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Anthropisation et risques environnementaux sur les collines de Yaoundé

( Télécharger le fichier original )
par Dieudonné FEKOUA
Centre régional d'enseignement spécialisé en agriculture forêt/ bois Cameroun - Master professionnel en études d'impacts environnementaux 2010
  

Disponible en mode multipage

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N° :... REPUBLIQUE DU CAMEROUN

PAIX - TRAVAIL - PATRIE

UNIVERSITE DE DSCHANG

FACULTE D'AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES

(FASA)

CENTRE REGIONAL D'ENSEIGNEMENT SPECIALISE EN AGRICULTURE FORET-BOIS

Anthropisation et risques environnementaux

sur les collines de Yaoundé

Mémoire soumis pour l'évaluation partielle en vue de l'obtention

du Master Professionnel en Etudes d'impacts environnementaux

Par
FEKOUA DieudonnéMaître ès Géographie

Juillet 2011

 

REPUBLIQUE DU CAMEROUN

PAIX - TRAVAIL - PATRIE

CENTRE REGIONAL D'ENSEIGNEMENT
SPECIALISE EN AGRICULTURE
FORET-BOIS

 

UNIVERSITE DE DSCHANG
FACULTE D'AGRONOMIE ET
DES SCIENCES AGRICOLES

 
 

ANTHROPISATION ET RISQUES ENVIRONNEMENTAUX
SUR LES COLLINES DEYAOUNDE

Mémoire soumis pour l'évaluation partielle en vue de l'obtention
DU DIPLOME DE MASTER PROFESSIONNEL

EN ETUDES D'IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX

Par
FEKOUA Dieudonné
Maître ès Géographie

ENCADREUR TECHNIQUE SUPERVISEUR ACADEMIQUE

Mr Onana Owona Clément S., Dr TCHINDJANG Mesmin,

Ingénieur agronome, Coordonnateur de la filière EIE,

Chef service des parcs et jardins, CUY. Chargé de cours, UY I.

FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je soussigné FEKOUA Dieudonné atteste que le présent mémoire est le fruit de mes propres travaux effectués au Service des Parcs et Jardins (SPJ) de la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY) sur les monts Fébé, Mbankolo, Messa, Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa et Nkol Edoa (Ebaminala).

Ce travail a été effectué sous la supervision technique de Mr ONANA OWONA Clément Serge, chef service des parcs et jardins à la CUY, et académique du Dr TCHINDJANG Mesmin, coordonnateur de la filière EIE au CRESA et chargé de cours à l'UY I.

Ce mémoire est authentique et n'a pas été présenté antérieurement pour l'obtention de quelque grade universitaire que ce soit.

Le Stagiaire
FEKOUA Dieudonné

Date ~~~~~~~

Le Superviseur Le Responsable de la filière

Dr TCHINDJANG Mesmin Dr TCHINDJANG Mesmin

Date ~~~~~~. Date ~~~~~~~~.

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE

Le présent mémoire a été revu et corrigé conformément aux observations du jury

Le Stagiaire
FEKOUA Dieudonné

Date......................

Le Superviseur Le Président du jury

Dr TCHINDJANG Mesmin

Date ~~~~~~~~~. Date ~~~~~~~

Le Responsable de la filière
Dr Tchindjang Mesmin

Date............................

La Coordonnatrice du CRESA
Dr Moulende Thérèse épouse Fouda

Date...............................

DEDICACE

Je dédie ce travail à ma mère MBEUMEU Lydie, décédée alors que j'étais encore très jeune et avais encore besoin de sa tendresse et de son éducation chrétienne.

A ma tendre et fidèle compagne, TCHONANG Edvige Verlaine épouse FEKOUA pour tous les sacrifices consentis et qui a su m'encourager pour cette formation, jouant parfois le rôle de maîtresse de la maison et de chef de famille en mon absence avec tout ce que cela implique.

A mes enfants Ruth Naomi, Abigaëlle Abicha et Nathanaëlle Grâce qui ont souffert de mes absences répétées à la maison.

A mes meilleurs amis et enseignants de toujours, les enfants en général et particulièrement ceux du Culte d'Enfants de l'Eglise Evangélique du Cameroun.

REMERCIEMENTS

Je remercie M. TSIMI EVOUNA Gilbert, Délégué du Gouvernement auprès de la CUY qui a accepté de m'accueillir pour le stage. Il en est de meme de l'ensemble de son personnel, particulièrement M. ONDOA AKOA Alphonse Roger, Secrétaire Général, M. NDZANA Arnauld Philippe, Directeur des Services Techniques, M. ONANA OWONA Clément Serge, Chef service des parcs et jardins, M. ANGONO ATANGANA Martin, Chef service du courrier, pour leur soutien multiforme et leur constante disponibilité.

J'adresse mes sincères remerciements au Dr. MOULENDE épouse FOUDA, Coordonnatrice du CRESA pour les facilités administratives et académiques qu'elle m'a apportées pendant cette formation. Je n'oublie pas le staff administratif du CRESA, mes enseignants, mes camarades de la 6e promotion EIE, sans lesquels je n'aurais pas conduit ce travail à son terme.

Mes remerciements vont particulièrement au Dr. TCHINDJANG Mesmin, coordonnateur de la filière EIE et enseignant à l'UYI pour avoir dirigé et contribué efficacement à l'orientation et à la réalisation de ce travail.

Qu'il me soit également permis de dire merci à :

- M. et Mme TCHOUMBA, nos parents et parrains spirituels qui m'ont soutenu et encouragé pour cette formation.

- M. MBOUTHIEU Norbert, qui, malgré l'éloignement m'a apporté son expérience de part ses conseils pratiques.

- Mme MOYOU KAMGA Jacqueline, pour la compréhension, la patience et l'assistance.

- M. et Mme NGANWOUO, pour leur intervention déterminante pour la finalisation de ma formation.

- / INKEILEOeL 2 0 °A$ I7 ThW, Député à l'Assemblée Nationale, pour ses conseils et ses encouragements.

- Toutes les personnes qui, par leurs idées, leur collaboration, leur soutien tant moral, physique que financier ont contribué de près ou de loin à l'aboutissement de ma formation.

Je rends enfin infiniment grâce à Dieu à qui je dois toute chose.

TABLE DES MATIERES

FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL ii

FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES SOUTENANCE iii

DEDICACE iv

REMERCIEMENTS v

TABLE DES MATIERES vi

ANNEXES x

LISTE DES TABLEAUX xi

LISTE DES FIGURES xii

LISTE DES PHOTOS xiii

LISTE DES ABREVIATIONS xiv

RESUME xv

ABSTRACT xvi

INTRODUCTION GENERALE

1- Contexte de l'étude . 1

2- Problématique 2

3- Objectifs de l'étude . 5

3. 1- Objectif principal de l'étude . 5

3. 2- Objectifs spécifiques de l'étude . 5

4- Hypoth~ses de l'étude . 5

4. 1 - Hypoth~se principale de l'étude . 5

4. 2 - Hypoth~ses spécifiques de l'étude . 5

5- Importance de l'étude . 6

6- Plan de l'étude . 6

Chapitre 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE DE STAGE, APPROCHE

CONCEPTUELLE ET REVUE DE LA LITTERATURE 8

1.1 -- PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE YAOUNDE (CUY) 8

1.1.1 -- Historique et évolution 8

1.1.2 -- Fonctionnement et rôle de la CUY 9

1.1.3 -- Activités menées à la CUY pendant le stage 10

1.2 -- APPROCHE CONCEPTUELLE 11

1.2.1 - Notion de risque 11

1.2.2 - Risques environnementaux 12

1.2.3 - Concept d'anthropisation 13

1.3 - REVUE DE LA LITTERATURE 14

Chapitre 2 : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET DESCRIPTION DES

SITES ETUDIES 19

2.1 - PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 19

2.1.1 - Pression humaine constante 28

2.1.2 - Pluviométrie toujours importante 23

2.1.3 - Blocs forestiers en voie de disparition 23

2.2 - DESCRIPTION DES COLLINES ETUDIEES ET LEUR DIMENSION HISTORIQUE

25

2.2.1 - Mont Akok Ndoué : un massif rocheux-forestier « étranglé » 28

2.2.2 - Massif forestier naturel sacré de Mbog Ndum 31

2.2.3 - Minloa : un important massif rocheux de l'Ouest Yaoundé 34

2.2.4 - Immense massif rocheux-forestier Ebaminala (Nkol Edoa) 36

2.2.5 - Monts Messa : un héritage naturel à restaurer 39

2.2.6 - Colline emblématique de Mbankolo 41

2.2.7- Mont Fébé, source du cours d'eau Mfoundi 44

Chapitre 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE 47

3.1- MATERIELS 47

3.1.1- Récepteur-GPS (Global Positioning System) et logiciel Google Earth 47

3.1.2 -- Carte topographique de Yaoundé au 1/200 000 48

3.1.3 - Appareil photo numérique et image satellitaire de Yaoundé 49

3.2 -- METHODOLOGIE 51

3.2.1 - Technique de la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative) 51

3.2.1.1 - Observation directe 51

3.2.1.2 - Données secondaires 52

3.2.1.3 - Interviews semi-structurées (ISS) 52

3.2.1.4 - Témoignages 52

3.2.1.5 - Transects 53

3.2.2 - Evaluation Environnementale 53

3.2.2.1 - Liste de contrôle ou « check-list » 53

3.2.2.2 - Matrice d'interactions (de Léopold) 54

3.2.2.3 - Matrice de Fecteau 54

3.2.2.4 - Fiche d'impact 54

3.2.2.5 - SIG (Système d'information géographique) 54

3.2.3 - Cartographie 55

Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION 57

4.1- PRESENTATION DES RESULTATS 57

4.1.1 - Activités anthropiques relevées sur les collines de Yaoundé 57

4.1.1.1 - Description des principales activités humaines sur les collines de Yaoundé 57

4.1.1.2- Impact des activités anthropiques sur les ressources naturelles 64

4.1.1.3- Evaluation des impacts des activités humaines et des ressources naturelles 65

4.1.1.4 - Caractérisation des impacts des activités sur les collines de Yaoundé 65

4.1.2 -- Risques sur les collines de Yaoundé 69

4.1.2.1- Causes des risques sur les collines de Yaoundé 69

- L'urbanisation galopante 69

- La paupérisation ambiante 70

- L'insécurité foncière 71

- La faible perception du risque 71

4.1.2.2- Typologie des risques sur les collines de Yaoundé 71

- Les risques naturels 71

· Les mouvements de terrain. 72

· Les inondations. 73

· Les séismes 73

-Les risques induits par les activités humaines. 73

· L'érosion 73

· La déforestation 74

· Le feu de brousse 74

· La contamination de l'eau et de l'air 74

4.2 - DISCUSSION DES RESULTATS 77

4.2.1 - Tentatives d'aménagement/réaménagement sans suite 77

4.2.2 - Faible perception et facterus favorisant du risque 9

78

PERSPECTIVES 80

- Sur le plan social et institutionnel 80

-Sur le plan environnemental et de loisirs 81

-Sur le plan de la recherche et de l'éducation environnementale 81

-Sur le plan économique et de lutte contre la pauvreté 82

RECOMMANDATIONS 84

· Recommandations site par site. 84

· Recommandations sur le plan général 87
CONCLUSION GENERALE

PERSONNES RENCONTREES~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 94

BIBLIOGRAPHIE 96

ANNEXES

Annexe 1 : Lettre de transmission du CRESA......................................................100 Annexe 2 : Accord de la CUY pour le stage de fin de formation.................................101 Annexe 3 : Convention tripartite de stage...........................................................102 Annexe 4 : Autorisation de recherche de la CUY..................................................103 Annexe 5 : Proposition de programme de stage a la CUY........................................104 Annexe 6 : Coordonnées des points GPS relevés sur le terrain...................................105 Annexe 7 : Liste des collines remarquables de Yaoundé..........................................106 Annexe 8 : Convention de collaboration MINFOF, MINEP, CUY..............................107 Annexe 9 : Lettre du Délégué au NESDA..........................................................108 Annexe 10 : Lettre DST/SPJ au Délégué............................................................109 Annexe 11 : Arrêté n° 000160/Y. 14.4/MINDAF/D200 du 31/01/08............................110

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 0.1 - Population et superficie de Yaoundé de 1956 à 2020...............................3

Tableau 2.1 - Population, superficie et densité des communes de Yaoundé................... 21

Tableau 2.2- Températures et précipitations à Yaoundé...........................................24 Tableau 2.3 -- Récapitulatif des collines étudiées ...................................................46 Tableau 3.1 - Objectifs, hypothèses, méthodologie et résultats de l'étude .....................56 Tableau 4.1 - Liste de contrôle des activités........................................................61

Tableau 4.2 - Fiche d'interaction entre les ressources et les activités...........................65

Tableau 4.3 - Synthèse des impacts générés.........................................................66

Tableau 4.4 - Fiche de synthèse de caractérisation des impacts..................................68

Tableau 4.5 - Typologie des risques..................................................................74 Tableau 4.6 - Récapitulatif des problèmes, solutions et acteurs..................................82 Tableau 4.7 - Principales essences pouvant être plantées.........................................89

Tableau 00.1 - Personnes rencontrées...............................................................94

LISTE DES FIGURES

Figure 0.1 : Croissance spatiale de Yaoundé depuis 1885...........................................4
Figure 2.1
: Carte de localisation de la zone d'étude................................................20
Figure 2.2 : Carte de la densité de la population.....................................................22

Figure 2.3 : Diagramme ombrothermique de Yaoundé.............................................24

Figure 2.4 : Carte des réserves naturelles à Yaoundé...............................................26

Figure 2.5 : Carte des collines étudiées...............................................................29

Figure 2.6 : Transet du flanc Sud-est d'Akok Ndoué...............................................31

Figure 2.7 : Transet sur le front Nord de Mbog Ndum.............................................33

Figure 2.8 : Transet sur la façade Sud-est d'Ebaminala.............................................37 Figure 2.9 : Transet réalisé à l'Est de Messa.........................................................41 Figure 3.1 : Observation et extraction de l'image Google Earth..................................48 Figure 3.2 : Collines étudiées sur fond d'image Aster..............................................50 Figure 4.1 : Répartition spatiale des activités humaines............................................62

Figure 4.2 : Limite de la trame urbaine...............................................................69

Figure 4.3 : Schémas de principe de chutes de blocs et mouvement de terrain..................71

Figure 4.4 : Carte des risques de la zone d'étude...................................................75

Figure 00.1 : Zone de déguerpissement à Akok Ndoué.............................................84
Figure 00.2
: Secteur de déguerpissement à Mbankolo.............................................86

Figure 00.3 : Zonage des collines de Yaoundé......................................................88

LISTE DES PHOTOS

Photo 1.1 : Hôtel de ville, bâtiment principal de la CUY

Photo 1.2 : Exemple d'anthropisation complète d'une colline à Yaoundé.

Photo 2.1 : Affleurement rocheux à Akok Ndoué. Photo 2.2 : Les PFL à Mbog Ndum.

Photo 2.3 : Le rocher sacré de Mbog Ndum. Photo 2.4 : PFNL à Mbog Ndum.

Photo 2.5 : Un aspect du Mont Minloa.

Photo 2.6 : Les Monts Minloa et Messebe.

Photo 2.7 : Groupement saxicole à Minloa.

Photo 2.8 : Sommet du Mont Ebaminala.

Photo 2. 9a et 2.9b : Lieux de prière et de recueillement à Ebaminala.

Photo 2.10 : Borne du cadastre à Ebaminala.

Photo 2.11 : Vue des Monts Messa à partir d'Oliga. Photo 2.12 : Relique de forêt à Messa.

Photo 2.13 : Mont Mbankolo à partir du camp sonel. Photo 2.14a et 2.14b : Aspects du Mont Mbankolo. Photo 2.15 : Le Mont Fébé.

Photo 2.16 : Hôtel Sofitel.

Photo 2.17 : Golf club de Yaoundé.

Photo 4.1a et 4.1b : Champs de femmes.

Photo 4.2 : Habitats à Akok Ndoué.

Photo 4.3a et 3b : Activités illégales.

Photo 4.4a et 4.4b : Autres activités humaines. Photo 4.5 : Glissement de terrain à Mvog Beti. Photo 4.6 : Terrassement à Messa.

Photo 4.7 : Risque de décollement rocheux.

LISTE DES ABREVIATIONS

AUF : Agence Universitaire de la Francophonie.

CDE : Camerounaise des eaux.

CRESA Forêt-Bois : Centre Régional d'Enseignement Spécialisé en Agriculture Forét-Bois. CRTV : Cameroon Radio Television.

CUA : Commune Urbaine d'Arrondissement. CUY : Communauté Urbaine de Yaoundé. DESS : Diplôme d'Etude Supérieure Spécialisée.

DSP : Directeur des Services Techniques. DUP : Domaine d'Utilité Publique.

EE : Evaluation Environnementale.

EIE : Etude d'Impacts Environnementaux. GPS : Global Positioning System.

IFORD : Institut de Formation et de recherche Démographique.

MARP : Méthode Accélérée (ou Active) de Recherche Participative.

ONG : Organisation Non Gouvernementale. PDL : Plan de Développement Local.

PDUY : Plan Directeur d'Urbanisme de Yaoundé.

PFL : Produits Forestiers Ligneux

PFNL : Produits Forestiers Non-Ligneux. PUF : Presse Universitaire de France. RCA : République Centre Africaine.

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat.

RRA : Rapid Rural Appraisal (MARP en Français).

SDAU : Schéma Directeur d'Aménagement et d'Urbanisme.

SIG : Système d'Information Géographique (GIS en anglais).

SPJ : Service des Parcs et Jardins

SPOT : Satellite Probatoire d'Observation de la Terre.

RESUME

Yaoundé, capitale politique et administrative du Cameroun a connu une croissance démographique et spatiale spectaculaire ces quatre dernières décennies. La pression démographique sans précédent a naturellement soumis les réserves naturelles des hauts sommets de la ville à d'intenses activités humaines dégradantes de l'environnement.

L'observation de ces mutations socio spatiales nous ont permis d'adopter un objectif principal de l'étude qui était d'identifier, d'étudier les activités humaines sur les collines de Yaoundé et d'examiner les risques environnementaux qui en découlent. Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé les outils de la MARP et de l'EE. Ces outils nous ont permis de recenser et de caractériser les interactions et les impacts entre les activités, l'environnement, les ressources et les risques. Nous avons fait une recherche documentaire en rapport avec le thème et nous avons eu des entretiens avec les responsables de la CUY. Les descentes sur le terrain ont donné lieu à des observations directes et des discussions avec les occupants et exploitants.

Il ressort de nos résultats que l'homme est le principal agent déstabilisateur de ces écosystèmes déjà fragiles. Il n'y a plus une seule colline à Yaoundé qui ne soit marquée par l'anthropisation. Ces activités interagissent sur les ressources naturelles et génèrent des impacts tels que la perte de la biodiversité et de l'esthétique du paysage, le réchauffement climatique, l'érosion et la pollution. De ces activités découlent des risques environnementaux auxquels les populations sont exposées. Une typologie des risques sur les collines de Yaoundé permet d'avoir deux grandes catégories de risques : les risques naturels et ceux induits par les activités de l'homme.

Les mesures dissuasives prises jusqu'à présent par les autorités pour sauvegarder ces sites n'ont pas porté leur fruit parce que rien de concret n'a été fait sur le terrain. De plus, les riverains ne sont pas impliqués dans la gestion et la prise de décision. Il faut donc développer une approche participative et populaire de gestion pour un déguerpissement progressif, sans discrimination et dans les limites réglementaires ; suivi aussitôt de la mise en oeuvre des actions directes de régénération de ces zones dégradées. La récupération, la restauration et la valorisation ouvriraient la voie au développement d'un écotourisme urbain.

Mots dles : anthropisation ; collines ; risques environnementaux ; Yaoundé.

ABSTRACT

Yaounde, The administrative and political capital of Cameroon had witnessed a demographic and spectacular spatial growth for the past four decades. The demographic pressure had naturally subjected all nature's reserves to high hills of the city at intense human activities, degreding the environment and the exploitation of natural ressources.

The observation of socio-spatial mutation let us to the principal objective of the study which was to identify, study the human activities on the Yaounde hills and examine the environmental risks that follow. To meet up with our objective, we use tools from Rapid Rural Appraisal (RRA) and environmental impacts assessment. These tools helped us to carry out census and to characterize interactions, and its impacts among activities, environment, resources and its risks. We carry out a documentary research connected to our topic and we had discussions and interviews with the authorities of the Yaounde City Council (YCC). Our study in the field gave rise to direct observations and discussions with the occupants and exploiters of the study area.

From our results, it does can be clear to say that man is the main destibilizer of the already fragile ecosystem. It is difficult to find any hill in Yaounde which has not been colonised by the harmful human activities. These activities interact on the natural ressources and bring impacts such as the loss of biodiversity and the aesthetic landscape, global warming, pollution. Some of these activities bring about risks where in the population is exposed to. Two great categories of risks can be carried out on the Yaounde hill: man's activities made risks and natural risks.

Dissuasive measures retained as of now by the competent authorities to safeguard these sites have no results; the reason being that nothing concret has been done on the site to restore it. Also, natives are not implicated in decision making and management. Thus, there is the need for a participatory and popular management approach for a progressive legal injonction to evacuate the site in the regulation limits and without any discrimination, immediatly followed by the putting in place of a direct action to regenerate the already degraded zones. Recovery, restoration and valorization shall open ways for the development of urban ecotourism.

Key words: anthropisation; hills; environmental risks; Yaounde.

INTRODUCTION GENERALE

1- &1n\1I\efd1fl'é\ude

Dans le cadre de l'observation de la situation des villes camerounaises afin d'explorer les problématiques relatives à la vulnérabilité à laquelle les populations sont exposées au quotidien, nous avons constaté en ce qui concerne la ville de Yaoundé, que les inondations, les mouvements de terrain et le réchauffement climatique constituent les problèmes environnementaux majeurs de l'heure. Une question nous est alors venue à l'esprit : quel lien existerait-il entre les phénomènes d'inondation, de mouvements de masse, de réchauffement de la cité et l'occupation sauvage et irrationnelle des espaces montagneux qui dominent le relief de la ville ? Selon certains responsables que nous avons approchés, la colonisation et l'humanisation des hauts sommets urbains et périurbains de Yaoundé avec tous les risques y afférents et les conséquences qui en découlent, confirment le fait que les efforts fournis par les autorités administratives en vue de préserver ces sites à écologie fragile sont restés vains. Or, un aménagement judicieux de ces espaces pourrait contribuer à lutter contre les inondations, les mouvements de terrain et le réchauffement ambiant.

En effet, parler d'inondation dans un site comme celui occupé par Yaoundé devrait relever d'un paradoxe ; car la position géographique du site, avec une altitude moyenne de 700m, fait que la surface dominante est très éloignée de la nappe phréatique ; ce qui limite la remontée capillaire. Un autre facteur concernant le relief « yaoundéen » est la présence de multiples bassins versants et encaissants qui devraient favoriser la circulation des eaux de pluie et le drainage facile des eaux usées. Il est donc incontestable que le laminage systématique du couvert végétal des collines de Yaoundé par le ruissellement constitue l'une des causes majeures des inondations et mouvements de masse ; à côté des caniveaux non curés et des ordures non dégagées.

Par ailleurs, il convient de rappeler qu'il y a moins d'une décennie, il ne faisait pas autant chaud à Yaoundé comme on le ressent aujourd'hui. En saison sèche, l'ambiance chaude est ressentie de façon quasi permanente de jour comme de nuit. Les « Yaoundéens » sont contraints pour l'immense majorité à dormir portes et fenétres ouvertes la nuit (avec tous les risques que cela comporte), ou alors avec les ventilateurs et climatiseurs en marche pour les plus nantis. Toutes ces observations et bien d'autres ont contribué à nous décider du choix de ce thème, persuadés qu'il y a encore quelque chose à faire pour redonner à Yaoundé sa fraicheur d'antan par la restauration de sa « ceinture verte ».

2- Problématique

Depuis 1960, Yaoundé a enregistré un taux de croissance annuelle de population de 9%, soit un doublement de la population tous les huit ans1. Selon A. Franqueville (1984), les deux caractéristiques de cette croissance étaient sa continuité et son accélération2. Mais, il convient de signaler que méme si cette croissance n'est pas arrêtée aujourd'hui, elle connaît tout de même un ralentissement depuis 1990. Selon les travaux de J.P TIMNOU (1993)3 de l'IFORD, le taux de croissance annuelle de la population se situait entre 5 et 7% au cours des années 90.

De plus, la valorisation des villes intermédiaires qui devrait permettre de relancer d'autres pôles d'urbanisation, limiter l'exode rural et l'implosion démographique interne dont souffre la ville de Yaoundé n'a pas véritablement suivie. En effet, sur un rayon de 100km, très peu de villes secondaires dépassent 50 000 habitants (PDUY)4. Les résultats du dernier recensement général de la population situent le taux d'accroissement annuel de nos jours à 5,7%. Ce qui fait que la ville de Yaoundé compte aujourd'hui une population de 1 817 524 habitants et forme avec Douala le duo de mégalopolis camerounaises de plus d'un million d'habitants (RGPH, 2005). Le tableau 0.1 ci-dessous montre l'évolution et la projection de la population, de la superficie et de la densité de Yaoundé de 1956 à 2020.

1 KENGNE et YOUANA, « Yaoundé : du poste militaire allemand à la grande ville. Un siècle d'évolution démographique et spatiale ». Université de Yaoundé I, Département de Géographie, 1996.

2 André Franqueville, « Yaoundé : construire une capitale ». Editions de l'ORSTOM, Paris, 1984, p.11.

3 TIMNOU Joseph Pierre, « Migration, Urbanisation et Développement au Cameroun ». Les cahiers de l'IFORD n°4, juin 1993.

4 Plan Directeur d'Urbanisme de Yaoundé (PDUY), horizon 2020, p.18

Tableau 0. 1 : Evolution et projection de la population, de la superficie et de la densité de
Yaoundé de 1956 à 2020.

Années

Population

Superficie (en ha)

Densité (hbts/ha)

1956

54 000

1740

31

1964

90 000

2250

40

1968

152 000

2930

52

1974

263 000

3830

69

1976

313 706

-

-

1981

-

5300

-

1987

649 252

-

-

1990

-

12 300

-

1992

914 000

13 500

74

2000

1 800 00

18 000

100

2005

1 817 524

22 000

82,61

2010

1 900 000

25 000

76

2020

2 800 000

31 000

90, 32

(Les cahiers de l'IFORD N°4, RGPH 2005, SDAU 1982).

Cette forte augmentation de la population depuis l'indépendance s'est naturellement accompagnée d'une profonde mutation de l'espace urbain de Yaoundé. Celle-ci s'est manifestée par une extension spatiale rapide de la ville vers la périphérie, une densification des quartiers centraux et péricentraux5. La ville s'est progressivement étendue par émiettement des terres agricoles et n'a cessé de voir son territoire conquérir progressivement les multiples collines ceinturant son site d'origine. Cet essor a été spectaculaire à partir de 1956. Yaoundé qui occupait la moitié Nord du bassin versant du Mfoundi jusqu'en 1982, occupe désormais l'ensemble du bassin versant.

5 KENGNE et YOUANA, op. cit.

Au départ, « l'urbanisation s'est faite au détriment du couvert végétal naturel, englobant les bas fonds inondables ou peu accessibles. Les zones périphériques ont été et continuent à être colonisées de façon peu contrôlée, avec une tendance au noyautage des massifs existants » (PDUY, 2008)6. La figure 0.1 montre l'évolution spatiale de Yaoundé entre 1885 et 2000.

Mefou et Akono

Lékié

Figure 0.1 : Croissance spatiale de Yaoundé depuis 1885. (Tchindjang et al, (2009)).

Cette croissance urbaine a donc engendré de nombreux problèmes parmi lesquels une occupation des zones à risque ; notamment les collines et les vallées de Yaoundé qui sont victimes des ruptures des équilibres écologiques, quotidiennement traquées par une urbanisation peu respectueuse du milieu. Dans un tel contexte, quelles sont les activités exposant les populations aux risques et catastrophes sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants? En quoi ces activités peuvent-elles participer à la détérioration de l'environnement? Une typologie des risques environnementaux encourus par ces populations est-il possible? Quelles mesures peut-on envisager pour limiter l'action humaine et ses effets sur les hauts reliefs de Yaoundé? Quelles connaissances, attitudes et pratiques les populations ont-elles vis-à-vis des risques?

6 PDUY, op. cit. p.12

3- Objectifs de l'étude

Pour mener à bien cette etude, nous avons degage un objectif principal et des objectifs specifiques.

3. 1- Objectif principal de l'étude

Cette étude vise à montrer le lien entre l'anthropisation c'est-à-dire la transformation d'espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l'action de l'homme et les risques environnementaux qui en decoulent sur les collines de Yaounde.

3. 2- Objectifs spécifiques de l'étude

Plus specifiquement, nous voulons :

I -- recenser les activites exposant les populations aux risques autour des collines de Yaounde.

ii -- etudier les risques environnementaux potentiels et existants sur les hauts reliefs de Yaounde et en degager une typologie.

Iii - déterminer par l'approche participative les connaissances, les comportements, les attitudes et les pratiques des populations vis-à-vis des risques.

4- HypothCses de l'étude

Pour parvenir aux objectifs que nous nous sommes fixes, nous avons enonce une hypothèse principale et des hypothèses specifiques.

4. 1 - HypothCse principale de l'étude

Les activites menees par les populations sur les collines de Yaounde les exposeraient à des risques environnementaux.

4. 2 - HypothCses spécifiques de l'étude

H1- Les activites exposant les populations aux risques sur les collines de Yaounde seraient très multiformes.

H2- Les risques encourus par les populations sur les hauts reliefs et leurs terrains attenants seraient essentiellement induits par les activites humaines.

H3- Les populations installees sur les hauts reliefs de Yaounde auraient des connaissances, des attitudes et des pratiques approximatives de la notion de risque.

5- Importance de l'étude

Les objectifs et les hypothèses du sujet ainsi définis, nous pensons que cette étude contribuera sur le plan pratique, à la maîtrise du développement de la ville et à la planification de sa gestion. Elle permettra de formuler des recommandations concrètes à la Gommunauté Urbaine de Yaoundé en vue du zonage de la ville et du reverdissement des collines de Yaoundé.

Sur le plan théorique, ce travail ouvre une brèche sur la problématique de la foresterie urbaine et le suivi de la dynamique à long terme des écosystèmes naturels de colline et l'établissement des liens entre les changements climatiques et ces écosystèmes.

6- Plan de l'étude

Ayant défini et exposé ci-dessus les objectifs, les hypothèses et l'importance de cette étude, il convient maintenant de présenter le « squelette » autour duquel le travail est bâti. Précédé d'une introduction et suivi d'une conclusion, le travail s'organise autour de quatre chapitres comportant deux principaux points chacun.

Le premier chapitre porte sur la présentation de la Gommunauté Urbaine de Yaoundé et de l'approche conceptuelle. Nous avons sommairement passé en revue l'historique et l'évolution de la GUY ; ainsi que les activités que nous y avons menées pendant le stage. Le second point a porté sur l'analyse des concepts de risques, de risque environnemental et d'anthropisation.

Le deuxième chapitre qui parle de la revue de la littérature nous a permis de présenter un certain nombre de travaux que nous avons consultés pour mieux cerner la thématique. Nous y avons également parlé du cadre d'étude qui insiste sur la pression humaine, la pluviométrie et la déforestation à Yaoundé.

Le troisième chapitre présente dans un premier temps les matériels utilisés pour collecter les données sur le terrain ; et dans un second temps la méthode adoptée pour le traitement de l'information recueillie.

Le quatrième et dernier chapitre traite des résultats de l'étude et de la discussion. Les collines étudiées sont décrites ainsi que les activités et les risques relevés sur les sites. La discussion qui s'en suit se termine sur des perspectives et des recommandations.

Chapitre 1 : PRESENTATION DE LA STRUCTURE DE STAGE, APPROCHE CONCEPTUELLE ET REVUE DE LA LITTERATURE

Le Centre Régional d'Enseignement Spécialisé en Agriculture (CRESA) Forét-bois, forme des experts dans plusieurs domaines (Forêt, Aménagement, Environnement). La formation qui dure un an comporte deux modules principaux : un module de six mois de cours théoriques intensifs ponctués d'études de cas sur le terrain, et un module de quatre mois de stage en entreprise qui permet de mettre en pratique les connaissances acquises lors des cours magistraux. Les deux derniers mois de formation étant consacrés à la rédaction et la soutenance d'un mémoire de sortie. C'est dans ce sens que la CUY nous a accueillis à la demande du CRESA, en tant que stagiaire. Passer en revue les principaux concepts de l'étude après une brève présentation de la structure de stage ; et se faire une idée précise sur quelques travaux déjà effectués sur le même thème ici ou ailleurs sont les objectifs que nous voulons atteindre dans cette partie de notre travail.

1.1 - PRESENTATION DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE YAOUNDE (CUY)

La Communauté Urbaine de Yaoundé est une collectivité publique décentralisée et une personne morale de droit publique. Elle est dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Elle gère sous la tutelle de l'Etat, les affaires locales en vue du développement économique, social et culturel de ses populations.

Elle a été créée par un Décret présidentiel qui fixe la dénomination, le siège et les limites territoriales. La Communauté Urbaine est de plein droit le maître d'ouvrage des équipements et des infrastructures d'intérêt communautaire financés par le budget de l'Etat.

1.1.1 - Historique et évolution

La Municipalité de Yaoundé a été créée par l'arrêté du Gouverneur colonial du Cameroun du 15 juin 1941, instituant les Communes Mixtes Urbaines de Douala et de Yaoundé dirigée par un Administrateur-maire européen. Le 18 novembre 1955, la loi N°55- 1489 décrète la création de la Commune Urbaine de Plein Exercice de Yaoundé avec à sa tête le premier Maire camerounais M. FOUDA OMGBA André qui devient par la suite le premier Délégué du Gouvernement auprès de la Commune Urbaine de plein Exercice de Yaoundé par le décret N°67-128/COR du Premier Ministre. Le 05 décembre 1974, la Commune de Urbaine de plein Exercice devient simplement la Commune Urbaine de Yaoundé par la loi N°74/23.

Cette Commune Urbaine est abritée à l'hôtel de ville de Yaoundé construit à partir du 29 mai 1976 et inauguré le 14 octobre 1978 (photo 1.1). La dénomination de Commune Urbaine de Yaoundé passe à celle de Communauté Urbaine de Yaoundé par décret N°87/1365 du 15 juillet 1987. La nouvelle structure a à sa tête un Délégué du Gouvernement.

Photo 1.1 : Hôtel de vile, bâtiment principal de la CUY. (Fékoua, novembre 2010).

1.1.2 - Fonctionnement et rôle de la CUY

La Communauté Urbaine de Yaoundé est administrée par un Délégué du Gouvernement nommé par décret présidentiel. Il est assisté de plusieurs adjoints nommés également par arrêté du Président de la République. Les organes directeurs de la Communauté Urbaine de Yaoundé sont : le Conseil de Communauté et le Délégué du Gouvernement. Les bureaux de la Communauté Urbaine de Yaoundé sont abrités par des bâtiments administratifs situés à des sites différents dans la ville de Yaoundé. L'hôtel de ville de Yaoundé qui est le bâtiment principal de la Communauté Urbaine, abrite la majeure partie des bureaux et est situé en plein coeur de la cité capitale au lieu dit Hippodrome.

Certains bureaux de la Communauté Urbaine de Yaoundé sont également basés au lieu dit Voirie Municipale ; ceux-ci contiennent des parcs de stationnement des véhicules et les espaces pour la fourrière. Le bâtiment administratif du cimetière municipal et la Voirie municipale sont sous la tutelle du bâtiment principal (Hôtel de ville de Yaoundé).

La CUY s'occupe des problèmes d'intérêt communautaire. Elle a donc compétence dans les domaines de l'urbanisme et aménagement urbain, des équipements et infrastructures d'intérêt communautaire, de l'entretien de la voirie municipale et de la signalisation, de l'éclairage public et l'approvisionnement en eau potable, de la circulation et des transports, des parkings publics et parcs de stationnement, des abattoirs municipaux, des marchés et foires, des musées municipaux, des parcs et jardins, des cimetières communaux, de l'exécution des mesures foncières et domaniales, des permis de construire, des dénominations des rues et édifices publics, hygiène et salubrité, etc....

1.1.3 - Activités menées à la CUY pendant le stage

Nous avons été accueilli à l'Hôtel de ville, bâtiment principal de la CUY par le Directeur des Services Techniques (DST) qui nous a tout de suite recommandé au Chef Service des Parcs et Jardins (SPJ) pour une organisation pratique du stage académique. Au niveau du SPJ, notre insertion a été facile. Nous avons reçu un accueil des plus chaleureux. Des conseils nous ont été prodigués, du matériel et de la documentation ont été mis à notre disposition. Le thème retenu de commun accord avec nos encadreurs technique et académique a été : Anthropisation et risques environnementaux sur les collines de Yaoundé. Le travail axé sur cette thématique nous a permis de :

- Assister aux réunions de la DST

En effet, la DST tient ses rencontres tous les premiers lundis du mois dès 7h 30' avec le Délégué. Cette réunion est ouverte à toute personne étrangère à la CUY. Tous les autres lundis matin du mois, le Délégué réunit la DST pour le suivi évaluation des travaux dans les différents chantiers à travers la ville. Les autres jours, la DST se réunit à partir de 7h 30' pour le suivi au quotidien et la signature des ordres de service.

- Consulter la documentation sur Yaoundé

L'accès au Service des archives et de la documentation de la CUY nous a permis de consulter d'importants documents en rapport avec notre thème d'étude. Nous avons pu ainsi, par nos visites fréquentes dans ce service, consulter les SDAU, le PDL et le PDU de Yaoundé horizon 2020 ainsi que les travaux effectués par des étudiants et des chercheurs sur l'aménagement, l'environnement et le développement urbain de Yaoundé.

- Boiser certains espaces dans la yille de Yaoundé

Nous avons activement participé au boisement de la « Place des jeunes » à Etétak. Le travail consistait dans un premier temps à faire des « fouilles » d'environ 40cm de profondeur x 40cm de diamètre. Ensuite, on allait dans un bosquet à Nkolbisson pour couper les tuteurs. Les espèces plantées étaient achetées à l'IRAD et transportées sur le site d'implantation à Etétak. Ges espèces étaient mises en terre suivant un ordre et une technique simple. On les arrosait tous les matins pour optimiser le pourcentage de prise.

- Descendre sur les différents sites étudiés

Nous avons effectué des visites systématiques sur les sept collines étudiées. Au cours de ces visites, nous commencions par nous entretenir avec les chefs traditionnels locaux ainsi que les populations riveraines. Nous avons collecté une somme importante d'informations par des techniques de la MARP et de l'EIE, des prises de vues et des levés de points GPS. Nous disposions de toutes les autorisations signées par la GUY pour effectuer des recherches sur ces sites.

1.2 - APPROCHE CONCEPTUELLE

1.2.1 - Notion de risque

Le risque est la perception d'un danger possible, plus ou moins prévisible par un groupe social ou un individu qui y est exposé (Veyret, 2003). De manière classique, le risque est défini comme l'association entre un aléa et une vulnérabilité. L'aléa renvoie à l'occurrence incertaine d'un évènement, et la vulnérabilité à la capacité d'endommagement partiel ou total des personnes ou des biens, ou collectivement la société. Ainsi défini, le risque est une notion nécessairement « anthropocentrée » ; c'est-à-dire qu'il ne saurait y avoir de risque sans implication humaine. Une chute potentielle de pierres du sommet d'un escarpement par exemple, ne constitue un risque que pour autant que peuvent y être exposés des passants, une habitation et ses occupants, des plantations. Nous voyons que le risque s'appuie en règle générale sur deux composantes : l'aléa et la vulnérabilité. L'important est de comprendre que c'est la combinaison de deux éléments qui définie la dynamique du risque.

1.2.2 - Risques environnementaux

Les risques environnementaux associent les risques naturels et les risques résultant de processus naturels aggravés par les activités humaines et les aménagements (Veyret, 2003). Par risque naturel, l'auteur désigne « le risque que ressent, perçoit, et subit un groupe social ou un individu soumis à l'action possible d'un processus physique, d'un aléa ». D'autres risques peuvent résulter d'aléas dont l'efficacité est accrue par les activités humaines et les aménagements (Veyret, 2003). Les risques environnementaux, tels qu'ils ont apparus durant la seconde moitié du siècle, les dommages auxquels ils ont pu et pourront à l'avenir correspondre, ont contraints les spécialistes à élargir et à repenser la catégorie risque. Le risque dispose aujourd'hui d'une variété de qualificatifs qui parfois se superposent, sans que leurs contours soient clairement balisés VertigO (2009). On parle ainsi de risques alimentaires, sanitaires, naturels, industriels, technologiques, économiques, sociaux, environnementaux...

Vincent, H. (2009) remarque que depuis quelques années, un nombre croissant de publications, de colloques, de programmes de recherche, se référent aux risques environnementaux, une forme émergente de risques, et qui apparait de plus en plus présente dans l'univers moderne de « la société du risque ". Or, aucun de ses travaux ne pose de définition générique de cette catégorie qui serait unanimement reprise. Les expressions associées à ce phénomène varient d'un auteur à l'autre. La littérature internationale use plus couramment de l'expression « environmental risks ", même si on retrouve de manière assez marginale les qualificatifs « ecological risks " ou, plus rarement « environmental hazards ".

Le recours à l'expression de « risque environnemental " conduit à couvrir une variété de phénomènes qui sont générés par l'interaction entre la sphère environnementale et la sphère des activités humaines. Les auteurs parleront donc de risques environnementaux ou de risques écologiques, tantôt pour désigner les risques générés par l'activité humaine sur l'environnement, tantôt pour qualifier les « risques pesant sur la vie humaine, la santé et l'activité économique du fait des dégradations infligées aux capacités de fonction, de production et d'assimilation des systèmes écologiques ". Dans cette dernière acception, les risques environnementaux sont parfois synonymes de risques sanitaires générés par l'environnement. On peut donc à partir de ces deux positions, envisager deux manières de définir le risque environnemental selon que l'on s'intéresse à la santé de l'homme (position anthropocentrée) ou à l'environnement (position écocentrée).

Il se dégage clairement de cette analyse que la notion de risque environnemental est controversée et qu'il n'existe pas, à strictement parler, de définition rigoureuse. Pour ce qui est du travail sur les collines de Yaoundé, nous avons opté d'emblée pour l'expression de risque environnemental pour qualifier les risques générés par l'activité humaine sur l'environnement, et pour qualifier en méme temps des situations plus communément comprises comme relevant de risques naturels ; qui pèsent sur la vie de l'homme et ses biens. Nous avons donc une position intermédiaire (anthropoécocentrée), parce que dans cette étude sur les collines de Yaoundé, nous nous intéressons à la préservation de l'environnement et à la santé de l'homme et de ses biens.

1.2.3 - Concept d'anthropisation

Les activités, les entreprises humaines inconsidérées ont conduit le monde aujourd'hui à une véritable crise anthropique. En géographie et en écologie, l'anthropisation est la transformation d'espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l'action de l'homme. La dégradation anthropique d'un milieu comme celui de la « barrière montagneuse occidentale » de Yaoundé est l'ensemble des processus de dégradation du milieu (relief, sol, végétation, eau, air, etc....) dü à l'action de l'homme. Dire que le changement climatique par exemple est d'origine anthropique, signifie que les activités humaines sont la cause du changement climatique. Des espaces peuvent être qualifiés d'anthropisé bien qu'ils aient une apparence naturelle, comme des prairies qui ont succédé à une déforestation due à l'homme. La détection des marques de l'anthropisation peut apparaître difficile étant donné qu'elle implique de connaître ou estimer l'état d'un milieu ou d'un paysage avant toute action sensible de l'homme. Les premiers leviers par lesquels l'espèce humaine a transformé sensiblement un milieu ont été l'élevage et l'écobuage. La photo 1.2 ci-dessous montre un exemple d'anthropisation complète.

Photo 1.2 : Anthropisation complète par les constructions sur la coiine Abobo à Yaoundé.

(Source : Fékoua, décembre 2010).

Sur cette photo, on observe au premier plan quelques habitations et des bananiers. Au second plan, une verdure constituée pour l'essentiel d'arbres fruitiers (manguiers). En arrière plan, la colline Abobo complètement anthropisée, avec des maisons construites jusqu'au sommet. Seuls quelques arbres fruitiers isolés sont visibles sur la colline.

La colline Abobo est frontalière avec Messa au Sud-est, du côté d'Oyom-Abang. L'abiergue draine sa vallée au niveau d'Etétak ; pour se jeter dans la Mefou à Nkolbisson. D'après le chef de 3e degré d'Etétak, ce sommet était un lieu de chasse aux rongeurs il y a moins de deux décennies. Aujourd'hui, l'urbanisation a totalement investi le site. Les maisons occupent tous les flancs de la colline jusqu'à son sommet ; à plus de 800 mètres d'altitude. On n'y observe que quelques grands arbres fruitiers isolés. Après cette présentation synthétique de la GUY, des activités que nous y avons menées et une analyse des deux concepts principaux qui sous-tendent notre sujet, nous allons aborder la revue de la littérature et la présentation du milieu d'étude.

1.3 - REVUE DE LA LITTERATURE

La revue de la littérature m'a permis de consulter et de constituer une banque de données secondaires sur le thème d'étude pour mieux cerner la question. Les recherches ont été faites sur Internet, au centre de documentation de la GUY, dans les bibliothèques publiques et privées. Il ressort de nos lectures que plusieurs auteurs ont écrit sur Yaoundé et sur ses massifs forestiers collinaires. Nous vous présentons ci-après l'économie des travaux de

quelques auteurs sur cette thématique à Yaoundé et ailleurs ainsi que les principaux résultats auxquels ils sont parvenus :

- Franqueville A. (1984), dans son livre sur Yaoundé aborde globalement les problèmes socio-environnementaux. Il met l'accent sur le ravitaillement en eau potable dans les quartiers populeux de Yaoundé. Son propos est de montrer les problèmes d'approvisionnement posés par la croissance urbaine. Son approche est double : sur le plan technique, les limites de l'appareil de distribution d'eau à Yaoundé sont atteintes et le réseau dans la ville « laisse beaucoup à désirer ». Sur le plan social, l'urbanisation fait que ~ des habitants des quartiers populeux n'ont pas facilement accès à l'eau. Ce qui a le plus retenu notre attention dans ce travail ; c'est la description que l'auteur fait de l'urbanisation anarchique et les conséquences qui en découlent. Cette urbanisation est sans doute encore un facteur aggravant de la dégradation des collines de Yaoundé. C'est une question sur laquelle nous allons nous pencher dans ce travail pour savoir ce qu'il en est aujourd'hui.

- Mougoué B. (1985), dans un article intitulé « La municipalité et l'occupation des sites inconstructibles à Yaoundé », publié dans Cameroon Urban Review, donne « une description synoptique de la cité Capitale ». L'auteur commence par « placer le cadre urbain dans son environnement naturel ". Il distingue ensuite les zones urbanisables qui sont « facilement colonisées par l'homme " et des sites inconstructibles que sont les zones marécageuses. Il présente les zones de fortes pentes comme des sites où « se développent de graves phénomènes d'érosion et de dégradation du sol accentués par l'action de l'homme qui décape le couvert végétal et accroit le ruissellement diffus ". En ce qui concerne les zones marécageuses, Mougoué (1985), remarque simplement que « les conditions d'hygiène y sont déplorables. Le milieu est propice à l'expansion du paludisme et des maladies hydriques. Ces sites, bien que relevant du domaine national, sont néanmoins occupés par une frange de la population. Après avoir examiné les aspects sociaux économiques des occupants, l'auteur pense qu'en plus de la pauvreté, il y aurait « la défaillance des structures étatiques et municipales de contrôle de l'urbanisation qui expliqueraient l'installation des populations dans ces milieux dont il présente les mécanismes qui prévalent à leur occupation. Face à l'obstination des populations à occuper ces sites, la municipalité est obligée d'intervenir pour déguerpir et réaliser les projets d'intérêt communautaire. L'auteur décrit ces opérations de déguerpissement comme étant spectaculaires et controversées. Il préconise un aménagement des sites inconstructibles et reconnait en conclusion que le déguerpissement est inévitable ; seulement il doit être toujours accompagné d'un programme de travaux à réaliser sur les sites

libérés. Cette étude de Mougoué (1985) nous a servi de baromètre pour comprendre par rapport à la situation actuelle, ce qu'il en était il y a 1/4 de siècle.

- Achoundong G. (1996), s'est investi « à rechercher dans les collines de Yaoundé les éléments typiques de la végétation submontagnarde et tenté de définir les groupements propres à cette végétation par leurs espèces les plus caractéristiques ». Ce travail est la preuve que jusqu'à une époque récente, les collines de Yaoundé étaient riches en flore et en faune. En effet, l'auteur conclut son étude en remarquant que les observations sur les sommets des collines de Yaoundé sont conformes aux conclusions d'A. Aubréville (1932) et R. Schnell (1952) sur les montagnes de l'Ouest africain. A Yaoundé comme au Mont Nimba (Guinée), la forét sommitale s'individualise par l'abondance et la constance remarquable de ce noyau caractéristique qui est liée aux conditions écologiques particulières de leur habitat, opérant une sélection qui favorise ces espèces. Il constate clairement que « sur les pentes des collines de Yaoundé, la proportion des grands arbres diminue quand l'altitude augmente ». A cette réduction de taille s'ajoute celle du nombre d'espèces, c'est-à-dire que le nombre d'espèces diminue quand l'altitude augmente. Seulement, il faut dire pour le décrier qu'aujourd'hui, la tendance est complètement inversée ; puisqu'à la base des collines, il n'y a pratiquement plus d'espèces. On retrouve à peine quelques sommets avec des lambeaux de forêt. Or il se dégage de l'étude d'Achoundong que les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants ont été peuplés, il n'y a pas longtemps d'espèces végétales diversifiées. A partir des observations faites sur les Monts Eloundem, Kala et Mbam Minkom, l'auteur présente les essences qu'on retrouve dans les foréts mésophiles à la base, jusqu'aux foréts sommitales au-dessus de 1100 mètres. Il nous revient de montrer ce qu'il en reste encore de cette végétation originelle et voir ce qu'il y a lieu de faire pour la restaurer ; compte tenu de l'agression anthropique que subissent ces milieux.

- Fékoua D. (1998), dans une étude sur l'eau et la santé à Yaoundé, part du constat que la distribution moderne d'eau potable est insuffisante pour justifier la persistance de modes d'approvisionnement traditionnels lourds de conséquences sur la santé générale des populations dans les quartiers tels que Ndjong-melen. La situation est aggravée par la présence de nombreuses sources de pollution (tas d'ordures, fosses d'aisance, eaux stagnantes) qui côtoient les puits. L'étude a consisté à faire une enquête par questionnaire sur un échantillon représentatif des ménages du quartier Ndjong- melen. Il ressort de cette enquête que 84% de la population puise l'eau de boisson à un équipement moderne, contrairement à ce qu'on pourrait penser. Les populations ont un bon comportement et un

niveau de connaissance appréciable vis-à-vis de l'eau et la santé. Ce travail nous a permis d'avoir une idée précise sur le péril fécal et les risques sanitaires liés à l'eau dans certains quartiers de Yaoundé. Seulement, l'étude ne pose pas la question de la préservation des sites dans les quartiers où les populations, en s'installant, perturbent le milieu et s'exposent à des risques.

- Abéga R. (2006), dans une étude sur les monts Messa a tenté de mieux « cerner la situation du développement et de l'environnement de ce site à travers la réalisation de son profil environnemental dans la perspective de la mise en place d'une stratégie de gestion durable ». Il ressort que les activités sont en cours dans plusieurs secteurs. L'auteur utilise les outils de l'EE pour relever les impacts et les risques environnementaux que ces activités de développement engendrent. Il convient de signaler que nous utiliserons en plus des mêmes outils, la MARP et la cartographie pour mesurer et montrer l'évolution de l'impact de l'emprise humaine sur les hauts reliefs de Yaoundé. Après avoir mis en évidence la gestion urbaine et environnementale de la zone et analysé la situation, l'auteur constate que l'afflux des populations défavorisées et la multiplication des activités mal maîtrisées qu'elles y exercent aggravent les risques environnementaux. Il conclut son travail en suggérant à l'autorité municipale de faire une gestion participative du site sur une base institutionnalisée. Seulement, il faut reconnaître que le cadre de cette recherche nous semble restreint ; car un seul site sur la problématique des zones non constructibles de hauts reliefs à Yaoundé ne nous semble pas assez représentatif. Ce travail a néanmoins contribué à déblayer le chemin pour l'étude de la reconquête des milieux naturels de hauts sommets et d'amélioration du cadre de vie à Yaoundé.

- Le travail de Mani M. L. (2008), qui porte sur la mise en valeur des bas-fonds de l'Arrondissement de Yaoundé 3e met un accent particulier sur les conséquences environnementales. Les données ont été obtenues après une série d'enquêtes initiées de décembre 2006 à juin 2007 au moyen d'un questionnaire structuré et mené auprès de 100 exploitants sur les les sites d'Obobogo, Ahala, Etoa, Afanoya. Il se dégage de sa problématique que « la croissance démographique est à l'origine de l'évolution de l'exploitation des bas-fonds de l'Arrondissement de Yaoundé 3e». Tout comme Mani qui veut savoir pourquoi les Yaoundéens manifestent-ils autant d'engouement pour l'exploitation des bas-fonds, nous voulons savoir ce qui pousse les gens à conquérir les sommets des collines de Yaoundé et quelles sont les conséquences environnementales qui en découlent. Cette étude

a suscité et aiguisé notre curiosité sur l'intérêt qu'il y aurait à analyser les impacts des activités humaines sur les collines de Yaoundé.

- Tagboka-Yakana B. (2009), dans ses travaux sur « L'impact des actions de régénération des zones dégradées de la Réserve spéciale de forêt de Gbazabangui (RCA) », commence par rappeler que la destruction des forêts naturelles au profit des plantations industrielles, des cultures de rente et vivrières sur brûlis conduisent à une perte de la biodiversité. A ces pratiques culturales, on peut ajouter « une exploitation difficilement contrôlable des ressources forestières (PFNL, carrières, exploitation du bois d'oeuvre et du bois de chauffe) ». Il pose le problème de détermination de l'impact des actions de régénération de ces zones dégradées. A l'aide d'outils et de techniques de sciences sociales, l'auteur identifie et décrit l'impact des actions de régénération des zones dégradées de la Réserve spéciale de forêt de la colline de Gbazabangui sur les quartiers riverains. Il ressort de cette étude que les actions directes (reboisement, agroforesterie, pare-feu, surveillance) et indirects (développement des activités alternatives, information, sensibilisation, communication et formation) de régénération des zones dégradées de la Réserve ont des impacts positifs sur l'environnement biophysique et humain des quartiers riverains. Il nous revient dans notre travail, de montrer que les collines de Yaoundé, comme celle de Gbazabangui, subissent une forte agression du fait de l'action de l'homme, que les populations s'exposent à des risques graves en rapport avec ces activités, et qu'il y a urgence que les autorités municipales prennent des mesures pour récupérer ces hauts sommets dégradées et y restaurer leur nature d'antan par la mise en place des actions de régénération de la forêt ; ce qui à terme, pourra impacter positivement l'environnement biophysique et humain de Yaoundé.

Chapitre 2 : PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE ET DESCRIPTION DES SITES ETUDIES

Dans ce chapitre, nous voulons avoir une idée précise sur le milieu et les collines étudiées tels qu'ils se présentent au moment où cette étude est initiée.

2.1 - PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE

Yaoundé, capitale départementale du Mfoundi, capitale régionale du Centre et capitale politique et administrative du Cameroun (voir figure II.1, carte de localisation) a connu comme la plupart des villes de l'Afrique sud-saharienne, une croissance démographique et spatiale spectaculaire ces trente-cinq dernières années.

2.1.1 - Pression humaine constante

La population de Yaoundé représente de nos jours 58,7% de la population totale de la Région du Centre (3e RGPH, 2005). Cette métropole s'étend aujourd'hui sur un peu plus de 20 000ha et comprend sur le plan administratif sept communes d'arrondissement (figure 2.1). Son site est hérissé de collines résiduelles ; d'où son surnom de « ville aux sept collines »7. La barrière montagneuse d'orientation Nord, Nord-Ouest et Sud, Sud-Ouest où le mont Nkolondom culmine à plus de 1200 mètres ne facilite pas l'urbanisation de ce côté. Le tableau 2.1 ci-dessous présente des données sur la population, la superficie et la densité actuelles par arrondissement de Yaoundé d'après le RGPH réalisé en 2005.

7 En réalité, Yaoundé compte près d'une vingtaine de collines (voir annexe) dont les plus en vue sont les monts Mbankolo, Eloundem, Messa, Akok Ndoué, Nkolondom, Ngoa Ekélé, Fébé...

Figure 2.1 : Localisation des coiines étudiées à Yaoundé. (Fekoua, 2010).

Tableau 2.1 : Population, superficie et densité dans les CUA de Yaoundé.

Commune
d'Arr14disseP e4t

Siège

Population
(hbt)

Superficie (ha)

Densité
(hbt/ha)

Yaoundé 1er

Nlongkak I

471000

5464

86,20

Yaoundé 2e

Tsinga I

284000

2256

126,22

Yaoundé 3e

Efoulan

744000

6834

108,86

Yaoundé 4e

Kondengui

408000

5867

69,54

Yaoundé 5e

Nkol Messeng

307000

2652

115,76

Yaoundé 6e

Biyem Assi

155000

2235

69,35

Yaoundé 7e

Nkolbisson

440000

3490

126,67

(PDUY, 2020 et RGPH, 2005).

La forte densité des habitants par hectare est la preuve que la pression humaine est énorme sur l'espace à Yaoundé. Quatre communes d'arrondissement de Yaoundé ont une densité de plus de 100 habitants par hectare sur les sept que compte la ville. Il s'agit des communes de Yaoundé 2e 126,22 habitants/ha, Yaoundé 3e 108,86, Yaoundé 5e 115,76 et Yaoundé 7e 126,67. La densité moyenne des trois autres communes (Yaoundé 1er, 4e et 6e) est d'environ 75 hbts/ha. La commune la plus densément peuplée est celle de Yaoundé 7e (126,67 hbts/ha). La pression démographique sans précèdent soumet la plupart des réserves naturelles des hauts sommets de Yaoundé à l'urbanisation anarchique caractérisée par un habitat spontané et sommaire qui occupe les flancs des montagnes. Le PDL (2009) de Yaoundé affirme à ce sujet que « la plupart de ces hauts reliefs sont colonisés à près de 40 à 50% par une urbanisation sauvage et incontrôlée, dont les conséquences sont : l'érosion et les éboulements fréquents de terrain causant de nombreuses victimes et des dégâts matériels »8. La figure 2.2 montre la densité de la population dans les sept communes d'arrondissement de Yaoundé. Les communes d'arrondissement de Yaoundé 2e et 7e sont les plus densément peuplées à l'hectare. Les collines étudiées se situent dans ces deux circonscriptions administratives (figure 2.2).

8 Plan de Développement Local de Yaoundé, 2009.

Figure 2.2 : Densité de la population dans les arrondissements de Yaoundé. (Fékoua, 2010).

22

La construction des antennes (Messa, Mbankolo) est précédée d'une ouverture de voie d'accès et de l'espace à bâtir qui s'accompagnent d'une redoutable destruction du couvert végétal réduisant l'infiltration, favorisant ainsi le ruissellement des eaux de pluie. Les voies ainsi ouvertes servent d'accès aux populations riveraines pour anthropiser davantage les collines. L'agriculture pratiquée ici ne respecte pas les règles d'une agriculture d'altitude. L'agriculture urbaine et périurbaine se fait avec le billonnage non respectueux des courbes de niveaux, l'utilisation des feux de brousse et la coupe abusive des arbres. Ces pratiques favorisent le ruissellement et l'exposition de la roche mère incapable d'absorber la moindre goutte d'eau.

La colonisation agricole des espaces doublée de l'exploitation sauvage d'essences ligneuses qui s'y trouvent, réduit la biodiversité végétale de ces milieux. « Les réserves du cordon forestier, au lieu d'être reboisées, sont profondément modifiés par l'action humaine dans une forêt dégradée et en récession continue »9. On peut dire aujourd'hui sans risque de se tromper que la dégradation environnementale qui menace la ville de Yaoundé ira grandissante, tant que les montagnes seront dénudées de leur couvert végétal. Il en est de même pour le réchauffement de la ville. A. Franqueville (1984) écrivait à ce sujet : « la profonde transformation ainsi apportée du milieu écologique sans aucune contrepartie contribue très vraisemblablement à élever les températures au sol ».

2.1.2 - Pluviométrie toujours importante

La ville de Yaoundé est localisée entre les latitudes 3°45'N et 3°94'N et les longitudes 10°94'E et 10°58'E. Elle a une précipitation annuelle moyenne de 1700mm répartie en 150 jours, divisée en quatre saisons : deux saisons de pluie (août-novembre pour la grande saison de pluie et avril-juin pour la courte saison de pluie) et deux saisons sèches (novembre-mars pour la grande saison sèche et juin-août pour la petite saison sèche). Elle se situe donc dans une région dont le climat est du type subéquatorial, tempéré par l'altitude qui modère les écarts de températures. Actuellement, ce climat évolue vers une situation de température en hausse et de déficit pluviométrique (bien qu'étant toujours élevée), à cause de la destruction progressive du couvert végétal. Le tableau 2.2 ci-dessous présente les moyennes annuelles de température et précipitation dans la ville de Yaoundé en 2003.

9 PDUY, op. cit. p. 12

Tableau 2.2 : Températures et précipitations moyennes à Yaoundé.

Mois

jan

fév

mar

avr

ma

jun

jui

ao

sep

oct

nov

déc

Année

Précipitation
(en mm)

22

63

146

182

204

151

56

174

202

300

127

120

1747

Température
(en °c)

24

25

24

24

24

23

22

22

23

23

22

24

23.3

( wwww.afrik.com)

La température moyenne annuelle est de 23,3 °C. La période la plus chaude va de décembre à mai ; avec un pic en février (la température atteignant les 25°C). La température ne connait pas de grandes variations à Yaoundé. Les précipitations par contre varient entre 22 mm en janvier et 300 mm en octobre. Les pluies sont abondantes de mi-août à mi-novembre et de mi-mars à mi-juin correspondant aux deux saisons pluvieuses à Yaoundé. Des données du tableau ci-dessus, nous avons réalisé la figure 2.3 qui est un diagramme ombrothermique de la ville de Yaoundé.

Figure 2.3 : Diagramme ombrothermique de la ville de Yaoundé. Fékoua, 2010.

Ce type de diagramme climatique représente les variations mensuelles sur une année des températures et des précipitations selon des gradations standardisées : une gradation de l'échelle des précipitations correspond à deux gradations de l'échelle des températures (P=2T). Ce diagramme permet de mettre en évidence les périodes de sécheresse définies par une courbe de précipitation (histogramme, ici en bleu) se situant en dessous de la courbe de température (courbe, ici en rouge).

2.1.3 - Blocs forestiers en voie de disparition

Jusque dans les années 80, période où de grands changements vont se faire sentir sur les plans démographique et spatial, les hauts reliefs de Yaoundé notamment ceux des parties Nord-Ouest et ouest de la ville, d'altitude variant entre 700 et 1200 mètres que nous appelons symboliquement « la dorsale yaoundéenne », étaient véritablement verts composés de massifs forestiers en altitude. Ces hauts reliefs constituaient un important cordon forestier allant du Nord (Mont Nkolondom) au Sud-ouest (Mont Eloundem), en passant par l'Ouest (Monts Messa). Parce que difficilement urbanisables, ces hauts sommets ont été constitués en trois réserves naturelles présentant une multitude d'intérêts pour la capitale politique à savoir : touristique, climatique et scientifique. Il s'agit de :

- La réserve naturelle du mont Fébé et des Monts Messa d'une superficie d'environ 4000 ha. - La réserve du barrage de la Mefou de 10 500 ha.

- La réserve du Massif de l'Eloundem de 4300 ha environ prévue pour devenir un parc zoologique et botanique (figure 2.4).

Figure 2.4 : Les hauts sommets constitués en réserves naturelles à Yaoundé. (Fékoua, 2010).

Aujourd'hui, le cordon forestier des années 80 perceptible à travers « la dorsale Yaoundéenne » est brisé par une urbanisation incontrôlée. En effet, la plupart de ces hauts reliefs sont colonisés par une urbanisation anarchique dont les conséquences sont sans précèdent pour l'ensemble de la ville de Yaoundé. Les réserves qui couvraient cette « barrière montagneuse occidentale » sont en voie d'être profondément modifiées par l'action humaine (culture, pâturages, carrières de prélèvement de pierres), malgré la présence d'une forêt dégradée en régression continue (PDL, 2001). Des aménagements avaient été programmés sur ces sites dits inconstructibles et protégés10 (reboisement de 78 ha). Face à l'inertie des pouvoirs publics, les populations riveraines ont lancé un véritable assaut sur les forêts préexistantes qui ont pratiquement disparu.

La verdure perçue à distance n'est qu'apparente. Elle est formée de mousses et groupements saxicoles qui poussent sur des rochers dénudés par l'érosion, de recrues et de quelques îlots d'arbres et d'arbustes (Mandengue, 2009). Toutes les collines de Yaoundé sont aujourd'hui menacées ; bien qu'il y ait quelques unes qui conservent encore des reliques forestières. Si rien n'est fait, « les hauts reliefs et leurs réserves qui constituaient jadis l'essentiel du grand cordon forestier de la ville de Yaoundé » vont disparaître.

La vaste campagne de reconquête des milieux naturels11 et d'amélioration du cadre de vie lancée par la CUY et dans laquelle s'intègre notre étude, sont autant d'initiatives pouvant permettre d'explorer les voies et moyens pour redonner à Yaoundé sa verdure et sa fraicheur d'antan. Après cette analyse documentaire qui nous a donné une idée précise sur ce que nous pouvons faire compte tenu des travaux précédents, et la connaissance du cadre d'étude, il est question dans ce qui suit, de dire un mot sur les matériels et la méthode les mieux adaptés pour aborder une telle étude.

10 La Convention sur la diversité biologique définit en son article 2, une zone protégée comme « toute zone géographiquement délimitée qui est désignée, ou réglementée, et gérée en vue d'atteindre des objectifs spécifiques de conservation ».

11 La CUY a demandé et obtenu du Ministère compétent, que ces zones soient déclarées d'utilité publique. Voir l'Arrêté du Ministre des domaines et des affaires foncières en annexe.

2.2 - DESCRIPTION DES COLLINES ETUDIEES ET LEUR DIMENSION HISTORIQUE

Nous avons effectué des descentes sur le terrain et avons visité plusieurs collines dont nous vous donnons une description sommaire de sept (figure 2.5, collines visitées) sur lesquelles nous avons choisi de mener cette étude. Toutes ces collines appartiennent selon la CUY, à la zone interdite de construction de type D. En effet, la CUY définit quatre types de zones inconstructibles. Le type A représente les rivières et bas-fonds. Le type B les espaces routiers futurs ou existants. Le type C concerne les espaces ayant un statut de zone industrielle. Le type D est celui dans lequel s'inscrivent les hauts reliefs et les espaces ayant un statut d'espaces verts interdits de construction. Malheureusement, rien n'est fait sur le terrain pour faire respecter cette typologie.

2.2.1 - Mont Akok Ndoué : un massif rocheux-forestier « étranglé »

Le mont Akok Ndoué s'étend de Nkolbisson à Mendong. Il est à cheval entre les communes d'Arrondissement de Yaoundé 7e (flanc Quest, côté Nkolbisson) et de Yaoundé 6e (flanc Est, côté Mendong et Etoug-Ebé). La rivière Mewoulou qui prend sa source au pied de cette colline (Nord-Est), représente sa frontière naturelle au niveau d'Etoug-Ebé. D'une altitude d'environ 970 mètres, il possède trois grottes naturelles. Son nom, composé de « Akok » (rocher) et de « Ndoué » (éperviers) en langue locale (Ewondo), vient du fait qu'à l'époque, il y avait beaucoup de rapaces qui vivaient dans l'une des grottes dont l'entrée qu'empruntaient ces oiseaux pour accéder dans un véritable labyrinthe rocheux est encore visible aujourd'hui (voir photo 2.1) sur le flanc Sud-Est du côté de Mendong.

Figure 2.5 : Carte des collines étudiées à Yaoundé. (Fékoua, 2010)

Photo 2.1 : Affleurement rocheux a Akok Ndoé. (Source : Fekoua, décembre 2010).

Cette photo montre un aspect de l'affleurement rocheux au lieu dit Akok Ndoué II (N : 03°51'07,9»E : 11°27'56,1»). Au centre de la photo, l'entrée de la grotte qu'empruntaient les éperviers. On observe sur le rochée, des groupements saxicoles et quelques grands arbres isolés qui témoignent de l'existence de la foret sur ce sommet à une époque.

D'après les informations recueillies auprès du chef de bloc de Akok Ndoé II, les panthères vivaient sur la colline jusqu'à une époque récente ; notamment jusqu'en 1973, année à laquelle il aurait lui-même tué le dernier de ces fauves. Selon le même patriarche, il y a moins d'une décennie (2005), le « Rocher des éperviers » était le territoire d'un énorme gorille (dos argenté), qui se baladait régulièrement entre les Monts Akok Ndoé et Eloundem, distant d'environ 4km. Le massif est aujourd'hui complètement cerné par diverses activités humaines qui l'étranglent et le dénaturent complètement ; bien qu'au sommet, un lambeau de forêt (gros arbres) est encore visible. Tout autour de ce massif, les activités anthropiques sont perceptibles ; seuls d'importants affleurements rocheux au Nord-Ouest (Nkolbisson) et au Sud-Est (Mendong), empêchent la construction des maisons au-delà de 800 mètres. La figure 2.6 ci-dessous est un transect qui donne une description verticale du Mont Akok Ndoué faite à partir des observations sur le flanc Sud-est.

Pied du mont

Mi-pente
(777m)

Versant

Sommet

(820m)

(700m)

Vallées

Etage

(660m)

(970m)

Boisement anthropique, arbres fruitiers

Végétation anthropique

Végétation

Rivière Nkounda

Groupement
saxicole

Relique
forestière

Champs, manioc, bananiers, arachides, avocatiers, chasse

Construction, élevage, carrière

Maison, école, église, centre santé, boutiques, agriculture

Affleurement rocheux, chasse

Maison, école, église, centre santé, boutiques

Occupation du
sol/activité

Glissement de terrain, érosion

Erosion, feu de brousse

Chute de pierre

Eboulement de terrain

Inondation

Risque associé

Mont Akok Ndoé

Figure 2.6 : Description verticale réalisée à partir du flanc Sud-est d'Akok Ndoé.

(Enquêtes de terrain, décembre 2010).

2.2.2 - Massif forestier naturel sacré de Mbog Ndum

Des sept sommets sur lesquels nous avons travaillé, Mbog Ndum est la colline qui garde encore un aspect véritablement naturel quoique perturbée. La photo 2.2 ci-après présente un aspect des Produits Forestiers Ligneux (PFL) qu'on peut encore observer sur le versant Nord.

 

Les grands arbres sur cette image sont effectivement des essences naturelles. Mais ils cachent en fait la déforestation qui se déroule à l'intérieur de ce massif. (N : 03°51'38,4»E : 11°26'36,8»)

Photo 2.2 : Un aspect des ligneux sur le flanc Nord du Mont Mbog Ndum. (Fekoua, décembre

2010).

Ce sommet est situé dans l'Arrondissement de Yaoundé 7e. Le Mont Mbog Ndum c'està-dire « baobab troué », était une colline sacrée. En effet, c'est dans une grotte visible encore aujourd'hui, au dessus duquel se trouvait un énorme baobab comportant un trou où les représentants des différentes communautés de la contrée se réunissaient six jours consécutifs par an pour prier et demander la bénédiction des dieux pour leurs activités champêtres. La photo 2.3 ci-dessous montre la face externe de la grotte au-dessus duquel se dressait le baobab troué.

Photo 2.3 : La grotte sacrée de Mbog Ndum. (Source : Fekoua, décembre 2010).

Au centre de la photo, entourer de gros arbres, le rocher qui abritait autrefois la grotte sacrée. Sur ce rocher trônait le baobab troué (Mbog Ndum) qui n'existe plu. (E : 03°51'38,4» N : 11°26'36,8»)

Le chef de 3e degré de Mbog Ndum affirme que chaque délégué de communauté apportait des semences et les prières devaient se faire jusqu'à ce qu'une fumée sorte du baobab ; ce qui était la preuve de l'exaucement. Au sortir de ces jours de prières, une chèvre était égorgée, une grande fête était organisée à laquelle étaient conviées toutes les populations des villages concernés à qui les semences bénites étaient distribués. La face Nord (côté Nkolfoulou) commence à subir un début d'agression humaine (construction, agriculture). La figure 2.7 ci-après est une coupe descriptive de ce front Nord.

Piedmont

(812m)
Mi-pente

(780m)

Versant

Sommet

Vallées

(700m)

(660m)

Etage

(877m)

Savane herbeuse et essences

Champs de

fruiters légumes, gombo, maïs

Essences naturelles dense

Végétation

Relique

Champs de
maïs et
autres

Laverie automobile

Occupation du
sol/Activité

Champs de
femmes, chasse

Agriculture

Chasse

Chasse

Glissement
de terrain

Inondation

Chute de
pierres

Déforestation

Erosion

Risque

Colline Mbog Ndum

Figure 2.7 : Transet descriptif du front Nord (côté Nkolfoulou) du Mont Mbog Ndum.

(Enquêtes de terrain, décembre 2010).

Le Mont Mbog Ndum culmine à plus de 880 mètres d'altitude. A 877 mètres, au point GPS de coordonnées N:03°51'34,6»et E:11°26'39,5» la forét sommitale ancienne est remarquable, avec de gros arbres, des Produits Forestiers Non-Ligneux (PFNL, photo 2.4). Le sol ferralitique de couleur rouge est très caractéristique de la zone.

 

Le jujubier produit les jujubes qui sont des PFNL très prisés sur presque tous les marchés des régions du Cameroun. Ils sont généralement vendus après séchage. Il existe plusieurs espèces ; sur cette photo les jujubes sucrés.

Photo 2.4 : Deux variétés de jujubes filmés dans la forêt sommitale de Mbog Ndum. (N:03°51'34,6»et E:11°26'39,5»). Source : Fékoua, 2010).

2.2.3 - Minloa : un important massif rocheux de l'Ouest Yaoundé

C'est un affleurement essentiellement rocheux (plus de 85% de sa surface). Une poche de végétation faite de culture (maïs, bananiers) et quelques reliques de gros arbres sont visibles au sommet. C'est un site propice au divertissement, au tourisme, aux loisirs et au recueillement (Photo 2.5).

Photo 2.5 : Le sommet du Mont Minloa vu à partir de Nkolbisson. N : 03°51'34,6»E :
11°26'39,5» (Fekoua, décembre 2010).

Sur ce cliché, on observe au 1er plan (pied du mont), des bananiers, des palmiers et des arbres fruitiers ; ce qui est la preuve que l'homme y est très actif. Au second plan, le massif rocheux avec des poches de forêt résiduelle au sommet.

Le massif rocheux Minloa est limité au Sud-ouest par l'usine de traitement des eaux de Nkolfoulou, au Nord par le Mont Messebe (995m). Les Monts Minloa et Messebe (Photo 2.6 ci-dessous) constituent à ce niveau une frontière naturelle entre les Départements du Mfoundi et de la Lékié c'est-à-dire entre les peuples Eton (à l'Ouest) et Ewondo (à l'Est).

Photo 2.6 : A gauche, le Mont Minloa et à droite le Mont Messebe ; limite naturelle des
départements du Mfoundi et de la Lékié.
N : 03°51'34,6»E : 11°26'39,5»

(Source : Fekoua, décembre 2010).

La photo ci-dessus montre à l'avant, les palmiers à huile, les arbres fruitiers et quelques essences naturelles isolées. En arrière plan, les monts Minloa et Messebe séparés par un couloir d'environ 500 mètres de large, abritant la végétation.

Akok Minloa (en Ewondo) c'est-à-dire « Rocher des mouches » se caractérise par la couleur noir du rocher sur lequel poussent des groupements saxicoles qui sont complètement « calcinés » par le soleil en saison sèche (photo 2.7).

Photo 2.7: Plantes séchées par le soleil, flanc Nord-ouest de Minloa.
N : 03°53'60,6»E :11°26'19,2»

(Source : Fekoua, décembre 2010).

Cette photo montre au 1er plan, l'affleurement de la roche de couleur noire. Au second plan, un groupement saxicole séché par la chaleur du soleil. En arrière plan, le sommet du mont Messebe avec une végétation parsemée.

Le cours d'eau Mefou, une limite naturelle entre les Communes d'Arrondissement de Yaoundé 6e et 7e, prend sa source au pied de ce rocher qui culmine à 966 mètres d'altitude. A 791 mètres d'altitude, au point GPS de coordonnées N:03°53'09,1»et E:11°26'13,0» sur le flanc Nord-est du massif, un regard en aval permet de constater qu'il y a les activités dont les principales sont l'agriculture, l'exploitation du sable, la pisciculture. Aucune construction ou habitation n'est encore présente sur le site. Une autre activité et non la moindre, est celle de l'exploitation de carrière qui consiste sur le flanc Est (Nkolbisson) au ramassage de morceaux de pierres détachés du rocher suite á son exposition constante aux intempéries ; ce qui provoque l'éclatement de la croüte et le décapage facile des blocs de roche qui sont enlevés au moyen de burin, balancés au bas de la colline et concassés pour en faire du gravier.

2.2.4 - Immense massif rocheux-forestier Ebaminala (Nkol Edoa)

Ebaminala encore appelé Nkol Edoa, c'est-á-dire la colline d'Edoa, du nom d'un des premiers allogènes à s'installer dans le village. D'après un descendant direct d'Edoa que nous avons rencontré, ce dernier aurait vécu au sommet de la colline et c'est là qu'il aurait trouvé la mort ; sa tombe y serait encore visible. C'est un énorme massif comportant à la fois d'importants affleurements rocheux et une grande forêt sommitale (photos 2.8).

Photo 2.8 : Vue rapprochée de la foret et de l'affleurement rocheux au sommet du Mont.
N : 03°53'44,1»E : 11°27'58,1» (Source : Fekoua., décembre 2010).

Cette image du sommet d'Ebaminala montre de l'avant vers l'arrière, l'affleurement de la roche recouverte de groupements saxicoles. On distingue ensuite nettement la forêt sommitale avec de gros arbres. Cette forêt est menacée par la déforestation.

Il s'étend de Zamengoué à l'Ouest, jusqu'aux confins du Mont Messa à l'Est. La rivière Afémé au point de coordonnées GPS N:03°50'22,8»et E:11°28'12,6», prend sa source sur le Mont Ebaminala et se jette dans la Mefou. Il constitue une limite naturelle entre les Départements du Mfoundi et la Lékié. Les allemands auraient utilisé de grosses chaines pour bloquer l'entrée d'une immense grotte qui se trouverait sur le massif ; afin d'éviter les accidents. Du côté de Nkolafémé à l'Est du massif, la colline se présente en paliers. Sur cette même façade, nous avons fait des observations qui nous ont permis de réaliser la coupe descriptive dont les résultats sont présentés sur la figure 2.8.

2e et 3e palier
(828 et 854m)

1er palier
(784m)

5e palier
(948m)

4e palier
(880m)

Vallées

(724m)

Etage

Groupements saxicoles, arbres fruitiers

Végétation

Maïs, bananiers,
manguiers,
ananas

Groupements
Saxicoles

Cours d'eau
Afémé

Reliques
forestières

Elevage, champs, habitation, école, église, boutique

Champs de
femmes, chasse,
exploitation de bois

Occupation du
sol/Activité

Laverie moto,
champs légumes

Aménagements de
religieux, champs,
source, borne

Affleurement
rocheux, chasse

Déforestation, feu de brousse

Glissement de
terrain

Inondation

Chute de pierres

Risque associé

Erosion, chute
de pierres

Rocher Ebaminala

Figure 2.8 : Coupe verticale descriptive de la façade Sud-est d'Ebaminala.

(Observations de terrain, décembre 2010).

Nous avons sur la façade orientale du mont, de la base jusqu'à 948 mètres d'altitude au point GPS N:03°54'04,0» E:11°27'50,2», cinq paliers. Au premier palier il y a les habitations et les champs ainsi que les arbres fruitiers. La culture des ananas y est pratiquée. Les deuxième et troisième paliers respectivement à 828 mètres et 854 mètres sont le domaine de l'affleurement rocheux de couleur noire et doté d'une végétation singulière. Le quatrième palier à 880m d'altitude, au point GPS 3°53'48,1»de latitude Nord et 11°27'59,4»de

longitude Est, est une plate forme qui a connu des aménagements. Un Prêtre catholique aurait reçu l'autorisation du chef traditionnel pour placer l'effigie de Marie et une grande croix et en a fait un haut lieu de recueillement et de prière (photos 2.9a et 2.9b). On y observe également les champs et des arbres fruitiers. La Direction du cadastre y a placé une borne (photo 2.10). Le cinquième et dernier palier à 948 mètres d'altitude se caractérise par une forét sommitale comportant de gros arbres. C'est le site d'exploitation anarchique du bois. Il y existe quelques espaces cultivés et des Produits Forestiers Non-Ligneux (PFNL). La chasse y est également pratiquée.

2.9a 2.9b

Photo 2.9 : Effigie de marie et croix installées au quatrième palier à l'Est de la colline.
N : 03°53'50,3» E : 11°27'54,9» (Source : Fekoua., décembre 2010).

Sur la photo de gauche (2.9a), l'effigie de Marie repose une stèle construite avec des pierres récupérées sur la colline. Au second plan à gauche, des pierres disposées pour servir de banc. On note ensuite en arrière plan, les champs de maïs, de manioc et quelques grands arbres. Sur la photo de droite (2.9b), la grande croix repose sur un support en pierres. Derrière la croix, on observe une végétation résiduelle.

Photo 2.10 : Borne du cadastre à Ebaminala (880m d'altitude). (Fekoua., décembre 2010).

2.2.5 - Monts Messa : un héritage naturel à restaurer

Les Monts Messa culminent à environ 1015m d'altitude. En langue Ewondo, « Messa » est le pluriel de « Assa » qui désigne le prunier (nom scientifique : Prunus). C'est un mont qui s'allonge sur les Communes d'Arrondissement de Yaoundé 2e au Nord-est où il est frontalier avec Mbankolo (photo 2.11), jusqu'à Yaoundé 7e au Sud-Ouest à Nkolbisson. A l'Ouest, Messa est limité par Oliga et Ebaminala. La rivière Afémé coule dans la vallée longeant les Monts Messa (Sud-ouest) et Ebaminala (vers Nkolbisson). A l'Est, du côté d'Etétak, les blocs rocheux libres, susceptibles de mouvement vers l'aval sont visibles (Abéga, 2006).

Photo 2.11 : Un aspect des monts Messa filmé depuis Oliga (côté Mbankolo). N :
03°53'44,3»E : 11°28'48,1» (Source : Fekoua., décembre 2010).

Ce cliché montre les maisons sur le flanc Nord-ouest de Messa. Les champs de maïs sont visibles au sommet où il n'y a plus que de rares arbres isolés. Si rien n'est fait, ces champs vont bientôt être remplacés par les habitations

Les Monts Messa porte aujourd'hui près d'une dizaine d'antennes de télécommunication et un château d'eau dont l'installation a nécessité l'ouverture de pistes à plusieurs endroits du massif, favorisant ainsi l'accès des populations riveraines aux sommets pour développer des activités qui ont profondément entamé le milieu, perturbant les écosystèmes et exposant les populations à des risques. Des sept collines sur lesquelles nous avons travaillé, Messa est de loin la plus anthropisée. L'intervention musclée de l'autorité municipale sur le site en 2006 a certainement contribué à sauver la poche de forêt sommitale qui y est encore observable au Sud-ouest du côté de Nkolbisson. Les pentes sur les flancs des Monts Messa sont supérieures à 20% (Abéga, 2006).

La végétation est entièrement dégradée par les activités humaines ; notamment l'urbanisation et l'agriculture, facilité par l'ouverture des pistes sur la colline pour poser les antennes émettrices. On observe encore quelques reliques forestières sur les hauteurs, du côté de Nkolbisson (photo 2.12).

Photo 2.12 : Relique de forêt au sommet de messa, versant Sud-ouest à Nkolbisson.
(Source : Fekoua, décembre 2010).

Au premier plan sur cette photo, un champ de maïs, des bananiers et des habitations au pied du mont Messa. Au second plan, le flanc Sud-ouest de la colline avec les champs de maïs qui sont pratiquement au sommet où on note encore une relique de forêt

La société d'exploitation de pierre Dragages-Cameroun, y a exercé jusqu'en 1984. L'énorme trou béant laissé au centre du flanc Est de la colline témoigne de l'activité de cette entreprise. En 1980, la GUY avait classé les hauts reliefs de Messa « zone verte » interdite de construction. Des plaques avaient été posées avec l'indication : « Gommunauté Urbaine de Yaoundé, zone verte interdite à la construction ». Il convient de signaler que les Monts Messa comme toutes les autres collines que nous avons étudiées appartiennent à la zone interdite de construction de type D ; c'est-à-dire les milieux ayant un statut d'espaces verts ou de hauts reliefs selon la GUY. La figure 2.9 suivante montre les résultats d'un transect réalisé sur le flanc Est des Monts Messa.

Etage

Sommet

Végétation
Lambeau de

Occupation du
sol/Activité

Champs de

Risque

Déforestation, Chute

 

forêt

femmes, antennes

de pierres

(1015m)

 
 
 

Versant
(930m)

Cultures,
arbres isolés

Champs de maïs, Arbres fruitiers isolés

Erosion, feu de brousse

Versant

Cultures,
fruitiers

Maisons, champs de maïs, arbres

Glissement/éboule
ment de terrain

(880m)

isolés

fruitiers

 

Piedmont
(800m)

Bananier,
manguier,
papayers

Maisons, école,

église, centre santé, boutiques, élevage

Coulée boueuse

Vallées

Rivière

Champs de légume

Inondation

 

Afémé

 
 

(728m)

 
 
 

Monts Messa

Figure 2.9 : Transect réalisé sur le flanc Est des Monts Messa. (Observations de terrain, 2010).

2.2.6 - Colline emblématique de Mbankolo

Le Mont Mbankolo (1096m) présente deux sommets portant les antennes de la radio et de la TV nationale camerounaise (photo 2.13). Le premier pic du côté d'Oliga (carrefour Mbankolo) est un affleurement rocheux (photo 4.14a). A partir d'Oliga, une route serpente le flanc du Mont et permet d'accéder au sommet. Une autre route traverse le Mont Mbankolo à l'Est en direction de Fébé. C'est la partie de la colline la plus humanisée. Les constructions sont présentes à une altitude de plus de 800 mètres. Une radio privée, en plus de son antenne émettrice, y a construit ses bâtiments (N:03°53'51,7»et E:11°29'18,9») à plus de 834 mètres d'altitude. Du carrefour Mbankolo à Fébé, de nombreuses constructions sont en chantier vers l'amont où une forét dégradée est encore visible. D'après les informations recueillies auprès des populations, il y a moins d'une décennie, un morceau de roche s'était détaché de la colline, dévalant la pente en direction des populations installées en aval qui avaient eu la vie sauve grâce aux gros arbres qui avaient arrêté sa course folle.

Photo 2.13 : En arrière plan, les deux sommets du Mont Mbankolo portant des antennes.

(Source : Fekoua, décembre 2010).

Au premier plan sur cette image, le mont Oliga avec des bananiers, les champs de maïs et des arbres isolés. En arrière plan, les deux sommets du mont Mbankolo portant des antennes.

Le second sommet du Mont Mbankolo présente un couvert végétal important. Il est limité à l'Ouest par le village Fébé et le Mont qui porte le méme nom (Fébé). C'est de ce côté que se trouve la grotte de Mbankolo ; au lieu dit « Cité de la Vierge Marie » au point de coordonnées GPS N:03°54'37,6»et E:11°29'08,6» à 891 mètres d'altitude. L'activité principale ici est l'agriculture. Il faut tout de méme signaler que les constructions sont entrain de coloniser progressivement ce flanc Quest du Mont. Nous avons d'ailleurs constaté au moment où nous étions sur le terrain qu'une route y a été récemment ouverte (photo 2.14b), à plus de 800 mètres d'altitude et permet de rallier Oliga et Fébé village (point GPS N:03°54'18,8»et E:11°28'42,0» à 842 mètres d'altitude).

 

2.14a

Au pied du mont Mbankolo (côté Oliga), la photo 2.14a ci-dessus nous montre une zone récemment déguerpie. On y observe encore des traces de terrassement et des murs de soutènement construits pour empêcher un éboulement de terrain. Sur la photo 2.14b cidessous, on voit une route ouverte récemment sur le flanc de la colline à plus de 800m d'altitude, au milieu de la végétation.

 

2.14b

Photo 2.14a : Le sommet à affleurement rocheux de Mbankolo et 2.14b : Une route récemment ouverte sur le versant Ouest vers Fébé village. N : 03°54'18,8»E : 11°28'42,0» (Source : Fekoua, décembre 2010).

La forêt résiduelle sommitale est constituée de gros arbres. On y rencontre encore quelques rongeurs. Le Mont Mbankolo aurait constitué un point stratégique pour la résistance à la colonisation allemande. D'après les informations collectées auprès des populations riveraines, les Allemands auraient utilisé l'aviation, après plusieurs tentatives infructueuses d'approche terrestre, pour venir à bout des résistants qui s'étaient refugiés au sommet de la colline et en avaient fait un poste d'observation et de défense efficace.

2.2.7- Mont Fébé, source du cours d'eau Mfoundi

Le Mont Fébé porte le nom du village où il se situe. Il a une altitude de 1073 mètres (photo 2.15). Le Mfoundi qui est le principal cours d'eau drainant la ville de Yaoundé prend sa source sur cette colline.

Photo 2.15 : Une vue du Mont Fébé à partir de Mbankolo. N : 03°54'38,7»E : 11°29'24,6»
(Source : Fekoua, décembre 2010).

Au premier plan sur ce cliché, Fébé village avec des arbres fruitiers. Au second plan, le mont Fébé avec une relique de forêt au sommet, quelques maisons isolées et des champs de maïs sur son versant ; preuve que malgré les mesures de sécurité, l'homme y est très actif.

Plusieurs infrastructures ont été construites et des aménagements ont été entrepris sur la colline : l'un des plus grands Hôtel de Yaoundé (photo 2.16) est bâti sur le flanc Est de ce sommet. Il en est de même du Monastère des Bénédictins. Au pied du Mont Fébé, toujours sur le côté Est ont été aménagé le terrain de Golf et le parcours Vita (photo 2.17).

 

En arrière plan sur cette photo, à droite, peint en blanc et entouré d'arbres, le monastère des bénédictins. (Source : Fekoua, décembre 2010).

Photo 2.16 : Une vue de l'Hôtel Sofitel construit sur le flanc Est de la colline Fébé.

 

Au premier plan sur cette photo, une poche de forêt résiduelle. Au second plan, le terrain de golfe parsemé de plantes ornementales. (Source : Fekoua, décembre 2010).

Photo 2.17 : Une vue du terrain de golfe aménagé au pied du Mont fébé.

L'accès au sommet du Mont Fébé tout comme au sommet du Mont Mbankolo est interdite pour des raisons de sécurité. En effet, des stations abritant les antennes émettrices de la CRTV et de la Présidence y ont été construites. Le souci de sécurité (et non de préservation) de cet écosystème fragile est tel qu'une clôture en parpaings a été élevée à une certaine altitude sur le flanc Sud du Mont (côté Fébé village), pour empêcher tout accès aux riverains en direction du sommet. Au point GPS de coordonnées N:03°54'38,7»et E:11°29'24,6» d'altitude 950 mètres, passe la route qui vient de Mbankolo jusqu'à Tsinga en desservant l'antenne de communication, l'Hôtel, le Monastère et ses structures annexes, le Golf et le parcours Vita. Une simple promenade sur ce flanc Est du Mont Fébé, avec tout ce qu'on y découvre permet d'affirmer que c'est un véritable joyau touristique qu'il faut simplement valoriser. Le tableau 2.3 suivant récapitule les collines sur lesquelles nous avons travaillé.

Tableau 2.3 : Récapitulatif des collines étudiées.

N° d'ordre

Nom de la colline

Localisation

Altitude (en mètre)

1

Akok Ndoué

Yaoundé 6e et 7e

967

2

Mbog Ndum

Yaoundé 7e

900

3

Minloa

Yaoundé 7e

966

4

Ebaminala

Yaoundé 7e

1005

5

Messa

Yaoundé 2e et 7e

1015

6

Mbankolo

Yaoundé 2e

1096

7

Febe

Yaoundé 2e

1073

Source : données de terrain et SDAU de Yaoundé.

Il ressort de ce tableau que cinq des sept collines étudiées se situent dans la Commune d'Arrondissement de Yaoundé 7e et font partie des massifs qui forment la barrière montagneuse occidentale de Yaoundé. Deux massifs à savoir les monts Messa et Akok Ndoué sont à cheval entre les Communes d'Arrondissement de Yaoundé 2e et 7e pour le premier et de 6e et 7e pour le second. Trois sommets sont dans la Commune d'Arrondissement de Yaoundé 2e ; il s'agit de Febe, Messa et Mbankolo.

Chapitre 3 : APPROCHE METHODOLOGIQUE

Afin d'étudier le plus adéquatement possible la situation des collines de Yaoundé, nous avons identifié un échantillon représentatif de 07 collines (Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa, Ebaminala, Messa, Mbankolo, Fébé) pour deux raisons : elles sont situées dans les Communes d'Arrondissement (6e et 7e) les plus densément peuplées i.e. où les sites sont plus exposés aux actions de l'homme. De plus, elles sont localisées comme la plupart des collines dans la partie occidentale de la capitale ; d'où le nom de « barrière montagneuse occidentale »12 et que nous avons baptisé par analogie « Dorsale yaoundéenne »13. Nous voulions ainsi garder la symbolique de « Yaoundé, ville aux 07 collines » ; car en réalité, il y a près d'une vingtaine de collines qui surplombent le site de Yaoundé. Nous avons à cet effet utilisé un certain nombre de matériels que nous présentons dans ce chapitre ainsi que la méthode de collecte des données.

3.1- MATERIELS

3.1.1- Récepteur-GPS (Global Positioning System) et logiciel Google Earth

- Récepteur-GPS : C'est un appareil qui permet à une personne de déterminer sa position ou celle de tout autre objet en tout point de la terre et à tout moment avec une certaine précision (qui peut varier de quelques centaines de mètres à quelques centimètres). Le récepteur-GPS que nous avons utilisé est de marque Etrex GARMIN, version 3.20. Il nous a servi à localiser, relever les coordonnées (Longitudes, Latitudes, Altitudes) des sept (7) collines étudiées. Les données collectées ont permis de créer un Système d'Information Géographique (SIG).

- Logiciel Google Earth : C'est un logiciel qui permet de « voyager au quatre coins du monde en visualisant des images satellites, des cartes, des reliefs ou des bâtiments en 3D ». Il permet de visualiser des vues aériennes et satellitales de toute la planète ; avec la possibilité d'afficher les frontières, les noms des villes, de fleuves. .Ce logiciel nous a permis par simple observation directe d'avoir une idée sur ce qu'il en reste encore du massif forestier de la « barrière montagneuse occidentale » de Yaoundé.

12 PDU de Yaoundé, 2020.

13 Cette appellation fait référence à la Dorsale camerounaise, qui est cette chaine de collines qui part des monts Mandara aux Nord-ouest Cameroun, jusqu'au mont Cameroun dans le Sud-ouest en passant par les monts de l'Ouest.

La figure 3.1 ci-dessous montre un exemple d'observation et d'extraction de l'image Google Earth sur internet pour localiser les massifs forestiers à protéger en guise de mesures en faveur de la biodiversité sur la voie de contournement Est de Yaoundé.

Figure 3.1 : Observation et extraction de l'image Google Earth sur internet pour localiser
les massifs forestiers à protéger sur la voie de contournement Est de Yaoundé.
(Tchindjang,

2009).

3.1.2 - Carte topographique de Yaoundé au 1/200 000

Une coupure topographique est une carte à l'échelle réduite représentant le relief déterminé par altimétrie et les aménagements humains d'une région géographique de manière précise et détaillée sur un plan horizontal. Les autres cartes à échelle plus réduite et les plans de ville ne sont pas des cartes topographiques, car ils ne respectent pas l'échelle de réduction pour représenter les routes. En effet, l'usage principal de ces cartes routières et des plans est le repérage d'un tracé routier. Néanmoins, le fond de carte et de plan contient des informations topographiques parfaitement représentées, comme la végétation de surface, le relief, etc. La carte topographique de Yaoundé au 1/200 000 nous servira de guide sur le terrain afin de repérer et de localiser les hauts sommets de Yaoundé et éventuellement d'autres éléments topographiques et d'anthropisation remarquables. A partir de la version électronique, nous utiliserons le Logiciel de cartographie ArcView 3.2 pour réaliser les cartes.

Toutes les coordonnées et les données GPS collectées sur ces collines seront projetées sur la version numérique de la carte mère de Yaoundé grâce à ce logiciel. Ce qui nous permettra d'apprécier l'évolution de l'action humaine sur ces milieux et de formuler objectivement quelques recommandations. L'objectif de ce travail étant l'étude des activités et des risques environnementaux sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants.

3.1.3 - Appareil photo numérique et image satellitaire de Yaoundé

- Appareil photo numérique que nous disposions pour les prises de vues sur les différents sites de notre étude était un Panasonic LUMIX DMC-FZ8, de très haute résolution (12 mégapixels), doté d'un zoom, d'un flash incorporé et d'une carte mémoire de 2G. L'appareil photo est devenu un matériel incontournable pour la recherche scientifique. Il permet de collecter des données en temps réels sur le phénomène étudié. En effet, nous avons réalisé des photos pour illustrer et mieux préciser notre pensée en rapport avec certains aspects de cette étude.

- Image satellitaire Aster : En 1972, les américains ont lancé le programme satellitaire LANDSAT, destiné à l'étude du sol. La France, en 1985, lança à son tour ses satellites SPOT (Satellite Probatoire d'Observation de la Terre). L'observation de l'image Aster composite de Yaoundé (2009) consultée au SPJ de la CUY, nous a donné de comprendre et d'avoir une idée précise sur l'évolution de l'anthropisation des collines de Yaoundé. La figure 3.2 présente d'ailleurs les collines étudiées sur fond d'image Aster de Yaoundé (2009). Sur cette image, la couleur bleue correspond à l'extension spatiale ouest de la ville. Le rouge magenta représente ce qui reste encore de la végétation. Le noir n'est autre que le lac d'Esse. Le blanc correspond aux nuages et le vert sombre indique les massifs forestiers qui sont aujourd'hui en voie de disparition.

3.2 - METHODOLOGIE

Pour recenser, collecter, analyser et caractériser les données sur les 07 collines étudiées et examiner comment elles ont évolué ainsi que les impacts des activités d'humanisation des collines et de leurs terrains attenants, nous avons utilisé les outils de l'EE, la MARP et la cartographie qui sont des méthodes beaucoup plus complètes et qui offrent une gamme variée de moyens pour analyser les interactions entre les activités, l'environnement, les ressources et les risques encourus par les populations.

3.2.1 - Technique de la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative)14

Il s'agit d'une méthode de recherche participative et d'un outil d'apprentissage quicomble le vide laissé par les méthodes de recherche traditionnelle, qui ne permettent pas de

mieux comprendre la réalité rurale. Cette méthode se trouve entre la recherche formelle (coûteuse et longue) et la recherche informelle (trop courte pour donner de résultats fiables et qualifiés de « tourisme rural ». La MARP est un ensemble d'approches et d'outils, utilisés pour permettre aux populations rurales et urbaines de présenter leurs connaissances sur leur situation et leurs conditions de vie. Cette technique établit un processus de communication plus proche et plus révélateur que les questionnaires. La MARP ou RRA (Rapid Rural Appraisal, en anglais) est un processus d'apprentissage intensif, itératif et rapide, orienté pour connaître des situations spécifiques (URD, 2002). Pour une utilisation efficace de la MARP afin d'identifier l'information à obtenir, les objectifs, qu'est-ce que l'on veut apprendre et bien choisir les zones à étudier pour poser un diagnostic sans complaisance de l'environnement collinaire de Yaoundé, nous avons puisé dans la panoplie des outils de la MARP les méthodes suivantes :

3.2.1.1 - Observation directe

Il s'agit de la première partie du recueil des données. Grace à l'observation, on a pu obtenir une validation des statistiques et données théoriques obtenues sur les dommages et sur les activités sociales et économiques des sites concernés. Nous avons effectué au moins trois descentes sur chaque colline pour faire des observations directes. Ces visites consistaient à se balader sur les sites et d'observer les faits tant physiques qu'humains afin de comparer la réalité du terrain et les informations théoriques dont nous disposions.

14 L'appellation «Méthode Accélérée de Recherche Participative » est la traduction française donnée à Rapid Rural Appraisal par les participants francophones à la session de formation sur le RRA tenue à Mbour, Sénégal en 1989.

3.2.1.2 - Données secondaires

C'est la première technique que nous avons mis en place pour étudier l'histoire de la ville de Yaoundé et ses collines. Cette recherche bibliographique sur internet et dans les bibliothèques publiques, privés et des particuliers nous a également permis de bâtir notre revue de littérature que nous avons présenté dans le chapitre deux de cette étude.

3.2.1.3 - Interviews semi-structurées (ISS)

C'est le principal outil de la MARP ; car outil et accompagne d'autres outils. Ces entretiens ont constitué la base de notre recherche puisqu'ils ont aidé à compléter les autres techniques. Les questions ouvertes telles que : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Quand ? Où ? Comment ?, nous ont donné de collecter une somme importante d'informations. Nous avons interviewé les chefs de bloc d'Akok Ndoué et Nkol Edoa, les chefs traditionnels de 3e degré de Mbog Ndum et Mbankolo, le chef du quartier à Minloa. En plus des chefs, nous nous sommes entretenus formellement avec les riverains et exploitants que nous avons rencontrés sur le terrain à Akok Ndoué (06 dont 01 exploitant de pierre), à Mbog Ndum (03 cultivateurs), à Minloa (04 dont 01 exploitant de sable), à Ebaminala (04 dont 01 exploitant de bois, et 02 religieux), à Messa (03 habitants) et à Mbankolo (04 dont 01 exploitant de pierre). Soit au total : 05 chefs et 24 riverains et exploitants c'est-à-dire un total de 29 personnes.

3.2.1.4 - Témoignages

L'illustration des faits et des effets de ces milieux sur la vie des personnes et des familles ainsi que l'impact des rites pratiqués sur certaines collines dans la vie de la communauté nous ont donné une vision plus riche de l'ensemble de la situation. Les témoignages des chefs traditionnels et de leurs sujets nous ont été d'un grand apport. Ces outils et techniques nous ont permis de remplir un document journalier (carnet de bord) qui nous a servi de référence pour la planification, ainsi qu'un guide des objectifs et des hypothèses fondamentaux de notre recherche. Ces processus d'apprentissage « en temps réel » dynamique, ouverte, visuelle, comparative et flexible nous ont donné des résultats utiles que nous avons interprétés et utilisés rapidement.

3.2.1.5 - Transects

Les transects et les cartes sont des supports complémentaires : les cartes donnent une vision aérienne de l'espace tandis que le transect en donne une coupe verticale. Pour réaliser un transect, nous avons grimpé sur les sommets en faisant des levés GPS, des observations sur le flanc de la base au sommet pour couvrir l'essentiel des variations de l'écosystème collinaire. Nous avons construit des transects sur les monts Akok Ndoué, Mbog Ndum, Messa et Ebaminala.

3.2.2 - Evaluation Environnementale

L'évaluation environnementale désigne (au sens large), l'évaluation de la composition et des conditions de l'environnement biophysique et de l'environnement humain. La caractérisation de l'état et des tendances environnementales, le calcul des pressions anthropiques faites sur l'environnement, des répercussions ou des modèles de gestion apportées par l'humain sont des aspects de l'évaluation environnementale. Nous avons retenu l'audit comme type d'évaluation environnementale. C'est un outil d'amélioration continue, car il permet de faire le point sur l'existant (état des lieux) afin d'en dégager les points faibles et/ou non conformes. Cela, afin de mener ou de proposer par la suite les actions adéquates qui permettront de corriger les écarts et dysfonctionnement constatés. Pour établir la nature et l'étendue de quelques problèmes environnementaux sur les collines de Yaoundé, nous nous sommes servi de :

3.2.2.1 - Liste de contrôle ou « check-list »

C'est un instrument qui nous a servi à énumérer les activités anthropiques et les risques potentiels ou réels susceptibles de se trouver sur les différentes collines. Pour cette étude, nous avons opté pour une liste de contrôle simple, qui est descriptive, facile d'utilisation, flexible et se présente sous forme de tableau à trois colonnes (N° ordre, activités, existence sur le site). L'objectif de cette liste était de mettre en évidence les points-clefs sur chacun des sites étudiés.

3.2.2.2 - Matrice d'interactions (de Léopold)

Une matrice est un outil pour reconnaître les interactions entre les enjeux, les composantes et les phases d'un projet. Il existe plusieurs matrices dont l'utilisation varie selon la complexité de l'information à présenter. Pour cette étude, nous avons jugé la matrice simple suffisante pour identifier les risques, les activités et les interactions entre les caractéristiques des activités humaines et les éléments de l'environnement.

3.2.2.3 - Matrice de Fecteau

La matrice ou grille de Fecteau en EIE se présente sous forme d'un tableau à deux entrées qui recense d'une part les activités du projet à différentes phases et les composants du milieu biophysique, humain et socio économique, puis mesure l'impact sur la base des méthodes logiques pour en donner une valeur d'appréciation (Tchindjang, 2009 www.cm.refer.org AUF). Elle a permis sur la base de certains indicateurs de déterminer l'importance des risques ou interactions sur l'environnement.

3.2.2.4 - Fiche d'impact

C'est un tableau qui recense les caractéristiques descriptives de chaque impact (Tchindjang, 2009 www.cm.refer.org AUF). Nous avons utilisé cette fiche dans le cadre de cette étude pour décrire les causes et les manifestations des risques et présenter ce que les riverains savent au sujet des risques, caractériser les risques et décrire ce qu'effectivement les populations riveraines disent faire face à une catastrophe, évaluer l'importance absolue des impacts réels et présenter ce que les populations font réellement devant de tels risques pour les atténuer.

3.2.2.5 - SIG (Syst~me d'information géographique)

Le système d'information géographique est un « ensemble de données repérées dans l'espace, structuré de façon à pouvoir en extraire commodément des synthèses utiles à la décision » (Michel Didier, 1990). Nous avons représenté grâce à un SIG les composantes graphique et attributaire des informations géographiques collectées sur le terrain ; notamment avec le GPS.

3.2.3 - Cartographie

Le principe majeur de la cartographie est la représentation de données sur un support réduit représentant un espace généralement réel. L'objectif de la carte, c'est une représentation concise et efficace, la simplification de phénomènes complexes à l'oeuvre sur l'espace représenté afin de permettre une compréhension rapide et pertinente. En ce qui concerne les travaux cartographiques de cette étude sur l'anthropisation et les risques environnementaux sur les collines de Yaoundé, la collecte des données s'est déroulée en deux parties :

1 - La recherche des fonds de carte de Yaoundé.

2 - Les descentes sur le terrain pour lever les points GPS sur les 07 sites retenus pour l'étude.

Les informations enregistrées étaient également notées sur une fiche de collecte de données (voir en annexe). Les données GPS ainsi collectées ont été projetées sur la version numérique du fond de carte de Yaoundé grâce au logiciel de cartographie Arview 3.2. Nous avons ensuite digitalisé quelques éléments caractéristiques de la zone d'étude pour réaliser nos cartes. En résumé, le tableau 3.1 suivant récapitule les objectifs, les hypothèses, la méthodologie et les résultats attendus de notre étude qui vont faire l'objet de présentation, d'analyse et de discussion dans le chapitre 4 de ce travail.

Tableau 3.1 : Récapitulatif des objectifs, des hypothèses, de la méthodologie et des
résultats de l'étude sur les activités humaines et les risques sur les collines de Yaoundé.

Objectifs

Hypothèses

Méthodologie

Résultats

Objectif principal : montrer

Hypothèse principale : les

Descente sur le

terrain, collecte des données sur les

risques et les activités humaines, projection sur la carte topographique.

Une carte des

risques sur les collines de Yaoundé est produite.

l'anthropisation et les risques

environnementaux qui en découlent sur les collines de Yaoundé.

activités humaines sur les collines de Yaoundé exposeraient les populations aux risques et catastrophes.

Objectifs spécifiques :

Hypothèses spécifiques :

1- Identification de toutes les activités humaines sur chaque colline.

2- décomptage des risques potentiels et existants après identification

3- Enquête de terrain, interviews semi- structurées et étude MARP.

4- Questionnaire

étude MARP

(Méthode Accélérée de Recherche Participative) et socio économique.

1-Une typologie des activités humaines est réalisée.

2-Un classement des risques par origine et par ampleur est réalisé.

3-Les facteurs qui déterminent l'installation des populations sur les zones à risques sont examinés.

4-Les connaissances, les attitudes et les pratiques des populations vis-à-vis des risques et catastrophes sont connues.

1- recenser les activités exposant les populations aux risques et catastrophes.

2- étudier les risques environnementaux potentiels et existants sur les collines de Yaoundé.

3- examiner les facteurs socio- économiques d'occupation des zones élevées de Yaoundé.

4- déterminer les

connaissances, les attitudes et les pratiques des populations vis-à-vis des risques.

1- les activités exposant les populations aux risques seraient très diversifiées.

2- les risques encourus par les populations seraient essentiellement induits par les activités humaines.

3- les facteurs socio- économiques détermineraient

l'installation des populations sur les collines de Yaoundé.

4- les populations sur les collines de Yaoundé auraient des connaissances et des pratiques approximatives sur les risques environnementaux.

Chapitre 4 : RESULTATS ET DISCUSSION

De multiples descentes sur le terrain et la mise en oeuvre de l'approche participative et celle de l'EE ont permis de collecter des données qui vont faire l'objet des résultats et de discussion dans ce chapitre.

4.1- PRSENTATION DES RESULTATS

4.1.1 - Activités anthropiques relevées sur les collines de Yaoundé

Les activités anthropiques ici concernent toute action ou opération humaine dirigée vers une finalité et qui provoque directement ou indirectement un élément tel que l'érosion des sols, la pollution de l'eau, de l'air et des sols, la végétation naturelle, le relief, etc.

4.1.1.1- Description des principales activités humaines sur les collines de Yaoundé

Diverses activités humaines sont présentes sur toutes les collines étudiées. Parmi ces activités perturbatrices du milieu, les plus importantes en termes d'occupation spatiale et meme de leur impact sur l'environnement sont :

- L'agriculture itinérante sur brûlis : Elle se pratique sur les flancs des collines et leurs terrains attenants. Elle se fait de manière traditionnelle ; sans aucune technique culturale qui prenne en compte la fragilité du milieu. Les sommets des monts Messa, Akok Ndoué, Ebaminala et même la poche de forêt sommitale du massif rocheux de Minloa sont totalement dégradées du fait de l'agriculture. Les produits de cette agriculture essentiellement vivrière sont destinés à l'autoconsommation et les petits marchés locaux (Nkolbisson, Mbankolo, Carrière) et dans les grands marchés tels que Madagascar et Mokolo. A côté des arbres fruitiers et des bananiers, il existe des champs de maïs, d'arachides, de haricot, de patate et de manioc (voir photo 4.1a) qui sont les plus prisés. A Ebaminala, nous avons visité un champ d'ananas (voir photo 4.1b). A Mbog Ndum (colline la moins humanisée), les champs de maïs et de manioc commencent à coloniser le versant Nord jusqu'à 812 m d'altitude au point de coordonnées GPS 03°51'38,4» latitude Nord, 11°26'36,8»longitude Est. Cette pratique culturale inadaptée s'accompagne de la destruction des arbres, favorisant le ruissellement des eaux de pluie. L'utilisation des feux de brousse (Akok Ndoué, Messa, Ebaminala) expose la roche mère.

4.1b

4.1a

Photo 4.1a : Champs de maïs et de manioc au pied de Minloa. (Source : Fékoua, déc. 2010).

Sur la photo 4.1a, N : 03°53'00,4»E : 11°26'16,7»on voit bien les champs de maïs, de manioc, et des arbres fruitiers au pied du massif rocheux de Minloa. Sur la photo 4.1b, E : 03°53'39,0»E : 11°27'59,9» nous avons un champ d'ananas à Ebaminala. Observez la grosseur d'un fruit au premier plan.

4.1b : Champs d'ananas à Ebaminala.

- I <1Eit1t sommaire qu'on rencontre sur les flancs des collines découle de l'urbanisation désordonnée observée sur le terrain. Des maisons construites sur des sites précaires et parfois à plus de 850 mètres d'altitude, colonisent les flancs des monts Akok Ndoué (photo 4.2), Messa, Ebaminala et Mbankolo. Les cases sont pour la majorité en briques de terre et en planches ; d'où leur caractère précaire. La construction de ces cases est précédée de terrassement et de fouille qui contribue à fragiliser et à déstabiliser le versant. Cette occupation anarchique des zones non-constructibles par les populations ne se fait pas sans conséquences : érosion et mouvement de terrain installent la désolation dans les familles et causent des dégâts importants. A Mbog Ndum, nous avons compté trois maisons situées dans la zone non-constructible. A Minloa, il n'y a pas de maison ni de construction sur la colline et ses terrains attenants.

Photo 4.2 : Les maisons sur le flanc d'Akok Ndoué. (Source : Fekoua, décembre 2010).

Sur cette image, seul cet affleurement rocheux visible à l'Ouest d'Akok Ndoé empêche encore les constructions qui sont déjà à plus de 850 mètres d'atteindre le sommet.

- L'exploitation illégale du bois et du gravier : Cette exploitation socio-économique a profondément marqué le cours de l'évolution des collines de Yaoundé en général et particulièrement celui des produits forestiers ligneux (PFL) et non-ligneux. Les besoins des ménages urbains en bois de chauffage, en matériaux locaux de construction se sont intensifiés et le chômage des jeunes ont conduit à une déforestation et un décapage accéléré des collines, exposant les sols à l'érosion (Tagboka, 2009). Les arbres, tels que nous avons observé sur le terrain sont coupés pour le bois d'oeuvre et la construction (photo 4.3a). Seuls les riverains prélèvent encore le bois directement sur les collines pour l'auto-chauffage et moins pour la vente. Les activités d'exploitation de graviers qui consistent à casser des morceaux de roches par thermoclastie15 sur les collines et à les concasser avec un matériel rudimentaire pour en faire du gravier ont été identifiées à Akok Ndoué (photo 4.3b), Minloa, Messa et Mbankolo. A côté de ces activités majeures, s'exercent d'autres exploitations qui participent à la dégradation de ces écosystèmes à écologie fragile. La liste de contrôle ci-dessous (tableau 4.1) nous présente l'ensemble des activités recensées sur les collines de Yaoundé.

15 Effets produits sur les roches par les brusques changements de température. Il s'agit notamment d'éclatement. Ici, on brule les vieux pneus et les morceaux de bois pour fragiliser la roche.

4.3a 4.3b

Photos 4.3a : Exploitation de pierres à Akok Ndoué. N : 03°51'07,9»E : 11°27'56,1»
4.3b : Coupe ilégale du bois au sommet d'Ebaminala.
N : 03°54'04,0»E : 11°27'50,2»
(Source : Fekoua, décembre 2010).

La photo 4.3a montre des blocs de pierres arrachés sur le mont Akok Ndoué à plus de 850 mètres d'altitude, qu'on fait rouler jusqu'à cet endroit pour être concassés et vendus sous forme de graviers ou de moellons. La photo 4.3b quant à elle présente l'exploitation anarchique du bois à plus de 900 mètres au sommet du mont Ebaminala. On voit bien ici un arbre abattu et scié sous forme de débités.

Tableau 4.1 : Liste de contrôle des différentes activités encours sur les collines de
Yaoundé.

Activités potentielles

Présence effective de l'activité (1)

1- Agriculture

X

2- Habitat

X

3- Industrie

 

4- Compostage

 

5- Secteur informel

X

6- Construction

X

7- Energie

 

8- Foresterie

X

9- Elevage

X

10- Tourisme

 

11- Zones vertes

 

12- Education

X

13- Santé

X

14- Activités religieuses

X

15- Infrastructure hydraulique

 

16- Infrastructure communication

X

17- Chasse

X

 

Source : enquête de terrain, décembre 2010.

(1) : Cocher veut dire que l'activité existe effectivement sur le terrain.

Il ressort de ce tableau que onze activités ont été recensées sur les collines visitées et leurs terrains attenants. Les principales activités sont :

- l'agroforesterie, qui se pratique sur tous les sites.

- l'habitat et la construction sont présents à Messa, Akok Ndoué, Mbankolo et dans une moindre mesure à Fébé, Ebaminala et Mbog Ndum. Il n'en existe pas à Minloa.

- la chasse aux rongeurs tels que le rat, le porc-épic, l'hérisson et l'écureuil se fait périodiquement sur presque tous les sites.

- l'éducation (écoles privées), la santé (centres de santé clandestins), les infrastructures de communication (antennes), les activités religieuses (Eglises et sites de recueillement) ont été observées à des altitudes de plus de 800m à Akok Ndoué, Ebaminala, Messa, Fébé et Mbankolo.

- L'exploitation de pierre et de sable est visible à Akok Ndoué, Minloa et Mbankolo. L'importance spatiale des activités humaines sur les collines de Yaoundé estimée sur la base des observations faites sur le terrain est présentée à la figure 4.1.

Habitat, construction

Figure 4.1 : Répartition spatiale des activités humaines sur les coiines de Yaoundé.

Source : enquête de terrain, décembre 2010.

De manière globale, l'agroforesterie constitue 78% des activités, l'habitat et la construction 12%, l'exploitation de pierres et de sable 3% (photo 4.4a), la chasse 2% et les autres activités telles que la pisciculture (photo 4.4b), la communication (antennes), la religion, la santé, l'éducation et l'élevage 5%. Ces activités impactent sur les ressources naturelles.

 

Le cliché 4.4a ci-contre montre de l'eau stagnant dans un trou creusé pour extraire du sable. Cette activité perturbe l'environnement et crée de véritable gite à moustiques. N : 03°53'00,4»E : 11°26'16,7»

4.4a

 

Le cliché 4.4b présente un étang piscicole sur le cours d'une rivière. Cette activité est pratiquée ici dans des conditions naturelles. Seul le débit de la rivière a été modifié. N : 03°53'60,6»E : 11°26'19,2»

4.4b

Photo 4.4a : Carrière de sable et 4.4b : Etang de poissons au pied du Mont Minloa.

(Source : Fekoua, décembre 2010).

4.1.1.2- Impact des activités anthropiques sur les ressources naturelles

Les activités humaines ci-dessus identifiées et décrites, perturbent les ressources naturelles telles que la terre, la végétation naturelle, l'eau et l'air.

- La terre : Sur les collines de Yaoundé comme partout ailleurs, cette ressource naturelle est très convoitée. Elle joue un très grand rôle dans l'entretien de la vie végétale et animale. Elle contribue à la préservation de la diversité biologique terrestre, à la régulation du cycle hydrologique, au stockage et au recyclage du carbone et autres services de l'écosystème. La terre sur les hauts sommets de Yaoundé est utilisée pour implanter les cases, fabriquer les blocs de terre. Elle offre l'espace à l'habitat et à l'agriculture qui en sont les deux principales consommatrices.

- La végétation naturelle : Jusqu'à une époque récente, les collines de Yaoundé étaient un important réservoir de produits forestier ligneux et non ligneux. Elles étaient couvertes d'une forét très riche en diversité biologique. Aujourd'hui, ces foréts sommitales sont fortement dégradées. Il ne résiste que quelques reliques et lambeaux sur certains sommets qui sont menacées par l'agriculture et la construction. La végétation naturelle et la forêt ont été presqu'entièrement détruites au profit des cultures, des maisons, et pour servir de bois d'oeuvre, de chauffe et de pharmacopée. Les foréts sur les collines de Yaoundé ont longtemps servi de lieu de récréation et de rites sacrés pour les populations autochtones. Les gens y allaient pour se rafraichir pendant la saison sèche. Actuellement, du fait des activités humaines, cette végétation naturelle est en voie de totale disparition. Il faut donc réintroduire les essences naturelles auxquelles les populations étaient habituées et dont la croissance poserait moins de problème au milieu.

- L'air : Les descentes sur le terrain ne nous ont pas permis de déceler une source de pollution majeure de l'air. Ceci peut être compréhensible dans la mesure où les activités industrielles ou de traitement de déchets n'existent pas sur les sites étudiés. Il convient tout de même de signaler que les effets cumulés de la fragilisation de la roche par les pneus brulés et du concassage des pierres pour en faire du gravier peuvent constituer une source de pollution de l'air (épaisse fumée noire et poussière) ; méme si l'impact n'est pas significatif. Il n'y a que sur le flanc Est des Monts Messa au lieu dit « Le Caire » que les risques de pollution de l'air sont importantes : l'abattoir et le marché des porcs qui y sont installés à ciel ouvert, tous les déchets issus de ces activités sont jetés dans la nature. Cette pratique rend l'air difficilement respirable dans ce milieu.

- L'eau : La plupart des cours d'eau dans les vallées et bas-fond des collines de Yaoundé sont pollués. Ils « servent de décharge pour les occupants de leurs abords. On y jette toutes sortes de déchets. Elles servent aussi de vidange pour les latrines » comme à Messa (Abéga, 2009). C'est donc dire que la ressource en eau pure est rare sur les hauts sommets de

Yaoundé. A Messa par exemple, seule une source a été « aménagée » sur la rivière Meba'a les riverains s'approvisionnent. La situation est moins alarmante autour des sommets tels que

Mbog Ndum et Ebaminala où des aménagements ont été faits par la CDE et une ONG. A Akok Ndoué, Mbankolo et Fébé, la menace de pollution de l'eau dans les vallées existe.

4.1.1.3 -Evaluation des impacts des activités humaines et des ressources naturelles

Les activités humaines (agriculture, habitat, exploitation de carrière, foresterie) entre en action avec les ressources naturelles (terre, végétation naturelle, air, eau). Le tableau 4.2 cidessous résume l'interaction des ressources naturelles avec les activités anthropiques.

Tableau 4.2 : Fiche d'interaction entre les ressources naturelles et les activités

sur les collines de Yaoundé. (Source : Enquête de terrain, déc. 2010).

Ressources naturelles

Activités anthropiques A ct ivités source d'impacts Terre Végétation naturelle Air Eau

Agriculture et déforestation

 
 

X

 
 

Débroussaillage + d'arbres

coupe

Labour

X

 
 
 

Production de déchets (porcs)

 
 

X

X

Habitat

Coupe arbres+débroussaillage

 

X

 
 

Terrassement+fouille

X

 
 
 

Fabrication blocs de terre

X

 
 
 

Occupation du sol

X

 
 
 

Production de déchets

 
 
 

X

Carrière

Incinération de pneus sur roche

 
 

X

X

Concassage de roche

 
 

X

 

4.1.1.4- Caractérisation des impacts des activités sur les collines de Yaoundé

La caractérisation d'impacts des principales activités s'est faite en fonction de la nature, de l'interaction, de la durée, de l'étendue, de l'intensité, de l'occurrence et de la réversibilité. Le tableau 4.3 ci-dessous montre les différents impacts générés par ces activités humaines sur les collines de Yaoundé.

Tableau 4.3 : Synthèse des impacts générés par les activités humaines
sur les collines de Yaoundé.

Principales activités

Activités source
O'imSEFW

Ressources
naturelles
exploitées

Impacts générés

Agriculture+déforestation

Débroussaillage+coupe des arbres

Végétation
naturelle

- - Dégradation/Perte de la

biodiversité -

- Esthétique du paysage

- - Réchauffement
climatique

Rejet des déchets de
porc et/ou incinération

Air

Contamination/Pollution de l'air

habitat

Occupation de l'espace

Terre

- Perte de l'espace

agricole et forestier

- Imperméabilisation du

sol

Rejet des déchets dans
les cours d'eau

Eau

Contamination/Pollution des
cours d'eau

carrière

Incinération de pneus
et concassage de pierre

Air

Contamination de l'air

Source : enquête de terrain, décembre 2010.

La déforestation agit sur la végétation naturelle et génère trois impacts négatifs (dégradation ou perte de la biodiversité, de l'esthétique du paysage et le réchauffement climatique) sur les sept impacts relevés. L'habitat est responsable de deux impacts négatifs que subit la terre : la perte de l'espace agricole et forestier, et l'imperméabilisation du sol. Les incinérations de pneus et le rejet des ordures dans la nature sont responsables de la contamination de l'air et de l'eau. La synthèse de la caractérisation et de l'évaluation de tous les impacts générés par les activités de l'homme sur les collines de Yaoundé est présentée dans le tableau 4.4 ci-après.

Tableau 4.4 : Fiche de synthèse de caractérisation des impacts des activités anthropiques sur l'ensemble des coiines étudiées à Yaoundé.

Source : Enquête de terrain. Fékoua, 2010.

 

Nature

Interaction

Durée

Etendue

Intensité

Occurrence

Réversibilité

Valeur de la composante affectée

Importance

Impacts

Positive

Negative

Directe

I ndi recte

Courte

M oyenne

Longue

Nationale

Regionale

Locale

Forte

M oyenne

Faible

Probable

Certaine

Reversible

Non reversible

!Ade

Scientif ique

M edi ci nal e

Social e

Pol itique

Culture)

Educatif

Economique

Absolue

Relative

M ineure

M oyenne

Majeure

M ineure

M oyenne

Majeure

Perte de la biodiversité et de l'esthétique du paysage

 

X

X

 

X

 

X

 

X

 

X

 
 
 

X

X

 
 

X

X

X

 

X

X

X

 
 

X

 
 

X

Réchauffement climatique

 

X

 

X

X

 

X

 

X

 

X

 
 
 

X

 

X

 
 
 

X

 
 
 

X

 
 

X

 
 

X

Pollution de l'air

 

X

X

 

X

 
 
 
 

X

 
 

X

X

 

X

 
 
 
 

X

 
 
 
 

X

 
 

X

 
 

Perte de l'espace agricole et forestier

 

X

X

 
 
 

X

 

X

 
 

X

 
 

X

 

X

 
 
 

X

 

X

 

X

 

X

 
 
 

X

Imperméabilisation du sol

 

X

X

 
 

X

 
 

X

 
 

X

 
 

X

X

 
 
 
 

X

 
 
 

X

 
 

X

 
 

X

Pollution des cours d'eau

 

X

X

 
 
 

X

 

X

X

 
 
 
 

X

X

 
 
 
 

X

 
 
 
 

X

 
 
 
 

X

Erosion du sol

 

X

X

 
 

X

 
 

X

 
 
 
 
 

X

 

X

 
 
 

X

 
 
 

X

 

X

 
 

X

 

Deux de ces impacts ont une importance absolue majeure ; il s'agit de la perte de la biodiversité et de l'esthétique du paysage et le réchauffement climatique. Les impacts des activités anthropiques sur les collines de Yaoundé ont un caractère significatif sur l'environnement. Il convient de signaler que de tous les impacts générés par les activités humaines sur les collines de Yaoundé, les populations riveraines ne préconisent aucune mesure pour les éliminer ou tout au moins les réduire. Elles n'ont pas souvent conscience des dégâts qu'elles occasionnent par leurs activités et des dangers auxquels elles sont exposées.

4.1.2 - Risques sur les collines de Yaoundé

Des multiples activités anthropiques précédemment présentées, découlent évidemment des risques environnementaux dégradants pour l'environnement et auxquels les populations sont exposées.

4.1.2.1- Causes des risques sur les collines de Yaoundé

Les facteurs aggravants des risques sur les collines de Yaoundé sont : - L'urbanisation galopante.

Yaoundé compte aujourd'hui 1.817.524 habitants (RGPH, 2005) ; ce qui représente près de 60% de la population totale de la région du centre. De 1987 à 2005, la population de la cité capitale a pratiquement triplée. Plus de 95% de cette population vit en zone urbaine. La ville concentre un habitat urbain dense, situé sur des espaces montagnards et marécageux menacés par des mouvements de terrain et des inondations. La poussée démographique à Yaoundé, liée aux effets conjugués de l'exode rural et de l'excèdent naturel, s'est traduite par une extension démesurée de la ville. La figure 4.2 montre les limites de la trame urbaine à l'ouest de Yaoundé sur une image Aster de 2009.

Figure 4.2 : Limite de la trame urbaine à l'ouest de Yaoundé, autour des sites étudiés.

Jusqu'en 2002, la tache urbaine se limitait au niveau de l'échangeur simplifié de Nkolbisson. L'urbanisation a gagné du terrain et le site initial de Yaoundé est largement dépassé. Aujourd'hui, la ville a atteint le lac Esse vers Nkolfoulou, dépassé Leboudi du côté de Zamengoué et Fébé village comme on peut l'observer sur la figure 4.7 ci-dessus. (Source : Image Aster de Yaoundé 2009, DST/CUY). Fékoua, 2010.

- La paupérisation ambiante

C'est un autre facteur de risque à Yaoundé. En effet, plus de 80% des citadins à Yaoundé sont pauvres et 60% environ vivent dans un habitat précaire situé sur les flancs des collines et les vallées marécageuses où le terrain coûte moins cher. De plus, la pauvreté a forcé ces populations au défrichement et à la déforestation, à l'exploitation des carrières de sable et des pierres pour subvenir aux besoins vitaux (se loger, se soigner, se nourrir, etc.). Ces dégradations du milieu urbain favorisent des accidents directs et parfois meurtriers.

- L'insécurité foncière

Elle accentue le risque : la plupart de propriétaires terriens ne dispose pas d'un titre foncier. La Communauté Urbaine de Yaoundé, bien qu'ayant déclaré ces sites « zones inconstructibles », ne prend aucune mesure pour empécher les populations de s'y installer. On comprend que les propriétaires coutumiers ont intérêt à vendre au plus vite leur terrain avant l'intervention de la CUY pour l'aménagement ou le déguerpissement.

- La faible perception du risque

Les populations ont une faible perception du risque. En effet, les riveraines ne sont pas souvent conscientes des dégâts qu'elles causent à l'environnement ; encore moins des dangers auxquels elles s'exposent.

4.1.2.2- Typologie des risques sur les collines de Yaoundé

Nous nous sommes essayés à une typologie de ces risques mais, il faut signaler que nous avons été confrontés au fait que différents facteurs de risque interagissent les uns avec les autres de sorte que certains risques relèvent de plusieurs catégories à la fois. Nous avons dit au départ que l'expression de « risques environnementaux » dans le cadre de cette étude intègre les risques générés par les activités humaines sur l'environnement, et les risques compris comme relevant du naturel ; pesant sur la vie de l'homme et sur ces biens. Compte tenu de cette définition, nous avons regroupé les risques environnementaux relevés sur le terrain en deux grands types : les risques naturels et les risques induits par les activités humaines.

- Les risques naturels

Ils désignent « le risque que ressent, perçoit et subit un groupe social ou un individu soumis à l'action possible d'un processus physique, d'un aléa »16. Ils ne sont qu'une composante du risque environnemental et se caractérisent par des aléas naturels ; sousentendu que tous les risques sont aggravés par les activités humaines. Ils concernent :

16 Veyret et al. Op cit.

Les mouvements de terrain

Par mouvements de terrain nous entendons un ensemble de déplacements, plus ou moins brutaux du sol, d'origine naturelle ou anthropique. Les déplacements peuvent être lents ou très rapide. Les mouvements de terrain les plus à même de se produire sur les collines de Yaoundé sont : les glissements de terrain (photo 4.5), les éboulements et les écroulements qui sont le déplacement d'une masse de terrains meubles ou rocheux au long d'une surface de rupture par cisaillement qui correspond souvent à une discontinuité préexistante. Ils se produisent généralement en situation de forte saturation des sols en eau. Ils mobilisent des volumes considérables de terrain, qui se déplacent le long d'une pente. Il y a ensuite les chutes de blocs ou les décollements rocheux : l'évolution de versants rocheux engendre des chutes de pierres, des chutes de blocs.

Les blocs isolés rebondissent ou roulent sur le versant (cas de Mbankolo en 1986). Enfin, on a noté une possibilité de coulées boueuses et torrentielles à Messa, qui sont caractérisées par un transport de matériaux sous forme plus ou moins fluide. Les coulées boueuses se produisent sur des pentes, par dégénérescence de certains glissements avec afflux d'eau. La figure 4.3 ci-dessous montre le principe de chute de blocs et de certains mouvements de masse.

Ecroulement d'escarpement

Figure 4.3 : Schémas de principe de chutes de blocs et de mouvement de terrain.

(Source : BRGM, Risques, 2009).

Les inondations

C'est le débordement d'eau qui submerge les terrains environnants ; détruisant tout au passage et causant parfois des pertes en vie humaines. L'inondation peut être provoquée par les eaux d'une rivière en crue et/ou par remontée de nappes, par du ruissellement (issu de précipitations) sur substrat imperméable (saturation). Les inondations ne sont qu'une conséquence des crues.

Les séismes

Dans une moindre mesure ; comme celui qui a eu lieu dernièrement dont l'épicentre était à Monatélé qui a été ressenti à Yaoundé. Ils peuvent provoquer des mouvements de blocs instables qu'on rencontre un peu partout sur les hauts sommets de Yaoundé.

 

Cette photo montre le point de rupture de la
terre, large d'environ 15 mètres qui a glissésur près d'une trentaine de mètres,

emportant la végétation. Une menace sérieuse pour les populations installées en aval.

Photo 4.5 : Glissement de terrain sur le flanc du Mont Mvog Beti à Yaoundé. (Source : Fekoua, décembre 2010).

- Les risques induits par les activités humaines.

Ce sont ceux qui résultent d'aléas dont l'efficacité est accrue par les activités humaines et les aménagements. Les risques provoqués ou aggravés par les activités humaines sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants en dehors des mouvements de terrain et des inondations sont :

l'érosion

C'est l'action par laquelle divers éléments constituants les horizons superficiels de la couverture pédologique sont enlevés par le vent, la pluie, les rivières, les glaciers. Sur les collines de Yaoundé, les activités de fouille, de terrassement (photo 4.6), de prélèvement de pierres (photo 4.7) et de sable, la pratique culturale, déstabilisent le sol et favorisent l'érosion.

la déforestation

C'est le phénomène de régression des surfaces couvertes de forét. Elle résulte des actions du déboisement puis du défrichement, liées à l'extension des terres agricoles, à l'urbanisation. La perte d'arbres, qui ancrent le sol avec leurs racines, cause une érosion répandue sur les hauts sommets et vallées de Yaoundé.

le feu de brousse

Il est couramment pratiqué par les riverains pour chasser les parasites, brûler les herbes et pour la chasse (à Ebaminala). L'utilisation fréquent des feux de brousse jusqu'aux abords des habitations constitue une menace pour l'environnement et les populations.

la contamination de l'eau et de l'air

L'incinération des pneus pour fragiliser la roche dans les carrières impacte sur la qualité de l'air. Il en est de méme du rejet des ordures dans les cours d'eau et des déchets de la boucherie à Messa. La typologie des risques environnementaux observés sur les collines de Yaoundé est résumée dans le tableau 4.5.

Photo 4.6 : Terrassement à Messa. Photo 4.7 : Blocs instables à Mvog Béti

La photo 4.6 ci-dessus montre un terrassement effectué sur une zone pentue en aval d'une maison déjà construite ; ce qui représente un risque. (Source : Fékoua, déc.2010).

La photo 4.7 montre des blocs de roches fragilisés par chauffage avec des pneus. Un risque permanent de chute et une contamination de l'air. (Source : Fékoua, décembre 2010).

Tableau 4.5 : Typologie des risques environnementaux sur les coiines de Yaoundé.

Types de risques

Aléas

Risques environnementaux

 
 

- Inondation

 
 

- Mouvements de terrain

 

- Précipitations

 
 

- Précipitations

(glissement, éboulements,

Naturels

abondantes

chutes de blocs, coulées boueuses)

 

- Sismiques

 
 
 

- Séismes

 
 

- Erosion

 

- Pratique culturale

- Déforestation

 

- Coupe des arbres

- Feu de brousse

 

- Exploitation de carrière

- Contamination de l'eau et

Induits par les activités

- Défrichement

de l'air

 
 

- Inondation

 
 

- Mouvement de terrain

Source : Enquête de terrain, décembre 2010.

Il convient de rappeler que tous les risques qu'ils soient induits par les activités humaines sur l'environnement ou compris comme relevant de la nature, sont aggravés par les actions de l'homme. Le constat est tout simplement inquiétant ; compte tenu de la constante pression humaine sur ces hauts sommets. En effet, nous avons relevé que 96% de risques environnementaux sur les collines de Yaoundé sont induits par les activités menées par l'homme et seulement 4% peuvent être compris comme provenant de la nature. En somme, les observations sur le terrain ont montré que les zones de végétation naturelle et les reliques forestières sommitales où on trouve encore quelques grands arbres isolés sont susceptibles à la déforestation. Les sommets des collines où les affleurements rocheux et les blocs de pierres instables sont visibles à plus de 900 mètres d'altitude présentent des risques de chute. Les escarpements et les talus sont des zones de mi-pente susceptibles aux glissements/éboulement de terrain. Les zones de champs et de cultures sur les versants à plus de 800 mètres d'altitude sont plus susceptibles à l'érosion et au feu de brousse. Les coulées boueuses et les effondrements surviennent au piedmont des collines ; entre 700 et 800 mètres d'altitude. Les vallées (660 mètres d'altitude) sont des zones d'inondation. La figure 4.4 est une représentation spatiale des zones à risques à l'ouest de Yaoundé.

Figure 4.4 : Zones à risques à l'ouest de Yaoundé. (Enquête de terrain, Fékoua, 2010)

76

4.2 - DISCUSSION DES RESULTATS

4.2.1 - Tentatives d'aménagement/réaménagement sans suite

Les collines de Yaoundé constituaient jusque dans les années 80 d'importantes réserves forestières. Ces réserves qui couvraient ces monts et qui, selon les programmations antérieures devraient être strictement conservées conformément à la réglementation et même reboisées à hauteur de 78 ha jusqu'en l'an 2000, font partie du domaine national et ont été pour la plupart classées « zone interdite de construction " ; bien que les autochtones considèrent ces espaces comme leur propriété compte tenu du droit d'usage qu'ils ont toujours exercé dans le cadre de leurs activités agricoles et autres. De plus, la CUY a demandé et obtenu depuis janvier 2008 (voir arrété en annexe) la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) sur les hauts sommets et leurs terrains attenants tels que Fébé, Mbankolo, Messa, Akok Ndoué et autres ; ce qui est une preuve que la CUY envisage aménager ces lieux dans un futur proche. Seulement, les projets de restauration de la biodiversité de ces milieux tardent à se mettre en place ; alors que des conventions dans ce sens ont été signées entre le Minfof, le Minep, la CUY et certaines associations (voir annexes). Ces initiatives sont restées sur du papier et rien n'est encore visible sur le terrain.

Comment donc comprendre que malgré toutes ces mesures, les populations continuent à s'activer sur ces sites. En effet, Il y a un peu plus de deux décennies, la CUY avait installé des pancartes (au lieu de délimiter clairement des zones) à partir de la zone d'altitude 800 mètres sur lesquelles on pouvait lire : « République du Cameroun, Communauté Urbaine de Yaoundé, zone de hauts reliefs protégés, interdite à la construction ». Mais, ces mesures n'ont pas été suffisantes pour dissuader les occupants illégaux qui continuent d'investir les lieux comme le remarque le rapport d'étude de SéverinCécile Abéga : « Ni les pancartes, ni les avertissements de l'administration n'ont dissuadé l'investissement de la zone ». Il faut aussi reconnaitre que le message de ces pancartes n'était pas clair et précis pour arrêter toute action destructrice sur ces collines. En effet, en y mettant « interdite à la construction ", le message laissait entrevoir implicitement que seuls les chantiers de construction y étaient proscrits. Les autres activités toutes aussi dégradantes pouvaient donc être menées.

C'est sans doute, comme le fait remarquer Mandengue (2009), « la raison pour laquelle ces zones d'altitude continuent jusqu'à ce jour de subir d'énormes pressions humaines à travers les feux de brousse, les cultures itinérantes sur brûlis »17, la déforestation, l'exploitation de carrière, l'élevage, les antennes émettrices ; méme si l'habitat spontané y connaît un certain ralentissement.

Au-delà de la lenteur voire la léthargie des autorités municipales à mettre en oeuvre des actions concrètes de réappropriation et de restauration des collines et l'ambiguïté qui se dégage sur le libellé des plaques de la CUY, il y a le manque d'information et la non implication des populations qui ne sont pas souvent conscientes des dégâts qu'elles causent et des risques auxquels elles s'exposent qui peuvent expliquer que les activités anthropiques restent croissantes sur les collines de Yaoundé.

L'urgence de déguerpir progressivement et sans ménagement tous les habitats et construction situés au-delà de 800 mètres et de mettre en oeuvre immédiatement un programme d'aménagement et de valorisation des sites environnementaux étudiés est véritablement d'actualité ; compte tenu de la pression urbaine constatée sur le terrain.

Notre propos n'est pas de soutenir que les flancs des collines ne sont pas habitables. « Bien au contraire, les terrains en montagnes sont les plus chers sous d'autres cieux, pour leur exploitation hôtelière et touristique, l'essentiel étant aux normes de construction ». Nous préconisons à cet effet, des actions de régénération des zones dégradées comme celles qui ont fait l'objet d'une étude à Gbazanbangui en RCA (Tagboka, 2009) et qui ont montré leur efficacité. Il s'agit des actions directes de régénération telles que le reboisement et la surveillance qui peuvent impacter positivement l'environnement biophysique et humain des riverains. Il y a également l'expérience du reboisement à Kaélé dans le Nord Cameroun où de 2008 à 2009, trois sites de reboisement ont été crées comprenant essentiellement des essences naturelles locales adaptées au milieu et auxquelles les populations sont habituées. D'après le Délégué du MINEP à Maroua, le taux de réussite de ce projet se situe autour de 80%. Il souligne que dans le site de 1500ha crée en 2008 à Léra, on a enregistré le retour de la faune (singes, lapins, gazelles, oiseaux) et un regain d'activités liées aux PFNL.

17 Mandengue, S. (2009) : « La micro foresterie en milieux urbain et périurbain camerounais : enjeux et perspectives (le cas de la ville de Yaoundé), p.73

4.2.2 - Faible perception et facteurs favorisant du risque

Toute activité humaine, et par conséquent toute activité économique, a un impact environnemental plus ou moins important. Il existe par ailleurs pour nombre d'entre elles des risques d'accidents ou d'évènements susceptibles d'entrainer une pollution ou un préjudice pour l'environnement. Identifier, prévoir et gérer les risques exige de comprendre les transformations physiques, le rôle amplificateur des activités humaines, l'accélération des seuils de déclenchement, les conditions de réduction de la vulnérabilité, les possibilités d'adaptation des pratiques collectives et des comportements individuels. Les interventions de l'homme sur les collines de Yaoundé dans le but de produire de la nourriture et de se loger entrainent des préjudices pour l'environnement et l'exposent aux risques divers. Il ressort de notre étude que plus de 95% de risques environnementaux sur les hauts reliefs de Yaoundé sont amplifiés par des activités humaines. Certains mouvements de terrain peuvent survenir lorsque les activités de l'homme favorisent la pénétration de l'eau dans un sol instable comme c'est le cas à certains endroits sur les collines étudiées. Il en est de méme de l'exploitation de carrière de pierres. Ces activités, combinées aux abondantes pluies de Yaoundé et à l'instabilité des horizons du sol peuvent provoquer des mouvements de masse de la terre et des décollements rocheux. Les versants abrupts et les bas fonds marécageux sont dits zones à écologie fragile parce que ces terrains sont très instables et par conséquent exposés respectivement aux risques de mouvements et d'inondations. En effet, dans les vallées et bas fonds des collines de Yaoundé, les inondations sont récurrentes. A la moindre pluie, les affluents du Mfoundi qui est le principal collecteur drainant la ville, sortent de leur lit ; « cela arrive non seulement parce que les lits de rivières sont encombrés par les constructions, mais aussi parce que le ruissellement devient très important d'année en année à cause de toutes les surfaces occupées définitivement par les établissements humains et la perte de la végétation naturelle ». Les résultats sur le terrain ont montré que les activités humaines sont celles qui font le plus de mal dans ces sites. Autrement dit, l'homme est le principal perturbateur de l'environnement collinaire à Yaoundé. Il se dégage clairement des observations que si ces sites avaient été conservés dans leur état naturel, il y aurait moins de risques pour l'environnement et pour les populations.

Bien qu'il n'existe pas de risque zéro, le développement durable nécessite une évaluation exacte du risque et une décision judicieuse. En aménageant les zones collinaires de Yaoundé, une évaluation du risque pourrait être réalisé plus efficacement à l'aide d'une approche coordonnée d'analyse et de gestion des risques environnementaux, par la planification et la minimisation des risques pour les communautés locales par :

- L'identification et la compréhension de la nature et de l'ampleur des risques environnementaux sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants ;

- L'orientation des activités humaines vers les zones les plus appropriées ; - L'assurance que les activités n'engendrent pas des risques inacceptables ;

- L'assurance que les activités potentielles de développement n'engendrent pas le risque pour les populations.

Il convient de relever pour le dénoncer que la situation foncière et la pauvreté grandissante d'une couche de la population ont contribué à l'occupation désordonnée de ces zones réservées. En effet, l'insécurité foncière, la pauvreté et le faible revenu de la majorité de la population yaoundéenne favorisent l'installation et l'exploitation des sites pour la survie. D'après Abéga (2006), le terrain coûte moins cher dans ces zones ; que se soit en termes de location ou de vente. Les autochtones se considèrent toujours comme de légitimes propriétaires de ces espaces et pensent en disposer comme ils veulent.

PERSPECTIVES.

Les propositions énoncées visent à trouver des voies et moyens permettant la réappropriation et la restauration rapide et efficace de la biodiversité sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants. Une gestion environnementale de ces sites devrait par conséquent intégrer prioritairement le déguerpissement et le reboisement. La GUY pourrait plus urgemment envisager :

- Sur le plan social et institutionnel

 

entreprendre une sensibilisation de tous les acteurs en général et particulièrement des populations riveraines à travers les canaux de communication tels que la radio, la TV, la presse, la diffusion des plans et des dépliants.

Susciter la réflexion sur l'élaboration et l'adoption d'une loi sur les espaces montagneux par les ministères sectoriels et l'organe compétent.

une analyse approfondie des meilleures pratiques et des besoins prioritaires en matière d'éducation et de sensibilisation pouvant permettre une bonne implication des communautés locales à la préservation et la conservation des ressources naturelles ;

un inventaire de toutes les parties prenantes dans la mise en oeuvre des actions de reboisement sur ces collines ;

une identification des canaux de communication pouvant soutenir un programme de restauration des écosystèmes dégradés sur les collines de Yaoundé.

Ceci pourra à termes conduire à :

-Sur le plan environnemental et de loisirs

un aménagement de ces sites à travers des projets de foresterie communautaire qui les protégerait des risques ;

une amélioration du cadre de vie par le renouvellement naturel de l'air (séquestration du carbone) et l'embellissement du paysage ;

une diminution substantielle des risques environnementaux sur les collines et autour (inondation, mouvements de terrain, décollement rocheux...)

une récupération, un aménagement et un équipement des collines de Yaoundé pour éventuellement y créer des centres de loisir et de détente ;

l'assurance d'une approche de boisement intégrant la prise en compte des paysages, des ressources en eau, de la diversité biologique et de l'intérêt récréatif.

-Sur le plan de la recherche et de l'éducation environnementale

 

une intégration de la foresterie dans les programmes d'éducation à l'environnement en milieu scolaire ;

une documentation sur les caractéristiques essentielles des écosystèmes naturels des hauts reliefs ;

le suivi de la dynamique à long terme de ces écosystèmes forestiers naturels de colline et l'établissement des liens entre les changements climatiques et ces écosystèmes ;

la coordination des formations des partenaires (Associations, ONG...) de la CUY dans le sens de l'appropriation du reboisement des collines de Yaoundé.

-Sur le plan économique et de lutte contre la pauvreté

un aménagement de ces collines (restauration, reboisement) permettrait á coup sûr l'écotourisme en milieu urbain ;

une réduction des dépenses de santé par la promotion de la pharmacopée traditionnelle.

une valorisation de la l'horticulture c'est-á-dire la culture des fleurs qui est un produit qui peut être bien vendu à l'extérieur du pays, d'où une lutte contre la pauvreté ;

un développement économique, social et culturel des localités concernées en particulier et de la ville en général, les PFNL étant une source de devises ainsi que l'écotourisme. Le tableau 4.6 ci-dessous synthétise les problèmes, les solutions et les acteurs pouvant éventuellement intervenir pour la réhabilitation des collines de Yaoundé.

Tableau 4.6 : Problèmes, solutions et acteurs pouvant intervenir
sur les collines de Yaoundé.

Problèmes

Solutions

Acteurs

Dysfonctionnement sur le
plan institutionnel et
règlementaire

Sensibilisation/communication et gestion
urbaine participative

CUY, CUA, Ministères
sectoriels compétents,
ONG, privé, population

Dégradation de la
biodiversité et de
l'esthétique du paysage,
réchauffement climatique

Reboisement

CUY, CUA, Ministères
sectoriels compétents,
ONG, privé, population

Insuffisance de
l'éducation
environnementale

Education a l'environnement, formation
des partenaires

CUY, CUA, Ministères
sectoriels compétents,
ONG, privé, population

Chômage et pauvreté des
riverains

Aménagement et valorisation
(écotourisme, pharmacopée traditionnelle)

CUY, CUA, population
locale

Perte de l'espace agricole
et forestier, érosion

Déguerpissement et recasement

CUY, CUA, Ministères
sectoriels compétents,
ONG, privé, population

Zonage peu connu

Délimitation effective et matérielle des
espaces réservés, communication

CUY, CUA Ministères
sectoriels compétents,
population

Insuffisance de
connaissances des risques

Sensibilisation/information/communication

CUY, CUA, Ministères
sectoriels compétents,
ONG, privé, population

En somme, la résolution des problèmes posés par les risques environnementaux ne peut être le fruit des seuls pouvoirs publics, ni l'apanage des seuls experts. Dès lors, la recherche d'une solution négociée avec l'ensemble des acteurs, c'est-à-dire la recherche de nouveaux modes de gouvernance s'avère primordiale.

RECOMMANDATIONS.

Cette étude avait pour objectif principal de montrer la transformation d'espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l'action de l'homme et les risques environnementaux qui en découlent ; notamment sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenants. Nous avons recensé grace aux outils de la MARP et de l'EE les activités de l'homme sur les collines de Yaoundé, identifié les risques et proposé une typologie, déterminé le niveau de connaissance des populations sur les notions de risque. En termes de recommandations, nous en avons fait pour chaque site étudié et sur le plan général.

Recommandations site par site.

Pour chacun des sites étudiés, nous pensons que la Communauté Urbaine de Yaoundé doit :

- A Akok Ndoué, considérer la route qui part de derrière l'IRAD (NW), et longe le flanc de la colline jusqu'à Mewoulou (façade Est), en passant par Akok Ndoué I et II comme limite de déguerpissement. Autrement dit, toute la zone située le long de cette route en amont doit être déguerpie, reboisée et classée comme zone interdite de toute activité humaine dégradante pour l'environnement. Le côté droit de la route selon que l'on va de l'IRAD vers Akok Ndoué II étant totalement humanisé aujourd'hui jusque dans la vallée. La figure 00.1 est une représentation des limites de ces zones.

Zone à reboiser

Zone à déguerpir et à reboiser

Zone complètement urbanisée

Altitude (en mètre) 970

900

800

777

660

NW (vers l'IRAD)

Akok Ndoué

SE (vers Akok Ndoué II)

Figure 00.1 : Zone à déguerpir sur la façade NW/SE du mont Akok Ndoué

(Source : Observations de terrain, déc. 2010)

Il va se poser un problème de relogement des populations sur ce site. Nous y avons compté en 2010, environ 193 maisons ; ce qui fait à près 1351 ménages si l'on considère la moyenne de 07 personnes par foyer. La GUY doit étudier les possibilités de dédommagement de tous les occupants du site en organisant leur recasement dans les nouveaux quartiers comme à Mendong ou à Simbock.

- A Mbog Ndum, trois maisons seulement sont concernées par le déguerpissement. Ge site, qui de loin semble encore naturelle, est déjà suffisamment attaqué par les activités de coupe illégale du bois et les champs. La GUY doit donc interdire toute activité destructrice du milieu au-delà de 800 mètres d'altitude. En deçà de cette altitude, les activités doivent être règlementées. La GAY 7e doit assurer la mise en oeuvre et le suivi de la réglementation à ce niveau.

- A Minloa, aucune habitation ne se trouve aux environs immédiats du massif. La GUY doit restaurer la poche de forêt sommitale qui est en voie de disparition. Elle doit y interdire l'activité agricole. Il en est de méme de l'exploitation de pierre sur la colline et du sable dans la vallée (côté Est). Par contre, la pisciculture qui n'a nécessité aucun aménagement artificiel et qui exploite le milieu naturel sans le perturber peut être maintenue. Ge massif rocheux très proche du mont Messebe (800m environ), offre des possibilités à la GUY pour des aménagements à caractère touristique.

- A Ebaminala, la CUY doit interdire l'exploitation du bois, l'agriculture et réglementer la chasse aux rongeurs qui, selon les riverains se fait avec le feu de brousse. Le déguerpissement est à envisager et ne concerne qu'une vingtaine de maisons sur le flanc SE ; où les populations commencent à s'installer à plus de 800 mètres d'altitude. Les activités religieuses qui s'y déroulent en font un lieu de recueillement et de loisir qui est peu connu.

- Aux monts Messa, la GUY a lancé il y a peu les opérations de déguerpissement et de reboisement ; notamment sur la façade Est et Sud (côté Oyom Abang). Ges opérations doivent se poursuivre jusque dans les vallées à Ekorozok et Etétak par exemple, où les inondations et les risques de chutes de blocs sont perceptibles. A l'Ouest du mont, du côté du Camp SONEL (SO), jusqu'à Oliga (NO), la GUY doit déguerpir les populations qui sont entrain de s'installer sur le mont et méme dans la vallée drainée par la rivière Afémé. Nous suggérons que la vallée à l'Ouest de Messa constitue la limite entre le mont et la zone urbanisable.

- A Mbankolo, nous recommandons à la GUY de préserver le flanc Ouest où une route a été récemment ouverte en direction de Fébé village par l'interdiction des activités dangereuses pour l'environnement. Les maisons situées en amont de cette route doivent être déguerpies et la zone reboisée. La figure 00.2 montre les limites possibles à déguerpir et à boiser à l'Ouest du mont Mbankolo.

Mbankolo

1000

900

Zone à déguerpir et à reboiser

800

Zone urbanisée

700

660

SW (Oliga) SE (carrefour Mbankolo)

Figure 00.2 : Secteur de déguerpissement sur le flanc Sud-ouest/Sud-est de Mbankolo.

(Source : Observation de terrain, déc. 2010)

Recommandations sur le plan général
Dans un cadre beaucoup plus général, nous pensons :

- Qu'il est impérieux d'interdire toute activité humaine destructrice du milieu (agriculture, déforestation, carrière, construction, etc.) au-delà de 800 mètres d'altitude sur les collines Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa, Ebaminala, Messa, Mbankolo, Fébé et tous les autres hauts sommets de Yaoundé qui peuvent être encore récupérés (Eloumden, Messebe, Abannanga, Mbekum, Mbam Mimkom, Nkolondom, Yéyé, etc.). Toutes ces actions ne peuvent être efficaces qu'avec la participation et l'adhésion de tous les acteurs. C'est pourquoi nous recommandons à la GUY l'approche participative.

- Le recours à l'approche participative, à l'adhésion populaire de la gestion environnementale des hauts sommets de Yaoundé est d'actualité. Ceci suppose donc une sensibilisation des populations locales et environnantes. Des campagnes d'éducation, d'information/communication et de sensibilisation permettront d'apporter des connaissances aux populations sur la protection et la gestion durable des ressources sur les collines de Yaoundé ; ce qui pourra contribuer à impliquer ces populations à la restauration de ces sites pour une cogestion avec la CUY.

- Une sensibilisation permanente des riverains permettra de modifier véritablement les comportements. Elle contribuera à l'amélioration de la flore et de la faune, à la restauration de la biodiversité des collines dégradées. La mise en oeuvre d'une telle démarche aboutira à un déguerpissement beaucoup plus pacifique et humain des collines de Yaoundé ainsi que leurs vallées et bas fonds ; puisque les décisions seront prises sur la base d'un consensus.

- Nous pensons aussi qu'un zonage à Yaoundé en général et particulièrement sur les hauts sommets s'impose. Le zonage consiste à diviser après enquête publique, le territoire de la ville en zones et d'en déterminer la vocation afin d'y contrôler l'usage des terrains et des bâtiments ainsi que l'implantation, la forme et l'apparence des constructions. Un tel zonage permettra d'avoir la visibilité dans la croissance des limites de l'espace urbain, une planification et une maitrise du développement de la ville. De plus, il va assurer la sécurité foncière et atténuer les conflits fonciers entre les occupants, les autochtones et la CUY. La figure 00.3 est un profil montrant un zonage possible des collines de Yaoundé.

Altitude (en mètre)

+900

Zone interdite de toute activité destructrice de l'environnement

800

Colline

Zone à activités règlementées

700

Vallée

Zone inconstructible

660

Figure 00.3 : Proposition de zonage des coiines de Yaoundé. Fékoua, 2010.

- En ce qui concerne les pistes ouvertes sur les collines de Yaoundé et menant aux antennes de communication qui y sont installées, nous recommandons que la GUY exige que deux rangées de haies vives, avec un écartement de cinq mètres soient plantées de part et d'autres de ces pistes et qu'à partir de 800 mètres d'altitude, un poste de surveillance soit installé pour dissuader les populations d'accéder au sommet. En effet, les riverains ont exploité ces pistes pour accéder à la zone interdite et mener des activités nocives pour l'environnement.

- Pour assurer la mise en oeuvre d'un reboisement légal, et compte tenu du caractère permanent de la forét qu'il faut restaurer et l'urgence de ces effets attendus, nous pensons qu'on peut mettre en place des essences naturelles locales à croissance rapide qui formeront la strate supérieure, tandis que d'autres espèces naturelles locales de tailles moyennes seront introduites dans les intervalles en vue de la production des PFNL dont la consommation est courante dans la région et auxquels les populations peuvent facilement s'adapter. Pour assurer une bonne couverture du sol des terrains très accidentés et exposés à une forte érosion sur les

collines de Yaoundé, les équidistances de 5 m entre les essences principales sont recommandées ; les essences secondaires étant simplement intercalaires. Les essences naturelles locales suivantes, du tableau 4.7 peuvent être retenues pour le reboisement des collines dégradées de Yaoundé.

Tableau 4.7 : Principales essences locales antérieures et pouvant être plantées sur les
collines de Yaoundé.

Essences principales

Nom scientifique

Nom commercial

Nom vernaculaire

Terminalia ivorensis

Framiré

Lidia

Terminalia superba

Fraké

Akom

Canarium schweinfurthi

Aïélé

Abel/Otui

Anthrocarium klaineana

Onzambili

Angongui

Detarium macrocarpum

Mambodé

Amouk

Afzelia pachyloba

Pachyloba

Mbanga afum

Chlorofora excelsa

Iroko

Abang

Inga edulis

Longeon

 

Vitex ciliata

Vitex

Evoula

Essences secondaires

Garcinia kola

Bitter cola

Oyié

Kola acuminata

Kola

Abeu

Tricocipha acuminata

Mvut

Mvut

Cola pachycarpa

Kola des singes

Ekom

Mirianthus arborea

Ananas des singes

Engokom

Source : CUY/DST/SPJ Yaoundé, 2010

La loi N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts et de la faune, dans son article 33 a prévu un taux de reboisement de 800 m2 pour 1000 habitants. Ce qui veut dire que pour une ville comme Yaoundé qui compte aujourd'hui environ 1 800 000 habitants, la surface boisée devrait se situer autour de 1 440 000 m2 ; soit environ 14.400 ha.

Sur le terrain, « les réserves du cordon forestier, au lieu d'être reboisées, sont profondément modifiées par l'action humaine dans une forêt dégradée et en récession continue ". Au lieu de reboiser et de préserver, on a procédé à la destruction de la forêt sous l'oeil complice ou impuissant des autorités qui n'ont rien entrepris pour mettre fin ou mieux limiter le désastre. Selon certaines informations, Yaoundé ne posséderait même plus la moitié de forêt qu'elle disposait au moment de l'adoption de la loi de 1994.

Les résultats de l'étude à Gbazabangui précédemment cité, montrent qu'en un peu plus d'une décennie de reboisement, « sur une superficie totale de 70 ha de zones hautement dégradées à hauts risques, 42 ha ont été réhabilités. La biodiversité de la colline a connu une restauration potentielle avec le retour des champignons, des papillons et chenilles, des céphalophes, des cercopithèques, des cercocèbes, du serpent boa et des aulacodes qui pullulent notamment dans la zone protégée. Les chutes de pierres dans les fronts Est, Sud-est et Sud-ouest qui causaient des accidents ont cessé. Le volume des eaux de ruissellement a baissé, entrainant ainsi la baisse des inondations dans les quartiers tels que Benzvi et Gbakondja situés à faible altitude. Les dépenses publiques affectées annuellement au débouchage des canaux d'évacuation ont été réduites de plus de la moitié. Elles sont passées de 565 000 000 de F.cfa/an en 1997 à 252 000 000 de F.cfa/an en 2007. En outre, le financement des microprojets et les multiples campagnes de sensibilisation ont permis la réduction des pénuries alimentaires dans les quartiers riverains ainsi que les pressions anthropiques sur les ressources de la réserve ".

Au Cameroun par contre, l'Etat continu de dépenser beaucoup d'argent pour lutter contre les inondations. En 2008 par exemple, une somme d'environ 190 000 000 de F.cfa a été consacrée aux inondations à Nkobisson, au curage des caniveaux à Etétak, Oyom Abang et au calibrage des berges de l'Abiergue. Cet argent aurait certainement servi à financer autre chose s'il n'y a avait pas eu de déforestation sur les collines de Yaoundé. Nous croyons qu'un projet comme celui de Gbazabangui, s'il est adopté et mis en pratique à Yaoundé, permettra à coup sûr de restaurer la végétation naturelle et la biodiversité ; ce qui favorisera à termes le développement d'un écotourisme sur ces sites qui sont à Yaoundé d'importants sites touristiques et de divertissement qu'il faut tout simplement récupérer, restaurer et valoriser.

Pour ce qui est justement de la restauration et de la mise en valeur des écosystèmes montagnards de Yaoundé, nous allons monter un projet de reboisement d'un site en accord avec la CUY pour concrétiser notre souci partagé avec le Délégué du gouvernement de redonner à Yaoundé sa verdure et sa fraicheur d'antan. En ce qui concerne la valorisation des sites, nous sommes disposé si la CUY nous permet de poursuivre la réflexion, de recenser tous les sites touristiques naturels de colline à Yaoundé et d'en faire des propositions d'aménagement simple et à moindre coüt pour une exploitation rentable et durable.

CONCLUSION GENERALE

Au terme de cette étude, il convient de dire que nous sommes partis du constat qu'il y a environ quatre décennies, Yaoundé a enregistré une croissance démographique spectaculaire. Cette forte augmentation de la population s'est accompagnée d'une mutation de l'espace urbain ; qui s'est manifestée par une extension spatiale rapide de la ville vers la périphérie. L'urbanisation non contrôlée doublée de l'insécurité foncière et la pauvreté ont amené les populations à conquérir progressivement les collines ceinturant le site de Yaoundé pour mener des activités pouvant leur permettre de survivre.

De plus, la valorisation des villes intermédiaires qui devait permettre de relancer d'autres pôles d'urbanisation et absorber l'implosion démographique interne dont souffre Yaoundé n'a pas suivie. L'exploitation de ces sites à écologie fragile ne s'est pas faite sans conséquences pour l'environnement, les populations et leurs biens. C'est ainsi que dans le cadre de l'observation de la situation des villes camerounaises afin d'explorer les problématiques relatives à la vulnérabilité à laquelle les populations sont exposées chaque jour, nous nous sommes rendu compte en ce qui concerne Yaoundé ; que les inondations et le réchauffement constituent les problèmes majeurs de l'heure. Nous nous sommes alors posé la question de savoir quel lien pourrait-il exister entre les phénomènes d'inondation, de réchauffement et l'anthropisation des hauts sommets de Yaoundé. Au sortir du contexte cidessus résumé, on s'est fixé comme objectif d'étude de montrer la transformation d'espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l'action de l'homme et les risques environnementaux qui en découlent sur les collines de Yaoundé et leurs terrains attenant.

Pour mener à bien cette étude, nous avons fait une recherche documentaire dans les bibliothèques publiques et privées. Nous avons opté pour des raisons d'efficacité, pour la méthode accélérée de recherche participative (MARP) et les outils de l'évaluation environnementale (EE) ; pour recenser, collecter, analyser et caractériser les données sur les sites étudiés. La cartographie et les images Aster nous ont permis d'évaluer l'évolution et les impacts des activités humaines sur la zone d'étude. Les descentes sur le terrain ont permis de lever des points GPS sur les sept collines retenues de manière aléatoire pour l'étude sur la vingtaine de collines que compte Yaoundé. Toutes les données GPS collectées et enregistrées étaient notées sur une fiche. Ces données ont été projetées sur la version numérique de la carte topographique de Yaoundé grâce aux logiciels MapSource et Arview ; ce qui nous a permis de digitaliser des éléments caractéristiques de la zone d'étude pour réaliser nos cartes.

Il ressort des résultats de ce travail que les activités humaines sont le principal facteur de destruction du milieu et d'aggravation des risques. Ces activités qui impactent négativement les sites et aggravent les risques auxquels les populations s'exposent sont : l'agriculture, l'habitat, l'exploitation de pierres et de sable et la foresterie. Les risques sur les collines de Yaoundé sont induits à 96% par les activités humaines. Ces risques induits sont : l'érosion, la déforestation, les feux de brousse et les risques de contamination de l'eau et de l'air. A côté des risques liés aux activités humaines, il y a les risques naturels qui concernent les mouvements de terrain (glissement, éboulement, écroulement, chutes de blocs, coulée boueuse), les inondations et les risques liés au séisme.

Il faut reconnaître que depuis l'avènement du Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Yaoundé actuel, des efforts sont faits en vue d'atténuer ces risques. On peut citer entre autres le calibrage des berges du Mfoundi (qui est en cours), la création de multiples parcs et jardins dans la ville, le déguerpissement et le reboisement de la façade Est de Messa. Cependant, beaucoup reste encore à faire pour préserver l'environnement et réduire les risques auxquels les populations, du fait de l'urbanisation croissante, sont exposées au quotidien.

Les populations ne sont pas souvent conscientes des dégâts qu'elles causent et des dangers auxquels elles s'exposent ; parce qu'elles ne sont ni informées, ni impliquées dans la gestion de l'espace urbain tant il est vrai que c'est à la CUY qu'incombe la responsabilité de garantir un cadre de vie sain et agréable à tous les citadins ; car « ils ont droit à une vie saine et harmonieuse avec la nature » comme le relève le principe I de le Déclaration de Rio de 1992. Mais, on ne saurait gérer durablement les ressources sur les collines de Yaoundé sans implication des populations locales comme c'est le cas en ce moment. C'est pourquoi nous recommandons à la CUY une approche participative, une adhésion populaire devant déboucher sur une cogestion des sites.

A l'état actuel de l'étude, le déguerpissement progressif, l'interdiction formelle de toute activité humaine dangereuse pour l'environnement au-delà de 800 mètres d'altitude et la délimitation claire et précise (zonage) sur les monts Akok Ndoué, Mbog Ndum, Minloa, Ebaminala, Messa, Mbankolo et Febe s'avèrent indispensables. Les actions à mettre en oeuvre pour la récupération, la restauration et la valorisation des sites collinaires à Yaoundé par la CUY sont : les actions directes de régénération telles que le reboisement et la surveillance qui ont fait leurs preuves dans une ville comme Bangui ; et les actions indirectes telles que

l'information/communication, la formation et la sensibilisation. Ces actions supposent que le politique renforce davantage la sécurité foncière, la simplification des procédures d'obtention d'une propriété foncière et la transparence dans sa mise en application. La mise en oeuvre de telles actions contribuera véritablement à restaurer ces milieux qui sont « un don de la nature » pour la capitale Yaoundé ; car pouvant ouvrir la voie à un développement écotouristique durable.

LISTE DES PERSONNES RENCONTREES

Noms

Statut/adresses

Sites

Fonction

Remarques

Amougou
Ngoumou
Pierre

Adjudant
militaire à la
retraite

Akok Ndoué

Chef de bloc

Propriétaire
terrien

Nama Herman

-

Mbog Ndum

Chef de 3e degré

Autochtone

Bouli
Onambélé

96427036

Minloa

-

Propriétaire
terrien

Mballa Tsanga
Joseph

-

Minloa

Chef de quartier

Patriarche

Akono

Capitaine de
gendarmerie
retraité

Ngoulemakong

Chef de 3e degré

Localité entre
Minloa et
Ebaminala

Edoa Janvier

Petit-fils d'Edoa

Nkol Edoa ou
Ebaminala

-

Propriétaire
terrien

Ongbwa B.

Arrière petit-fils
d'Ongbwa
Bissogo

Mbankolo

Chef de 3e degré

Famille ayant
dirigé la
résistance aux
colons
allemands

-

-

Etétak

Chef de 3e degré

Entretien avec le
fils du chef

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux

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12. Youana, J. (1980) : «La Briqueterie : habitat et logement, une étude de géographie ». Mémoire de Maîtrise, département de géographie, UY I, 81p.

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3. MAETUR (1978) : « Enquête sur les caractéristiques socio-économique des ménages et les conditions actuelles d'habitat à Yaoundé ». 392p.

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5. MINDUH et CUY (2008) : « Yaoundé 2020 : Plan Directeur d'Urbanisme ». Rapport de présentation AUGEA international, IRIS conseil, ARCAUPLAN, Yaoundé, août 2008, 120p.

6. Rapport ONU, (1987) : « Notre avenir à tous -- Rapport Brundtland ». Rapport de la commission mondiale sur l'environnement et le développement. Chapitre 9 : le défi urbain. Nairobi, mars 1987, 15p.

7. Rapport GRET, (2001) : « Les zones d'occupation illégales à Yaoundé ». Rapport N° 1 et 2, Yaoundé, 2001, pp 4-8, 10-11.

Textes règlementaires et lois du Cameroun

1. Arrêté N°0160/Y.14.4/MINDAF/D200 du 31 janvier 2008.

2. Loi N° 2004-003 du 21 avril 2004 régissant l'urbanisme au Cameroun.

3. Loi N° 94-01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la chasse au Cameroun.

4. Loi N° 96-12 du 05 août 1996 portant Loi-cadre relative à la gestion de l'environnement.

5. Ordonnance N° 74-1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier.

6. Ordonnance N° 74-2 du 06 juillet 1974 fixant le régime domanial.

Webographie

1. http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=52810008

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropisation

3. http://www.afrik.com/article16138.html

4. http://www.lapartderisque.fr/Qu'est-ce-qu-un-risque.html Dominique Bourg.

5. http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?

6. www.data.cameroun-foret.com

7. www.icra-edu.org

8. www.wikipedia.org

Annexe 1

Annexe 2

Annexe 3

Annexe 4

Annexe 5

Annexe 6

Annexe 7

Annexe 8

Annexe 9

Annexe 10

Annexe 11

Communauté Urbaine de Yaoundé

 
 

Yaounde City Council

Yaoundé, capitale politique et administrative du Cameroun a connu une croissance démographique et spatiale sans précèdent ces dernières décennies. La pression démographique spectaculaire a naturellement soumis les réserves naturelles des hauts sommets de la ville à d'intenses activités humaines dégradantes de l'environnement. La population n'est pas souvent consciente des dégâts qu'elles causent et des dangers auxquels elle s'expose au quotidien. Les outils de la MARP et de l'EE nous ont permis d'identifier, de recenser, de décrire les activités et de proposer une typologie des risques afin d'attirer l'attention de l'Etat et de faire des propositions pour la réhabilitation des collines de Yaoundé qui sont de véritables mines touristiques.

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Yaounde, the administrative and political capital of Cameroon has experienced demographic and spatial growth at the previous decades. The spectacular demographic pressure had naturally submitted all the natural reserves of the high tops of the city to intense human activities degrading the environment. The population has not been aware of the damages it causes and the dangers to which it is exposed daily. The tools from RRA and EA helped us to identify, census, describe the activities and make proposals to the type of risks before drawing the attention of the State and advance possible suggestions for the rehabilitation of the Yaounde hills which are veritable touristic mines.

FEKOUA Dieudonné, Maître ès Géographie.
E. mail : dieufekou@justice.com
Tél. (+237) 99 82 76 93 B.P : 3706 Messa - Yaoundé, Cameroun.






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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci