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Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/ Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou: contribution à  une ethno- anthropologie du conflit

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par Bernard Aristide BITOUGA
Université de Yaoundé I Cameroun - Master en anthropologie 2011
  

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III-4- BAKOLA ET REPRESENTATIONS CULTURELLES DES INFRASTRUCTURES SOCIALES

Toutes les sociétés, mêmes les plus ouvertes aux changements rapides et cumulés, manifestent une certaine continuité ; tout ne change pas et ce qui change ne se modifie pas en « bloc ». Ce point de vue est la résultante de la somme des observations que nous avons faites sur le terrain. En effet, que ce soit à Ngoyang ou à Bidjouka, il est très difficile d'affirmer que la construction des infrastructures sociales aux Bakola/Bagyelli a considérablement modifié leur vécu quotidien ou leur perception/représentation de l'habitat. Il devient dès lors intéressant que nous nous attardions sur les représentations culturelles des Bakola/Bagyelli au sujet de ces maisons dont ils sont les principaux bénéficiaires.

De prime abord, nous pouvons affirmer que tout comportement ou toute attitude de l'homme est une production de signification. Ce qui fait en sorte que le comportement des individus ne peut se comprendre que dans le jeu des signifiants et des signifiés. Il devient donc intéressant pour nous d'interroger les schèmes culturels des sociétés pour parvenir à comprendre le sens ou la place qu'elles donnent à un objet ou à un élément extérieur à leur environnement culturel. A ce propos, Jodelet dira :

Les représentations sociales sont des systèmes d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres qui orientent et organisent les conduites et les communications sociales. Les représentations sociales sont des phénomènes cognitifs engageant l'appartenance sociale des individus par l'intériorisation de pratiques et d'expériences, de modèles de conduites et de pensée42 .

Du foyer en passant par les maisons construites par la CBCS à Ngoyang et le hameau de Bidjouka-Samalè, il est question pour nous de dégager les processus qui déterminent

42 Jodelet, 1989 ; Les représentations sociales, Paris : PUF

l'appropriation de ces infrastructures par les Bakola/Bagyelli. Il nous revient dès lors dans le développement qui va suivre de montrer comment les valeurs, les normes sociales et les modèles culturels des Bakola/Bagyelli sont pensés et vécus par les concernés en rapport avec ces nouvelles maisons dont ils sont aujourd'hui les heureux propriétaires.

III-4-1- Les Bakola et les représentations culturelles des infrastructures sociales

La construction du foyer scolaire de Ngoyang bien qu'étant une émanation des Bakola eux-mémes n'a pas produit l'effet escompté. En effet, les objectifs du projet SAILD-APE visaient à augmenter le taux de scolarisation des enfants Bakola et la régression du phénomène des déperditions scolaires. Au regard des résultats obtenus sur le terrain, l'on ne saurait se satisfaire de la situation à Ngoyang. Le foyer, bien qu'appartenant aux Bakola, celui-ci n'a pas été intégré au « capital collectif » de la communauté. Les populations ne se sont pas approprié l'infrastructure pour faire d'elle une source d'émancipation. Les parents n'ont vu dans le foyer qu'une opportunité qui leur était accordée de se désengager du devoir d'envoyer leurs enfants à l'école. Que ce soit la gestion, l'entretien ou la participation communautaire à la survie du foyer, ils n'ont rien fait sur ces quelques aspects. Le foyer se mourait au jour le jour et cela se traduisait par l'état en friche des bâtiments qui composaient le foyer (dortoir, réfectoire, salle de fêtes, etc.). Le foyer est resté dans la tête des Bakola comme étant l'affaire du SAILD et par conséquent ils n'avaient aucune obligation au sujet de l'entretien et du maintien en bon état de cette infrastructure sociale. La photographie cidessous montre l'état de quasi abandon du foyer par les Bakola. On peut voir que le site n'est pas entretenu par ceux qui devaient en principe le faire à savoir les principaux bénéficiaires que sont les Bakola.

Photo 17: Foyer de Ngoyang a l'abandon et en friche Source : Aristide Bitouga (Ngoyang 2009)

Pour ce qui est du projet qui a conduit à la construction des maisons aux Bakola par la CBCS, nous pouvons dire que ce ne fut pas au départ l'émanation d'une volonté propre des Pygmées. Méme si aujourd'hui, on peut observer le fort engouement de ces derniers à solliciter la pérennisation du projet. En réalité, ceux-ci n'avaient pas été consultés au sujet de la mise en oeuvre de ce programme. Mais au demeurant, force est tout de même de constater que les bénéficiaires n'ont pas boudé leur plaisir de devenir propriétaires d'un nouveau type d'habitat qui n'était pour la grande majorité qu'une vue de l'esprit. Car, au regard de l'investissement que nécessite la construction d'une case moderne, très peu de Bakola peuvent s'offrir un tel luxe. Pour la grande majorité des Pygmées de telles maisons ne sont pas à leur portée. Seuls les Bantou, au regard des moyens dont ils disposent, peuvent s'en construire.

Le projet prévoyait que l'implantation de la maison, le tôlage et la pause des ouvertures seraient assurés par la CBCS ; Pour ce qui est du bourrage des murs de la case, cela reviendrait à chaque propriétaire de maison. Le bourrage terminé, il avait été convenu que l'ONG achevait les travaux de construction par le crépissage des murs. Mais les observations faites à Mimbiti nous ont permis de nous rendre compte que certains Bakola qui avaient bénéficié des implantations au courant de l'année 2003 en 2011 avaient été incapables de bourrer les murs de leurs maisons. La photographie ci-dessous montre une maison appartenant à un Nkola qui ne s'est pas préoccupé de bourrer sa maison. Femmes et enfants vivent dans ce hangar qui leur sert de logis.

Photo 18: Maison appartenant à un Nkola de Mimbiti et dont les travaux sont restés inachevés.

Source : Aristide BITOUGA (Mimbiti 2009)

Ce que nous pouvons retenir comme leçons de cette situation est que les Bakola ne se sont pas reconnus dans cette nouvelle forme d'habitat qui leur imposait pour être construite plus de travail et de sacrifice. La grande majorité des Pygmées des campements de Ngoyang

sont restés tributaires de leur habitat traditionnel et peinent de nos jours à s'accommoder avec ces maisons qui « sont venues des autres ». Nous pouvons également relever que la venue de ces maisons n'a pas eu une influence sur le mode de vie des Bakola.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius