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Aspects physionomico-structurauyx de la végétation ligneuse forestière dans les monts de Dhaya et de Tlemcen (Algérie occidentale )

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par Khéloufi BENABDELI
Université Djilali liabes de Sidi Bel Abbes Algérie - Doctorat d'état en sciences 1996
  

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7-2.3. Dégradation causée aux formations

Le parcours en formation forestière constitue un facteur très dégradant par son agressivité et les dégâts qu'il cause à la végétation et au sol. Source de suppression partielle ou totale du couvert végétal le parcours non réglementé impose le processus de dégradation suivant:

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- exploitation totale de la strate herbacée,

- consommation des jeunes pousses, semis et rejets,

- broutage de la strate buissonnante palatable,

- émondage de la strate arbustive.

C'est une régression constante où ne persiste que la strate arborescente ainsi que quelques espèces xérophytes, épineuses et vénéneuses qui forment la strate buissonnante, armature solide garante d'une pérennité de la couverture végétale régressive. FERLIN (1971) étudiant les problèmes sylvicoles dans la forêt de pin d'Alep souligne: " On devait donc avoir, a une époque où l'homme et ses troupeaux n'avaient encore que très peu pénétrer la forêt, une répartition normale des âges et des diamètres, que la dégradation progressive des conditions de la régénération a fortement perturbée, entraînant un tassement de plus en plus accentué vers les classes les plus âgées, en même temps qu'une diminution plus ou moins marquée de la densité du peuplement". De ce fait le parcours est un problème fondamental dans la gestion forestière, son indissociabilité de la forêt est certaine. Il est pris partiellement en charge dans la région depuis 1872 juste après les incendies de 1866 où TASSY in BOUDY (1948) dénonce le parcours comme:" la grande, l'immense plaie de l'Algérie". La situation n'a pas changé depuis et on se heurte toujours à des intérêts opposés où aucune concession n'est permise. Les dégâts causés par le parcours ont toujours été jugés de très importants et souvent catastrophiques comme en témoigne BOUDY (1948): " Leurs ravages sont toujours considérables, surtout dans les régions sèches, c'est à dire les plus nombreuses".

Le pâturage en forêt demeure un problème social et humain intervenant pour une large part dans la politique forestière. C'est un facteur de destruction redoutable qui a réduit presque toutes les formations végétales à des stades avancés de régression.

Plusieurs auteurs et spécialiste en la matière ont mis à la une le rôle destructeur de l'animal comme la célèbre phrase de PINON in BOUDY (1953) : " La chèvre a tué l'arbre, chassé l'homme, détruit la vie. C'est l'un des plus dangereux ennemis de l'humanité. Il ne s'agit pas de détruire la race caprine mais il est essentiel de la discipliner, la parquer, de limiter son domaine". Mais le pâturage en forêt est si ancien dans les moeurs des populations qu'il est impossible de ne pas penser à le valoriser pour nettoyer le sol des strates à l'origine du déclenchement et de la propagation des feux; mais le problème qui se pose est comment éduquer la chèvre ou les espèces pour concilier les deux.

L'analyse des périodes agricoles dans la région et au regard des vestiges de la végétation encore en place nous enseignent que les principales formations végétales qui colonisaient l'espace étaient: le pin d'Alep et le chêne vert, le thuya, le thuya et le pin d'Alep dans le semi-aride. Dans l'étage subhumide c'est toujours le pin d'Alep avec le chêne vert, le chêne vert et le chêne liège, le chêne liège et le chêne zeen. Bien sur l'agriculture et l'élevage ont évolué sur l'espace sylvicole après sa destruction. La première période de la région est sans la moindre hésitation forestière.

Le terme de parcours dans la région doit être compris comme étant un facteur de prélèvement permanent de biomasse verte ou sèche issu de terrain couvert par une végétation se développant naturellement est quasi-impossible de dissocier l'élevage et la forêt puisqu'un fort pourcentage de la population est rural (le plus souvent riverain de la forêt) vit d'élevage et ne possède pas de terres. Pour cette frange de population toutes les formations végétales sans exception sont des terrains de parcours.

Dans la région la conclusion émise par TOMASELLI (1976) est vérifiable puisque effectivement la population locale raisonne encore comme à l'époque romaine: " L'économie romaine considérait que le pâturage rapportait davantage que les cultures; d'ou la nécessité de l'étendre de plus en plus au détriment des forêts d'abord, puis du maquis et de toute forme de végétation limitant la nutrition et le passage des troupeaux".

La surexploitation des terrains de parcours n'est pas un fait nouveau, elle existe depuis le VIIIème siècle la création du tribulum (plateau en bois que hérissaient à sa surface inférieure des rangées de pointes de silex, remplacées par la suite par des pointes en fer) est une innovation assez

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considérable qui permettait de hacher les végétaux et faciliter leur utilisation par les troupeaux. Le surpâturage découle de la surexploitation, phénomène courant à l'origine de la dégradation de la végétation à cause d'une charge pastorale excessive qui prélève une biomasse supérieure à la production annuelle. Le surpâturage est une pratique usuelle généralisée dans la région se justifiant par un déficit permanent en unités fourragères qu'il faut combler dans les formations forestières d'autant plus que les autres terrains sont occupés durant plus de 8 mois par des cultures vivrières notamment la céréaliculture.

Les agressions du bétail sur la végétation proviennent de la répétition trop rapide de la tonte de l'herbe et des individus végétaux jeunes et de la surcharge par le piétinement. En prenant en considération la répartition de l'habitat par rapport aux forêts et la distance moyenne que peut parcourir un troupeau quotidiennement à la recherche de nourriture on peut affirmer que toutes les formations végétales de la région sont soumises à un parcours permanent (plus de 8 mois sur 12) et intense (en moyenne 7 ovins par hectare).

7-2.3.1. Impact chiffré de la pression animale.

Les facteurs agissants et déterminants sur l'intensité de l'agression sont nombreux et n'agissent indépendamment l'un de l'autre que rarement, très fluctuants et en étroite dépendance des conditions climatiques et du type de formation végétale, ils peuvent se résumer à:

- la période d'utilisation des formations comme terrain de parcours,

- la production d'unités fourragères par hectare,

- la charge pastorale moyenne acceptable et la charge réelle,

- le piétinement et la perte de biomasse consommable,

- la distance moyenne parcourue à la recherche de nourriture,

- la pénétrabilité de la formation végétale,

- l'appétence des espèces,

- le taux de mutilation des espèces après le passage du troupeau,

- le comportement de la végétation (aspect physionomico-structural).

- Période de parcours: difficile à déterminer avec précision puisque les formations végétales sont utilisées épisodiquement selon les saisons, la pluviométrie et le tempérament des gestionnaires. Généralement les formations sont utilisées quelque soit le cas de figure au moins 6 mois par an durant les périodes de septembre à novembre et avril à juin. Les jachères quand à elles soulagent les formations forestières durant 3 mois, de juillet à septembre. Ainsi la concentration des troupeaux en terrain forestier se situe de septembre à mai. C'est donc la politique de production agricole qui pousse l'élevage à utiliser les formations forestières car les spéculations pouvant retenir et offrir une alimentation appréciable aux troupeaux ne sont que très faiblement représentées dans l'occupation du sol. La solution de ce problème ne peut être trouvée que par une prise en charge au moins partiel de la production fourragère par le secteur agricole et les productions forestières ne doivent servir que d'appoint.

- Production fourragère forestière: comme nous l'avons vu précédemment cette production est tributaire du type de formation, de l'étage bioclimatique et du type de sol; les quantités moyennes d'unités fourragères produites dans le semi-aride sont de 140 à 155 et dans le subhumide de 200 à 260.

- Charge pastorale: c'est un élément fondamental pour déterminer si le type de parcours pratiqué est destructeur par une simple comparaison entre la charge réelle et la charge théorique possible. Le déplacement minimal observé chez les troupeaux à la recherche de nourriture est de 5.000 mètres exclusion faite de la distance parcourue au moment du pacage. La charge théorique minimale offerte par les diverses formations végétales de la région est de 0,4 et maximale de 6 ovins par hectare alors que la charge réelle observée est surprenante car elle se situe entre 5 et 23.

- Pertes de possibilités fourragères. La méthode de conduite des troupeaux et la carence en matière de prise ne charge des animaux font qu'une quantité appréciable (évaluée entre 20 et

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30% des disponibilités) est dépréciée. Cette perte est due essentiellement au piétinement, à l'émondage et à l'arrachage. La surface piétinée par ovin et par jour dépend de la structure de la formation végétale, de la pente du terrain, de la nature du sol, de la saison et de l'importance du troupeau. Cette surface a été évaluée entre 5 et 8 mètres carrés dans des conditions situationnelles difficiles et 7 à 13 dans des conditions moyennes et supérieure à 10 dans de bonnes conditions (terrain plat, formation ouverte etc..). La surface moyenne piétinée annuellement est estimée à 2500 mètres carrés soit plus de 50 U.F au minimum, cette surface est d'autant plus grande que le terrain se prête au parcours; elle peut atteindre jusqu'à 3500 mètres carrés.

- Distance parcourue à la recherche de nourriture: notion intéressante puisqu'elle permet de situer la sensibilité des différentes formations au risque de parcours. La distance minimale observée sur un troupeau représentatif pendant une semaine par saison est de 5.000 m et un maximum de 12. L'habitat épars abondant dans la région fait que pratiquement toutes les formations végétales sont soumises à un risque élevé de parcours car elles peuvent être atteintes par les troupeaux. La surface broutée est un paramètre de quantification important à maîtriser; elle est estimée entre 29 et 87 mètres carrés ce qui représente par année une surface de l'ordre de 1,5 hectare.

- Ouverture de la formation végétale: l'intensité et l'importance du parcours sont conditionnées en forêt par la structure de végétation et le taux de recouvrement des différentes strates. Le parcours est extrême quand la formation végétale ne présente que la strate arborescente à très faible densité (hypothèse vérifiée dans 87% des cas observés), il est moyen quand la végétation comporte une strate buissonnante ou arbustive et dont le taux de recouvrement est compris entre 30 et 45%, il est presque nul lorsqu'on est en présence d'une formation présentant toutes les strates avec un taux de recouvrement global supérieur à 70% (hypothèse vérifiée dans 67% des cas observés). Plus les espèces à forte présente ont une densité élevée plus le parcours est faible car la pénétrabilité est entravée.

- Appétence des espèces: les animaux imposent à la biomasse consommable une action sélective remarquable par ses conséquences sur la dynamique et la composition de la végétation. Toutes les espèces ne sont pas broutées de la même manière, différemment recherchées donc par les animaux, les espèces sont broutées à différents degrés ce qui perturbent leur fréquence et leur présence. Ainsi les espèces de forte appétence deviennent de plus en plus rares et sont remplacées par les espèces indésirables. On assiste à un phénomène d'éradication d'espèces connu dans ce domaine et qui impose une composition floristique particulière aux formations parcourues en permanence par les herbivores. Dans le semi-aride prés de 35% des espèces recensées sont broutées alors que dans le subhumide plus de 43% sont broutées, cela se traduit par une dégradation de la strate herbacée et buissonnante respectivement de l'ordre de 65 et 15%.

- Mutilation des espèces: c'est la résultante de tous les paramètres analysés précédemment dont les conséquences se répercutent sur la destruction à divers degré des espèces ligneuses participant activement à la structure te à la composition des formations végétales. Les espèces mutilées sont présentes dans les strates herbacée, buissonnante et arbustives ce qui fait du parcours un facteur dégradant redoutable qu'il ne faut en aucun cas négliger ou sous-estimer. Dans l'ordre de sensibilité aux actions de parcours et de l'importance de la mutilation susceptible d'être occasionnée on a pu classer les espèces ligneuses comme suit:

Tableau 21 : Mutilation des espèces forestières

Strates

Genre et espèce

Observations

Arborescente

Quercus rotondifolia

Faiblement dégradée

 

Juniperus oxycedrus

Très faiblement dégradée

 

Quercus suber

Fortement dégradée

 

Quercus faginea

Moyennement dégradée

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Ceratonia siliqua

Faiblement dégradée

Arbustive

Quercus rotondifolia

Moyennement dégradée

 

Pistacia lentiscus

Faiblement dégradée

 

Quercus coccifera

Fortement dégradée

 

Phillyrea angustifolia

Faiblement dégradée

 

Arbutus unedo

Fortement dégradée

Buissonnante

Stipa tenacissima

Fortement dégradée

 

Ampelodesma mauritaicum.

Moyennement dégradée

 

Cytisus triflorus

Non dégradée

 

Calycotome villosa

Non dégradée

 

Genista quadriflora

Non dégradée

 

Ruscus aculeatus

Très faiblement dégradée

Plus l'espèce est sclérophylle, xérophyte et épineuse moins elle est mutilée, plus le stade de dégradation est avancé dans l'aspect qualitatif de la composition floristique plus l'adaptation des espèces présentes aux agressions du troupeau est élevée.

- Comportement de la végétation: la pression du parcours sur la végétation est fonction du type de formation végétale, on retiendra pour toutes les formations de la région les conclusions suivantes:

- l'agression sur la végétation est extrême dans toutes les formations ouvertes, facilement pénétrables où ne subsiste que la strate arborescente avec une densité moyenne inférieure à 800 sujets par hectare. Les strates arbustives et buissonnantes sont totalement dégradées exception faite de quelques espèces très résistantes: Chamaerops humilis, Genista quadriflora, Calycotome villosa, Rosmarinus tournefortii, Cistus villosus dans l'étage semi-aride et Erica arborea, Astragalus lusitanicus, Cytisus arboreus, Genista erioclada, Viburnum tinus, Ampelodesma mauritanicum, Chamaerops humilis, Calycotome intermedia dans l'étage subhumide. Dés que le sous- bois disparaît, est absent ou son recouvrement ne dépasse pas les 20- 25%, la présence de la strate herbacée est importante offrant une biomasse consommable appréciable. Le sous-bois lorsqu'il existe n'est constitué que d'espèces buissonnantes, épineuses, non palatables sous forme de coussinet. Les jeunes pousses de printemps ne sont pas épargnées pour l'ensemble des espèces dés que le biovolume des espèces consommables est épuisé. C'est ce qui explique le maintien de la strate buissonnante à une faible présence et à une hauteur basse. Il faut retenir que la pression du parcours est extrême sur la végétation à tel point qu'elle n'est présente que par une strate arborescente moyennement représentée et une strate buissonnante très réduite.

- l'agression sur la végétation est forte quand la formation est facilement pénétrable et qu'on soit en présence au moins d'une strate (soit buissonnante soit arbustive) dont le recouvrement n'est pas inférieur à 30%. La strate arborescente est toujours présente par les espèces principales avec une densité supérieure à 600 sujets à l'hectare.

- l'agression est moyenne quand les trois principales strates sont présentes mais leur recouvrement global n'excède pas 60% ce qui diminue la facilité de pénétration, la strate arbustive bien représentée joue un rôle déterminant et entrave la libre circulation des animaux. L'absence de lumière contribue également à la diminution de la biomasse herbacée qui attire les troupeaux.

- l'agression est faible quand le taux global de recouvrement des strates arbustives et buissonnantes dépasse les 70% entraînant une pénétrabilité difficile entravant totalement tout mouvement de troupeaux, c'est une forme de lutte naturelle contre le parcours. Cette situation ne se rencontre que dans les maquis denses qu'on qualifie souvent de stade évolutif en équilibre avec les conditions écologiques du milieu. La diminution remarquable de la biomasse de la strate herbacée est le facteur déterminant à l'origine de l'atténuation de l'agression de la végétation par les animaux. Ces types de formations ne sont soumis à l'impact du parcours que lorsque les réserves fourragères facilement exploitables des autres formations ont été épuisées.

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Généralement l'action du parcours sur le couvert végétal se traduit selon la progression suivante:

1- destruction de la strate herbacée palatable,

2- mutilation partielle de la strate herbacée non palatable,

3- dégradation des espèces buissonnantes palatables accessibles,

4- destruction partielle des espèces buissonnantes non palatables,

5- mutilation totale des espèces palatables accessibles,

6- dégradation des espèces forestières au stade de semis,

7- destruction partielle des parties accessibles des arbustes,

8- limitation de la régénération par consommation des semences.

Les conclusions générales permettent d'avancer que c'est dans l'étage semi-aride que l'agression du parcours sur les formations végétales est la plus intense car la majorité des peuplements sont ouverts et la biomasse consommable se concentre à 80% dans la strate herbacée. Dans l'étage subhumide les formations dans leur ensemble présentent un taux de recouvrement global assez élevé, supérieur à 60% agissant sur la biomasse consommable par les animaux de la strate herbacée qui ne représente que 35% des possibilités offertes, c'est dans les strates buissonnante et arbustive que les prélèvements doivent être faits.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire