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Le fondement de l'ordre social et politique chez Jean- Jacques Rousseau. Une lecture de " du contrat social "

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par Oscar OMARI NGABO
Institut supérieur de philosophie et de théologie de Kolwezi RDC - Graduat en philosophie 2007
  

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CHAPITRE PREMIER: DE L'ETAT DE NATURE AU CONTRAT SOCIAL

INTRODUCTION

La philosophie politique moderne, du début du 17ème siècle jusqu'au 18ème siècle, a reposé sur deux concepts, à savoir : l'état de nature et le contrat social. Des théoriciens, tels que Grotius, Hobbes puis Rousseau, ayant imaginé d'abord les hommes tels qu'ils vivent dans la condition où la nature les a placés, affirment que les institutions politiques sont absentes dans un Etat où règne la parfaite égalité du fait qu'il n'y aura pas de subordination naturelle et l'homme, par conséquent, ne sera pas un animal naturellement politique- tel que l'avait affirmé Aristote. Ensuite, ils ont cherché à établir à la fois les raisons qui ont poussé les hommes à se procurer de telles institutions et ce qui peut les rendre légitimes. Enfin, ils vont s'appuyer sur la thèse de l'égalité naturelle pour affirmer que l'assujettissement politique ne peut venir que d'une convention : c'est la thèse du contrat social, laquelle thèse sera l'objet de notre deuxième chapitre.

Néanmoins, l'expression d'"état de nature" pose beaucoup de questionnements en ce qui concerne sa véracité existentielle. Du moins, nous ne prétendons pas nous introduire largement dans cette polémique de vérité existentielle du terme- que nous laissons aux théoriciens politiques- mais, au cours de ce chapitre, nous veillerons à analyser cet état- en donnant notre point de vue sur l'état en question- moyennant quelques questions autour desquelles va s'asseoir notre propos : Quel est l'état des hommes hors de la société civile ? Est-il une fiction ou une réalité de fait ? N'est-ce pas une similitude de l'anarchisme ? Pourquoi, alors, ce passage de l'état de nature à la société civile, et de la société civile au contrat social ? Voilà, au moins, les questions auxquelles nous tenterons de répondre par la suite.

I.1 DE L'ETAT DES HOMMES HORS DE LA SOCIETE CIVILE

Il est important, pour comprendre l'homme moderne et le situer comme tel, de viser au préalable l'homme de la nature. Une telle rétrospective permettrait une bonne compréhension du dynamisme de l'homme en tant qu'être politique.

Pour comprendre la portée de cette reconstruction qui est l'"état de nature", il vaut mieux, dès lors, passer outre l'affirmation aristotélicienne selon laquelle « pour l'age moderne, l'humanité de l'homme ne dépend pas essentiellement de son rapport à autrui dans la construction d'un ordre juste »5(*); antérieure à la construction de ce rapport et indépendante de lui, cette humanité est donnée dans cet homme isolé, solitaire qu'étudie le concept d'état de nature. Néanmoins, cette conception d'Aristote rejoint celle de l'époque des "Lumières" où l'individualisme, l'égoïsme, l'auto affirmation, l'honneur, la conquête du pouvoir, etc., étaient au centre de toute recherche au mépris de l'autrui. Mais alors, la réflexion politique aura, pour ce faire, comme objet de montrer la façon dont la création des sociétés civiles peut restituer cette humanité sans l'affecter essentiellement.

Cependant, autant d'attitudes, selon Rousseau, caractérisent l'homme de la nature : il est un animal solitaire mais organisé, au tempérament robuste et vivant paisiblement dans sa solitude. En réaction farouche contre l'objection de Hobbes selon laquelle l'homme est naturellement intrépide, et ne cherche qu'à attaquer, et à combattre- dans la logique de l'homme est un loup pour un autre-, Rousseau pense au contraire en disant que « rien n'est si timide que l'homme dans l'état de nature, et [qu']il est toujours tremblant, et prêt à fuir au moindre bruit qui le frappe, au moindre mouvement qu'il aperçoit »6(*). Ce faisant, à la différence de l'animal, l'homme est libre et est doué d'une faculté de se perfectionner, perfectibilité qui le caractérise. L'homme est toujours en devenir. C'est un être temporel et historique.

« Lorsque Rousseau fait recours à la notion de perfectibilité, c'est bien pour rendre compte du devenir dans l'histoire et dans les sociétés. Pour maintenir l'historique comme dimension essentielle de la réalité humaine : l'homme est un être historique, c'est-à-dire qu'il se fait et qu'il est fait [...]. Perfectible, l'homme l'est, ce qui veut dire qu'il n'est pas encore, dans le temps de sa venue dans le monde des vivants, un être intégralement déterminé [...] Ce qui sera demeure comme une tâche »7(*)

pour réaliser l'intégrité de son être. Ici, Rousseau se sépare clairement de toutes les théories philosophiques anciennes qui voyaient dans l'homme un "animal raisonnable". Pour lui, la raison est une virtualité qui ne se développera, chez l'homme, que plus tard.

L'isolément de l'homme et l'abondance des richesses autour de lui, pour satisfaire ses besoins naturels, garantissent la stabilité de son existence. Il n'est lié à rien, même pas à sa femme et à ses enfants. Pas de véritable langage qui répondrait à un besoin de communication, pas de possibilité de progrès par accumulation de connaissances nouvelles.

Les passions de l'homme, dans cet état, se ramènent à l'amour de soi et à la pitié qui est la seule vertu naturelle reconnue à l'homme de nature et par laquelle découlent d'autres qualités. Cet homme connaît un amour de soi immédiat, exempt de véritable égoïsme. Cet amour de soi naturel, en vue de sa conservation, se transformera en amour-propre dans l'état de la civilité où l'homme perfectionnera sa raison. L'homme ne connaît, alors, ni le bien ni le mal; il n'est ni bon ni méchant et n'a ni vice, car il n'a pas de relations morales, de lois qui l'unissent à ses semblables. C'est donc une forme de sociabilité fondamentale. Contrairement à Hobbes, Rousseau affirme que l'homme naturel n'est pas féroce envers les autres.

Ainsi, dans l'état de nature, l'inégalité est aperçue comme une réalité étrangère et nulle, étant donné que chacun s'auto-suffit et est équilibré. Elle est donc à peine sensible.

* 5 ARISTOTE cité par RANAUD P. et RIALS S., Dictionnaire de philosophie politique, Paris, Quadrige/PUF, 1995, p.255.

* 6 ROUSSEAU, J.-J., Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Ed. Electronique, Cf. http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.roj.dis3.

* 7 CHIRPAZ, F., L'homme dans son histoire. Essai sur Jean -Jacques Rousseau, Genève, Labor et Fides, 1984, pp.44-45.

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