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Savoirs et savoir- faire locaux face aux politiques agraires: diagnostic d'un système agraire dans un village Khamou ou du Nord Laos

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par Pierre- Yves Heurtier
Université Aix-Marseille 1 - Master 2 anthropologie sociale et culturelle 2006
  

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4.3.6. Attendre entre le débardage et le semi :

Généralement, les paysans sèment approximativement trois jours après le débardage et les derniers petits feux pour avoir le temps de bien vérifier que le brûlis est net, qu'il n'y ait plus de bois à débarder et brûler et que les jours sacrés ne coïncident as avec les jours du semis. Un semis suivant rapidement les petits brûlis est bénéfique pour la fertilité de la terre158. Les cendres fertilisantes, pénètrent le sol humidifié en profondeur.

156 Traductions non enregistrées.

157 Traduction non enregistrée.

158 Une large partie des éléments minéraux de la friche calcinée se perd si le temps de développement des cultures est trop long. O. Ducourtieux : 2006 : 36.

Cette année, un nombre important de paysans ont attendu beaucoup plus longtemps avant de semer. Cette originalité est due selon eux, à l'attente des premiers orages à la date du nouvel an (approximativement du 12 au 16 avril). Cependant, les orages ne sont parfois pas suffisants pour commencer à semer et espérer des pousses rapides. Une période de sécheresse peut suivre le brûlis, retardant l'arrivée des pluies et les semis. Les paysans préfèrent attendre les premiers orages, signes de l'arrivée de la saison des pluies, plutôt que de perdre leurs semences asséchées.

Une autre raison de l'attente s'est expliquée par l'aide que certaines familles apportent à d'autres familles prioritaires159 pour semer.

Enfin une dernière raison de l'attente entre le débardage et le semis est la construction de barrières de rizières inondées protégeant des animaux.

4.3.7. Protéger les cultures :

L'augmentation de ses productions lui a valu de faire beaucoup plus attention aux prédateurs. Il doit désormais prendre plus de temps pour construire seul des barrières et des pièges contre les rats et les cochons.

Il fabrique des barrières composées de 6 poteaux horizontaux mis en parallèle sur 1 m 60 de hauteur. Pour effectuer le tour du champ il doit donc récupérer une quantité importante de bois, les couper aux bonnes tailles, les apporter sur le lieu de construction et monter les poteaux un par un. Tous les hommes du village effectuent ce travail seul, entre deux travaux, lorsqu'ils ont du temps. Ils ne terminent pas les barrières en une seule journée. Ils reviennent souvent, par petits moments, agrandir la barrière.

Il suspend aussi des rubans colorés emprunts de produit à lessive. Les cochons qui viennent y goûter ne pensent plus y revenir avant un moment.

Il dépose aussi dans son champ du riz associé à du poison et fabrique parfois une sorte de petit moulin à eau qui actionne un pilori, faisant croire à la présence humaine dans le champ lorsque personne n'est effectivement là.

4.3.8. Les semis160 : Après avoir coupé, brûlé, débardé, les villageois passent à l'étape la plus symbolique, la plus sensible aussi pour l'avenir de leur culture, le semis.

La famille du jeune marié plante 30 kg de chaque espèce de riz, c'est à dire 3 sacs «à viande »161 : Une espèce de riz gluant162 appelé crao tam hom163 dans le bas de son essart pluvial et une autre espèce de riz gluant appelé crao noy164 dans le haut.

Ils ont toujours une seule production de riz pluvial par an, pendant la saison sèche.

159 Essentiellement des personnes âgées ou malades.

160 Pouc en langue lao.

161 Colong en langue lao. Unité de référence pour parler des quantités plantées ou récoltées.

162 Crao niao en langue lao. A ne pas confondre avec crao jao qui est le riz dit normal, non glutineux.

163 En langue lao.

164 En langue lao.

Monsieur Paeng plante d'abord les légumes et les arbres fruitiers165. Il plante ensuite les piments166, le maïs et enfin le riz.

Aucun engrais n'est ajouté sur les champs mais du désherbant est appliqué uniquement sur les digues afin de pouvoir marcher et travailler facilement dessus.

Dans le bas de leur seul essart d'un hectare, ils sèment du riz glutineux de l'espèce crao palan et dans le haut du crao tem. Ils sèment 18 kg de riz dans le haut de l'essart en association avec du maïs et du sésame dans le bas d'essart.

La femme et les filles du chef du village sèment 5 graines par trous espacés de 20 cm. Les 20 cm sont mesurés à l'aide de l'écartement des doigts de la main, du pouce à l'index. Ils sèment en priorité du maïs puis des légumes et le sésame dans le bas de l'essart. Elles sèment quelques semaines plus tard le riz dans le haut de l'essart.

L'association du maïs en quantité importante, des légumes et du riz est rare car les paysans préfèrent soit cultiver du riz soit cultiver du maïs mais en quantité suffisantes pour rapporter assez de ressources alimentaires ou financières pour toute l'année. Cette demi-mesure effectuée par la famille du chef n'est pas répandue à toutes les exploitations. Elle peut illustrer une volonté de limitée les risques d'échec de la vente de maïs ou de certaines récoltes. « L'échec d'une production ne remet pas en cause l'économie familiale qui peut s'appuyer sur les autres récoltes. >>167 Cette association des cultures contribue aussi à l'équilibre calorique et protidique de l'alimentation de la famille. Le calendrier de chaque espèces permet un étalement du travail requis qui ne surcharge pas le poids de travail pour chaque actif168.

Les cultures plantées en premiers, les primeurs comme le maïs, « permettent de protéger les jeunes pousses >> semées plus tard et « la couverture maximale du sol limite l'érosion (...) et la concurrence par les adventices >>169.

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