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Les ressources en eau et leur gestion par les communautés rurales de la commune de Boukombé (Nord- Ouest du Bénin )

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par M'Po Edouard IDIETI
Université d'Abomey- Calavi (Bénin ) - Maà®trise 2004
  

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5.6.3- Rites coutumiers liés à l'eau

L'eau est utilisée dans toutes les cérémonies :

- on verse de l'eau sur les autels des ancêtres et les représentations divines pour demander leur assistance et bénédiction,

- on mélange de l'eau avec la farine de la boisson "tchoukoutou"(bière locale) pour verser sur les ancêtres et les représentations divines,

- les jeunes en cérémonie de dikuntri ou difoni se baignent dans une mare sacrée appelée Taworiminta,

- en cas sécheresse, les "vieux" font des sacrifices pour solliciter l'aide des dieux,

- lorsqu'un arbre sacré servant des rites de faiseur de pluie est déraciné, il survient une rupture de pluie et il faut des cérémonies et sacrifices avant qu'il pleuve (d'après SIMBIA N'KOUE, ex- chef de ville de Koukouatchiengou).

- « Avant on cherchait un boeuf à un seul sabot qu'on allait immoler sur la grotte sacrée à kounacogou, avant la fin du sacrifice, la pluie tombait » (légende citée par SIMBIA N'KOUE de Koukouatchiengou).

En cas d'excès pluviométriques ou inondations, on implore simplement l'aide des dieux.

5.6.4- Limites liées aux formes de gestion endogène de ressources en eau à Boukombé

5.6.4.1- Limites des supports de l'information liée à l'eau

Le caractère oral des connaissances endogènes rend difficile leur transmission et est à la base de diverses interprétations dans le milieu.

Les connaissances endogènes connaissent des mutations à cause de la disparition des supports de l'information et de la régression des impacts socio-psychologiques de gestion des ressources en eau.

Les personnes âgées détentrices des connaissances et pratiques utilisées par les ancêtres disparaissent sans léguer leurs savoirs. Le désintéressement et le non-respect des jeunes vis à vis des pratiques ancestrales et des personnes âgées justifient le refus de léguer les connaissances. L'efficacité des formes de gestion endogène des ressources en eau est de nos jours mise en doute. Autrefois les "impacts rituels seraient plus palpables et immédiats". Aujourd'hui ils sont aléatoires. Par exemple à Koutagou plus précisément à Ditchindia, les paysans vidaient une mare sacrée en cas de sécheresse en chantant et suppliant les divinités de leur accorder leur clémence. C'est la pluie qui les dispersait avant qu'ils ne finissent de vider la mare. Aujourd'hui, non seulement cette pratique n'est plus suivie, mais il arrive qu'il ne pleuve pas du tout ou qu'il pleuve trois jours ou une semaine après le rituel.

Ces changements ont plusieurs raisons selon les paysans : "plus de respect des personnes, des dieux, des coutumes ancestrales et des règles de la nature. Les hommes sont devenus nombreux et les terres cultivables ne suffisent plus, ce qui fait qu'on cultive même jusque sur les bosquets et dans les endroits où on ne doit pas cultiver. Les "vieux" de maintenant ne connaissent pas les vraies règles de nos ancêtres et de la nature. Les faiseurs de pluie d'aujourd'hui ne connaissent et ne suivent plus les règles de nos ancêtres.

Bien qu'il y ait des coïncidences des faits qui justifient l'efficacité des pratiques, des croyances et attitudes populaires, la gestion endogène n'offre pas une garantie suffisante pour la maîtrise des ressources en eau. En outre les acquis culturels en matière de l'eau ne sont pas mis en valeur.

5.6.4.2- Limites liées aux variations climatiques

Une irrégularité des pluies est observée par les paysans ces dernières décennies. Cette variation se traduit par l'allongement de la saison sèche, le raccourcissement de la saison pluvieuse et le bouleversement du calendrier agricole paysan. La saison pluvieuse commençait rigoureusement en Avril et se terminait en Octobre/Novembre. L'harmattan débutait en Décembre. Aujourd'hui les pluies sont de plus en plus tardives et la saison sèche commence de plus en plus tôt en Octobre pour ne finir qu'en Mai voire Juin au lieu de Mars.

Les variations observées par les paysans sont effectives et confirmées par les statistiques pluviométriques de l'ASECNA (figure38).

0 Figure38: Comparaison des pluies des normales 31-60 et 61-90

La figure ci-dessus montre une baisse de la quantité de pluie sur tous les mois dans la 0 dernière normale (1961-1990) par rapport à la première (1931-1960).

0 Par ailleurs selon les paysans, auparavant dans le mois d'août les pluies étaient fines et

M

empêchaient de sortir des chambres parfois toute une journée. Ces pluies permettaient de

Mois

repiquer le mil et le sorgho. Aujourd'hui ces pluies n'existent plus et sont remplacées les averses ou parfois par la sécheresse.

Les paysans trouvent les causes de ces variations à l'échelle du village dans les comportements amoraux de la communauté et le non-respect des règles de la nature et de la tradition des ancêtres. A l'échelle de la région, ces variations seraient dues à l'évolution du climat tropical humide vers le climat tropical sec ou climat sahélien.

Les fondements paysans des variations climatiques sont similaires en grande partie à ceux scientifiques à savoir : la dégradation de l'environnement, le réchauffement de la planète ~etc. (M. I. A. FAKOREDE,2002). La péjoration climatique met les paysans dans l'incertitude presque totale. Ce qui les oblige à tâtonner dans leurs activités et à rechercher les palliatifs à travers les aménagements et les adaptations.

5.6.4.3- Limites liées aux aménagements consacrés aux ressources en eau

Les populations rurales ne connaissent pas les lois en vigueurs en matière de l'eau et ont un très faible niveau d'informations sur les normes hygiéniques et sanitaires internationales en matière de l'eau.

Pour assainir l'eau, les paysans utilisent les substances telles que l'alun, le kaolin... Ces traitements n'obéissent à aucune norme sur le plan sanitaire. Ce qui pourrait être à l'origine de plusieurs maladies provoquées par les effets de ces substances sur l'organisme.

L'aménagement des mares et sources (par le PGTRN) se limite seulement à deux arrondissements sur les sept de la commune de Boukombé (Natta et Boukombé-centre).

Les ouvrages tels que les puits à grand diamètre, les pompes - forage, sont gérés par des comités constitués au niveau des quartiers ou des villages. Les postes sont bénévoles. Le responsable est souvent une femme appuyée par un trésorier. L'eau n'est pas vendue. Mais tous les habitants du quartier ou du village usagers de l'ouvrage souvent connus par le comité, doivent payer une cotisation par mois qui varie de 100F à 200F selon l'ouvrage et le nombre d'usagers c'est à dire l'effectif de la population du quartier ou du village. Lorsqu'un étranger ou un individu d'un autre quartier ou village vient chercher de l'eau à l'ouvrage sans permission du responsable, il est amandé et doit payer le double de la cotisation mensuelle. Les recettes

Cloison

Sillon

provenant de la cotisation mensuelle servent à l'entretien des équipements : achat de cordes, de sceaux, réparation de treuil, de poulie, achat ou réparation des pièces de rechange pour les pompes.

La mauvaise gestion à laquelle on assiste dans la plupart des cas explique l'abandon des ouvrages en panne. Elle résulte souvent de l'absence, la disponibilité ou la mauvaise organisation des comités de gestion dans certains villages ou localités. Les ouvrages à gérance privée tels que les puits traditionnels, les pompes à domicile d'adduction de la SBEE sont mieux entretenus. En somme on note la faible mobilisation des populations rurales pour la gérance des ouvrages.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon