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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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III-2- PRESENTATION DE L'HABITAT DES BAKOLA/BAGYELLI

III- 2-1-Habitat traditionnel

L'habitat permanent se caractérise par sa forme quadrangulaire, héritée du modèle de construction bantoue. La superficie de l'habitat varie de 6m2 à 20m2. Par le passé, l'habitat traditionnel (mbasa) qu'on rencontrait habituellement dans les campements de forêt était fait à base de larges feuilles de maranthacées ou d'Anthocleista, qui étaient fixées à l'ossature végétale de l'habitat : une encoche était faite sur la nervure, près du pétiole, et les feuilles étaient crochetées en rang. Cette disposition conférait à l'ensemble un aspect en « écailles de pangolin ». Mais de nos jours, les feuilles de maranthacées ou d'Anthocleista ont cédé la place aux panneaux de raphia ou aux rameaux de palmier. L'emploi de panneaux de raphia ou de rameaux de palmier constitue un bon compromis : moins éphémères que la simple feuille de maranthacées ou d'Anthocleista, ils restent d'une grande disponibilité. Les panneaux de raphia sont d'un usage polyvalent et demandent peu de temps de travail. Les Bakola/Bagyelli au contact avec les Bantou ont maîtrisé la technologie du tissage des panneaux de raphia. Il n'existe pas de hameaux où on ne retrouve un Pygmée qui ne sache pas tisser les panneaux de raphia. La maîtrise de cette technique constitue de nos jours une source de revenus non négligeable pour ces derniers. Ils confectionnent des panneaux de raphia qu'ils vendent aux Bantou qui n'ont pas les moyens financiers pour pouvoir se construire une maison avec une toiture en tôles d'aluminium. Le terre-plein autour de la case est gratté de sorte à surélever la construction et la ménager ainsi des eaux de ruissellement dues aux violents orages tropicaux.

Photo 10 : Hutte traditionnelle bakola Source : Aristide Bitouga (Matsindi 2009)

Bien que faites pour durer, ces huttes n'ont pas la longévité des maisons des Bantou. La structure totalement végétale leur confère une certaine fragilité ; en l'absence de clous, l'ossature de l'ensemble est maintenue par des ligatures de liane qui, à moyen terme, ne peuvent s'opposer à l'affaissement de la case. La mise en chantier de la case de remplacement avant l'abandon définitif de la demeure croulante explique la mouvance relative de l'habitat Bagyelli au sein du village.

III- 2-2- Habitat moderne (ndabo)

L'habitat moderne Bakola/Bagyelli repose en majeure partie sur le modèle de construction bantoue, l'utilisation de glaise (mur en poto-poto ou mortier indigène) est présente dans l'ensemble des campements pygmées que nous avons eu à visiter. Un hameau est constitué de plusieurs modèles d'habitations. On peut observer des cases qui sont à la fois un mélange de traditionnel et de moderne. A l'observation, c'est le cas d'une bonne frange de maisons appartenant aux Bakola des hameaux de Ngoyang dont les murs sont faits à base de glaise et la toiture en panneaux de raphia (ndula mbasa).

C'est le modèle le plus présent dans les campements visités à Ngoyang et à Bidjouka grâce à son coût relativement très faible et la disponibilité des matériaux qui entrent en jeu dans la construction de ce type d'habitat. Toutefois, il faut souligner ici le fait que ce type de construction n'est pas propre aux seuls Bakola. Les Bantou peu nantis se construisent ce même modèle à la seule différence que les leurs sont un peu plus hautes et plus spacieuses que celles des pygmées. A côté de ces cases semi-traditionnelles, on note une amélioration de l'architecture des cases ou des maisons appartenant à des Pygmées sur le terrain. L'accès à l'habitat moderne fait partie aujourd'hui des signes de distinction et de richesse chez les

Bakola/Bagyelli des localités de Bipindi et de Lolodorf. La possession d'une maison aux normes modernes donne droit à son détenteur beaucoup d'estime de la part de ses pairs.

Grâce à leurs moyens propres, certains Bakola/Bagyelli ont réussi à bâtir des maisons modernes avec des tôles en aluminium (ndula bikwembe). Ceux des Bakola qui ont pu se construire ce type d'habitat sont devenus des cultivateurs et qui, par la suite, sont devenus des vendeurs de cacao. C'est le cas de certains Bakola/Bagyelli que nous avons identifiés à Matsindi et Nkouonguio à Ngoyang et Maschouer-Maschouer et Binzambo à Bidjouka.

Photo 11: Maison moderne bakola appartenant à Bang Bang Roger, cacaoculteur Source : Aristide Bitouga (Matsindi 2009)

Un autre groupe de Bakola qui ont « ouvert les yeux » grâce à leur niveau de scolarisation, se sont lancés dans l'exploitation forestière et ont engrangé des bénéfices qui leur ont permis de se construire des maisons modernes. C'est le cas de NGALLY Sadrack, qui est exploitant forestier dans le village de Ngoyang et dont l'activité a permis qu'il puisse se construire une maison qui fait la fierté du hameau de Nkouonguio. A côté de ces pygmées qui sont devenus de grands agriculteurs et de ceux qui s'exercent dans l'exploitation forestière, il y a une infime frange d'entre eux qui ont pu se construire une maison grace à leur réputation de tradipraticiens « très puissants ».C'est le cas du chef NKORO de Nkouonguio qui a bénéficié des largesses d'un patient qui a matérialisé sa reconnaissance par la construction d'une bâtisse qui figure parmi les plus respectables du village Ngoyang.

Le dernier groupe de Bakola/Bagyelli qui sont propriétaires d'habitations modernes le sont devenus grâce aux actions sociales et philanthropiques de certaines ONG qui portent un intérêt particulier sur les questions liées à l'habitat des Pygmées. Parmi ces Organisations Non Gouvernementales qui oeuvrent dans le secteur de l'habitat des Bakola/Bagyelli nous pouvons citer : RAPID, CBCS, FEDEC, SAILD, GRSP. Ces actions ont contribué à améliorer les

conditions de logements de quelques uns des Bakola qui ont été éligibles à ces différents projets de construction de maisons d'habitation. La photographie ci-dessous montre une de ces nombreuses cases qui ont été construites aux Bakola de Ngoyang.

Photo 12: Maison crépie appartenant à NZIE Simon construite par la CBCS Source: Aristide Bitouga (Mimbiti I, 2009)

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon