, de création d'emploi et d'aménagement du territoire ? Paradoxalement, quelles difficultés rencontrent-ils concrètement aujourd'hui pour ce qui est des subventions, de l'innovation des projets et de la fréquentation ?

La question des enjeux et de l'impact des festivals a plusieurs fois été étudiée par le biais de l'action culturelle, de la valorisation du patrimoine ou encore du tourisme culturel. C'est pourquoi ce mémoire se centre essentiellement sur l'intérêt du développement des festivals de musiques actuelles qui sont, comme nous l'avons vu précédemment, prédominant sur l'offre festivalière en France. De même, afin d'analyser au mieux leurs dynamiques culturelle, économique, sociale et artistique, le sujet se focalise principalement sur le milieu rural. Ainsi nous pourrons joindre les possibilités de création de nouveaux projets avec l'engouement des politiques culturelles de plus en plus préoccupées par l'aménagement du territoire.

? Objectifs personnels relatifs au choix du sujet

Concernant le choix personnel de ce mémoire de recherche, c'est avant tout pour répondre à de nombreuses interrogations en rapport avec mes projets professionnels que j'ai souhaité traiter des festivals de musiques actuelles en milieu rural en France. Passionnée par la musique et l'évènementiel culturel et ayant eu la chance de pouvoir réaliser de nombreux stages dans les domaines de la communication, de l'action culturelle et de l'accompagnement artistique, comme par exemples au sein du Krakatoa -salle de concerts à Mérignac, de l'Astrolabe -scènes de musiques actuelles d'Orléans ou encore de la Rock School Barbey -complexes des musiques amplifiées de Bordeaux, mon objectif au sein de ma carrière professionnelle est de monter mon propre festival. Sachant qu'il s'agit-là d'une ambition à grande envergure, ce mémoire de recherche me donne la possibilité de découvrir, d'analyser et de prendre connaissance des difficultés et opportunités que le marché culturel offre aux futurs porteurs de projets.

Plus qu'un simple mémoire de fin d'études, il s'agit ainsi d'une recherche personnelle approfondie ayant pour but d'accroitre mes connaissances et de partager mes idées à ce sujet. Parallèlement, ce mémoire me permettra d'avoir une « carte de visite professionnelle », une preuve de mon implication dans ce milieu et de faire un bilan de toute la théorie et la culture acquises durant ma formation à l'ICART ces trois dernières années.

Par conséquent, mes objectifs durant la réalisation de ce mémoire sont de mieux comprendre le rôle des acteurs professionnels, de l'importance, la hiérarchie et les difficultés que proposent les différentes subventions et surtout de nourrir ma réflexion en essayant de me mettre à la place des artistes et différents publics.

Enfin, cette étude me servira de base pour mes recherches personnelles sur l'organisation même d'un festival, tout en me permettant d'analyser mon projet culturel face aux conclusions que je soutirerai de mes observations, découvertes et rencontres.

* * *

Avant-propos méthodologique


· Définitions des termes

Tout d'abord, pour une meilleure compréhension du sujet il semble primordial de définir les trois termes principaux dont il est question dans cette étude.

Le terme « festival »

La définition exacte du mot festival n'existe pas, son terme générique désignant une réalité extrêmement diverse et complexe. Ce nom, comme nous l'avons vu précédemment durant l'introduction, est victime de son succès, utilisé à excès voire banalisé. Nous tâcherons ici d'y apporter une compréhension la plus précise possible par le biais de son étymologie, d'une brève description historique et de son utilisation par les professionnels du milieu culturel.

Étymologiquement le mot << festival >> nous vient de l'ancien français, du latin festivalis (de festum -fête), réemployé dans les années 1830 par le biais de son homonyme anglais qui l'avait lui-même emprunté au français. C'est le substitutif de période de fête, jour de fête. Il représente en premier lieu un évènement joyeux et solennel. Par extension il englobe l'expression « série de manifestations artistiques ».

En France, le festival est issu du domaine musical et apparaît pour la première fois dans les années 1830-1840 avec le mouvement orphéonique.

Les orphéons étaient des sociétés de chorales masculines constituées de chanteurs issus des classes moyennes. Très populaires dans les années 1850, ces chorales se produisaient au cours de concours orphéoniques ou par de grandes manifestations régionales : c'est l'apparition des premiers festivals.

La fin du XIXème siècle est marquée par Les << Chorégies d'Orange », manifestations estivales d'opéra et de musique classique créées en 1867 qui sont reconnues comme étant le premier festival français.

Mais le phénomène des festivals tel que nous le connaissons aujourd'hui semble remonter aux années 1930-1940. Il s'agissait le plus souvent d'initiatives de personnalités de la culture dans les domaines du théâtre, de la musique et du cinéma ; leur nombre et leur importance étaient alors assez réduits. L'après-guerre vit la

naissance entre autre des deux célèbres festivals d'Avignon et de Cannes. C'est à partir des années 1970 que l'on assiste à une multiplication et à une diversification des festivals, qui connaissent une importante croissance depuis les années 1980. En effet, bien qu'à l'origine les festivals étaient uniquement consacrés à la musique classique, ils ont été par la suite utilisés par l'ensemble des secteurs culturels et artistiques : cinéma, bande dessinée, théâtre, danse, arts de la rue, musiques actuelles...

Aujourd'hui, le festival désigne une manifestation culturelle ou artistique éphémère à caractère festif.

Le Ministère de la Culture et de la Communication en donne la définition suivante : « une manifestation où la référence à la fête, aux réjouissances éphémères, événementielles et renouvelées, s'inscrivant dans la triple unité de temps, de lieu et d'action. >

Philippe Poirier, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Bourgogne, décrit le festival comme un « lieu de rencontres, pouvant susciter débats et forum, espace festif et de convivialité recherchée ou suscitée. »*

L'objectif premier d'un festival culturel est la promotion soit d'une discipline artistique, d'un artiste, d'un genre musical, d'un lieu, d'un patrimoine, d'un instrument ou d'oeuvres d'art. Il est organisé à époque fixe, de façon annuelle le plus souvent voire ponctuelle, pouvant se dérouler sur plusieurs jours et évoluant suivant un programme ou une thématique définis.

Désormais les festivals ne se cantonnent plus qu'uniquement à la culture et peuvent-être liés au domaine sportif, à la gastronomie, à l'humour, aux voyages, à la nature, aux jeux, etc.

D'après Luc Bénito dans son ouvrage Les Festivals en France, marchés enjeux et alchimie, la notion de festival intègre deux types de caractères :

- des critères objectifs qui sont faciles à identifier, ils peuvent se résumer en général par la règle des trois unités du théâtre classique :

« - l'unité de temps sur une courte durée et à périodicité renouvelée ;

- l'unité de lieu limitée à un ou plusieurs sites, souvent prestigieux, d'une ville ; - l'unité d'action ou de thème représentée par une discipline artistique. »

* Source : POIRRIER Philippe, Politiques et pratiques de la culture, 2010, 304 p.

- des critères subjectifs qui sont quant à eux plus difficiles à interpréter d'un point de vue statistique car ils renvoient à un état d'esprit :

« - la célébration publique qui présente un festival comme un quasi-pèlerinage réunissant tous les passionnés d'une discipline artistique, amateurs ou professionnels, dans une communion d'esprits ;

- la célébration d'un art qui induit une programmation de choix pour le directeur artistique et une prestation de qualité pour des artistes très souvent « sublimés » par l'évènement. »

C'est grâce à cette définition de Luc Bénito que l'on en arrive à différencier le festival d'une simple série de manifestations. Cette distinction d'un critère objectif et d'un autre plus subjectif du festival permet de résumer le fait qu'il intègre, en plus de sa dimension technique faisant de lui un moment unique, une dimension plus qualitative qui lui procure son caractère exceptionnel.

Enfin, il semble qu'une présentation typologique des festivals soit indispensable pour comprendre ce domaine particulièrement flou. Mais toute tentative de classification des festivals se révèle évidemment délicate. Sur quelle variable doit-on se baser ? La programmation, la localisation, le budget, la durée, l'ampleur et la fréquentation, l'ancienneté... sont autant de paramètres contribuant à leur spécificité. Mais il est tout de même important de noter que le projet, l'acte fondateur du festival, est déterminant pour son identité. Ainsi, la proposition d'établir une typologie par ses objectifs * semblent tout à fait pertinente.

Apparaissent ainsi quatre grandes catégories :

- les c festivals de création » qui sont construits autour d'un projet artistique visant à promouvoir de nouveaux talents ou à présenter des spectacles inédits. Ils sont souvent portés par une volonté individuelle et remplissent avant tout une mission culturelle.

- les c festivals touristiques » qui s'appuient souvent sur un monument ou un cadre prestigieux et cherchent à susciter une fréquentation nouvelle dans une ville ou un site touristique par l'animation des lieux. Ce type de festivals s'est surtout développé dans les 1970 sur l'impulsion de la caisse des monuments historiques.

* Source : GRISEL Anne, Festivals, Chapitre : Création, tourisme et image, revue Cahiers -Espace n°31, 1993

- les « festivals d'image ~ qui visent surtout à promouvoir l'identité et l'image de leur site d'accueil. Ils sont souvent à l'origine de la mobilisation des collectivités locales soucieuses de se faire connaître, de se donner une image valorisante ou d'accroitre leur vie culturelle locale.

- les « festivals de diffusion » qui tendent à permettre à des publics souvent excentrés de voir des spectacles dont ils ne peuvent bénéficier le reste de l'année, faute d'installations culturelles permanentes. Ils sont souvent rattachés aux festivals d'image, mais sont le plus souvent à l'origine d'une volonté individuelle.

Évidemment, un festival peut appartenir à plusieurs de ces catégories qui ne sont pas exclusives. Cette présentation typologique sera utilisée et nourrie par de nombreux exemples tout au long de ce mémoire.

Le terme « musiques actuelles »

Il s'agit d'une appellation assez floue du ministère de la Culture et de la Communication, qui par cette formule essaie de caractériser et de regrouper les différents styles musicaux de la fin du XXème siècle jusqu'à aujourd'hui. Musiques populaires, musiques urbaines, musiques jeunes, musiques amplifiées, toutes ces expressions se retrouvent sous le terme générique de « musiques actuelles ». Celui-ci a été utilisé pour la première fois par les fondateurs des Transmusicales de Rennes à la fin des années 1970, avant d'être officiellement employé par la création de la Commission nationale pour les musiques actuelles en décembre 1997.

Suivant cette définition française, les musiques actuelles englobent quatre grandes familles :

- le jazz, les musiques improvisées et genres assimilés

- les musiques amplifiées (qui utilisent l'amplification électrique comme mode de création), elles-mêmes divisées en quatre sous-familles :

- le rock et genres assimilés, la pop, le blues et genres assimilés, la country, la fusion,

- le metal et genres assimilés, le punk et genres assimilés... ;

- le Hip Hop et genres assimilés, le R'n'B, le ska, le reggae et genres assimilés, la funk, la soul... ;

- les musiques électroniques

- la chanson

- les musiques traditionnelles et les musiques du monde (si elles sont accompagnées d'instruments modernes tels que la batterie ou la guitare basse...)

Cette appellation exclue de ce fait les musiques classiques, anciennes, baroques, folkloriques et contemporaines.

Les musiques actuelles regroupent ainsi un très large éventail d'esthétiques musicales, faisant souvent débat au sein des professionnels du milieu. Cette appellation ne fait pas l'unanimité car elle entend non « musique actuelle» mais « musique populaire actuelle ». De plus, elle regroupe sous une seule bannière une multitude de styles différents, niant ainsi les différences entres les genres et pratiques musicales qu'elle englobe. Les musiques actuelles ou d'aujourd'hui présentent l'inconvénient majeur de faire preuve d'une notion éphémère, de vogue et ainsi de périssable. De quelle actualité parlonsnous ? Le jazz par exemple, est un genre musical apparu au début du XXème. Les musiques d'aujourd'hui sont les conséquences et l'évolution de styles musicaux du siècle dernier. Le terme musiques actuelles définie ainsi des musiques sans histoire, omettant la question de passé ou de futur.

Cette expression est par ailleurs souvent confondue avec le terme « musiques amplifiées », popularisée par Marc Touché, sociologue spécialiste des pratiques concernant les musiques électro-amplifiées en France. D'après lui, « Les "Musiques Actuelles et Amplifiées" ne désignent pas un genre musical particulier, mais se conjuguent au pluriel pour signifier un ensemble de musiques et de pratiques sociales qui utilisent l'électricité et l'amplification comme élément majeur des créations musicales et des modes de vie [...]. »* Cette définition différencie mieux les musiques acoustiques qui quant à elles, n'ont qu'une utilité ponctuelle de sonorisation pour leur diffusion.

En revanche, comme l'exprime Marc Touché, « parler au singulier de la musique revient à nier qu'il existe des façons de faire, de produire, de s'associer et de regrouper, de vivre des musiques [...]. » En effet, parler de « LA musique » engendre des problèmes de lisibilité et de compréhension pour les artistes et surtout pour les publics. On ne peut regrouper une telle diversité d'esthétiques en un seul terme.

* Source : TOUCHÉ Marc, Musique, vous avez dit musiqueS ?, article extrait de Mémoire Vive, 1998, p. 13 à 15

Ainsi, malgré les débats et les diverses discussions que l'appellation << musiques actuelles » suscite, les réticences des professionnels se sont atténuées au fur et à mesure par la cohabitation fréquente des termes << actuelles » et << amplifiées ». Le premier étant le résultat d'une vision ministérielle et le deuxième davantage celui de revendications des acteurs du secteur, chacun et libre d'utiliser la dénomination qui le satisfait le mieux, et il n'est pas rare de rencontrer l'association « musiques actuelles et amplifiées », bien que la simple expression << musiques actuelles > semble aujourd'hui primer.

Le terme « milieu rural »

Le terme << rural » a été employé dans le sujet par sa dénomination la plus stricte : « milieu rural » qui est une appellation ancienne, mais encore d'actualité. Le nom rural est ambigu et mal déterminé en France. Par la définition de l'espace rural, sa typologie et par l'appui de cartes du zonage des aires urbaines, nous expliquerons ici pourquoi le choix de l'expression « milieu rural » plutôt que celle << d'espace à dominante rurale ».

En France durant plusieurs décennies, le découpage du territoire était basé sur la notion d'agglomération et d'unités urbaines. D'après l'Institut national de la statistique et des études économiques -dit INSEE, l'espace à dominante rurale -ou espace rural- regroupait ainsi l'ensemble des petites unités urbaines et communes rurales n'appartenant pas à l'espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multipolarisées). Cet espace très vaste représentait alors 70% de la superficie totale et les deux tiers des communes de la France métropolitaine. Depuis 2011 cette définition n'est plus en vigueur dans le nouveau zonage en aires urbaines.

A présent l'INSEE distingue toujours deux grands types d'espaces mais avec des définitions différentes :

- d'une part l'espace à dominante urbaine où sont désormais incluses, outre les pôles urbains, les couronnes périurbaines et les communes multipolarisées (aussi regroupées sous le terme d'<< espace rural sous influence urbaine ») :

- d'autre part, l'espace à dominante rurale, lui-même divisé en plusieurs sous-types : les aires moyennes, les petites aires, les autres communes multipolarisées et les communes isolées hors influence des pôles. (cf. carte 1)

Par ailleurs, l'INSEE explique la classification des communes rurales par cette définition: << L'unité urbaine est une commune ou un ensemble de communes qui comporte sur son territoire une zone bâtie d'au moins 2 000 habitants où aucune habitation n'est séparée de la plus proche de plus de 200 mètres. >>

Évidemment, comme l'explique clairement Bernard Henri Nicot*, ingénieur et chercheur au SIRIUS, Institut d'Urbanisme de Paris :

<< Le seuil de 2 000 habitants utilisé pour la définition des unités urbaines ne signifie pas, bien sûr, que toutes les communes de plus de 2 000 habitants sont urbaines : 577 communes rurales ont plus de 2000 habitants (la plus peuplée, 44209 Treillières, en a plus de 6 000). Il signifie encore moins que toutes les communes urbaines ont plus de 2 000 habitants : sur les 5 954 communes urbaines en 1999, un bon tiers (2 023) a moins de 2 000 habitants (la plus petite, 51493 Saint-Léonard dans la banlieue de Reims, en a 77). >>

Officiellement, << l'espace rural se caractérise par une densité de population relativement faible, par un paysage à couverture végétale prépondérante (champs, prairies, forêts, autres espaces naturels), par une activité agricole relativement importante, du moins par les surfaces qu'elle occupe. >>*

Pour l'Organisation de Coopération et de Développement Economique - dit OCDE - et le Conseil de l'Europe, « le milieu rural englobe l'ensemble de la population, du territoire et des autres ressources des campagnes, c'est-à-dire des zones situées en dehors des grands centres urbanisés. >> De même le milieu rural intègre le lieu de production d'une grande partie des denrées et matières premières.

Outre cela, il est en voie de transformation grâce à son attractivité naissante due à sa spécificité de traditions socio-culturelles, de liens avec la nature et de caractéristiques économiques et environnementales, principalement basées sur l'agriculture. Ainsi le milieu rural assure de plus en plus des fonctions de détentes, de loisirs, de dépaysement et de vie alternative notamment pour les habitants des grands pôles urbains.

Pour approfondir notre définition du terme << milieu rural >> qui vient d'être présenté comme un « espace rural pluriel », on peut le classer en différentes sous-catégories, en considérant l'usage qui en est fait ainsi que le dynamisme émanant de ses

* Sources : 1. NICOT B.H., Urbain-Rural : De quoi parle-t-On ?, document de travail, juin 2005

2. PONCET J.F., L'exception territoriale : un atout pour la France, Sénat n°241, 2003, p.92 à 111

caractéristiques générales.

Philippe Perrier-Cornet, directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique à Dijon, distingue trois types d'usages de l'espace rural lors de sa définition de l'espace à dominante rurale de 1999 * :

- la « campagne cadre de vie » qui se définit comme une campagne résidentielle, par la migration de citadins dans les espaces périurbains. Cela implique un étalement autour des villes, et donc un élargissement des équipements vers ces nouvelles populations (transports, commerces, écoles...). Elle s'assimile ainsi avec les communes des grands pôles et les communes multipolarisées. (Par exemple : la ville de St-Émilion, se situant dans la couronne du grand pôle urbain bordelais, en région Aquitaine)

- la « campagne ressource » qui se définit comme une campagne productive, à la fois par son apport en produits agricoles et en biens industriels. (Par exemple : la Beauce, située dans le Bassin parisien, s'étendant de la région Centre à la région Ile-de-France)

- la « campagne nature » qui inclut les espaces naturels plus ou moins protégés, comme les parcs nationaux et les réserves diverses. (Par exemple : le parc naturel régional du Luberon, en Provence, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.)

On peut aussi classer les espaces ruraux selon trois types de dynamisme : (cf. carte 2)

- les espaces périurbains qui sont très dépendants des villes, pour les emplois, commerces et services. Il est par ailleurs intéressant de noter qu'en France, 95% de la population vit actuellement sous l'influence des villes. Ces espaces peuvent être assimilés au « campagne cadre de vie >, ainsi qu'aux couronnes des grands pôles urbains et des communes multipolarisées. Ils correspondent aux « campagnes des villes » de la carte 2 intitulée Les trois France rurales.

- les espaces ruraux, aussi appelés « fragiles » ou « profonds », en sont leur contraire : ils sont éloignés des villes et gardent un accès difficile aux services publics, une couverture en téléphonie mobile insuffisante, des accès aux réseaux de transports rapides difficiles. De plus, ils subissent un vieillissement de leur population, un accueil important de retraités ainsi qu'un certain déclin démographique. Ces espaces apparaissent sur la carte 2 sous le nom de « campagnes fragiles », où l'on peut constater que le Massif central et le Sud-Ouest sont les plus affectés.

- les espaces ruraux dits « vivants », plus ou moins éloignés des villes, ils gardent un certain équilibre démographique, grâce entre autre au tourisme. Ils sont représentés sur la carte 2 sous le terme « nouvelles campagnes ».

Par l'actualisation récente du découpage du territoire français, le terme << milieu rural >> semble le plus pertinent pour notre sujet, à défaut de pouvoir employer celui d'« espace à dominante rurale >>.

En effet, en plus de la complexité du mot rural, ce mémoire enrobe également << l'espace rural sous influence urbaine >> -comprenant les couronnes des grands pôles et les communes multipolarisées- qui a été catégorisé dernièrement dans << l'espace à dominante urbaine >>. La définition au sens stricte << milieu rural >> semble dès lors la plus convaincante, afin d'assurer une visibilité et une interprétation correcte du sujet dès son premier abord.

? Organisation d'un festival de musiques actuelles

Enfin avant de nous engager dans cette étude, il semble aussi important de mieux comprendre l'organisation d'un festival de musiques actuelles, afin de mieux cerner les enjeux, les démarches, les besoins et surtout les difficultés que peuvent rencontrer les porteurs de projets d'une telle ampleur.

La création d'une manifestation culturelle s'articule comme le montage d'une réalisation quelconque. Elle nécessite de reprendre les modes de gestions et d'organisations classiques en les adaptant au plus près au type de l'activité de l'évènement. Nous dégagerons ici simplement quelques-uns des axes constitutifs propres à l'organisation d'un festival :

Le cadre du festival

Tout d'abord, il faut définir le thème fédérateur du festival. Cela permet dans un premier temps de rallier d'autres personnes à cette entreprise. Le thème dépend bien entendu de ce qui est envisagé d'être mis en place, et du ou des domaine(s) couvert(s). Dans notre exemple il s'agit des musiques actuelles, mais il peut être question du théâtre, cinéma, peinture, sculpture, danse, littérature... Le thème fondateur découle aussi du parti pris artistique, de l'objectif à atteindre, de la durée, etc.

Par la suite, il est primordial d'établir un programme de l'évènement et réunir le
plateau artistique en suivant une grille définie, afin de se tenir aux choix et aux décisions
initiales. Celui-ci doit tenir compte des contraintes techniques et des cachets des artistes.

Il est donc nécessaire qu'il comprenne un budget prévisionnel. Ce programme est une étape importante de l'organisation du festival, pouvant tenir lieu de dossier de présentation lors de la recherche de partenaires ou même pour des recherches de location de terrain, lieu ou salle d'accueils de l'évènement.

Les partenaires financiers

Suite à la réalisation du programme et à l'évaluation du coût du festival, la deuxième étape indispensable consiste à choisir les partenaires financiers. Afin de faire des propositions recevables, il faut effectuer un ciblage précis par un examen attentif des besoins et des caractéristiques de l'interlocuteur, par rapport à ce qu'il propose, à ses actions, etc.

La législation

La réglementation en matière d'organisation de spectacles est très précise: il faut prendre en compte les contraintes de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique -dit SACEM, de la préfecture, des douanes, etc.

Bien que la licence d'entrepreneur de spectacles vivants soit sujette à des bouleversements en matière de réglementation suite aux réformes de la directive européenne -relative aux services dans le marché intérieur européen, qui pourrait l'amener vers sa suppression, elle est actuellement toujours obligatoire.

Un autre point de la législation à ne pas négliger concerne la sécurité. Tout spectacle doit être normalement autorisé par le maire, dont les autorisations sont attribuées en principe après une visite de sécurité. Au sujet de l'utilisation d'un lieu « inhabituel», il faut d'autre part un avis favorable de la Commission de sécurité pour l'accueil des publics.

Le troisième point dont il faut tenir compte est l'assurance. En effet, il est obligatoire de souscrire une assurance responsabilité civile et dommages, afin de couvrir les dégâts matériels occasionnés à la salle ou au lieu d'accueil, ainsi qu'aux biens et sinistres occasionnés aux personnes accueillies.

La logistique

Une fois que le festival est planifié dans son ensemble, viable financièrement et
respectueux de la législation, il est nécessaire de prendre en charge un certain nombre

de tâches logistiques : l'équipement du lieu, l'organisation du service d'accueil, l'accompagnement artistique, le suivi technique de l'ensemble de la manifestation, l'hébergement, les transports, etc.

De plus, il est indispensable de faire la mise au point de la billetterie, en prévoyant le fond de caisse, la conformité des billets, le prix des places, etc. Cette étape est nécessaire concernant la réglementation et les éventuels contrôles fiscaux.

De même, il faut penser à la buvette, exigeant deux types de licences pour les débits de boissons occasionnels délivrées par la préfecture : la première concerne les boissons sans alcool, la seconde le vin, la bière, le cidre et les vins entre un et trois degrés d'alcool. L'ouverture d'un débit de boissons nécessitant une licence 2 entraîne le paiement d'une taxe.

La communication

Enfin, l'étape cruciale consiste à faire venir du monde dans le festival. Pour cela, il faut cibler le public touché. Afin de commercialiser et de communiquer au mieux l'évènement, la sélection des supports de promotion est déterminante : tracts, affiches, choix des médias, Internet, presse régionale, revues spécialisées, radios, etc. Par ailleurs, le choix du bénévolat en parallèle à l'équipe rémunérée peut servir de relais informel auprès de la population.

En amont de la diffusion se positionne évidemment la création de l'image de la manifestation, par le biais de la création d'un logo, d'un graphisme particulier ou d'une formule accrocheuse.

? Méthodologie et articulation du mémoire

En conclusion de ces avant-propos, il convient de faire une description de la méthodologie appliquée et de l'articulation du mémoire.

Tout d'abord, la problématique se résume ainsi : quel est l'intérêt du développement des festivals de musiques actuelles en France ? De cette question de base est née deux hypothèses, structurant la réflexion du mémoire :

La première hypothèse : les festivals de musiques actuelles ont un avenir certain car ils sont de forts vecteurs de développement et séduisent aisément les politiques culturelles et les collectivités territoriales.

La seconde hypothèse : l'avenir des festivals de musiques actuelles s'annonce difficile voire décroissant car ils sont souvent considérés comme une simple fonction culturelle au sein de notre époque en pleine crise économique. De même, le marché tend déjà vers la saturation : il n'y a plus de place pour de futurs porteurs de projets.

Évidemment ces théories seront confirmées ou infirmées durant la conclusion de cette étude.

Partant de ces hypothèses, la construction et le raisonnement de cette étude se sont fondés sur trois aspects cohérents :

Un aspect théorique par une étude organisée suivant les hypothèses définies, avec un appui de références bibliographiques d'études et de rapports de professionnels du milieu. De plus, cette étude est enrichie par une collecte d'informations sur les festivals actuels et de connaissances acquises durant ma formation à l'ICART.

Un aspect pratique par un appui d'exemples concrets, dont les principaux sont le festival de Jazz in Marciac (jazz et musiques improvisées), le festival des Vieilles Charrues, le festival des Eurockéennes et le festival Musicalarue (musiques actuelles), ainsi que le festival du Hellfest (métal et genres dérivés). Ces exemples ont été choisis par leur concordance avec les points principaux du mémoire : leur dynamique en termes de démocratisation et décentralisation, de développement local, de valorisation du patrimoine, en matière d'emploi, de promotion artistique et enfin de leur impact sur le tissu économique et touristique locaux. De plus, il s'agit-là d'exemples significatifs, par le choix de festivals de renommés et rayonnement nationaux voire internationaux.

En somme, cette étude repose sur un aspect pratique par la collecte d'informations et de points de vue auprès de professionnels, grâce à de nombreux entretiens : Sean Bouchard du label Talitres, Bastien Perez programmateur de Musicalarue. Mais aussi auprès d'artistes français avec les groupes Stuck in the Sound et Hyphen Hyphen.

Un aspect personnel par un fort engagement propre du fait de mon implication sur le terrain. De même, ce mémoire est fortement lié aux rencontres et autres opportunités de réflexion que mon stage de troisième année, au sein de la salle de concerts de musiques actuelles l'Astrolabe d'Orléans, m'a permis. Enfin, ce mémoire est constitué d'une vive réflexion, organisée autour d'argumentaires personnels.

Partant de ces trois aspects, le mémoire s'articule en trois chapitres. Ils progressent suivant un cheminement logique, représentatif de l'ordre de mes recherches, de mes découvertes et de mon ouverture d'esprit sur le sujet. Le risque que j'ai choisi ici d'entreprendre est d'exposer tous les constats et analyses de mes recherches durant les deux premiers chapitres. Cela dans le but de nourrir ma réflexion personnelle ainsi que celle du lecteur potentiel. En effet je pense qu'il s'agit là d'un travail nécessaire et intéressant étant donné que ce mémoire s'adresse autant aux étudiants amateurs de culture ou non.

Ainsi, cette étude part d'une réflexion générale établie sur la problématique de base, en
s'appuyant sur les vecteurs de développement primordiaux des festivals en milieu rural :

Le premier chapitre traite essentiellement de l'apport des festivals en terme de développement du milieu rural, par l'étude de trois dynamiques des festivals : sa dynamique culturelle, afin d'étudier la décentralisation et démocratisation de la culture ; sa dynamique sociale, afin d'étudier son impact sur le développement local ; et enfin sa dynamique artistique en terme de valorisation du patrimoine.

C'est un chapitre inévitablement théorique, mais qui est argumenté par une étude pratique du festival de Jazz in Marciac.

Elle s'étend sur un deuxième chapitre plus analytique, fondé sur des débats d'ordre économique : sujet inévitable afin de placer les hypothèses définies au sein du contexte actuel. Notre époque étant plongée dans une crise économique, la question des problèmes et enjeux financiers est d'une évidente prépondérance.

De plus, ce chapitre permet de pousser la réflexion sur l'impact des festivals sur le développement rural. Pour cela après une analyse de leur économie, nous étudierons les apports en matière d'emplois, qui peuvent s'avérer être une réponse au taux du chômage croissant actuel en France. Enfin, il aboutit sur le thème du tourisme culturel, l'un des points forts des festivals, issu de leur importante attractivité.

Ce chapitre est illustré par l'étude de deux cas : les festivals des Vieilles Charrues et du Hellfest.

Enfin, elle cette étude s'achève sur un troisième chapitre plus subjectif, se fondant sur
les acquis théoriques et les conclusions tirées des deux premiers chapitres de l'étude.

Cette troisième partie entame une réflexion approfondie, personnelle et collaborative, amenant vers des débats constructifs. Dès lors, l'étude entreprend de répondre aux hypothèses, en s'appuyant sur divers points de vue :

- le point de vue des acteurs culturels et de la vie culturelle locale, en réponse aux attentes du ministère de la Culture et de la Communication et des politiques culturelles concernant les apports des festivals.

- le point de vue des publics, afin de relier population locale et festivaliers, en poussant notre réflexion sur la fréquentation des festivals suite à une étude du profil socioéconomique des publics.

- et enfin le point de vue des artistes et de l'Industrie musicale, situé en dernier afin de porter l'étude à sa conclusion. Cette partie traitant de l'enjeu premier d'un festival, qui consiste à promouvoir l'art dans son ensemble, amène vers une réponse à la problématique : quel est l'avenir des festivals ?

La question de l'importance de la production scénique pour les artistes enclins à la crise de l'industrie musicale, est en lien direct avec celle de l'objectif premier d'un festival : divertir, instruire, et promouvoir les artistes.

Ce chapitre s'appuie sur de nombreux entretiens, rencontres et démarches personnelles.

Cette ouverture sur l'avenir des festivals, conduit le chapitre à s'interroger sur leurs mutations nécessaires.

Enfin, ce dernier chapitre conduit l'étude à sa conclusion générale, qui a pour but de synthétiser les connaissances fondamentales apportées, de faire ressortir les argumentaires les plus forts des débats et de ma réflexion personnelle, tout en répondant aux hypothèses dérivées de la problématique, en les confirmant ou infirmant.

* * *

CHAPITRE I : Les festivals : vecteurs de

développement au sein du milieu rural

français

Introduction : une perception du milieu rural
redevenue positive

La France est le premier pays rural d'Europe, par le nombre de ses communes rurales qui regroupent 25 % de la population française. Ses traditions culturelles rurales contribuent au rayonnement culturel que la France entretien à travers le monde.

? De nouveaux comportements ruraux

L'image d'un monde rural replié sur lui-même, isolé dans un mode de vie particulier et autonome en décalage face au reste de la société, n'est évidemment plus valable aujourd'hui.

En premier lieu cela s'affirme par la repopulation des campagnes françaises. Après une période d'exode rural massif au XIXème siècle le rural se repeuple aujourd'hui, bien que cela se fasse de manière inégale selon les territoires, avec des catégories de populations très diversifiées.

Le point le plus important étant que depuis les ruraux français se sont ouverts sur le monde : par l'intermédiaire de la télévision (la quasi-totalité des ménages en est dotée et les ruraux sont des téléspectateurs particulièrement assidus), dinternet (même si ce média est encore moins utilisé qu'en ville), des nouvelles technologies et des nouveaux moyens de communication en général (téléphones portables, ordinateurs, tablettes, Smartphones...), des voyages touristiques, etc.

Les comportements des ruraux s'avèrent être de plus en plus urbains, entrainant un nouveau regard des citadins sur l'espace rural.

? Perception du milieu rural par les citadins

Le milieu rural a retrouvé au sein de notre société une nouvelle perception. Entre l'urbain et le rural s'est produite une inversion des valeurs : le regard des citadins sur l'espace rural est devenu positif.

Par les mutations de l'espace rural et ses nouveaux comportements, les campagnes ne sont plus vues comme le « résidu » de notre urbanisation.

Chez les jeunes, le rural se confond de moins en moins voire plus du tout avec le monde agricole. Ainsi le rural n'est plus uniquement perçu comme une « campagne ressource » en tant que simple espace productif de nos denrées et matières premières. (cf. déf. termes)

Désormais, les citadins ont une image de l'espace rural comme d'une « campagne résidentielle », d'un endroit calme et familial où il fait bon vivre, ou tout au moins, d'un endroit où passer leurs vacances pour se ressourcer. La faible densité de population devient alors un facteur positif, donnant une image de populations rurales ancrées par des liens familiaux et sociaux forts. La campagne française s'affirme ainsi par ses fonctions de dépaysements, de vie alternative, de valeurs, de loisirs et de détentes.

Enfin, le milieu rural, cet espace d'une grande richesse naturelle, et fortement assimilé aux nouvelles remises en question des citoyens au sujet de l'écologie et du développement durable : ils se sentent de plus en plus concernés par la protection de leur patrimoine naturel et historique.

? Une vie culturelle présente dans le milieu rural

Par la transformation du milieu rural lui-même, les mentalités à son égard ont changé. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est de savoir si elles ont engendré une perception positive de la vie culturelle du milieu rural.

Il est évident que le milieu rural ne peut pas avoir d'installations comparables au milieu urbain, et partant de ce principe, beaucoup de citadins y voient une insuffisance en termes d'offre culturelle.

Pourtant, une vie culturelle est belle et bien présente. Citons par exemple sa richesse patrimoniale, la forte présence du monde associatif dans les villages, ou encore l'importance des pratiques amateures.

Par ailleurs, le milieu rural est le seul à proposer une culture du « vivre ensemble », issue de la culture des villages, et de leur art de faire la fête au sein de leurs communautés.

De même, le milieu culturel rural français s'est recomposé. Il a bénéficié d'un véritable métissage, de par l'arrivée de nouvelles populations de l'espace urbain, et a su conserver ses activités culturelles traditionnelles, voire les remettre en évidence.

La vie culturelle en milieu rural est encore malheureusement peu reconnue par les citadins. En revanche, pour les politiques d'aménagement du territoire, elle représente un enjeu prioritaire au sein de la décentralisation et de la démocratisation de la culture en France.

C'est par cette notion que nous en arrivons à la question de la contribution des festivals en termes de développement du milieu rural. En nous appuyant sur plusieurs de leurs dynamiques ainsi que sur l'exemple du festival de Jazz in Marciac, nous verrons comment leur concept a su séduire les collectivités locales et en quoi ils contribuent à la décentralisation et à la démocratisation culturelle, ainsi qu'à la valorisation du patrimoine rural.

* * *

1/ Une dynamique culturelle en termes
de décentralisation et démocratisation

1.1 Les politiques d'aménagement culturel du territoire : réduction des inégalités géographiques d'accès à la culture ?

? « Désert culturel français » : une expression encore d'actualité ?

Suite au renforcement actuel des politiques culturelles au sujet du réaménagement du territoire et donc à la décentralisation et à la démocratisation de la culture, l'expression << désert culturel français > semble aujourd'hui désuète.

Celle-ci a été popularisée par André Malraux, ministre d'État chargé des affaires culturelles de 1959 à 1969, qui l'avait empruntée au metteur en scène Charles Dullin. Le terme << désert culturel > est né d'une prise de conscience des inégalités géographiques en France, sur les plans culturel et universitaire.

En effet la France traversait, en particulier durant les années 1970, une période de contestation du concept d'urbanisation et une remise en question concernant l'émergence de sa géographie sociale.

Au sein du milieu culturel, le constat principal se portait sur le problème d'acculturation engendrée par la capitale et la région parisienne. Sa très forte proposition en matière culturelle créait un important déséquilibre : toute la programmation était concentrée en Ile-de-France au détriment des provinces.

Ces faiblesses d'aménagement du territoire sont résorbées avec l'arrivée de Jack Lang rue de Valois dans les années 1980. Durant ses deux mandats en tant que ministre de la Culture de mai 1981 à mars 1986, le ministère subit d'importantes transformations : il va accélérer sa modernisation et l'ouvrir à la société contemporaine, en partie par une augmentation de son budget, l'élargissement de son champ d'action à de nouvelles formes d'art et son insertion dans le monde économique. Suite à cette nouvelle conception de la politique culturelle, le ministère connait par ailleurs une augmentation de ses moyens dans le cadre de la décentralisation.

Ces transformations se traduisent par le premier article du décret du 10 mai 1982 relatif à l'organisation du ministère : (cf. planche 1)

<< Le ministère chargé de la culture a pour mission : de permettre à tous les Français de cultiver leur capacité d'inventer et de créer, d'exprimer librement leurs talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de préserver le patrimoine culturel national, régional ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout entière ; de favoriser la création des oeuvres de l'art et de l'esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l'art français dans le libre dialogue des cultures du monde. >

En 1983, ce décret est suivi par les lois de décentralisation qui ont transféré aux conseils généraux les archives départementales et les bibliothèques centrales de prêt.

Cette période de grands changements, marquée par l'implication de l'administration culturelle de l'État qui a fait du développement territorial l'une de ces priorités, a abouti à la valorisation des campagnes et à l'affirmation des cultures minoritaires. Ainsi, comme le mentionne Jack Lang en 2009 dans le Nouvel Observateur*, le terme << désert culturel > n'est fort heureusement plus d'actualité. Par ailleurs, au cours de cet entretien, il résume parfaitement l'importance continue de la décentralisation : << les grands travaux, ce devrait être une multitude de petits travaux qui métamorphoseraient l'architecture quotidienne.>


· Le nouveau rôle des collectivités territoriales

Depuis les lois de décentralisation de 1983, le champ culturel est devenu l'objet d'une politique partenariale très développée entre l'État et les collectivités territoriales. Celle-ci a permis ces vingt dernières années d'élargir les contenus des politiques culturelles à de nouvelles disciplines et à de nouveaux domaines, par la réalisation de nombreux projets contribuant à rétablir l'équilibre des territoires.

Dans ce contexte, depuis la déclaration à l'Assemblée nationale de janvier 2001 durant laquelle ont été posés des principes d'une nouvelle étape de décentralisation, proposant une répartition des compétences de l'État et des collectivités territoriales, le ministère de la Culture et de la Communication a mis en oeuvre de nombreuses expérimentations

* Source : PLISKIN Fabrice, C'est la culture qu'on assassine !, article-entretien avec Jack Lang, le 19 février 2009

de décentralisation auprès d'une centaine de ces collectivités. L'objectif de ces dix dernières années était ainsi de clarifier les compétences respectives des collectivités territoriales en matière culturelle.

Les résultats des travaux liés à ces expérimentations ont permis aux administrateurs territoriaux et aux acteurs culturels de réfléchir ensemble à une redéfinition des missions et des tâches de l'État et des collectivités territoriales. La sensibilisation et les acquis de ces réflexions ont abouti, au sein des différents domaines de la culture, à de nouvelles législations de 2003 à 2004 relatives aux libertés et responsabilités locales, ainsi qu'à l'organisation décentralisée de l'État.

C'est une grande étape en matière de coopération culturelle qui offre un nouveau cadre juridique, apportant aux projets d'envergure une meilleure gestion par les élus des collectivités territoriales.

Ainsi ce qu'il est important de retenir ici, c'est le fait que l'État a transféré aux collectivités territoriales les compétences et ressources dont il se servait pour aménager et développer le territoire.

Actuellement, une collectivité territoriale se définie donc comme une administration distincte de l'État qui exerce certaines compétences lui étant affectées sur un territoire donné (commune, département, région). Elle possède trois caractéristiques :

- une personnalité juridique, lui permettant notamment d'agir en justice et de conclure des contrats.

- des compétences, par le fait qu'elles bénéficient d'une « clause de compétence générale », qui leur permettent en principe d'agir dans tous les domaines de l'action publique dans la mesure où un intérêt public local est en jeu.

- une liberté d'administration, par le fait qu'elles disposent d'un pouvoir règlementaire, et qu'elles sont dotées d'un organe de décision élu. Le principe de libre administration est posé par l'article 34 de la Constitution et précisé par l'article 72. En somme, il s'exerce dans le cadre des lois qui le régissent à l'égard de l'État et des autres collectivités. En effet, aucune collectivité ne peut exercer de tutelle sur une autre : les décisions du conseil général d'un département ne sont donc pas en général soumises à un contrôle au niveau régional.

Malheureusement, ces collectivités sont loin de disposer de moyens équivalents à ceux de l'État pour mettre en oeuvre ces compétences en matière culturelle.

? Constats actuels : des résultats mitigés

Comme nous venons de le voir, la diffusion d'une offre culturelle de qualité sur l'ensemble du territoire est une condition indispensable à son développement. En 2003, lors des manifestations commémorant le 40ème anniversaire de la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale*, Jacques Chirac alors Président de la République, déclare en conclusion : << Pour inverser la tendance économique, nous ne devons pas opposer un territoire à un autre. La région parisienne, les grandes agglomérations, les villes moyennes, les campagnes : tous les territoires ont leur place dans la mécanique d'entraînement qu'il faut aujourd'hui relancer >.

Aujourd'hui, il semble que la répartition des installations culturelles sur le territoire national soit plus homogène mais toujours assez concentrée, compte tenu des résultats envisagés. Bien que le monopole culturel de la capitale ait vu son rayonnement et son prestige considérés comme trop exclusifs et malgré les efforts déployés au cours des dernières décennies, de nombreuses inégalités territoriales persistent.

En 1946, le géographe Jean-François Gravier décrivait le territoire dans son ouvrage Paris et le désert français, rendant cette expression populaire. Désormais, il semble évidemment que le terme << désert français » soit exagéré. Mais la question du poids qu'exerce Paris sur le reste des régions est toujours d'actualité. Il est important de noter que le bassin parisien, première aire urbaine de France, compte un peu plus d'onze millions d'habitants soit un tiers total de sa population. La disproportion entre l'Ile-deFrance et le reste des régions souligne les problèmes encore présents dans l'aménagement du territoire.

A l'échelle européenne, il s'agit tout de même de l'agglomération la plus peuplée, se positionnant devant Londres et le pôle d'Essen d'Allemagne, mais aussi et surtout la plus riche culturellement. Cette disproportion et sa richesse croissante continue de creuser des écarts avec les autres provinces françaises.

Pour illustrer ce bouillonnement culturel parisien, il faut savoir que la capitale comprend la plus importante offre festivalière aussi bien pour une ville que pour un département.

* Actuellement DATAR, Délégation interministérielle à l'Aménagement du Territoire et à l'Attractivité Régionale ;

Source : PONCET J.F., L'exception territoriale : un atout pour la France, Sénat n°241, 2003, p.92 à 111

D'après les données rapportées sur la période de juin 2000 à mai 2001 (cf. graphique 2) , l'Ile-de-France constitue 11,3% des festivals sur leur répartition totale en France. La ville de Paris représente à elle seule 47,4% de ce chiffre, soit une programmation de 37 festivals sur les 75 totaux de sa région.

En comparaison, outre l'exception des régions de la côte méditerranéenne comme la Provence-Alpes-Côte d'Azur qui arrive en tête du classement avec plus de 13% sur l'offre totale (cf. p. 94) -bénéficiant d'un climat et d'une forte concentration touristique propices à un tel résultat- il faut savoir que par exemples :

La région Rhône-Alpes représente 9% de l'offre, avec 65 festivals programmés sur la période donnée ;

L'Aquitaine quant à elle, démontre 7% de l'offre, avec 46 festivals ;

La Bretagne, 5,1% sur l'offre totale, avec 35 festivals ;

L'Auvergne, région du Massif Central qui est principalement constitué de « rural isolé», représente seulement 3% de l'offre, avec 19 festivals au total ;

Les régions les plus faibles de ce classement, étant la Champagne-Ardenne et la Lorraine, présentant chacune 1,4% de l'offre, avec 20 festivals au total à elles seules.

? Le rôle des festivals au sein de la décentralisation

Cette illustration nous amène ainsi à la question du rôle des festivals au sein de la décentralisation française.

Durant les bouleversements au sein des politiques culturelles d'aménagement du territoire, les festivals ont été chargés d'un certain nombre de missions par les pouvoirs publics.

En effet, les festivals ont su séduire les politiques publiques par leur facilité de montage ne nécessitant pas ou peu d'investissements lourds. Cette commodité d'implantation dans des zones culturellement isolées permet de remédier à l'absence d'équipements permanents (salles de concerts, cinéma, théâtre, maison de la Culture...).

Ainsi bien qu'ils soient parfois qualifiés de « cache-misère », ils sont des moyens efficaces en termes de décentralisation permettant en général, de fournir à de petites communes rurales une animation culturelle, devenant souvent leur plus grand rendezvous de l'année. Citons par exemple le festival de Jazz in Marciac, qui se déroule dans un

petit village de 1 231 habitants* dans le Gers en Midi-Pyrénées. Ce festival sera par ailleurs notre étude de cas durant la conclusion de ce chapitre.

Par conséquent, les festivals proposent au public rural une alternative au monopole culturel et artistique de la ville de Paris et ses alentours, étudié précédemment.

En contribuant à réduire les inégalités géographiques d'accès à la culture, ils participent ainsi à la décentralisation culturelle. Cela se vérifie avec les festivals de musiques actuelles qui permettent de pallier l'absence de salle de concerts, en produisant dans de petites communes et autres provinces les « artistes phares du moment » qui normalement ne jouent que dans les structures influentes des grandes agglomérations. Leur tournée est par ailleurs enrichie par ces festivals, qui leur offrent la possibilité de promouvoir leur album dans des régions où ils n'avaient pas la possibilité de se produire à cause du manque d'installations nécessaire.

Bien évidemment, les festivals peuvent se heurter à de nombreux problèmes concernant leur implantation en milieu rural isolé. Nous tâcherons de les analyser tout au long de ce mémoire en commençant dans ce chapitre, par l'étude des paradoxes entre ruralité et actualité.

*

La tendance générale s'inscrit donc en décalage avec la politique d'aménagement qui n'a manifestement pas encore su rétablir les déséquilibres du territoire.

Ces constats mitigés nous amène ainsi à nous interroger sur l'état de la démocratisation de la culture en France.

* Source : INSEE - Populations légales de la commune de Marciac - 2008

1.2 Les politiques culturelles et les inégalités sociales d'accès à la culture :
démocratisation, populations rurales et festivals de « diffusion »

Suite à la seconde décentralisation de 2003, le ministère de la Culture et de la Communication est donc toujours aussi soucieux des inégalités géographiques de la culture. Mais qu'en est-il des inégalités sociales ?

La démocratisation découle logiquement de la décentralisation qui, en équilibrant les installations culturelles sur le territoire, réduit les inégalités et accélère le processus d'accès à la culture. Contrairement à la décentralisation, la démocratisation de la culture ne se limite pas au coût des démarches à envisager. En effet elle comprend des enjeux plus qualitatifs que la décentralisation : les politiques culturelles ont plus concrètement une véritable responsabilité envers les populations rurales dites << isolées » concernant l'amélioration de leur cadre de vie.

? Le ministère et la démocratisation de la culture

L'État entend par l'appellation démocratisation culturelle << un accès facilité à l'offre culturelle afin que les publics et les jeunes en premier lieu, s'approprient les oeuvres, fréquentent les structures, rencontrent des artistes, et se livrent à des pratiques artistiques dans le cadre de projets spécifiques. »*

En somme, une des principales missions du ministère français de la Culture depuis sa création est de promouvoir un meilleur accès à la culture : << Le ministre de la Culture a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et de favoriser la création des oeuvres de l'art et de l'esprit qui l'enrichissent. »*

En février 2012, le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, déclare souhaiter << renforcer le partenariat avec les collectivités territoriales sur les politiques de démocratisation culturelle et d'accès de tous à la Culture, quand elles s'illustrent dans des projets portés par des opérateurs professionnels artistiques et culturels engagés dans cette dynamique de territoire. »* Par ailleurs, pour répondre aux objectifs du contrat territorial 2011-2013, il reconnaît que << les publics les plus éloignés de l'offre culturelle [sont] considérés comme prioritaires. »*

* Source : http://www.culturecommunication.gouv.fr

? Le retrait de l'Etat : les festivals ne sont plus une priorité du ministère

Pour le ministère, il faut donc favoriser la diffusion sociale de la culture. Mais concrètement, l'État est de moins en moins présent au sein des projets culturels basés sur le développement du territoire.

Bien que l'État n'ait plus beaucoup de monopole en matière d'expertise artistique, pour les festivals comme pour les autres domaines de la culture, il reste très attendu et son rôle au sein du milieu culturel et l'éventualité de son effacement engendrent de vifs débats.

Les politiques cultuelles sont en effet confrontées à la peur du retrait de l'État. Par sa Directrice Nationale d'Orientation -dit D.N.O., il a déclaré en 2003 ne plus tenir les festivals comme priorité du ministère. Pourtant, l'intervention de l'État a toujours été considérée comme capitale et ce depuis l'essor des pouvoirs locaux dans les politiques culturelles. La reconnaissance de sa simple présence signifie énormément pour les professionnels, par l'influence que les conseillers du ministère exercent même minoritaire, sur la prise du risque artistique et la pertinence des choix de programmation. Surtout l'effet de levier qu'elle procure sur la décision des élus. Il faut en effet mentionner ce point : organiser et monter un festival en milieu rural même en s'appuyant sur le développement local, présente de nombreux risques. (cf. partie 3.1 et

p.54)

Enfin les festivals sont, pour reprendre l'expression d'Emmanuel Négrier, les « fils adoptifs »* de la décentralisation. Ainsi, la décision de la D.N.O. de ne plus les considérer comme une priorité du ministère s'avère paradoxale au fait qu'il soit des solutions efficaces pour les politiques culturelles d'aménagement du territoire.

? Les festivals et la démocratisation de la culture

En effet, les festivals répondent à la définition de la démocratisation de l'État -citée
précédemment- en permettant à des populations excentrées d'assister à des
représentations artistiques bien qu'elles ne disposent pas d'un accès à des structures

* Source : NÉGRIER Emmanuel, Les Nouveaux territoires des festivals, Deuxième partie : Les partenariats des festivals, p.86

culturelles permanentes. Typologiquement, ces festivals s'inscrivent dans la catégorie de

« festivals de diffusion. » (cf. déf. termes

)

Pour les collectivités territoriales, les festivals se présentent comme une << parade », étant donné qu'elles ne peuvent pas se soucier de toutes les populations dont elles sont en charge sur leur territoire. L'attractivité des festivals permet de réunir plusieurs populations au cours du même évènement et ainsi de faire profiter d'une animation culturelle à un plus grand nombre. (cf. partie 2.2 et 7.2)

Un festival a plus de pouvoir en termes d'implantation qu'une collectivité territoriale. Bien que les politiques culturelles fassent des populations isolées leur priorité, la collectivité est dans l'obligation de faire des choix quant au lieu ou à la population les plus propices à bénéficier d'une offre culturelle. Cela va de pair avec le fait qu'une installation et une action culturelles ont un coût. Elle doit donc extrêmement cibler les attributaires en fonction des demandes, enjeux et de l'estimation des retombées économiques.

Il faut tout de même faire preuve de relativité : un festival ne peut pas s'implanter n'importe où. (cf. partie 3.1) Mais il a le mérite de pouvoir s'appuyer plus aisément sur le patrimoine, le tourisme, le cadre du lieu et ainsi de pouvoir s'insérer dans des lieux plus excentrés. Par son caractère évènementiel et festif, sa tarification intéressante et sa mobilité en termes d'installation, il fait preuve d'une attractivité unique et ainsi un fort pouvoir de convivialité. Il se présente comme moins << austère » auprès des populations isolées -et donc moins sensibilisées- qu'une installation culturelle permanente. Par ailleurs, il est important de noter que les collectivités ne se chargent pas elles-mêmes de l'organisation de festivals au sein de leur territoire. En revanche, elles sont bien conscientes de leurs apports en termes de développement local et peuvent faire preuve de l'initiative de la création d'un festival en faisant appel à une association culturelle ou tout autre organisme extérieur compétent pour réaliser le projet artistique et la manifestation souhaités. (cf. partie 6.3)

En règle générale les festivals ont su s'affirmer par leur côté exceptionnel, comme des moyens d'accès à la culture tout à fait originaux et pertinents. Au-delà de leur tarification attractive et de leur caractère festif, ils contribuent à faire baisser l'élitisme fortement présent au sein de la culture. Par leur capacité d'organiser des spectacles dans

des lieux qui n'ont pas cette vocation, ils incitent un public ne fréquentant généralement pas les équipements traditionnels à venir y assister.

Ainsi par ce décloisonnement, les habitués et les non habitués se trouvent sur un pied d'égalité.

Tout au long de ce mémoire, nous nous baserons sur cette notion de démocratisation afin de démontrer que les festivals sont des vecteurs de développement du milieu rural. Nous constaterons qu'ils disposent d'un grand nombre d'initiatives d'accès à la culture au sein du territoire, entre autre par leur contribution à l'éducation de son jeune public (cf. partie 7.3), par leur influence sur la vie culturelle locale souvent à l'origine d'une véritable effervescence, ou encore par le prolongement de leur animation ponctuelle souvent la cause de création d'équipements permanents. (cf. p. 81)

* * *

2/ Une dynamique sociale en termes
de développement local

Durant la première partie, nous avons étudié la notion d'attractivité et de séduction des festivals sur les collectivités territoriales et leurs populations.

Au cours de cette deuxième partie, nous verrons que les festivals sont aussi très appréciés pour leur dynamique sociale, apportant une renommée locale conséquente, profitable aux collectivités et une mobilisation importante de leurs populations, respectueuses de l'image positive que leur procure la communication de l'évènement.

2.1 Positionnement du festival : rapports entre image de l'évènement et la création d'une forte identité locale

La communication est une étape fondamentale durant l'organisation d'un festival (cf. p. 19). Ce qui nous intéresse ici, c'est le fait qu'elle permette d'établir des collaborations entre les organisateurs des festivals et les collectivités territoriales, par le biais d'initiatives concertées : les organisateurs ont tout intérêt à utiliser les vecteurs de diffusion dont disposent les régions (institutions culturelles et touristiques, médias, etc.). Quant aux collectivités, elles sont soucieuses de mettre en valeur leur localité par le biais de l'attractivité voire du prestige engendrés par l'évènement.


· La communication des festivals : promotion de l'évènement

En somme, la communication d'un festival découle d'une réflexion stratégique du choix des supports et des prestataires de services. Par ailleurs, les organisateurs des festivals doivent accorder une attention toute particulière à la promotion, car elle conditionne pour une large part la venue du public préalablement ciblé.

Tout d'abord, il faut discerner les termes communication et promotion. Le premier consiste à transmettre une information et dans le contexte du festival à avertir le public ciblé de l'évènement (par le biais de supports et moyens de communication). Le second, est une branche de la communication qui a pour action de promouvoir le produit, d'augmenter les ventes, en proposant une offre séduisante.

Dans le cadre de l'organisation d'un festival, on distingue deux types de promotions* :

- la promotion directe qui est prise en charge par les responsables du festival, regroupant un certain nombre d'opérations s'assimilant à une campagne d'information. Elle se divise en deux phases : la phase de lancement ou de sensibilisation et la phase d'entretien qui se doit d'être exceptionnelle. Concrètement, elle consiste à réaliser et distribuer les tracts, brochures et autres plaquettes d'informations sur le programme.

La promotion directe s'appuie sur les relais d'informations régionaux de plusieurs niveaux :

- les institutions culturelles (Direction régionale des affaires culturelles - dit DRAC, office régional de la culture...)

- les institutions touristiques (les comités départementaux et régionaux du tourisme - dits CDT et CDR, les offices de tourismes...)

- ou encore les médias (Internet, presse régionale...) et autres guides spécialisés dans l'évènementiel (agendas culturels, gratuits...).

- la promotion indirecte qui est le plus souvent confiée à des spécialistes, car elle recouvre des opérations délicates qui ne doivent pas faire preuve d'approximation ou d'erreur.

Elle comprend la publicité qui est très efficace dans le sens où elle utilise un nombre restreint d'arguments sélectionnés par ordre d'importance du point de vue du public ciblé. Celle-ci a pour but d'accrocher l'attention du public, par l'emploi d'un concept susceptible de les convaincre ou de les intéresser.

La promotion indirecte inclut aussi la venue des médias lors du festival qui est de plus en plus difficile à obtenir, compte tenu de la concentration des festivals sur la même période. (cf. p.94)

? Les retombées publicitaires des festivals

L'investissement important des festivals en termes de communication et de promotion de leur évènement est logiquement très bénéfique pour le lieu l'accueillant. Il est en effet plus aisé de communiquer sur l'évènement que sur l'existant. (cf. p. 95)

* Source : BÉNITO Luc, Les festivals en France : marchés, enjeux et alchimie, 2001, p.161 à 162

Quelle que soit son envergure, un festival renforce inévitablement la notoriété et l'image locale par son exposition temporaire. En plus de l'affluence touristique qu'il engendre, il se manifeste comme un véritable « coup de projecteur » sur le lieu d'accueil. Cela résulte de l'active communication qu'un festival doit déployer pour informer la population locale et le public ciblé de son existence, permettant à la localité d'y être assimilée : les médias sont à nouveau attirés par la permanence du lieu et sa propre « publicité » est alors relancée. Concrètement, le lieu bénéficie de manière indirecte des apparitions dans la presse et sur Internet, ainsi que du nombre de passages télévisuels et/ou radiophoniques que suscite le festival. Évidemment tout cela suppose que l'évènement soit bien conçu au départ et bien intégré dans le cadre local, afin d'être intelligemment communiqué et « commercialisé ».

Même si les données statistiques des retombées publicitaires sont pratiquement inexistantes par le fait qu'il ne s'agit pas d'une communication « maîtrisée » et que son impact doit être relativisé, il est néanmoins indéniable qu'elles sont importantes.

Nous disposons tout de même de témoignages des organisateurs des festivals à ce sujet, tel que celui de Loïck Royant, directeur du festival des Vieilles Charrues, qui estime à plusieurs dizaines de millions d'euros d'équivalent en communication pour atteindre la notoriété actuelle de la ville de Carhaix ; Radio France tient par exemple plusieurs émissions diffusées en direct du festival.

? L'image des collectivités territoriales

Les collectivités territoriales ont récemment pris conscience des potentialités des festivals en termes de communication. Depuis peu, elles commencent enfin à prendre l'initiative de la création de festivals afin d'affirmer ou de modifier leur image. Ainsi, assistées ou non de conseils en communication extérieurs, elles recensent les éléments artistiques et patrimoniaux à mettre en valeur afin de les intégrer dans un projet évènementiel fortement promu.

? Création d'une identité locale forte

Par conséquent, si un festival fait preuve d'une programmation cohérente avec les
caractéristiques du lieu d'accueil et qu'il repose sur un projet artistique de qualité, il
contribue indéniablement à la valorisation de l'image de la localité. Dès lors, il permet

de localiser la ville ou le village l'accueillant : la petite ville de Marmande, dans le Lot-etGaronne est ainsi devenue nationalement connue grâce au festival Garorock qu'elle accueille chaque année. Cette année pour sa 16ème édition, Garorock a par ailleurs annoncé qu'il disposera de nouvelles dates et d'un nouveau lieu au sein de Marmande : la presqu'île de la Filhole. La communication sur ce changement important dans l'organisation du festival contribue à valoriser la beauté des paysages de la région et

insiste ainsi au tourisme. (cf. planche 2

)

De même, les festivals contribuent à valoriser la dimension historique et patrimoniale de

)

la ville auprès du public et des journalistes. (cf. partie 3

Fréquemment, le festival utilise le nom de la ville d'accueil en vue d'accroître la diffusion de son positionnement. En exemple significatif, citons Bourges qui est devenue la ville de son célèbre Printemps avant tout. De même, le festival des Eurockéennes a permis au territoire de Belfort de sortir d'un relatif anonymat : une fois par an il est à l'honneur au sein d'un cadre à la fois culturel et festif. (cf. planche 3) Le cas le plus démonstratif étant le festival de Jazz in Marciac, dont nous traiterons durant la conclusion de cette partie.

(cf. p.52)

*

2.2 La mobilisation de la population locale : une forte cohésion sociale

Notre époque est celle de la mondialisation, facteur du développement des villes et une des causes des profondes mutations psychologiques et sociologiques que nous avons subies ces dernières décennies. S'en suit actuellement une individualisation croissante au sein de notre société.

? La nostalgie de la rencontre et de l'échange

Ces profondes mutations engendrent une nouvelle préoccupation : celle de la conservation d'une cohésion sociale. Dès lors, une certaine nostalgie de communion et de rencontre apparaît.

Le milieu rural est particulièrement enclin à cette nostalgie. En effet, l'urbanisation a engendré la disparition de l'activité agricole qui assurait traditionnellement une forte solidarité sociale. Autrefois, l'activité en campagne tournait autour de fêtes liés à l'agriculture qui rassemblaient les populations, dans l'intention de se soutenir les uns et les autres dans les divers travaux liés aux saisons (moissons, vendanges...)

Dans ce contexte les loisirs, le sport et la culture apparaissent alors comme indispensables, comme l'affirme l'administrateur culturel français Bernard Latarjet : << La culture est considérée comme un facteur essentiel du << lien social >. C'est pourquoi l'investissement culturel figure nettement en tête en tant que réponse à des aspirations de qualité de vie.[...] La culture est ressentie comme un moyen de répondre à la dissolution des repères, des valeurs, du sens ; elle peut contribuer à recréer un lien social et à lutter contre toutes les formes d'exclusion.>* De même, comme l'explique la Fédération Nationale des Collectivités Territoriales pour la Culture -dit F.N.C.C., << les grandes émotions collectives ne se retrouvent plus qu'à l'occasion d'évènement exceptionnels ou dans des moments festifs (festivals). »*

Par conséquent pour les ruraux, un évènement exceptionnel comme un festival est l'occasion de renouveler cet esprit d'unité perdu, et de rétablir une certaine cohésion sociale en resserrant les liens entre des communautés ou de populations de plus en plus isolées, souvent en proies à l'exclusion.

* Sources : 1. LATARJET Bernard, L'aménagement culturel du territoire, La Documentation Française, 1992 2. F.N.C.C, Rapport général de la Commission musiques amplifiées, 1999

? Les festivals créateurs de liens sociaux

La réelle spécificité des festivals en matière d'insertion sociale repose sur leur capacité à mobiliser la population locale, comme en témoigne un fréquent fort taux de bénévolat. (cf. partie 6.3)

Ce phénomène s'explique en grande partie par le caractère valorisant des activités artistiques et culturelles : la participation bénévole s'inscrit généralement dans une ambiance de fête. De plus, la contribution à un évènement d'utilité collective souvent fortement médiatisé, procure une certaine gratitude liée à la satisfaction de faire preuve de citoyenneté.

Pour illustrer ce point, l'exemple du festival de Musicalarue dans la petite commune de Luxey dans les Landes semble l'un des plus emblématique. (cf. planche 6)

En effet comme Bastien Perez son programmateur l'a expliqué durant notre entretien, Musicalarue est à la base une manifestation montée par les habitants du village en vue de l'animer (cf. entretien 2). Aujourd'hui suite à la professionnalisation de l'association, un bon pourcentage de la population s'investit à l'année pour contribuer au bon déroulement est à la croissance de leur festival qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Beaucoup des 640 habitants choisissent de ne pas partir en vacances en août afin d'être disponible pendant la manifestation et pouvoir apporter leur aide.

Les luxois se retrouvent dans la joie de vivre et le fort esprit de convivialité spécifique à Musicalarue.

Par ailleurs, comme nous l'avons vu précédemment, le milieu culturel rural a lui aussi subit de profondes mutations lors de son repeuplement, par l'arrivée de nouvelles populations de l'espace urbain créant un véritable métissage. Bien qu'il ait su conserver ses activités culturelles traditionnelles, ses communautés ethniques ou culturelles sont de plus en plus éclatées et tendent à disparaitre. Dans ce contexte, les festivals peuvent contribuer en outre à la revendication voire à la revalorisation identitaire de ces cultures rurales.

Ainsi un festival offre la possibilité de « panser » les déchirures sociales, en apportant l'occasion de nouvelles relations de voisinage, le temps de la durée de son évènement.

* * *

représente seulement 3% de l'offre, avec 19 festivals au total. >> (cf. page 32

)

3/ Une dynamique artistique en termes de
valorisation du patrimoine

Durant cette troisième partie, nous nous pencherons sur la dynamique artistique des festivals, qui peuvent contribuer au développement du milieu rural français par la valorisation de son patrimoine. L'emploi du verbe << pouvoir >> s'explique ici par le fait que tous les festivals ne s'appuient pas forcément sur la valorisation du patrimoine.

En effet, nous avons vu lors de la définition des termes que ce type de festival se classifait en tant que << festivals touristiques >>. Cette catégorie se démarque des autres par le fait que leur projet artistique se fonde essentiellement sur un monument ou un cadre prestigieux, dans l'objectif de susciter une fréquentation nouvelle dans une ville ou sur un site touristique par l'animation des lieux.

Notre sujet portant sur les festivals de musiques actuelles en milieu rural, il convient dans un premier temps de se questionner sur le paradoxe entre les termes << actuel >> et << rural >>. Cette réflexion nous amènera à envisager les possibilités offrant une localité rurale aux porteurs de projets de festivals de musiques actuelles en termes de valorisation de son patrimoine qu'il soit culturel, naturel ou local.

3.1 Paradoxe entre festivals de musiques actuelles et valorisation du patrimoine : les limites entre ruralité et actualité

? Limites entre ruralité et actualité : l'exemple du Massif Central

Comme nous l'avons vu au cours de notre étude sur la décentralisation, les données de la répartition des festivals en France démontraient un certain déséquilibre entre les régions. Outre le fait que certaines s'affirment comme plus attrayantes que d'autres par leur climat clément et une forte affluence touristique, certaines des régions représentaient un pourcentage relativement faible sur les données de l'offre totale : << L'Auvergne, région du Massif Central qui est principalement constitué de <<rural isolé>>,

C'est le terme « rural isolé » qui est facteur au paradoxe entre « ruralité » et « actualité ». En effet, l'Auvergne ne présente aujourd'hui qu'uniquement des festivals de musiques classiques. Elle est marquée par l'échec de deux festivals de musiques actuelles : le festival Les Volcaniques de mars (1999-2008) et le festival Vachement Rock (2007-2009). Ces échecs marquent très bien les limites entre le milieu rural et les festivals de musiques actuelles. Ils s'expliquent par une incohérence entre le projet artistique et les caractéristiques de sa localité. Durant la définition du terme « milieu rural », nous avons classé les espaces ruraux par leur dynamisme, faisant apparaître une catégorie d'espaces appelés « fragiles » ou « profonds ». En analysant la carte 2 des Trois France rurales, nous avons pu constater que le Massif Central regroupait les régions aux campagnes les plus affectées.

Cette fragilité s'explique par le fait qu'il s'agit là, comme nous l'avons précédemment défini d'espaces éloignés des villes qui gardent un accès difficile aux services publics, une couverture en téléphonie mobile insuffisante et des accès aux réseaux de transports rapides difficiles. De plus, ils sont sujets à un vieillissement de leur population, à un accueil important de retraités ainsi qu'un certain déclin démographique.

L'échec des deux festivals de musiques actuelles en Auvergne se traduit donc par une incompatibilité entre le public traditionnellement ciblé par ces festivals et la population locale : les musiques actuelles touchent généralement un public assez jeune, compris dans une tranche allant de 20 à 35 ans -bien que le jazz et les musiques improvisées sollicitent un public plus âgé allant de 30 à 50 ans. (cf. partie 8) Ces moyennes d'âge ne rentrent pas dans les caractéristiques démographiques de cette région.

Par conséquent cet exemple n'est heureusement qu'une exception, comme en démontre les nombreux festivals de musiques actuelles qui se sont parfaitement adaptés au cadre de leur localité. Pour n'en citer que quelques un : Musicalarue, les Eurockéennes, Garorock, les Vieilles Charrues...

? Les festivals de musiques actuelles et la valorisation du patrimoine

Les festivals de musiques actuelles peuvent parfaitement s'appuyer sur la valorisation du patrimoine culturel de la localité d'accueil.

Certes cela n'entend pas de baser entièrement leur projet artistique sur ce point, mais d'utiliser le patrimoine pour leur propre promotion, en assimilant leur positionnement avec un cadre historique ou prestigieux et indirectement contribuer à leur valorisation. En général, les festivals de musiques actuelles rentrent dans la catégorie de << festivals de promotion >> voire << de diffusion >>. (cf. déf termes) En revanche, comme nous l'avons constaté dans la définition du terme << festival >>, les catégories de sa typologie ne pas sont pas exhaustives : elles peuvent très bien fusionner entre elles.

Concrètement, outre les retombées publicitaires des festivals, ils contribuent à la valorisation patrimoniale grâce à ses << touristes festivaliers >> (cf. partie 6) et à leurs visites des monuments historiques et autres lieux patrimoniaux (églises, abbayes, grottes, musées...) et à leurs promenades et découvertes des paysages et campagnes alentours.

En somme, il est important de noter que le patrimoine ne se limite pas aux biens culturels de la localité. Il peut très bien s'agir, dans ce contexte, du patrimoine naturel. Ainsi, lorsque les << touristes festivaliers >> se promènent et découvrent les paysages et campagnes alentours, cela engendre une valorisation indirecte du patrimoine naturel local.

Par exemple, le festival des Eurockéennes valorise le patrimoine naturel de Belfort grâce à l'animation annuelle qu'il procure à la splendide presqu'île de Malsaucy et invite ainsi les festivaliers et les journalistes à prendre conscience de son existence. (cf. planche 3) Paradoxalement, c'est son implantation sur ce site remarquable en terme de patrimoine naturel qui a conduit au succès de ce festival qui est désormais classé comme l'un des plus grands de France, par sa popularité et la qualité de ses programmations.

Par ailleurs, le terme << ruralité >> ne doit pas être généralisé à l'appellation « rural isolé ». Comme nous l'avons vu, le milieu rural est complexe et regroupent des espaces très différents. Évidemment, certains espaces font preuve d'un plus grand potentiel que les autres, mais il n'en demeure pas moins qu'ils renferment tous des richesses tout à fait exploitables pour de nouveaux projets de festivals de musiques actuelles (tourisme, cadre de vie, beauté du patrimoine naturel, climat clément...).

Enfin, il n'y a aujourd'hui plus lieu d'assimiler la << ruralité >> aux termes péjoratifs tels que « désuet » ou « rustique ».

Comme nous l'avons vu durant l'introduction de ce chapitre, les jeunes ne confondent désormais plus le milieu rural avec le monde agricole. Pour de jeunes festivaliers, le milieu rural représente une forme de liberté : les festivals de musiques actuelles en milieu rural sont signes de grands espaces, de campings se transformant généralement en immenses colonies de vacances en plein air, de découvertes, de convivialité... Mais ils s'appréhendent surtout comme d'une rupture avec l'oppression qu'engendrent des grands pôles urbains. De plus, la majorité des jeunes gens interrogés à ce sujet dans une tranche allant de 16 à 26 ans, assimile automatiquement l'expression « festivals de musiques actuelles en milieu rural > avec l'emblématique festival de Woodstock de 1969. Ce qui démontre bien qu'actuellement le milieu rural est perçu de manière tout à fait positive. Par ailleurs c'est depuis Woodstock que l'on sait que la musique populaire peut attirer les foules dans les endroits les plus reculés.

Ainsi, << ruralité » et << jeune génération » peuvent actuellement tout à fait collaborer.
Les jeunes d'aujourd'hui ne représentent en aucun cas un frein de ce point de vue-là, à la

)

conception de festivals de musiques actuelles en milieu rural. (cf. partie 8.2


· Conclusion : les festivals, des outils prisés en termes de valorisation du patrimoine

Par conséquent, un festival de musiques actuelles a tout à fait la possibilité de s'implanter dans un cadre historique et se servir de sa beauté patrimoniale afin d'offrir à son évènement un côté encore plus exceptionnel. Pour illustrer ce dernier point, citons les propos tout à fait pertinents de Luc Bénito à ce sujet : « Cette capacité d'attraction se trouve renforcée quand les festivals se déroulent dans des lieux de << prestige », car ils accentuent le caractère exceptionnel de l'évènement.>* Outre l'animation certaine du patrimoine culturel local par leurs afflux de visiteurs, les festivals peuvent le valoriser de manière plus directe, en versant par exemple des contreparties financières au lieu historique d'implantation.

De même, nous pouvons aussi mentionner le fait que les festivals de musiques amplifiées, en détournant de leurs usages habituels les espaces du quotidien -ici les biens des communautés, s'inscrivent dans une véritable tendance actuelle. En effet, d'après le Centre d'information et de ressources pour les musiques actuelles - dit IRMA*, en ce qui concerne les festivals toutes disciplines confondues, << les interactions

entre le déroulement d'évènements culturels et la présentation, la réhabilitation ou la découverte par le public de monuments patrimoniaux sont considérables. »

En effet rappelons que la spécificité des festivals se traduit par une volonté de sortir leurs évènements des cadres traditionnels de la culture et les lier à la beauté et à la mémoire du patrimoine est souvent un procédé privilégié. Ainsi, en contribuant couramment à la valorisation du patrimoine culturel national, ils s'affirment comme des instruments efficaces voire avantageux. De même, outre l'appui sur le patrimoine culturel, les festivals en milieu rural sont souvent des soutiens de valorisation du patrimoine naturel local.

Finalement, la question du manque général d'originalité des projets et de la banalisation du festival perdant de son exceptionnalité peut être ici débattue : le milieu rural dispose d'un grand nombre de potentiels qui n'ont pas encore été tous exploités.

*

* Source : http://www.irma.asso.fr/IMG/pdf/Rapport_Dechartre-2.pdf

3.2 Possibilités de valorisation des produits et des commerces locaux

Comme nous venons de le voir dans la partie précédente, le patrimoine ne se limite pas à l'architecture et à l'art. Par extension, il peut aussi s'agir du « patrimoine local » : sans rentrer dans la complexité qu'entraine la définition précise de ce terme, nous l'utiliserons ici pour désigner l'ensemble des éléments remarquables sur lesquels se fondent la communauté, le paysage et donc l'identité locale.

De ce fait, les festivals contribuent énormément à la valorisation de ce << patrimoine local >>, par sa convivialité et l'affluence touristique qu'il engendre. Les festivaliers ont la possibilité de se prendre aux jeux du tourisme et de découvrir les produits gastronomiques, artisanaux et autres spécialités régionales, par le biais par exemple, de visites des marchés et des commerces locaux. Citons le festival de Jazz de StÉmilion en Aquitaine, village déjà fortement identifié par sa production viticole ; le festival s'appuie sur la promotion de sa richesse patrimoniale locale en fondant son projet artistique sur l'idée d'un parcours initiatique entre la musique jazz, le village et le vin.

En somme, les festivals contribuent aux développements des commerces locaux, fondement de la << palette » constituant les richesses patrimoniales locales. (cf. partie 4.3) Nous reviendrons par ailleurs sur ce point de manière approfondie au cours de notre partie sur le développement touristique. (cf. partie 6.3)

Ainsi, certains festivals s'associent avec les restaurants alentours. Par exemple, le festival de Belfort propose à son public de manger << Eurockéennes », comme ce teasing de cette année sur son site officiel en démontre : << Pour la deuxième année consécutive, les Eurockéennes de Belfort et une dizaine de restaurants, s'associent afin de proposer un menu spécial Eurockéennes. Plus d'informations très prochainement... »

Il en va de même quant au développement des lieux d'hébergements et d'accueils alentours : campings, hôtels, auberges de jeunesse, mais aussi gîtes et chambres d'hôtes... tous bénéficient de l'afflux des festivaliers et autres curieux de passages attirés par l'animation locale que procure l'évènement. (cf. partie 4.3)

Cet afflux de visiteurs est souvent considérable, mais la question de la fréquentation des festivals en milieu rural sera elle aussi approfondie postérieurement, au cours de la partie sur les publics. (cf. partie 8.2)

Afin d'illustrer ce point sans rentrer dans le vif du sujet, prenons l'exemple du festival des Francofolies de la Rochelle, bien qu'implanté dans une ville et non en milieu rural, il est intéressant de le citer ayant battu son record de fréquentation lors de sa dernière édition : 89 000 spectateurs en 2011, contre 77 000 en 2010 et 55 000 en 2003.* Pour donner une image plus parlante, cela représente près de la moitié de la population résidente à l'année dans la totalité de son aire urbaine.

Enfin, les festivals participent au développement de l'animation locale déjà présente, entre autre par le développement de l'activité des centres de loisirs, tels que les bases de canoës, les piscines, etc.

* * *

* Source : MÉDIONI Gilles, Les Francofolies au beau fixe, article, journal L'express [En ligne], 2011

Conclusion :
étude de cas : le festival de Jazz in Marciac

Le festival de Jazz in Marciac est un exemple significatif par la réussite de son intégration au sein de son village d'accueil et la qualité reconnue de son projet artistique. C'est pourquoi nous étudierons ce cas pour illustrer et nourrir ce premier chapitre.

? Historique du festival

Jazz in Marciac a été en 1978 grâce à la volonté de Jean-Louis Guilhaumon d'animer la vie locale de ce village gersois de 1 250 habitants. Alors jeune professeur nouvellement nommé au collège local, il fait la rencontre d'un habitant féru de jazz comme lui, qui avait déjà monté des petits concerts en banlieue parisienne. De cette association est née une manifestation d'abord axée sur le jazz traditionnel, accueillant le clarinettiste Claude Luter de formation de style Nouvelle-Orléans. L'affaire s'avèrent fructueuse, les bénévoles du Foyer de Jeunes et d'Education populaire se mobilisent, des fanfares sont convoquées, et 400 personnes viennent à la soirée.

Trente-quatre ans plus tard, le petit village de Marciac est devenu l'une des capitales mondiales du jazz. L'initiative de cette poignée d'amateurs s'est étendue sur la durée et a vu sa formule se diversifier et son équipe de bénévoles s'accroitre sous la mobilisation locale se faisant de plus en plus forte.

Désormais, non seulement Marciac est réputé pour son festival d'été mais propose une programmation de concerts toute l'année, au nombre d'un par mois d'octobre à juin. Jazz in Marciac, aussi appelé JIM, s'impose dorénavant comme l'un des plus grands rendezvous musicaux de France.

Aujourd'hui, Jazz in Marciac représente deux semaines de festival lors de la première quinzaine d'août, une moyenne de 170 000 visiteurs, 55 000 places vendues pour une quinzaine de concerts payants, mais aussi des concerts gratuits tous les jours sur la place du village, des stages et ateliers pédagogiques de danse ou de percussions avec des formateurs de haut niveau...

Enfin, l'association loi de 1901 responsable de l'organisation est toujours dirigée par l'initiateur Jean-Louis Guilhaumon, devenu principal du collège local en 1984, et maire du village en 1995.

? Un festival d'image

Jazz in Marciac s'assimile à la catégorie des « festivals d'image » par sa forte implication dans l'animation de la vie culturelle et locale du bourg médiéval de Marciac.

Par la qualité de son projet artistique, il permet une reconnaissance internationale à son lieu d'accueil pour tous les amateurs de jazz, mais aussi des musiques improvisées et autres dérivées (musiques latines, africaines...) Le festival s'impose comme une référence par le biais de sa programmation d'artistes internationaux classés comme « têtes d'affiches ». De plus depuis 2003, il se démarque par son exploration férue « des nouvelles sphères du jazz », véritable tremplin de révélations musicales de choix.

En somme, il procure à Marciac de fortes retombées publicitaires grâce aux nombreux différents médias (presse, télévision, radio) qui se bousculent pour faire des reportages sur son incroyable réussite. Même s'il faut encore une fois relativiser quant aux données exactes de ces retombées, il faut noter qu'elles sont à l'origine de plus d'un tiers de la fréquentation du village.

Aujourd'hui, Marciac s'impose comme un véritable temple dédié au jazz. Jusqu'alors inconnu par la majorité des français, Jazz in Marciac lui permet de renvoyer l'image d'une collectivité dynamique et de conforter son identité locale.

? La valorisation du patrimoine gersois

« Marciac, petite bastide fondée à la fin du XIIIème siècle. Aujourd'hui, une bourgade rurale de quelque douze-cents âmes, nichée dans la verdure au coeur du Gers, à michemin entre Auch et Tarbes. Avec sa place qui a conservé des arcades médiévales, son lac où évoluent les planches à voile, son église dont le clocher s'enorgueillit d'être le plus haut de la région [...]. »

Cet éloge tirée du site officiel du festival de Jazz in Marciac, nous invite à traiter de sa contribution en ce qui concerne la valorisation du patrimoine local.

Les concerts du festival s'appuient sur une importante collaboration avec les sites locaux pour joindre à la musique le plaisir d'un cadre agréable. En effet, Jazz in Marciac se divise en deux catégories de représentations : un festival in* -payant- dans la salle de spectacle du village, et un festival off* -gratuit- à l'extérieur, afin de profiter du cadre convivial du bourg.

Le festival off se centre principalement sur la place principale de Marciac, qui a conservé des arcades médiévales. Des concerts ont lieu le soir sous un chapiteau géant comptant entre 5 000 à 6 000 places.

En s'implantant en plein centre du village, le festival a ainsi la possibilité de collaboré avec de nombreux restaurants ou tavernes qui proposent pour l'occasion des repas accompagnés de musiciens. Les commerces locaux profitent bien évidemment eux aussi de l'afflux des visiteurs. Les artisans et autres producteurs locaux peuvent ainsi accroitre leurs ventes tout en faisant découvrir aux visiteurs leurs produits régionaux et locaux.

Le festival s'étend jusqu'aux arènes de Marciac, site historique local, qui se transforment alors en espace de spectacles, tout au long de la manifestation. De même, l'église Notre Dame de l'Assomption de Marciac, édifice gothique du XVème siècle, voit son jardin animé de nombreux concerts durant l'évènement. (cf. planche 4)

Par conséquent, le festival engendre de manière indirecte une reconnaissance du patrimoine culturel de Marciac, par la forte identité locale qui lui procure et l'effort qu'il exerce à s'appuyer sur son cadre historique. Toutefois, s'agissant-là d'une manifestation au projet artistique très ciblé, les retombées peuvent être limitées. On estime qu'environ 10% des « visiteurs culturels » du Gers profitent de la présence du festival dans le département pour découvrir le potentiel du patrimoine local.

* * *

* Dans le jargon festivalier : In, représente le côté préparé de la programmation d'un festival ; Off, englobe l'animation alentour découlant du festival, présentée en marge de la programmation officielle (parfois des représentations d'artistes et compagnies non programmées voire amateures qui tentent de profiter de la présence de professionnels en vue de se faire connaitre.)

CHAPITRE II : L'économie des festivals : au

coeur des enjeux du développement territorial

et culturel ?

Introduction :
« Industrie » ou « fièvre » festivalière ?
entre esprit de fête et rentabiité

? Fièvre festivalière : esprit de fête ou morosité

Comme nous venons de le voir dans le premier chapitre, pour la vie culturelle et l'image de marque des villes et régions, les festivals sont devenus incontournables.

En 30 ans, le nombre de festivals en Europe s'est multiplié par quinze. La France est elle aussi plongée dans ce que certains médias aiment appeler << la fièvre festivalière >>*. Dès l'arrivée du printemps et que les directeurs de festivals ont achevé leurs manoeuvres, les

programmations jaillissent. La << fièvre festivalière >> atteint son traditionnel pic en juillet : sur ce seul mois se concentre plus du quart des 2 000 manifestations organisées annuellement.

Mais la << fièvre festivalière >> s'exprime aussi par l'excitation accrue des festivaliers. En moyenne chaque année ce n'est pas moins de 5 millions de spectateurs qui sont recensés, équivalant à des hordes de festivaliers mélomanes -si l'on s'en tient au fait que les musiques actuelles représentent 50% de l'offre totale des festivals en France. Pour eux, la << fièvre festivalière >> n'est en rien péjorative, au contraire. L'esprit de fête commence dès le choix du festival, le décorticage de l'incroyable programmation nationale et les préparatifs de leur voyage, tel le début d'un pèlerinage musical. Les retombées économiques des festivals sur la localité n'est pas un frein aux festivités, il s'agit simplement de la preuve de la réussite des évènements qui s'étendent en festival off (cf. p.52), étalant leur animation sur tout le lieu d'accueil, produisant une foule de visiteurs et autres touristes qui dépensent leur << budget festival >> dans les restaurants, animations alentours, et autres commerces locaux.

* Source : IACONO AGNÈS, L'industrie festivalière confirme son rôle moteur du développement local, Les Echos n° 18449, 20 Juillet 2001 p. 6

? Une industrie festivalière ?

En raison des 5 millions de spectateurs annuels mentionnés, les enjeux en termes de retombées économiques sont considérables. Pour les organisateurs, la réussite de leur festival signifie un équilibre artistique et économique à assurer, mais surtout une année de travail à concrétiser. Dans cette recherche de rentabilité permanente, peut-on parler << d'industrie festivalière » ? Ce terme souvent employé par les journalistes, est certainement exagéré. Comme l'explique Bernard Faivre d'Arcier, ancien directeur artistique du festival d'Avignon : << Par définition, lorsqu'il s'agit de festival de spectacle vivant, on est en face d'un artisanat, c'est celui du théâtre, de la danse, ou de l'art lyrique, de la musique encore. Le spectacle vivant n'a précisément pas d'industrie qui le soutienne. Un festival est toujours l'oeuvre de quelques personnes, d'une petite équipe, passionnée, convaincue, et qui est attentive à garder son âme. »*

Il est vrai qu'un festival peut se transformer au fil des ans, et ainsi voir son projet artistique perdre en qualité et s'évanouir. Le plus ancien, le festival d'Avignon, se voit parfois qualifié de << supermarché de spectacles ». Ce terme excessif démontre la confusion entre le festival in avec l'animation spontanée qui l'entoure. Depuis longtemps s'est en effet greffé à Avignon un important esprit d'off, c'est-à-dire la venue en ordre dispersé d'un grand nombre de compagnies de toutes sortes cherchant à présenter leur spectacle. Elles profitent de l'afflux importants de visiteurs et professionnels pour promouvoir leurs productions.

Mais il s'agit là d'un phénomène qui n'est pas possible véritablement de maîtriser.

Ainsi, les organisateurs des festivals ne sont en rien directement responsables de la << fièvre festivalière » et des festivals off qui transforment leur manifestation. En revanche, l'ensemble de la profession doit s'interpeller pour que tout cela ne déteigne pas trop sur l'esprit de fête initial.

Enfin, il est important de noter que du point de vue de la rentabilité, les festivals français sont bien loin d'être les plus rentables de la planète. Si l'on devait réellement attribuer le terme << d'industrie festivalière >, c'est le célèbre festival anglais Glastonbury qui serait le grand gagnant mondial : il récolte plus de 53 millions d'euros en revenus bruts par

* Source : F.D.B., De la fonction culturelle du festival, revue Cahier-Espace n°31, 1993

année et a versé près de 2 millions d'euros à divers organismes de charité lors de sa dernière édition en 2011.

? Conclusion : la question de la rentabilité

Mais outre la question de la floraison des manifestations festivalière et l'encombrement des festivals off, aujourd'hui tout est question de rentabilité et cela s'accroit par la crise économique. Est-ce que les festivals sont enclins à cette contrainte ? Est-ce qu'ils risquent eux aussi, de se plonger dans une recherche permanente de recettes et ainsi de risquer de perdre leur principale spécificité, leur esprit de fête ?

La rentabilité économique n'est pas une priorité des festivals, étant donné qu'ils sont organisés en grande partie par des passionnés. Mais évidemment, c'est une question indéniable pour toute organisation ou manifestation : les festivals n'en restent pas moins une activité à haut risque et il faut bien des fonds financiers pour le monter.

Par ailleurs, l'économie des festivals peut être critiquée, mais elle contribue énormément au développement territorial. Et c'est ce que nous allons développer durant ce chapitre, en nous questionnant en premier lieu sur l'impact des festivals sur l'économie locale. Puis nous verrons que les festivals sont une véritable dynamique en matière d'emplois, question cruciale actuellement au sein de notre société en crise. Enfin, nous analyserons le tourisme culturel. Indéniablement, le développement touristique est une notion financière importante pour une région qui se doit d'être en constante recherche de nouvelle animation pour les attirer.

* * *

4/ L'impact des festivals : un moteur pour le tissu
économique local ?

Pour bien appréhender l'impact des retombées économiques des festivals sur le tissu local, il faut d'abord étudier logiquement, leurs ressources. Pour cela, nous traiterons dans un premier temps des partenaires des festivals, afin de mieux cerner les rôles et implications respectifs des acteurs locaux. Cette partie nous permettra d'introduire la seconde, qui se penchera sur les financements des festivals. Nous étudierons alors, toujours par le biais d'une analyse assez globale, les recettes et les dépenses des festivals. Bien interpréter les enjeux des subventions et du mécénat face aux ressources propres des festivals est en effet indispensable pour comprendre leur organisation économique et ainsi répondre à notre objectif principal.

4.1 Les partenaires des festivals : rôles et implications des acteurs locaux

? Avant-propos

Au cours de cette partie, nous verrons que l'implication financière des acteurs locaux traduit l'importance des festivals en termes de développement local. En effet, si l'implication financière d'un partenaire est assez élevée comparée à la moyenne, cela signifie logiquement que le festival lui est bénéfique. Cette partie nous permet d'analyser partiellement quels sont les vecteurs de développement qui intéressent et profitent aux acteurs locaux. Cette dynamique en termes de développement de l'animation culturelle locale sera par ailleurs étudiée plus en détail dans le chapitre suivant. (cf. partie 7)

Par conséquent, il s'agit là d'une partie théorique qui dépend d'un appui sur des données statistiques dont les sources sont assez limitées. Cette partie se voulant être introductive et brève, nous avons ici choisi de nous baser sur une étude d'Emmanuel Négrier, qui est tout aussi sérieuse que celle de 2002 de Luc Bénito à ce sujet, mais plus récente, ayant eu lieu après la seconde décentralisation de 2003.

Les parties suivantes sont donc basées sur une synthèse des données de son ouvrage Les Nouveaux territoires des festivals paru aux éditions France festivals en 2007.

Évidemment, il ne s'agit pas là d'un « copié-collé » des propos d'Emmanuel Négrier mais d'un résumé issu d'une compréhension personnelle des conclusions de ses analyses. Enfin les données d'Emmanuel Négrier datant de 2005, il est important de ne pas préjuger trop vites les comportements d'ensemble. En effet, les échantillons dont nous disposons concernent les festivals de musiques de tous genres confondus. Ainsi, il faudra garder en mémoire que cette analyse a pour but d'amener sur une réflexion des attitudes générales des partenaires, afin de les relier au contexte des festivals de musiques actuelles.

? Paysage général : les festivals et leurs partenaires

Si l'on observe le nombre des partenaires différents que les festivals de musiques (tous genres confondus) ont mobilisé pour l'année 2005, on peut constater la présence de 392 partenaires pour 69 manifestations, soit une moyenne de 5,68 partenaires par festivals. Évidemment, cet échantillon cache des variations : il part de celui qui ne dispose d'aucun partenaire à celui qui en cumule 10.

La répartition du nombre de fois qu'un partenaire participe au financement d'un festival de musique peut s'établir ainsi :

Nombre de partenaires

Nombre de festivals

%

De 0 à 2 partenaires

8

11,60 %

De 3 à 4 partenaires

6

8,70 %

5 partenaires

14

20,30 %

6 partenaires

16

23,20 %

7 partenaires

14

20,30 %

8 partenaires et plus

11

15 ,90 %

Total

69

100 %

Reproduction du tableau de la page 49*

* Tous les tableaux présentés durant cette partie 4 sont des reproductions de ceux d'Emmanuel Négrier dans son ouvrage Les nouveaux territoires des festivals, 2007

? Analyse globale des comportements des partenaires principaux

Comme le stipule Emmanuel Négrier, la mobilisation des partenaires obéit à des causes qui sont propres à chacun. Le partenariat festivalier s'appuie sur un contexte où les logiques des uns et des autres s'entrecroisent constamment.

Les communes :

La France admet 36 700 communes. En tant que partenaire, la première commune accorde presque 1 million d'euros, et la dernière seulement 600. Pour regrouper 50% des cas, il faut établir une fourchette allant de 8 000 à 53 000 euros, avec une médiane de 20 000 euros (c'est-à-dire que 50% de cette fourchette se situe entre 20 000 euros et moins) et d'une moyenne de 65 000 euros. Cela signifie qu'un nombre réduit de communes accordent de larges montants, tirant ainsi le groupe vers le haut.

Les communes sont l'un des interlocuteurs à privilégier dans le cadre de l'organisation d'un festival, étant donné que les municipalités sont les premières en contact avec les populations et les différents services déjà présents, et qu'elles disposent du meilleur point de vue concernant les besoins locaux.

En effet elles apportent souvent bien plus qu'un simple apport financier en fournissant souvent une aide en nature non négligeable, c'est-à-dire des mises à dispositions en tous genres de la part des municipalités, tels que des prêts de salles, de matériels, de main d'oeuvre....

Les intercommunalités :

Une intercommunalité est le regroupement de communes ou de municipalités dans une structure légale. Elles coopèrent dans un ou plusieurs domaines où chaque commune garde son indépendance et transmet des pouvoirs et/ou des compétences à la structure intercommunale.

L'intercommunalité culturelle est une idée neuve en France et cela se remarque sur son implication financière auprès des festivals, qui reste assez limitée. En effet, la culture n'est pas une priorité des intercommunalités. Pourtant, elles présentent de nombreux atouts en matière de mutualisation et de volonté d'identification des nouvelles structures par l'action culturelle, ainsi que de meilleures ressources que la plupart des autres partenaires.

Dans l'échantillon d'Emmanuel Négrier sont recensées 22 intercommunalités. Elles présentent des écarts équivalents à ceux des communes : 200 euros accordés pour la première contre plus d'un million pour la plus importante.

Pour donner une fourchette, 3 intercommunalités sur 4 accordent de 3 900 à 50 000 euros, avec une médiane établie à 11 400 euros et une moyenne de 84 700 euros. Dès lors, on peut remarquer que la médiane est bien largement en dessous de la moyenne.

En milieu rural les enjeux sont bien plus différents qu'en milieu urbain : on peut trouver une intervention intercommunale en remplacement du soutien à une manifestation qui revenait traditionnellement à une seule commune. Par exemple, le festival quatuor à cordes du Luberon est soutenu à la fois par la Communauté de l'Agglomération du Pays d'Aix, et par la communauté de communes de Pied Rousset, qui regroupe huit communes, pour un total de 6 200 habitants.

On peut aussi trouver l'intercommunalité à l'origine du développement d'un festival auparavant municipal, comme par exemple le festival Jazz in Marciac. Avant son accroissement phénoménal, c'était la commune de Marciac qui intervenait seule. Désormais, plusieurs communes du Gers se sont réunies pour financer et ainsi contribuer au développement du festival qui, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent, bénéficie considérablement à l'afflux de visiteurs et ainsi au tourisme local. (cf. partie 6)

Évidemment, le transfert du festival de sa commune à l'intercommunalité ne se fait pas sans problème. Le festival doit alors faire preuve d'une programmation qui convienne avec le nouvel espace politique qui le finance. La mutation d'un projet artistique est inévitablement un défi qui n'est pas aisé de relever. Le cas exceptionnel de Jazz in Marciac est dû au positionnement incroyable de son directeur artistique, Jean-Louis Guilhaumon, qui a longtemps été le maire de la commune mais aussi le vice-président du conseil régional.

Pour conclure la question intercommunale, bien que très présente au sein des politiques culturelles, démontrent de réelles contraintes quant aux transferts des compétences et de l'espace d'une manifestation, en dépit de quelques remarquables exceptions.

Les conseils généraux :

Pour les départements, les chiffres confirment une tendance beaucoup plus nette à l'homogénéité de financement que les précédents partenaires. Les trois quarts des dotations sont comprises entre 20 000 et 99 000 euros, avec une moyenne de 105 000 euros qui est l'une des moins distantes de sa médiane, établie à 42 000 euros.

Il s'agit ainsi de l'institution dont le comportement << financier >> est beaucoup plus régulier que les communes et intercommunalités. Mais est-ce que cela signifie que la politique départementale est homogène sur l'ensemble du territoire français ?

Derrière ces chiffres, il faut savoir que l'on peut discerner deux catégories : celle des conseils généraux qui portent -parfois seuls- une manifestation dont ils sont à l'origine, et celle des conseils généraux qui sont plutôt fidèles à une logique d'accompagnement. Ainsi, en fonction du fait qu'un département soit plutôt « opérateur >> ou plus modestement << accompagnateur >> d'une manifestation, leurs interventions d'un point de vue national sont assez variables.

Prenons l'exemple du festival de l'Epau, dont le département est classé comme << opérateur >> de manifestation : le directeur du festival, Hervé de Colombel, explique organiser aussi des concerts dans les maisons de retraite, les hôpitaux, en prison et ainsi faire bénéficier tout le village. On peut en conclure que le plus souvent, lorsqu'un conseil général porte un festival, c'est dans l'objectif de rayonner dans un espace plus vaste que le seul lieu d'implantation de la manifestation.

Mais bien qu'ils soient parfois directement à l'origine de l'organisation d'évènements, soucieux de promouvoir et moderniser l'image du département, ils sont en général plutôt responsables du fonctionnement des équipements et des infrastructures de leurs espaces territoriaux.

Les conseils régionaux :

Comme le mentionne Emmanuel Négrier, en matière de politique culturelle, les régions ont été les dernières à se manifester, après les communes et les départements, qui avaient hérité des compétences délocalisées dès la première décentralisation. Depuis, les années 1990 et surtout les années 2000 ont changé la donne : les politiques culturelles en ont fait des piliers de la seconde décentralisation.

On peut penser que ces institutions ne sont que l' << auxiliaire >> que l'État a trouvé pour
se défaire de certaines charges ; mais il n'en reste pas moins que les politiques

culturelles régionales commencent, depuis une période récente, à émerger. Quant est-il au sujet des festivals ?

Dans l'échantillon donné, 56 interventions sont recensées : l'écart entre le plus petit et le plus grand soutien est beaucoup plus prononcé que pour les départements. Il va de 2 000 euros à 1 423 000 pour la plus importante. La moyenne d'intervention est de 95 286 euros, soit légèrement inférieure à celle des conseils généraux mais du même ordre de grandeur.

Le constat principal qui résulte ici est le fait que les conseils régionaux sont bien moins impliqués dans les politiques et actions culturelles que les départements.

Les régions voient surtout dans les festivals un support de promotion touristique. Elles font souvent preuves d'un soutien global à l'ensemble des festivals régionaux, par exemple au travers d'une politique de communication générale, la logique étant avant tout de promouvoir l'espace régional plutôt qu'un festival en particulier.

Le mécénat :

Le mécénat est une catégorie à la fois activement recherchée par la plupart des festivals, mais aussi difficile à convaincre de s'inscrire de manière durable aux côtés des opérateurs.

Dans l'échantillon dons nous disposons, on note une présence assez fréquente du mécénat de festival : 50 % des volumes sont compris entre 8 000 et 72 000 euros, ce qui constitue une assez large fourchette, et cela se témoigne par une grande diversité d'intervention.

En effet, la plus petite ne dépasse pas les 900 euros, alors que la plus importante excède 300 000 euros. La participation moyenne est assez élevée, avec 72 000 euros environ, et est ainsi très supérieure à la médiane qui s'établie à 29 000 euros. A noter que le groupe des 56 festivals de notre échantillon est tiré par le haut par quelques festivals fortement « mécénés » :

- 16 festivals disposent d'une contribution de mécénat inférieure à 10 000 euros ; - pour 15 festivals, elle est comprise entre 10 500 et moins de 40 000 euros ;

- pour 13 festivals, elle est se situe entre 40 000 et 100 000 euros ;

- et enfin 12 festivals bénéficient d'une contribution de plus de 100 000 euros.

Certains mécènes perçoivent l'investissement pour festival comme une dépense inutile voire injuste comparée à d'autres « intérêts supérieurs » : certains festivals déclarent avoir parmi leurs mécènes des entreprises qui allaient jusqu'à refuser de voir citer leur participation.

De manière globale, la forte implication d'un mécène relève de l'environnement socioéconomique du lieu où se déroule le festival. Ce qui signifie qu'une région industrielle au commerce intense est un meilleur emplacement pour attirer des entreprises, qui s'engagent traditionnellement aussi bien dans le sport que dans la culture au sein de leur territoire. Son implication repose aussi sur les intérêts qu'elle peut signifier au sein du marché local et des bonnes relations qu'elle peut engendrer. Cela dépend alors de la capacité de conviction que va exercer un festival à ce sujet pour le dirigeant d'entreprise.

Les sociétés de droit :

Près de la moitié de l'échantillon soit 37 festivals, mentionnent une aide accordée par l'une des sociétés de droit : la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique -dit SACEM, l'Administration des droits des artistes et musiciens interprètes -dit ADAMI ou la Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes - dit SPEDIDAM.

Sur les 37 festivals, la plus petite aide est de 1 800 euros, la plus importante de 83 000 euros. Les trois-quarts des festivals se situent entre 5 000 et 22 000 euros, avec une moyenne de 22 000 et une médiane établit à 12 000 euros. Cette fourchette indique que l'aide de ces partenaires est plus homogène que pour les partenaires précédents.

Enfin, il faut savoir que lorsqu'une société de droit accorde une aide à un festival, elle lui attribue un montant à peu près standardisé, propres à ses critères.

Pour comprendre ces critères, il convient d'analyser brièvement la différence entre chacune de ces sociétés :

LA SACEM aide actuellement 90 festivals en France. Elle différencie deux types d'évènements : les festivals « spécialisés », qui sont au coeur de la création contemporaine, et les festivals « généralisés », qui se concentrent sur le patrimoine, mais qui s'ouvrent actuellement de plus en plus à la création. La particularité d'intervention de la SACEM est qu'elle est structurée à la fois au niveau national (40 festivals aidés chaque année) ainsi qu'au niveau régional (pour les autres manifestations). Elle est

naturellement très centrée sur la création, conformément à ses propres intérêts de perception de droits d'auteurs. Contrairement à d'autres sociétés plus orientées vers les interprètes, ses aides ont pour but de se reproduire si les critères de son soutien sont établis. En effet, elle s'occupe essentiellement de la programmation des musiques créées après 1975.

La SPEDIDAM quant à elle, a pour mission les musiciens d'orchestre, ainsi elle ne concerne pas les festivals de musiques actuelles. Elle applique une règle proche du dispositif automatique qui se déclenche en fonction des salaires des artistes d'accompagnement qu'un festival assume en contrat d'engagement. Cette règle permet de satisfaire 90% des demandes qui lui parviennent.

Enfin, l'ADAMI qui suite aux réformes des droits d'auteurs de 1985, a pour obligation de consacrer 25% des droits perçus à une action artistique d'intérêt général. Elle le fait surtout en direction de sa cible particulière, c'est-à-dire les solistes et chef d'orchestre. Ainsi, tout comme la SPEDIDAM, bien que présente dans l'échantillon des données dont nous disposons, elle ne concerne pas les musiques actuelles.

Enfin, suite à cette brève analyse, il faut retenir que chacune de ces sociétés fournit des aides aux festivals quand elles y trouvent la satisfaction de leurs objectifs majeurs, qui sont : l'emploi des artistes, l'évolution de leur carrière, la création de spectacle ou de disque. Les sociétés de droit jouent un rôle non négligeable dans le soutien aux festivals de musique (tous genres confondus), bien que leurs critères d'intervention soient assez différents. Elles le font de manière directe par le biais d'aides à la diffusion ou à la création, et de manière indirecte par le biais de dispositifs plus spécifiques à des projets (résidences, exportation, formation...).

Ce qu'il est important ici de noter, c'est que dans notre échantillon seule la SACEM concerne les musiques actuelles ; il convient donc de relativiser quant aux résultats de leurs données.

? Conclusion : échelle des partenaires

Comme l'énonce Emmanuel Négrier, les festivals sont, d'une certaine manière, les
médiateurs de ces relations entre collectivités publiques, mécènes, sociétés de droit et

associations.

Pour conclure cette partie, nous nous appuierons sur deux graphiques des Nouveaux territoires des festivals, concernant les festivals de musiques tous genres confondus. Le premier, concerne la participation des partenaires sur 69 festivals recensés. (cf. graphique 3) Le second graphique porte sur les montants concrètement engagés par les

institutions, sur les ressources totales des festivals, en pourcentage. (cf. graphique 4

)

Par l'analyse de ces deux graphiques on peut discerner cinq rangs, allant des participations et interventions les plus importantes, aux plus faibles :

Au premier rang :

On trouve les collectivités territoriales de second niveau, soit les conseils généraux et les conseils régionaux, qui sont des partenaires à la fois très réguliers (64 festivals aidés sur 69 pour le conseil général et 56 sur 69 pour le conseil régional d'après le graphique 3), et fortement impliqués en volume et en moyenne (25,88% pour le conseil général et 20,44% pour le conseil régional sur la répartition totale des ressources des festivals, d'après le graphique 4).

La moyenne de contribution du conseil général est en tête avec 105 603 euros, suivie par celle du conseil régional qui est de 95 286 euros.

Au deuxième rang :

Les communes qui sont des partenaires réguliers (57 festivals aidés sur 69), mais moins fortement impliqués en volume et en moyenne comparés aux autres partenaires (14,18% sur la répartition totale des ressources des festivals), avec une moyenne d'intervention de 64 954 euros.

Ainsi que le mécénat qui, comme la commune, est un partenaire régulier (56 festivals aidés sur 69) et fortement impliqué (15,29% sur la répartition totale des ressources des festivals), avec une moyenne établit à 72 000 euros.

Au troisième rang :

Les intercommunalités qui sont des partenaires rarement présents (22 festivals aidés sur 69) et (7,13% sur les ressources totales des festivals), s'expliquant par le fait qu'il s'agisse d'un nouveau niveau émergent. En revanche, elles sont fortement impliquées avec une moyenne de 85 000 euros d'intervention par festivals.

De même, l'Union Européenne, qui s'avère rarement présente (5,78 % sur les ressources totales et 6 festivals aidés sur 69) mais fortement impliquée avec 61 958 euros en moyenne.

Au quatrième rang :

Les sociétés de droit qui sont peu présentes mais assez impliquées, avec une moyenne établie à 22 000 euros d'intervention par festival.

Les DRAC, qui contribuent à 35 festivals sur 69, soit 5,84% sur leurs ressources totales, avec une moyenne de 43 585 euros d'intervention par manifestation.

Au cinquième rang :

Les autres associations d'amis et autres ministères qui représentent 5,78% des ressources totales, sont présents pour 23 des 69 festivals pour les associations, et pour 11 festivals sur 69 pour les autres ministères. La moyenne d'intervention pour ces « autres ressources » est de 56 961 euros. Il s'agit bien évidemment ici des institutions qui sont peu impliquées et peu présentes, sur la répartition des ressources totales des festivals.

*

4.2 Analyse globale des financements : recettes et dépenses des festivals

L'analyse suivante est symétrique à celle des rôles et implications des partenaires des festivals. Par le biais de la dynamique propre des festivals, nous verrons la structure de leurs recettes et leurs orientations en matière de dépenses.

? Les recettes

L'échantillon d'Emmanuel Négrier repose ici sur 72 évènements, qui ont une structure moyenne, et où dominent les subventions avec 51,5% sur les ressources propres qui sont à 36,5%, et le mécénat et autres ressources qui sont quant à eux à 12%.

En volume total, toujours pour les festivals de musiques tous genres confondus, cela représente 21,5 millions de subventions, 15,2 millions de ressources propres et 4,9 millions de mécénat, soit un montant global de recettes de 41,6 millions d'euros.

Encore une fois, il s'agit là d'une moyenne qui dissimule des situations très différentes, compte tenu de la diversité qui frappe les festivals en termes de fréquentation et de partenariat. Mais elle nous permettra d'avoir une meilleure vue d'ensemble.

Les subventions :

En dehors du festival qui n'en perçoit aucune, le plus petit total des subventions se situent à hauteur de 15 000 euros, et le plus important à plus de 2,5 millions d'euros. La moyenne établie est à environ 300 000 euros, contre une médiane de 136 000 euros, qui est donc bien inférieure. Deux tiers des festivals de cet échantillon sont compris entre 60 000 et 600 000 euros, ce qui est le signe d'un assez grand éparpillement en volume.

Volume de Subvention

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

18

De 60 000 à 120 000 euros

15

De 121 000 à 260 000 euros

17

De 261 000 à 1 000 000 euros

17

Plus de 1 000 000 euros

5

Reproduction du tableau de la page 101

Le mécénat :

Pour le mécénat, 11 festivals sur les 72 de l'échantillon n'en déclarent pas, le plus petit montant effectif étant de 1 400 euros, et le plus important de 741 000. La moyenne est de 68 000 euros, avec une médiane de 27 000 euros : c'est le plus petit écart entre une moyenne et une médiane, ce qui signifie qu'ici, les gros bénéficiaires ne tirent pas le groupe vers le haut. Trois quarts de l'échantillon sont compris entre 8 500 et 60 000 euros de mécénat.

Volume de Mécénat

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

54

De 60 000 à 120 000 euros

8

De 121 000 à 260 000 euros

7

De 261 000 à 1 000 000 euros

3

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 102

On constate ici, par le biais des montants à chaque fois égaux pour définir les fourchettes, l'importance relative des subventions par rapport aux ressources propres, et surtout au mécénat.

Par ailleurs, pour en revenir aux difficultés que rencontrent les organisateurs à convaincre les mécènes d'accroitre leur participation, il faut prendre conscience du contexte actuel. Depuis les années 1990 se ressent en effet une baisse de l'implication du mécénat au sein de la culture. Cela est tout d'abord due à la réduction de leur budget, voire à leur suppression mais surtout, comme nous l'avons mentionné précédemment, cela est dû au fait que celui-ci tend à se montrer égal face à trois autres domaines que la culture qui vont croissant : à savoir le sport, l'environnement et le social. Dès lors, les mécènes relèguent volontiers la culture au rang de « luxe ».

De plus, il faut savoir qu'il existe deux « catégories » de mécénats : le mécène privé, qui démontre peu d'attirance pour la culture et le mécène public qui, en revanche, s'affirme comme plus désireux d'une image culturelle, mais cela en vue de se démarquer au sein de la population locale et d'attirer les touristes et autres investisseurs ciblés.

La part respective des trois sources de financement :

Enfin, il convient d'examiner la part respective que pèse, pour les festivals, chacune de ses sources de financement :

 

Subventions

Ressources propres

Mécénat

Moins de 10%

2

6

32

De 10% à moins de 20%

2

11

19

De 20% à moins de 40%

14

33

20

De 40% à moins de 50%

9

11

1

De 50% à moins de 60%

17

5

0

De 60% à moins de 80%

20

4

0

Plus de 80%

8

2

0

Reproduction tableau de la page 102

D'après ce tableau, nous pouvons en conclure que la majorité des festivals dépend à plus de 50% des subventions. D'après Emmanuel Négrier, les 28 festivals qui dépassent 60% de subventions sont des festivals très liés à une collectivité, en particulier à un conseil général ou régional. Cela signifie que les festivals en élargissant leur programmation, qui déborde alors sur la saison avec des thématiques souvent assez vastes, sont des vecteurs de développement de l'animation locale.

De même, nous pouvons constater que pour 20 festivals le mécénat constitue un tiers de leurs ressources, ce qui n'est pas négligeable. En revanche, il est vrai que deux tiers de l'échantillon en tire moins de 20%.

D'après Emmanuel Négrier, ceux qui ont une forte part relative de mécénat sont presque exclusivement urbains et purement estivaux. Comme nous l'avons vu précédemment, si les festivals implantés en milieu rural perçoivent moins d'intervention de la part du mécénat, cela est lié au fait qu'ils sont généralement dans des zones peu industrielles, et donc présentant moins d'entreprises susceptibles d'être mécènes.

Enfin, nous pouvons remarquer que l'essentiel des festivals, 55 sur notre échantillon de 72, se situe au-delà des 20% de ressources propres ; la moitié, soit 36 festivals, en tire plus du tiers de leur budget, et 11 manifestations dégagent plus de 50% de ressources propres. Ces derniers sont souvent situés dans deux catégories : de très gros festivals très médiatiques et de très petits.

? Les dépenses

La structure des dépenses est plus fragmentée que celle des recettes. Son volume global est de 42 millions d'euros, soit légèrement supérieur à celui des recettes qui est de 41,6 millions d'euros. Nous n'irons pas jusqu'à examiner la part relative que chaque charge représente dans l'ensemble des dépenses, cela serait pousser l'étude bien plus loin et nous éloignerait de notre objectif principal.

Ainsi, il va sans dire que les volumes que nous allons analyser n'indiquent en rien les différentiels de stratégies d'un festival à un autre, tant l'envergure de ceux-ci est diverse. Il s'agit donc encore une fois, d'une analyse globale ayant pour but de donner une idée des répartitions des dépenses, toujours dans le but de comprendre l'économie des festivals dans son ensemble.

En nous basant sur le graphique de la structure des dépenses (cf. graphique 5), on peut classer les résultats en cinq rangs :

En premier rang :

D'après le graphique 5, ce sont les dépenses artistiques qui dominent les dépenses totales avec une part de 50,63%. Cela représente 21 millions d'euros de frais artistiques. Elles vont d'un minimum de 5 600 euros à un maximum de 2,9 millions d'euros. La moyenne est établie à près de 300 000 euros par festivals, et la médiane est de 121 000 euros. 50 % des festivals de musiques en tous genres ont un volume de dépenses artistiques compris entre 57 000 à 215 000 euros.

Volume de dépenses artistiques

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

17

De 60 000 à 120 000 euros

17

De 121 000 à 261 000 euros

21

De 261 000 à 1 000 000 euros

10

Plus de 1 000 000 euros

5

Reproduction du tableau de la page 105

En deuxième rang :

Les frais administratifs, avec 20% sur les dépenses totales. Les dépenses administratives
varient de 1 800 euros pour les plus petites à 1,1 million pour les plus importantes. La
moyenne est de 119 000 euros par festival, avec une médiane de 39 000 euros. 50 % des

festivals ont un volume de dépenses administratives de 8 300 à 97 000 euros, ce qui traduit une hétérogénéité relative plus forte que pour les dépenses artistiques.

Volume de dépenses administratives

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

44

De 60 000 à 120 000 euros

10

De 121 000 à 261 000 euros

6

De 261 000 à 1 000 000 euros

10

Plus de 1 000 000 euros

1

Reproduction du tableau de la page 106

En troisième rang :

On trouve les frais techniques avec 12% sur les dépenses totales. Les dépenses techniques varient des plus petites qui sont de 500 euros, aux plus importantes qui s'élèvent à 574 000 euros. Dans cet échantillon, cinq festivals n'en déclarent pas. Par hypothèse, quelles sont intégrées aux dépenses administratives. La moyenne des frais techniques est de70 000 euros par festival, contre une médiane de 20 000 euros. 50 % des festivals ont un volume de dépenses techniques compris entre 7 100 et 73 000 euros, ce qui correspond à l'écart du volume des dépenses administratives.

Volume de dépenses techniques

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

51

De 60 000 à 120 000 euros

11

De 121 000 à 261 000 euros

3

De 261 000 à 1 000 000 euros

6

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 106

En quatrième rang :

Les dépenses de communication qui sont de 11% sur le total, et bien évidemment, tous les festivals de l'échantillon ont un budget communication. La plus petite dépense est de 4 000 euros, et la plus grosse de 490 000 euros. La moyenne du budget communication par festival est de 65 000 euros contre une médiane de 36 000 euros. 50% des festivals ont un volume de dépenses de communication compris entre 15 000 et 74 000 euros ; il s'agit ainsi de la plus grande homogénéité des situations.

Volume de dépenses de communication

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

47

De 60 000 à 120 000 euros

13

De 121 000 à 261 000 euros

8

De 261 000 à 1 000 000 euros

2

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 107

En cinquième rang :

Les charges de missions et réception des artistes qui s'élèvent à 6% sur les dépenses totales.

Ces frais sont les moins répandus : 11 festivals n'en déclarent pas et une partie de cette fourchette intègre ce type de frais au sein du budget communication. La plus petite dépense est de 1 400 euros et la plus grosse est de 289 000 euros. La moyenne est de 34 000 euros, avec une médiane de 12 000 euros. On retrouve ici une assez grande homogénéité des dépenses.

Volume de dépenses en mission-réception

Nombre de festivals

Moins de 60 000 euros

57

De 60 000 à 120 000 euros

8

De 121 000 à 261 000 euros

5

De 261 000 à 1 000 000 euros

1

Plus de 1 000 000 euros

0

Reproduction du tableau de la page 107

? Conclusion : une précarité du montage financier

Pour conclure cette analyse globale de « statistique descriptive » des financements des festivals, il est intéressant de lier l'étude d'Emmanuel Négrier avec celle de Luc Bénito. En effet ce dernier, dans son ouvrage Les festivals en France, marchés, enjeux et alchimie, propose au sein de son étude personnelle la question de la précarité du montage financier des festivals, qui se révèle enrichissante au sein de notre réflexion.

Ainsi, bien que la plupart des partenaires soient fortement impliqués en volume et en moyenne au sein des ressources des festivals, il convient de mentionner les problèmes paradoxaux qu'ils peuvent engendrer.

Le recours systématique des festivals à des participations financières est l'élément principal, le fond essentiel de leurs ressources propres. Pour certains directeurs artistiques, le montage financier d'un festival s'apparente le plus souvent à un véritable « défi » voire à un « parcours du combattant ».

Comme le mentionne Luc Bénito dans son ouvrage, « cette dépendance des festivals vis-à-vis de financeurs induit des choix quai stratégiques dans les partenariats. » Il s'agit là d'une contrainte que les organisateurs subissent perpétuellement, étant donné qu'ils doivent alors constamment renouveler leur méthode de sélection et de persuasion auprès de ces dits partenariats.

En somme, beaucoup de festivals cherchent encore à trouver un partenaire financier principal. Mais cela comprend le risque de se voir imposer une contrepartie souvent contraignante de sa part et de perdre ainsi en partie la maîtrise sur le projet artistique. D'après Luc Bénito, il a été observé sur ce point que la forte contribution d'un partenaire financier engendrait le plus souvent une forte pression sur la direction artistique, celui-ci se montrant plus souvent intéressé par le retour de l'image que de la qualité artistique de l'événement.

Cela nous amène à introduire la dernière partie de cette étude sur l'impact des festivals sur leur territoire. Si les partenaires financiers démontrent parfois d'une forte possession sur les organisateurs des festivals, cela amène à penser que ces évènements produisent d'importants bénéfices.

4.3 Les retombées économiques directes des festivals sur leur territoire

Suite au constat des bénéfices de ces évènements culturels auprès de leurs partenaires financiers, nous traiterons ici de la thèse selon laquelle l'économie des festivals se positionne au coeur des enjeux du développement territorial.

Ainsi, nous tâcherons ici de comprendre les motivations de l'implication des partenaires financiers locaux qui, comme nous venons de l'étudier, représente 50 % de leurs ressources. Pour cela, nous différencierons deux types de retombées économiques directes : les dépenses portées par les organisateurs des festivals, et celles liées aux achats et dépenses des festivaliers. Enfin, nous conclurons cette partie en montrant, par l'appui d'exemples significatifs, comment les gains des festivals peuvent engendrer une véritable dynamisation de leur territoire.

? Les dépenses portées par les organisateurs des festivals

Les dépenses principales qui peuvent donner lieu à une injection directe d'argent dans l'économie locale concernent les achats effectués par les organisateurs pour mettre en oeuvre leur manifestation. Lorsqu'ils n'interviennent pas eux-mêmes, les responsables des festivals recourent à des entreprises variées et ces dépenses effectuées constituent elles aussi des retombées directes.

En nous basant sur le graphique 6, extrait de l'ouvrage d'Emmanuel Négrier, les Nouveaux territoires des festivals, on distingue trois types de dépenses des organisateurs des festivals, qui sont effectuées en totalité ou en partie sur place :

Les dépenses liées à la communication et à la diffusion :

Comme nous l'avons vu au sein de la partie 2.1, les festivals offrent à la localité une campagne de communication à peu de frais. Outre cela, les retombées économiques des dépenses liées à la communication représentent, d'après le graphique 6, la part la plus importante, s'élevant dans les environs de 32%.

On peut y englober : le secteur de l'imprimerie, pour la réalisation des affiches, des
brochures et dépliants ; le secteur des relations publiques, les agences de presse, les
frais de conférences de presse, les frais d'affichages, etc. Et plus généralement les frais

administratifs compris dans le budget des festivals, représentant une part de 20% sur le total de leurs dépenses.

Les dépenses liées à la technique et à la billetterie :

Comme nous l'avons vu dans la partie précédente, les frais techniques représentent 12% des dépenses totales issu des budgets des festivals. D'après le graphique 6, ils correspondent à environ 20% de la part totale des retombées économiques des festivals. Ils concernent en premier les frais de services techniques de sonorisation et d'éclairage. Suivis par les dépenses relatives aux locations de parcs de matériels, de lieux de spectacles, d'instruments et de matériels de musique. Mais aussi le gardiennage, la sécurité, les assurances, etc.

Nous pouvons aussi mentionner dans cette partie les dépenses relatives à la billetterie.

Les dépenses liées aux transports :

Les frais liés au secteur des transports concernent en premier lieu l'accompagnement artistique, le transport des artistes, de leur matériel.

Certains festivals collaborent directement avec des services de ce secteur. L'association du festival Musicalarue par exemple, étant implantée à Luxey, village ne disposant pas de gare, organise l'opération « La fête en bus », menée conjointement avec la Prévention Routière. Elle collabore ainsi avec l'entreprise régionale « Les Bus des Ferias », qui leur met à disposition des bus pour faire des navettes aller et retour vers les gares SNCF des villes alentours.

? Achats et dépenses des festivaliers, artistes et spectateurs

En plus des dépenses directes mobilisées pour l'organisation des évènements culturels, les festivaliers, artistes et spectateurs confondus, réalisent eux aussi bien évidemment des achats sur place ayant un impact sur l'économie locale. Cela est dû en partie à toutes les animations extérieures du festival off engendrant une importante zone d'influence alentour au festival officiel.

Par ailleurs, il faut noter que cette étude des dépenses du public et des visiteurs revient à réaliser une analyse quantitative du développement touristique local. Nous reviendrons sur la question de la contribution des festivals au sein du tourisme local durant la partie 6, où nous nous pencherons plutôt sur l'aspect de la contribution à la

stratégie des collectivités territoriales en perpétuelles recherche d'animation pour accroitre le tourisme.

L'hébergement et la restauration :

Les dépenses des festivaliers liées à l'hébergement et à la restauration sont une composante majeure, s'imposant comme la deuxième part des types de retombées économiques totales, juste après les frais relatifs à la communication de l'évènement. (cf. graphique 6)

Elles bénéficient ainsi au secteur de l'hôtellerie : aux gîtes, auberges de jeunesses, chambres d'hôtes, hôtels, campings...

Ainsi qu'au secteur de la restauration : restaurants, bar, cafés, brasseries...

Elles concernent autant le public que les artistes, même si pour ces derniers, l'hébergement constitue une part de l'accompagnement artistique attribué aux organisateurs.

Pour donner des exemples, citons la commune de Carhaix dans le Finistère, comptant habituellement 8 156 habitants* : elle multiplie sa population par près de trente chaque été, en accueillant en moyenne 250 000 personnes* sur toute la durée du célèbre festival des Vieilles Charrues.

De même pour Jazz in Marciac qui attend chaque année environ 200 000 visiteurs* chaque année au total, il engendre la plus longue durée de présence des visiteurs, par une moyenne d'environ 4 jours sur place et un séjour total dans le département d'environ 6 jours. D'après les organisateurs, environ 69% de ces visiteurs optent pour une solution d'hébergement marchand (camping, hôtel, location...).

Dès lors pour ces petites communes, les hôtels affichent complet sur un périmètre moyen de trente kilomètres autour des « épicentres » que sont les manifestations, contribuant ainsi à l'ensemble du secteur hôtelier régional.

Concernant le secteur de la restauration, à Marciac, de nombreux restaurants du village ou tavernes sont créés pour l'occasion, et certains deviennent permanents, tel que le club de Jazz «L'Atelier ».

* Sources : 1. INSEE - Populations légales de la commune de Carhaix-Plouguer - 2008

2. Chiffres officiels soit environ 100 000 entrées payantes sur toute la durée du festival

3. Chiffres officiels soit environ 50 000 entrées payantes sur toute la durée du festival

Au sein des festivals off, de nombreuses initiatives faciles à monter émergent tout autour du festival officiel. Ainsi, il arrive très souvent que le temps d'un spectacle, un café, un restaurant, voire un magasin ou un établissement industriel, se transforment en scène de de concerts ou de théâtre

Les commerces bocaux :

Évidemment, l'afflux de festivaliers engendre également des dépenses dans d'autres types de commerces locaux tels que les marchés, tabacs, presse, pharmacie, boulangerie, boutiques de souvenirs... Il contribue, comme nous l'avons vu dans la partie 3.2, à la valorisation du patrimoine local (produits gastronomiques, artisanaux et autres spécialités régionales...)

En outre, les visiteurs peuvent contribuer au développement des structures d'animations locales, tels que les centres de loisirs, les bases de canoës, les piscines, etc. Cela n'est qu'une supposition, mais il semble intéressant d'y penser étant donné que les spectateurs étalent assez souvent leur séjour avant et après la manifestation.

Concrètement, rappelons par exemple que les Eurockéennes de Belfort se déroulent sur la presqu'île du lac de Malsaucy disposant d'une plage surveillée ainsi que d'une base nautique, le Malsaucy Nautique Club, ouverte pendant le festival, proposant entre autres des initiations à la voile et au kayak. Le festival se déroulant sur la période estivale durant laquelle ouvrent ces structures, les 100 000 visiteurs qu'ils attirent contribuent certainement à leur rendement annuel.

En dehors de cette possibilité, nous pouvons tout de même donner les chiffres évalués de l'impact économique des Eurockéennes sur Belfort : en s'appuyant sur une étude du BIPE (bureau d'information et de prévisions économiques), son directeur estime qu'en termes de retombées les recettes locales avaient été multipliées par un coefficient de 1,5.

Les transports :

Le dernier type de service bénéficiant des dépenses des festivaliers sont en aucun doute les transports. Cela comprend les trains de la SCNF qui propose souvent, lors de la période estivale où se concentrent le plus grands nombres de festivals, des tarifs attrayants pour les festivaliers. En milieu urbain, les dépenses des visiteurs peuvent

profiter aux transports en communs des villes, tels que les bus, tramways, métropolitains, vélo des villes...

Pour les festivals en milieu rural, les sites officiels des festivals conseillent pratiquement tous le covoiturage en redirigeant leur « clientèle » vers les sites tels que plus réputé au- jourd'hui : www.covoiturage.fr.

Enfin, nous pouvons citer les parkings des localités. Bien que cela touche plutôt le milieu urbain, il est intéressant de le mentionner. En milieu rural des terrains peuvent être prêtés par la mairie du village pour le stationnement des visiteurs ; en revanche, par exemple lors du Printemps de Bourges, l'espace disponible étant assez restreint, tous les parkings de la ville se retrouvent complets. De plus, lors de la venue des festivaliers, la ville de Bourges n'aménage pas de parkings gratuits supplémentaires, ce qui signifie que le Printemps engendre des retombées économiques certaines par le biais de ses parkings payants, sur toute la durée du festival.

Ces données et possibilités de retombées économiques directes mentionnées ne sont que toutes les suppositions à envisager, qui s'avèrent parfois plus ou moins vraisemblables. Bien évidemment, elles sont à relativiser.

En effet, les festivals attirent en moyenne un public assez jeune, dans une tranche allant d'environ de 20 à 30 ans, ne disposant généralement pas de budgets très conséquent. Ainsi pour les Francophonies en Limousin attirant en majorité de jeunes visiteurs, les retombées économiques s'avèrent assez faibles, sachant que les dépenses d'hébergement et de restauration des artistes sont prises en charge par l'organisation. Pour ces derniers, nous les avons par ailleurs englobés au sein des dépenses des festivaliers : en dehors de leurs prestations scéniques, eux aussi sont amenés à consommer dans les commerces locaux, dans les cafés et les bars par exemples.

? Dynamisation et réaménagement du territoire

L'impact économique en termes de développement local s'accroit lorsque la commune d'accueil est de taille modeste.

Jazz in Marciac par exemple, a permis une incroyable revitalisation de cette petite
commune. Le directeur artistique, qui a aussi été élu maire du village, considère son
festival non seulement comme un formidable outil pédagogique (cf. partie 7.2), mais

aussi comme un solide levier de développement. En effet, grâce aux retombées du festival, le petit village de Marciac a connu un grand nombre de transformations.

Tout d'abord, Marciac a signé avec le conseil régional un contrat de site majeur pour réhabiliter le coeur de sa bastide du XIIIème siècle. La région a ainsi participé jusqu'à 80% des travaux de réaménagement de la commune.

De même, le village a pu aménager le site de son lac en y installant une base aqualudique et un café musique, ayant coûtés plus de quatre millions d'euros qui ont été financés par l'État et les collectivités. Par ailleurs suite à ce nouveau dynamisme territorial, c'est sur les abords de ce même lac que la société Pierre et Vacances a décidé d'y faire construire une de ses résidences.

Ainsi, alors que cette bourgade était menacée de désertification, le festival Jazz in Marciac a permis d'incroyables initiatives locales, ayant ainsi augmenté le nombre d'habitants. Désormais, une salle de concert propose une programmation tout au long de l'année, attirant un afflux important de touristes et d'amateurs de jazz même en dehors du festival.

Enfin, l'association des Vieilles Charrues à elle aussi contribuée à la conception de projets locaux, grâce aux gains qu'elle a réalisés. Citons par exemple la création du musée des Vieilles Charrues à Carhaix, « une sorte de mémorial similaire à celui dédié au festival de Woodstock [...]. >, comme l'indique son directeur artistique, Loïck Royant.

? Conclusion

Pour conclure, nous pouvons reprendre l'expression d'Emmanuel Négrier qui qualifie les festivals « d'entreprises territoriales d'un genre particulier ». Son économie structurée en plusieurs piliers, basée sur un équilibre à géométrie variable entre subventions, ressources propres et mécénat, contribue bel et bien au développement territorial. Nous l'avons démontré en citant les nombreuses possibilités de retombées économiques directes liées aux achats et dépenses, autant des organisateurs que des festivaliers. Tous ces exemples expliquent l'intérêt pour les acteurs locaux d'y contribuer financièrement, qui profitent ainsi en retour d'un important impact en termes de revitalisation de leur localité. En effet, elle bénéficie autant de retombées économiques au sein de ses recettes, que d'un nouvel afflux touristique, lui offrant dès lors la

possibilité de créer des infrastructures permanentes pour accroitre son attractivité locale.

Mais la diversité festivalière marque aussi la structure de l'emploi et c'est sur quoi nous allons désormais nous pencher.

* * *

5/ L'activité des festivals : génératrice d'une dynamique
en matière d'emploi ?

Les ressources des festivals renvoient irrémédiablement à la question de l'emploi. En effet, l'impact économique des festivals découle aussi du fait que l'organisation et le déroulement de telles manifestations culturelles requièrent une importante main d'oeuvre.

Nombre d'organisateurs affirment qu'en plus de recruter les emplois nécessaires au fonctionnement du festival en priorité sur le plan local, ils s'efforcent de recourir à des collaborations avec les entreprises territoriales, comme nous l'avons vu dans la précédente partie.

Outre cette mention nous analyserons ici les emplois effectués par les festivals. Pour cela nous différencierons trois types d'aspects : les emplois culturels, les emplois liées à la production artistiques et les « autres » emplois, soit les saisonniers et collaborations ponctuelles. Notre objectif sera ainsi de démontrer si les festivals engendrent bel et bien une dynamique en termes de créations d'emploi sur leur territoire.

5.1 Les emplois culturels permanents : temps complets et partiels

Les emplois directs se concentrent dans le « noyau > de la structure d'un festival qui s'avère généralement relativement modeste. Elle se compose de l'administration, de la production, de la finance et de la direction artistique. La présence de permanents est ainsi limitée au maximum et représente la plus petite part des emplois procurés. Ce phénomène s'explique par la discontinuité de l'activité des festivals, dont les plus grands ne comptent pas plus de cinq permanents en moyenne. Seule exception, le festival d'Avignon qui emploie une quinzaine de personnes sur toute l'année.

En ce qui concerne la direction artistique et l'administration qui s'effectuent sur une période déterminée, il arrive qu'elles soient prises en charge par la municipalité. De même pour le service de presse et de communication, essentiels pour la promotion de l'évènement, qui sont souvent confiés à des entreprises extérieures. Dès lors, pour les

fonctions de permanence téléphonique ou d'accueil, les festivals recourent généralement aux emplois à temps partiels.

D'autre part, dans la plupart des cas les fonctions de sécurité, de montage ou de nettoyage sont assurées par les agents municipaux mis à disposition par les mairies.

Nous pouvons donc constater ici que les besoins d'emplois permanents sont très restreints et ne génèrent qu'un infime impact local.

5.2 Les emplois liés à la production artistique : les intermittents du spectacle

La majeure partie de la masse salariale des festivals se concentre dans la production artistique, regroupant les artistes et techniciens engagés sur toute la durée de l'évènement.

Les artistes interprètes qu'ils s'agissent de danseurs, comédiens et dans notre cas de musiciens, sont considérés comme intermittents du spectacle lorsqu'ils sont sur scène, en travail de répétition ou de représentation.

Pour ces intermittents, artistes et techniciens compris, le caractère estival des festivals leur fournit un complément d'activité pendant une période de l'année où les équipements culturels permanents ralentissent la leur.

Ainsi les artistes ont tendance à << faire la tournée > des festivals l'été afin de continuer de << rentabiliser > leurs oeuvres.

D'après l'étude de 2005 d'Emmanuel Négrier dans son ouvrage Les Nouveaux territoires des festivals, un festival de musiques (tous genres confondus) emploie en moyenne 225 artistes, dont 147 français et 78 étrangers. Concernant l'emploi d'artistes interprètes issus de la région de rayonnement du festival, sur 65 festivals de l'échantillon d'Emmanuel Négrier, 2 014 artistes sont des << régionaux ». Sur une moyenne générale de 227 artistes par festival, cela représente une part de 13,5%, soit 31 artistes << régionaux » par évènement.

Nombre d'artistes « régionaux »

Nombre de festivals

Aucun

17

De 1 à 10

20

De 11 à 30

12

De 31 à 50

9

Plus de 50

10

Reproduction du tableau de la page 117

La médiane de l'échantillon étant de 10 artistes « régionaux >, on peut faire l'hypothèse que quelques festivals ont une pratique bien plus supérieure dans ce domaine. De plus, en observant le tableau précédent nous pouvons constater que 17 festivals sur les 65 déclarent ne programmer aucun artiste de la région de rayonnement.

Évidemment il s'agit là de données ayant pour simple objectif de transmettre une image approximative. La question des relations entre artistes et territoire étant trop sérieuse pour être examinée par quelques chiffres, nous ne nous y attarderons pas plus longtemps, faute d'études plus récentes et précises à ce sujet. (cf. partie 9.3)

5.3 Les emplois saisonniers et collaborations ponctuelles : job d'été, stage et bénévolat

Nous venons de voir que la masse salariale des festivals se concentre essentiellement dans l'emploi d'intermittents. Pour le déroulement même de la manifestation, les festivals ont recours à un nombre appréciable de saisonniers et stagiaires. Mais leur principale spécificité résulte dans l'importance du bénévolat qui représente en moyenne 60% de leurs « emplois ».

Ainsi pour toutes les tâches ne nécessitant pas de compétences spécifiques (accueil des visiteurs, contrôles des accès de secours, buvettes et autres ventes ambulantes...) les festivals s'appuient énormément sur la participation bénévole.

Le festival de Jazz in Marciac par exemple emploie chaque année une moyenne de 700 bénévoles sur toute la durée de son évènement.

Pour les petites manifestations le bénévolat permet de compenser le manque de moyens

financiers, faute desquels elles ne pourraient avoir lieu. Un certain nombre de festivals se fondent même entièrement sur le bénévolat, même ceux disposant d'un budget considérable. Et cela est évidemment bénéfique pour les régions en tant que mobilisation de la population et de cohésion sociale. (cf. partie 2.2)

Quant aux emplois saisonniers ils bénéficient avant tout aux jeunes locaux, leur offrant ainsi des << jobs >> d'été toujours très recherchés. Faire participer en priorité les jeunes - de 16 à 24 ans en moyenne- revient à faire preuve de pédagogie et peut être même à déclencher auprès d'eux des vocations.

Le cas des Eurockéennes de Belfort à ce sujet est exemplaire : il constitue << une des plus importantes source d'embauche de l'Est >>, selon son directeur Jean-Paul Roland. Ce festival est l'un des rares à ne pas faire appel à de la main d'oeuvre bénévole. Par la convention qui lie son association au Conseil Général (cf. partie 6.3), il respecte une initiative politique destinée à satisfaire les jeunes de la région en se positionnant comme créateur de << jobs >> d'été. Pour cela il emploie environ 500 jeunes de Franche-Comté en priorité, pour des emplois saisonniers variant entre trois jours et un mois.

? Conclusion

Comme nous pouvons le voir quant à la structure même de la partie qui se révèle assez brève, l'hypothèse d'une véritable dynamique en matière de création d'emplois locaux semble compromise.

Tout d'abord, les données dont nous disposions s'avéraient toutes assez vastes, les études précises à ce sujet étant pratiquement inexistantes. L'IRMA qui est pourtant une référence indéniable ne mentionne les emplois que par catégories en ne prononçant que très peu de chiffres. Quant à Emmanuel Négrier et Luc Bénito, ils expliquent eux-mêmes être contraints à cette difficulté, les organisateurs répondant à la question étant assez rares.

Il est indéniable que les festivals sont générateurs d'une certaine dynamique en termes de créations d'emplois mais à l'exception de quelques postes administratifs tous les emplois réclamant une certaine compétence sont assurés par des intermittents du spectacle souvent extérieurs à la localité.

Les emplois locaux sont tous non qualifiés et se présentent au mieux sous la forme de contrats à durée déterminée et au pire comme des « jobs >> d'été. De même le caractère saisonnier tend à renforcer leur précarité.

Malgré cela, les localités attentives aux retombées économiques ne ménagent pas leur soutien aux festivals qui représentent au moins 150 000 emplois saisonniers. Le festival d'Avignon par exemple génère en moyenne 1 000 emplois chaque année.

Mais le caractère important du bénévolat démontre que l'impact des festivals en tant que vecteur de créations d'emplois au sein des territoires est assez réduit.

En revanche, il engendre un véritable dynamisme en ce qui concerne la mobilisation de la population locale et une forte cohésion sociale.

* * *

6/ L'attractivité des festivals : une stratégie de développement
du tourisme local ?

Suite à ce constat assez défavorable au sein de l'hypothèse principale de ce chapitre s'appuyant sur le fait que les festivals ont un impact sur le développement territorial et culturel, nous continuerons notre analyse sur les motivations de l'implication financière des acteurs locaux à l'égard des festivals. Ainsi nous nous interrogerons sur l'attractivité de ces manifestations culturelles au sein de la stratégie du développement du tourisme local.

Il s'agira d'une réponse à l'étude quantitative des retombées des festivals sur l'industrie touristique réalisée précédemment. Comme nous l'avons évalué, l'impact des festivals sur le tourisme s'explique par l'image et la notoriété qu'ils apportent à la localité : les dépenses des festivaliers ainsi que les retombées économiques sur les nombreux emplois des secteurs gravitent autour de l'industrie touristique (hôtellerie, restauration, transports et commerces en général).

Au cours de cette partie, nous verrons comment et par quels moyens les festivals contribuent à cette stratégie du développement touristique des territoires, qui est l'une de leur priorité en termes de ressources économiques.

6.1 La crise économique actuelle : impact sur les budgets loisirs et cultures des familles

Avant d'évoquer cette question, il convient d'introduire cette partie par une brève analyse des budgets vacances des familles en France. Étant en période de crise économique il semble aussi important d'étudier ses éventuelles conséquences sur les budgets loisirs et culture des ménages.

? Les budgets culture et loisirs

Il est inévitable que la crise modifie les besoins des consommateurs étant donné qu'elle engendre une baisse du pouvoir d'achat. Nous pouvons être logiquement amenés à penser que les budgets loisirs et culture sont les premiers à connaitre une baisse.

Cela s'atteste par une étude de Logic-Immo et DirectPanel Research menée en 2009 auprès de 626 français : les consommateurs confirment réduire en priorité leurs dépenses culturelles (64 % des sondés) et de loisirs (62%) en vue de maintenir leurs budgets sur les postes jugés essentiels (dépenses alimentaires, santé et bien-être, Internet et téléphone).

Depuis cinquante ans les dépenses de loisirs et de culture ont connu l'une des plus fortes croissances : de 1960 à 2007 leur part est passée de 10 à 16 %. D'après une étude de l'INSEE réalisée en 2008, il ne s'agit pas réellement d'une baisse du budget culture et loisirs enclin au ralentissement du pouvoir d'achat, mais d'un simple repli de la part des ménages qui arbitrent en faveur d'autres dépenses.

La part des dépenses réservée à la culture et les loisirs varie fortement selon le niveau de vie. En 2008, les ménages les plus aisés lui consacraient 11,1 % de leur budget contre 6,4 % pour les ménages les plus modestes.

Si on analyse plus en profondeur les conséquences de la crise économique, la nature des dépenses touchées ne sont fort heureusement pas celles qui nous intéressent au sein de notre étude. En 2002 à 2007, c'est la vente de disques qui a été la plus atteinte avec une diminution de 50% ainsi que la consommation de journaux dont la baisse s'est accentuée.

A l'inverse, il a été perçu une hausse de la part du budget loisirs consacrée aux voyages à forfait, aux week-ends ou aux spectacles culturels. Ainsi les dépenses pour les spectacles culturels qui étaient en recul depuis les années 1990 connaissent une légère croissante depuis 2008. Ce fait est notable en majorité au sein des ménages les plus aisés, les plus modestes préférant quant à eux consacrer leurs budgets loisirs pour les équipements de télévision ou hi-fi, le jardinage ou les animaux de compagnie.

Même si le budget culture et loisirs des ménages a subi une légère diminution, il reste tout de même bien placé au sein de leur budget global quel que soit leur niveau de vie. En 2006, il représentait en moyenne 11 % des dépenses totales des ménages, se plaçant entre la catégorie « biens et services >> (13%) et « habillement >> (8%) (cf. graphique 7). Enfin, toujours d'après l'INSEE, l'année 2010 est marquée par une reprise des dépenses de consommation par les ménages (+ 1,3% en volume, après + 0,1% en 2009). Ce regain

concerne quasiment tous les secteurs en particulier les dépenses en matière d'alimentation et d'habillement ainsi que celles en hôtels, cafés et restaurant.

Ainsi, les conséquences de la crise économique sur les budgets sont à relativiser. Le cinéma par exemple ne s'est jamais aussi bien porté, malgré des tarifs qui ont fortement augmenté ces dix dernières années.

La pression qu'exerce la crise économique sur les foyers engendre un besoin de se divertir certainement en vue de << décompresser ».

Enfin, il faut tout de même noter que la culture se positionne toujours après les dépenses de loisirs aux seins des ménages.

? Les budgets vacances

Malgré la crise économique, plus de la moitié des français a continué à partir en vacances en 2008. Néanmoins ils ajustent leurs dépenses : ils décident de partir moins loin et moins longtemps. La majorité des familles choisissent de rester en France et de réduire leur budget pendant leur séjour, en réalisant des économies sur la restauration ou en pratiquant moins d'activités de loisirs payants. Par ailleurs en 2008, 19 % des français ont bénéficié d'une aide pour leurs départs, des « chèques vacances » principalement.

Dans ce contexte, le Ministère a mis en place des aides personnalisées, en fonction de la situation économique et sociale des personnes concernées. Le ministère de la Culture et de la Communication, en réponse à sa priorité politique de faciliter l'accès à la culture et d'en favoriser une meilleure diffusion sociale, en décrit ainsi les qualités : *

<< Le développement des << chèques vacances », utilisables dans 4000 lieux culturels (701 musées, 523 théâtres et opéras, 362 cinémas, 257 festivals, 471 monuments historiques, 707 écoles de musique et conservatoires et 15 centres d'art contemporain...). »

D'après une étude du Ministère à ce sujet en 1998, sur les 4 millions de français bénéficiaires, 400 000 d'entre eux ont accédé à un lieu culturel par ce moyen de paiement.

En 2008, 19 % des français ont bénéficié de ces << chèques vacances ».

* Source : http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/politique/democratisation/faciliter.htm

? Tarification des festivals

Enfin, il semble intéressant de mentionner ici la tarification des festivals. Cela évoque non seulement le niveau des prix consentis mais aussi le lien entre le prix des places et l'ouverture des concerts à des publics éloignés du spectacle vivant qui est tout sauf direct. En effet nous pouvons noter le fait que la distance entre le public et le spectacle n'est pas seulement financière et spatiale mais aussi sociale et psychologique.

Cette brève mention de la tarification est aussi en lien avec l'économie des festivals précédemment étudiée, où nous avons pu voir combien les recettes propres étaient cruciales dans les budgets : 36,5% en moyenne.

De même, elle nous amène à évoquer la question de la gratuité, qui est divisée entre deux positions opposées : ceux qui estiment qu'elle est une juste contrepartie du fait que les festivals bénéficient de volumineuses subventions publiques et ceux qui considèrent que le prix n'est pas un facteur essentiel d'ouverture sociale et reste un marqueur symbolique et pratique de tout spectacle.

Ainsi le prix moyen d'un billet de festival de musiques actuelles est recensé à 19 € par le Centre National de la Chanson, des Variétés et du Jazz -dit CNV.*

Concernant la question de la gratuité, elle peut être compréhensible et appréciable lorsqu'elle concerne un festival hors norme et très fructueux. En revanche pour un festival de musiques actuelles se développant en milieu rural et contribuant déjà énormément au développement local, elle ne semble pas être envisageable. Nous verrons durant la partie 7 que ce genre de festivals propose qu'en même des services gratuits en dehors de leur programmation, en nous appuyant sur les exemples des Vieilles Charrues, de Musicalarue et de Jazz in Marciac.

*

* Source : CNV, étude de la perception de la taxe sur les spectacles de variétés, Eléments statistiques sur la diffusion des spectacles de variété et de musiques actuelles en 2005, Paris, 2006.

6.2 Animations locales et attraction touristiques

Nous pouvons constater suite à cette première partie introductive que malgré la crise économique, les français disposent toujours d'une part de leur budget réservée aux loisirs et à la culture et que les dépenses liées aux spectacles vivants s'affirment en hausse. De plus les ménages continuent de partir en vacances, en préférant tout de même des séjours moins exotiques et moins longs et en faisant bien sûr attention à leurs dépenses durant leur séjour.

Au cours de cette partie nous allons nous pencher sur le service d'animation aux vacanciers que fournissent les festivals. Ici nous nous baserons sur le caractère saisonnier des festivals, en nous appuyant sur le fait qu'ils se concentrent en majorité sur la période estivale (nous étudierons la question de la saisonnalité plus en profondeur dans la partie suivante).

Qu'il soit de renom ou pas, un festival fait partie de l'offre locale de services touristiques disponible pour des touristes qui ne sont pas spécialement venus pour l'évènement. Il s'agit ainsi principalement de vacanciers séjournant sur les lieux et pour qui le festival offre un service complémentaire sous la forme d'une sortie. Au sein de cette mention de « touristes » il faut aussi prendre en considération la présence croissante de touristes d'affaires, de catégories sociales généralement supérieures, pour qui la participation à un festival prestigieux fournit une animation pendant un déplacement professionnel.

L'attractivité touristique d'un festival s'explique par son esprit festif et la mobilisation locale qu'elle engendre. Comme nous l'avons vu durant la partie 2, sa communication contribue à fortifier l'image et ainsi l'identité locale de son lieu d'implantation. De même, la population démontre une certaine fierté et une part de reconnaissance envers cette manifestation animant leur commune, surtout pour les rurales étant souvent particulièrement isolées.

Pour les touristes, un festival représente un loisir original changeant des activités vacancières ordinaires. De plus son prix est accessible et assez raisonnable comparé à d'autres services touristiques (piscines, musées, visites, restaurants...). Le principal objectif pendant les vacances est de se dépayser, de rompre avec le quotidien. Pour les

vacanciers un festival culturel est un moyen de changer leurs habitudes, de retrouver un esprit de convivialité et d'animer leurs soirées (la plupart des représentations ayant lieu le soir).

Ainsi pour répondre à la question de la tarification des festivals, évoquée précédemment par le biais de la mention de « la distance entre le public et le spectacle qui n'est pas seulement financière et spatiale mais aussi sociale et psychologique >, les festivals contribuent à abaisser ces barrières symboliques de l'élitisme présent dans la culture. Ce phénomène s'explique par le fait que leur programmation est proposée dans un cadre beaucoup plus accessible et ici dans un << cadre vacancier >. Mais d'une façon plus générale, les festivals se présentent en plein air, en dehors des structures culturelles classiques qui sont souvent appréhendées comme austères pour les publics nonsensibilisés.

De plus, l'animation des festivals ne se limitent pas uniquement aux spectacles programmés. L'exemple le plus significatif est très certainement le festival annuel des musiques du monde Les Suds a Arles. En plus de sa programmation il propose des stages de danses et de cuisine provençale, un cinéma en plein air, des rencontres avec les artistes programmés... De même il est à l'initiative d'un parcours gourmand qui commence avec un << déjeuner musical >, se poursuit avec des << apéros dédicaces >, des << repas de quartiers >, des << siestes musicales >, des << thés à la menthe > chez un disquaire local et se termine avec des fins de nuits au bord de la mer avec une parade de percussionnistes où les festivaliers peuvent déguster des coquillages.

Par conséquent les associations peuvent faire preuve d'initiatives d'activités supplémentaires faciles à monter et pouvant s'avérer très originales.

En dehors du temps et des lieux de représentations, des artistes voire même la mairie s'appuient sur la manifestation principale pour organiser de nombreuses autres animations telles que des concerts gratuits en vue de prolonger l'esprit du festival.

C'est en ce sens que les festivals sont porteurs d'une dynamique qui contribue à faire régner une ambiance festive dans la commune et ses alentours et à laquelle sont sensibles les touristes en quête perpétuelle d'animation.

? Conclusion

Ainsi un festival contribue à animer le territoire alentour, attirant les vacanciers de passage séduis par son esprit de fête et les amenant à visiter la commune d'implantation où ils n'auraient peut-être pas songés à venir sans sa présence. En outre un festival peut avoir une conséquence quant au choix de la destination d'un futur vacancier qui, intrigué par sa communication, peut envisager de venir visiter la région afin d'assister à la manifestation.

*

6.3 Le développement touristique sur le long terme ?

Une demande de festival de types touristiques

Comme nous l'avons vu, les leviers de développement touristique des festivals sont nombreux et ces potentialités en termes de communication n'ont pas échappé aux collectivités territoriales, qui depuis quelques années commencent à prendre l'initiative de la création des festivals.

Les festivals « touristiques > ont été conçus dans les années 1970 suite à l'impulsion de la caisse des monuments historiques. Dès lors ils avaient pour but de susciter une fréquentation nouvelle dans une ville ou un site touristique par l'animation des lieux (cf. déf. termes). Aujourd'hui ce type de festivals a pris une telle ampleur en fusionnant avec les festivals dits « d'images > qui eux ont pour principal objectif d'engendrer des impacts en termes de notoriété, que certains médias parlent d'une nouvelle génération de festivals.

Pour illustrer ce point, citons le cas Eurockéennes qui est une initiative avant tout politique. Ce festival est né en 1989 d'une volonté du Conseil Général du territoire de Belfort de créer un évènement pour la jeunesse du département et se doter par la même occasion d'un puissant vecteur de communication en vue d'accroitre sa fréquentation.

Ainsi le Conseil Général a confié l'organisation de la manifestation à une association de la loi 1901, Territoire de Musiques. Cette convention lie l'association à la collectivité en échange d'une subvention substantielle et fixe ses propres objectifs, notamment en termes d'ouverture vers les jeunes et d'accessibilité de la manifestation.

? Un développement touristique souvent indirect

En revanche il convient de mentionner le fait qu'attirer les touristes est souvent indépendant du projet artistique du festival. A l'image du festival Musicalarue qui à la base est une fête de village qui a bien tourné, comme le stipule son programmateur Bastien Perez. (cf. entretien 2) Il contribue au développement touristique par les nombreux habitués qui reviennent chaque année à Luxey exprès pour son festival.

De même pour Jazz in Marciac, festival bien plus conséquent que Musicalarue par son actuel renom au sein du milieu du jazz, qui attire un afflux important de visiteurs et a

engendré de manière totalement indirecte un fort développement touristique au sein de son département. En effet dans le Gers l'évènementiel est l'un des points forts structurant son tourisme, lui permettant d'affirmer le positionnement de son département sur le marché. Or Marciac constitue de loin la principale manifestation avec environ 200 000 visiteurs chaque année (dont 50 000 payants en moyenne), soit plus de 16 % de la fréquentation évènementielle totale. De plus, on peut noter que la majorité des festivaliers (environ 78 %) viennent spécifiquement dans le Gers pour assister à cette manifestation.

Mais cette ampleur actuelle est indépendante de la volonté première de Jean-Louis Guilhaumon, son directeur artistique, qui souhait à la base simplement animer la vie locale de ce village gersois de 1 250 habitants.

Par ailleurs il est important de relativiser en ce qui concerne la saisonnalité des festivals. La « fièvre festivalière >> atteint son pic en juillet mais cela ne signifie pas que tous les festivals ont lieu sur la période estivale.

Comme l'explique Emmanuel Négrier dans Les Nouveaux territoires, « contrairement à une idée reçue festival ne rime pas nécessairement avec estival. Si l'été reste l'apanage de beaucoup de festivals méridionaux, 30 % des évènements se situent en dehors de toute saison touristique. >>

En observant le graphique 8 sur la répartition des festivals selon leur saisonnalité, extrait de l'ouvrage Les festival en France, marchés, enjeux et alchimie de Luc Bénito, on peut constater que 34 % des festivals ont lieu hors de la période estivale : 7 % en hiver, 14 % en automne et 13 % au printemps. Ces données datent de 2001 mais restes assez stables au fur et à mesure des années, deux-tiers de la programmation festivalière se concentrant toujours l'été.

Il est vrai que l'organisation d'un festival estival s'avère, outre la rude concurrence sur cette période, un choix stratégique. Mais il n'est pas forcément lié au tourisme. D'après Luc Bénito, « cette répartition confirme la tradition de plein air pour des manifestations largement dépendantes de bonnes conditions climatiques, logiquement plus propices pendant la période estivale et dans les régions du Sud de la France. >>


· L'apport complémentaire des festivals aux régions déjà fortement touristiques

La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur arrive en tête du classement de la répartition totale des festivals en France avec une part d'environ 13 %, soit une concentration de 91 festivals.* Ainsi les festivals sont un élément quasiment inséparable à l'identité de la région, comme l'illustre l'intitulé de son guide culturel édité par l'Office régional de la culture : Provence, Terre des Festivals.

Mais qu'est-ce que les festivals apportent en termes de développement touristique pour ce type de région déjà fortement attractive à ce niveau-là ?

Les festivals font certes partie de leur offre locale de services touristiques. Mais pour ce genre de territoire où l'économie repose énormément sur les périodes estivales marquées par l'afflux touristique, les festivals contribuent à prolonger leur séjour en favorisant la concentration de visiteurs hors saison.

De plus, les festivals sont un fabuleux vecteur de fidélisation des touristes. Cette spécificité s'explique par leur attractivité durable et par le renouvellement de leur programmation d'une année sur l'autre, contrairement à un monument qui lui ne permet pas un tel renouveau de contenu. Le festival Jazz in Marciac par exemple comprend un solide socle d'habitués parmi son public, venus six fois ou plus, qui représente un quart des festivaliers.

De même pour le festival Musicalarue, son programmateur affirmant qu'il dispose d'un public fidélisé, prenant exprès des vacances pour pouvoir venir assister à l'évènement. (cf. entretien 2)

* Source : BÉNITO LUC, Les festivals en France, marchés enjeux et alchimie, 2001

(Chiffres 2012 de la région PACA : « 250 festivals, 1800 spectacles consacrés au spectacle vivant l'été dernier », d'après le site www.laregie-paca.com)

? Le tourisme étranger

Les festivals contribuent au rayonnement culturel que la France entretien avec le monde, en offrant une image de territoires animés.

De même, l'envergure de certains festivals permet d'attirer et de susciter le développement du tourisme étranger. Les retombées restent évidemment à relativiser mais il est tout de même intéressant de les mentionner.

La proportion est assez modeste en générale, pour le festival Jazz in Marciac le public étranger représente entre 5 à 8 % de ses festivaliers.

Quant aux Eurockéennes jouissant d'une situation géographique frontalière, elles attirent à peu près 5 % de spectateurs étrangers, essentiellement suisses et allemands.

Le festival à la plus grande renommée internationale de France est certainement le Hellfest. Par sa programmation uniquement portée sur le métal et ses genres dérivés, il arrive largement en tête du classement avec 25 à 30 % de public étranger sur la totalité de ses festivaliers. Sur les cinquante nationalités présentes en moyenne, la grande majorité se compose de norvégiens, anglais, italiens et espagnols. Pour eux le Hellfest représente la référence européenne en termes de festival de métal, devançant son principal concurrent anglais le Download qui lui propose une programmation légèrement plus axée sur le punk rock et le rock alternatif. Bien évidemment il s'agit-là encore une fois d'un festival implanté en milieu rural, plus précisément dans la petite commune de Clisson dans la région Pays de la Loire. (cf. planche 7) Pour donner un exemple de son succès, il attire en moyenne 80 000 visiteurs chaque année sur une durée de trois jours.

* * *

* Source : résumé de la Conférence du Hellfest 2012, http://www.lesacteursdelombre.net/webzine, avril 2012

Conclusion :
étude de cas : le festival des Vieilles Charrues

Le festival des Vieilles Charrues est un festival de musiques actuelles qui a pour habitude de réunir des stars internationales et nationales, des arts de rues ainsi que des artistes émergents avec son tremplin des Jeunes Charrues.

Il accueille plus de 170 000 spectateurs durant quatre jours chaque année à la mi-juillet, sur la commune de Carhaix-Plouguer dans le centre Finistère en Bretagne. Le prochain Festival des Vieilles Charrues (21ème édition) se déroulera du 19 au 22 juillet 2012. (cf. planche 5)

? Historique du festival

Les Vieilles Charrues sont nées en 1992, à l'initiative d'une bande d'étudiants «centrebretons» qui voulaient répondre aux rassemblements des Vieux Gréements de Brest.

Il s'agissait à la base d'un rassemblement entre amis, organisé chaque année par une quinzaine d'étudiants brestois pour fêter la fin des examens. Comme l'explique Jean-Jacques Toux, programmateur des Vieilles Charrues, << On invitait les copains des copains, qui invitaient à leur tour, la copine de la copine. On s'est vite retrouvé à 500 personnes. »* Cette << fête entre copains » qui se déroulait dans la petite commune voisine de Carhaix, à Landeleau a rapidement pris de l'ampleur, où chacun amenait un instrument pour jouer.

L'été 1993 2 000 étudiants se sont manifestés, puis 5 000 en 1994 où les initiateurs ont organisé leur premier concert avec Dolly&Co et Les Satellites. Le succès fut immédiat.

En 1995, le rassemblement se déplaça à Carhaix et les organisateurs eurent cette fois l'envie de monter un véritable festival de musique.

Aujourd'hui, les Vieilles Charrues sont devenues le plus grand festival de musiques actuelles de France en termes de fréquentation (270 000 entrées en 2012, dont 212 000 payantes). Cet afflux phénoménal est attiré au coeur de la verdure du magnifique site de Kerampuilh par son fort esprit festif et de convivialité, mise en avant par son énergique communication.

* Source : Entretien avec Jean-Jacques Toux, Vie étudiante - Portraits et interviews, www.letudiant.fr

CHAPITRE II | CONCLUSION : Les Vieilles Charrues

Depuis le début des années 1990, Ben Harper, Patti Smith, The Cure, James Brown ou encore Iggy Pop s'y sont produits. C'est désormais le premier festival rock de France et l'un des dix premiers d'Europe.

· EmploiDoté d'un budget global dans les environs d'11 millions d'euros financé à hauteur de 90% par des recettes propres et tout au plus par 1% de subventions institutionnelles, les Vieilles Charrues reversent une partie de leurs bénéfices pour le développement du tissu associatif et culturel du centre Bretagne.

L'équipe du festival compte 12 salariés permanents à l'année. Et au-delà de ces emplois, les Vieilles Charrues ont créé dans la région l'équivalent de 100 postes à l'année. Au moment de la manifestation, ce sont 5 500 bénévoles réunis pour la plupart en associations et plus de 500 personnes salariés pour des contrats plus ou moins longs qui rejoignent l'organisation du festival.

· Tourisme

La commune de Carhaix compte en hiver autour de 8 000 habitants. Comme l'explique le président d'honneur de l'association des Vieilles Charrues Christian Troadec, « la population locale s'est tout de suite appropriée les Vieilles Charrues. C'est devenu le festival de tous. >>

En ce qui concerne le tourisme, l'office de Carhaix confirme que « le festival est une locomotive dans les salons de tourisme. >>

La spécificité des Vieilles Charrues à ce sujet est son festival de printemps. Depuis 2007, l'association fête l'arrivée du printemps à Carhaix et la « fin de son hibernation >> en organisant Les Vieilles Charrues Remettent le Son (en 2010 elles prirent le nouveau nom de les Charrues dans la Rue). Depuis tous les ans en mars en plus de l'édition estivale, a lieu cet évènement présentant la même qualité de programmation que l'officiel et engendrant une fréquentation hors saison phénoménale. De plus ce rendez-vous convivial affiche une plus large ouverture artistique en mettant en avant les artistes émergents de la région.

CHAPITRE III : Les festivals de musiques

actuelles : luxe ou véritable moteur de

développement social et artistique ?

Introduction : Une culture perçue comme un luxe ?

Sans rentrer dans une dissertation ou un débat d'ordre philosophique, il semble intéressant de dégager des réponses à cette question afin de nourrir notre prochaine analyse. Le sujet de ce mémoire tend à démontrer si les festivals de musiques actuelles sont de << simples fonctions culturelles » ou des vecteurs de développements. Cette << simple fonction » peut renvoyer à la question d'une culture parfois vue comme inutile au sein de notre société.

Afin d'introduire ce chapitre intitulé « festivals de musiques actuelles : luxe ou véritable moteur de développement social et artistique ? » nous allons ici dégager le paradoxe qu'elle comporte. Pourquoi assimile-t-elle les festivals au luxe ?

Outre les constats assez quantitatifs de notre étude, un festival culturel peut être perçu comme inutile. Tout au long de ce dernier chapitre, nous tâcherons de démontrer en quoi un festival s'avère utile d'après les territoires, leurs populations, les festivaliers et bien sûr leurs acteurs principaux, les artistes. Notre réflexion ayant été auparavant judicieusement alimentée par les constats plus théoriques des deux premiers chapitres, c'est par cette dernière approche que nous pourrons en venir à la conclusion générale et répondre à nos hypothèses principales.

? La culture

La culture est ici entendue dans son sens premier, soit l'ensemble des représentations, des manières de vivre et de penser, des techniques de la vie matérielles qui confèrent à un peuple sa place originale dans l'univers.

La culture au sein de notre société permet aux citoyens de s'évader, de s'ouvrir à autrui, d'oublier le temps, d'oublier les soucis quotidiens, de s'exprimer, de s'enrichir intellectuellement, de partager du plaisir et de se rassembler dans un fort esprit de convivialité. Certes la culture est souvent vue comme élitiste. Mais c'est pourtant bel et bien un moyen d'égalité sociale. Tout le monde peut avoir accès à la culture, sous n'importe quelle forme. La culture renvoie aussi à une richesse intellectuelle personnelle. Elle comprend le patrimoine collectif hérité de nos ancêtres et se compose de découvertes, de traditions.

En France nous avons par ailleurs la chance qu'elle soit considérée de manière positive

par notre gouvernement. Ainsi elle ne peut être assimilée comme inutile, sinon le fait que les politiques tentent d'accroitre le rayonnement de la culture française face au reste du monde serait illogique. Si elle est prise autant en considération, c'est qu'il s'agit du symbole de notre identité nationale et des connaissances que nous avons acquises au fil du temps.

? Le luxe

Par luxe on entend le superflu, ce qui n'est pas vraiment nécessaire. Il renvoie indéniablement à la notion d'argent. Généralement il est assimilé à un mode de vie consistant à pratiquer des dépenses somptuaires et déraisonnées le plus souvent dans le but de s'entourer d'un raffinement fastueux. Il peut renvoyer au plaisir de la beauté.

Ainsi, nous pouvons affirmer que la culture est nécessaire par le fait qu'elle constitue la force d'une société humaine par sa richesse. Elle peut être considérée comme inutile dans le sens réducteur où elle n'est pas un outil de survie, pas un besoin capital (boire, manger, dormir, se reproduire).

De même elle peut renvoyer à la notion d'argent mais pas à la notion de somptuaire, d'extravagance. La culture a un coût certes mais comme toute chose. Les pratiques culturelles sont payantes car elles constituent un service et que dans la logique de notre société tout service mérite d'être récompensé voire dédommagé.

Par conséquent la culture ne peut être mise à égalité avec le luxe par le fait qu'elle fournit des valeurs essentielles fortement liées à l'intelligence, au raisonnement, à la communication et aux savoirs humains.

*

D'après cette réflexion nous pouvons constater qu'assimiler un festival culturel avec un luxe est paradoxal. Il peut être de manière réductrice perçu comme tel mais concrètement il renvoie à une notion de nécessité en contribuant à la démocratisation de la culture. L'emploi d'un terme aussi fort au sein de la question de l'intitulé du chapitre a pour but de conforter notre réflexion se dirigeant vers un constat plus subjectif ayant pour objectif de confirmer l'hypothèse qu'un festival soit un vecteur de développements. En plus d'être utiles d'après les différents points de vue que nous allons analyser, les festivals contribuent à diffuser les valeurs liées à la culture.

* * *

7/ Du point de vue des organisateurs et
de la vie culturelle locale

L'appellation « vie culturelle locale >> fait bien évidemment référence aux apports des festivals en termes d'animation locale.

Tout d'abord il faut savoir que dans les années 1980 est apparue une génération de << festivals d'animation locale >>. Ce phénomène s'explique par deux changements sociologiques importants auxquels les collectivités territoriales devaient faire face.

Le premier concerne l'exclusion de parties de la population dites << en marges >> de la société. Pour le milieu rural cela se traduisait par sa désertification qui continuait à s'étendre. Le deuxième changement est en rapport avec la hausse de scolarisation et du niveau de vie ainsi que des séjours touristiques qui étaient quant à eux de plus en plus raccourcis. Ces facteurs parmi de nombreux autres, ont engendré une plus forte demande d'offre culturelle.

Pour résumer, la dégradation du contexte social a conduit à de nouvelles pratiques de la consommation touristique et une plus forte attente des populations locales envers le milieu culturel. Pour les pouvoirs publics alors contraints par ce nouveau besoin social, l'organisation d'évènements tels que les festivals leurs est apparue comme une efficace solution.

En effet elle permet aussi bien de satisfaire les touristes que les populations << isolées >>. En milieu rural suite à la désertification les communes multipolarisées et hors influence des pôles urbains étaient souvent exclues aussi bien financièrement que géographiquement. Les petites communes rurales (moins de 2 000 habitants) n'ont souvent pas les ressources nécessaires pour financer une installation permanente, isolant ainsi d'une certaine manière leurs populations d'une offre culturelle (entres autres, cela impliquent d'autres domaines tels que le sport ou le divertissement).

Les festivals apportent à ce public des spectacles culturels auxquels ils n'ont pas accès. Cela rejoint notre précédente étude sur la démocratisation. Ainsi ce qu'il faut retenir ici c'est l'une des finalités principales de ces évènements : l'animation locale.

Cela nous amène à la question du domaine des évènements choisis par les collectivités pour animer leur localité. Comme nous venons de le voir, il peut aussi bien s'agir des arts, du sport que du divertissement. Concrètement cela dépend simplement des préférences des porteurs de projets ou des associations qui décident de s'investir et de contribuer aux demandes des collectivités.

* * *

7.1 Les avantages pour un acteur culturel d'organiser un festival de musiques actuelles

Un territoire peut être animé par plusieurs domaines. Les acteurs et autres associations s'investissant dans l'animation d'une localité peuvent être plus qualifiés dans un secteur que dans un autre.

Pour les acteurs culturels quels sont les intérêts et les avantages pour eux de se lancer dans l'organisation d'un festival de musiques actuelles en milieu rural en France?

Nous tenterons de répondre à cette question en citant trois avantages issus d'arguments eux-mêmes soutirés d'une théorie personnelle.


· Premier argument

Nous pouvons dans un premier temps aborder la question de la saturation du marché en ce qui concerne l'actuelle forte concentration de festivals de musiques actuelles en France. Cela nous amène à penser que l'organisation d'un tel évènement produit bien plus qu'un impact en termes de retombées économiques.

Le succès de ces festivals est dû à une association réussite entre les collectivités territoriales, les acteurs culturels et leurs publics.

Cet ensemble est indissociable par le fait que la plupart des subventions, des mises à dispositions et parfois des initiatives de ces évènements proviennent de l'intérêt et de l'implication des collectivités territoriales à leur égard. Les acteurs culturels étant ainsi, en règle générale, assez bien encouragés par les politiques culturelles et les territoires dans leurs projets. Et bien sûr par le fait que le résultat est concluant par le succès dont il dispose auprès des publics qui se manifestent comme enthousiasmés et reconnaissant par ces initiatives.

Outre la question de la saturation du marché sur laquelle nous nous pencherons plus en

profondeur postérieurement (cf. p. 121

), nous pouvons en conclure que pour les acteurs

culturels les festivals de musiques actuelles disposent déjà comme principal atout une assurance en termes de succès et d'une adhérence auprès d'un public déjà conquis.

? Deuxième argument

Par ailleurs nous pouvons traiter de la spécificité des festivals de musiques actuelles.

Ce type de festival possède la faculté de pouvoir s'adapter plus facilement aux populations rurales grâce à sa programmation son projet artistique et sa programmation modulables. En effet comme nous l'avons vu dans la définition des termes l'appellation musiques actuelles renferme un très large éventail d'esthétiques musicales.

Comme le stipule Bastien Perez durant son entretien, en tant que programmateur il se doit de rediriger la programmation du festival Musicalarue en fonction des attentes des populations locales. Suite à la professionnalisation de l'association et par sa qualité artistique, Luxey a attiré de plus en plus de monde. Les locaux se sont alors sentis dépossédés de la manifestation. Musicalarue y remédie depuis maintenant six ans. Bastien Perez propose une programmation qui s'adapte plus au milieu rural : sa ligne directrice est la chanson française, puis seulement après il s'ouvre à d'autres disciplines plus actuelles (rock, électro, etc.).

Cet exemple introductif prouve qu'une programmation d'un festival de musiques actuelles peut autant s'adapter à un festivalier lambda, aux touristes de passages qu'aux populations locales. Nous verrons chacun des publics ciblés en fonction des genres musicaux que les musiques actuelles comportent dans la partie suivante. (cf. partie 8)

Ce que l'on peut auparavant constater ici, c'est que contrairement aux autres spectacles d'arts vivants comme le théâtre ou la danse qui quant à eux requiert un public déjà « sensibilisé » la musique est un art remarquablement accessible. Le théâtre et la danse, toujours par exemple, demandent la possession d'un certain goût en matière d'esthétique, une première appréhension, afin d'être compris. Cela sans insinuer le fait que les populations rurales sont moins cultivées que les urbaines, loin de là. Mais la majorité n'ayant pas accès à des structures culturelles proposant ce genre de spectacles durant l'année, il leurs est plus difficile d'avoir une connaissance culturelle. Le théâtre et la danse ont certes à la base pour objectif de divertir le peuple. Mais aujourd'hui il faut tout de même reconnaitre que la majorité de leurs spectateurs sont constitués d'un public assez élitiste.

Le Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine (TNBA) a remarqué durant la dernière
édition du Festival Novart en 2010, que le public qui venait assister aux représentations

était essentiellement des adhérents ou des étudiants, la tranche d'âge étant plutôt comprise en 35 à 50 ans*. De plus, cela se remarque dans les dépenses culturelles des ménages. D'une manière synthétique, les gens déboursent en premier dans le domaine du cinéma, puis la musique et enfin dans les spectacles d'arts vivants.

De plus, pour continuer de pousser notre réflexion sur le fait que la musique puisse s'avérer comme l'un des arts les plus accessibles aujourd'hui, nous pouvons nous pencher sur les cours artistiques enseignés à l'école.

Dès le primaire les enfants sont initiés à l'art par des cours de musiques et ce jusqu'à la fin du collège. Le théâtre et la danse se pratiquant plus en activités extra scolaires. Cela traduit bien le fait qu'il s'agit d'un art plus facile à appréhender.

Ainsi nous pouvons dire que la facilité d'adaptation et l'accessibilité de la musique est le second avantage pour un acteur culturel ayant pour but d'organiser un festival dans ce domaine.

? Troisième argument

Tout d'abord, revenons sur l'histoire du festival des Vieilles Charrues. Comme nous l'avons vu dans la dernière étude de cas, ce festival est l'oeuvre d'un petit groupe d'étudiants passionnés par la musique souhaitant animer leur fête étudiante qui prenait chaque année de plus en plus d'ampleur.

Comme pour tout domaine artistique, organiser un festival de musiques actuelles demande une connaissance de la discipline et une certaine passion. De manière générale un festival est souvent l'oeuvre d'une petite équipe de passionnés cherchant à partager leur amour pour un domaine auprès d'un public en animant un territoire. La musique est souvent le premier choix. Comme nous l'avons vu son marché tend aujourd'hui vers la saturation et elle fait preuve d'une certaine accessibilité.

Notre troisième argument s'adresse ainsi à un type d'acteur culturel particulier, démontrant un minimum de passion pour la musique.

*Source : Participation bénévole a l'étude de public du TNBA durant le Festival Novart 2010 dans le cadre de ma formation ICART

Pour ces acteurs, l'organisation d'un concert s'avère gratifiante lorsque l'évènement aboutit à un public et des artistes satisfaits dans une ambiance conviviale assurée. La réussite de ce travail procure une reconnaissance incomparable. Organiser un festival, s'il respecte les objectifs du projet artistique de base, offre cette satisfaction personnelle de manière fortement amplifiée. Là il ne s'agit plus d'un évènement englobant un concert et sa première partie, ou d'une salle remplie de 400 à 600 personnes. Mais de tout un évènement, une foule de millier de personnes en osmose, partageant le même bonheur, vivant la même expérience.

La musique, contrairement par exemple au cinéma où l'on reste statique devant un écran, est un art qui se vit. Les artistes qui jouent sur scène ne font pas qu'exhiber leur dernière oeuvre ou montrer leur talent avec un instrument. Ils se doivent pour séduire le public de réaliser une véritable performance par un jeu scénique unique.

Un rassemblement de spectateurs devant une scène dansant en rythme sur les pulsations et la mélodie d'une chanson est une expérience unique dans l'art.

? Quatrième argument

Enfin, de l'organisation d'un festival de musiques actuelles, comme pour toute autre discipline, peut découler un grand nombre de possibilités en termes d'actions culturelles locales. Un festival permet d'engendrer un grand nombre de projets dans sa localité. Il peut amener à toucher à d'autres arts pour animer le lieu à l'année, en s'appuyant sur les ressources, la professionnalisation de l'association et sur le succès de la manifestation principale. Et c'est ce sur quoi nous allons maintenant nous pencher, en analysant tous les évènements pouvant se greffer au festival de musiques actuelles, en commençant par les activités culturelles possibles au sein de la localité. Puis en poussant notre réflexion jusqu'à l'action culturelle pédagogique.

7.2 L'impact de l'activité des festivals sur la croissance des actions culturelles locales

Nous l'avons constaté plusieurs fois les festivals présentent la spécificité de pallier l'absence de structures permanentes.

Afin d'illustrer cet argument, nous citerons des exemples significatifs de festivals proposant des actions culturelles tout au long de l'année en plus de leur évènement principal.

? Les Vieilles Charrues

Depuis 2004 l'association des Vieilles Charrues s'applique à développer sa politique de rencontres artistiques. Le festival a tout d'abord pris l'habitude de soutenir les artistes à travers des accueils en résidence* à l'Espace Glenmor de Carhaix. Par la suite, de nombreux autres projets ambitieux ont découlé du festival.

Les charrues dans la rue

De 2007 à 2009 en mars, les Charrues organisaient Les Charrues Remettent le Son, à Carhaix.

En 2010 le nom de cette manifestation annonçant le printemps et le retour des décibels changea pour les Charrues dans la Rue. Nouveau nom, nouvelle formule, cette fois le festival en collaboration avec le Centre National des Arts de la Rue le Fourneau propose tous les ans en mars un grand spectacle de rue unique et gratuit. La volonté de l'association est d'offrir aux carhaisiens dès l'arrivée des beaux jours un spectacle convivial, afin de retrouver avant le grand rendez-vous de l'été tout l'esprit et la magie des Vieilles Charrues. Placée sous le signe de la curiosité, cette manifestation s'adresse principalement au public local mais séduit quand même jusqu'à l'échelle régionale.

Le spectacle de Noël

Depuis 1995 l'association des Vieilles Charrues pensent aussi aux enfants locaux à
l'occasion des vacances de Noël, en organisant un grand spectacle gratuit pour les petits

* Dans le jargon des organisateurs de concerts une résidence consiste a mettre a la disposition d'un artiste un lieu de travail, une assistance technique et une aide financière le plus souvent, afin de l'accompagner dans sa professionnalisation. Concrètement une résidence lui permet de travailler sur son projet artistique dans de véritables circonstances scéniques avec l'aide d'un technicien.

carhaisiens en particulier et pour ceux du Centre Bretagne en général. La programmation des concerts s'adaptent aux enfants, comme par exemple lors de l'édition en 2010 avec le concert Chapi Chapo. Ce rendez-vous est ouvert à tous et offre l'occasion de se retrouver en famille. Comme l'énonce l'association dans la description de cet évènement : « Parce que depuis 20 ans que ça dure les Charrues, autant vous dire qu'il y en a qui ont eu le temps de devenir parents, voire même grands parents, et de transmettre aux nouvelles générations leur goût du spectacle ! >>

Toujours en hivers il arrive aussi aux Vieilles Charrues d'organiser un spectacle de rue monumental en réinvitant par exemple l'une des compagnies la plus appréciée par les spectateurs durant le festival. Contribuant à promouvoir des artistes en devenir, elle contribue ainsi à respecter l'une de ses plus fidèles mission depuis ses origines.

Les Jeunes Charrues

Dans ce contexte l'association a créé en 1996 les Jeunes Charrues, un tremplin pour les artistes émergents de la région. Les Jeunes Charrues soutiennent et accompagnent ainsi les jeunes talents musicaux de Bretagne et de Basse Normandie. En dix-sept ans, plus de 5 000 groupes se sont inscrits pour participer à l'opération et plus de 400 ont accédé à la scène dans leur région d'origine devant plus de 55 000 spectateurs !

De plus, cette opération permet aux « jeunes charrues >> de côtoyer les plus grands artistes lors du festival estival.

Ce développement, tiré par la vitalité de la scène musicale bretonne, a été rendu possible par l'investissement de nombreux bénévoles, au sein des Vieilles Charrues tout d'abord, puis dans l'ensemble des structures organisatrices des soirées concerts, associations et autres lieux de spectacles. Depuis 2007 les pôles musiques actuelles des différents territoires concernés ont rejoint le réseau et mettent leurs compétences au service des jeunes artistes.

Ainsi par le biais de ces nombreuses animations culturelles annuelles, que nous venons simplement de survoler, l'association s'applique à poursuivre sa mission d'animation en vue de remercier tous ceux qui la soutiennent et à qui elle doit son actuel succès.

Bien sûr il s'agit là d'un cas exemplaire. Mais même les festivals de plus petite ampleur et avec moins de ressources que les Vieilles Charrues peuvent proposer des animations à l'année sur l'ensemble de leur territoire, comme en démontre l'exemple suivant.

? Musicalarue

En plus de son évènement annuel en août, l'association Musicalarue contribue à animer son village et le territoire alentour tout au long de l'année.

Les weekends

Cette année l'association a proposé aux luxois Les Dimanches de Musicalarue, en collaboration avec l'association Chantons sous les pins. Le dimanche 18 mars 2012 le foyer municipal de Luxey a ainsi pu accueillir deux artistes, Mathieu Boogaerts, artiste de la chanson française et Serge Llado, humoriste, auteur et interprète.

De plus de mars à avril derniers ont eu lieu des Concerts chez l'habitant. Sur tout le territoire des Landes, seize concerts ont été organisé directement chez les habitants. Pour chaque weekend un artiste différent était programmé et se donnait en représentation du vendredi au dimanche. Cette action originale a été soutenue par la Fédération Départementale des Foyers Ruraux 40.

En mai, Le plateau

Le samedi 5 mai 2012 l'association Musicalarue avec le Collectif des opérateurs culturels aquitains profitent de l'arrivée du printemps pour organiser Le plateau. Cette manifestation gratuite se déroule dans la petite commune de Luxey. Elle accueille vingtcinq groupes musicaux ainsi que trois spectacles pour jeunes publics.

Ainsi, tout comme les Vieilles Charrues, Musicalarue s'applique à animer son territoire en proposant des projets simples, originaux et très conviviaux.

Un festival de musiques actuelles permet à son association l'occasion d'animer leurs territoires d'implantations tout au long de l'année. Les possibilités sont nombreuses et les équipes permanentes font souvent preuves d'idées tout à fait pertinentes et très bien accueillies par les populations qui sont reconnaissantes de cette contribution au développement de leur vie culturelle locale.

7.3 Les possibilités de création d'action culturelle pédagogique

Tout comme nous venons de le voir dans la partie précédente, les associations responsables des musiques actuelles se sentent aussi concerner par le jeune public. Les manifestations principales sont en premier lieu destinées à un public adulte. Mais par le biais de leurs initiatives culturelles à l'année, les associations peuvent tout à fait s'impliquer dans des actions pédagogiques en faveur des jeunes locaux.

Les actions d'animation relèvent de logiques très proches de ce qui est aujourd'hui demandé aux institutions assumant une action au long de l'année : action hors-les-murs, interventions auprès de publics empêchés, recherche de nouveaux publics. Les festivals sont tout autant considérés comme « responsable > de l'action culturelle locale qu'une institution, étant impliqués dans le processus de démocratisation de la culture.

« Lorsque l'on interroge les festivals sur leur pratique de la gratuité, il est assez fréquent que leurs responsables évoquent spontanément le volume d'actions pédagogiques et d'animation qu'ils mettent en place. Ce lien faut entre les deux est souvent une manière de limiter, voire d'expliquer l'absence d'organisation de spectacles gratuits. »

Suite à cet extrait tiré de l'ouvrage Les Nouveaux territoires des Festivals d'Emmanuel Négrier, nous pouvons constater que les actions d'animations locales résultent d'une réponse à la pratique de la gratuité. Pour autant il faut savoir que biens qu'elles soient liées par des questions purement stratégiques, les actions pédagogiques ne sont pas tout à fait de la même nature que les initiatives d'animations culturelles.

Les actions pédagogiques englobent l'accompagnement des artistes amateurs et émergents issus de la région mais aussi des stages, des ateliers d'initiations destinés à un jeune public. Il peut très bien s'agir de promotion d'activités extrascolaires et culturelles, que de favoriser l'éveil des enfants en les habitants à voir des spectacles en dehors du cadre scolaire, etc. Cela rentre dans la capacité des festivals à toucher un public traditionnellement exclu.

? Jazz in Marciac : du jazz au collège

L'exemple le plus marquant à ce sujet est très certainement le festival de Jazz in Marciac.
Son responsable étant un ancien professeur du collège de la commune et aujourd'hui

directeur de l'établissement, l'association du festival est ainsi logiquement très impliquée dans l'accessibilité de la culture auprès des jeunes locaux.

En 1993, le collège de Marciac a ouvert un atelier d'initiation à la musique de jazz qui couvre le cursus complet de la sixième à la troisième. Le festival de Jazz in Marciac est désormais internationalement reconnu mais on ignore généralement les prolongements humains et culturels qui découlent de ce genre musical.

L'idée du jazz au collège invite les jeunes à s'exprimer librement et propose à chacun de trouver son épanouissement personnel susceptible de l'aider dans les études générales. Le jazz, expression essentielle de la musique du XXème siècle, s'avère un exceptionnel instrument pédagogique et culturel. Les constats de cette initiative sont que la musique contribue à éduquer et à construire l'enfant par son groupe musical qui forme et structure son expression et sa personnalité.

Concrètement, l'atelier est organisé en cinq à quatre heures hebdomadaires en fonction des niveaux scolaires. Il est enrichit par un module facultatif de pratique instrumentale animé par des intervenants de grande notoriété.

Dans le cadre du festival Jazz in Marciac, des ateliers permettent aux élèves de s'exprimer en public sous le parrainage de musiciens prestigieux. De plus, des rencontres avec des jazzmen célèbres, des concerts et des auditions régulières sont organisés tout au long de l'année.

Ainsi l'idée de la création d'espaces culturels ruraux en relation avec le monde pédagogique est parfaitement comprise et employée dans cette action du collège de Marciac.

? Musicalarue : les Jeunes Artistes

Évidemment d'autres festivals se consacrent aussi à l'action pédagogique, comme Musicalarue qui propose quant à lui des ateliers d'initiation aux arts du cirque pour les jeunes locaux. L'association Musicalarue a ainsi organisé en avril dernier des stages « Jeunes Artistes » pour les enfants et adolescents de 5 à 12 ans, se déroulant dans la Maison des Associations de Luxey. Ce projet est mené autour du thème et des techniques

du cirque, proposant différentes activités encadrées par des animateurs professionnels spécialisés.

Le projet pour les petits s'intitule « Le monde du cirque >> et propose un parcours de motricité avec des objets de cirque, un atelier << Baby-Gym >> avec des structures en mousse modulables, des jeux d'adresse et de danse avec du matériel ainsi que des activités manuelles et artistiques.

Pour les plus grands est proposée une << Initiation et perfectionnement aux arts du cirque >>, comportant des activités de jongleries, d'équilibre sur objet, d'acrobaties et une mise en place de numéros.

Tout comme les animations culturelles, les actions pédagogiques sont nombreuses et présentent d'énormes possibilités. Elles sont très appréciées par les communes et surtout par les familles rurales qui peuvent ainsi offrir à leurs enfants la chance de s'ouvrir à l'art et à la culture en générale malgré l'absence de structures permanentes sur leur territoire.

* * *

8/ Du point de vue des publics

Étudier le point de vue les publics peut paraitre illogique au premier abord étant donné que ce mémoire traite de la question de l'intérêt du développement des festivals de musiques actuelles. Notre réflexion étant basée sur l'hypothèse que les festivals sont bien plus qu'une simple fonction culturelle par leurs nombreux apports aux territoires. Alors pourquoi cet intérêt pour les publics ?

Tout d'abord ils sont aux centres des enjeux des festivals. Ils présentent autant de qualités que de faiblesses que nous allons étudier par la suite. Dans la logique d'une organisation il est impensable de ne pas se soucier des publics ciblés, il est ainsi obligatoire de devoir étudier les publics. Les motivations des festivaliers sont au coeur de l'impact que peuvent avoir les festivals sur les territoires. Sans eux les retombées économiques seraient moindres. De même, il convient de rappeler l'objectif de la démocratisation culturelle, qui s'adresse bien évidemment aux populations.

Par ailleurs il est intéressant de comprendre les relations entre les festivals et leurs publics. Dans notre cas nous pourrons mieux cerner les limites que comporte l'implantation d'un festival de musiques actuelles en milieu rural comme nous les avons mentionnées dans la partie 3.1. Enfin, l'intérêt du développement et l'avenir des festivals reposent sur leur fréquentation.

Par conséquent, étudier le point de vue des publics semble capital pour nourrir notre réflexion et ainsi continuer notre cheminement vers la réponse à l'intitulé de ce chapitre : les festivals de musiques actuelles : luxe ou véritable moteur de développement social et artistique ?

8.1 Public non-sensibilisé et public averti : étude sociologique des pratiques des publics

Dans un premier temps il convient de mieux cerner le terme « public ». On entend ici un rassemblement d'individus qui ont chacun leur histoire, leurs références et des apprentissages bien différents. C'est de là qu'est issue la difficulté d'un festival : s'adresser à des publics hétérogènes par la diversité de leur rapport à l'art. Les organisateurs doivent assumer des missions assez contradictoires. Ils doivent être

attentifs au tissu culturel local, tout en restant ouvert quant à leur image nationale voire internationale. Ils sont amenés à devoir penser à la fidélisation de leur public mais aussi à son renouvellement. Leur projet artistique doit être cohérent, rigoureux mais en même temps il doit promouvoir un esprit festif, convivial et bien sûr être divertissant.

Enfin il faut discerner la population du public. La notion de population dépasse celle de public qui lui renvoie à des pratiques culturelles acquises. Une population n'est qu'un public potentiel. Ce qui est important de comprendre car population ne signifie pas public acquis.


· Une meilleure connaissance des publics : profil socio-économique

<< L'essor, ces dernières années, des activités culturelles et de loisirs a poussé les responsables des festivals à accroître les actions de promotion en lançant, des études de publics. >>

<< La connaissance du profil socio-économique, du lieu de résidence et des motivations du public festivalier sont indispensables pour l'établissement de campagnes de promotion efficaces et de supports de communication pertinents. >>

D'après ces extraits issus de l'ouvrage Les Festivals en France, marchés, enjeux et alchimie de Luc Bénito, nous amène au constat de l'importance d'une meilleure connaissance des publics. Pour cela nous allons survoler le profil socio-économique des publics afin de mieux les cerner et comprendre les enjeux qu'ils représentent auprès des organisateurs de festivals.

L'âge

Pour les festivals de musiques actuelles, le public se divise en deux tranches. Le public de tranche d'âge « moyenne >>, comme par exemple le festival de Jazz in Marciac. 27 % de ses festivaliers se situent entre 36 et 45 ans. Les publics des festivals des musiques amplifiées sont en général encore plus jeunes, surtout s'il s'agit d'un festival à la programmation plutôt axée sur le rock. Ainsi la deuxième tranche de public est dite << basse >>, comme par exemple pour le festival des Eurockéennes de Belfort dont la catégorie 21-24 ans domine avec une part de 35% suivit des 18-20 ans avec près de 25 % de ses spectateurs.

Citons par ailleurs les festivals pluridisciplinaires qui nous intéresserons par la suite. La catégorie prédominante pour ce type d'évènement est de 25 à 40 ans soit près de 35%, suivi par les 18-24 ans avec quantà eux 25 % de l'âge moyen des publics.

On peut ici noter que plus la tarification est basse plus la tranche d'âge moyenne diminue. Les classes d'âges « supérieurs >> sont prédominantes dans les festivals de musique classique. Cette fréquentation s'explique par le fait qu'il s'agisse en général d'un public d'amateurs fidèles.

Outre les préférences des jeunes pour les styles de musiques actuelles, ils semblent en moyenne attirés par tous les thèmes, autres que le classique

Le niveau d'éducation

Sur ce point peu d'études s'y sont consacrées. En moyenne d'après les rares recensements, 24% des festivaliers sortent de l'enseignement secondaire, seulement 3,6% d'un enseignement primaire et 11% n'ont qu'une formation technique. *

D'après ces chiffres il semblerait que les festivals soient fréquentés par un public plutôt << instruit >>. Évidemment on peut émettre des doutes et des réserves par cette généralisation. Néanmoins l'écart entre les niveaux d'éducation est si important qu'il crédibilise cette observation.

Les pratiques culturelles des festivaliers

Enfin on peut mentionner dans cette brève analyse du profil socio-économique des publics la question des pratiques culturelles des festivaliers.

A Jazz in Marciac 48 % des festivaliers ont répondu avoir assisté à plusieurs festivals depuis un an. Parmi eux ressortait un évident << public jazz >> présent à 55% sur l'ensemble des spectateurs.

30% de ce << public jazz >> n'ont assisté qu'à un seul festival, le plus souvent celui de Marciac. Néanmoins, 22 % reconnaissent avoir assisté à plusieurs festivals de jazz. Les autres festivaliers témoignent avoir assisté à plusieurs manifestations, souvent assez diverses : théâtre, danse, marionnette, musique classique et rock.

* Constats de Luc Bénito dans son ouvrage Les festivals en France, marchés, enjeux et alchimie de 2001

On constate que le profil socio-économique du festivalier, que nous venons ici simplement de survoler, ne s'écarte que peu de celui d'un amateur d'art ou de spectacles. Le niveau d'étude apparaît souvent comme déterminent dans la consommation culturelle, bien plus encore que la catégorie sociale. Les arts et la culture sont bien réservés à une certaine << élite > sociale. Pour autant les festivaliers sont plutôt constitués d'initiés plutôt que d'individus de condition aisée.

Par ailleurs il est important de noter en conclusion que la structure du public varie énormément en fonction du thème de la manifestation.

· Comment expliquer l'accroissement de la demande de festivals ?

Suite à ce constat comment expliquer alors l'accroissement de la demande de festivals si ce n'est pas par l'élargissement des consommations culturelles ? On l'a vu précédemment, la demande de culture est en hausse depuis les années 1980. Dans les faits il ne s'agit pas d'une ouverture des publics à des disciplines artistiques << traditionnelles > comme la musique classique, le théâtre ou la danse. Mais à l'élargissement dans les années 1980 du champ de la culture et des disciplines nouvelles (hip-hop, arts de la rue, rock, bande dessinée, design et mode...) pratiquées par des publics différents.

· Public non averti et festivals

Mais il reste toujours la question du public dit << non averti > face à la << fièvre festivalière >. Les populations rurales peuvent y être assimilées étant donné qu'elles sont plus enclines à une moins forte sensibilisation à la culture par le manque de structures permanentes culturelles sur leur territoire. Et cela se confirme par l'objectif principal de la démocratisation de la culture, dont la priorité est l'accès à la culture pour tous. Ce qui signifie bien qu'aujourd'hui encore en France existe une forte concentration de public << non sensibilisé > à la culture. Nous l'avons vu au début de ce mémoire, les festivals contribuent à la décentralisation culturelle et ainsi à la démocratisation de la culture. Mais comment arrivent-ils à séduire ce public non averti ?

C'est là la mission et l'enjeu principaux des acteurs culturels et dans notre cas des organisateurs de festivals d'apporter des propositions artistiques de qualité à ces populations qui restent « isolées ».

Les publics non avertis peuvent penser que la culture n'est pas pour eux. Les festivals se doivent de dépasser cette réaction et de s'imposer comme leur « premier pas > vers la culture. Cela rentre dans la démocratisation de la culture qui explique la nécessité de susciter la rencontre entre l'art et le public. Les festivals proposent ainsi aux publics non avertis et aux populations « isolées > en amenant la culture sur leur territoire à faire la démarche de venir voir leur programmation et ainsi d'apprécier la culture. Cette première approche est souvent facilitée par le fait que les festivals poussent à la curiosité. De plus leurs esprits festif et convivial y contribuent fortement.

Mais n'apparaît-il pas ici un paradoxe ? Assimiler public non averti et populations rurales semblent étranges étant donné que nous avons démontré dans le premier chapitre que les ruraux avaient désormais les mêmes modes de vies que les urbains et que leurs différences s'étaient estompées par l'ouverture au monde des populations rurales avec les nouveaux outils de communication (télévision, Internet...). De même nous avons mentionné le fait que la mobilité s'était accrue, les espaces urbains et ruraux sont aujourd'hui reliés par un important réseau routier et ferroviaire. Les limites entre ces deux espaces sont de plus en plus minces, d'où l'apparition de communes rurales multipolarisées de plus en plus sous influence urbaine.

L'élitisme présent dans la culture se renforce lorsque les structures culturelles sont moins accessibles. En ville, les théâtres sont aux coeurs de l'activité urbaine. Pourtant leur fréquentation est moins élevée que le cinéma et leur public est souvent constitué d'abonnés comme nous l'avons expliqué dans la partie précédente.

Les habitants des campagnes prennent leur voiture pour aller faire leurs courses voire pour aller travailler dans les villes, alors pourquoi ne la prendraient-ils pas pour aller voir un spectacle en ville ?

Cela revient à notre argument sur la difficulté pour un public non averti de faire la démarche d'aller à la rencontre de la culture. La frontière entre les espaces urbains et ruraux est certes de plus en plus mince. Mais l'idée de toujours devoir aller au centreville pour accéder à des services « tue > la notion de village qu'il ne faut pas oublier.

Tout cela se traduit par le fait que l'on ne peut reprocher aux ruraux de ne pas se déplacer plus pour accéder aux offres culturelles des villes. C'est à la culture d'aller à la rencontre de ces populations et de respecter leurs valeurs et leurs façons de vivre.


· Les possibilités d'adaptation de projet artistique des festivals de musiques actuelles en milieu rural

<< Les festivals sont les fils adoptifs de la décentralisation. >> Cette expression d'Emmanuel Négrier citée auparavant nous amène à la conclusion de cette partie. Les festivals ont cette spécificité de pouvoir s'implanter pratiquement n'importe où.

Nous allons maintenant nous pencher plus attentivement sur les offres artistiques possibles pour les festivals de musiques actuelles. Nous verrons comme leur programmation peut s'adapter aux festivaliers lambda, aux touristes de passage et en particulier à la population locale.

Commençons par le sujet principal de cette partie, les populations rurales. Nous l'avons vu plusieurs fois durant ce mémoire, les musiques actuelles englobent un large éventail d'esthétiques musicales. Et c'est là l'un des atouts principal des festivals de promotion de ce domaine. Leur projet artistique peut s'adapter plus facilement en fonction du profil socio-économique des populations rurales ciblées en tant que publics potentielles. Ainsi une localité ayant une tranche d'âge moyenne en majorité pourrait se montrer plus intéressée par une programmation basée sur le jazz et ces genres dérivés, les musiques traditionnelles et du monde ou encore la chanson française.

Reprenons l'exemple cité dans la partie 7.1 qui illustrait notre deuxième argument, basé sur le fait que les festivals de musiques actuelles possèdent la faculté de s'adapter plus facilement aux populations rurales, en poussant notre réflexion un peu plus loin.

Le festival Musicalarue, dont son actuelle mission est basée sur une meilleure << adaptation >> du projet artistique aux landais, est en effet un cas exemplaire tout à fait pertinent. Suite à la professionnalisation de l'association et à la qualité du projet artistique qui attirait de plus en plus de monde, était engendrée une certaine << dépossession >> des populations face à leur festival. A la base Musicalarue était en effet une fête de village qui a par la suite bien tournée. Pour remédier à ce problème, Bastien Perez axe sa programmation en premier lieu vers la chanson française et seulement

après il s'ouvre aux musiques plus actuelles comme le rock ou l'électro. L'afflux de visiteurs d'une jeune génération permet dans ce cas-là de « revitaliser » le village de Luxey. Les familles sont reconnaissantes et fières de leur festival qui respecte leurs valeurs, par la valorisation d'un esprit festif et conviviale. Elles se retrouvent dans une programmation assez « traditionnelle », par ces artistes issus de la chanson française et des musiques à texte. Et le projet artistique contribue, par son ouverture sur les musiques plus actuelles, à satisfaire les attentes des jeunes locaux et surtout à animer le village chaque mois d'août, par le grand nombre de festivaliers extérieurs au territoire venus partager cette ambiance si particulière propre à Musicalarue.

Tout comme la chanson française, la musique jazz et ses genres dérivés peuvent très bien s'adapter et séduire les populations rurales. Nous l'avons vu au cours de ce mémoire, le milieu rural est sujet à un vieillissement de sa population et d'une forte influence de retraités venus profiter du calme de la campagne. Les festivals de musiques actuelles ont cette possibilité d'attirer un public d'une tranche d'âge moyenne, comme nous l'avons vu avec l'exemple du festival de Jazz in Marciac.

De plus, les festivals de musiques actuelles entrant dans l'offre totale de services touristiques d'un territoire proposent ainsi une animation supplémentaire aux touristes de passages. Nous l'avons vu dans le chapitre précédent, bien que les touristes peuvent s'assimiler à un public non averti, il n'y a plus besoin de démontrer que les festivals ont cette spécificité d'arriver à attirer et séduire des visiteurs non sensibilisés tels que des touristes qui n'étaient pas forcément venus dans la région pour assister au festival et qui peuvent être amener à venir visiter un territoire voire une commune auxquels ils n'auraient peut-être pas présentés d'intérêt sans la présence de cet évènement.

Enfin nous pouvons nous questionner sur le public déjà averti, c'est-à-dire les festivaliers adhérents. Quels sont leurs motivations ? Et qu'en est-il de la fréquentation des festivals de musiques actuelles en milieu rural en France ? C'est sur ce point que nous allons désormais nous pencher au cours de la deuxième partie.

8.2 Fréquentation des festivals : inégale et légèrement croissante

Suite à cette brève étude sociologique des publics, on peut se demander : quelles sont les motivations des festivaliers ? La banalisation du terme << festival >> et son offre qui tend actuellement vers la saturation peut nous amener à nous demander si le public n'est pas épuisé par le concept de festival.


· Les motivations

Par le terme << motivations >> on entend ici les facteurs qui déclenchent l'envie de se rendre à un festival et d'assister à un ou plusieurs de ses spectacles.

D'après Luc Bénito*, on peut distinguer trois types de motivations : le projet culturel, le projet social et le projet touristique. Ici nous analyserons simplement les deux premières, la dernière étant moins intéressante au sein de la réflexion de notre partie et que nous avons déjà abordée durant la partie 6.

- Le projet culturel qui regroupe toutes les motivations d'ordre culturel, c'est-à-dire ce que le public entend pouvoir en retirer sur ce plan là. Il englobe deux points.

Le premier comprend l'enrichissement culturel, qui se traduit par la motivation issue de l'idée du profit qu'espère retirer le spectateur du festival.

C'est ici qu'apparait la notion de << public averti >>. Ces festivaliers viennent pour << absorber >> une dose de culture et découvrir de nouveaux talents. Mais ils s'y déplacent aussi dans le but de confronter leurs acquis et les développer par le biais de la qualité artistique, de la programmation et de l'ambiance conviviale du festival, propices à une dynamique d'ouverture vis-à-vis de leur discipline et des autres.

Toujours d'après Luc Bénito*, << Le festival censé être le haut-lieu d'une discipline artistique est sans doute, en terme d'enrichissement culturel, la pratique la plus propice. >> D'après lui, « Les novices choisirons une programmation d'artistes connus, tandis que les amateurs opteront plutôt pour des spectacles de création. >> Cela n'est qu'une généralité mais il est vrai que l'on peut mentionner brièvement ici l'appellation « culture de masse ». La culture présentant aujourd'hui un très large choix artistique, autant pour les disciplines que les oeuvres et les artistes, que même un public averti peut

* Source : BÉNITO Luc, Les Festivals en France, marchés, enjeux et alchimie - 2001 - p.35

<< s'y perdre >>. La culture de masse pousse les consommateurs de culture à se réfugier derrière les têtes d'affiches, les films les plus populaires, les livres best-seller. Ainsi ils se sentent rassurer face à cet univers si riche. Généralement les publics avertis sont plutôt des << experts >> dans leur domaine de prédilection mais s'avèrent juste initiés aux autres disciplines. Nous pouvons en tirer la conclusion qu'en fonction du thème du festival, même les publics avertis peuvent être au même << niveau >> que le public dit non sensibilisé, si le domaine du projet artistique ne s'assimile pas à ses connaissances.

Nous en arrivons ainsi au deuxième point de la motivation de cette motivation d'ordre culturelle, le rattrapage culturel. Les festivals se concentrant en majorité sur la période estivale, ils peuvent être vue comme un << rattrapage >> annuel. La fréquentation du théâtre, des concerts et autres spectacles sont des pratiques qui s'avèrent assez rares en moyenne au cours de l'année. En effet même les plus férus de culture et d'art ne peuvent assouvir leur << appétit culturel >> tout au long de l'année, l'emploi du temps quotidien primant souvent sur ces envies classés comme << divertissement >>. Ainsi les festivals apparaissent comme le moyen de faire << le plein >> de spectacles et de concerts ayant souvent lieu pendant les vacances ou les weekends.

Nous pouvons conclure par ce propos extrait de l'ouvrage de Luc Bénito : << Les festivals offre une certaine rentabilité pour leur séjour d'un point de vue culturel en assistant à un maximum de spectacles en un minimum de temps. >>

- Le projet social qui fait référence à une catégorie de motivations basées sur les normes sociales et/ou aux comportements sociaux types. Il se divise en trois points. Tout d'abord, le << pèlerinage >> qui est la caractéristique fondamentale des festivals. Ils sont l'occasion de se retrouver chaque année pour une communauté de passionnés, voire de curieux, autour d'une célébration d'un genre artistique. Comme le stipule Luc Bénito, << à ce titre, la discipline artistique fait office de quasi-religion pour un groupe de fidèles, et le festival favorise sûrement la conversion à de nouveaux adeptes. >>

Ce sentiment de bien-être recherché par ces individus d'une même communauté est le produit des festivals, engendrant cette communion d'esprit.

Cela nous amène au deuxième point, la rencontre et l'échange. Ce désir de communication ne s'attribue pas simplement aux participants mais aussi aux artistes et autres acteurs de l'évènement. La rencontre entre le public et les artistes génère un échange culturel que Luc Bénito aime qualifier de << relation très proche >>. Ce rapport entre le public et les artistes est très important. Certains festivals proposent même à leur

public d'assister aux répétitions des artistes pour contribuer à valoriser cet échange. Il découle directement de l'objectif premier des festivals, de promouvoir un genre artistique, un artiste, une création, une oeuvre, etc.

Enfin le dernier point de cette motivation est lié à la reconnaissance sociale. D'après Luc Bénito << certains, enfin, se rendent à des festivals afin de reproduire les pratiques d'une classe sociale ou d'un milieu spécifique auquel ils veulent s'identifier ou qu'ils désirent parfois intégrer. >>

On peut illustrer ce propos par l'exemple du festival du Hellfest (cf. planche 7 ) qui s'affirme par une réunion de passionnés de métal reconnaissant par leur excentricité vestimentaire et une certaine << exhibition >> de leur ferveur pour ce genre de musique souvent jugés par les non-initiés comme violent voire sauvage.


· Conclusion des motivations : exemple de Jazz in Marciac

En guise de conclusion sur la demande de festivals et des motivations qui en découlent, on peut proposer une typologie* en nous basant sur l'étude du cas de Jazz in Marciac, qui reste l'une des références en la matière. Les catégories de public qui vont être présentées ici proposent une lecture assez pertinente compte tenu du fait qu'elle adopte un niveau d'abstraction suffisant pour pouvoir l'appliquer à l'ensemble des festivals.

Les quatre tendances qui se distinguent sont donc les suivantes :

- Le public pour qui le festival représente une animation locale, à caractère festif. C'est une catégorie assez importante en général pouvant englober par exemple les touristes de passages.

- Le public de passionnés qui quant à eux se déplacent exprès dans le but de passer quelques jours au sein du festival qui est une catégorie plutôt minoritaire.

- Le public de provenance, c'est-à-dire le public régional dont l'implantation d'un festival leur fournit l'occasion d'une sortie culturelle. Il ne s'agit donc pas d'un public touristique mais d'un public ayant des pratiques culturelles assez développées. Il représente une part assez importante au sein des festivaliers.

- Le public local, englobant essentiellement ici les populations locales qui ne sont pas
forcément amateures de spectacles ou de culture en général. Ce public peut être assimilé
à la motivation de curiosité, l'envie de venir partager l'atmosphère de fête régnante

* Source : BÉNITO Luc, Les Festivals en France, marchés, enjeux et alchimie - 2001 - p.40

pendant une manifestation. Cette part est aussi souvent assez importante au sein des spectateurs. Nous pouvons constater qu'il n'y a pas qu'un seul type de festivalier mais plusieurs types de public qui fréquentent les festivals.

Cette analyse des motivations traduit donc les apports des festivals pour leurs publics. Mais qu'en est-il concrètement de leur fréquentation ?

? La fréquentation

Par raison de principe, un festival ne doit pas être évalué pas son succès populaire surtout s'il est soutenu par une puissance publique. Mais l'étude de la fréquentation des festivals est en lien direct avec le << travail sur les publics >> obligatoire pour les organisateurs des festivals. De plus, elle s'impose comme une notion enrichissante au sein de notre réflexion sur l'impact de l'activité des festivals sur le développement local. De même concernant sa fonction au sein de l'offre culturelle qui, d'après les nombreux constats que nous avons effectués jusqu'à présent, dépasse généralement les attentes premières.

D'après une étude d'Emmanuel Négrier en 2005*, en ce qui concerne les entrées payantes, les festivals les plus célèbres (Jazz in Marciac, Les Chorégies d'Orange, etc.) tirent la moyenne largement vers le haut et << faussent >> les résultats. Ces festivals battent chaque année de nouveaux records de fréquentation. Mais qu'en est-il pour les festivals plus << petits >> ?

Les constats de l'étude d'Emmanuel Négrier indiquent une hétérogénéité des festivals à forte fréquentation tant en ce qui concerne les disciplines, les esthétiques ou les cibles, que la situation géographique ou la période de l'année. Sur l'échantillon de France Festivals, cinq festivals, soit 7% des manifestations recensées, représentent 44% de leur fréquentation totale. Nous pouvons penser que de manière générale les publics vont vers des festivals << exceptionnels >>, un peu comme pour le principe de la culture de masse. Face à une trop grande offre, une trop grande diversité, il est plus rassurant de se << réfugier >> auprès des têtes d'affiches et ici au sein des festivals les plus reconnus pour la qualité de leur projet artistique. Ils s'affirment ainsi comme des valeurs sures et

* Source : NÉGRIER Emmanuel, Les Nouveaux territoires des festivals - 2007 - p. 32 à 41

« rentables > d'après les motivations des publics que nous venons d'étudier.

La conclusion d'Emmanuel Négrier au sujet de l'évolution de la fréquentation des festivals de 2001 à 2005 se résume en trois images bien caractéristiques des différences de situation qui marquent le paysage français :

- de manière générale est sentie une augmentation globale, mais qui cache autant de hausse que de baisse

- la croissance de grosse augmentation est due à un petit nombre de manifestations qui tire le groupe vers le haut. En réalité apparaît des croissances assez modérées.

- les baisses sont elles aussi concentrées sur une minorité de manifestation.

Ainsi nous pouvons constater une absence de caractéristique très nette, liée à un genre, un lieu, un domaine particulier voire à une période précise de l'année. Cette distinction indistincte nous amène à être prudents face aux nombreuses thèses qui tentent quand même d'expliquer de manière précise l'essoufflement de certaines manifestations ou le succès grandissant d'autres.

Les baisses de fréquentation assimilées à l'évolution des subventions peuvent en revanche faire ressortir l'hypothèse qu'elles pourraient être liées à des soutiens publics amoindris. Mais cette coïncidence est difficile à analyser et elle n'est constatable que pour une poignée de festivals par échantillon. De plus certains festivals en croissance subissent tout de même en parallèle une baisse de leurs subventions...

Pour analyser de manière beaucoup plus précise l'évolution de la fréquentation des festivals il faudrait faire une étude au cas par cas en décryptant tous les détails de leur organisation et de leur déroulement ainsi que leurs retombées auprès de leurs publics, ce qui n'est évidemment pas imaginable au sein de notre propre étude.

? Les faiblesses : des participants imprévisibles

En revanche, nous pouvons tenter d'analyser les contraintes que certains festivals rencontrent au sein de leur fréquentation issues de quelques faiblesses d'organisation et des comportements parfois imprévisibles des participants.

Tout d'abord on peut se demander si le milieu rural, par sa distance avec l'espace urbain
et son manque en termes d'offre de transport en commun ne représente pas une

faiblesse concernant la fréquentation, surtout en ce qui concerne la mobilité des jeunes. Nous pouvons être amenés à penser que les jeunes du milieu urbain peuvent être vite démotivés à l'idée de devoir se déplacer jusqu'en milieu rural pour assister à une représentation ou que les jeunes ruraux n'ont pas de possibilité de déplacement au sein de leur région dont la nécessité de la détention d'un véhicule et du permis est compromettante.

Mais les festivals ont su repéré et trouver des solutions face à ce << dilemme ». Ainsi le festival de musiques actuelles dans les Landes, Musicalarue, implanté dans une commune ne possédant pas de gare a trouvé un moyen ingénieux pour répondre à ce problème de mobilité. En plus de vanter les mérites du covoiturage sur son site officiel, l'association du festival a collaboré avec l'entreprise régionale << Les Bus des Ferias »* afin de permettre aux populations de pouvoir se déplacer aisément jusqu'à l'évènement. (cf. partie 4.3 )

La véritable faiblesse en ce qui concerne la fréquentation est du à ces participants qui sont souvent imprévisibles.

Outre la question des artistes que nous traiterons dans la partie suivante, le comportement des publics, bien qu'il puisse être appréhendé et envisagé par des études antérieures, amène à une incertitude pour les organisateurs face à leur projet artistique. Nous l'avons étudié, leurs motivations et donc leurs attentes sont nombreuses. Les festivals se doivent de faire preuve d'une véritable exigence en ce qui concerne la qualité de leur programmation. C'est une situation propre aux domaines des arts et de la culture où la demande s'exprime souvent a posteriori. C'est un enjeu auquel un nouveau festival doit faire face durant sa première édition. Ils existent bien sûr des alternatives afin de réduire l'incertitude du comportement du public, en anticipant leurs préférences. De plus les festivals doivent constamment faire preuve de vigilance en renouvelant leur projet artistique initial en fonction des attentes des festivaliers, autant pour les << fidèles » que pour les << éventuels » nouveaux participants.

Tout cela nous amène à conclure par le fait que la demande de festivals est toujours fortement présente. Malgré l'offre incroyable des festivals de musiques actuelles en France qui s'avère assez déstabilisante, les festivaliers en demande toujours plus. Cela peut se traduire par l'expression familière « plus on en a, plus on en veut ». Leurs exigences face à une programmation de qualité est un véritable << chalenge » pour les

organisateurs qui doivent faire preuve d'originalité, rester à l'écoute des populations locales, tout en n'omettant pas la question du développement touristique local afin de répondre aux attentes des collectivités territoriales.

Enfin, il faut noter que les festivals de musiques actuelles nationalement reconnus pour leur qualité artistique, tels que les Vieilles Charrues ou encore le Hellfest, battent chaque année leur record de fréquentation. Ils s'affirment ainsi comme des exemples de réussites et comme des références indispensables pour tout futur de porteur de projet.

*

*Pour plus d'informations, se référer aux dépenses liées aux transports, page 74

8.3 Les festivals : un « art de vivre »

En conclusion de cette partie, nous pouvons aborder le développement social sous un angle plus subjectif, celui de l'apport véritable des festivals de manière général dans un premier temps en ce qui concerne ses bienfaits moraux.

Il est vrai que l'aspect économique ou touristique l'emporte souvent sur l'aspect artistique et culturel des festivals.

Pour autant, un festival doit d'abord reposer sur une idée artistique qui serve à l'ensemble de la création. De plus il se doit d'être perpétuellement soucieux de rassembler les publics locaux en priorité.

L'objectif de la démocratisation de la culture est certes de rendre accessible la culture mais aussi d'initier les populations non averties de ses << bienfaits ». Pour cela le représentatif Jack Lang a toujours loué << l'esprit de fête ». Ce ministre socialiste rejoint souvent dans ses théories et pratiques les propos d'Adam Smith, le père du libéralisme. Dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, il offre une éloge visionnaire de la démocratie culturelle* : << Il y a néanmoins deux moyens très faciles et très efficaces qui, réunis, pourraient servir à l'État pour corriger sans violence ce qu'il y avait de trop austère ou de vraiment insociable dans les moeurs de toutes les petites sectes entre lesquelles le pays serait divisé. [...] »

Pour illustrer cette notion, il cite tout d'abord l'étude des sciences et de la philosophie. Puis, en seconde place il mentionne << la multiplicité et la gaieté des divertissements publics. » Il explique que si l'État encourageait les acteurs culturels dans leurs initiatives d' << essayer d'amuser et de divertir le peuple », il arriverait ainsi aisément << à bout de dissiper dans la majeure partie du peuple cette humeur sombre et cette disposition à la mélancolie, qui sont presque toujours l'aliment de la superstition et de l'enthousiasme. » Adam Smith évoque même la présence de << maladies populaires >. D'après lui la culture et les arts sont des << remèdes » par leur qualité principale qui consiste à relier les populations malgré leurs classes sociales et leurs niveaux de vie. De plus la culture et les arts contribuent, d'après lui, à << unir les parties divisées >, c'est-à-dire les populations métissées ou issues de cultures divergentes.

* Source : MIRLESSE A. et ANGLADE A., Quelle politique culturelle pour la France ?, débat HEC-ENS a l'Ecole Nationale Supérieure, 2006

Suite à cette réflexion nous pouvons être amenés à penser que les biens culturels sont générateurs de bien-être, en plus de simplement contribuer à alimenter la consommation. C'est pour cela qu'il semble important de continuer à promouvoir la culture et les artistes émergents afin de divertir le peuple. L'effet des projets culturels tendent ainsi vers l'émotionnel, vers un divertissement et dans la continuité ils entrainent vers le concept d'un véritable moment de vie. Les festivals s'affirmant comme des solutions à la décentralisation et à la démocratisation de la culture peuvent, d'après cette réflexion, être qualifiés « d'art de vivre ».

Cette expression exprime le fait que les festivals savent analyser les vrais besoins des populations et de leurs publics afin de leur donner satisfaction. Elle englobe une forte notion de partage authentique et du bonheur dans son sens plus large. Les festivals contribuent en effet à partager de façon conviviale des moments, des sentiments et des connaissances, le tout dans un esprit de bienveillance.

Enfin, en plus de participer à la création d'une forte cohésion sociale en réunissant toutes les « parties divisées » de notre population, à l'origine de la diversité et de la culture de notre pays, ils offrent la possibilité de développer des relations entre les générations.

Pour conclure les festivals contribuent, au sein de l'art et de la culture, à transmettre leurs valeurs : l'expression, la communication et le partage. Pour les festivals implantés en milieu rural, en respectant et en mettant en avant les valeurs des ruraux (liens familiaux et sociaux forts...), ils renforcent d'autant plus cette notion, ce qui peut nous amener à penser qu'ils peuvent s'affirmer ainsi comme d'autant plus efficaces de ce point de vue que les festivals en milieu urbain.

* * *

9/ Du point de vue des artistes et de l'Industrie musicale

Le festival est certes une aventure partagée entre les publics mais il n`est pas fait que pour les festivaliers. En effet l'une de ses principales missions consiste à promouvoir les artistes. Ils jouent également un rôle moteur dans le processus de création. Nous verrons ici comment les artistes et plus largement les professionnels de la culture ceux sont appropriés la forme festivalière.

? Contexte actuel

L'histoire et la définition de l'appellation « musiques actuelles » le démontre : LA musique depuis le début du XXème a connu une incroyable histoire. Au gré de l'essor fulgurant des nouvelles technologies allant du phonographe jusqu'aux ordinateurs, par les nouveaux moyens de communication, des radios Sony, en passant par les films jusqu'à Internet, par les nouveaux moyens de diffusion allant des 33T jusqu'au format mp3, LA musique n'a cessé d'évoluer. De nombreuses esthétiques musicales sont apparues durant le XXème siècle engendrant un nombre incalculable de genres dérivées. Pour ne donner que quelques exemples, du gospel est né le blues, d'où est apparu le rythm'n blues, ayant engendré une riposte « blanche >> le rock'n'roll, qui en a découlé le « rock >> des sixties, le psychédélisme, dérivant jusqu'au hard rock, glam rock, punk, grunge... Le terme musiques actuelles englobent quatre grandes familles d'esthétiques musicales, cet exemple démontre bien le nombre prodigieux de genres qui peuvent en être dérivés.

? Les festivals : support de médiation entre les artistes et le public

Suite à ce contexte, beaucoup d'artistes ont eu l'envie de faire découvrir leurs disciplines par l'intermédiaire d'évènements de qualité à un public de plus en plus nombreux. En tant que service de diffusion culturelle, le festival s'affirme comme un support de médiation efficace entre les artistes et le public.

Au même titre que tous les équipements permanents c'est un moyen de présenter des
oeuvres à un public. De plus, un festival est un lieu propice à la création artistique étant
donné qu'il peut prendre plus de risques que les institutions permanentes. En effet ces

dernières sont contraintes par une audience plutôt locale et leurs ambitions sont souvent plus modestes que les festivals en termes de diffusion. Pour eux, en tant qu'évènements à dimension nationale voire parfois internationale, ils démontrent d'une exigence de qualité supérieure. Celle-ci se traduit entre autres par la présentation d'artistes et d'oeuvres inédites. Les festivals sont moins sensibles à la prise de risque artistique que les structures permanentes car quel que soit le succès d'une manifestation sont nombre de représentations est limité et englobé dans la totalité de la programmation. Pour une institution permanente l'échec d'un spectacle au cours d'une programmation trimestrielle s'avère beaucoup plus compromettante au sein des objectifs de retombées de sa saison.

? Contribution à la promotion d'un genre musical

Outre la question de la création artistique, les festivals constituent aussi des moyens de promotion de certains genres musicaux assez écartés du réseau de diffusions « classiques ». Citons par exemple les radios les plus populaires qui proposent une programmation de musiques actuelles assez généraliste, souvent axée sur les derniers succès plutôt que sur la découverte de nouveaux artistes et esthétiques musicales. Les festivals de musiques actuelles, dont l'appellation même permet aussi à certains genres musicaux méconnus d'y être englobés, offrent la possibilité d'obtenir une reconnaissance publique par la médiatisation de sa manifestation. Ainsi ils contribuent à la popularisation de genres de musiques actuelles qui tentent de se faire connaitre.

Nous verrons au cours de cette partie les intérêts que présentent les festivals de musiques actuelles pour les artistes. Par la suite, nous analyserons brièvement la crise actuelle traversée par l'industrie musicale et l'importance croissante de la promotion scénique. Enfin nous étudierons l'impact des festivals sur la promotion des artistes émergents et des pratiques artistiques en amateurs.

9.1 Les intérêts pour un artiste de se produire dans un festival

Suite à cette introduction sur les qualités de création artistique et de promotion des festivals, nous allons étudier ici concrètement les intérêts qu'ils ont auprès des artistes. Pour cela nous traiterons essentiellement dans cette partie des artistes français professionnels ou en voie de professionnalisation. Pour cela nous nous appuierons sur nos entretiens avec José Reis Fontao chanteur de Stuck in the Sound et Samantha Cotta membre d'Hyphen Hyphen. Nous étudierons la question des artistes émergents durant la dernière partie. (cf. partie 9.3)

Tout d'abord il convient de rappeler nos précédents constats à ce sujet. Comme nous l'avons vu durant la partie 5, la majeure partie de la masse salariale des festivals se concentre dans la production artistique. Pour les artistes le caractère estival des festivals leur fournit un complément d'activité pendant une période l'année où les équipements culturels permanents ralentissent la leur. Les artistes ont souvent tendance à << faire la tournée > des festivals l'été afin de continuer de « rentabiliser » leurs oeuvres.

Mais outre cette question de rentabilité, les festivals contribuent énormément aux artistes en ce qui concerne leur carrière, le succès de leurs oeuvres et surtout à leur notoriété auprès du public.

? Publicité : promotion des oeuvres

Les festivals de musiques actuelles des moyens de promotion efficaces pour les albums des artistes qui bénéficient de la publicité qu'implique le passage dans un festival.

De plus beaucoup de festivals proposent des compilations de leurs programmations annuelles, comme par exemple le Printemps de Bourges ou encore les Vieilles Charrues. Les festivals sont souvent entourés par un grand nombre de commerces ambulants et permettent aux artistes de faire du << merchandising » qui consiste pour les groupes à vendre leurs albums et produits dérivés à leur effigie dans un point de vente accolé à la structure ou au lieu de représentation.

? Label de qualité

Cette promotion peut aussi être assimilée aux artistes eux-mêmes qui entendent profiter du label de qualité que procure une participation à un festival de renommé.

Les festivals apparaissent donc comme des vecteurs pertinents pour des artistes cherchant à continuer à promouvoir leur image et pour les jeunes artistes. De même pour les techniciens qu'il ne faut pas oublier de citer, qui quant à eux, acceptent souvent d'y participer bénévolement, étant donné qu'il s'agit généralement d'une expérience unique dans leur carrière professionnelle.

? L'insertion professionnelle

Les festivals étant des lieux privilégiés pour les artistes et de découvertes pour le public, ils permettent aussi la rencontre entre les producteurs d'oeuvres à la recherche de diffuseurs et des programmateurs qui viennent y faire leur sélection pour leur structure. Comme le mentionne Luc Bénito*, « cette fonction de marché que remplissent les festivals s'avère d'autant plus efficace qu'elle se renouvelle chaque année. »

De plus les artistes sont conscients que les festivals sont fortement valorisant en ce qui concerne l'insertion dans le milieu professionnel. Pour les artistes qui commencent à se professionnaliser, comme le groupe Hyphen Hyphen que nous avons rencontré, cela contribue énormément à la reconnaissance de leur talent en pleine croissance.

? Entretiens : les points de vue de deux groupes français

Ces faits se sont confirmés lors de mes échanges issus de mes rencontres avec les deux artistes français de musiques actuelles mentionnés.

Stuck in the Sound est un groupe professionnel français formé il y a une dizaine d'année qui aujourd'hui continue de connaître un important succès avec son dernier album Pursuit et son titre phare Brother. Quant aux jeunes niçois du groupe Hyphen Hyphen, ils connaissent actuellement un début de carrière fort prometteur et s'affirment grâce à leur énergie scénique remarquable. Les biographies de ces groupes sont par ailleurs disponibles en introductions des entretiens. (cf. entretiens 3 et 4)

* Source : BÉNITO Luc, Les Festivals en France, marchés, enjeux et alchimie - 2001 - p.71

D'après José Reis Fontao, le chanteur du groupe Stuck in the Sound, les festivals permettent à son groupe de jouer devant un plus grand public qu'une simple salle de concert. Pour lui, après avoir fait une partie de sa tournée dans des structures plus ou moins importantes, << le festival apparait un peu comme une sorte de cadeau d'anniversaire de l'été. > Comme il l'explique durant notre entretien, c'est l'occasion pour son groupe de retrouver tous les musiciens en actualité dans l'année autour du même événement, de jouer devant plus de 5 000 voire 30 000 personnes. Pour un artiste l'ambiance des festivals est souvent incroyable.

Nous avons posé la même question à Samantha Cotta, alias Santa, porte-parole du groupe Hyphen Hyphen. D'après son groupe, les intérêts des festivals sont nombreux. En premier exemple, Hyphen Hyphen a cité le fait qu'ils leur permettent d'accéder à de plus grandes scènes et à un nouveau public. En effet étant un jeune groupe, leur carrière << décolant » tout juste, ils réalisent souvent les premières parties des << têtes d'affiches ». Ainsi les festivals permettent au public qui n'est pas venu forcément à la base pour les voir de les découvrir. Enfin comme José Reis Fontao l'a mentionné, les festivals leur offrent la possibilité de jouer devant un public plus nombreux.

En deuxième exemple, ils ont répondu à notre analyse de l'insertion professionnelle en expliquant que les festivals sont pour eux l'occasion de faire la rencontre avec des professionnels du spectacle, des programmateurs, des labels et tourneurs qui viennent lors de ces festivals comme << découvreurs de talents ».

Enfin d'après Samantha Cotta, d'un point de vue scénique les festivals offrent cette possibilité extraordinaire de jouer devant une immense foule dansante.

Lors de mes entretiens, je leur ai demandé leurs avis concernant les festivals de musiques actuelles en milieu rural afin de voir s'il y avait des avantages et des inconvénients en comparaison à des festivals implantés en milieu urbain.

Les deux artistes ont répondu les mêmes choses. Il n'y a pas de grandes différences point de vue qualité. D'après José Reis Fontaon ils disposent tout de même d'un avantage comparés aux festivals urbains, concernant les nuisances sonores. En effet les festivals en pleine ville ferment généralement plus tôt à cause de cette contrainte. Pour Hyphen Hyphen le seul inconvénient notable est qu'il est parfois plus difficile de s'y rendre.

D'un point de vue personnel José Reis Fontao trouve qu'il s'agit des meilleurs festivals : « Loin de la ville. Perdu dans les champs. Le repoussement des limites est alors possible ».

Le groupe Hyphen Hyphen quant à lui trouve que les festivals en milieu rural sont de très bonnes initiatives compte tenu de la dynamique culturelle qu'ils apportent à des espaces pour la plupart assez excentrés. De même, ils ont par ailleurs mentionné l'impact économique que ces festivals peuvent avoir sur une petite ville ainsi que sur le niveau de sa fréquentation et de la solidarité créée entre les gens. Pour illustrer ces propos Samantha Cotta a expliqué qu'elle pensait surtout au festival des Vieilles Charrues. Enfin d'après ce groupe, il s'agit d'un moyen agréable pour eux de découvrir de nouvelles régions et de nouveaux espaces de création.

Nous pouvons en conclure que les festivals de musiques actuelles en milieu rural présentent bien plus que des intérêts propres aux autres festivals en termes de promotion artistique et de label de qualité. Surtout pour les festivals ayant lieu l'été, ils engendrent une convivialité d'autant plus forte, grâce au cadre naturel et ces grands espaces renforçant l'esprit de fête et de liberté spécifique aux festivals, avec cette touche d'esprit de vacances et cette liberté supplémentaire auxquels les festivals en milieu urbain contribuent beaucoup moins, contraints à l'oppression des villes et aux nuisances sonores.

9.2 La crise actuelle de l'Industrie musicale : l'importance de la production scénique pour les artistes

En second point il convient de mentionner la crise que traverse actuellement l'industrie musicale. A-t-elle un impact sur la production scénique et renforce-t-elle les apports des festivals de musiques actuelles à ce sujet ?

Nous verrons au cours de cette partie que les points de vue des labels et des artistes divergent sur la question de l'importance de la production scénique à ce sujet.

? Du point de vue des tourneurs, programmateurs et labels

D'après Jean-Jacques Toux, le programmateur des Vieilles Charrues, depuis la crise du disque la musique live a pris une autre dimension économique. Comme il le mentionne, << Il y a de plus en plus de festivals qui poussent un peu partout, en Pologne, au Japon, avec des grosses têtes d'affiche, mais qui pratiquent des gros tarifs. À nous d'essayer d'attirer les groupes à travers autre chose que l'argent... »

D'après Sean Bouchard, responsable du label Talitres, la production scénique face à la crise de l'industrie musicale est de plus en plus fondamentale. En effet, afin d'avoir son point de vue professionnel je lui ai soumis un questionnaire auquel il a accepté volontiers de répondre. Comme il l'a expliqué durant notre entretien, la presse fait malheureusement peu vendre et il reste fondamental de mener une promotion dite << classique > lors de la sortie de l'album. La présence scénique du groupe s'avère ainsi indispensable pour relayer cette promotion qui s'appuie sur la diffusion de l'information par le biais des radios, d'Internet, etc. Toujours d'après Sean Bouchard, la scène offre une nouvelle exposition un autre moyen de diffusion pour un groupe. De plus, il a apporté cette mention très intéressante, << la scène fait `'vivre `' le disque. » Elle contribue en effet à lui offrir une exposition plus durable, par le fait qu'elle engendre une actualité autour du projet et donc une remise en avant d'un album donné. Pour illustrer ce point, j'ai questionné Sean Bouchard sur l'importance de la production scénique auprès du groupe phare du moment au sein du label Talitres, Ewert and the Two Dragons.

* Source : http://www.letudiant.fr/loisirsvie-pratique/loisirsvie-pratique-people/comment-je-suis-devenu-

programmateur-des-vieilles-charrues-14713.html

Ce groupe est actuellement en tournée pour promouvoir leur album Good Man Down. Cette exposition scénique traduit deux points forts en ce qui concerne la vente de leur album. Elle permet d'attirer les médias qui génèrent assez naturellement de nouvelles ventes, ainsi qu'à la vente directe (le merchandising) à la sortie de leur concert.

Pour conclure ce point de vue, Sean Bouchard affirme être de plus en plus persuadé que « plus un groupe est diffusé plus il est diffusé. On réalise que la réussite commerciale d'un groupe passe énormément par le bouche à oreille, par le relai de fan sur Internet. Une bonne prestation scénique permet de développer ces nouveaux canaux de diffusions. »

? Du point de vue des artistes

Pour les artistes cette notion de crise n'est souvent pas ressentie. Comme l'explique José Reis Fontao durant notre entretien, la crise ne touche que les labels. Pour les indépendants, ils vivent grâce au statut d'intermittent et donc essentiellement du live. En revanche il affirme bel et bien que c'est fondamental pour son groupe de tourner, voire vital. D'après lui le spectacle se porte très bien, le public est présent. « Beaucoup de professionnels restent encore très attachés à la vente du disque. Mais les choses sont en train de se transformer. Le support se dématérialise. »

En effet au sein de cette période de décroissante commerciale du disque, celui-ci s'apparente de plus en plus à une simple « carte de visite » pour les artistes.

J'ai par la suite posé la même question à Samantha Cotte du groupe Hyphen Hyphen, afin de savoir si son groupe aussi ressentait cette pression issue de la crise de l'industrie musicale. Le groupe rejoint l'avis de Sean Bouchard, face à la crise se produire sur scène est devenu primordial. Samantha Cotta rejoint par la suite l'avis de José Reis Fontao en expliquant que l'économie du live est complètement différente de celle du disque. Le merchandising n'apparaît que comme un supplément à la rémunération de leur cachet artistique.

Nous pouvons ainsi constater que la crise de l'industrie musicale renforce l'intérêt de la production scénique pour les artistes mais n'engendre pas une importante pression. Ainsi son impact est moindre et il ne renforce que très peu la notion d'apports des festivals de musiques actuelles en termes de promotion artistique.

9.3 La promotion des artistes émergents et des pratiques artistiques en amateur

Enfin nous pouvons terminer cette partie en traitant du fait qu'un festival est un élément de soutien pour les artistes émergents régionaux. Nous verrons ici que les festivals de musiques actuelles s'investissent tous de façon souvent très importante à la promotion et à la découverte des nouveaux talents par le biais d'un grand nombre d'initiatives toutes très abouties.

? Découvertes de nouveaux talents

Les festivals de musiques actuelles sont de véritables éléments moteurs dans la découverte de nouveaux talents. Tout d'abord grâce à l'animation extérieure découlant du festival in. Le festival off permet aux artistes de se promouvoir par le biais de représentations improvisées adjacente à « l'épicentre » de la manifestation, profitant ainsi du grand nombre de visiteurs. En outre les festivals sont souvent des lieux de prédilection pour les avant-premières, grâce aux risques qu'ils leurs arrivent de prendre en proposant un artiste encore méconnu du public mais dont ils pensent que le talent peut couvrir une première partie d'un concert d'un artiste de plus grande envergure. Enfin le label de qualité procuré par la participation à un festival de renommé contribue autant aux artistes émergents qu'aux professionnels.

? L'intérêt pour les jeunes artistes : la concentration de professionnels

Lors de mes entretiens avec José Reis Fontao et Samantha Cotta, je leurs ai par ailleurs demandé ce qu'ils pensaient, d'après leurs expériences personnelles, de l'impact des festivals au sujet des artistes émergents. Ces deux artistes ont mentionné le fait que l'avantage des festivals réside dans la forte concentration de professionnels de la musique. Comme nous l'avons vu dans la partie 9.1, « les festivals sont des lieux privilégiés pour les artistes et de découverte pour le public, ils permettent aussi la rencontre entre les producteurs d'oeuvres à la recherche de diffuseurs et des programmateurs qui viennent y faire leur sélection pour leur structure. » Et cela concerne avant tout les artistes émergents.

José Reis Fontao a par ailleurs décrit concrètement ce que les festivals de musiques
actuelles impliquent pour les jeunes artistes : « si tu es talentueux, malin et que tu fais

un bon concert sur un petit spot d'un festival et que tu as la chance que les professionnels soient devant toi [...] et bien ça peut t'apporter beaucoup de choses ! Le bouche à oreille entre professionnels en France fonctionne super bien ! La preuve, on l'a utilisé pendant 10 ans... ! »

Samantha Cotta a rejoint son point de vue en expliquant que les festivals sont de véritables tremplins pour les jeunes artistes. C'est souvent la première occasion pour eux de jouer devant un public de professionnel. Et si il s'avère que le groupe est talentueux, alors cela peut conditionner sa carrière, engendrer des dates de concerts voire une signature -tant attendue pour un petit groupe- avec un label ou un major.

? Les moyens mis à leurs dispositions par les festivals

D'après Sean Bouchard, pour un jeune artiste jouer en première partie d'un groupe de plus grande renommée et ainsi pouvoir bénéficier de son public est une opportunité non négligeable. C'est une des étapes indispensables à passer. Pour les artistes émergents il faut en effet savoir agir par étape et se montrer ambitieux mais en restant également réaliste. Comme nous l'avons vu, les festivals offrent cette possibilité.

Mais grands nombres de festivals de musiques actuelles s'investissent beaucoup plus dans la promotion des artistes régionaux. Le Printemps de Bourges est un cas exemplaire, avec ses Découvertes. Depuis plus de vingt-sept ans le Réseau Printemps et les antennes du Printemps de Bourges unissent leurs moyens et leurs compétences pour repérer et sélectionner les futurs talents en rock, chanson, musiques urbains et électroniques. Pour leur édition de 2012, trente-deux groupes ont ainsi été sélectionnés parmi plus de 3 500 candidatures déposées sur le site Internet du Réseau Printemps. Parmi eux, le groupe Hyphen Hyphen qui a ainsi pu se produire durant le festival le 27 avril dernier.

Mais ces initiatives ne sont pas seulement réservées par les festivals en milieu urbain. Comme nous l'avons vu durant la partie 7.2, les Vieilles Charrues proposent le même dispositif à échelle régionale par le biais de son tremplin les Jeunes Charrues. La sélection s'effectue par tremplins, c'est-à-dire des concours entre plusieurs jeunes artistes qui sont jugés par le public et des professionnels sur leur performance scénique le temps d'un concert. Pour rappel suite à la description effectuée durant la partie 7.2, en dix-sept

ans, plus de 5 000 groupes se sont inscrits pour participer à l'opération et plus de 400 ont accédé à la scène dans leur région d'origine devant plus de 55 000 spectateurs !

? Les pratiques amateures et arts méconnus du grand public

Enfin, nous pouvons citer le fait que les festivals contribuent à promouvoir des pratiques amateures voire des arts méconnus du grand public.

Par exemple les arts de rue, dont le nom est aujourd'hui reconnu mais dont très peu de gens avouent avoir déjà assisté à un spectacle.

L'association des Vieilles Charrues lors de son festival d'hiver Les Charrues dans la Rue, que nous avons cité précédemment dans la partie 7.2, collabore avec le Centre National des Arts de la Rue le Fourneau, proposant ainsi tous les ans en mars un grand spectacle de rue unique et gratuit pour les populations locales. Elle contribue par ailleurs à valoriser la vie culturelle de la Bretagne qui est l'une des plus dynamiques de France en matière artistique et culturelle. Les Vieilles Charrues font preuve ainsi d'intelligence en participant à l'ouverture sur le monde de la Bretagne qui témoigne d'jà d'une richesse d'ancrage dans les territoires des pratiques amateurs.

De plus nous pouvons mentionner ici le fait que les festivals contribuent à la valorisation des pratiques amateurs en proposant souvent des ateliers et des stages artistiques à leurs publics. Les possibilités à ce sujet sont énormes et souvent très appréciées par les festivaliers.

* * *

Conclusion générale :

l'avenir des festivals de musiques actuelles :
des mutations nécessaire ?

? Synthèse des constats du mémoire

Durant ce mémoire nous avons cherché a démontré si les festivals n'avaient qu'une simple fonction culturelle ou s'ils s'affirmaient comme des vecteurs de développements. Pour cela nous nous sommes concentrés sur les festivals des musiques actuelles, plus précisément implantés en milieu rural, afin de pouvoir analyser leurs apports aux territoires et de répondre aux questions de la décentralisation et de la démocratisation de la culture qui s'inscrivent dans les priorités des politiques culturelles françaises.

Face à l'étendu des points traités durant ce mémoire il convient de réaliser une synthèse des constats et acquis au sein de notre réflexion durant cours de cette étude.

Lors du premier chapitre nous avons introduit notre réflexion en nous basant sur l'impact des festivals en tant que vecteurs de développement au sein du milieu rural français.

Durant l'introduction, nous avons démontré que la perception du milieu rural pour les citadins est devenue positive. Nous avons expliqué cela par le fait que les ruraux français se soient ouverts sur le monde grâce aux nouveaux outils de communication et que leurs valeurs sociales inspirent le respect aux urbains.

Notre première partie se basait sur la dynamique culturelle des festivals au sein de la décentralisation et de la démocratisation de la culture. Nous avons pu constater que par leur facilité de montage ne nécessitant pas ou peu d'investissements lourds, les festivals permettent de remédier à l'absence d'équipements permanents et ainsi d'animer les communes rurales. De plus les festivals s'affirment comme une alternative pour les ruraux au monopole culturel et artistique de la ville de Paris.

Lors de la deuxième partie nous nous sommes penchés sur la dynamique sociale des festivals en faveur du développement local. Nous avons analysé les retombées publicitaires des festivals et pu constater qu'ils renforçaient indéniablement la notoriété locale par son exposition temporaire. Pouvant être ainsi qualifiés de « coup de

projecteur >>, ils attirent les médias sur la permanence du lieu et contribuent indéniablement à la valorisation de l'image de la localité. Par la suite nous avons démontré que les festivals engendraient la création d'une forte mobilisation de la population. En assurant une forte solidarité sociale, les festivals pallient ainsi la disparition des traditions issues de l'activité agricole qui était autrefois la base de la cohésion sociale en milieu rural.

Enfin durant la dernière partie de ce chapitre nous avons étudié le paradoxe entre « ruralité >> et « actualité >> où nous avons pu constater les limites et les quelques faiblesses de l'espace rural « isolé >>.

Les festivals de musiques actuelles peuvent tout à fait utiliser le patrimoine pour leur propre promotion mais comme nous l'avons vu cela ne sous-entend pas de baser entièrement leur projet artistique sur ce point. Ils ont la possibilité d'assimiler leur positionnement à un cadre historique ou prestigieux et de contribuer indirectement à leur valorisation grâce à l'afflux de « touristes festivaliers >>. De plus ils contribuent à la valorisation du patrimoine naturel comme nous l'avons vu à travers de nombreux exemples.

Tous ces constats ont été par ailleurs confirmés durant notre étude de cas sur le festival de Jazz in Marciac qui est l'exemple de l'adaptation possible d'un projet artistique axée sur les musiques actuelles avec un cadre patrimonial. En respectant les valeurs de sa population il contribue de même à revitaliser le village de Marciac tout en lui offrant une identité locale importante. Désormais les amateurs de jazz assimilent Marciac à « un temple du jazz >> alors que celui-ci était auparavant méconnu par la majorité des français.

Afin d'introduire notre deuxième chapitre basé sur l'économie des festivals et son impact sur le développement territorial et culturel, nous avons traité des termes « industrie >> et « fièvre >> festivalière. Le terme « industrie festivalière >> s'est avéré incorrect car comme le stipule Bernard Faivre d'Arcier, ancien directeur artistique du festival d'Avignon, le spectacle vivant n'ayant précisément pas d'industrie qui le soutienne, les festivals étant toujours l'oeuvre de quelques personnes le plus souvent passionnées. En revanche l'expression « fièvre festivalière >> est envisageable si l'on se base sur le fait que le mois de juillet concentre plus du quart des 2 000 manifestations organisées annuellement en France, ainsi que sur l'excitation accrue des festivaliers

dont on dénombre pas moins de cinq millions de spectateurs en moyenne chaque année. Nous avons ensuite poussée notre réflexion sur l'impact des festivals sur le développement territorial à traitant de la question des retombées économiques, où nous avons pu constater que les collectivités territoriales étaient fortement impliquées en volume et en moyenne dans le financement des festivals. Ces derniers ont une économie structurée de manière globale par 50% de subventions, 35 % de ressources propres et le reste par le mécénat.

Nous avons mentionné la question de la création d'une dynamique en matière d'emploi qui a été infirmée. En effet, il est indéniable que les festivals sont générateurs d'une certaine dynamique en termes de créations d'emplois mais à l'exception de quelques postes administratifs tous les emplois locaux sont tous non qualifiés dont le caractère saisonnier tend à renforcer leur précarité.

Malgré cela, les localités attentives aux retombées économiques ne ménagent pas leur soutien aux festivals qui représentent au moins 150 000 emplois saisonniers. L'appellation « dynamique en termes de créations d'emplois > s'est avérée exagérée. En revanche les festivals engendrent un véritable dynamisme en ce qui concerne la mobilisation de la population locale et une forte cohésion sociale dont en démontre un fort taux de bénévolat.

Par la suite nous avons traité de l'activité des festivals contribuant au développement du tourisme local. Nous avons ainsi pu constater qu'un festival fait partie de l'offre locale de services touristiques. Son attractivité touristique s'explique par son esprit festif et la mobilisation locale qu'elle engendre. Enfin nous avons confirmé tous nos constats durant notre étude de cas sur le festival des Vieilles Charrues.

Pour conclure notre réflexion, notre troisième chapitre se basait sur la mention suivant : les festivals de musiques actuelles peuvent-ils être perçus comme un luxe ? Pour cela nous avons défini le paradoxe de l'intitulé du chapitre en nous demandant si la culture peut être réellement assimilée au luxe. Nous avons constaté que cela n'était pas logique étant donné que la culture est un moyen d'égalité sociale malgré la présence d'une certaine élite, l'opposant ainsi au terme « luxe » qui quant à lui fait référence à quelque chose de superflu et qui n'est pas vraiment nécessaire.

Partant de ce constat, nous avons ainsi essayé de démontrer durant ce chapitre que les
festivals sont de véritables vecteurs de développement social et artistique. Pour cela
nous avons étudié les points de vue des principaux acteurs concernés. Du point de vue

des organisateurs et de la vie culturelle locale les festivals de musiques ont cette facilité d'adaptation de leur projet artistique en fonction des demandes et attentes des populations locales présentant d'énormes possibilités en termes d'actions culturelles locales. Pour les publics nous avons vu suite à une analyse de leur profil socioéconomique que leurs motivations culturelles et sociales les amenant à se rendre à un festival de musiques actuelles étaient nombreuses. Nous avons pu constater que les publics sont hétérogènes par la diversité de leur rapport à l'art et que le profil d'un festivalier ne s'écarte que peu de celui d'un amateur d'art. En conclusion de cette huitième partie, nous avons mentionné la demande toujours accrue de la part des publics envers les festivals, ainsi que les bienfaits moraux de la culture auxquels les festivals de musiques actuelles s'assimilent comme un « art de vivre ». Enfin nous avons nourri notre réflexion en étudiant les points de vue d'artistes français. Suite aux constats de nos entretiens nous avons pu constater un grand nombre d'intérêts des festivals de musiques actuelles pour les artistes. Nous avons pu étudier les retombées de la crise de l'industrie musicale qui se sont avérées moindres auprès de la question de l'importance de la production scénique. Pourtant il s'est avéré que cette dernière était bel et bien fondamentale au sein de la promotion artistique.

Pour conclure cette neuvième partie nous avons vu que les festivals démontrent un grand nombre d'initiatives quant à la promotion des jeunes artistes locaux. Ils se montrent soucieux de l'accompagnement des artistes émergents et sont des vecteurs de découvertes, sachant qu'ils peuvent faire preuve de plus de risque au sein de leur programmation que des structures permanentes.

? Réponses aux hypothèses

Cette synthèse des constats de ce mémoire nous amène à répondre à nos deux hypothèses principales.

La première hypothèse peut être confirmée. Les festivals de musiques actuelles sont de forts vecteurs de développement sur tous les points (territorial, économique, culturel, social, artistique, touristique). Ils séduisent aisément les politiques culturelles et les collectivités territoriales par le fait qu'ils soient des investissements fiables et rentables. Leur avenir ne semble pas compromis surtout si l'on se base sur la demande toujours aussi accrue des publics à leur égard.

La seconde hypothèse en revanche ne peut qu'être infirmée. L'avenir des festivals de musiques actuelles ne s'annonce pas difficile voire décroissant car ils ne sont plus considérés comme une simple fonction culturelle.

De même, le marché tend déjà vers la saturation mais il reste toujours de nombreuses possibilités pour les futurs porteurs de projets. Les politiques culturelles n'ayant toujours pas réduits toutes les inégalités au sein de leurs priorités de décentralisation et de démocratisation culturelles sur l'ensemble du territoire, ils restent encore beaucoup de localités nécessiteuses. Et même si l'on considère d'un point de vue réducteur que les festivals ne sont qu'une simple fonction culturelle, les bienfaits de la culture au sein de notre cohésion sociale sont indéniables. Les populations ont besoin de ce type de divertissement public. La culture et l'art et donc par extension les festivals contribuent à l'égalité sociale : quel que soit le niveau de vie ou la catégorie sociale d'une personne elle peut avoir accès à la culture.

Ces hypothèses étaient basées sur une problématique principale amenant à s'interroger sur l'intérêt du développement des festivals et ainsi sur leur avenir.

? Réponse à la problématique : les faiblesses constatées

Bien que nous puissions confirmer l'hypothèse selon laquelle les festivals de musiques actuelles en milieu rural ont bien plus qu'une simple fonction culturelle, nous pouvons distinguer en revanche quelques faiblesses.

Nous avons constaté que les festivals sont en proie à une certaine dépendance vis-à-vis de leurs partenaires financiers engendrant souvent une contrainte : une perte de la maîtrise de leur projet artistique. La forte contribution d'un partenaire financier créée souvent une pression sur la direction artistique.

La banalisation du terme « festival » et le marché qui tend vers la saturation par une offre indénombrable s'explique par le fait que les festivals ont vite été envisagés comme des solutions efficaces au sein de la décentralisation et de la démocratisation de la culture.

Cela amène souvent la notion d'une perte générale de la qualité des projets artistiques par les collectivités territoriales et autres subventionnaires avides de ces évènements proposant de nombreuses réponses à leurs demandes et attentes.


· Ouverture : l'avenir des festivals de musiques actuelles : des mutations nécessaire ?

Il n'y a en effet plus besoin de convaincre les politiques culturelles de l'utilité des festivals mais ce qui reste à faire c'est à les aider à préciser leur projet et de conserver le cap de leur exigence artistique comme de la formation de leur public.

Comme l'a constaté Luc Bénito dans son ouvrage en 2001, les thèmes des festivals sont de moins en moins artistiques et les concepts de moins en moins originaux.

Quelle réponse pouvant nous apporter à ce constat ?

La demande accrue de festivals par des festivaliers férus de ces évènements festifs amènent les organisateurs à perpétuellement renouveler leur projet artistique et leur programmation.

Nous pouvons amener ici l'hypothèse de l'intérêt des festivals à s'ouvrir à une pluridisciplinarité. En effet les festivals de musiques actuelles en vue de renouveler et fidéliser leurs publics se réfugiant vers les festivals de grandes renommées afin de ne pas se « perdre > au sein de l'ahurissante offre en la matière, n'ont-ils pas tout intérêt à introduire des projets d'ordres pluridisciplinaires au sein de leur programmation ? Cela leur permettrait peut être de conquérir et de satisfaire les attentes des publics tout en répondant à la question de l'innovation.

Mais pour répondre à cette question il faudrait étudier les possibilités et appréhender les comportements des publics à ce sujet-là. Les festivaliers se montreraient-ils tout aussi intéressés par un festival de musiques actuelles accroissant son projet artistique par des spectacles pluridisciplinaires au sein de sa programmation ?

* * *

Table des illustrations

? Graphiques & tableaux

1/ Répartition des différentes disciplines artistiques des festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

BÉNITO Luc, Les Festivals en France, Marchés, enjeux et alchimie

Chapitre 1 : les caractéristiques typologiques des festivals, graphique 1, p.16

2/ Répartition des festivals de juin 2000 à mai 2001 par régions et par départements . . . . . . . . . 149 BÉNITO Luc, Les Festivals en France, Marchés, enjeux et alchimie

Chapitre 1 : les caractéristiques typologiques des festivals, tableau 2, p.13

3/ Participation des partenaires sur 69 festivals de musiques recensés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

NÉGRIER Emmanuel, Les Nouveaux territoires des festivals Deuxième partie : Les partenaires des festivals, graphique p.52

4/ Montants concrètement engagés par les institutions sur les ressources totales

en pourcentage sur 69 festivals de musiques recensés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

NÉGRIER Emmanuel, Les Nouveaux territoires des festivals Deuxième partie : Les partenaires des festivals, graphique p.54

5/ Les différentes part de la structure globale des dépenses sur 72 festivals de

musiquesrecensés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

NÉGRIER Emmanuel, Les Nouveaux territoires des festivals Troisième partie : L'économie des festivals, graphique p.104

6/ Les retombées économiques : part des différences sources de dépenses sur

63 festivals de musiques recensés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

NÉGRIER Emmanuel, Les Nouveaux territoires des festivals Troisième partie : L'économie des festivals, graphique p.129

7/ Budget culture et loisirs des familles : Structure de la consommation selon le

quintilede niveau de vie en 2006 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

5ème quintile (ménages aisés) - 1er quintile (ménages modestes)

INSEE - Enquête Budget de famille 2006 - Source : http://www.insee.fr

8/ Répartition des festivals selon leur saisonnalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

BÉNITO Luc, Les Festivals en France, Marchés, enjeux et alchimie

Chapitre 1 : les caractéristiques typologiques des festivals, graphique 3, p.22

· Cartes

1/ Le Zonage en Aires Urbaines - INSEE - 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

Source : http://www.insee.fr

2/ Les Trois France rurales - DATAR - Observatoire des territoires

Source des données : SEGARA d'après l'INSEE - 2003 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154

· Planches

1/ Décret du 10 mai 1982 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Décret n°82-394 du 10 mai 1982, relatif a l'organisation du ministère de la culture

Le Journal officiel de la République française - 1982

2/ Garorock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 1- La plaine de la presqu'île de la Filhole a Marmande, dans le Lot-et-Garonne (47)

Nouveau lieu de la 16ème édition, des 8, 9 et 10 juin 2012, du festival Garorock

URL de l'image : http://www.garorock.com/blog/garorock2012-nouveau-lieu

2- Affiche officielle de la 16ème édition de Garorock - 2012

Image tirée du site officiel du festival

URL : http://www.garorock.com

3/ Les Eurockéennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

1- La presqu'île du Malsaucy du territoire de Belfort, en Franche-Comté (90)

Espace naturel protégé accueillant chaque année le festival des Eurockéennes

URL de l'image : http://jeunesocialiste.blog.lemonde.fr/files/2011/06/eurockeennes

2- Bandeau officiel de la 24ème édition de 2012

Photo du site officiel

URL : http://www.eurockeennes.fr

4/ Jazz in Marciac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

1- Le soir surtout, de mini-concerts s'organisent spontanément en marge du festival - 2005 Utilisateur: Jean-no/images - photo libre de droit

URL image : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Jazz_in_Marciac_2005_13.jpg

2- Chapiteaux du festival off sur la place centrale du village- 2008

Auteur : Nicolas Guérin - licence libre

URL image : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Jazz_in_Marciac_off.jpg

3- Concert de Piano dans le jardin de l'église- 2008

Auteur : Nicolas Guérin - licence libre

URL image : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Marciac_church_piano_2008.jpg

5/ Les Vieilles Charrues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

1- Bandeau officiel de la 21ème édition de 2012

Photo du site officiel 2012

URL : http://www.vieillescharrues.asso.fr

2- Les Vieilles Charrues 2010 - vue du ciel

Envoyé à Deezer par Vue aérienne (c) 360°

URL image : http://www.deezer.com/fr/festival/les-vieilles-charrues-2011-36

3- Les Vieilles Charrues 2010 - scène principale

Envoyé à Deezer par (c) J. Ledoux

URL image : http://www.deezer.com/fr/festival/les-vieilles-charrues-2011-36

6/ Musicalarue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

1- Logo Luxey accès - 2012

Image du site officiel 2012

URL image : http://www.musicalarue.com/images/stories/affiches/plan.png

2- Festival Musicalarue à Luxey - 2011

Cliché pris et publié par Bernard Mugica

URL image : http://media.spectable.com/image/medium/j/156941.jpg?1311081221

7/ Le Hellfest . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

1- Le Hellfest 2010

Source: http://harrisleo.blogspot.fr/2011/01/hellfest-2011-iggy-pop-scorpions-ozzy.html

2- Festivaliers du Hellfest 2010

Source: http://harrisleo.blogspot.fr/2011/01/hellfest-2011-iggy-pop-scorpions-ozzy.html

Toutes ces photographies sont libres de droit ou ont été soumises a des demandes d'autorisations
par leurs auteurs respectifs qui ont accordé leurs copies et partages pour ce mémoire.

GRAPHIQUE 1 / Répartition des disciplines artistiques

GRAPHIQUE 2 / Répartition des festivals

GRAPHIQUE 3 / Participation des partenaires

GRAPHIQUE 4 / Montants des institutions sur les ressources totales

GRAPHIQUE 5 / Les différentes part de la structure globale des dépenses

GRAPHIQUE 6 / Retombées économiques : part des différences sources de dépenses

GRAPHIQUE 7 / Budget culture et loisirs des familles : structure de la consommation

GRAPHIQUE 8 / Répartition des festivals selon leur saisonnalité

CARTE 1 / Le ZAU 2010

CARTE 2 / Les trois France rurales

PLANCHE 1 / Décret du 10 mai 1982

PLANCHE 2 / Garorock

1

2

VAUXION Léa |ICART |Mémoire | 2011-2012 Page 156 | 189

PLANCHE 3 / Les Eurockéennes

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PLANCHE 4 / Jazz in Marciac

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Page 158 | 189 VAUXION Léa |ICART |Mémoire | 2011-2012

PLANCHE 5 / Les Vieilles Charrues

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2

PLANCHE 6 / MUSICALARUE

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VAUXION Léa |ICART |Mémoire | 2011-2012 Page 160 | 189

PLANCHE 7 / HELLFEST

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Page 161 | 189 VAUXION Léa |ICART |Mémoire | 2011-2012

Table des entretiens

Professionnels

1/ Entretien avec Sean Bouchard, fondateur du label Talitres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
2/ Entretien avec Bastien Perez, programmateur du festival Musicalarue . . . . . . . . . . . . . . . . 167

Artistes français

1/ Entretien avec le groupe Stuck in the Sound . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
2/ Entretien avec le groupe Hyphen Hyphen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

Entretien par email avec Sean Bouchard, le 15 avril 2012

Sean Bouchard est le fondateur du label Talitres, créé en 2000 et implanté à Bordeaux. Découvreur infatigable et exigeant, il est le premier producteur de The National et aligne des références de premier rang: Swell, Emily Jane White, The Organ ou Idaho.

Il a accepté de collaborer à ce mémoire en apportant ses connaissances professionnelles relatives a l'Industrie musicale.

D'après vos connaissances de l'Industrie musicale, et de l'actuelle crise qu'elle traverse, qu'elle est l'importance de la production scénique pour les artistes ?

De plus en plus fondamental.

On sait depuis longtemps que la presse fait malheureusement peu vendre. Il reste fondamental de mener une promotion dite « classique » lors de la sortie d'un album, promotion qui passe par la presse, radios nationales ou locales, télévision et internet. Il s'agit d'un premier point d'accroche, d'une première tentative de développement et d'exposition.

Mais face à une industrie musicale en crise, et ce dans tous les secteurs, il est indispensable de relayer cette promotion par une présence scénique d'un groupe. La scène offre une nouvelle exposition, un autre biais pour diffuser un groupe. Au sein du label, nous gérons bien souvent en interne le booking de nos artistes. Outre le fait de développer un nouveau secteur d'activité, cela nous permet de réfléchir plus stratégiquement, soit coordonner des dates en fonction d'un certain nombre de critères. Pour des groupes en développement, j'ai toujours privilégié la plus grande exposition scénique au dépend de la plus grande énumération financière. Certes l'idéal est de pouvoir conjuguer les deux, mais pour un artiste jouer en première partie d'un groupe de plus grande renommée (et ainsi bénéficier de son public) est une opportunité non négligeable. Il faut savoir agir par étape, en étant ambitieux mais en restant également réaliste.

En outre la scène fait 'vivre' un disque. En magasin les rotations sont de plus rapides, les espaces se réduisent drastiquement. Faire vivre un disque c'est lui offrir l'exposition la plus durable possible, le faire durer. La scène permet cela, elle permet une actualité autour du projet et donc une remise en avant d'un album donné, voire d'un catalogue. Enfin une

tournée est aussi l'occasion de mener une promotion plus spécifique, auprès de certains radios pour réaliser des interviews et sessions acoustiques, auprès de certaines chaînes TV et plus localement auprès de la presse régionale et des radios locales. Ce qui fait vendre, c'est une multiplication d'impressions visuelles, un nom qui se propage, des concerts permettent cela.

Pour illustrer cette question, citons Ewert and the Two Dragons, qui est le groupe phare de votre label Talitres en ce moment.

Est-ce que leurs représentations scéniques (leur tournée en France uniquement) contribuent de manière importante à la vente de leur album « Good Man Down » en CD, vinyle ou téléchargement ?

Oui bien évidemment. Une tournée est un élément fondamental d'une stratégie de vente. C'est également un argument essentiel pour développer une nouvelle campagne de promotion: à l'occasion de la tournée d'Ewert and The Two Dragons de nombreuses choses se sont confirmées: session sur France Inter, émission Ce Soir Ou Jamais, bel article dans M le magazine du Monde. Une tournée fait donc doublement vendre:

1 / car elle permet une autre exposition médiatique qui génère assez naturellement de nouvelles ventes.

2 / de par les concerts en eux-mêmes. Soit directement avec la vente de merchandising (CD, vinyle, etc...) soit en magasin (remise en avant du disque avant une date dans une ville donnée, vente après la date).

Je suis de plus en plus persuadé que plus un groupe est diffusé plus il est diffusé. On réalise que la réussite commerciale d'un groupe passe énormément par le bouche à oreille, par le relai de fan sur Internet. Une bonne prestation scénique permet de développer ces nouveaux canaux de diffusions.

En outre, j'informe au quotidien mes distributeurs physiques et numériques des tournées et concerts à venir; leur travail consiste à négocier de nouvelles mises en avant en fonction: facing en magasin, home page sur les sites de vente en ligne, etc.

Enfin, pensez-vous que les festivals de musiques actuelles contribuent et/ou sont indissociables à la promotion des artistes émergents et des pratiques artistiques en amateur ?

Les festivals de musiques actuelles sont effectivement très importants pour la promotion d'un artistes émergent et / ou un disque donné. Il reste que ces dits festivals connaissent eux aussi une crise certaine : réduction de la fréquentation pour certains, baisse (voire rupture) des subventions pour d'autres, notamment les petits festivals ruraux. On ne peut alors que constater le fait qu'il est plus difficile qu'avant pour un tourneur ou un label de réussir à programmer un artiste émergent dans un festival relativement important. Encore plus qu'avant ces festivals ont la nécessité de penser à leur programmation en fonction de la notoriété d'un groupe. Plus que jamais les têtes d'affiche sont privilégiées et grignotent une grosse partie du budget artistique d'un festival, ce qui laisse parfois que quelques miettes aux autres groupes. On assiste à une plus grande concentration: beaucoup de festivals proposent la même programmation, ou tout du moins les mêmes artistes phares, et ces artistes, pour compenser la chute de leur royauté émanant de la vente d'albums, ont tendance à demander un cachet bien plus important chaque année. Soit la dérive connue dans la programmation de certaines salles de musiques actuelles atteint désormais les festivals.

Il faut également noter qu'il y a bien plus de groupes en tournée qu'auparavant, car là encore l'idée est de développer d'autres revenus, de toucher d'autres canaux de diffusion, la concurrence est donc bien plus importante.

Au sein de Talitres, j'ai la chance actuellement d'avoir un groupe (en l'occurrence Ewert & The Two Dragons) qui a bénéficié d'une bonne exposition médiatique, et qui a eu des retombées très positives suite à quelques-unes de leurs prestations live dans des festivals professionnels. Je gère directement le booking du groupe et peux donc que constater qu'il est plus facile de solliciter les salles pour un tel groupe que pour certains autres projets chez Talitres. J'en suis ravi, en un sens cela me permet de confirmer plusieurs festivals cet été, de pouvoir réfléchir avec plus de recul aux prochaines dates de tournées, de contacter aussi les salles plus en amont et donc de bénéficier des meilleurs cachets possibles. Certes c'est louable, mais il faut que je garde à l'esprit que cette opportunité n'est que ponctuelle.

En ce qui concerne les pratiques amateurs, on rencontre toujours une inadéquation entre la réglementation actuelle (un musicien sur scène = un cachet) et la réalité financière des choses. Certains artistes amateurs sont programmés dans quelques festivals ruraux, et je pense qu'il est effectivement important que ces festivals puissent privilégier les artistes du cru, mais l'exposition ne sera ici que ponctuelle et locale, elle permet rarement une réexposition d'un disque au niveau national.

* * *

Entretien téléphonique avec Bastien Perez, le 27 avril 2012

« Bastien Perez fait partie de la première promotion des diplômés de l'Icart Bordeaux. A sa sortie de l'école, il a rejoint l'équipe du Festival Musicalarue a Luxey, en tant que programmateur et Directeur Technique artistique. »*

D'après vous, est-ce que le festival de Musicalarue se positionne comme un festival d'animation et d'attraction touristique ?

Tout d'abord il faut savoir que Musicalarue est une fête de village qui a bien tournée. L'association existe depuis 40 ans environ. A la base, il s'agissait d'une animation pour les jeunes du village, créée vers la fin des années 1960 environ. Pendant une vingtaine d'années l'association promouvait les pratiques amateures. Une manifestation gratuite était organisée pour la fête du 15 août, afin d'offrir une occupation, une animation aux jeunes luxois. Les premiers acteurs étaient donc les familles du village.

Non loin du village résidait Bernard Lubat, un jazzman ayant remporté une Victoire du jazz. Par son statut, il a aidé l'association a se professionnaliser.

La fête du 15 août s'est ainsi transformée dans les années 1990 pour devenir le festival Musicalarue.

Il faut vraiment prendre conscience que contrairement a d'autres festivals du même genre, Musicalarue a une véritable histoire rurale. Cette année sera la 23ème édition du festival.

[...]

Il est vrai que pas mal de politique ont plus de moyens pour mettre en place un festival dans le but de renforcer l'identité locale, alors qu'ici il s'agit d'un cas avec un historique plus lointain.

Aujourd'hui la manifestation a plus un rôle d'animation du territoire. En parallèle l'association organise des manifestations tout au long de l'année et développe ainsi une animation pour tout le territoire. Depuis 4, 5 ans, Musicalarue a vu sa programmation se transformer, pour que les villageois et autres populations locales reviennent.

* Source : PEDEZER Aimée, rubrique entretien anciens élèves, http://www.icart.fr

En effet depuis la professionnalisation de l'association et par sa qualité artistique, le lieu attire de plus en plus de monde. Il ne s'agit pas d'un débordement mais par le fait qu'il y ait de plus en plus de festivaliers, les locaux se sentaient comme dépossédés de la manifestation, ce n'était plus leur festival.

Depuis six ans on remédie à cela, la programmation s'adapte plus au milieu rural. En tant que programmateur, ma ligne directrice est la chanson française, puis après je m'ouvre a d'autres disciplines (rock, électro, etc.). La programmation s'adresse au festivalier lambda, aux touristes de passage qui sont là sur une semaine, etc. mais aussi à la coiffeuse du village, aux grands parents, à la population luxoise.

On peut tout de même parler d'une animation touristique car on a un public qui prend exprès des vacances pour pouvoir venir assister à Musicalarue. On a un public fidélisé. Tous les gîtes alentours sont pris d'assaut a l'avance et sont tous complets durant le festival.

Pour résumer il s'agit plus d'un festival orienté principalement sur l'animation du territoire que sur l'attraction touristique.

C'est la qualité du projet artistique et l'accueil convivial qui engendrent un public régulier.

A l'année on est quatre salariés. Après pendant le festival on emploie un grand nombre d'intermittents. Notre première ligne de conduite s'est d'être animateur culturel.

A partir de ce festival, qui est la première action de l'association, se sont découlées plusieurs autres actions a l'année, contribuant d'autant plus à l'animation du territoire et a nous rapprocher encore plus des habitants.

Musicalarue c'est une vitrine du territoire. Des gens s'installent a Luxey car pour eux Luxey est égal a Musicalarue. De même on peut noter le fait qu'un film se tourne dans le village. Et puis les habitants sont d'autant plus fiers lorsque l'on parle d'eux sur France Inter ou sur France 2.

Après le festival a plusieurs impacts quand même, dont un impact économique forcément.
Luxey est un village de moins de 700 habitants qui dispose de bien plus de commerces et

services que dans les communes plus importantes. On a un coiffeur, une boulangerie, une poste, etc.

En ce qui concerne les retombées économiques directes, nous on dépense local. On valorise le territoire en investissant local. Pour le catering, on achète le pain sur Luxey par exemple. On essaye de travailler au maximum avec des locaux.

Indirectement l'organisation du festival engendre d'autres retombées, par exemple une boite de communication vient de se monter a Luxey. L'été des groupes comme les Ogres de Barback viennent y passer leurs vacances parce que c'est le lieu d'implantation du festival Musicalarue.

Il y a évidemment des retombées économiques par les festivaliers qui vont être hébergés local, consommer local.

Est-ce que les luxois font preuve d'une mobilisation importante au sein du festival ? Est-ce que Musicalarue contribue a la création d'une forte cohésion sociale ?

Oui dans le sens où à la base ces les habitants qui ont monté le festival. Maintenant forcément il y a toujours des pours et des contres. Il y a des gens qui pendant quelques années se sont sentis envahis du fait que l'on se soit un peu éloigné de l'esprit du début. Il y aura toujours des personnes qui seront contres mais il ne s'agit pas de la majorité, juste d'une simple poignée.

Par ailleurs le réseau de bénévoles est important surtout concernant l'hébergement des artistes. A Luxey il n'y a pas d'hôtels et les gîtes sont occupés par les festivaliers.

Environ 80% des villageois accueillent les artistes. Et ils en redemandent !

Pour les artistes ça leur donne le temps de se poser un peu plutôt que d'aller jusqu'à l'hôtel et de repartir après directement.

Là ils peuvent se reposer, rencontrer des gens. Le territoire landais est représenté par la bonne nourriture, l'accueil chaleureux de sa population. Autant pour les artistes que pour les habitants, c'est que du bonus. D'après les tourneurs c'est les artistes qui demandent venir à Luxey, parce qu'il renvoie un esprit de convivialité, d'un endroit agréable qui présente la spécificité de partages, de plaisir et de supers soirées chez l'habitant.

C'est un bon pourcentage de la population qui s'investit a l'année. Les habitants s'impliquent toute l'année. Beaucoup ne partent pas en vacances pour être disponible durant le festival

et pourvoir apporter leur aide. Musicalarue c'est un but pour eux dans l'année, quelque chose à faire. A Luxey il y a 640 habitants et chaque mois d'août ce village accueille dans les 35 000 festivaliers. Niveau infrastructure c'est énorme.

La manifestation est marquée par la joie de vivre, par un fort esprit de convivialité et les habitants se retrouvent à ce niveau-là.

* * *

Entretien par messagerie instantanée avec José Reis Fontao, le 21 avril 2012

Stuck in the Sound est un quatuor parisien de rock indépendant, formé en 2002, et révélé deux ans plus tard entre autre par le célèbre magazine les Inrockuptibles par le biais de sa compilation CQFD. Le groupe est composé de José Reis Fontao, aux chants et à la guitare acoustique, d'Emmanuel Barichasse a la guitare électrique, d'Arno Bordas a la basse, et de François Ernie à la batterie.

En janvier 2012, Stuck in the Sound a sorti son troisième album, Pursuit, qui a reçu un très bon accueil par la critique.

Actuellement en tournée pour sa promotion, c'est lors d'un de leur concert le 29 mars 2012 ~ l'Astrolabe d'Orléans, oii j'effectuais mon stage de troisième année, que j'ai pu faire leur connaissance.

Étant restée en très bons termes avec le chanteur du groupe, José Reis Fontao, je l'ai sollicité pour un entretien afin d'avoir son point de vue d'intermittent, qui me paraissait indispensable pour nourrir ma neuvième partie basée sur le « point de vue des artistes et de l'Industrie musicale ».

Quels sont les intérêts, pour toi et ton groupe, de vous produire au sein d'un festival ?

Les festivals nous permettent de jouer devant beaucoup plus de monde que dans une simple salle. Après avoir écumé les SMAC et quelques grandes salles pendant l'automne-hiver, le festival apparait un peu comme une sorte de cadeau d'anniversaire de l'été. Où tous les musiciens (en actualité dans l'année) se retrouvent autour d'un même évènement, jouent devant plus de 5 000 voire 30 000 personnes... c'est généralement la grosse fête, l'ambiance est incroyable en festival...

Que penses-tu des festivals en milieu rural, comme les Vieilles Charrues par exemple ?

Je pense que ceux sont juste les meilleurs festivals. Loin de la ville. Perdu dans les champs. Le repoussement des limites est alors possible. Je suis un grand fan des festivals bretons : Panoramas, Rock'n Solex, etc.

Quels sont les avantages et les inconvénients comparés -par exemple- au Printemps de Bourges, de vous produire dans un festival en milieu rural ?

Les festivals en pleine ville généralement ferment plus tôt pour des histoires de bruits. Après franchement, c'est qu'une histoire d'ambiance, de décors et de programmation musicale. Je préfère en milieu rural.

Face à la crise de l'Industrie musicale, en quoi est-ce primordial, pour toi et ton groupe, de vous produire sur scène ?

La crise du disque : on s'en fiche. Ça ne touche que les labels. Pour nous, indés, on vit grâce au statut d'intermittent, donc le live. Oui, c'est très important pour nous de tourner. Vital même.

Le spectacle se porte très bien. Les gens se déplacent pour voir des concerts, des soirées où le plateau mélange concerts et DJ électro.

Beaucoup dans le milieu professionnel sont encore très attachés à la vente du disque. Mais les choses sont en train de se transformer. Le support se dématérialise. Les labels vont mourir... Mais pas la musique. Au contraire ! C'est en pleine crise que l'underground fait surface. Que les meilleures choses se créent artistiquement. 2013 va être une année très, très riche artistiquement ! (NDLR : référence à leur prochain album)

Concernant les artistes émergents et les pratiques artistiques en amateurs, en quoi les festivals sont des tremplins pour eux d'après toi et ton expérience personnelle ? Généralement, les festivals sont le rendez-vous des professionnels de la musique. Donc si tu es talentueux, malin et que tu fais un bon concert sur un petit spot d'un festival et que tu as la chance que les professionnels soient devant toi [...] et bien ça peut t'apporter beaucoup de choses ! Le bouche à oreille entre professionnels en France fonctionne super bien ! La preuve, on l'a utilisé pendant 10 ans... !

* * *

Entretien par messagerie instantanée avec Hyphen Hyphen, le 21 avril 2012

Hyphen Hyphen est un jeune groupe niçois en voie de professionnalisation, composé de quatre étudiants en arts plastiques et au conservatoire : Santa au chant, à la guitare et au synthétiseur, Line à la basse et au chant, Puss à la guitare et au synthétiseur et Zak à la batterie et aux samples. Ils se définissent comme des magiciens d'un son électro-rock puissant qui se situerait entre Metronomy, Foals, LCD Soundsystem, Phoenix, Klaxons ou Talking Heads. Le groupe développe sur scène une énergie rock brute alliée à un groove frais et dansant, mêlant disco et électro.

Hyphen Hyphen enregistre actuellement son nouvel EP Wild Union qui sortira en mai 2012.

Actuellement en tournée, j'ai pu faire leur connaissance durant le concert de Stuck in the Sound le 29 mars 2012 a l'Astrolabe d'Orléans, où ils assuraient la première partie.

Étant restée en bons termes avec la chanteuse du groupe, Samantha Cotta alias Santa, je l'ai sollicitée pour un entretien afin d'avoir son point de vue d'artiste semi-professionnel, qui me paraissait indispensable pour nourrir ma neuvième partie basée sur le « point de vue des artistes et de l'Industrie musicale ».

Quels sont les intérêts pour ton groupe de vous produire au sein d'un festival ? Les intérêts pour notre groupe à nous produire au sein d'un festival sont nombreux.

Premièrement nous accédons à de plus grandes scènes et à un nouveau public, un public qui ne venait pas forcement pour nous à la base mais qui nous découvre à cette occasion. De plus nous jouons également devant un public plus nombreux.

Deuxièmement, c'est l'occasion de faire la rencontre de professionnels du spectacle, programmateurs, labels, tourneurs qui viennent lors de ces festivals comme découvreurs de talents (je pense notamment au Printemps de Bourges).

Et puis d'un point de vue d'expérience scénique, c'est extraordinaire de jouer devant une immense foule dansante.

Que penses-tu des festivals en milieu rural, comme les Vieilles Charrues par exemple ? (c'est-à-dire implantés en dehors des pôles urbains)

Nous pensons qu'un festival en milieu rural est une très bonne chose. Nous allons d'ailleurs jouer à Charleville.

C'est bien de créer une dynamique culturelle dans un milieu plutôt excentré. De plus d'un point de vue économique c'est toujours bon pour une petite ville, de voire doubler voire tripler le nombre de sa fréquentation, je pense au festival des Vieilles Charrues, de créer de l'emploi et de la solidarité entre les gens.

Nous sommes toujours heureux de découvrir de nouvelles régions et puis en l'occurrence il y a de l'espace -un espace plus grand- pour faire de belles grosses scènes.

Quels sont les avantages et les inconvénients comparés -par exemple- au Printemps de Bourges, de vous produire dans un festival en milieu rural ?

Je ne vois pas réellement de différence en tant qu'artiste, si il y en aurait une ce serait au niveau du public et encore.

Il est parfois plus difficile de s'y rendre, notamment quand on est un groupe comme nous qui venons de Nice.

Face à la crise de l'Industrie musicale, en quoi est-ce primordial pour ton groupe de te produire sur scène ?

Face à la crise de l'industrie musicale, il est primordial de se produire sur scène.

Tout d'abord car c'est une économie complètement différence que celle du CD, lorsqu'en France tu joues, tu es cacheté et donc rémunéré directement par l'employeur pour ton travail et tu peux devenir intermittent du spectacle, c'est le revenu principal d'un groupe en développement (à ça s'ajoute le merchandising qui ne vend pas encore des millions de CD)

Concernant les artistes émergents et les pratiques artistiques en amateur, en quoi les festivals (et la production scénique en générale) sont des tremplins pour eux d'après ton expérience personnelle ?

Les festivals sont des tremplins du point de vue des artistes émergents, comme dit dans la question précédente, tu y rencontres des professionnels, tu as un certain gage de qualité par

exemple lorsque tu te produis en tant que découverte au Printemps de Bourges.* D'ailleurs à cette occasion tu joues devant un public de professionnel, si tu plais, cela peut conditionner le future nombre de date de la prochaine saison et peut être la signature (tant attendu pour un petit groupe) avec un label ou major.

* * *

* NDLR : En 2012 le groupe Hyphen Hyphen a été en finale des sélections des Découvertes du Printemps de Bourges.

Page 175 | 189 VAUXION Léa |ICART |Mémoire | 2011-2012

Table des matières

INTRODUCTION 5

· Contexte actuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

· Objet et enjeux de ce mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

· Objectifs personnels relatifs au choix du sujet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

AVANT-PROPOS METHODOLOGIQUE 8

· Définitions des termes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

· Organisation d'un festival de musiques actuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

· Méthodologie et articulation de ce mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

CHAPITRE I : LES FESTIVALS : VECTEURS DE DÉVELOPPEMENT AU SEIN

DU MILIEU RURAL FRANÇAIS 22

INTRODUCTION : une perception du milieu rural redevenue positive 23

· De nouveaux comportements ruraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

· Perception du milieu rural par les citadins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

· Une vie culturelle présente dans le milieu rural . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

1 Une dynamique culturelle en termes de décentralisation et démocratisation 26

1.1 Les politiques d'aménagement culturel du territoire : réduction des inégalités géographiques et sociales d'accès à la culture ? 26

 

1.2

· « Désert culturel français » : une expression encore d'actualité . . . . . . . . . . . . . 26

· Le nouveau rôle des collectivités territoriales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

· Constats actuels : des résultats mitigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

· Le rôle des festivals au sein de la décentralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Les politiques culturelles et les inégalités sociales d'accès à la culture : démocratisation,

populations rurales et festivals de « diffusion » 32

· Le ministère et la démocratisation de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

· Le retrait de l'État : les festivals ne sont plus une priorité du ministère . . . . . 33

· Les festivals et la démocratisation de la culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

2

Une dynamique sociale en termes de développement local

36

 

2.1

Positionnement du festival : rapports entre image de l'évènement et la création d'une forte identité locale

· La communication des festivals : promotion de l'évènement . . . . . . . . . . . . . . .

36
36

 


· Les retombées publicitaires des festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

· L'image des collectivités territoriales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

· Création d'une identité locale forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

2.2 La mobilisation de la population locale : création d'une forte cohésion sociale 40

· La nostalgie de la rencontre et de l'échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

· Les festivals créateurs de liens sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

3 Une dynamique artistique en termes de valorisation du patrimoine 42

3.1 Paradoxe entre festivals de musiques actuelles et valorisation du patrimoine :

les limites entre ruralité et actualité 42

· Limites entre ruralité et actualité : l'exemple du Massif Central . . . . . . . . . . . . 42

· Les festivals de musiques actuelles et la valorisation du patrimoine . . . . . . . . 43

· Conclusion : les festivals, des outils prisés en termes de valorisation dupatrimoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

3.2 Possibilités de valorisation des produits et des commerces locaux 47

CONCLUSION : étude de cas : le festival de Jazz in Marciac 49

· Historique du festival . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

· La valorisation du patrimoine gersois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

CHAPITRE II : L'ÉCONOMIE DES FESTIVALS : AU COEUR DES ENJEUX DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL ET CULTUREL ? 52

INTRODUCTION : « Industrie » ou «fièvre » festivalière : entre esprit de fête et rentabilité 53

· Fièvre festivalière : esprit de fête ou morosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

· Une industrie festivalière ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

· Conclusion : la question de la rentabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

4 L'impact des festivals : un moteur pour le tissu économique local ? 56

4.1 Les partenaires des festivals : rôles et implications des acteurs locaux 56

· Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

· Paysage général : les festivals et leurs partenaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

· Analyse globale des comportements des partenaires principaux . . . . . . . . . . . . 58

· Conclusion : échelle des partenaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

 
 

TABLE DES MATIERES

4.2

Analyse globale des financements : recettes et dépenses des festivals

66

 


·

Les recettes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . 66

 


·

Les dépenses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . 69

 


·

Conclusion : une précarité du montage financier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . 71

4.3

Les retombées économiques directes des festivals sur leur territoire

73

 


·

Les dépenses portées par les organisateurs des festivals . . . . . . . . . . .

. . . . . . . 73

 


·

Achats et dépenses des festivaliers, artistes et spectateurs . . . . . . . . .

. . . . . . . 74

 


·

Dynamisation et réaménagement du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . 77

 


·

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . 78

 

5 L'activité des festivals : génératrice d'une dynamique en matière d'emploi ? 80

5.1 Les emplois culturels permanents : administration et direction du festival 80

5.2 Les emplois liés à la production artistique : artistes interprètes et techniciens 81

5.3 Les emplois et collaborations ponctuelles : job d'été, stagiaires et bénévoles 82

· Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83

6 L'attractivité des festivals : une stratégie de développement

du tourisme local ? 85

 

6.1 La Crise économique actuelle : impact sur les budgets loisirs et culture des familles 85

· Les budgets culture et loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

· Les budgets vacances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

· Tarification des festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88

6.2 Animations locales et attraction touristiques 89

· Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

6.3 Le développement touristique sur le long terme 92

· Une demande de festival de types touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

· Un développement touristique souvent indirect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

· L'apport complémentaire des festivals aux régions

déjà fortement touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

· Le tourisme étranger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

CONCLUSION : étude de cas : le festival des Vieilles Charrues 96

· Historique du festival . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

· Emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

· Tourisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

CHAPITRE III : LES FESTIVALS DE MUSIQUES ACTUELLES : LUXE OU VÉRITABLE MOTEUR DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET ARTISTIQUE ? 98

INTRODUCTION : Une culture perçue comme un luxe ?

99

 


·

·

La culture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le luxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . 99

. 100

7 Du point de vue des organisateurs et de la vie culturelle locale

101

7.1

Les avantages pour un acteur culturel d'organiser un festival de musiques actuelles

103

 


·

Premier argument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 103

 


·

Deuxième argument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 104

 


·

Troisième argument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . 105

 


·

Quatrième argument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 106

7.2

L'impact de l'activité des festivals sur la croissance des actions culturelles locales

107

 


·

Les Vieilles Charrues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 107

 


·

Musicalarue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 109

7.3

Les possibilités de création d'action culturelle pédagogique

110

 


·

Jazz in Marciac : du jazz au collège . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 110

 


·

Musicalarue : les Jeunes Artistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 111

 

8 Du point de vue des publics

113

8.1

Public non-sensibilisé et public averti : étude sociologique des pratiques des publics

113

 


·

Une meilleure connaissance des publics : profil socio-économique . . . . . . . . . . . . .

. 114

 


·

Comment expliquer l'accroissement de la demande de festivals ? . . . . . . . . . . . . . .

. 116

 


·

Public non averti et festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . 118

8.2

Fréquentation des festivals : inégale et légèrement croissante

120

 


·

Les motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. 120

 


·

Conclusion des motivations : exemple de Jazz in Marciac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . 122

 


·

La fréquentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . 123

 


·

Les faiblesses : des participants imprévisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . 124

8.3

Les festivals : un « art de vivre »

127

 

9

Du point de vue des artistes et de l'Industrie musicale

129

 


·

·

·

Contexte actuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les festivals : support de médiation entre les artistes et le public . . . . . . . . . . . . . .

Contribution à la promotion d'un genre musical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

129

129

130

 

9.1 L'intérêt pour un artiste de se produire dans un festival 131

· Publicité : promotion des oeuvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

· Label de qualité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

· L'insertion professionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

· Entretiens : les points de vue de deux groupes français . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

9.2 La crise actuelle de l'Industrie musicale : l'importance de la production scénique

pour les artistes 135

· Du point de vue des tourneurs, programmateurs et labels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

· Du point de vue des artistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136

9.3 La promotion des artistes émergents et des pratiques artistiques en amateur 137

· Découvertes de nouveaux talents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

· L'intérêt pour les jeunes artistes : la concentration de professionnels . . . . . . . . . . 137

· Les moyens mis à leurs dispositions par les festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

· Les pratiques amateures et arts méconnus du grand public . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

CONCLUSION GÉNÉRALE :

L'avenir des festivals de musiques actuelles : des mutations nécessaire ? 140

· Synthèse des constats du mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

· Réponses aux hypothèses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

· Réponse à la problématique : les faiblesses constatées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

· Ouverture :

l'avenir des festivals de musiques actuelles : des mutations nécessaire ? . . . . . . . . . . 145

*

Index des exemples

Festival Download

 
 

- Le tourisme étranger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . .

95

Festival des Eurockéennes de Belfort

 
 

- Création d'une identité locale forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

39

- Les festivals de musiques actuelles et la valorisation du patrimoine . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . 44

 

- Possibilités de valorisation des produits et des commerces locaux . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

47

- Les emplois et collaborations ponctuelles : job d'été, stages et bénévolats . . . . . . .

. . . . . . . . . .

83

- Une demande de festival de types touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

92

Festival des Francofolies de la Rochelle

 
 

- Possibilités de valorisation des produits et des commerces locaux . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . .

48

Festival Garorock

 
 

- Création d'une identité locale forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

39

Festival Glastonbury

 
 

- Une industrie festivalière ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . .

. 54

Festival du Hellfest

- Le tourisme étranger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

- Les motivations des festivaliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122

Festival Jazz in Marciac

- Le rôle des festivals au sein de la décentralisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

- Création d'une identité locale forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

- Étude de cas : le festival de Jazz in Marciac . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

- Analyse globale des comportements des partenaires principaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
- Achats et dépenses des festivaliers, artistes et spectateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

- Dynamisation et réaménagement du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

- Les emplois et collaborations ponctuelles : job d'été, stages et bénévolats . . . . . . . . . . . . . . . . 82

- Un développement touristique souvent indirect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

- La fidélisation des touristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

- Les possibilités de création d'action culturelle pédagogique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
- Une meilleure connaissance des publics : profil socio-économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

- La fréquentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Festival Musicalarue

- Les festivals créateurs de liens sociaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
- Les dépenses liées aux transports . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

- Un développement touristique souvent indirect . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

- La fidélisation des touristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

- L'impact de l'activité des festivals sur la croissance des actions culturelles locales . . . . . . . . . . . 109

- Les possibilités de création d'action culturelle pédagogique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
- Les possibilités d'adaptation de projet artistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
- Les faiblesses : des participants imprévisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

Festival du Printemps de Bourges

- Création d'une identité locale forte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

- Achats et dépenses des festivaliers, artistes et spectateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

- Publicité : promotion des oeuvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

- Les moyens mis à leurs dispositions par les festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

Festival St-Émilion Jazz

- Possibilités de valorisation des produits et des commerces locaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

Festival Suds à Arles

- Animations locales et attraction touristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

Festival Vachement Rock

- Limites entre ruralité et actualité : l'exemple du Massif Central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Festival des Vieilles Charrues

- Les retombées publicitaires des festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 - Achats et dépenses des festivaliers, artistes et spectateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 - Étude de cas : le festival des Vieilles Charrues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 - Les avantages pour un acteur culturel d'organiser un festival de musiques actuelles . . . . . . . . . . 105 - L'impact de l'activité des festivals sur la croissance des actions culturelles locales . . . . . . . . . . . 107 - Publicité : promotion des oeuvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 - Les moyens mis à leurs dispositions par les festivals . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

Festival Les Volcaniques de mars

- Limites entre ruralité et actualité : l'exemple du Massif Central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Festival Woodstock

- Les festivals de musiques actuelles et la valorisation du patrimoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

*

Bibliographic

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Les festivals de musiques actuelles n'ont-ils qu'une simple fonction culturelle ou sont-ils des vecteurs de développement ? Ce mémoire se concentre sur leur implantation en milieu rural et étudie ainsi les nombreux impacts de ce type de festivals en termes de développement territorial et culturel, en allant de la question de l'économie au tourisme, en passant par la création d'une identité sociale jusqu'à la promotion artistique.

L'école des métiers de la culture et du commerce de l'art
ICART Bordeaux
8, parvis des Chartrons - 33074 Bordeaux






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault