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L'ethnie dans le fonctionnement des partis politiques au Togo. Cas du CAR, de l'ex-RPT et de l'UFC

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par Labité Sodjiné AGBODJAN-PRINCE
Université de Lomé - Maitrise ès-lettres et sciences humaines 2012
  

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IV.1.2- Relation entre l'ethnie et le fonctionnement des partis politiques

Nous allons, dans cette deuxième partie de notre interprétation, nous focaliser sur les deux dernières échéances électorales dans notre pays à savoir : la législative de 2007 et la présidentielle de 2010, pour mettre en évidence ce facteur ethnique sur le fonctionnement des partis politiques. Ceci pour pouvoir corroborer les analyses du tableau n°20, qui montre que 56,7% des enquêtés reconnaissent qu'il y a un rapport entre les résultats du parti aux élections et le facteur ethnique, bien même que la majorité (50,7%) des membres des partis enquêtés rejettent le fait que le facteur ethnique influence leur activité sur le terrain (cf. tableau n°21).

Mais avant cela, relevons que 53,3% des enquêtés reconnaissent que le facteur ethnique joue sur la formation de leur bureau, contre 34,7% qui disent non (cf. tableau n°14). Ceci sert à montrer seulement que les partis politiques se structurent à partir de l'ethnie majoritaire ou de l'ethnie du leader. C'est ce qu'un responsable de l'UFC nous confie lors de l'entretien : << nous remarquons que les bureaux se font par favorisation d'une ethnie, ce qui n'est pas juste. On ne tient pas contre des autres » ; cette même préoccupation est soulevée par un cadre sudiste de l'ex-RPT : << on ne fait pas confiance en nous qui sommes du Sud, même si on nous confie une responsabilité, on n'est toujours surveillé par un Kabyè surtout, car on dit que nous sommes des traites ». Ainsi dans la forme, certains partis politiques respectent ou pratiquent un << panachage ethnique » impeccable, mais dans le fond c'est un saupoudrage.

En revenant donc aux activités des partis, surtout par rapport aux élections, procédons à un croisement de ces données avec l'appartenance au parti politique :

Tableau n°28 : croisement entre le rapport entre l'ethnie et les résultats des élections et
l'appartenance au parti politique des enquêtés

Modalités

Non-

Oui

Non

Ne sais pas

TOTAL

CAR

0

82,9

8,6

8,6

100

ex-RPT

3,6

69,1

20

7,3

100

UFC

13,9

50

19,4

16,7

100

N.B. Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne.

Ce croisement nous révèle de façon concrète, quel parti politique est réellement sous l'influence immédiate du facteur ethnique, surtout dans le contexte des élections. Au sein du CAR 82,9% des membres enquêtés répondent oui à cette question ; au niveau de l'ex-RPT on

trouve 69,1%, et dans l'UFC 50%. Essentiellement donc, tous ces partis s'appuient sur une ethnie. En entretien avec un responsable du CAR à qui nous demandions si l'élection du nouveau président de leur parti n'est influencée par le facteur ethnique, il répond en ces termes << le choix n'est pas influencé par le facteur ethnique puisque c'est une élection avec plusieurs candidats, mais toujours est-il qu'en votant les membres peuvent avoir le souci de conservation de l'électorat acquis au CAR, qui est le Yoto, et par là les Ouatchi ».

Tout ceci nous oriente vers le fait que des partis politiques cherchent à établir un vote ethnique ou prennent en compte l'identification partisane du paradigme de Michigan. Par cette dernière, on montre que le comportement électoral est analysé comme résultante d'un champ de forces psychologiques. On arrive à prévoir le vote des électeurs, en déterminant << l'orientation et l'intensité de leurs attitudes à l'égard des divers objets politiques (candidats, partis, programmes) ». (Danioue, 2009 : 13) C'est donc un attachement effectif à un groupe de référence ou à un leader.

En nous conférant aux annexes I et II de notre travail, il est bien clair cet aspect. Au niveau de l'annexe II, l'ex-RPT à l'élection présidentielle a raflé tous les votes de toutes les régions sauf la région maritime qui a voté pour l'UFC ; exception faite aussi de la préfecture de Yoto qui est acquis au CAR. Ceci étant, tous les endroits où sont originaires les leaders de parti politique, ont accordé leur voix au << fils du terroir ». La nuance est à faite concernant

l'ex-RPT qui a eu de voix presque partout, même si son candidat à des liens familiaux kabyèet éwé de Kloto, il faut souligner plus son expérience et surtout le fait qu'il a presque de façon

égale les membres de la plupart des ethnies. (cf. tableau n°24)

Toute cette implication du facteur ethnique entrainant la division Nord/Sud comme le révèle le tableau n°8, n'est qu'une pure manipulation à des fins politiques. Par conséquent, une volonté doit animer tous citoyens togolais pour finir avec ce phénomène, comme 54,7% contre 29,3% (cf. tableau n°22) juge cela évitable. Mais la question qui se pose est de savoir à qui imputer cela ? Et que faire pour éviter cette situation ? Pour la première question, les personnes interviewer sont unanimes << c'est un fait colonial », mais d'autres ajoute le parti politique RPT qui était au pouvoir depuis quarante. Selon le membre de la société civile << il est clair que le RPT à un moment donné, à commencer par insérer le clivage Nord/Sud ou le clivage kabyè/éwé (guin) dans la vie politique togolaise pour toujours garder l'électorat du Nord ». Pour la seconde question, par le graphique n°5, il ressort que c'est dû à la discrimination ethnique qu'il faut donc éviter. A cet effet, le rapport de Human Rights de 2010 sur le Togo, révèle dans ce cas que

<< la dominance relative des groupes ethniques du Sud dans le secteur privé, notamment dans le commerce et les professions libérales, et la relative prédominance dans le secteur public et particulièrement dans les forces de sécurité, des membres du groupe ethnique kabyè, dont sont issus l'ancien et l'actuel président, et des autres groupes ethniques du Nord, étaient à l'origine de tensions politiques. Les partis politiques avaient tendance à avoir des bases ethniques et régionales facilement identifiables : ainsi, le RPT comptait plus d'adhérents des ethnies du Nord que du Sud ; l'inverse était également vrai pour les partis de l'opposition comme l'UFC et le CAR. » (2010 : 20)

Par ailleurs, dans le graphique n°5 toujours, 18,7% des enquêtés demandent l'application des textes en vigueur pour pouvoir éviter l'ethnicisation. On déplore donc, la passivité des autorités compétentes dans ce domaine.

Au vue de tout ce qui précèdent, il est donc important de faire face à l'ethnicisation des partis politiques, d'autant plus que 84,7% des enquêtés contre 6,7%, pensent que cela fragilise ou peut détruire la cohésion sociale (cf. tableau n°19) ; et surtout que 52,7% des enquêtés pensent que c'est une entorse de proposer un système de quota par l'ethnie dans la politique togolaise (cf. tableau n°23). Dans les interviews de façon unanime, les 6 personnes trouvent qu'à long terme << la manipulation ethnique du clivage Nord/Sud, engendrera un conflit ethnique comme cela est le cas dans la plupart des pays d'Afrique ». En plus d'un éventuel conflit, il est important de voir que cette manipulation même si elle ne fragilise pas la cohésion sociale de nos jours, elle peut à la longue la détruire. Ce que révèle le tableau n°19. L'un des responsables de l'ANC dit à cet effet : << le rapport entre le Nord et le Sud, ou le kabyè et l'éwé (ou guin) est très convivial aujourd'hui, puisque même les métissages continuent par des mariages dont je suis la preuve, ma femme est du Nord. Il y a une cohabitation parfaite dans les quartiers, dans les services, c'est seulement sur l'aspect ethnique que la division survient ». << Fragilité non, mais destruction de la cohésion, oui si rien n'est fait dans ce sens » nous dit un membre de l'ex-RPT. Tout cela est rassurant surtout venant des acteurs de la vie politique togolaise. Le reste c'est de trouver comment arriver à endiguer << la pathologie »

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore