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Essai d'analyse écogéographique de la végétation sectorielle du Fiherenana

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par Nourddine MIRHANI
Université de Toliara Madagascar - Maà®trise en géographie 2007
  

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CONCLUSION GENERALE

Ce travail a mis en évidence l'existence de deux grands types de formations végétales constituées d'espèces anthropisées et naturelles. Le premier type a été introduit par l'Homme pour ses besoins ; par contre, le second pousse à l'état sauvage. La végétation anthropisée regroupe les espèces cultivées sur la digue de protection et les cultures. Les formations naturelles rencontrées dans la zone étudiée sont les galeries forestières à Tamarindus indica, les forêts denses sèches à Commiphora, les forêts denses sclérophylles de moyenne altitude, les forêts sèches à Didierea dégradées et/ou secondaires, les fourrés à Euphorbes, les savanes à Andropogon, les formations marécageuses à Typha angustifolia, à Phragmites mauritianus et les mangroves.

Ce milieu est dominé par le groupe ethnique Masikoro (85 à 90 %). L'agriculture emploie 82 % de la population. Les principales cultures adaptées au milieu sont le manioc, le maïs, la patate douce et le pois du cap. Ces cultures sont pratiquées dans des conditions archaïques et rudimentaires par un petit paysannat dans un milieu écologique fragile. Il s'agit d'exploitations sur « hatsake » et sur « baiboho ». La filière commerciale n'est pas organisée. Les produits agricoles sont acheminés vers les marchés de la ville de Toliara.

L'étude floristique a recensé 211 espèces pour environ 60 familles réparties dans différents sites et a permis de constater :

) que les familles les plus représentées sont EUPHORBIACEAE, FABACEAE, ACANTHACEAE et TILIACEAE.

) que sur des altitudes allant de 130 à 327 m, la densité floristique globale est de 20545 tiges/ha. La surface terrière et le potentiel en bois s'estiment respectivement à 22,87 m2/ha et à 38 m3/ha pour une densité de 4545 tiges /ha. La hauteur exploitable est de 2, 6 à 4,51 m.

) que la répartition spatiale de la végétation laisse voir un gradient floristique du SW vers le NE, la hauteur moyenne de la flore passe de 2 m (rebords du plateau à Miary : 52 m d'altitude) à 3,7 m (Behompy : 145 m d'altitude) pour arriver à 7,6 m à Ankorotsely : 326 m d'altitude). Les caractères xérophytiques diminuent suivant ce gradient. La faille de Toliara joue un rôle dans la phytogéographie.

) que sur les dunes paraboliques et sur les sables roux, une aire de 100 m2 renferme 17 à 19 espèces pour 10 à 13 familles.

) que l'aire minimale sur jachère à Andropogon est atteinte à 8 m2 avec 11 à 12 espèces.

) l'existence d'une trilogie de la recolonisation floristique : après la suppression du climax, l'exploitation agricole traverse une phase pionnière qui se traduit par un abandon de la terre au bout de 4 à 5 ans. L'évolution se poursuit d'une façon sélective pour arriver à un stade subclimacique si l'intervention humaine est absente.

) que lorsqu'un climax est détruit par défrichement, sa reconstitution prend une composition floristique différente de l'ancienne.

) qu'après coupe, certaine régénération se fait par rejet de souche. Seulement, ces plantes ont besoin de beaucoup d'années pour atteindre une taille acceptable pour l'abattage. Les statistiques fournissent une moyenne diamétrale de 7 à 10 cm, ce qui montre que dans nos sites beaucoup d'espèces n'ont pas encore atteint le seuil d'exploitabilité de 20 cm de diamètre fixé par la DGEF/IEFN (1996) pour les formations xérophiles du Sud.

) que les feux de pâturages répétitifs dégradent les sols, appauvrissent la couverture végétale et font reculer les lisières.

) que la sécheresse et les inondations menacent les formations marécageuses et les cultures.

) que la conservation des sols pour l'agriculture et la régulation des écoulements dépendent étroitement de la flore. Cette dernière constitue l'habitat principal de la faune. Ses intérêts ethnobotaniques et socio-économiques sont indéniables.

Toutefois, les besoins familiaux se sont accrus et le coût de vie a augmenté ces dernières années. Avec les migrations suivies d'occupations illicites, la nature n'a pas cessé de se détériorer. Poussés par la pauvreté, beaucoup de paysans pénètrent chaque année dans les milieux naturels pour défricher de nouvelles terres. Ce type de développement ne peut être en aucun cas durable. Ces avantages ne seront qu'à court terme. En effet, les bois sont transformés en savane par l'action de la hache et les savanes en pseudosteppe par les feux répétitifs. Jusqu'ici aucune mesure n'est prise pour la gestion de cet espace naturel.

La disparition de la flore dans ce milieu déclencherait de nouvelles dynamiques migratoires qui menaceraient les Aires Protégées et les sites sacrés. Une raréfaction du charbon, une surpopulation dans le centre urbain de Toliara et une << érosion coutumière » sont à craindre. Le milieu est exposé aux crues du Fiherenana et à la montée du niveau de la mer due à la variabilité interannuelle des éléments météorologiques traduisant l'hypothèse plausible d'un changement climatique. Mais le plus grand danger est la désertification. La pratique de cultures itinérantes sur brûlis a désertifié plusieurs hectares du sol. Les dunes sont en perpétuel mouvement. La hausse des températures et l'assèchement du Fiherenana sont déjà confirmés. La flore qui devait faire face à ces situations est menacée par l'Homme qui restera la principale victime.

Nous ne saurons pas clore cet exposé sans tirer la sonnette d'alarme car sous nos yeux, beaucoup d'espèces ont déjà disparu et d'autres sont en voie de disparition. Nous nous inquiétons également sur le sort de << HOMPY », un ligneux qui a donné son nom au village de Behompy et actuellement devenu très rare. La probabilité de le voir disparaître un jour est forte. Jean-Marie Pelt, dans une réunion liée à la conférence internationale sur la biodiversité de janvier 2005 tenue à Paris, tente d'alerter l'opinion publique en expliquant : << certaines espèces risquent de disparaître totalement avant d'avoir été découvertes. C'est une perte de savoir incontestable ». Déjà, des espèces ciblées par la population et figurant dans la liste rouge de l'UICN ne sont plus observées dans nos sites d'inventaire.

Sortir de ce cercle vicieux revient à améliorer les conditions de vie des paysans, à procéder à des aménagements par la construction des digues de protection agricole pour faire face aux crues, des bassins hydroagricoles pour compenser le déficit pluviométrique, par des reboisements annuels pour stabiliser le régime hydrique et par la création des réserves d'exploitation pour assurer la pérennisations de la couverture végétale... A l'heure actuelle, la meilleure façon de préserver la nature est de la monnayer par l'écotourisme. Nous espérons qu'en suivant la voie du DHD, nos dirigeants, nos chercheurs, nos ONG,... parviendront à réconcilier l'Homme avec son milieu naturel.

Ce travail n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, mais nous espérons qu'il contribuera au développement et à la gestion rationnelle du patrimoine naturel de la région. La nature est une bibliothèque dont plusieurs livres n'ont pas pu être consultés, il nous reste un long chemin à parcourir.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius