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L'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo. Cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC

( Télécharger le fichier original )
par Labité Sodjiné AGBODJAN-PRINCE
Université de Lomé - Maitrise ès-lettres et sciences humaines 2012
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE DE LOME

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
(FLESH)

DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

L'ETHNIE DANS LE FONCTIONNEMENT DES

PARTIS POLITIQUES AU TOGO : CAS DU CAR,
DE L'EX-RPT ET DE L'UFC

Mémoire
pour l'obtention du Diplôme de Maîtrise ès-Lettres et Sciences Humaines

OPTION : POLITIQUE ET COMMUNICATION

Présenté et soutenu par :

Sous la co-direction de :

M. AGBODJAN-PRINCE Labité Sodjiné

Dr AGBOVI K. Kwassi
Maître-Assistant
Département de Sociologie
à l'Université de Lomé

Et de

Dr AKOUBIA Koshi
Assistant
Département de Sociologie
à l'Université de Lomé

Juillet 2012

L'ETHNIE DANS LE FONCTIONNEMENT DES

PARTIS POLITIQUES AU TOGO : CAS DU CAR,
DE L'EX-RPT ET DE L'UFC

DEDICACE

A la communauté des Carmes Déchaux de Lomé.

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui nous voudrons témoigner toute notre reconnaissance :

- nous désirons remercier sincèrement M. Agbovi K. Kwassi qui malgré ses occupations multiples a su diriger ce mémoire de main de maître ;

- nos remerciements vont également à M. Akoubia Koshi qui nous a été d'un grand apport dans l'élaboration de ce mémoire ;

- sincère merci aux membres du jury pour leur disponibilité, afin d'évaluer ce travail ;

- merci au Corps Enseignant du Département de Sociologie pour leur formation donnée ;

- nous disons merci à papa et à maman pour avoir fait de nous ce que nous sommes ;

- nous adressons toute notre gratitude aux révérends pères Adzoguidzi Victor, Awunyo Festus et Ruiz Espirindio de l'Ordre des Carmes Déchaux, et à tous les Frères de la Communauté de Lomé, qui n'ont ménagé aucun effort pour la réussite de notre travail ;

- nous exprimons notre reconnaissance à toutes les personnes qui de près ou de loin ont contribué à l'aboutissement de ce travail, qu'ils soient bénis ;

A vous tous, nous disons un sincère merci.

SOMMAIRE

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL, METHODOLOGIQUE ET PHYSIQUE DE L'ETUDE

CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE CHAPITRE II : CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES - INTERPRETATION DES RESULTATS ET VERIFICATION DES HYPOTHESES - SUGGESTIONS

CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES

CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION DES HYPOTHESES ET SUGGESTIONS

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

TABLE DES MATIERES

LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES

ALLIANCE : Alliance démocratique pour la Patrie ANC : Alliance Nationale pour le Changement ANR : Agence Nationale de Renseignement

APG : Accord Politique Global

ATC : Association Togolaise des consommateurs CAR : Comité d'Action pour le Renouveau

CDP : Congrès pour la Démocratie et le Progrès

CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

CFA : Communauté Financière Africaine

CHU: Centre Hospitalier Universitaire

CINU : Centre d'Information des Nations Unies CNAO: Centre National d'Apareillage Orthopédique CNTS : Centre National de Transfusion Sanguine CUT : Comité de l'Unité Togolaise

CVJR : Commission Vérité Justice et Réconciliation

DGSCN : Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale DSRP-C : Document Complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FER : Fonds d'Entretien Routier

FPI : Front Populaire Ivoirien

FR : Fonds Routier

FRAC : Front Républicain pour l'Alternance et le Changement IDH : Indice du Développement Humain

INH : Institut National d'Hygiène

JUVENTO : Mouvement de la Jeunesse Togolaise

MNLA : Mouvement National pour la Libération de l'Azawad

MOE-Togo : Mission d'Observation Electorale de l'Union Européenne au Togo MPT : Mouvement Populaire Togolais

MSP : Ministère de la Santé Publique

OBUTS : Organisation pour Bâtir dans l'Union un Togo Solidaire

ONG : Organisation Non Gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unis

OTP : Office Togolais des Phosphates

PAS : Programmes d'Ajustement Structurel

PDCI : Parti Démocratique de Côte d'Ivoire

PIB : Produit International Brut

PIP : Programme d'Investissement Public

PMA : Pays les Moins Avancés

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PPTE : Pays Pauvres et Très Endettés

PTP : Parti Togolais du Progrès

RDR : Rassemblement Des Républicains

RPT : Rassemblement du Peuple Togolais

SDN : Société Des Nations

SNPT : Société Nouvelle des Phosphates du Togo

UCPN : Union des Chefs et Populations du Nord

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain UFC : Union des Forces de Changement

UNIR : Union pour la République

URSS : Union des Républiques Socialistes Soviétiques

UTD : Union Togolaise pour la Démocratie

INTRODUCTION

L'indépendance des Etats africains a fait miroiter pour quelque temps une lueur d'une vraie autonomie, focalisée autour d'une nation forte et unie, devant entrainer un développement effectif. L'Etat post-colonial dans le contexte africain n'a pas réussi à fonder une telle société qui serait l'expression d'un véritable Etat-Nation. Remarquons que depuis lors, la représentation de << l'image [de la nation] joue un rôle éminent dans le processus d'adhésion à l'idée de nation >> (R. Pourtier, 2010 : 153), créant un blocage systématique fonctionnel et structurel au niveau des Etats.

Juan José Linz, sociologue politique espagnol, a élaboré des modèles étatiques à partir des régimes totalitaires qu'il qualifie de << non démocratiques >>. De son analyse nous pourrons dire que les Etats africains répondent à certains de ces différents modèles : régimes du type << bureautico-militaire >>, << post-démocratique >>, << démocraties raciales ou ethniques >>, << multiethnique sans consensus >>. (J. J. Linz, 2006 : 174-441) On peut s'apercevoir que les régimes politiques des Etats africains, cinquante ans après les indépendances, se rapprochent encore aujourd'hui de ces modèles.

Les Etats africains après leurs indépendances ont connu au cours de leurs processus politiques, l'<< autoritarisme bourgeois >>, les coups d'Etat, le parti unique avec la << personnalisation du pouvoir >>, le népotisme, la dictature, qui ont conduit à un processus de démocratisation dans les années 1990. Ce processus entaché de corruption, d'élection truquée, de gouvernement patrimonial et clanique, de manipulation constitutionnelle, de multipartisme de pacotille, de manipulation ethnique... demeure un échec sur le continent.

En outre, ces difficultés rencontrées sont en partie expliquées aussi par le facteur ethnique. Ce dernier considéré comme vestige du passé est vu comme un nouveau paradigme de la situation politique actuelle africaine. (R. Pourtier, 2010 : 141-159) C'est une source de potentiels conflits qui minent l'Afrique, si cela ne l'est déjà.

Dans ces Etats qui sont issus de la colonisation, l'ethnicité se révèle comme l'un des obstacles au fonctionnement de la société. Elle plonge l'Etat dans l'incapacité d'assumer ses fonctions régaliennes et remet ainsi en cause le constitutionnalisme qui le fonde. L'usage de l'ethnicité confère de facto à des individus ou à des groupes, des missions qui rentrent dans l'exercice de l'Etat. Cet aspect consacre l'effondrement de l'Etat, et instrumentalisé, il est une bombe destructrice de la stabilité de l'Etat et du tissu social. (Zartman, 1997 : 3-14) Dans une recherche (Etude sur les dissensions ethniques et régionales au Togo) du Ministère des Droits de l'homme, de la Démocratie et de la Réconciliation réalisée par Boona Ketehouli en 2005, il

ressort de cela que << d'une manière consciente ou inconsciente l'homme politique utilisera les différences entre les ethnies et exacerbera les clivages nés de ces différences. L'action du politicien surclassera les préjugés et autres pesanteurs sociologiques. » (B. Ketehouli, 2005)

A tort ou à raison donc, les partis politiques pilotés par les politiciens revêtent un caractère ethnique remarquable, dans leurs fonctionnements et organisations structurelles, et aussi dans les milieux où leur côte de popularité est le plus en vogue. Nous pouvons dire que << les dirigeants africains ont tribalisé l'action politique en créant ou en réactivant des stéréotypes ethniques et régionalistes » (K. F.Hetcheli, 2007 : 82). Aussi, selon l'étude de Ketehouli, l'un des catalyseurs ayant joué un rôle néfaste dans la cristallisation des dissensions ethniques et régionales concerne les << partis politiques qui se créent sur des bases ethnico-régionales que sur la base de projets de société. » (Ketehouli, résumé, 2005)

C'est pour essayer de déterminer les facteurs explicatifs de la place qu'occupe l'ethnie dans le processus d'adhésion aux partis politiques et dans leur fonctionnement que nous avons mené cette étude. Le thème de l'étude est ainsi intitulé, << l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC ».

Qu'est-ce qui peut expliquer ou orienter l'attitude ethniciste des partis politiques ? Comment aussi, le peuple togolais se fourvoie-t-il sur ces questions de clivages, jusqu'à les cristalliser comme un agrégat légitime ou légal ? Les différences culturelles et ethniques sontelles incompatibles avec la paix sociale et les valeurs de la démocratie ? Le rôle que jouent les partis politiques, dans la civitas togolaise, montre-t-il que cette situation de précarité à laquelle est soumis le tissu social ou la cohésion sociale, c'est-à-dire le risque de dégénérescence d'un affrontement inter ou intra ethnique, peut être dépassé ? Voilà les quelques questions auxquelles nous tenterons de résoudre dans ce travail.

De toutes ces interrogations, notre étude ne prendra en compte que l'aspect du facteur ethnique qui touche de façon directe le fonctionnement des partis politiques. Nous nous limiterons dans ce cas à l'Union des Forces de Changement (UFC), au Comité d'Action pour le Renouveau (CAR) et à l'ex-Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), qui sont les trois (3) partis politiques représentatifs lors des élections législative de 2007 et présidentielle de 2010 et, qui ont marqué ou continuent de marquer la vie politique togolaise depuis des dizaines d'années. Il s'agira de voir comment le facteur ethnique influence, la formation des comités directeurs ou des bureaux exécutifs de ces partis et leurs activités sur le terrain.

Le rapport de la mission d'établissement des faits chargée de faire la lumière sur les violences et les allégations de violations des droits de l'homme survenues au Togo avant,

pendant et après l'élection présidentielle du 24 avril 2005, dit rapport Koffigoh, a suffisamment révélé cette situation : << la crise Togolaise s'est également traduite par une exacerbation du facteur ethnique et xénophobe dans la vie politique et sociale de ce pays >> et il en ressort également que << l'implication des partis politiques ne peut être écartée. >> (Rapport Koffigoh, 2005 : 35)

Le phénomène toujours présent de l'instrumentalisation de l'ethnie surtout sur le plan politique reste un défi pour l'Afrique et pour le Togo. Aujourd'hui encore, la politique est un cadre de groupement ethnique, que cela soit dans l'administration, ou dans le social, l'ethnie dominante est celle du parti politique en exercice. A en croire, tout concourt à maintenir une telle situation.

Pour la recherche ou pour ce présent mémoire, il s'agira dans une première partie de poser le problème et d'explorer ses contours, d'expliquer la méthode de collecte des données en décrivant l'instrument et en spécifiant la population-cible de l'étude à travers un cadre théorique, conceptuel, physique et méthodologique. La deuxième partie sera centrée sur la présentation, l'analyse et l'interprétation des résultats de la recherche, qui débouchera sur la vérification des hypothèses suivie de quelques suggestions ou recommandations à l'endroit des structures concernées.

- CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL

- CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE

PREMIERE PARTIE :

CHAPITRE I : CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE

I.1- JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

Dans le cadre de la présente étude, notre attention a été attirée par des échanges menés avec des amis, par des interventions sur les médias, par des discussions perçues entre des personnes dans la rue. A partir de ce que notre attention a saisi çà et là, nous avons pu établir de façon informelle qu'au Togo, on en vient à étiqueter certains partis politiques d'avoir une existence à dominance ethnique de celle du président du parti ou de son fondateur. Ainsi, parle-t-on de l'ex-Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) comme le parti des << Kabyè », du Comité d'Action pour le Renouveau (CAR) comme un parti des << Ouatchi », de l'Union des Forces du Changement (UFC) comme un parti des gens d'<< Aného » ou des << Ewé ».

Cette affirmation sans fondement au prime abord, nous pousse à mener une pré-étude dans ce sens, afin de voir jusqu'à quel point le facteur ethnique a un effet sur la structure et le fonctionnement des partis politiques.

L'effondrement du mur de Berlin, et par là de l'Union Soviétique au début des années 1990, a permis un nouvel essor dans la vie politique, économique et sociale de la plupart des pays africains. C'est un évènement dit salutaire, qui a enclenché un processus de démocratisation et d'instauration du multipartisme en Afrique. Dans le cadre de cette démocratisation donc, plusieurs partis politiques ont été créés au Togo pour compléter le RPT (en tant que parti unique) dont les principaux sont entre autres, le CAR et l'UFC.

Aussi, montre dans son analyse le rapport de la Mission d'Observation Electorale de l'Union Européenne au Togo (MOE-Togo) que l'attribution des sièges dans chaque circonscription électorale présente un pays divisé en deux entre le Nord et le Sud :

<< Les sièges du Nord ont été entièrement attribués au RPT tandis que les sièges du Sud ont été attribués dans leur grande majorité à l'UFC. Les sièges restant du Sud ont été attribués au CAR ainsi qu'un siège au RPT. La région des plateaux qui se situe entre le Sud et le Nord du pays est moins homogène. Les deux principaux partis se sont réparti les sièges : 12 pour le RPT et 11 pour l'UFC. » (Cf. Rapport MOE-Togo, 2007 : 55)

On constate donc par là que la victoire des partis politiques ou des candidats revêt un caractère quasi ethnique. (cf. annexe II)

Par ailleurs, le document Synthèse du rapport final de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) en son point concernant les partis politiques montre

<< qu'à partir des années 1990, avec le vent de la démocratie qui souffle sur le Togo, les nouveaux clivages politiques donnent l'impression d'une réédition des anciens affrontements ayant marqué les partis, voire d'une régionalisation et tribalisation à outrance du débat politique. En plus de cela, les rivalités et les conflits qui caractérisent les relations interpersonnelles des principaux leaders vont contribuer à accentuer les difficultés qui

jalonnent la marche de plus d'une décennie du pays vers l'Etat de droit. » (Synthèse du rapport final de la CVJR, 2012 : 5)

Ce rapport montre à quel point les partis politiques togolais sont imprégnés de l'aspect ethnique qui entre même dans la marge de manoeuvre leur servant de moyen de fonctionnement et de structuration.

En dehors de tout cela, il apparaît que lors de certains débats sur les médias de l'Etat ou privés, des personnalités invitées dans ce cadre, affirment avec regret que les principaux partis politiques au Togo sont etiquetés par rapport aux ethnies de leurs présidents. Même parfois, on entend des gens confirmer cela dans la rue lorsqu'il leur est donné l'occasion de s'exprimer sur l'ethnicisation de la vie politique au Togo. A partir de là, l'ethnicité semble aujourd'hui être au centre de la structuration de la réalité politique et même sociale au Togo.

Tous ces constats montrent que le phénomène d'ethnicisation des partis politiques au Togo est un phénomène social qui présente certainement un intérêt sociologique. D'où la nécessité de faire des recherches à ce sujet pour apprehender ce fait social dans toute sa dimension en partant de sa problématique.

I.2- PROBLEMATIQUE

Au lendemain de leur liberté institutionnelle et constitutionnelle, l'indépendance, de nombreux régimes politiques en Afrique ont basculé dans le désordre social et politique. Pour pallier cette situation, le système de parti unique fut instauré avec pour objectif de fédérer la compétence de tous, pour la création ou la consolidation de l'Etat-Nation. C'est de là qu'en 1969 un parti unique, le RPT est fondé au Togo et Etienne Gnassingbé Eyadema est élu à sa tête le 29 novembre de la même année ; parti qui vient tout récemment d'être dissout à son 5e congrès extraordinaire, le 14 avril 2012.

Le Togo, à l'instar de bon nombre de pays africains, étant dans des régimes « monopartisans depuis trois décennies, avec le prétexte de mettre ensemble les forces politiques au service du développement » (K. M. Kuakuvi, 2011 : 7), n'a que davantage renforcé sa « résistance du parti unique dont l'un des piliers les plus solides est l'armée, ce qui nous conduit tout droit au refus de l'alternance » (K. M. Kuakuvi, idem), entrainant le pays dans une crise sans fin. En effet, l'alternance hypothéquée, les centaines de partis politiques que compte le Togo deviennent des avatars idéologiques, une menace continuelle pour la stabilité sociale.

Le multipartisme fut alors considéré comme un risque de ralentissement du progrès social, mieux un gaspillage d'énergie dans la construction nationale. Il fut alors combattu et traité comme une véritable nuisance à la cohésion nationale. Il n'était plus question de la formation d'une équipe de rechange puisque par définition, celle qui est au pouvoir est la meilleure. (R. Danioué, 1997 : 156) A cet effet, Godinec rapporte que Julius Nyerere affirmait en 1963 ceci : « là oil il y a un seul parti oil ce parti s'identifie à la nation tout entière, les fondements de la démocratie sont plus solides qu'elles ne le seront jamais là oil il existe deux partis ou davantage dont chacun représente seulement une fraction de la communauté ». (J. Nyerere in Godinec, 1978 : 165)

Mais cette solution n'a pas satisfait les besoins et libertés de la population togolaise. En effet, pour Massina Palouki (1997 : 304) :

« le parti unique qui devait servir de lieu d'expression des différents courants d'opinion, et partant des moyens de démocratisation du pouvoir, a en fait servi à bâillonner les opinions différentes de celles émises par les organes centraux et à renforcer la puissance des gouvernants. »

Le régime du parti unique ressemblait, à ceux peints par La Bruyère cité par Dumont (1991 : 22) dans lesquels si « l'on doit se taire sur les puissants, il y a du péril à en dire du mal pendant qu'ils vivent et de lâcheté quand ils sont morts ». Les principales caractéristiques du monopartisme selon Maurice Pierre Roy (les régimes politiques du tiers monde, 1997) sont les manifestations obligatoires, le poids croissant de la police, l'altération des libertés fondamentales, la disparition de toute vie politique pluraliste, d'où l'absence de démocratie réelle.

Une démocratie forte et durable dépend de l'existence de partis politiques bien structurés et bien fonctionnels. Les partis politiques ont un rôle primordial dans la mise en commun de divers intérêts, le recrutement et la présentation de candidats, l'élaboration de propositions de politiques concurrentes donnant au peuple la possibilité de choix. Dans cette délicate tâche, les partis politiques sont confrontés à beaucoup d'obstacles, causant leurs impopularités du jour au lendemain, voire même leurs discrédits. Nous pouvons relevés, la diminution de leurs membres due à la transhumance politique, les fonctionnements drastiques imposés souvent par le système de parti, les méthodes de gestions faibles et peu démocratiques, sont des situations qui rendent entre autre la vie des partis politiques difficile.

Au Togo, les problèmes auxquels les partis politiques sont confrontés sont relatifs à ces mêmes réalités que nous venons d'évoquer. Leur fonctionnement rencontre depuis l'avènement du multipartisme des difficultés majeures qui endiguent la vie politique et sociale. L'analyse du fonctionnement de ces partis politiques demeure tributaire du paradigme

ethnique, malgré tous les garde-fous que la Charte des partis politiques adoptée en 1991 avait prévus.

Le facteur ethnique entrainant << la dissension ethnique >> dans nos partis politiques et par là dans notre pays se trouve être d'origine politique. En d'autres termes, il s'agit d'une manipulation politique. Pour cela, John Aglo affirme dans une communication à la (CVJR) que :

<< la thèse qui va être défendue ici est la suivante : il existe dans notre patrie le Togo des dissensions et que ces dissensions prennent souvent et non pas toujours des formes ethniques. Cependant, les vraies causes de ces dissensions ne sont pas à situer ni dans notre diversité ethnique ni dans notre diversité culturelle. En d'autres termes, les causes véritables de nos dissensions dites ethniques ne sont pas ethniques, elles sont ailleurs. Elles sont politiques. [...J Dès lors, la question qui consiste à savoir quelles sont les vraies causes de nos dissensions ethniques, devient : « comment la politique procède ou a procédé pour créer entre nous de dissensions pouvant avoir un impact si profond et miner de façon si désastreuse notre vivre-ensemble et nos principes métaphysiques fondamentaux ? >> (Les dissensions ethniques au Togo, 2012 : 1)

Le rapport de la MOE-Togo évoque quant à lui que :

<< selon plusieurs sources d'information, les allogènes ont été sujets à des pressions de la part du RPT et des propriétaires terriens afin de voter pour ce parti, l'un des arguments utilisés étant que si l'UFC remportait la majorité des sièges, ils seraient renvoyés vers leur région d'origine, le Nord. >>

Ce fait montre qu'au niveau des fonctionnements des partis politiques << la conquête et l'exercice du pouvoir >> se fondent sur l'achat de conscience, sur l'intimidation, et surtout sur la manipulation de l'outil ethnique ; l'un des paradigmes aujourd'hui de la vie politique africaine. Dans son oeuvre La politique du ventre (1989), Jean-François Bayard évoque à cet effet que, les situations des hommes politiques africains qui ne sont autres que le reflet du fonctionnement des partis politiques. Des exemples ne manquent pas pour justifier cette réalité.

En poussant notre curiosité à la vérification des affirmations soulevées, nous avons analysé la liste du comité directeur ou du bureau exécutif de quelques partis politiques.

En prenant le cas du bureau directeur de L'UFC mis sur pied au congrès du 12 août 2010 composé au total de 33 membres, nous remarquons que 21 des membres sont du Sud Togo soit 63,63% et parmi 21 membres 14 sont d'Aneho (Guin ou Mina) soit 66,66% des 21 membres. Le Nord, toutes ethnies confondues compte 12 membres soit 36,37% des 33membres. Ces chiffres montrent que la structure de ce parti à une dominance des gens du Sud.

En prenant également la composition du comité exécutif de l'Alliance Nationale pour le Changement (ANC) parti créé le 10 octobre 2010, qui s'élève à 17 membres, nous constatons que 5 membres sont du Nord (deux Kabyè, un Moba, un Kotokoli et un Bassar) soit un pourcentage de 29,41% et les 12 autres membres soit 70,59% sont du Sud. Dans ces 12 personnes, 10 sont Guin ou Mina soit un pourcentage de 83,33% par rapport au 12 membres du Sud.

Le CAR quant à lui dispose dans son bureau national exécutif de 25 membres, dont on peut déterminer l'origine ethnique comme suit : 18 membres sont du Sud, soit 72% et 7 membres du Nord soit 28%. Dans ces 18 membres, il y a 11 membres soit 61,11% qui sont de l'ethnie du président, c'est-à-dire qu'ils osnt Ouatchi et les 38,89% appartiennent à l'ethnie Ewé et Mina. Pour les membres du Nord 5 sont de la région de Sokodé et les deux autres de la région des Savanes. Cela montre une disproportionnalité dans la répartition des postes. Nous pourrions remarquer aussi, qu'après le départ du président fondateur Me Yawvi Agboyibor qui est Ouatchi, c'est un autre Ouatchi qui est actuellement président à savoir Me Dodji Apévon.

La situation de l'ex-RPT est un peu exemplaire sur le plan structurel. La composition de son comité directeur qui n'est que de 7 membres, tient compte de la diversité ethnique du pays ou comme ils le disent du << panachage ethnique ». En effet, seul le secrétaire général du parti est élu sans distinction. Les autres postes sont sujets à des nominations qui prennent en considération ce panachage. Ainsi, l'ex-secrétaire général étant Kabyè, son premier secrétaire est Moba, son second est Adja et les autres postes se répartissent entre Koktokoli, Ewé, Guin et Kabyè. Mais malgré cette parfaite répartition structurelle, un cadre du parti déplore que :

<< l'homme a tendance à faire confiance à sa cellule de base. Le parti étant dirigé par un Kabyè et comme les Kabyè lui doivent tout puisqu'ils pensent qu'il les a sauvés des griffes de Sylvanus Olympio, ils adhèrent tous à ce parti pour conserver le pouvoir et par gratitude. C'est ce qui continue aujourd'hui. En plus de cela, c'est mal vu aussi d'être Kabyè et de ne pas être du RPT ». Dans son fonctionnement donc, le parti est donc représentatif au niveau des organes, mais dans le fonctionnement et dans l'activisme, une ethnie en fait sa chasse gardée.

C'est pour éviter ces dérives de l'ethnicisme dans les partis politiques que la Loi Fondamentale du Togo en ses articles 6, 7 et 8 donne des orientations. L'article 6 spécifie que le rôle principal d'un parti politique est de concourir << à la formation et à l'expression de la volonté politique du peuple » avec une liberté de se former et d'exercer leurs activités << dans le respect des lois et règlements » et l'article 8 ajoute qu'ils << ont le devoir de contribuer à

l'éducation politique et civique des citoyens, à la consolidation de la démocratie et à la construction de l'unité nationale ». Tout cela ne peut se faire si les partis politiques revêtent un caractère ethnique. C'est ce que prévoit l'article 7 : les partis politiques << ne peuvent s'identifier à une région, à une ethnie ou à une religion ».

La charte des partis politiques de 1991 insiste aussi sur cet aspect. Il stipule dans son article 6 qu'<< aucun parti politique ne peut s'identifier à une région, à une ethnie, à une religion ou à une corporation », sous peine de sanction évoquée dans l'article 26 comme suit : << sera puni conformément aux lois en vigueur, tout dirigeant de parti politique qui, par ses déclarations publiques, écrits ou démarches, incite à la violence, au tribalisme, au régionalisme, au racisme, à la xénophobie ou à l'intolérance religieuse ». Mais on constate sur le terrain, fortuitement ou pas, l'opposé de ces législations.

Les conflits ou les dissensions ethniques émergent souvent dans les sociétés pluriethniques, lorsque l'Etat semble être dominé par un groupe particulier, ou lorsque toutes les instances publiques sont aux mains d'une même ethnie, comme le cas des responsables de l'armée (cf. annexe III), ou encore lorsque des communautés marginalisées vivent dans la pauvreté, le chômage et bien d'autres choses. C'est ce que souligne le rapport Koffigoh :

<< l'origine ethnique, notamment Kabyè, et l'appartenance ou l'allégeance au clan Eyadema, plus que toute forme d'idéologie politique ont constitué les critères fondamentaux de nomination aux postes les plus importants de l'appareil d'Etat et en particulier dans l'armée, l'appareil sécuritaire et les structures de gestion et de contrôle de l'économie. » (2005 : 35)

Par conséquent, << vu les aspects de clientélisme, et de tribalisme que le pays a connus et connaît depuis 1963, (avec ou sans statistiques, parce que les gens nient tout le temps le tribalisme, alors qu'il suffit de se rendre dans les ministères et d'ouvrir ses oreilles et ses yeux) » (M Kuakuvi, 2011 : 7), le Togo n'est pas loin de cette réalité ethnique.

En revenant au parti politique, l'adhésion qui se fait par rapport au projet de société que propose ce regroupement, laisse place à deux critères essentiels d'adhésion : les privilèges et avantages, et l'appartenance ethnique. Certains peuvent cumuler les deux. Ce qui fait que la constitution des partis politiques ressemble à une association de ressortissants ethniques qui oeuvre pour une bonne condition de vie.

La réalité s'apparente à une redevance que l'on doit à son groupe ethnique en adhérant au parti politique qui s'y rattache. A cet effet, un membre de l'ex-parti RPT dissout va jusqu'à déclarer lors d'une émission sur un média privé que << la dissolution de ce parti sera une libération pour l'élite kabyè, ayant été pour la plupart boursier. Car étant kabyè, ne pas appartenir à ce parti ressemble à une trahison, et par conséquent on est mal vu, vilipendé ».

Notons par ailleurs que, la structure de certains partis politiques depuis leur création, n'a pas changé de façon véritable. C'est soit le même qui est à la tête entouré de ses familiaux, soit il est parti, mais remplacé par un individu de la même localité que lui. Tout cela oriente aussi les activités de ces partis sur le terrain en les poussant à privilégier une population par rapport à une autre. Les précédents développements nous ont permis d'appréhender, de justifier et de mieux comprendre cette situation, objet de notre étude.

Au vu de tout ceci, l'on peut se demander qu'est ce qui pourrait expliquer qu'un demisiècle après les indépendances les dirigeants politiques togolais n'ont pas encore compris que l'exigence démocratique doit nécessairement subsumer (sens kantien), c'est-à-dire penser les ethnies comme un tout, une nation, pour son unification ?

L'influence qu'ont joué et continuent de jouer les partis politiques, dans la civitas togolaise, montre qu'avec une volonté bien déterminée, cette situation de précarité à laquelle est soumise le tissu social ou la cohésion sociale, c'est-à-dire le risque de dégénérescence en un affrontement inter ou intra ethnique, peut être dépassée. Qu'est-ce qui peut expliquer alors cette persistance vers l'attitude ethniciste des partis politiques ? Comment aussi, le peuple togolais se fourvoie-t-il sur ces questions de clivages, jusqu'à les cristalliser comme un agrégat légitime ou légal ?

Voilà quelques questions qui jalonnent notre étude et qui corroborent la question principale de notre problématique à savoir, en quoi l'appartenance à une ethnie conditionne l'accès à un parti politique et à son fonctionnement au Togo.

Les réponses à cette question ont été trouvées suite à la recherche proprement dite menée sur le terrain. Ainsi l'intention générale, le but de la recherche, ce que vise cette étude sont traduits en hypothèses et en objectifs.

I.3- HYPOTHESES

Afin de rendre notre étude plus scientifique, nous posons comme conjecture les différentes affirmations suivantes.

I.3.1- Hypothèse générale

L'ethnie est un instrument qui favorise l'accès à un parti politique et qui influence son fonctionnement.

I.3.2- Hypothèses spécifiques

De cette hypothèse générale, découle les hypothèses spécifiques suivantes :

· les partis politiques tiennent compte de l'aspect ethnique dans leur recrutement, ainsi que dans leur mode de fonctionnement ;

· l'ethnicisation des partis politiques cause la fragilisation du lien social et la cristallisation du clivage Nord et Sud ;

· l'amoindrissement du pouvoir de l'Etat provient de l'ethnicisation des structures des partis politiques.

I.4- OBJECTIFS

Les objectifs sont à une étude, ce que l'oeil est au corps. C'est par eux que l'on retrouve le but ou la finalité de l'étude, et l'on parvient à préciser les moyens par lesquels on aboutit à la recherche.

I.4.1- Objectif général

Démontrer le rôle que joue l'ethnie dans le processus d'adhésion aux partis politiques et dans leur fonctionnement au Togo.

I.4.2- Objectifs spécifiques

Pour mieux cerner l'objectif général, les objectifs spécifiques visent à :

· examiner l'influence du facteur ethnique sur le mode de recrutement et de fonctionnement des partis politiques ;

· montrer que l'ethnicisation des partis politiques peut être source de division et d'affaiblissement de la cohésion nationale ;

· déterminer les causes de l'ethnicisation des partis politiques et relever les conséquences de cette dernière sur la vie politique et sociale.

I.5- REVUE DE LITTERATURE ET CADRE THEORIQUE DE REFERENCE

I.5.1- Revue de litterature

La problématique des partis politiques ne peut être élaborée sans faire cas de la participation politique, principe même du multipartisme dans une démocratie. Ainsi nous avions consulté des documentations à cet effet pour asseoir une méthodologie de travail. Nous

nous sommes référés à des travaux précédents, qui nous ont permis non seulement de saisir de façon générale les théories explicatives de la participation politique, de l'ethnicisation de cette dernière, mais aussi de relever les avis du phénomène ethnique comme paradigme néocolonialiste de l'Afrique.

I.5.1.1- Les formes de la participation politique

La démocratie conçue comme le gouvernement du peuple implique la participation de ce dernier à la gestion du pays, dans la prise de décision politique..., et cela passe nécessairement par la participation politique. C'est ce que souligne ici le professeur Lavroff :

<< le fondement philosophique de la démocratie est la croyance dans la valeur de l'individu et dans son droit naturel à participer à l'organisation et à la gestion de la société. L'idée qu'il y a plus de sagesse dans la délibération de plusieurs que dans la décision d'un seul, fut-il le plus intelligent. C'est le postulat de base de la démocratie. » (1991 : 128)

La participation politique << est l'ensemble des activités, individuelles ou collectives, susceptible de donner aux gouvernés une influence sur le fonctionnement du système politique ». (P. Braud, 2008 : 442) On distingue dans ces différentes activités entre autres, le vote, l'éligibilité, l'appartenance à un parti politique ou organisation politique, la participation à une campagne électorale, la contribution au financement d'un parti politique ce qu'on nomme participation conventionnelle ; et les manifestations ou grèves illégales, la désobéissance civile, les affrontements avec les forces de l'ordre, la révolution, qu'on appelle participation non conventionnelle. (R. Danioué, 2009 : 14-23)

Aujourd'hui, l'analyse des sciences politiques reconnaît dans le vote une modalité essentielle de participation politique, raison pour laquelle Braud affirme que << bien loin d'être un simple choix d'hommes ou d'équipes, le vote s'inscrit dans un processus efficace de légitimation des instances de gouvernement si, du moins, la participation demeure à un niveau socialement acceptable ». (2008 : 446) L'activité proprement dite commence avec la démarche même de s'inscrire sur une liste électorale, garantie d'une possibilité de voter. Néanmoins, elle est encore présente dans cette attitude générale qui consiste à rechercher dans les médias une information susceptible de nourrir la discussion des événements d'actualité et surtout dans la perspective d'un vote, de se forger un jugement sur les personnalités politiques, représentant les partis politiques.

Par ailleurs, Pierre Favre lui, voit le seuil de l'engagement de l'individu lorsqu'il pose des actes qui l'associent à une action collective. Engagement non permanent dans la simple participation à des manifestations et des campagnes de mobilisations, engagement permanent

avec l'adhésion à des organisations de types associations politiques, syndicats ou partis politiques. Cette dernière peut demeurer passive ou recouvrir un activisme de grande intensité qui mobilise beaucoup de temps et d'énergie.

De là, l'auteur distingue 3 types de manifestations (P. Favre, 1990 : 32-36) :

- La première qu'il appelle << initiatrice >> a pour fonction majeure d'imposer sur la scène politique avec le maximum de visibilité, un enjeu ou un problème occulté par le jeu institutionnel. C'est de cette manière que dans les années 1990, les féministes en France ont réussi à faire prendre en compte leurs exigences concernant la législation de la contraception et de l'avortement, et les écologistes, une législation pour la protection de l'environnement.

- La seconde dite << routinière >> permet à des organisations de rappeler périodiquement leur capacité mobilisatrice et leur représentativité. Les mots d'ordre revendicatifs ont alors la double fonction d'exprimer les préoccupations du moment : défense du pouvoir d'achat et des droits de l'homme. Nous pourrons faire cas du Togo en 2009, où aux côtés de l'Association Togolaise des consommateurs (ATC), quelques partis politiques ont marché pour réclamer la réduction de << la vie chère >>. Aussi, en janvier 2012, les associations des droits de l'homme ont marché pour exiger le respect des droits de l'homme au niveau de l'Agence Nationale de Renseignement (ANR).

- La troisième enfin, est associée à des crises politiques globales. Forme violente de contestation.

Le plus important à souligner peut-être est la double dimension instrumentale et identitaire de toute manifestation, même si elle bascule souvent dans des proportions qui peuvent être fort inégales. Ainsi observe-t-on des connexions entre le jeu politique institutionnel et les rassemblements dans les rues. La capacité d'un parti à mobiliser ses partisans directement ou par l'intermédiaire d'une organisation de relais constitue une source politique importante, c'est-à-dire un moyen important de pression sur les gouvernements, sur les autres partis ou sur les partenaires sociaux. Encore faut-il que la manifestation soit perçue comme un succès, ce qui repose sur des critères d'évaluation numérique assez fluide, mais aussi sur l'intensité médiatique qu'elle a suscitée. La marche du Collectif << Sauvons le Togo >> du 12 et 13 à Lomé est illustratif de cela.

A cela s'ajoute aujourd'hui, de façon plus récurrente et plus subtile, l'aspect ethnique de la participation politique ; qui n'est qu'une manipulation d'une politique néo-colonialiste.

I.5.1.2- Ethnicité comme paradigme néo-colonialiste

La théorie politique du multiculturalisme mérite plus qu'une mise en congé expéditive. Les catégories de l'ethnicité peuvent contribuer à approfondir et à problématiser avec lucidité le Nouveau Monde social auquel nous avons affaire. Comme le dit Césaire, << il est temps de mettre à la raison, ces Nègres qui croient que la révolution, ça consiste à prendre la place des Blancs et continuer, en lieu et place, je veux dire sur le dos des Nègres, à faire le Blanc ». (A. Césaire, 1963 : 84) Nous devons prendre conscience alors des réalités auxquelles l'Afrique est confrontée et les prendre de façon raisonnable.

Au début des années 1990, certains chercheurs pensaient que le vent de la démocratisation et de la libéralisation économique allaient endiguer, sinon réduire le phénomène ethnique et tribal en Afrique. Mais Jean Marc Ela soutient que, << suite au désengagement trop prononcé de l'Etat dans la vie économique, le processus démocratique pourrait connaître un coup d'arrêt ». (Boukongou, 2002 : 8) Dans cette perspective et s'agissant de l'Afrique Centrale, Boukoungou note que les transitions démocratiques << ont été marquées par les clivages ethno-identitaires ». (Idem) En conséquence, l'ethnicité semble aujourd'hui plus que jamais, être au centre de la structuration de la réalité sociale, que ce soit au niveau de la société considérée globalement, qu'au niveau restreint des organisations, des associations, des partis politiques.

Beaucoup d'auteurs semblent s'accorder sur le fait qu'il y aurait un lien direct entre la décomposition de l'Etat en Afrique et le regain du phénomène de l'ethnicité. A ce propos, P. Hugon note que << dans les sociétés où l'Etat-Nation demeure en voie de constitution et où les réseaux personnels et les solidarités ethniques l'emportent sur l'institutionnalisation de l'Etat, la crise économique a renforcé la décomposition de l'Etat ». (1993 : 56) C'est cette situation d'affaiblissement de l'Etat qui fut pour certains pays avec l'instauration du multipartisme, à l'origine du développement du secteur associatif et des ONG.

Par ailleurs, le néo-libéralisme imposé par les institutions de Bretton Woods dans le cadre des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS), dicte la réduction de l'intervention de l'Etat dans l'économie ; l'Etat étant << l'ennemi » du néo-libéralisme. Dans ces circonstances où, comme le dit Ela, prévaut désormais << la mise sous tutelle de l'Etat africain », on va assister à l'accroissement et au renforcement des inégalités, à la marginalisation des groupes sociaux et à la dégradation des conditions de vie. Le rétrécissement de la fonction de l'Etat a entraîné donc d'énormes conséquences sur le plan social et humain, dont entre autres le mécontentement, les grèves, les rébellions, les guerres civiles...

C'est ainsi que, comme va le relever M. Dia, << le relâchement des liens entre l'individu et l'Etat a renforcé les liens entre l'individu, la famille et son ethnie ». (1994 : 198) Par là, la culture ethno-tribale devient une dimension importante dans la gestion des organisations et semble même constituer un des fondements de la logique du pouvoir africain. (Kamdem, Management et interculturalité en Afrique : expérience camerounaise, 2002)

I.5.1.3- Ethnicité, une nouvelle forme de participation politique

L'ethnicité n'a pas une appréhension unique. Sa compréhension et son usage reposent sur les dimensions qui sont privilégiées dans la pratique ou dans l'analyse. Ainsi dans l'appréhension de l'ethnicité comme une forme de participation politique, allons-nous nous appuyer sur deux approches théoriques (instrumentaliste et constructiviste) pour faire ressortir cette forme paticipationnelle, et aussi nous évoquerons la théorie du vote ethnique comme forme de participation politique ethnique.

I.5.1.3.1- L'approche instrumentaliste du facteur ethnique

L'approche instrumentaliste est un courant d'idée qui prend en compte la compétition politique autant que les pratiques politiques de l'exercice du pouvoir comme constitutives de réalités ethniques. Ce courant circonscrit l'ethnicité comme une idéologie servant non seulement à conquérir, mais aussi à exercer et à conserver le pouvoir. Dans ce sens, l'ethnicité fait état de l'appartenance à une communauté par rapport à d'autres et intègre de cette manière, la manipulation dans les relations socio-politiques afin de comprendre les dynamiques du politique que Bayart (l'Etat en Afrique. La politique du ventre, 1990, p. 288) perçoit comme une réappropriation de l'Etat par les ethnies.

C'est dans cette marge qu'il faut appréhender les nouveaux phénomènes sociaux qui sont apparus dans les années 1960 et 1970. Il s'agit notamment:

> Aux Etats-Unis :

- des émeutes dans les ghettos noirs des grandes villes au début des années 60,

- de l'ampleur du mouvement des droits civiques traduisant le désir de citoyenneté des

Noirs jusqu'alors exclus de la vie politique américaine formant un << groupe de pression »,

- des descendants des immigrés européens, entraînés dans le sillage des Noirs qui

commencèrent à mettre en exergue une prétendue spécificité ethnique au sein d'un parti.

> En Europe, au début des années 70, on enregistre des regains de mouvements régionalistes. La France, société assimilationniste par excellence, connaît une

floraison de mouvements bretons, occitans, revendiquant des égards particuliers et une reconnaissance culturelle.

> En Afrique et dans d'autres pays colonisés, on est face aux idéologies nationalistes qui revendiquent l'indépendance.

Dès lors, la pensée pluraliste commençait à se développer notamment par N. Glazer et D. P. Moynihan. Elle chercha à expliquer ce que signifiaient toutes ces revendications à la différence, à l'authenticité, à l'indépendance, à l'autonomie, à l'auto-détermination et à l'autosuffisance qu'exprimaient toutes sortes de minorités ethniques et raciales aux quatre coins du monde.

Michael Novak (The Rise of Unmeltable Ethnics, 1971) développe aussi une approche pluraliste traditionnelle de type primordialiste axé sur le caractère indestructible des identités ethniques, ces dernières semblant résister même à l'assimilation culturelle objective. Les événements qui marquent cette période permettent aux chercheurs en sciences humaines de mettre en évidence un fait nouveau. Cette ethnicité était différente des liens primordiaux traditionnels. M. Martiniello indique qu'il s'agissait << d'un phénomène identitaire neuf favorisant l'émergence de nouveaux acteurs politiques. » (op. cit., p. 56)

L'ethnicité est une forme d'identification, foyer effectif de mobilisation de groupe pour des buts politiques concrets. La contribution particulière de l'ethnicité à cette mobilisation politique est de fournir un idiome qui favorise la solidarité de groupe et qui d'une certaine manière dissimule les intérêts spécifiques communs pour lesquels la bataille est menée.

<< La nouvelle ethnicité est donc considérée non comme un résidu de l'histoire, mais comme une option stratégique particulièrement appropriée aux exigences de la mobilisation sociale et politique dans les sociétés modernes (...). L'ascension de cette nouvelle ethnicité est liée à l'élargissement des fonctions de l'Etat et à la nécessité de s'organiser selon les critères ethniques pour profiter des ressources distribuées par l'Etat dans le cadre de ses nouvelles compétences. » (M. Martiniello, op. cit. : 55)

Les approches instrumentalistes situent donc l'ethnicité comme ressource mobilisable dans la conquête du pouvoir politique et des biens économiques. Leur mérite est de montrer que l'ethnicité n'est pas une réalité primordiale ineffable, mais qu'elle peut évoluer en fonction des circonstances et dans une certaine mesure du choix des individus.

I.5.1.3.2- L'approche constructiviste

Dans les pays africains, après les indépendances, le rôle de l'État a été toujours de contrôler la mobilisation des groupes ethniques dans la vie politique afin d'éviter l'extension des conflits, raison de l'adoption un peu partout sur le continent du monopartisme.

Les Etats africains doivent être considérés comme des acteurs centraux dans la création, la reproduction et la mobilisation de l'ethnicité à travers la reconnaissance qu'ils octroient éventuellement aux groupes ethniques et à travers les processus qu'ils mettent en oeuvre en vue de les institutionnaliser.

Le cas de la politique d'équilibre ethnique et régionale au Rwanda est un cas d'école. En se référant aux travaux de J. Nagel et al. (1986), nous nous rendons compte que la reconnaissance et l'institutionnalisation de l'ethnicité dans la politique accroissent le niveau de mobilisation ethnique parmi tous les groupes ethniques et déterminent les frontières selon

<< lesquelles la mobilisation et le conflit ethnique vont se produire en fixant les règles régissant la participation politique et l'accès au pouvoir. Les mécanismes de construction politique de l'ethnicité peuvent être rangés en deux grandes catégories, la structure de l'adhésion et du pouvoir politique, d'une part et le contenu des politiques publiques, d'autre part. >> (M. Martiniello, op. cit., 61)

Selon J. Nagel toujours,

<< la mobilisation ethnique dans un Etat est probable lorsque les structures de la participation, de l'adhésion et du pouvoir politique sont organisées selon les clivages ethniques. La régionalisation et la reconnaissance institutionnelle de la participation ethnique notamment peuvent promouvoir la mobilisation ethnique. >> (J. Nagel cité par M. Martiniello, op. cit., p. 61)

Deux moyens permettent d'arriver à une participation politique ethniquement structurée :

- la reconnaissance constitutionnelle de l'ethnicité comme base pour la participation politique. Exemples de la République Démocratique du Congo, des circonscriptions électorales unilingues en Belgique.

- la régionalisation de facto de la représentation pour la faire coïncider avec les frontières ethno-régionales.

Dans les deux cas, les groupes ethniques sont transformés en groupes d'intérêts et par conséquent la compétition est accentuée.

L'approche constructiviste met en évidence des facteurs externes aux individus, notamment l'État, et nuance ainsi le choix rationnel sur les contraintes. Elle est utile pour expliquer les cas des politiques de certains pays qui se basent sur ce facteur ethnique.

Nous pensons que cette théorie, combinée avec la théorie instrumentaliste serait de bons instruments pour étudier l'ethnicisation de la vie politique des pays africains et par là l'influence ethnique sur les partis politiques.

I.5.1.3.3- Le vote ethnique

Le vote est un phénomène complexe. C'est un acte personnel, mais qui s'inscrit dans des démarches collectives, des cultures et des traditions. La sociologie électorale en Afrique noire ne saurait se faire sans considération des études en cas par cas.

Dans une démarche explicative, Théodore Bakary (1985 : 64) tente de prouver pourquoi l'ethnicité serait source des attitudes électorales. Il démontre que, plus que les programmes, ce qui importe en compétition électorale, c'est l'identification des électeurs à un candidat considéré comme un << natif du terroir ». A ce propos, les programmes électoraux importent peu en définitive dans les pays africains, puisque les choix se portent d'abord sur les candidats et non sur les idées.

Bakary part du postulat que dans les sociétés africaines, les appartenances ethniques déterminent très souvent les comportements politiques même si cela n'est pas systématique. Pour lui, le choix électoral effectué par les votants lors des scrutins organisés dans les systèmes politiques d'Afrique subsaharienne est largement présenté comme le point de chute des sentiments de solidarité, de loyauté et d'allégeance témoignés par les électeurs à leur groupe ethnique d'appartenance et non comme une volonté d'obtenir des avantages personnels. Il va loin en disant que << l'unité de base en politique ne serait pas l'individu, mais le groupe défini comme une somme d'individus liés par une origine tribale, une langue, des croyances ésotériques ou encore une cause commune chapeautée par des intérêts similaires dans une unité ethnique articulée. » (Op. cit, p.66)

Conscients de l'influence qu'exerce l'ethnie sur les attitudes électorales, les gourous politiciens s'en servent intelligemment pour étancher leur soif du pouvoir politique. A ce propos, J.-P. Chrétien dit de ne pas négliger le rôle controversé de l'Occident dans les manipulations ethniques pendant les élections en Afrique. Cette récurrence de vote ethnique en Afrique amène Chrétien à dénoncer les circuits occultes par lesquels s'opèrent les soutiens des colonisateurs au tribalisme africain qui n'ont pour visée essentielle que de nourrir des manoeuvres de la géopolitique internationale. (Les ethnies ont une histoire, 1989)

Il faut noter aussi que, les démocraties avancées ne sont pas non plus épargnées de l'ethnicisation des votes. En France, à la différence de ce qui se passait dans les pays anglosaxons ou même en Belgique, les campagnes électorales ont longtemps ignoré le facteur ethnique. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. La logique de la diversité a conduit à une ethnicisation des listes et des candidatures aux élections municipales. Et, pour la première fois en France à l'occasion de l'élection présidentielle de 2007, le vote ethnique s'est manifesté de

manière puissante. Le vote ethnique n'a pas changé le résultat du scrutin, mais il a accentué l'écart entre Royal et Sarkozy.

Le déterminant ethnique est très important donc dans le vote comme forme de participation. Les acteurs politiques en ont bien conscience et jouent sur cet aspect. Il faut là reconnaître comme P. F. Gonidec que « malgré les attaques dirigées par les hommes politiques africains contre le tribalisme, il n'est pas douteux que ce phénomène joue un rôle important en matière électorale dans tous les Etats oil les ethnies demeurent bien vivantes ». (1978 : 255)

Ce qu'il faut alors décrier, c'est la récupération politique du phénomène ethnique pour exclure d'autres ethnies dans la gestion du pouvoir d'Etat. Le problème est plus profond que ce que l'on suppose, car en Afrique l'immaturité politique des électeurs d'une part, et l'analphabétisme d'autre part se posent avec acuité. Aussi longtemps que l'analphabétisme sévira dans ces sociétés, le phénomène restera réel.

I.5.1.4- Approche ethniciste des partis politiques

Au Togo, nous ne pouvons parler de partis politiques qu'à partir du milieu des années 1950, c'est-à-dire après la conférence de Brazzaville, elle-même suivie par l`adoption de la loi-cadre de 1956. Les partis politiques ont toujours existé jusqu'à nos jours, exeptée la période du parti unique qui a duré près de deux décennies. Bien qu'ils existent, il faudra attendre la pression de l'Union européenne sur le gouvernement en 2002, conduisant à une signature d'un accord en 22 engagements et la facilitation du dialogue politique national, pour que le régime du président Gnassingbé Eyadema concède l'espace politique à la démocratie pluraliste.

Pour les analystes politiques, l'influence du facteur ethnique sur les partis politiques est un obstacle encore plus drastique à l'évolution démocratique des Etats africains en général et du Togo en particulier. Ces critiques si elles sont fondées, isolent le phénomène de son environnement socio-historique.

Aussi si ce phénomène peut avoir un impact à court terme sur la vie politique à raison de l'usage ethnocentrique que certains leaders politiques peuvent faire de leurs partis politiques, il reste que les ethnies sont une composante intégrante et intégrée de la population Togolaise et qu'à ce titre l'ethnicisation sera à coup sûr perceptible quels que soient les cas de figure qui peuvent être envisagés dans un avenir très proche.

Ceci explique aussi le fait que les partis politiques tiennent de plus en plus compte des origines ethniques dans la désignation de leurs candidats aux différents postes fonctionnels et aux différentes consultations politiques. Analysant ce phénomène, P. F. Gonidec estime que

« dans tous les cas, le problème ethnique revêt une importance capitale dans les Etats où le polyethnisme continue de caractériser les structures sociales, car même dans les grands centres urbains, les solidarités ethniques demeurent solides et informent la participation à la vie sociale. » (Op. cit : 173)

Ce problème qui est à la fois complexe en ce qu'il compromet les données d'une saine démocratie, s'est particulièrement exprimé et vérifié lors de l'élection présidentielle de 2010 au Togo. Le candidat de l'ex-RPT d'alors, Faure Gnassimbgé a eu plus de voix au Nord surtout dans sa localité natale, et son adversaire Jean-Pierre Fabre de l'UFC d'alors a remporté presque toutes les voix du Sud. (cf. Annexe II)

L'ethnicité est tour à tour comprise, selon Poutignat et Streiff-fenart (Théories de l'ethnicité, 1995), comme une extension de la parenté, une revendication d'intérêts communs, un reflet des antagonismes économiques, un système culturel et un système d'interaction sociale. Vu sous cet angle, le phénomène ethnique appliqué aux partis politiques renvoie à des formes variées de structuration et de fonctionnement du lien social.

Cela remet en cause la question de la démocratie interne et du fonctionnement efficace des partis politiques, un problème majeur commun aux partis politiques dans les pays d'Afrique, dont le Togo n'est pas du reste.

I.5.2- cadre de reference theorique

Le nouveau paysage de la politique africaine multipartiste reste fortement influencé par l'instrumentalisation du phénomène ethnique. (P. Hugon, 2009, p. 67)

A cet effet, en arborant le modèle psychologique de l'analyse des comportements politiques, basé sur le déterminisme social évoqué par l'école de Columbia sous l'égide du sociologue américain Paul Lazarsfeld (The people's choice, 1994), qui soutient que les caractéristiques sociales telles que le statut socio-économique, la religion et le lieu de résidence, sans oublier le rapport historique agissent sur la psychologie des acteurs sociaux, nous décelons l'impact de l'ethnie dans la situation politique actuelle du Togo.

Appliquée à la situation des partis politiques, qui eux-mêmes sont souvent sous l'effet de l'ethnicisation, on ne peut que dire comme Lazarsfeld qu' « une personne pense politiquement comme elle est socialement. » (1944 : 27)

Pour aller plus loin, prévoir le vote d'un électeur revient aussi à connaître l'orientation et l'intensité de son attitude à l'égard des divers objets politiques (candidats, partis, programmes). Cette théorie de l'identification partisane avancée par les tenants de l'université de Michigan, sous le nom de paradigme de Michigan, rentre dans le dynamisme des votes ethniques que l'on remarque un peu partout dans nos pays. On adhère au parti politique ou l'on vote un candidat ayant un lien ethnique avec nous.

Il y a aussi la conception de l'ethnicité comme reflet des antagonismes économiques. Elle se focalise, sur le problème de rapport économique entre des groupes ethniques organisés en catégories rivales dans un champ de compétition. Cela se déplace dans les secteurs d'activités, où la rivalité est plus considérée. D'inspiration marxiste, cette théorie reconnaît au groupe ethnique la même fonction sociale que celle attribuée aux classes sociales dans un système capitaliste. (E. Balibar et I. Wallrstein, Race, Nation, classe. Les identités ambiguës, 1997) Nous sommes face alors, à une classe des dominants et à une classe des dominés, conjecture qui va bien avec la réalité Nord / Sud au Togo.

Cette étude tente d'approfondir ainsi la théorie du déterminisme comme justifiant l'influence ethnique sur la participation des individus dans la vie politique ; et tente de considérer le rapport ethnie/classe sociale, comme une instrumentalisation à des fins politiques.

I.6- CLARIFICATION DES CONCEPTS OPERATIONNELS

La définition des concepts est une étape essentielle dans la compréhension d'un thème d'étude en sciences sociales. Le chercheur doit expliquer ou définir les principaux concepts qu'il étudie, afin de lever toute équivocité dans la compréhension. Pour cette étude, les concepts suivants ont été retenus :

Ethnie

La question ethnique constitue aujourd'hui un passage obligé de toute étude sur l'Afrique. Le mot ethnie est apparu en 1896 dans la langue française, chez le théoricien du racisme Georges Vacher de Lapouge, qui distingue les races qui ont selon lui une base biologique et les ethnies une base linguistique et culturelle (Amselle et M'Bokolo, 1999 : 14). Du grec ancien éthnos c'est-à-dire << groupe d'êtres d'origine ou de condition commune, nation, peuple », elle désigne selon le dictionnaire Robert un << ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre de caractère de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture ». Elle se distingue de la race qui concerne les caractères biologiques et

morphologiques liés à des ancêtres communs et non à la culture ; et se rapproche néanmoins de la tribu et du clan, qui lui est une << division ethnique de la tribu».

Tout compte fait, la tribu se définit comme une subdivision de l'ethnie, une forme d'organisation sociale dont les membres sont liés essentiellement par la communauté de langue, de culture et de terroir. L'usage de ce concept a été accentué en langue française depuis le XIXe siècle, avec pour intention de classer les sociétés auxquelles on déniait une évolution. Ainsi, sous cette appellation étaient représentées durant la période coloniale les sociétés amérindiennes, africaines, océaniennes et certaines sociétés asiatiques, en les présentant comme des sociétés sans histoire, autrement dit comme des sociétés dont les membres ne participaient pas à une humanité commune (J.-L. Amselle, 1999 : 11-48). Mais avec

<< les Anglo-Saxons, tribe s'applique aux sociétés lignagères, pour les distinguer de celles qui vivent dans les collectivités de type étatique. Les auteurs français parleront aujourd'hui plutôt de groupe, ou de minorité ethnique, mais le mot tribu a longtemps été d'usage courant et il l'est parmi les Africains francophones pour désigner l'ethnie. » (R. Pourtier, 2010 : 144)

Par conséquent, tribu et ethnie dans ce travail revêtent la même signification.

EthnicitéL'ethnicité est le caractère ethnique de quelque chose, ce qui comporte des caractères spécifiques à une ethnie. Max Weber définit l'ethnicité, dans Economie et société comme étant le sentiment de partager une ascendance commune, que ce soit à cause de la langue, des coutumes, de ressemblances physiques ou de l'histoire vécue. L'ethnicité est un concept qui << vise donc à rendre compte, d'un point de vue sociologique, de la façon dont les acteurs sociaux utilisent les catégories ethniques dans leurs interactions sociales » (Lexique de sociologie, 2010). C'est alors un concept technique dans la recherche, qui permet l'étude des impacts économique, social et politique de la société en terme ethnique.

L'ethnicité comme donnée primordiale est une approche développée par Shils (1957) qui met l'accent sur la prédominance de l'héritage culturel issu des ancêtres d'une communauté et transmis aux différentes générations successives. L'ethnicité est vécue comme une forme d'héritage collectif par différentes personnes se reconnaissant des liens fondamentaux visant à préserver l'unité et la stabilité de la communauté d'origine.

Ainsi, elle découle directement de l'ethnie. Cette notion est aussi le fondement de la notion d'identité. (cf. R. Pourtier, 2010 : 116-160)

Ethnicisation

L'ethnicisation n'est alors que l'attribution des avantages, de la cause d'un fait divers, d'un événement ou d'un phénomène économique, social, culturel, ou le plus souvent d'ordre public (délinquance, trafic, émeute, violence, insécurité, etc.) à des fractions de populations identifiées préférentiellement, non par leur position, leur condition sociale ou leur compétence, mais par l'origine ou l'identité ethnique qui leur est dans le même temps attribuée.

L'ethnicisation se présente comme un processus qui conduit les catégories ethniques à accéder à des niveaux élevés dans la vie sociale, dans leur interaction et même dans la politique.

Groupe ethnique

Max Weber définissait le groupe ethnique dans Economie et Société comme :

<< ces groupes humains qui nourrissent une croyance subjective à une communauté d'origine fondée sur des similitudes de l'habitus extérieur ou des moeurs, ou des deux, ou sur des souvenirs de la colonisation ou de la migration, de sorte que cette croyance devient importante pour la propagation de la communalisation - peu importe qu'une communauté de sang existe ou pas. >>

De cette définition, il ressort que le groupe ethnique chez Weber a pour aspect primordial, une caractéristique culturelle. C'est la même conception qui prévaut de nos jours, pour aller contre celle des ethnologues coloniales pour qui la race désignait tout bonnement ce qu'on appelle aujourd'hui le groupe ethnique.

De nos jours les expressions groupe ethnique ou communauté ethnique désignent un groupe humain possédant un héritage socioculturel commun, comme une langue, une religion ou des traditions communes. C'est un ensemble ethnique dans lequel << la conscience ethnique se traduit par le sentiment d'appartenance à un seul et même groupe, différent de celui des autres. >> (M. S. Bamba et G. Gonnin, 1989 : 168)

Démocratie

Selon son étymologie Démos et kratos (pouvoir du peuple), la démocratie désigne le régime politique dans lequel le pouvoir est entre les mains du peuple.

Dans l'antiquité grecque, c'est un régime politique dans lequel les citoyens décident en votant à la majorité et puis tirent au sort lesquels d'entre eux seront chargés de tel ou tel office pour une période déterminée. Pour Bertrand Russel, dans Histoire de la philosophie occidentale (2002), le pouvoir politique revient aux citoyens, et c'est le sens véritable du mot

démocratie. Une démocratie pure peut fonctionner aussi longtemps que l'on peut rassembler tous les citoyens sur la place du marché. Ainsi, elle est conçue comme un modèle constitutionnel et désigne donc une forme d'organisation de la «Polis».

Dans la conception politique moderne, son usage et sa signification ont connu une extension considérable. Cette extension s'accompagne d'un changement de statut : la démocratie ne désigne plus un régime parmi d'autres, mais « elle est un idéal universellement reconnu et un objectif fondé sur des valeurs communes à tous les peuples, indépendamment des différences culturelles, politiques, sociales ou économiques. » (C. Djabaku, 2012 : 9) Elle serait donc conçue comme une sorte d'idéal-type wébérien dont les réalisations concrètes jalonnent l'histoire mouvementée des peuples à travers l'espace et le temps. Elle intègre aussi le concept de citoyenneté fondé sur le respect des normes civiles, des normes politiques et des normes économiques et sociales. Mais l'aspect qui nous intéresse dans ces définitions de la démocratie, c'est la vision athénienne reprise par Russel.

Parti politique

C'est une organisation politique durable, qui a pour objectif la conquête du pouvoir politique et dont l'apparition est généralement liée à l'existence d'un parlement ou d'élections (partis issus des comités électoraux et groupes parlementaires au 19e siècle comme c'est le cas en Grande-Bretagne), mais qui peut aussi se développer dans un régime dans lequel les élections n'offrent pas le choix entre plusieurs tendances (parti unique).

Pour Weber, le parti politique relève de la notion d'entreprise politique, pour signifier que des individus mettent leurs ressources ensemble pour peser sur l'échiquier politique et forment ainsi une structure bureaucratique grâce à la rationalisation de leurs activités sociales. Il se définit de façon concrète comme « des organisations, relativement stables, qui mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du pouvoir politique au niveau central et/ou local ». (P. Braud, 2008 : 519) Il adopte une structure juridique d'où son institutionnalisation (Duverger) et a une capacité de mobilisation (Oberschall).

Multipartisme

Il est un système dans lequel plusieurs partis politiques luttent pour accéder au pouvoir. Favorisé par le mode de scrutin proportionnel, il provoque des instabilités gouvernementales qui peuvent être corrigées par l'adoption d'un mode de scrutin majoritaire.

Le multipartisme est un élément capital de la démocratie puisqu'il engendre les libertés d'expression, d'opinion et d'association. Dans ce genre de régime, avec la liberté de la presse, c'est l'une des garanties qu'ont les citoyens du contrôle du pouvoir exécutif.

Pluralisme politique

Le pluralisme est un système admettant l'existence d'opinions politiques et religieuses, de comportements culturels et sociaux différents, au sein d'un groupe organisé ; chacun des groupes qui composent le système fait preuve de tolérance et de respect envers les autres, permettant une coexistence harmonieuse sans volonté d'assimilation des autres groupes. (Dictionnaire Le Petit Robert)

En politique, le pluralisme est un système d'organisation, qui reconnaît et accepte la diversité des courants d'opinions, de leurs représentants et des partis politiques. Il peut cependant aller au-delà du simple multipartisme selon le degré de liberté d'exercice de la politique qui est accordé aux partis et le rôle que leur confèrent les institutions.

Système de partis

Un système de parti désigne les relations qu'entretiennent les divers partis politiques d'un Etat entre eux. C'est un concept comparatif dans la science politique qui permet de « comprendre le fonctionnement d'un parti que dans ses reports d'interdépendance et d'opposition avec les autres partis ». (Lexique de Sociologie, 2010) L'idée est que les partis politiques présentent des similitudes de base : ils contrôlent le gouvernement, ont une base stable de soutien populaire de masse, et créent des mécanismes internes pour le contrôle du financement, de l'information et des nominations.

Le concept a été développé par des chercheurs européens qui étudient aux États-Unis, en particulier James Bryce et Moisey Ostrogorsky , et a été étendu pour couvrir d'autres démocraties. Giovanni Sartori a conçu la méthode de classification plus largement utilisée pour les systèmes de partis, distinguée par le nombre effectif de partis . (Partis et systèmes de partis. Un cadre d'analyse, 1976). Le système de parti conditionne largement la nature et la portée de l'action d'un parti au sein d'un système politique et peut donc jouer sur sa stabilité.

Paradigme

Ensemble de propositions conventionnellement acceptées dans tout ou partie de la communauté savante, à partir desquelles se construit une tradition de recherche. (T. Kuhn, La

structure des révolutions scientifiques, 1983) Claude Dubar, sociologue français, donne une interprétation sociologique du paradigme en ces termes :

« C'est le lien entre une vision de la société et une manière de faire de la sociologie. On voit donc bien, ici, que la clé de compréhension d'une théorie scientifique, c'est la relation entre l'image que les scientifiques se font du monde (l'image du social, si l'on parle de sociologie) et la manière dont ils procèdent pour produire leurs résultats. » (Faire de la sociologie, un parcours d'enquêtes, 2006)

Vie politique

C'est tout ce qui entre dans la conquête et l'exercice du pouvoir politique. Elle prend en compte la gestion des biens publics, l'organisation de la société sur le plan social, économique, éducatif, sanitaire et politique. Elle détermine aussi le fonctionnement des institutions publiques et la réussite de la politique étrangère d'un pays.

CHAPITRE II : CADRES PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

II.1- CADRE PHYSIQUE OU CHAMP D'ETUDE

II.1.1- Présentation historico-politique du Togo

Historiquement, le Togo tire son nom de celui du village appelé Togodo, sis au bord du lac Togo, aujourd'hui appelé Togoville. L'attribution de ce nom au pays remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle. Ancien protectorat allemand (1884-1914), par la signature d'un traité entre l'explorateur allemand Gustav Natchigal et le roi Mlapa III de Togoville à Baguida, le Togo actuel suite au partage survenu après la défaite de l'Allemagne à la Première Guerre mondiale sera confié à la France, mais placé sous mandat de la Société Des Nations (SDN). Le Togo-Britanique quuant à lui est confié à la Grande-Bretagne, rattaché au Ghana indépendant en 1956.

L'aspiration du Togo actuel à l'indépendance l'a placé sous mandat de la SDN. Mais il a été placé sous tutelle de la France entre de 1919 à 1958, date à laquelle opta pour son autonomie lors d'un référendum organisé par l'ONU. Deux plutard, le 27 avril 1960, le Togo accéda à son indépendance. Il est doté, depuis le 14 octobre 1992, d'une constitution démocratique caractérisée par la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. L'une des difficultés du Togo se situe au niveau de sa diversité ethnique, à l'instar de la plupart des pays d'Afrique.

Si dès l'origine jusqu'à la moitié des années 1950, une certaine harmonie régnait au
sein des groupes ethniques en Afrique, contrairement à ce que pense Balandier Sociologie
actuelle de l'Afrique noire
, 1982 : 58), cette cohérence a été mise à mal de manière ouverte
depuis l'application de la loi déferre (loi-cadre ou loi Déferre adoptée par le parlement
français le 23 juin 1956 et mise en application à partir de 1957) qui consacrait la nécessaire
décentralisation administrative et la participation des indigènes à la gestion de leurs propres
affaires, donc la participation à la vie politique. Cette nouvelle organisation par le jeu des
formations politiques a forgé au cours de cette période, les bases de la différenciation ethnique
entre groupes, et plus tard favorisé une hiérarchisation entre eux dans la conquête du pouvoir.
En outre, l'application des recommandations de la Conférence de Brazzaville,
convoquée le 30 décembre 1944 par le chef de la France libre, le général de Gaulle est
considérée à juste titre comme l'une des étapes majeures d'une évolution qui devait conduire
à la décolonisation de l'Afrique noire française, a permis à des partis politiques de se lancer
dans la lutte pour l'indépendance, conséquence directe du contrôle de la vie politique

togolaise. Nous pouvons citer : Comité de l'Unité Togolaise (CUT), Parti Togolais du Progrès (PTP), Mouvement de la Jeunesse Togolaise (JUVENTO), Mouvement Populaire Togolais (MPT), Union des Chefs et Populations du Nord (UCPN). En prenant l'analyse de TétéAdjalogo dans son oeuvre Histoire du Togo publiée en 2008, << deux courants d'opinion >> suffisent pour classer les partis politiques togolais d'alors.

Soit, ils optent pour le radicalisme, car << convaincus de la maturité de leur peuple, [ils] demandaient la réunification ethno-territoriale et l'indépendance immédiates de leur pays >> ; soit, ils optent pour le réformisme << disant que l'immédiateté de ce but se confond avec de l'aventurisme, prônaient une démarche progressive, en << amitié >> et en << collaboration franche >> avec la métropole. >> (Tété-Adjalogo, Op.cit. : 167) Au-delà de cet aspect idéologique il faut d'ores et déjà souligner l'important de l'ethnicisation de ces structures que ce soit sous la main manipulatrice du Colon, ou par les actes mêmes des citoyens togolais.

Ce qu'il faut reconnaître pour le courant radical, c'est l'influence qu'il a eue sur la partie Sud du Togo. L'organisation de leur bureau politique sur tout le temps qu'il a duré est composée de plus de 90% des personnalités sudistes. (cf. annexe IV)

Même après les indépendances beaucoup de reproches ont été faits à l'encontre du gouvernement de Sylvanus Olympio, qui usait de représailles contre ceux qui n'approuvaient pas l'indépendance du Togo et surtout ceux du Nord du pays considérés comme étant à la solde du colon. Comme l'écrit W. O. Yagla << il est vrai que, au lendemain de sa victoire, le pouvoir « cutiste » a fait dresser des barrages dans le Nord du pays dont les habitants sont présumés être hostiles au gouvernement et à l'administration, lesquels, composés en majorité de personnalité évé et mina. >> (L'édification de la nation togolaise, 1978 : 95)

Même dans son discours prononcé à l'occasion de la fête nationale de la libération (le 13 janvier 1973) Eyadéma revient sur les événements qui ont poussé l'armée à prendre le pouvoir.

<< Il y a dix ans, votre armée intervenait dans la vie politique du pays pour libérer le peuple togolais de l'emprise d'un parti qui avait : confisqué la liberté des citoyens au profit de ses seuls partisans, érigé en lui l'arbitraire, le tribalisme et le népotisme, et fait de l'Etat sa propriété personnelle. [...J Ce n'était pas pour passer de la dépendance de l'étranger à la dictature d'une minorité de leurs propres frères qu'ils avaient retrouvé la dignité d'hommes libres ! >> (Togo-Presse 12 janvier 1973 in C. Toulabor, 1986 : 209)

Tout cela montre l'aspect ethniciste du pouvoir au début de la vie politique du nouveau Togo indépendant. Mais ce phénomène ethnique sera plus accentué après l'arrivée au pouvoir en 1967 de Etienne Eyadéma avec la création en 1969 du parti unique, le RPT.

A cet effet, Comi Toulabor écrit :

<< bien que, pour le général Eyadéma, « les associations des ressortissants des différentes régions autorisées et créées ne doivent pas être interprétées comme ayant une coloration régionaliste ou tribaliste » (Togo-Presse, 30 août 1979), l'on doit reconnaître que la pratique effective du pouvoir consistant à désigner son ennemi en termes primordiaux, à centraliser certaines institutions de l'Etat, l'armée en l'occurrence, autour des Kabyè, l'ethnie présidentielle, à répartir systématiquement les postes et les ressources nationales en termes régionalistes et tribalistes, bref la politique de gestion des groupes ethniques, contribue à introduire une émulation dangeureuse parmi elles, à les mobiliser dans une surenchère de soutien au régime. Le pouvoir leur a conféré un statut de groupe de pression quand ce n'est pas de parti. Et les « sudistes », parce que le grand distributeur des ressources n'est pas les leurs, mais pour le séduire, vont jusqu'à coupler militantisme avec délation, croyant par cette tactique obtenir une école, un dispensaire, un puits pour la localité. Le discours politique condamne à coups de slogans et chansons le tribalisme et le régionalisme, mais comme ailleurs en Afrique, le pouvoir tend à les activer. » (1986 : 210)

Ce survol historique nous fait constater que la manipulation du référent ethnique par le politique, le plus souvent par l'entremise des partis politiques, a expliqué par elle-même tous les débordements qui ont jalonné la vie politique togolaise. A cet effet, les partis politiques au Togo sont depuis confrontés à ce danger d'ethnicisation, que cela soit de la part des colonisateurs pour uniquement préserver les intérêts de la métropole, ou que cela soit de la part des citoyens togolais par manque de maturité pour arriver à un sursaut patriotique, ou par ambition effrénée du pouvoir.

Depuis le début des années 1990, après une longue période de parti unique, le régime cède contre le vent de l'Est, vent démocratique soufflant sur tous les pays en développement, suite à la destruction du mur de Berlin et à la dislocation de l'URSS (Union des républiques socialistes soviétiques). Une crise politique profonde s'installe, conduisant le pays à la Conférence Nationale Souveraine. Cela met fin à la troisième république, tout en donnant le ton à une transition démocratique avec la promulgation de la IVe république le 27 avril 1991, et bien avant, la promulgation de la charte des partis politiques en avril 1991 ouvrant la voie au multipartisme.

D'une façon générale, depuis 1991 à 2008, la politique togolaise est essentiellement marquée par une série d'événements majeurs. Outre l'adoption des textes sus-cités, il s'agit des élections législatives de 1994, 1999, 2002, 2007, l'organisation des élections présidentielles de 1993, 1998, 2003, celle de 2005 due au décès du président Gnassingbé Eyadéma le 5 février de cette année, et celle de 2010. Il faut reconnaître que de toutes, celle de 2005 a été plus sanglante faisant selon le rapport ONU près de 800 morts et selon le rapport << Koffigoh » environ 400 morts, et cela hormis le fond contestataire et frauduleux dont elle a été. On citera aussi, les << 22 engagements » pris par le gouvernement en avril 2004 avec l'Union Européenne (UE) pour une reprise des coopérations.

Mais la crise sanglante de 2005 après une série de concertation a conduit les protagonistes (le gouvernement, les représentants des partis politiques et de la société civile) à la signature sous la facilitation du président Burkinabé Blaise Compaoré, d'un Accord Politique Global (APG) le 20 août 2006 à Lomé. C'est la mise en oeuvre de cet APG qui a abouti à l'organisation en octobre 2007 des élections législatives anticipées qui se sont déroulées sans violence et de façon plus ou moins transparente. Ces élections ont ainsi ouvert la voie à la reprise de la coopération avec l'Union Européenne et les institutions financières internationales.

En définitive, la politique togolaise est caractérisée depuis la restauration de la démocratie en 1991 par la médiatisation des principes démocratiques. Mais, en dépit de la cohabitation politique qui avance à grands pas, force est de constater que l'ethnicisme ou le tribalisme demeure un handicap qui remet toujours en cause les progrès démocratiques acquis. A l'issue de la dernière élection législative le paysage électoral est fortement basé sur le régionalisme que sur le programme politique des candidats.

II.1.2- Présentation du cadre légal des partis politiques

Les partis politiques comme nous l'avions mentionné plus haut, sont des éléments de participation à la vie politique. Ils sont une des conditions de la démocratie. Au Togo, ils sont régis par une charte adoptée le 12 avril 1991 sous la loi N°91-04. Leur création nécessite le respect de plusieurs règles.

Ainsi, au Togo la charte des partis politiques définit les critères ou les conditions dans lesquelles un parti politique peut être créé. En son article 10, la charte dispose que « nul ne peut être fondateur d'un parti politique s'il ne remplit les conditions ci-après :

> Etre âgé de 25 ans au moins ;

> Avoir la nationalité togolaise d'origine ou acquise depuis au moins 10 ans ; Jouir de ses droits civils et politiques ;

> Etre domicilié au Togo. >>

L'article 11 dans ses alinéas 1 et 2 dispose que « les fondateurs d'un parti politique doivent être au minimum au nombre de 30 provenant des 2/3 au moins des préfectures. Est considéré comme provenant d'une préfecture, le citoyen qui en est originaire ou qui y réside depuis plus de cinq (5) ans. >> Nous pouvons dire que cette disposition a favorisé la prolifération des partis politiques, car de par la trajectoire sociale des individus, occupant des fonctions administratives ou privées, nombre de personnes sont mobiles sur le territoire.

L'exemple de l'enseignant ou du fonctionnaire qui au profit des affectations a vu sa famille s'élargir et en même temps devient originaire des milieux où il a eu à travailler. De fait les enfants ou les petits enfants de l'enseignant de part leurs trajectoires peuvent réunir les 30 personnes. Les articles 12 à 16 viendront corroborer les formalités pour la création d'un parti politique.

Par ailleurs, quelques dispositions ont été prises pour éviter la catégorisation des partis politiques de part l'appartenance ethnique et autres. L'article 3 dans son alinéa 3 dispose que les partis politiques pour sauvegarder un ordre démocratique doivent dans leurs objectifs, programmes, déclarations et activités << proscrire toutes formes de tribalisme, d'ethnocentrisme, de régionalisme, de racisme, de xénophobie et d'intolérance religieuse >>. Ils ne peuvent en aucun cas << s'identifier à une région, à une ethnie, à une religion ou à une corporation >> stipule l'article 6.

Plus loin dans le Titre IV concernant des sanctions applicables aux partis, l'article 26 nous dit ceci :

<< Sera puni conformément aux lois en vigueur, tout dirigeant de parti politique qui, par ses déclarations publiques, écrits ou démarches, incite à la violence, au tribalisme, au régionalisme, au racisme, à la xénophobie ou à l'intolérance religieuse.

A défaut de dispositions pénales réprimant de tels faits, le dirigeant sera puni des peines prévues à l'article 25 de la présente Charte. >>

Toutes les dispositions nécessaires existent pour empêcher les partis politiques d'aller vers la dérive d'un phénomène ethnique, qui n'est autre qu'une forme de ségrégation, d'exclusion, de marginalisation et de division sociales au sein d'une société.

Les troubles socio-politiques des années 1991 à 1994 ont permis au Togo de faire une relance au niveau politique grâce à l'adoption d'une constitutuion et d'une charte des partis politiques.

Depuis lors, la création des partis politiques ne fait qu'augmenter davantage. D'une dizaine en 1994, aujourd'hui selon le ministère de l'Administration territoriale, les partis politiques s'élèvent à 92 en 2011.

II.1.3- Historique des partis politiques concernés par l'étude

La présentation de ces partis politiques choisis pour l'étude nous permettra de voir la place que chacun d'eux occupe ou a occupé dans la vie politique du Togo, afin de déceler son importance pour cette étude.

II.1.3.1- Le parti CAR

Le Comité d'Action pour le Renouveau est le tout premier parti politique de l'opposition créé le 30 avril 1991, tout juste après l'adoption de la Charte des partis politiques le 12 avril de la même année. C'est le début du multipartisme au Togo et le début du processus démocratique. Son premier président fut Me Agboyibo Yawvi, remplacé lors de son 3e congrès ordinaire en septembre 2008 par Me Apévon Dodji. A sa création, le CAR comportait trois vice-présidents à savoir : Me Hegbor, M. Ali Diabacté et Me Apévon Dodji ; et comme secrétaire général le Professeur Afan Houenou Madji.

Le CAR a marqué de façon exceptionnelle les grands moments de la vie politique togolaise. En 1994, il a remporté 36 sièges sur les 81 au parlement et devrait former avec l'Union Togolaise pour la Démocratie (UTD), de l'opposition également, la majorité au parlement. Mais l'UTD avait accordé son siège au RPT pour pouvoir bénéficier du poste de premier ministre, mettant l'opposition en minorité face au parti au pouvoir.

Le CAR a par ailleurs, boycotté l'élection présidentielle de 1993, pour dénoncer le refus de la candidature du candidat de l'UFC, qu'il jugeait anti-constitutionnelle. Le RPT avait remporté cette élection à plus de 90% de voix.

Le CAR s'est impliqué dans la reprise de la coopération du Togo avec l'UE, en février 2001. En effet, suite à la répression d'une marche de protestation du CAR en septembre 1999 contre la tenue des élections législatives non transparentes, l'UE avait suspendu sa coopération avec le Togo. Pour rétablir cette coopération, un accord de << 21 engagements >> a été pris par le gouvernement et les partis politiques.

L'implication de ce parti dans la résolution des troubles suite au décès du feu président Eyadéma Gnassingbé en 2005, a conduit à la signature de l'APG en août 2006. C'est le responsable de ce parti qui a conduit le << gouvernement d'union nationale >> à l'organisation des élections législatives de 2007, élections que les observateurs, entre autres l'UE, l'UA, la CEDEAO, ont qualifié de << transparentes et paisibles >>.

Le CAR est considéré comme le parti << des causes des déshéritées >>, le parti des << sans voix >>. Ainsi, cherche-t-il à être davantage proche du peuple à travers ses actions dans le respect des droits de l'Homme1, de la liberté publique, de la défense de la démocratie et de la promotion de l'Etat de droit, de la promotion d'une politique d'apaisement. Cela se traduit

1 Rappelons ici que Me Agboyibo Yawvi a été le promotteur de la Commission Notionale des Droits de l'Homme (CNDH) avec feu Eyadéma Gnassingbé, qui fut créée le 21 octobre 1987. Me Agboyibo fut son premier président.

dans ses actions sur la scène politique. Le parti est dans sa 21e année et est toujours présent dans la vie politique du pays.

II.1.3.3- Le parti ex-RPT

L'ex-RPT est créé le 30 novembre 1969, par Eyadéma Gnassingbé, présidentfondateur, suite à l'appel historique lancé à Kpalimé le 30 août 1969. Il s'agit d'un parti unique ou parti Etat qui regroupait toute la population togolaise sans distinction. Le RPT s'est ensuite conformé à la charte des partis politiques du 12 avril 1991, adopté suite au processus de démocratisation dont l'une des exigences est le multipartisme.

Ainsi, au congrès de novembre-décembre 1991, le RPT dans l'article 1er de son nouveau statut, change de dénomination. Il passe de son identité de << parti unique » à celle de << parti politique », tout en gardant la même idéologie que celle du RPT parti unique. M. Amedegnato Vigniko est le secrétaire général du nouveau RPT. Il est remplacé au congrès de novembre 1994 par M. Drama Dramani, qui, reconduit en 1997, est remplacé par M. Sama Koffi en 2000. M. Drama Dramani reprend le secrétariat général de 2003 en 2006, un an après le décès du président-fondateur.

C'est finalement M. Solitoki Esso qui prendra les rennes du parti jusqu'à sa dissolution au 5e congrès extraordinaire le samedi 14 avril 2012 à Blitta, 275 kilomètres au nord de Lomé ; pour << renaître à Blitta en Union pour la République (UNIR). Après le rassemblement, il faut penser à UNIR, c'est le souci du Chef de l'Etat » selon les propos d'un responsable du parti.

Le RPT est un parti qui a oeuvré pour la paix, l'union, la solidarité, les droits de l'Homme, la démocratie, le progrès et le développement du Togo. Très attaché à la protection et à la promotion des droits humains, le RPT a fait siens l'ensemble des instruments pertinents en la matière. D'après l'idéologie de ce parti le plein exercice des libertés individuelles et collectives est la condition essentielle pour l'épanouissement et le triomphe de la démocratie (cf. Préambule du Statut du parti).

Le RPT a marqué la vie du Togo pendant ces cinquante dernières années. C'est le parti qui était au pouvoir depuis 1969 jusqu'à sa dissolution en 2010. Des différentes élections qui ont eu lieu, le RPT les a remportées avec une majorité absolue mais avec beaucoup de contestations. La dernière en date est celle de 2010 pour laquelle, certains partis politiques regroupés sous le Front Républicain pour l'Alternance et le Changement (FRAC), continuent de protester par des << marches » tous les samedis.

II.1.3.2- Le parti UFC

L'UFC a été créée le 1er Février 1992, quelques mois après le rétablissement du multipartisme au Togo, en tant que fédération de partis politiques se réclamant de l'héritage du CUT (1941-1967), suite à la suppression du parti unique,. En raison de divergences majeures, certains partis politiques ont quitté la fédération vers le milieu de l'année 1993, avant que celle-ci ne se transforme en un parti politique unifié. Son premier président est Gilchrist Olympio, fils du premier président togolais Sylvanus Olympio. Il est toujours l'actuel président du parti.

En Août 1993, le candidat du parti UFC, s'est vu exclu du preocessus électoral. Ainsi, il n'a pas pu participer à la première élection après l'ère du parti unique. Il a boycotté les législatives de février 1994, pour d'après ses propos « ne pas légitimer le retour de la dictature au Togo ». Il prend alors la tête de l'opposition extra-parlemmentaire. Ce fut aussi le cas pour celle de 2002. Néanmoins le parti a participé à toutes les élections présidentielles tenues au cours de ces dernières années. Bien que les résultats officiels ne le donnent pas gagnant, il a toujours revendiqué la victoire.

Le parti est toujours connu pour son radicalisme face au refus de dialoguer avec le système au pouvoir. Mais depuis la signature de l'APG à Ouaga (Burkina-Faso) en août 2005, le parti à renouer le dialogue avec qui. Cela a conduit aux élections présidentielles de 2005 et législatives de 2007, où l'UFC a pu remporter 27 sièges sur les 81.

Le 26 mai 2010 la décision a été prise dans le parti, sans le consentement de tous les membres du bureau exécutif, de rejoindre le gouvernement de Faure Gnassingbé. Cet incident a créé une division au sein du principal parti d'opposition. À l'Assemblée nationale où l'UFC avait 27 députés, 20 membres ont soutenu la position du sécrétaire général Jean-Pierre Fabre et les membres du bureau national du parti pour exclure temporairement Gilchrist Olympio et les députés l'ayant suivi dans cette dans la signature de l'accord RPT/UFC. Le 10 août 2010, il est élu président national de l'UFC lors d'un congrès organisé par le parti dans un climat de contestation, où les forces de l'ordre cherchaient aussi à empêcher la tenue du congrès. Un autre congrès, cette fois du camp Olympio, est organisé le 12 août 2010 pour décider de l'exclusion de Jean-Pierre Fabre et ses collègues.

La lutte de leadership engagée au sein de l'UFC à la suite de cette situation aboutit au schisme du parti avec la création de l'ANC le 10 octobre 2010.

L'UFC se distingue par un engagement résolu en faveur d'un changement politique et social authentique au Togo. Il oeuvre pour une démocratie politique fondée sur le

multipartisme, la liberté du vote et l'alternance, la séparation des pouvoirs, la liberté de la presse et la libre circulation de l'information, la liberté de pensée, le respect des droits universels de l'homme, la responsabilité des dirigeants devant les citoyens, et l'Etat de droit.

L'UFC s'investit dans une démocratie sociale fondée sur l'égalité des chances, la solidarité, le droit à l'éducation, à la santé et à la sécurité, la tolérance (notamment entre les groupes ethniques) et la non-discrimination, tout en promouvant le sentiment patriotique chez les citoyens.

II.1.4- Les données géographiques du Togo

Le Togo est situé entre les latitudes 6°06' et 11°08' nord et les longitudes 0°09' Ouest et 1°49' Est. Il est limité à l'est par la République du Bénin, à l'ouest par la République du Ghana, au nord par la République du Burkina Faso. Au sud, il s'ouvre sur l'océan Atlantique dans le Golfe du Bénin lui-même inscrit dans le Golfe de Guinée sur la côte ouest africaine. Le pays couvre une superficie de 56.600 km2. Le découpage administratif subdivise le pays en cinq régions qui regroupent 35 préfectures :

- Région Maritime, avec 7 préfectures ;

- Région des Plateaux, avec 12 préfectures ;

- Région Centrale, avec 4 préfectures ;

- Région de la Kara, avec 7 préfectures ;

- Région des Savanes, avec 5 préfectures. (Source DGSCN, 2010)

Le climat est caractérisé par deux régimes pluviométriques bien distincts : un régime équatorial bimodal dans la moitié méridionale (avec deux saisons pluvieuses de mars-avril à juillet et de septembre à octobre-novembre, entre lesquelles s'intercalent deux saisons sèches) et un régime tropical uni-modal dans la moitié septentrionale (avec une saison sèche de novembre à avril-mai). Les précipitations moyennes annuelles correspondantes varient entre 800 et 1800 mm d'une part et 1000 et 1500 mm d'autre part. Les moyennes thermiques annuelles respectives dépassent rarement 27°4 C et 28°2 C.

Il dispose d'une faune et d'une flore très attractives pour les touristes sur toute l'étendue du territoire. Nous pouvons citer entre autres, le parc national de Fazao - Malfakassa, la réserve de Mandouri et la fosse de Dung, la réserve de faune du Sarakawa...

Trois bassins hydrographiques se partagent le territoire national : au nord, le bassin de la Volta, par l'intermédiaire du fleuve Oti connectant notamment les eaux du Koumongou, de la Kara, et du Mô ; au Centre, le bassin du Mono, fleuve le plus long du pays (450 km) ; au

sud, le groupe des rivières côtières comprenant principalement le Zio et le Haho qui se jettent dans le Lac Togo.

Le relief du Togo se résume essentiellement autour de la chaîne de l'Atakora dont la plus grande largeur atteint 60 km avec une altitude moyenne de 800 m. Le pic d'Agou est le sommet le plus haut du pays avec 986 m d'altitude.

II.1.5- Les données socio-démographiques du Togo

Selon les données des résultats du recensement national (novembre 2010) de la Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale (DGSCN), la population togolaise est à ce jour estimée à environ 6.191.155 d'habitants pour une densité de 109 hbts/ km2, avec un taux d'accroissement annuel de 2,4%. Cette population compte 3.009.095 hommes (48,6%) contre 3.182.060 femmes (51,4%). Près de la moitié de la population a moins de 15 ans (49,93%). L'Indice du Développement Humain (IDH) pour le Togo est 0,435 avec un rang de 162e sur 177 pays du PNUD en 2011.

( http://www.tg.undp.org/undptogo/togo.htm, site du PNUD au Togo, consulté le 6/03/2012)

La pyramide des âges présente une base très large. Ce qui caractérise la jeunesse de la population. Plus de 42% des Togolais sont âgés de moins de 15 ans et 60% de moins de 25 ans. La population potentiellement active (15-64 ans) représente 54%. Les personnes âgées sont de 4%. Mais ce taux est en baisse par rapport à 1981, cela montre la baisse du taux de mortalité des personnes adultes.

Lomé est sa capitale administrative depuis 1897, avec pour population 837.437 habitants. Les autres grandes villes sont : Kara, 94.878 hbts; Sokodé, 95.070 hbts; Atakpamé, 69.261 hbts; Kpalimé, 75.084 hbts; Dapaong, 58.071 hbts; Aného, 24.891 hbts. (Source DGSCN, 2010.)

Lorsqu'on s'intéresse à la posture ethnique, Nicoué Gayibor (2005 : 16) dénombre 38 ethnies réparties en grands groupes :

- le groupe « adja-éwé » composé des Ewé, Adja, Ouatchi, Guin (44%)2

- le groupe des populations du Moyen-mono : Ifè, Fon (3%)

- le groupe des populations des plateaux de l'Ouest : Akposso, Akébou (4%)

2 D. E. K. Amenumey dans son oeuvre Le mouvement de la réunification des Ewé. Une histoire politique, Paris Harmattan, 2009, p 132, montre comment la distinction des ethnies Ouatchi, Guin, Ewé, Mina, n'est que pure manipulation politique du colon. J. Aglo dans Les Fondements philosophiques de la morale dans une société à tradition orale. Le système «Aäaçu», Paris, L'Harmattan, 2001, pp. 44-48, et aussi dans La vie et le vivre-ensemble. Le principe organisateur de la vie dans le système «Aäaçu», Paris, L'Harmattan, 2002, p. 18, dénonce également cette distinction arbitraire du colon qui ne tient compte d'aucune réalité.

- le groupe des « paragourma » du Nord : Kotokoli, Tchamba, Tchokossi, Bassar (10%)

- le groupe des populations des massifs et piémonts du Nord : Kabyè, Nawdeba, Lamba (21%)

- le groupe des populations des plaines et plateaux de l'extrême Nord : Moba, Gourma, Konkomba, Peuhl (14%)

- et enfin les groupes Haoussa, Yorouba et les non-Togolais (4%). (Source : Gayibor, 2005)

La multitude de ces ethnies rendent aussi dynamique la vie électorale.

II.1.6- Les données socioculturelles du Togo

II.1.6.1- Sur le plan scolaire

Le taux net de scolarisation du primaire au supérieur est de 62% pour l'ensemble du pays en 2011 (cf. www.tg.undp.org). Les inégalités scolaires selon le sexe ne sont guère grandes ; le taux de scolarisation des filles étant assez proche de celui des garçons (76,2 % contre 82,2 %). Cependant les différences régionales sont assez importantes. Les taux nets de scolarisation sont plus élevés à Lomé et plus faibles dans la région des Savanes (91,5 % à Lomé ; 87,4 % dans la région Maritime ; 83,1 % dans la région Centrale ; 82,7 % dans la région des Plateaux ; 68,4 % dans la région de la Kara et 51,9 % dans la région des Savanes). La différence de scolarisation entre filles et garçons est également plus marquée dans la région des Savanes (45,5 % contre 57,7 %).

L'analphabétisme touche 43,1 % des adultes (15 ans et plus). Le taux d'analphabétisme est de 29,7 % chez les hommes et de 55,6 % chez les femmes en 2006.

II.1.6.2- Sur le plan matrimonial

La polygamie est autorisée au Togo selon le Code des Personnes et de la Famille. Environ 54 % des femmes mariées au Togo sont dans une union polygamique. L'âge moyen au premier mariage est de 20 ans pour l'homme et de 17 ans pour la femme. Les taux des mariages précoces sont particulièrement élevés en zones rurales.

II.1.7- Les données sanitaires du Togo

Le Togo est divisé en six régions sanitaires. La capitale Lomé se détache de la région Maritime et devient une sixième région sanitaire. Le système de santé est organisé en une pyramide à trois niveaux :

- la base de la pyramide représente le niveau périphérique. C'est le niveau opérationnel comprenant 35 Directions Préfectorales de Santé correspondant aux 35 districts sanitaires, 30 hôpitaux de préfecture, 700 unités de soins périphériques et les services privés de soins.

- le milieu de la pyramide représente le niveau intermédiaire, correspondant aux 6 régions sanitaires comprenant chacune une direction régionale de la santé et ses services connexes, un centre hospitalier régional, les services privés de soins à portée régionale.

- le sommet de la pyramide représente le niveau central ou national, correspondant au Ministère et à la Direction Générale de la Santé Publique, aux directions centrales, aux divisions et services, ainsi que les spécificités à intérêt national (CHU, INH, CNAO, CNTS et les écoles de formation en santé), les services privés de soins à portée nationale.

La couverture géographique de l'offre de soins est assez bonne : 88% de la population en moyenne sont situés à moins de 5km d'une formation sanitaire et 62% à moins de 2,5km. Plus de 83% des femmes enceintes font le suivi de leur grossesse dans une formation sanitaire agréée et 63% des accouchements ont lieu dans une formation sanitaire avec l'assistance d'un personnel de santé qualifié. Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 123 pour mille en 2006 et celui des enfants de moins de 1 an est de 77 pour mille. La mortalité maternelle est de 478 pour 100 000 naissances vivantes en 1998 et l'espérance de vie à la naissance de 51,6 ans. (Source MSP, 2010)

II.1.8- Les données économiques du Togo

Le Togo est membre de l'UEMOA et de la CEDEAO. Avec un PNB par habitant de 360 dollars US en 2007, le Togo se classe parmi les Pays les Moins Avancés (PMA). Le Togo est aussi membre de la Zone Franche. Son économie est soutenue par le Franc CFA, qui jouit d'une parité fixe avec l'Euro et de la libre convertibilité.

L'économie togolaise dépend traditionnellement du secteur primaire. Ce secteur représente environ 40% du PIB et occupe plus de 70% de la population active. Les secteurs secondaire et tertiaire représentent respectivement 23 % et 36 % du PIB en 2004. Le Togo a une économie de type libéral. Les exportations du pays portent principalement sur les phosphates, le coton, le ciment, le café et le cacao qui représentaient, en moyenne annuelle,

34 % du PIB entre 2002 et 2005. Cela est bien en dessous de la moyenne de 45 % qui prévalait dans les années 80.

Le Togo dépend de l'assistance étrangère pour le financement d'une bonne partie de son Programme d'Investissement Public (PIP). Cependant, en raison de la suspension de l'appui des bailleurs de fonds depuis le début des années 90, le niveau de l'investissement public est passé de 13,8 % du PIB en 1990 à 3,3 % du PIB en 2005. Ce qui a fortement réduit les capacités de production du pays et ralenti la croissance économique.

Malgré cette situation socio-économique peu enviable, l'avenir de l'économie togolaise est rassurant avec :

- la reprise de la coopération avec l'Union Européenne et la normalisation des relations entre le pays et la communauté internationale au lendemain de la conférence des bailleurs de fonds à Bruxelles en octobre 2008 ;

- l'atteinte du pays, le 25 novembre 2008, au Point de Décision de l'initiative PPTE (Pays Pauvres et Très Endettés) lui permettant ainsi de bénéficier d'un allègement partiel de la dette ;

- l'élaboration du Document complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRPC) qui accorde une grande priorité aux secteurs sociaux, dont les secteurs de la Santé et de l'Education.

Les infrastructures routières font, depuis quelques mois, l'objet d'une attention particulière de la part des autorités gouvernementales ; alors qu'elles étaient plusieurs années peu praticables. Ainsi en matière de voies de communication, on peut citer les principaux axes routiers Lomé-Ouagadougou (Burkina-Faso), Lomé-Accra (Ghana) et Lomé-Cotonou (République du Bénin) ainsi qu'un certain nombre de routes transversales qui sont entièrement bitumées. Quoique fortement concurrencées, voire supplantées parfois par les routes, les voies ferrées sont toujours opérationnelles et peuvent connaître une extension et un accroissement de trafic (notamment l'axe Lomé-Blitta).

Sur le plan maritime, le Togo dispose d'un port en eau profonde, pouvant accueillir les navires de n'importe quel tonnage, et d'une zone franche industrielle. Quant aux liaisons aériennes, le Togo dispose de deux aéroports de classe internationale à Lomé et à Niamtougou (environ 400 km au nord de Lomé) où peuvent se poser tous les gros porteurs.

En matière de télécommunication un effort de modernisation des infrastructures est engagé, mais ce secteur reste toujours le plus coûteux de la zone UEMOA. Sur le plan énergétique, le pays dispose de centrales thermiques, de deux barrages hydroélectriques et est aussi alimenté à partir du grand barrage d'Akosombo au Ghana. Par ailleurs avec le projet de

construction du barrage d'Adjarala commun au Togo et au Bénin ainsi que le projet de fourniture de gaz nigérian par pipe-line (gazoduc) commun au Togo, au Bénin et au Ghana, le pays aura des atouts supplémentaires dans le domaine de l'énergie.

II.2- CADRE METHODOLOGIQUE

Une recherche sociologique n'est valable que si les informations utilisées pour la résolution d'un problème dans une société proviennent de ladite société. La collecte des informations nécessite souvent une méthodologie appropriée.

D'après M. Guidère « une recherche effectuée sans méthodologie préalable se condamnerait à errer sur les chemins sinueux de l'herméneutique et de l'extrapolation ». (2004 : 4)

La méthodologie adoptée pour cette recherche est fondée sur les recherches documentaires, quantitatives et qualitatives.

II.2.1- la recherche documentaire

Pour toute étude scientifique et particulièrement en science sociale, la recherche documentaire est une étape primordiale et indispensable. C'est pourquoi R. Quivy et L.V. Campenhoudt affirment que :

« les lectures préparatoires servent d'abord à s'informer des recherches déjà menées sur le thème du travail et situer les nouvelles contributions envisagées par rapport à elles. Grâce à ces lectures, le chercheur pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente pour aborder son objet de recherche. » (1995 : 81)

Cette étape exploratoire consiste en la consultation des documents disponibles et relatifs au sujet de notre étude. Ainsi, nous avons fait nos investigations au Centre d'Information des Nations Unies (CINU), à la bibliothèque de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (Flesh) et de l'université de Lomé, lu quelques ouvrages achetés et empruntés, des articles de journaux ou de revues. Même l'internet a été utilisé dans ce cadre.

Plusieurs ouvrages traitent de façon générale ce thème. Il s'agit des ouvrages abordant des concepts de l'ethnie, de la politique, du colonialisme et du néo-colonialisme, de la démocratie, des partis politiques, des crises socio-politiques en Afrique. Bien que des études sur ces thèmes n'abondent pas pour le Togo, nous avons pu néanmoins faire un rapprochement, tant ces phénomènes sont identiques pour l'Afrique.

Cette recherche documentaire nous a permis de nous familiariser avec les réalités, les notions spécifiques et d'établir la revue de la littérature. Elle a permis aussi de reformuler la

problématique, les hypothèses, les objectifs de l'étude, d'établir les variables et les indicateurs, et de procéder au choix de l'échantillon sans oublier la présentation de la bibliographie. Elle a servi également dans l'interprétation des résultats.

II.2.2-La recherche quantitative

La recherche quantitative a permis de quantifier les perceptions, les attitudes par les données statistiques. Elle a rendu mesurables les informations recueillies afin de vérifier les hypothèses de travail.

Cette partie de l'étude comprend la population cible, l'échantillonnage, la sélection et la justification des variables et indicateurs, l'élaboration du questionnaire, le test des outils de collecte de données et l'administration du questionnaire.

II.2.2.1- La population-cible

La popukation-cible est de 3000 membres actifs et sympathisants confondus appartenant aux trois principaux parits politiques à savoir le CAR, l'UFC et l'ex-RPT.

II. 2.2.2- L'échantillonnage

Tout comme le questionnaire, le prélèvement de l'échantillon d'une population donnée est un élément qui entre dans le cadre de l'élaboration d'un dispositif pratique pour mener à bien une enquête sociale. Sa justification se trouve dans la difficulté de s'adresser à l'ensemble de la population.

Pour déterminer l'échantillon, nous avons choisi au hasard 5% de notre populationcible qui n'est autre que les 3000 membres actifs et sympathisants confondus des partis politiques choisis.

Ainsi, avons-nous obtenus 150 membres actifs et sympathisants confondus ; ce qui fait de notre échantillon 150 membres actifs et sympathisants confondus appartenant aux partis politiques CAR, ex-RPT et UFC.

La répartition de l'échantillon selon les partis se présente comme suit :

- ex-RPT : 70

- UFC : 44
- CAR : 36

II.2.2.4- Variables

II.2.2.4.1- Variable dépendante

La variable dépendante est celle à expliquer. Sa compréhension et son changement dépendent de la clarté de l'explication ou de la quantité des variables indépendantes. Dans le cadre de cette étude, nous avons retenu :

- les modes de recrutement et des fonctionnements basés sur l'ethnie au sein des partis politiques.

Cette variable permettra de mieux cerner comprendre la causalité du facteur ethnique dans la vie des partis politiques et par là son incidence sur la société.

II.2.2.4.2- Les variables indépendantes

Ce sont des variables qui sont traitées de façon à voir les effets de leurs différences entre elles et la variable dépendante. Elles expliquent également les résultats des investigations dans les recherches et constituent les causes des variables dépendantes. Elles servent à expliquer le phénomène observé.

Dans le cadre de notre étude, nous avons relevé :

- Age :

C'est une variable qui peut être révélatrice du degré de participation des individus. A ce niveau on pourrait par exemple dire que les adultes s'engagent plus ou moins dans la vie politique que les jeunes en âges de voter. Aussi cela peut montrer si c'est les adultes ou les jeunes qui sont plus vulnérables ou manipulables par rapport au phénomène ethnique.

- Niveau d'étude :

Le niveau d'étude, et des acteurs politiques et des électeurs, est une variable qui détermine l'intérêt et la compréhension du phénomène. Les observations ont montré qu'en majorité, les mieux instruits ou les intellectuels adoptent une attitude plus responsable et légaliste.

- Ethnie :

Cette variable nous permet de vérifier si l'adhésion à un parti politique est conditionnée par l'appartenance ethnique. Un individu a souvent tendance à choisir le parti qui s'identifie à son ethnie. Un parti politique dans lequel il peut sympathiser facilement avec

les autres militants parce que partageant les mêmes pratiques culturelles que lui, peut influer sur son choix.

- Appartenance politique :

Il s'agit de voir la représentativité des partis politiques à travers la structure sociale de leurs adhérents et de leurs électeurs. Aussi, le contenu de leurs programmes, leurs idéologies et leurs modes de fonctionnement sont susceptibles d'orienter la perception des adhérents ou des électeurs.

- Impact de l'ethnicisation sur le recrutement et le fonctionnement des partis : Cette variable montre l'implication du facteur ethnique dans la formation des comités directeurs des partis et sur leur activité sur le terrain.

II.2.2.5- Les indicateurs

Les indicateurs mettent à découvert des concepts et notions, et précisent les variables expliquées et explicatives. Ils sont des données quantifiables pour l'étude. Ce sont :

- Pourcentage des membres du bureau exécutif ou du comité directeur des partis politiques par ethnie :

Cet indicateur nous permettra de démontrer l'effet de l'ethnicisation sur la structure même des partis politiques.

- Fréquence entre l'ethnie majoritaire dans le parti et les résultats aux différentes élections :

Cet indicateur fait ressortir l'aspect du vote ethnique et par là montre l'orientation des activités des partis politiques.

II.2.2.6- L'élaboration du questionnaire

L'outil principal de collecte de données quantitatives dans notre étude demeure le questionnaire. Ainsi, pour cette étude, un questionnaire semi-structuré a été élaboré et comporte :

- des questions fermées à réponses binaires, imposant à l'enquêté de répondre par oui ou par non,

- des questions à choix multiples, offrant à l'enquêté la possibilité de choisir plus d'une modalité selon ses convenances,

- des questions semi-fermées où en plus des réponses proposées aux enquêtés, ceux-ci ont la latitude d'en générer d'autres,

- des questions ouvertes qui donnent plus de liberté à l'enquêté dans l'expression de ses opinions.

Le questionnaire est structuré en quatre sections :

- Section I : Identification des enquêtés,

- Section II: Perception de la cause du phénomène ethnique au sein des partis politiques, - Section III: Impact de l'ethnicisation sur la structure et le fonctionnement des partis politiques,

- Section IV : Attitude à adopter face à cette pratique.

II.2.2.7- Test du questionnaire

Dans le souci de vérifier l'efficacité du questionnaire, un test a été effectué. Il a porté sur 20 étudiants de l'Université de Lomé et de l'Institut de Philosophie - Don Bosco. Grâce à ce test, nous avons revu la reformulation de certaines questions, ajoutées de nouvelles et supprimées également d'autres, dans l'intention d'améliorer l'étude.

II.2.2.8- Administration du questionnaire

Les questionnaires ont été administrés du 19 mars 2012 au 10 juin 2012 aux 150 membres des partis politiques choisis. La collecte des informations a été faite de façon individuelle pour maintenir la confiance accordée lors de l'autorisation d'enquête au sein des partis. En dépit du fait que l'administration a été directe, les enquêteurs ont reçu une modeste orientation qui leur a permis de mieux comprendre l'objectif de la recherche et de se familiariser avec le questionnaire.

II.2.2.9- Le traitement des données quantitatives

C'est la manière d'extraire des informations portées dans le questionnaire. Le dépouillement des informations recueillies a été traité à base du logiciel Sphinx ; qui nous apermis également d'ajuster les pourcentages et de construire les graphiques. Enfin le logiciel Word a servi pour la saisie et le traitement de texte.

II.2.3- La recherche qualitative

Les méthodes qualitatives sont des techniques qui permettent d'étudier les phénomènes complexes qui sont difficiles à représenter sous forme d'indicateurs quantifiables. P. N'da affirme que : « l'approche qualitative vise à donner un sens au phénomène à travers, ou au-delà de l'observation, de la description, de l'interprétation et de l'appréciation du milieu et du phénomène tel qu'il se présente ». (Méthodologie de la recherche de la problématique à la discussion des résultats, 2006) Pour étudier des faits particuliers, l'approche qualitative use des techniques appropriées, dont l'observation, l'étude de cas, et les entretiens.

Dans le cadre de cette étude, seules les techniques d'entretien individuel semi-directif et l'observation directe ont été utilisées.

II.2.3.1- Entretien individuel semi-direct

Il s'agit d'un procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations sur un sujet précis. Il se caractérise par des questions ouvertes libellées d'avance suivant un ordre prévu. Les informations recueillies aident à mieux comprendre ou cerner les réponses obtenues par la méthode quantitative.

L'interview est faite à chaque responsable ou délégué de parti politique retenu. Nous avons également interviewé d'autres responsables de partis politiques et un responsable d'une organisation de la société civile.

II.2.3.2- Observation directe

L'observation a été essentiellement directe à travers les déclarations et les comportements politiques, des membres et responsables des partis politiques. Cette dernière est d'une importance capitale pour la recherche des raisons profondes du phénomène de l'ethnicisation des partis politiques aux Togo.

II.2.3.3- Méthode de traitement de données qualitatives

Le traitement des données qualitatives a été exclusivement manuel. Durant cette phase, nous avons dégagé d'abord des idées semblables en visant les hypothèses et objectifs fixés. Ensuite, une synthèse des réponses a été faite et portée comme complément à l'interprétation des données quantitatives.

II.3 - LES DIFFICULTES RENCONTREES

La réalisation de ce mémoire a été notre première expérience de chercheur en sciences sociales. Ainsi, depuis la phase théorique et conceptuelle jusqu'à l'analyse des données et l'interprétation des résultats, la tâche n'a pas été facile. Les difficultés rencontrées pendant l'exécution de ce travail sur le terrain ont été considérables.

Mis à part, les difficultés traditionnelles d'une enquête allant de la limite de moyens financiers au caractère intrinsèque d'une enquête, nous avons eu à connaître des difficultés particulières dans la réalisation de notre recherche sur le terrain. En premier lieu, l'accès aux responsables de partis politiques et en second lieu les difficultés liées à l'administration du questionnaire. Il faut noter aussi que la connotation négative du mot « enquête » au Togo à susciter beaucoup de méfiance et de refus même de certains individus dans l'attribution du questionnaire.

En effet, notre thème qui porte sur « l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC » est a priori un sujet délicat et très sensible, dans la mesure où ce phénomène est réel, rentrant dans ce qu'on appelle l'histoire immédiate, et est source de méfiance dans la sphère politique. Ainsi, certains membres de l'ex-RPT, bien que nous ayons reçu l'autorisation et qu'ayant été contacté pour ma recherche, n'n'ont pas souhaité répondre à nos questions et d'autres nous avaient évité par des reports répétés de rendez-vous jusqu'à la fin. L'autre grande difficulté était liée à l'administration du questionnaire. La difficulté vient de la dissolution du parti au cours de notre étude. Il a été difficile de trouver et de recevoir favorablement l'apport des membres, et ce malgré l'autorisation des responsables sortants. Une méfiance et répulsion farouche nous ont été adressées, néanmoins nous avons bénéficié de l'accueil chaleureux de certains membres.

Quant aux cadres de l'opposition, leur accueil a été prompt et chaleureux au départ, mais la satisfaction de nos attentes, l'entretien et les questionnaires à remplir n'ont pas été aisés à réaliser. Cela est dû à une défaillance administrative et à une volonté non affichée de rétention d'informations.

Tout compte fait, sans l'aide des connaissances et grâce à notre persévérance nous ne pourrons pas aboutir à ce travail. C'est l'occasion d'adresser à l'endroit de ces structures une invitation à distinguer la recherche scientifique, des enquêtes journalistiques afin de mieux faciliter la tâche et réduire les coûts de communication et de déplacement aux étudiants.

En somme, non seulement ces difficultés nous ont retardés dans l'avancement de notre travail, mais aussi elles nous ont formés et nous ont permis d'acquérir de l'expérience en qualité d'apprenti sociologue que sommes-nous.

- PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES

- INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION DES HYPOTHESE ET SUGGESTIONS

DEUXIEME PARTIE :

CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES

Cette partie de notre travail est entièrement consacrée à la présentation des données quantitatives issues de la collecte à partir du questionnaire. Les données que nous avons recueillies à partir de l'administration du questionnaire sont consignées dans des tableaux ou des graphiques suivis de nos analyses à partir des variables et des indicateurs précédemment définis.

Le chapitre se subdivise en sections :

- Identification des enquêtés,

- Perception de la cause du phénomène ethnique au sein des partis politiques,

- Impact du phénomène ethnique sur la structure et le fonctionnement des partis politiques,

- Attitudes à adopter face au phénomène de l'ethnicisation des partis politiques.

III.1- IDENTIFICATION DES ENQUETES Graphique 1 : répartition des enquêtés selon le sexe

Sexe

Non réponse Masculin Féminin

26,0%

68,0%

6,0%

Les résultats de l'enquête démontrent à travers ce graphique que 68% des enquêtés sont de sexe masculin et 26% sont du sexe féminin. Ces données viennent confirmer le faible taux de participation des femmes dans le milieu politique. Concernant le militantisme politique des femmes, nous pourrons dire que l'action même des partis politiques pour l'engagement des femmes est nulle, ce à quoi vient s'ajouter la conjecture socio-politique précaire et insécuritaire du pays. Notons que nous avons eu 6% de non-réponses à cette question.

Tableau 1 : répartition des enquêtés selon les tranches d'âge

Tranches d'âges en années

Effectif

Pourcentage

[25-35[

65

43,33

[35-45[

36

24

[45-55[

20

13,33

[55 et +[

13

8,67

Non-réponses

16

10,67

Total

150

100

Il ressort de ce tableau que la plupart des enquêtés soit 43,33% ont un âge compris entre 25 et 35 ans. Ceux qui ont entre 45-55 ans ne représentent que 13,33% de l'ensemble et la tranche 35-45 ans, ne représente que 24%. Quant aux adultes, c'est-à-dire ceux dont l'âge est supérieur à 55 ans, ils ne sont que 08,67% de l'échantillon pris.

Nous remarquons ici une forte participation de la tranche d'âge 25-35 ans. Ceci montre que les jeunes sont activement engagés dans les partis politiques, attitude qu'on peut expliquer par la volonté du changement et de la démocratie. La moyenne d'âge est de 38 ans.

Par ailleurs, 10,67 constitue les non-réponses, ce qui dévoile le tabou qu'il y a toujours dans nos milieux sur l'âge.

Tableau 2 : répartition des enquêtés selon la préfecture d'origine3

Préfectures d'origine

Effectif

Pourcentage

Lacs

37

24,7

Golfe

17

11,3

Kozah

13

8,7

Vo

13

8,7

Yoto

9

6

Zio

7

4,7

Blitta

5

3,3

Doufelgou

5

3,3

Assoli

4

2,6

Bassar

4

2,6

Moyen-mono

4

2,6

Ogou

4

2,6

Tchamba

4

2,6

Tchaoudjo

4

2,6

Mango

3

2

Wawa

3

2

Amou

3

2

Avé

2

1,3

Cinkassé

2

1,3

Haho

2

1,3

Kloto

1

0,7

Binah

1

0,7

kpélé-akata

1

0,7

Oti

1

0,7

Tandjoaré

1

0,7

TOTAL

150

100

Nous notons 25 différentes préfectures enregistrées au niveau des enquêtés sur les 35 qui existent au Togo, et une forte représentativité de celle des Lacs avec un pourcentage de 27,4%, suivi du Golfe avec 12,6 % et, enfin la Kozah et le Vo se retrouvent avec le même

3 Notons ici que les 25 préfectures représentées sont loin d'être axhaustives de la réalité ; néanmoins on peut apprécier la représentativité qui s'y dégage. En effet, le Togo compte 35préfectures.

pourcentage soit 9,6%. La forte présence des préfectures de la région maritime s'explique par le fait qu'on est dans cette région, et la présence considérable aussi de la Kozah s'explique par le fait que Lomé est une ville cosmopolite qui regroupe la plupart des préfectures.

Par ailleurs nous remarquerons que 15 enquêtés soit 13,8% n'ont pas répondu à cette question. On peut déduire l'aspect sensible que revête cette question.

Tableau 3 : répartition des enquêtés selon leur ethnie

Ethnie

Effectif

Pourcentage

Akposso

5

3,3

Bassar

2

1,3

Ewe

34

22,7

Guin

32

21,3

Kabyè

15

10

Kotokoli

10

6,7

Ouatchi

25

16,7

Autres

17

11,3

Non-réponse

10

6,7

TOTAL

150

100

On aperçoit dans ce tableau que l'ethnie la plus représentée dans les enquêtés est l'Ewé avec 22,7% suivi de près par les guin de 21,3%. En plus de ces dernières, les ethnies Ouatchi et Kabyè ont respectivement 16,7% et 10%. Il y a aussi les ethnies Kotokoli : 6,7%, Akposso : 3,3%, et Bassar : 1,3%. On note d'autres ethnies à savoir : Ana, Adja, Nawda, Tchokossi, agnanga, Moba, Fon, Ifè, qui se partagent les 11, 3%. Nous notons 6,7% de nonréponses, ce qui montre la sensibilité de cette question.

Le pourcentage élevé des quatre premières ethnies est du fait que, les responsables des partis politiques étudiés y proviennent (Ewé et Guin se mélangent). Par conséquent, il y a l'instinct grégaire qui est dominant dans la population.

Tableau 4 : répartition des enquêtés selon le niveau d'étude

Niveau d'étude

Effectif

Pourcentage

Non instruit

0

0

Primaire

1

0,7

Secondaire

10

6,7

Lycée

17

11,3

Supérieur

109

72,7

Non-réponse

13

8,7

TOTAL

150

100

Les chiffres de ce tableau illustrent le taux élevé de scolarisation de la population de Lomé. L'importance numérique des enquêtés ayant un niveau d'instruction supérieur avec un effectif de 109 soit 72,7% découle de la jeunesse, la majeure partie des citoyens composant l'échantillon de l'étude. Ils sont suivis respectivement des enquêtés ayant le niveau secondaire deuxième cycle (lycée) dont l'effectif s'élève à 17 soit 11,3% et du secondaire premier cycle avec 10 pour effectif soit 6,7%. Les enquêtés n'ayant pas mis pied à l'école représentent 0,0% de l'échantillon et 0,7% soit un enquêté a arrêté les études au cours primaire.

Tableau 5 : répartition des enquêtés selon le secteur d'activité

Secteur d'activité

Effectif

Pourcentage

Privé

57

38

Public

42

28

Autres

41

27,3

Non-réponse

10

6,7

TOTAL

150

100

Ce tableau présente une répartition des enquêtés selon le secteur d'activité économique. Les résultats révèlent que 38% des enquêtés sont dans le privé contrairement à 28% pour le secteur public. Nous avons 27,3% qui non pas de secteur, soit parce qu'ils sont des sans emploi, soit étudiant ou soit des retraités. On a 10% restant des enquêtés qui n'ont pas voulu se prononcer. On peut donc supposer que ceux qui sont du secteur privé, des sansemploi, des étudiants et des retraités sont plus engagés dans les partis politiques, sûrement plus libres.

Tableau 6 : répartition des enquêtés selon le lieu de résidence

Lieu de Résidence

Effectif

Pourcentage

Lomé

74

49,3

Agoè

27

18

Djidjolé

13

8,7

Hédzranawoé

9

6

Baguida

9

6

Akodessewa

8

5,3

Doumasséssé

7

4,6

Tsévié

3

2

TOTAL

150

100

On remarque par ce Tableau que Lomé avec ses 49,3% renferme plus d'enquêtés, ce qui justifie la fréquence des manifestations et des affrontements. On voit après Agoè avec 18%, Djidjolé 8,7%. Hédzranawoé, Baguida ont chacun 6% et Akodessewa 5,3%. Nous relevons aussi au niveau de Doumasséssé (Adéwui) 4,6% d'enquêtés et enfin Tsévié avec 2%. Par ce tableau, on peut dire que la plupart des quartiers regorgent des militants des partis politiques et par conséquent, le militantisme ne demeure pas une affaire de quartier.

III.2- PERCEPTION DE LA CAUSE DU PHENOMENE ETHNIQUE AU SEIN DES PARTIS POLITIQUES

Tableau 7 : répartition des enquêtés selon l'importance de l'ethnie

Importance de l'ethnie

Effectif

pourcentage

Oui

42

28

Non

85

56,7

Ne sais pas

23

15,3

TOTAL

150

100

On aperçoit dans ce tableau que la majorité des enquêtés soit 85 (56,7%) affirment qu'il n'y a pas une ethnie plus importante qu'une autre, contrairement à 42 enquêtés (28%). Les nombres d'enquêtés qui affirment ne rien savoir est 23 (15,3%). Ceux qui pensent qu'il y a cette importance, le justifie par soit les « éwé sont numériquement important », soit par les

« kabyè occupent la plupart des grands postes et sont plus nombreux dans l'administration >> ou carrément « c'est les Kabyè, car ils sont au pouvoir >>.

Penser une ethnie importante que l'autre de façon culturelle est désuète, même si on peut admettre l'importance numérique. Ce nombre élevé de non peut s'expliquer par le taux d'alphabétisation élevé des enquêtés, montré au Tableau 4. Plus on a un niveau élevé d'étude, plus on sait que chaque ethnie est importante. Les réponses « ne sais pas >> peuvent évoquer le fait que l'usage du concept ethnie est très sensible dans le pays.

Tableau 8 : répartition des enquêtés selon que le rapport Nord/Sud est source de division réelle ou une manipulation politique

Modalité

Effectif

Pourcentage

Division ethnique réelle

37

24,7

manipulation politique

102

68

les deux (Division et Manipulation)

11

7,3

TOTAL

150

100

Le tableau sur la répartition selon le rapport Nord/Sud, nous montre que 102 enquêtés soit 68% stipulent que ce rapport n'est qu'une manipulation politique ; considérant que ce rapport rentre dans une division ethnique réelle, 37 enquêtés soit 24,7% ont répondu à cela. Le tableau nous montre également que 11 enquêtés soit 7,3% de l'échantillon voient que ce rapport bien qu'étant une division réelle est encore manipulé par les politiques.

Ce résultat est rassurant dans la mesure où la majorité comprenant que le rapport Nord/Sud étant une manipulation, ne pourront pas se laisser aller au jeu des politiques ; jeu qui peut dégénérer en affrontement inter-ethnique un jour.

Tableau 9 : répartition des enquêtés selon l'appartenance politique

Parti politique

Effectif

Pourcentage

CAR

35

23,3

ex-RPT

55

36,7

UFC

36

24

Non-réponse

24

16

TOTAL

150

100

L'analyse du tableau révèle que 36,7% soit 55 des personnes consultées sont de l'exRPT, 24% soit 36 enquêtés sont de l'UFC et 23,3% soit 35 enquêtés sont du CAR. Selon notre méthode d'échantillonnage, nous devrons nous retrouver avec 70 enquêtés pour l'exRPT, 44 pour l'UFC et 36 pour le CAR. Donc, parmi les 16% soit 24 enquêtés non-réponses, 15 sont de l'ex-RPT, 8 sont de l'UFC et 1 du CAR. Pour l'ex-RPT, cela s'explique par la réticence voire la peur des enquêtés à remplir les exemplaires de questionnaires à cause du fait que le parti n'existe plus. Pour les autres partis, c'est une négligence qu'il faut revoir.

Graphique 2 : répartition des enquêtés selon le choix du parti

Choix

Non réponse

Confiance au
leader

C'est le pouvoir
en place

affinité ethnique et/ou familialle

Programme convaincant

Pour suivre des
amis

 

autres raisons... ..

 
 

19,3%

42,7%

15,3%

7,3%

47,3%

6,0%

4,7%

N.B. Cette question est à choix multiple (3 au maximum)

Nous observons par ce graphique que 42,7% d'enquêtés choisissent leurs partis politiques sur la base de la confiance en leur leader. Mais le pourcentage le plus élevé concerne ceux qui tiennent compte du programme politique de ces partis soit 47,3%. Par contre, 15,3% choisissent le parti politique parce qu'il est le pouvoir en place ; 7,3% par affinité ethnique et/ou familiale et 6% pour juste suivre des amis. Bien d'autres raisons on été évoqués par 4,7% des enquêtés comme « parti politique non ethnique », « parti politique des déshérités », « parti politique qui incarne le changement » entre autres ; et nous enregistrons 19,3% de non-réponses.

Ce résultat peut traduire tout simplement la maturité d'esprit politique à laquelle les individus s'engagent en politique, en se fondant sur le programme du parti ou sur la confiance qu'incarne le leader au changement et aux valeurs démocratiques.

Tableau 10 : répartition des enquêtés selon le rôle dans le parti

Rôle

Effectif

Pourcentage

Membres du bureau exécutif

15

10

Membres actifs

93

62

Membres sympathisants

42

28

TOTAL

150

100

Dans notre échantillon, 62% sont membres actifs du parti politique, 10% appartient soit au Bureau exécutif ou soit au comité directeur et 28% sont des membres sympathisants. Ceci peut traduire le fait que, notre recherche a touché toutes les catégories de couches au sein des partis politiques qui sont dans la forme bien représentés.

Tableau 11 : répartition des enquêtés selon la compréhension de l'influence

ethnique

Compréhension de l'influence ethnique

Effectif

Pourcentage

Supériorité numérique d'une ethnie sur une autre

43

28,7

Supériorité culturelle d'une ethnie sur une autre

22

14,7

Hégémonie politique d'une ethnie sur une autre

85

56,7

TOTAL

150

100

Sur la question de la compréhension de l'influence ethnique, 85 enquêtés soit 56,7% prétendent que l'influence ethnique se comprend par une hégémonie politique d'une ethnie sur l'autre, alors que 43 des enquêtés soit 28,7% pensent que ce n'est qu'une supériorité numérique. Par ailleurs, 22 enquêtés soit 14,7 comprennent cela par la supériorité culturelle d'une ethnie sur une autre.

Nous pourrons conclure ici en disant que la considération hégémonique d'une ethnie sur l'autre est très manifeste et se remarque même dans les partis politiques aussi bien que dans l'administration et autres. Ceci peut traduire une attitude de marginalisation ou de domination, ce qui serait dommage pour un pays.

Tableau 12 : répartition des enquêtés selon l'influence ethnique sur le parti

Modalité

Effectif

Pourcentage

Oui

72

48

Non

54

36

Ne sait pas

24

16

TOTAL

150

100

Par ce tableau nous constatons que 48% des enquêtés contre 36% estiment que leur parti est sous influence ethnique. Les enquêtés qui ne savent rien sur la question sont 16% de l'échantillon. Ces derniers pourcentages traduisent le tabou qui entoure la question, ce que nous avions soulevés plus haut.

Ce tableau remet en cause l'action démocratique et surtout républicaine des partis politiques.

Tableau 13 : Croisement de l'appartenance à un parti politique par rapport l'influence
ethnique sur le parti.

Modalités

Oui

Non

Ne sait pas

TOTAL

CAR

13

18

5

35

Ex-RPT

46

12

12

65

UFC

13

24

7

36

TOTAL

72

54

24

150

N.B. Les valeurs du tableau sont les nombres des effectifs de chaque couple de modalités.

Ce croisement révèle que 46 enquêtés de l'ex-RPT reconnaissent que leur parti est sous influence ethnique, pour 13 enquêtés pour le CAR, de même que pour l'UFC. A contrario, 18 enquêtés du CAR pensent que non et 5 enquêtés ne savent pas, pour 24 enquêtés pour l'UFC et 7 enquêtés qui ne savent pas ; contre 12 enquêtés de l'ex-RPT qui disent non et 12 qui ne savent pas. On peut affirmer que l'ex-RPT est plus influencé par le phénomène ethnique.

Graphique 3: répartition des enquêtés selon la cause de l'influence ethnique sur le parti

Cause

Non réponse 15,5%

16,3%

Politique du parti

23,8%

Situation socio politique du pays

 

6,3%

8,8%

 

13,0% 13,0%

 

3,3%

Instauration du multipartisme

Paysage ethnique du pays

Non application des textes

Contraintes des leaders sur leur population ethnique Autre

Il ressort de ce graphique que 23,8% considèrent que la cause de l'influence ou de la dominance ethnique sur les partis politiques est due à la situation politique du pays ; mais au même moment 16,3% pensent que la politique de certains partis politiques favorise cela. D'autres enquêtés, 8,8% rejettent la cause sur le paysage ethnique du pays. Un même pourcentage d'enquêtés soit 13% croient que c'est la non-application des textes en vigueur ou la contrainte des leaders politiques sur leur population ethnique qui causent cette influence. Il faut relever aussi la cause dans l'instauration du multipartisme selon 6,3% des enquêtés et d'autres comme le privilège à son ethnie, l'orgueil des leaders entre autres, ce que 3,3% des enquêtés pensent. Nous signalons les 15,5% de non-réponses.

Il faut comprendre par ici que la situation politique du Togo est un handicap pour son processus démocratique, bien même que la responsabilité des partis politiques et des leaders politiques ne peuvent être écartées.

III.3- IMPACT DU PHENOMENE ETHNIQUE SUR LA STRUCTURE ET LE FONCTIONNEMENT DES PARTIS

Tableau 14 : répartition des enquêtés selon que l'ethnie joue sur la formation du bureau et le fonctionnement de leur parti

Modalité

Effectif

Pourcentage

Oui

80

53,3

Non

52

34,7

Ne sait pas

18

12

TOTAL

150

100

Le présent tableau nous indique que parmi ceux qui se sont prononcés par rapport à la question, 80 soit 53,3% pensent que l'ethnie joue dans leur parti politique sur la formation du bureau et le fonctionnement du parti ; alors que 18 soit 12% prétendre ne rien savoir. Par contre, 52 soit 34,7% des enquêtés disent non à la question. Ces réponses montrent qu'au niveau même des partis politiques l'alternance ne suit pas une règle démocratique.

Tableau 15 : répartition des enquêtés selon l'impact de l'ethnie sur la structure et
le fonctionnement du parti

Impact terrain

Effectif

Pourcentage

Positif

40

26,7

Négatif

62

41,3

Aucun

45

30

Autres

3

2

TOTAL

150

100

Interrogés sur la question de savoir l'impact que l'ethnie a sur la structure et le fonctionnement des partis politiques, 62 enquêtés (41,3%) répondent que cela est négatif et 40 enquêtés (26,7%) pensent que c'est positif. On a aussi 45 enquêtés (30%) qui ne voient aucun impact et d'autres enquêtés (2%) qui croient que c'est possible.

Tableau 16 : Croisement entre les partis politiques et l'impact du facteur ethnique sur leurs activités sur le terrain

Modalités

Positif

Négatif

Aucun

Autres

TOTAL

CAR

13

10

13

0

36

Ex-RPT

22

28

17

3

70

UFC

6

23

13

2

44

TOTAL

41

61

43

5

150

Ce tableau ne vient qu'approfondir les résultats du tableau précédant. Nous voyons ici clairement que c'est l'ex-RPT et l'UFC déplorent en grand nombre, respectivement 28 et 23 enquêtés, l'aspect négatif du phénomène sur leur structure et fonctionnement. Le CAR lui à proportion égale (13 enquêtés) affiche que cet incident n'a aucun impact sur le parti, au même moment que le côté positif est affiché. Ici se dévoile clairement l'instrumentalisation du phénomène ethnique. On peut donc y déduire ici que le phénomène est devenu habituel que

l'on ne voit plus son impact, ou que l'on feind d'admettre la réalité des faits, ou encore que effectivement sur le terrain l'on évite tout ethnicisation des activités afin de préserver au maximum l'électorat.

Tableau 17 : répartition des enquêtés selon que l'impact du facteur ethnique privilégie l'adhésion ou l'action du parti à une ethnie

Modalités

Effectif

Pourcentage

Oui

63

42

Non

81

54

Autres

6

4

TOTAL

150

100

On retient de ce tableau que parmi les personnes soumises à notre étude 54% disent non à la question de savoir si leur parti privilégie une ethnie donnée dans l'adhésion, et 42% pensent le contraire. 4% de l'échantillon pense que c'est possible.Il y a une impartialité qui se dessine dans l'adhésion des partis politiques en considérant ce tableau.

Graphique 4 : répartition des enquêtés selon à qui profite le phénomène ethnique

Profite

10,7%

18,7%

4,8%

24,6%

Non réponse Aux Togolais

A la population ethnique majoritaire dans le parti Aux membres du parti

Aux responsables du parti

Autres

28,3%

12,8%

Ce graphique nous montre à qui profite le phénomène ethnique au sein des partis politiques. A cela, 24,6% des enquêtés pensent que c'est au responsable de parti ; 12,8% des enquêtés aux membres des partis politiques ; 10,7% des enquêtés soit aux gouvernements ou aux politiciens, soit à personnes. Le grand lot soit 28,3% des enquêtés l'attribue à la

population ethnique majoritaire dans le parti. Notons qu'une portion de 4,8% des individus disent que c'est aux Togolais, quand 18,7% des individus non pas donnés de réponses. Les partis politiques sont alors de regroupements collectifs d'une même provenance ethnique, aspect qui rend caricaturaux ces derniers.

Tableau 18 : répartition des enquêtés selon l'influence du facteur ethnique sur l'alternance au sein du parti

Modalités

Effectif

Pourcentage

Oui

69

46

Non

56

37,3

Ne sais pas

25

16,7

TOTAL

150

100

Sur les 150 enquêtés, 25 ne savent pas si au niveau de l'alternance de leur parti l'influence ethnique joue ou pas. Par contre, 69 pensent que oui et 56 le contraire.Ceci remet en cause la culture démocratique des partis politiques, ou carrément demande à ce que l'on considère l'ethnie dans nos milieux politiques.

Tableau 19 : répartition des enquêtés selon que l'effet de l'ethnicisation fragiise ou peut
détruire la cohésion

Modalités

Effectif

Pourcentage

D'accord

127

84,7

Pas d'accord

10

6,7

Ne sais pas

13

8,7

TOTAL

150

100

A ce niveau, 127 enquêtés soit 84,7% sont conscients que l'effet de l'ethnicisation peut détruire la cohésion sociale. Le reste des réponses se partagent entre ceux qui ne sont pas d'accord soit 6,7%, ceux qui ne savent pas 8,7%.

Les données de ce tableau démontrent que les enquêtés savent les conséquences négatives de ce phénomène. L'une des conséquences est le conflit ethnique que cela peut occasionner. Cette connaissance de la chose permet a priori d'oeuvrer pour l'éviter.

Tableau 20 : répartition des enquêtés selon qu'il y a un lien entre les résultats du parti
aux différentes élections et le facteur ethnique

Rapport Election

Effectif

Pourcentage

Oui

85

56,7

Non

21

14

Ne sais pas

16

10,7

Non-réponse

28

18,7

TOTAL

150

100

Dans notre échantillon, 56,7% soit 85 membres consultés affirment qu'il y a un lien entre les résultats de leur parti aux différentes élections et le facteur ethnique, contre 14% soit 21 membres qui pensent l'inverse. Vingt-huit (28) enquêtés soit 18,7% n'ont pas répondu à cette question et 16 membres soit 10,7% ne savent pas si cela est vrai ou faux. Cela montre que le vote ethnique est conseillé et entretenu par les partis.

Tableau 21 : répartition des enquêtés selon l'influence du facteur ethnique sur les
activités sur le terrain

Activités

Effectif

Pourcentage

Oui

60

40

Non

76

50,7

Ne sais pas

14

9,3

TOTAL

150

100

Selon ce tableau, 50,7% des enquêtés pensent que l'activité de leur parti politique sur le terrain n'est pas influencée par le facteur ethnique ; alors que 40% affirment le contraire. Le pourcentage de ceux qui ne savent pas est de 9,3%. Ceci indique que leur action sur le terrain est tournée vers tous milieux nécessaires.

IV.4- ATTITUDES A ADOPTER FACE AU PHENOMENE DE L'ETHNICISATION DES PARTIS POLITIQUES

Tableau 22 : répartition des enquêtés selon que l'ethnicisation des partis politiques est

un fait inévitable

Modalités

Effectif

Pourcentage

Oui

44

29,3

Non

82

54,7

Ne sais pas

24

16,0

TOTAL

150

100

L'examen des données consignées dans le tableau indique que 82 (54,7%) des enquêtés reconnaissent que l'ethnicisation n'est pas un fait inévitable ; ce qui est inévitable pour les 44 (29,3%) enquêtés. 24 des enquêtés ne savent rien de cela.

Ceci est rassurant dans la mesure où, la majorité des enquêtés ne perçoivent pas le phénomène ethnique comme une situation figée, un phénomène cristallisé que l'on ne peut endiguer.

Graphique 5 : répartition des enquêtés selon ce qu'on peut faire pour éviter
l'ethnicisation des partis politiques

Eviter phénomène

3,7%

7,1%

3,0%

18,7%

32,6%

34,8%

Non réponse

Légaliser le phénomène Appliquer la loi en vigueur Former les leaders

Arrêter la discrimination ethnique

Autre

Sur la question de ce que l'on peut faire pour éviter l'effet de l'ethnicisation sur les partis politiques, le graphique ci-dessus nous montre que 32,6% enquêtés disent que c'est à partir de la formation des leaders politiques ; 34,8% enquêtés pensent que c'est à partir de l'arrêt de la discrimination que c'est évitable. Seulement 18,7% enquêtés croient en l'application de la loi, et moins encore 3% demandent la légalisation du phénomène de l'ethnicisation. Nous avons 7,1% d'individus qui n'ont pas donné de réponses, et 3,7% qui ont d'autres solutions comme << censurer la mention ethnie dans toutes activités administratives », << inculquer la culture républicaine, tout en faisant une bonne répartition des biens de l'Etat », << sensibiliser, éduquer et conscientiser les citoyens à la démocratie » et comme, << que les leaders adoptent un discours d'apaisement ». Ses résultats attestent que les membres des partis politiques ont tout le nécessaire pour faire face à ce phénomène.

Tableau 23 : répartition des enquêtés selon l'application du système de quota par

l'ethnie

Système de quota par ethnie

Effectif

Pourcentage

Contribution

62

41,3

Entorse

79

52,7

ne sais pas

9

6

TOTAL

150

100

Le présent tableau nous indique que la plupart des enquêtés sont contre l'idée d'un système de quota à hauteur de 52,7% (79 enquêtés), le trouvent comme étant une entorse à la politique togolaise, pour 41,3% (62 enquêtés) qui croient au contraire que ce sera une contribution. Le nombre des enquêtés ne maîtrisant pas la question est de 6%. A partir de cette observation, le système de quota n'est pas approprié ; mais 3% propose la légalisation du phénomène ethnique. (cf. graphique n°5)

CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION
DES HYPOTHESES ET SUGGESTIONS

L'objectif visé par notre recherche est de vérifier le fondement de notre hypothèse à la base des résultats de notre enquête ; l'hypothèse principale est la suivante : «L'ethnie est un instrument qui favorise l'accès à un parti politique et qui influence son fonctionnement. » Cette partie sera donc consacrée à l'interprétation des résultats, ce qui permettra de procéder à la vérification de nos hypothèses, pour enfin aboutir sur les suggestions.

IV.1- INTERPRETATIONS DES RESULTATS ET VERIFICATIONS DES HYPOTHESES

Dans les lignes qui vont suivre, nous procéderons à l'interprétation des données présentées après dépouillement, tout en tenant compte des observations et des entretiens menés sur le terrain. Nous essayerons alors de bâtir cette partie sur deux points essentiels dont le premier concernera l'engagement politique qui dépend de plusieurs paramètres, et le second va se pencher sur la relation ethnie/fonctionnement des partis politiques. Nous procéderons à la fin à la vérification de notre hypothèse du départ.

IV.1.1- Engagement politique

Il s'agit ici de montrer quels sont les paramètres qui rentrent en jeu dans l'engagement politique d'un individu.

IV.1.1.1- Appartenance à une ethnie donnée.

Nous avons dans le but d'aboutir à notre recherche, introduite la question qui nous permettra de savoir au sein des partis politiques, quelle ethnie ou quelles sont les ethnies les plus représentatives. Selon le résultat recueilli dans le tableau n°3, plus d'une dizaine d'ethnies ont été mentionnées, mais nous pouvons remarquer que quatre principales ethnies dépassent la barre des 10%. On voit en premier les Ewé avec 22,7%, suivi des Guin avec 21,3%, ensuite les Ouatchi 16,7% et enfin les Kabyè avec 10%. Ces pourcentages nous révèlent alors que les ethnies Ewé, Guin, Ouatchi et Kabyè s'intéressent plus à la politique, ou s'engagent plus dans un parti politique que les autres ethnies.

En procédant à un croisement des tableaux n°3 et n°9, « quelle est votre ethnie ? Et à quel parti politique appartenez-vous ? », et en ne considérant que les quatre ethnies nous avons le tableau ci-dessous :

Tableau n°24 : croisement entre l'ethnie d'origine des enquêtés et leur appartenance

politique

Modalités

Non-réponse

CAR

ex-RPT

UFC

TOTAL

Ewe

8,8

20,6

38,2

32,4

100

Guin

6,3

12,5

43,8

37,5

100

Kabyè

40

0

53,3

6,7

100

Ouatchi

0

36

32

32

100

N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 150 observations.

Ici on voit clairement dans quel parti politique s'engagent plus les ethnies. Les Ewé, par exemple, sont nombreux dans l'ex-RPT (38,2%), ensuite l'UFC et le CAR. Avec les Guin, c'est la même analyse. Pour les Kabyè, 53,3% sont de l'ex-RPT, ensuite 6,7% dans l'UFC et aucun dans le CAR. Les Ouatchi, on le voit est plus dans le CAR et partage le même pourcentage dans l'ex-RPT et l'UFC.

Retenons donc qu'à part la présence massive de ces quatre ethnies, elles ont chacune une attirante vers un parti politique bien précis. Les Ouatchi optent plus pour le CAR ; les Kabyè, les Guin et les Ewé sont plus tournés vers l'ex-RPT. Néanmoins la présence des Guin et Ewé est importante dans l'UFC également. Cela nous conduit à dire qu'à un parti politique une ethnie. Et c'est à bon droit que l'on pense vulgairement que le CAR c'est pour les Ouatchi, puisque le fondateur est de cette ethnie et de même que le nouveau président de ce parti ; l'ex-RPT pour les Kabyès, parce qu'aussi << le fondateur » était kabyè, de même que leur secrétaire général, et le président de la république qui est de ce parti ; et l'UFC pour les Guin et Ewé, pour les mêmes raisons que les précedents.

Pour cela, un cadre de l'ex-RPT nous révèle en ces termes : << l'homme a tendance à faire confiance à sa cellule de base. Le parti étant dirigé par un Kabyè et comme les Kabyè lui doivent tout puisqu'ils pensent qu'il les a sauvés des griffes de Sylvanus Olympio, ils adhèrent tous à ce parti pour conserver le pouvoir afin d'être protégés et par gratitude. C'est ce qui continue aujourd'hui. En plus de cela, c'est mal vu aussi d'être Kabyè et de ne pas être du RPT ». Mais cette analyse porte des insuffisances que nous allons relever en introduisant, dans l'engagement politique le niveau d'étude.

.IV.1.1.2- Niveau d'étude

Le domaine politique est un milieu ouvert que l'on peut accéder avec un militantisme de base, néanmoins celui qui s'y engage doit nécessairement avoir un minimum de connaissance. A cet effet, 72% des enquêtés ont atteint le niveau d'études supérieures et très peu sont dans les niveaux inférieurs (cf. tableau n°4). Il se dessine ici que même si les partis politiques ont besoin des voix de tous pour la victoire, ceux qu'ils recrutent véritablement requièrent un niveau d'étude supérieure.

Il est intéressant de voir quelle ethnie a plus d'enquêtés, ayant fait des études supérieures. Voici donc, le tableau du croisement de ces deux variables ci-dessous :

Tableau n°25 : croisement entre l'ethnie d'origine des anquêtés et leur niveau d'étude

Modalités

Non instruit

Primaire

Secondaire

Lycée

Supérieur

Ewe

0

0

30

17,6

24,8

Guin

0

0

30

5,9

24,8

Kabyè

0

0

0

17,6

10,1

Ouatchi

0

0

20

17,6

18,3

TOTAL

0

0

100

100

100

N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en colonne.

On remarque de facto les ethnies Guin et Ewé qui ont le même d'enquêtés ayant atteint le secondaire (30%) ; viennent ensuite les Ouatchi (20%). Les Kabyès eux ont essentiellement atteint le lycée (17,6%) et la supérieure (10,1%). Cela peut s'expliquer par la forte démographie des ethnies Guins, Ewé et Ouatchi par rapport aux Kabyè.

Mais avant de mener à bien notre interprétation, faisons un croisement de nouveau entre les partis politiques et le niveau d'étude :

Tableau n°26 : croisement entre l'appartenance politique et le niveau d'étude des

enquêtés

Madalités

Non instruit

Primaire

Secondaire

Lycée

Supérieur

TOTAL

CAR

0

0

14,3

11,4

71,4

100

ex-RPT

0

0

3,6

10,9

85,5

100

UFC

0

2,8

5,6

13,9

72,2

100

N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.

Ici, l'ex-RPT a en son sein 85,5% de membres qui ont atteint un niveau d'étude supérieure, l'UFC dispose de 72,2% de membres ayant atteint le supérieur, et le CAR 71,4%. Il faut noter que seule l'UFC à 2,8% de membres ayant atteint le primaire ; les non-instits il n'y a en dans aucun des trois partis.

De ces deux croisements de tableaux, nous pouvons soulever que l'ex-RPT et les Kabyè renferment plus des enquêtés ayant un niveau d'étude élevé. Cela rejoint les propos d'un membre de l'ex-RPT qui disait au cours d'une émission sur les plateaux d'une télévision

togolaise que : << la dissolution de ce parti sera une libération pour l'élite kabyè, car ayant étépour la plupart boursier à la solde de ce parti État. Aussi, étant kabyè et ne pas appartenir à

ce parti ressemble à une trahison, et par conséquent on est mal vu, vilipendé. » C'est donc par gratitude ou comme l'affirme les 13% des enquêtés (cf. graphique n°2) par contrainte des leaders sur leur population ethnique. Ces faits traduisent la présence de l'ethnie dans l'engagement politique, même dans le cas d'une considération d'un niveau d'étude.

IV.1.1.3- Les déterminants de choix à un parti politique

Cette troisième étape concernant l'engagement politique sera essentiellement axée sur les motivations qui poussent les individus à adhérer à tel parti politique qu'à tel autre. Dans la présentation de nos résultats, il ressort que la plupart qui choisissent un parti politique, c'est par rapport au programme social du parti soit 47,3% (cf. graphique n°2). Cela démontre la maturité politique des membres qui adhèrent les partis politiques.

L'objectif d'un parti politique étant la conquête et l'exercice du pouvoir, ces derniers doivent se munir d'une idéologie directrice dans lequel se dessinera la gestion du pays afin de le conduire vers le développement. Néanmoins, 42,7% des enquêtés font le choix en considérant la confiance que leur incarne le leader du parti ; aussi d'autres vont jusqu'à choisir juste parce que c'est le parti au pouvoir (15,3%), ou par affinité ethnique et/ou familiale (7,3%), ou encore pour suivre des amis (6%). Cela ne reflète pas l'allure d'un parti politique, mais d'une association de quartier ou d'un collectif.

Au cours de l'entretien avec un responsable du CAR, ce dernier nous fait savoir que << tout parti politique à son fief. Ainsi, comme le président est de yoto et par conséquent ouatchi cela se voit que ce groupe le suive plus. » En dépit de tout cela, toujours est-il que le niveau d'étude joue nécessairement comme nous l'avions souligné dans l'engagement politique d'un individu. A partir du lycée et plus dans le supérieur, les individus sont plus orientés par le programme pour adhérer à un parti politique. C'est l'attitude du choix

rationnel. Mais poussons l'analyse plus loin, en croissant les variables ethnie et choix du parti politique :

Tableau n°27 : croisement entre l'ethnie d'origine et la raison du choix du parti politique par les enquêtés

Modalités

Akposso

Bassar

Ewe

Guin

Kabyè

Kotokoli

Ouatchi

Autres

TOTAL

Confiance au

leader

6,3

1,6

20,3

20,3

7,8

4,7

25

14,1

100

C'est le pouvoir en place

0

0

30,4

30,4

13

4,3

17,4

4,3

100

affinité ethnique

et/ou familiale

0

0

18,2

36,4

9,1

0,0

18,2

18,2

100

Programme convaincant

2,8

2,8

22,5

21,1

7

8,5

21,1

14,1

100

Pour suivre des

amis

0

0

11,1

44,4

0

11,1

33,3

0

100

N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.

En nous limitant aux quatre partis politiques du départ, le tableau affiche que l'Ewé et le Kabyè ont fait leur choix en considérant que le parti politique est le pouvoir en place. On ne peut que dire que le choix du parti politique, parce que c'est le parti au pouvoir peut traduire que l'on s'engage pour les privilèges afférents au pouvoir. Sinon, pourquoi choisir un parti qui est au pouvoir si ce n'est pour profiter des avantages du pouvoir ? Cette question peut trouver sa réponse dans ce que nous révèle un responsable de ALLIANCE en ces termes << la politique togolaise n'est pas en tant que telle ethnique, mais c'est plus pour l'intérêt qu'on y

arrive. Les sudistes, c'est pour trouver un minimum de privilège qui est aux mains des Kabyêet ces derniers et le Nord pour maintenir leur hégémonie >>. Le Guin lui, fait son choix par

affinité ethnique et/ou familiale ; ce qui rejoint un peu le Ouatchi qui suit un ami ou met la confiance en son leader. Cela atteste les dires du responsable d'une association de la société civile en ces termes : << l'instinct grégaire est un handicap sérieux pour les partis politiques, l'administration... >>

La réalité qu'exprime l'engagement politique, en tenant compte des paramètres évoqués, concerne plus l'aspect d'adhésion à un parti politique, qu'il serait mieux de voir avec la réalité sur terrain.

IV.1.2- Relation entre l'ethnie et le fonctionnement des partis politiques

Nous allons, dans cette deuxième partie de notre interprétation, nous focaliser sur les deux dernières échéances électorales dans notre pays à savoir : la législative de 2007 et la présidentielle de 2010, pour mettre en évidence ce facteur ethnique sur le fonctionnement des partis politiques. Ceci pour pouvoir corroborer les analyses du tableau n°20, qui montre que 56,7% des enquêtés reconnaissent qu'il y a un rapport entre les résultats du parti aux élections et le facteur ethnique, bien même que la majorité (50,7%) des membres des partis enquêtés rejettent le fait que le facteur ethnique influence leur activité sur le terrain (cf. tableau n°21).

Mais avant cela, relevons que 53,3% des enquêtés reconnaissent que le facteur ethnique joue sur la formation de leur bureau, contre 34,7% qui disent non (cf. tableau n°14). Ceci sert à montrer seulement que les partis politiques se structurent à partir de l'ethnie majoritaire ou de l'ethnie du leader. C'est ce qu'un responsable de l'UFC nous confie lors de l'entretien : << nous remarquons que les bureaux se font par favorisation d'une ethnie, ce qui n'est pas juste. On ne tient pas contre des autres » ; cette même préoccupation est soulevée par un cadre sudiste de l'ex-RPT : << on ne fait pas confiance en nous qui sommes du Sud, même si on nous confie une responsabilité, on n'est toujours surveillé par un Kabyè surtout, car on dit que nous sommes des traites ». Ainsi dans la forme, certains partis politiques respectent ou pratiquent un << panachage ethnique » impeccable, mais dans le fond c'est un saupoudrage.

En revenant donc aux activités des partis, surtout par rapport aux élections, procédons à un croisement de ces données avec l'appartenance au parti politique :

Tableau n°28 : croisement entre le rapport entre l'ethnie et les résultats des élections et
l'appartenance au parti politique des enquêtés

Modalités

Non-

Oui

Non

Ne sais pas

TOTAL

CAR

0

82,9

8,6

8,6

100

ex-RPT

3,6

69,1

20

7,3

100

UFC

13,9

50

19,4

16,7

100

N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.

Ce croisement nous révèle de façon concrète, quel parti politique est réellement sous l'influence immédiate du facteur ethnique, surtout dans le contexte des élections. Au sein du CAR 82,9% des membres enquêtés répondent oui à cette question ; au niveau de l'ex-RPT on

trouve 69,1%, et dans l'UFC 50%. Essentiellement donc, tous ces partis s'appuient sur une ethnie. En entretien avec un responsable du CAR à qui nous demandions si l'élection du nouveau président de leur parti n'est influencée par le facteur ethnique, il répond en ces termes << le choix n'est pas influencé par le facteur ethnique puisque c'est une élection avec plusieurs candidats, mais toujours est-il qu'en votant les membres peuvent avoir le souci de conservation de l'électorat acquis au CAR, qui est le Yoto, et par là les Ouatchi ».

Tout ceci nous oriente vers le fait que des partis politiques cherchent à établir un vote ethnique ou prennent en compte l'identification partisane du paradigme de Michigan. Par cette dernière, on montre que le comportement électoral est analysé comme résultante d'un champ de forces psychologiques. On arrive à prévoir le vote des électeurs, en déterminant << l'orientation et l'intensité de leurs attitudes à l'égard des divers objets politiques (candidats, partis, programmes) ». (Danioue, 2009 : 13) C'est donc un attachement effectif à un groupe de référence ou à un leader.

En nous conférant aux annexes I et II de notre travail, il est bien clair cet aspect. Au niveau de l'annexe II, l'ex-RPT à l'élection présidentielle a raflé tous les votes de toutes les régions sauf la région maritime qui a voté pour l'UFC ; exception faite aussi de la préfecture de Yoto qui est acquis au CAR. Ceci étant, tous les endroits où sont originaires les leaders de parti politique, ont accordé leur voix au << fils du terroir ». La nuance est à faite concernant

l'ex-RPT qui a eu de voix presque partout, même si son candidat à des liens familiaux kabyèet éwé de Kloto, il faut souligner plus son expérience et surtout le fait qu'il a presque de façon

égale les membres de la plupart des ethnies. (cf. tableau n°24)

Toute cette implication du facteur ethnique entrainant la division Nord/Sud comme le révèle le tableau n°8, n'est qu'une pure manipulation à des fins politiques. Par conséquent, une volonté doit animer tous citoyens togolais pour finir avec ce phénomène, comme 54,7% contre 29,3% (cf. tableau n°22) juge cela évitable. Mais la question qui se pose est de savoir à qui imputer cela ? Et que faire pour éviter cette situation ? Pour la première question, les personnes interviewer sont unanimes << c'est un fait colonial », mais d'autres ajoute le parti politique RPT qui était au pouvoir depuis quarante. Selon le membre de la société civile << il est clair que le RPT à un moment donné, à commencer par insérer le clivage Nord/Sud ou le clivage kabyè/éwé (guin) dans la vie politique togolaise pour toujours garder l'électorat du Nord ». Pour la seconde question, par le graphique n°5, il ressort que c'est dû à la discrimination ethnique qu'il faut donc éviter. A cet effet, le rapport de Human Rights de 2010 sur le Togo, révèle dans ce cas que

<< la dominance relative des groupes ethniques du Sud dans le secteur privé, notamment dans le commerce et les professions libérales, et la relative prédominance dans le secteur public et particulièrement dans les forces de sécurité, des membres du groupe ethnique kabyè, dont sont issus l'ancien et l'actuel président, et des autres groupes ethniques du Nord, étaient à l'origine de tensions politiques. Les partis politiques avaient tendance à avoir des bases ethniques et régionales facilement identifiables : ainsi, le RPT comptait plus d'adhérents des ethnies du Nord que du Sud ; l'inverse était également vrai pour les partis de l'opposition comme l'UFC et le CAR. » (2010 : 20)

Par ailleurs, dans le graphique n°5 toujours, 18,7% des enquêtés demandent l'application des textes en vigueur pour pouvoir éviter l'ethnicisation. On déplore donc, la passivité des autorités compétentes dans ce domaine.

Au vue de tout ce qui précèdent, il est donc important de faire face à l'ethnicisation des partis politiques, d'autant plus que 84,7% des enquêtés contre 6,7%, pensent que cela fragilise ou peut détruire la cohésion sociale (cf. tableau n°19) ; et surtout que 52,7% des enquêtés pensent que c'est une entorse de proposer un système de quota par l'ethnie dans la politique togolaise (cf. tableau n°23). Dans les interviews de façon unanime, les 6 personnes trouvent qu'à long terme << la manipulation ethnique du clivage Nord/Sud, engendrera un conflit ethnique comme cela est le cas dans la plupart des pays d'Afrique ». En plus d'un éventuel conflit, il est important de voir que cette manipulation même si elle ne fragilise pas la cohésion sociale de nos jours, elle peut à la longue la détruire. Ce que révèle le tableau n°19. L'un des responsables de l'ANC dit à cet effet : << le rapport entre le Nord et le Sud, ou le kabyè et l'éwé (ou guin) est très convivial aujourd'hui, puisque même les métissages continuent par des mariages dont je suis la preuve, ma femme est du Nord. Il y a une cohabitation parfaite dans les quartiers, dans les services, c'est seulement sur l'aspect ethnique que la division survient ». << Fragilité non, mais destruction de la cohésion, oui si rien n'est fait dans ce sens » nous dit un membre de l'ex-RPT. Tout cela est rassurant surtout venant des acteurs de la vie politique togolaise. Le reste c'est de trouver comment arriver à endiguer << la pathologie »

IV.1.3- Vérification des hypothèses

Nous pouvons nous demander, au bout de ce parcours théorique (recherche documentaire) et pratique (enquêtes et entretien sur le terrain) si les hypothèses qui soustendent cette étude sont vérifiées ou non. Autrement dit, si les réponses provisoires que nous avions données au départ sont confirmées ou infirmées.

En ce qui concerne notre recherche sur « l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC », nous avions posé trois hypothèses :

> Les partis politiques tiennent compte de l'aspect ethnique dans leur recrutement, ainsi que dans leur mode de fonctionnement.

> L'ethnicisation des partis politiques cause la diminution du lien social et la cristallisation du clivage Nord/Sud.

> L'amoindrissement du pouvoir de l'Etat provient de l'ethnicisation des structures des partis politiques.

L'interprétation de toutes les données recueillies et analysées atteste que seule l'hypothèse 3 n'a pas été catégoriquement confirmée. Retenons quand même qu'en ce qui concerne l'hypothèse 2, bien qu'elle soit confirmée, de par cette recherche aussi il est ressorti qu'il peut être endigué. Il y a donc de l'espoir à ce que le Togo connaisse un avenir sans cette cristallisation ethnique.

IV.2- SUGGESTIONS

Dans le cadre de ce travail, portant sur « l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC», l'ethnicité a été observée comme un phénomène flexible qui prend la forme que lui donnent les acteurs sociaux et surtout politiques. L'ethnicité cesse donc d'être un produit de la reproduction de différenciation naturelle de la société togolaise, tant bien que cet aspect est réel suite à son passé historique, pour devenir un produit différentiel de l'activité socio-politique.

Le politique utilisera de façon drastique cette dissension comme instrument de lutte politique. Cela se reflète au sein des partis politiques où leur situation est profondément minée par le phénomène d'ethnicisme.

Il est important alors au terme de cette étude, d'adresser à l'endroit des différents protagonistes ou acteurs de la vie politique togolaise quelques suggestions qui pourront être des pistes de solutions pour pallier ce phénomène ethnique.

IV.2.1- Suggestions aux partis politiques

Nous allons présenter des suggestions sur l'aspect structurel à travers les organes et sur l'aspect fonctionnel à travers les activités et l'action militante.

a) Aspect structurel

- Les partis politiques devront être capables, au niveau de leur structure et fonctionnement interne, de prohiber toutes formes de comportements ou d'attitudes qui continueraient à perpétuer l'ethnicisation. Pour cela, il est important que les partis politiques forment leurs membres et sympathisants à une valeur républicaine et citoyenne ; qu'ils tiennent compte de la compétence, de la diversité ethnique dans la formation de leurs organes et différentes délégations.

- Il est à noter que ladite recherche à fait ressortir que la situation découlant de l'aspect ethnique n'est qu'une instrumentalisation ou une manipulation politique. Dans ce cas, l'action des politiques en tant que pouvoir en place ou en tant qu'opposition est à soulever et à déplorer. Il faut par conséquent que les partis politiques deviennent des structures qui évoluent sur des bases démocratiques dans leur organisation. Pour cela, il faudra qu'euxmêmes soient exemplaires, en adoptant des mesures stratégiques pour éviter cette instrumentalisation.

b) Aspect fonctionnel

- Il faut que les partis politiques soient représentatifs sur tout le territoire du pays. Aujourd'hui, la présence des partis politiques dans certaines localités n'est visible que lors des campagnes électorales. Leurs activités se focalisent dans les zones qui leur sont favorables ou dans leurs localités ethniques. Cette attitude ne favorise pas un climat de confiance entre les populations qui forment l'électorat et les candidats des partis politiques.

- Il est impérieux que les partis politiques considèrent leur rôle de formateur ; pour cela, ils doivent commencer par former leurs leaders, leurs membres et leurs militants de base sur la question du clivage ethnique, ensuite éduquer la population à un comportement plus républicaine à travers les médias, les concours, les activités culturelles...

- Il faudra comprendre que l'ethnie n'est pas un instrument politique, pas plus qu'une variable de la participation politique sur laquelle il faut s'appuyer pour avoir de la popularité ou des voix. Il est bien clair qu'aucun parti ne peut se prévaloir de gagner une échéance électorale en s'appuyant rien que sur une ethnie. Ils ont le droit de concourir au pouvoir comme leur recommande l'article 2 de la charte des partis politiques qui reconnaît que les partis politiques ont << pour objet de concourir à l'expression de la volonté politique des citoyens et à leur formation civique », mais pas en instrumentalisant l'ethnie.

- Il faut que les leaders évitent la stigmatisation de l'autre, en changeant de discours à caractère ethniciste, en évitant des campagnes à l'image de << mon camp doit gagner, sinon on va voir », en menant des actions qui pourront rassurés les ethnies désavantagées ou celles avantagées, pour la nécessité de la consolidation de l'Etat-Nation pour un développement intégral et durable.

IV.2.2- Suggestions aux autorités publiques

- L'implication des partis politiques dans la réalité sociale et politique togolaise nécessite que l'on porte une attention particulière à ces derniers. Le rôle premier du pouvoir public (organes de l'Etat et même des collectivités territoriales) est de promouvoir la cohésion sociale et la << justice sociale » basée sur l'équité (John Rawls) au sein du pays. Ainsi serait-il profitable à tous, à ce que les pouvoirs publics mettent à la disposition des partis politiques, des outils essentiels à leur établissement.

- Il faudra pour une implantation de tous les partis politiques dans le pays, qu'on assure leur sécurité et que l'on veille à la cessation << des représailles » sur leurs membres. Pour cela,

il faudra des cadres juridiques compétents et sains, de même qu'une sensibilisation pour faire comprendre que l'adversité politique, ou différence ethnique ne veut pas dire << ennemi >>.

- L'un des aspects de l'ethnicisation des partis politiques provient des financements de ces derniers. Ils sont pour la plupart du temps et en grande partie financés par des familiers du responsable si ce n'est pas le responsable lui-même, ou par des richissimes ayant la même origine ethnique que le président. Pour ce faire, il faudra mettre à la disposition des partis politiques le financement nécessaire à leur fonctionnement, afin d'éviter le financement de ces derniers par des groupes ou des individus d'une même ethnie qui feront d'eux des << collectivités ethniques >>.

- L'administration doit être un lieu exemplaire sur lequel pourront s'appuyer les partis politiques. Ainsi, le critère de recrutement dans l'administration publique ne doit pas être un critère ethnique ou par affinité ethnique. L'autorité publique doit alors prendre ces responsabilités pour faire face à ce phénomène d'ethnicisation du milieu du travail public, pour aussi adopter une mesure tenant compte de la << représentativité dans la diversité >>.

- Etant le premier formateur, l'autorité publique doit renforcer la formation publique, dans le domaine de l'éducation, afin d'éveiller les consciences à un nationalisme et à faire comprendre que les différences ethniques sont des richesses culturelles pour le développement du pays. Il faut donc créer un cadre qui permettra d'éveiller la conscience nationale.

- On peut aussi sur le plan culturel, organiser des colonies de vacances. Cela permettra une meilleure connaissance du pays, une << imprégnation >> des valeurs culturelles de chaque partie de la << terre de nos aïeux >> qui conduirait donc à faire tomber les barrières de clivages Nord/Sud ou de dissenssions ethniques que l'on remarque. Ce sera aussi une contribution pour semer dans la jeunesse l'unité du pays.

- Il faudrait aussi que les autorités prennent des mesures nécessaires pour intensifier l'usage de la langue officielle qu'est le français dans les lieux administratifs surtout, pour prohiber tout étiquetage ethnique. Il est souvent frustrant qu'en allant dans l'administration, sans se soucier de ton appartenance ethnique, on t'adresse la parole en un dialecte que tu ne maîtrises pas. Tout cela instaure des réseaux de népotisme, de favoritisme qui rejaillissent sur l'organisation et le fonctionnement des partis politiques. C'est nécessaire donc d'insister sur cet aspect afin que le canal de la communication ne soit pas un blocage ou un moyen contributif à l'ethnicisation.

IV.2.3- Suggestions à la société civile

Les acteurs de la société civile sont des personnes ressources en appui aux institutions publiques dans bon nombre de domaines, que cela soit dans la lutte pour le respect des droits de l'homme, dans la formation à la base, dans les sensibilisations, dans la promotion du développement social et dans le processus de démocratisation. La société civile est alors un << corps intermédiaire » qui assure le pont entre le peuple et la classe politique d'où son rôle d'éveil de conscience.

- Il faudrait donc que la société civile togolaise s'implique dans la formation civique du citoyen. Elle devrait oeuvrer pour arriver à une attitude favorable pour le changement de comportement vis-à-vis du phénomène ethnique. Ceci doit concerner les partis politiques et les autorités publiques d'une part, afin qu'ils arrêtent l'instrumentalisation de l'ethnie à des fins politiques ; et d'autre part, la population civile pour qu'elle adopte une attitude responsable d'acceptation de l'autre comme appartenant à une même entité, tout en les amenant à une tolérance optimale par rapport à l'autre.

- Il faudrait que la société civile élabore des initiatives qui conduiraient à faire changer l'état d'esprit des gens qui interviennent comme acteurs dans les institutions et de la population tout entière. Pour cela, des états généraux et des forums sur la question Nord/Sud et sur la question des dissensions ethniques doivent être organisés dans tout le pays, afin de savoir pourquoi les choses sont telles et comment, faire pour les éviter.

- La société civile devrait s'investir dans la formation des médias qui contribuent aussi à l'exacerbation de ces clivages ethniques et de l'instrumentalisation politique du facteur ethnique. Afin qu'ils puissent fonctionner comme un moyen de consolidation sociale, il faut leur assurer une formation déontologique, pour les amener à un professionnalisme. Ceci évitera leur côté partisan dans la prise de position et leur permettra d'accéder à une objectivité dans la diffusion de l'information.

- Il va falloir que la société civile en tant que cadre religieux conduise leurs fidèles, qui ne sont autres que la population, à adopter un comportement humain basé sur les principes religieux, dont entre autres la tolérance et l'acceptation de l'autre comme << un autre moi ». La religion doit servir de creuset dans lequel viendra fondre toutes nos divergences ethniques pour converger vers un seul Dieu et par là une seule Nation.

Au-delà de toutes ces suggestions, la tâche doit revenir à chaque citoyen dans sa relation avec sa mission vis-à-vis de l'Etat, de se poser des questions et de chercher par son comportement à répondre à chacune de ces questions. Ainsi, il faut se demander : si en tant

qu'enseignant, agent d'administration, préfet, juge, agent des forces de l'ordre, bref en tant que citoyen togolais, est-ce que j'agis en fonction de mon intérêt, en fonction de l'intérêt d'une portion de la société à laquelle j'appartiens ou en fonction du plus grand nombre, en fonction de la loi, ou en fonction de la République ? (J. Aglo, 2012 : 13)

CONCLUSION

En somme, << il y a au Togo, un problème dont on n'aime pas parler : ni publiquement, ni officiellement. Et pourtant il se pose dans sa complexité et dans sa laideur destructrice. » (V. Alipui in préface T. G. Tété-Adjalogo, 2007) Nous sommes face à un problème de << dissension ethnique» qui plongeant ses racines dans le passé historico-colonial du Togo, mine tous les domaines à savoir administratif, social, culturel, religieux, économique, éducatif, et politique du pays. Mais c'est plus en politique que ce phénomène s'exprime, ce pour quoi le but poursuivi par ce modeste travail est de se pencher sur le thème, << l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC ».

La question donc qui a orienté notre travail et qui fonde son objectif est de savoir en quoi l'appartenance à une ethnie conditionne l'accès à un parti politique et à son fonctionnement au Togo. Tout au long de ce travail dont l'objectif était de démontrer le rôle que joue l'ethnie dans le processus d'adhésion aux partis politiques et dans leur fonctionnement au Togo, nous avions eu à démontrer sans distinction que les partis politiques retenus pour notre recherche sont tous influencés d'une manière ou d'une autre par le facteur ethnique. Cela n'est pas toujours voulu ou affiché, mais rien ne se fait pour pouvoir pallier au sein de ses partis politiques cette situation.

Au terme de cette étude, que donc retenir. Il est bon de savoir que l'étude du domaine politique rappelle parfois qu'il y a des interrogations oubliées, moins par négligence que par une imprégnation idéologique, qui conduit à considérer spontanément comme allant de soi des situations qui ne sont que le produit toujours précaire de l'histoire sociale. (F. Constantin, 1989 : 335) Par conséquent, la vie politique togolaise regorge de ces interrogations oubliées, quant à ce qu'il s'agit de la question ethnique. L'étude révèle que les partis politiques de façon subtile, ne conditionne pas, mais privilégie l'affinité ethnique dans l'adhésion à ces derniers. Cela se dessine dans leur mode de fonctionnement qui est un facteur de la cristallisation de du clivage ethnique, source, non d'affaiblissement, mais d'une éventuelle destruction de la cohésion sociale de la population togolaise. Aussi, le passé politique et social coloniale, la volonté de maintenir le pouvoir pour jouir des avantages y afférent, l'instinct grégaire toujours présent sont entre autres les causent qui font persister le phénomène d'ethnicisation des partis politiques.

Conscients de ce mal, l'enquête ressort qu'il nécessaire d'arriver à estomper ce fait. Loin de l'éradiquer, car faisant partie de nos réalités, il peut par la sensibilisation, s'il n'est pas instrumentalisé, devenir une base pour une unité dans la diversité. L'éducation n'est pas aussi à nébligée, car comme le souligne R. Danioué « un peuple qui n'est pas éduqué est exposé à toutes sortes de manipulations mesquines des ambitieux forcenés et est à la merci de n'importe quel rebouteux. » (Op. cit.: 124) Il est donc impérieux que les aspirations au développement, les aspirations au bien-être pour tous, constituent désormais le principe et la valeur de référence ainsi que le facteur de fédération des intérêts du pays.

Aujourd'hui dans les pays issus de la colonisation, comme le Togo, nous venons de le montrer que le phénomène ethnique est indexé comme l'un des obstacles majeurs au fonctionnement de l'Etat, au processus de démocratisation et surtout à la réalisation d'un développement durable. C'est un facteur de tension et de conflit. L'édification de l'Etat à l'opposé de toute reconnaissance de la participation des ethnies à l'exercice du pouvoir ; ce qui se concrétise dans la Constitution. Or, l'ethnie fait partie de nos réalités existentielles.

Nous pouvons donc déduire que l'absence d'une formalisation de la participation des ethnies à l'exercice du pouvoir serait la cause des manipulations, qui font de l'ethnicité un facteur de tension au bon fonctionnement de l'État. La question qui se dégage et qui pourra être objet d'une recherche postérieure est de savoir si l'ethnicité comme épreuve peut ainsi être surmontée par son incorporation formelle au fonctionnement de l'État ?

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Http://www.togocity.com/IMG/pdf/rapport_general_ltdh.pdf, consulté le 28/02/2012.

ANNEXES

Annexe I

Résultat du scrutin législatif du 14
octobre 2007 en sièges

 

Annexe II
Résultat de l'élection présidentielle de 2010

 
 

Source MOE-Togo 2007 Source MOE-Togo 2010

ANNEXE III : Tableau des chefs de corps sous le Gal Eyadéma Gnassingbé et sous
Faure Gnassingbé en 2005.

Source : Toulabor C., « Togo: Les forces armées togolaises et le dispositif sécuritaire de contrôle (1&2)

ANNEXE IV : Liste des membres fondateurs et les membres du bureau du CUT de 1941

et 1946

Source : Tété-Adjalogo, 2000, Histoire du TOGO. La palpitante quête de l'Ablodé (1940- 1960), Paris, NM7 Editions.

QUESTIONNAIRE D'ENQUETE

A NE PAS REMPLIR

- Numéro du questionnaire

- Date de l'enquête

Ce questionnaire structuré vous est adressé afin de mener une étude sur le thème « l'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo : cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC » dans le cadre de la rédaction de notre mémoire de maîtrise, en sociologie politique.

Nous aimerions donc recueillir auprès de vous certaines informations qui resteront bien sûr confidentielles. Nous vous prions de répondre sincèrement aux questions posées afin de nous aider à assurer la validité des résultats de notre recherche.

A chaque question, il y a plusieurs réponses. Devant ces réponses, il y a des chiffres. Pour répondre, vous encerclez seulement le chiffre correspondant à votre réponse. Choisissez seulement une seule réponse par question. Pour les questions Q205, Q209, Q305 et Q403, vous pouvez choisir plusieurs réponses.

Merci d'avance pour votre disponibilité.

SECTION I : IDENTIFICATION DES ENQUETES

N° d'ordre

Questions et filtres

Code

Passer à

Q101

Quel est votre sexe ? (Noter le sexe de l'enquêté(e) sans lui poser la question)

Masculin 1
Féminin 2

 

Q102

Quel âge avez-vous ? (Inscrivez-le)

 
 

Q103

d'origine ?

Quelle est votre préfecture

 

Q104

Précisez votre ethnie

-Akposso 1

-Bassar 2

-Ewe 3

-Guin 4

-Kabyè 5 - Kotokoli 6

-Ouatchi . 7

- Autres (à préciser) 8

 

Q105

Quel est votre niveau d'étude?

- Non instruit 1 - Primaire 2

- Secondaire 3

- Lycée 4

- Supérieur 5

 

Q106

Dans quel secteur travaillez-vous ?

-Privé ... 1

- Public 2

- Pas de réponse 3

 

Q107

(Inscrivez-le)

Quel est votre lieu de résidence ?

.

 

SECTION II : PERCEPTION DE LA CAUSE DU PHENOMENE ETHNIQUE AU SEIN DES PARTIS POLITIQUES

N° d'ordre

Questions et Filtres

Codes

Passer à

 

Croyez-vous qu'il y a une ethnie

- Oui 1

 

Q201

plus importante qu'une autre au

- Non .. 2

Q203

 

Togo ?

- Ne sais pas 3

Q203

 

Selon vous, y a-t-il une division
ethnique entre le Nord Togo et le

-Division ethnique réelle . 1

-Manipulation politique 2

 

Q202

Sud Togo, ou s'agit-il d'une

manipulation politique ?

-Les deux 3

 
 
 

-CAR 1

 

Q203

A quel parti politique appartenez- vous ?

-ex-RPT 2

-UFC 3

 
 
 

- Confiance au leader 1

 
 
 

- C'est le pouvoir en place 2

 
 
 

-Affinité ethnique et/ou familiale 3

 

Q2041

Pourquoi avez-vous choisi ce

parti ?

- Programme convaincant 4

- Pour suivre des amis 5

 
 
 

- Autres (à préciser) 6

 
 
 

- Membres du bureau exécutif.......... 1

 

Q205

Quel est votre rôle dans le parti ?

- Membres actifs 2

 
 
 

- Membres sympathisants 3

 
 

Que peut-on comprendre par

-Supériorité numérique d'une

ethnie sur une autre 1

 

Q206

influence ou dominance ethnique, selon vous ?

- Supériorité culturelle d'une

ethnie sur une autre .. 2

 
 
 

- hégémonie politique d'une

 
 
 

Ethnie sur une autre 3

 
 

A votre avis, votre parti est-il sous

- Oui . 1

 

Q207

une influence ou une dominance ethnique ?

- Non 2

- Ne sais pas . 3

 

1 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.

Q2082

Selon vous, qu'est-ce qui peut être la cause de cette influence ou de cette dominance ethnique ?

- La politique du parti 1

-La situation socio-politique du pays 2

- L'instauration du multipartisme 3

- Le paysage ethnique du pays 4

- La non-application des textes 5

- Par contrainte des leaders sur

leur population ethnique .6

- Autres (préciser) 7

 

SECTION III : IMPACT DU PHENOMENE ETHNIQUE SUR LA STRUCTURE ET LE FONCTIONNEMENT DES PARTIS POLITIQUES

N°d'ordre

Questions et Filtres

Codes

Passer à

Q301

Est-ce que le facteur ethnique joue dans la formation du bureau et sur le fonctionnement de votre parti politique ?

- Oui 1

- Non . 2

- Ne sais pas ..... 3

 

Q302

Quel impact le facteur ethnique a sur la structure et le fonctionnement (activité sur le terrain) de votre parti politique ?

- positif 1

- négatif . 2

-aucun 3

- Autre (préciser) 4

Q304

Q303

L'impact du facteur ethnique

privilégie-t-il l'adhésion ou l'action de votre parti politique à une ethnie ?

- Oui 1

- Non 2

- Autre 3

 

Q3043

Selon vous, à qui profite le

phénomène ethnique ?

- Aux Togolais 1

- A la population ethnique

majoritaire dans le parti . 2

- Aux membres du parti .3

- Aux responsables du parti .. ...4
- Autres (à préciser) 5

 

2 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.

3 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.

Q305

L'alternance au niveau de votre parti politique est-elle influencée par le facteur ethnique ?

- Oui 1 - Non 2 - Ne sais pas 3

 
 

Certains disent que l'effet de

-D'accord . 1

 

Q306

l'ethnicisation fragilise ou peut

-Pas d'accord 2

 
 

détruire la cohésion sociale ?

- Ne sais pas 3

 
 

Y a-t-il un lien entre les résultats de

-Oui 1

 
 

votre parti politique aux différentes

-Non 2

 

Q307

élections et le facteur ethnique ?

- Ne sais pas 3

 
 

Vos activités sur le terrain sont-

- Oui 1

 
 

elles influencées par le facteur

- Non . 2

 

Q308

ethnique ?

- Ne sait pas 3

 

SECTION IV : ATTITUDE A ADOPTER FACE AU PHENOMENE DE L'ETHNICISATION DES PARTIS POLITIQUES

N° d'ordre

Questions et filtres

Code

Passer à

Q401

La Constitution togolaise et la

charte des partis politiques interdisent l'ethnicisation des partis politiques. L'ethnicisation des partis politiques est-elle donc un fait inévitable ?

-Oui 1

-Non 2

-Ne sait pas . 3

Q403

Q4024

Que pensez-vous que l'on puisse faire pour éviter le phénomène de l'ethnicisation des partis politiques ?

-Légaliser le phénomène 1

-Appliquer la loi en vigueur . 2

-Former les leaders 3

-Arrêter la discrimination

ethnique . 4

-Autre 5

 

Q403

L'application du système de quota par l'ethnie serait-elle une entorse ou une contribution à la politique togolaise ?

-Contribution 1

-Entorse 2

-Ne sais pas 3

 

4 Vous pouvez choisir plusieurs réponses.

GUIDE D'ENTRETIEN

Ce guide est destiné aux responsables de partis politiques, aux acteurs politiques et de la société civile.

1.1 Connaissances sur le phénomène de l'influence ethnique

1. Est-ce que l'on peut expliquer le régionalisme ou la bipolarisation (Nord/Sud) de la communauté politique togolaise ?

2. Qu'entendez-vous par l'effet de l'ethnicisation des partis politiques ?

3. Quelles sont les manifestations de ce phénomène que vous connaissez ?

4. Selon vous, votre parti subit-il ce phénomène ?

Justifiez cela.

1.2 Perception du phénomène

5. D'après vous, quelles sont les raisons à la base de ce phénomène ?

6. Quelle est la responsabilité des partis politiques dans cette situation ?

7. Certains affirment que les acteurs des partis politiques jouent sur l'aspect ethnique, puisque c'est le seul moyen sûr d'accéder ou de rester au pouvoir. Qu'en pensez-vous ?

8. Dans quelles situations les partis politiques peuvent arriver là ?

9. Cela n'agit-il pas sur la structure et le fonctionnement du parti ?

10. L'ethnicisation des partis politiques participe-t-elle à la réussite ou à l'échec de la démocratie ? Comment ?

11. Certaines pensent, et comme les textes l'autorisent déjà, que l'on doit mettre fin à ce phénomène ?

a) Qu'en pensez-vous ?

b) Pourquoi ?

c) Comment ?

TABLE DES MATIERES

DEDICACE iREMERCIEMENTS iiSOMMAIRE .iiiLISTE DES SIGLES ET ACRONYMES iv

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL,

METHODOLOGIQUE ET PHYSIQUE DE L'ETUDE 4

CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE L'ETUDE 5

I.1. justification du choix du sujet 5

I.2. Problématique 6

I.3. Hypothèses de la recherche 11

I.4. Objectifs de la recherche 12

I.5. Revue de littérature et cadre théorique de référence 12

I.5.1 Revue de Littérature 12

I.5.2 Cadre de référence théorique 21

I.6. Clarification des concepts opérationnels 22

Chapitre II : Cadres physique et méthodologique 28

II.1. Cadre physique ou champ d'étude 28

II.1.1Présentation historico-politique du Togo 28

II.1.2 Présentation du cadre légal des partis politiques 31

II.1.3 Historiques des partis politiques concernés par l'étude .32

II.1.4 Les données géographiques du Togo 36

II.1.5 Les données socio-démographiques du Togo 37

II.1.6 Les données socioculturelles du Togo 38

II.1.7 Les données sanitaires du Togo 39

II.1.8 Les données économiques du Togo 39

II.2. Cadre méthodologique 41

II.2.1- la recherche documentaire 41

II.2.2-La recherche quantitative 42

II.2.3- La recherche qualitative 46

II.3 - Les difficultés rencontrées 47

DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES -
INTERPRETATION DES RESULTATS ET VERIFICATION DES HYPOTHESES -

SUGGESTIONS 49

CHAPITRE III : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES 50

III.1-Identification des enquêtés 50

III.2-Perception de la cause du phénomène ethnique au sein des partis politiques 55

III.3-Impact du phénomène ethnique sur la structure et le fonctionnement des partis 60

III.4-Attitudes à adopter face au phénomène de l'ethnicisation des partis politiques 65

CHAPITRE IV : INTERPRETATION DES RESULTATS, VERIFICATION DES

HYPOTHESES ET SUGGESTIONS 67

IV.1-Interprétations des résultats et vérification des hypothèses 67

IV.1.1 Engagement politique 67

IV.1.2 Relation entre l'ethnie et le fonctionnement des partis politiques 72

IV.1.3 Vérification des hypothèses ..74

IV.2 Suggestions 76

IV.2.1 Suggestions aux partis politiques ..76

IV.2.2 Suggestions aux autorités politiques .77

IV.2.3 Suggestions à la société civile ..79

CONCLUSION 81

BIBLIOGRAPHIE 83

ANNEXES 88

TABLE DES MATIERES 97






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera