WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'Organisation Commune Africaine et Malgache( OCAM ): de la naissance à  l'effritement(1965- 1985)

( Télécharger le fichier original )
par Marcel Arnoux ODY
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Licence 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II/ LES FACTEURS ENDOGENES DE SON EFFRITEMENT

A l'instar des facteurs exogènes, nous avons aussi mis l'accent sur les facteurs endogènes qui ont été l'une des causes immédiates de la disparition de l'OCAM. Ces facteurs endogènes sont d'abord la persistance des divergences politico-idéologiques entre les Etats membres de l'OCAM. Et enfin, les démissions incessantes de ses membres qui se traduisaient par des retraits répétés.

1)-La persistance des divergences politico-idéologiques au sein de l'OCAM.

Après notre étude sur les facteurs exogènes cités plus haut, nous voulons mettre le cap sur les facteurs endogènes. Ces facteurs ont eu un impact sur la vie de l'OCAM jusqu'à ce qu'elle disparaisse un jour. Parlant de persistance des divergences politico-idéologiques au sein de la grande famille OCAM, c'est pour nous une façon de dire que ces divergences ont commencé avant même la naissance de l'OCAM. En effet, nous pouvons dire que ces divergences sont parties du fait que lors de la création de l'OCAM, certains États membres étaient absents. Par ailleurs, cette conférence des Chefs d'États membres n'était pas destinée à substituer l'UAMCE mais plutôt à signer sa charte.

35Jacques BAULIN, op.cit., p.169

Mais, il s'est avéré que le Président Félix Houphouët-Boigny, principal instigateur des regroupements francophones, n'a vraiment pas tenu compte du point de vue de ses collègues pour créer l'OCAM à Nouakchott(Mauritanie) le 12 février 1965. Ceci était un premier problème qui n'a pas été réglé. Et puis quand survient le problème de l'admission du Congo-Léopoldville du premier ministre Moise Tschombé au sein de l'OCAM, cela va constituer le noeud de la persistance des divergences entre ses États membres.

Le président de la République Islamique de Mauritanie et son homologue Ahmadou Ahidjo du Cameroun se sont opposés systématiquement quand le gouvernement français et la grande majorité des gouvernements de ladite Organisation, ont voulu faire adhérer sans préavis le Congo-Léopoldville36 de Moïse Tschombé. Le président Léopold Sédar Senghor du Sénégal, faisait partie de ceux qui étaient partie prenante de cette nouvelle adhésion. L'admission du Congo-Léopoldville cautionnée par le président Félix Houphouët-Boigny et une bonne partie de ses collègues, va sonner le glas dans les relations des membres de ce regroupement francophone, suscitant le retrait précipité de certains d'entre eux.

2)-Les démissions incessantes de ses membres (1965-1982)

Cet axe nous permet de donner les raisons pour lesquelles plusieurs membres se sont retirés de l'OCAM. Nous pouvons à cet effet dire que de façon générale, les divergences survenues sur la question de Moïse Tschombé, et celle de voir l'ingérence de la France dans les Affaires communes de l'OCAM, ont été les raisons fondamentales.

Le Président Moktar Ould DADDAH n'a vraiment pas apprécié la conférence extraordinaire qui s'est tenue à son insu à Abidjan le 26 Mai 1965 et en l'absence d'Ahidjo du Cameroun et de deux autres chefs d'Etats. A ce sommet, les chefs d'Etats réunis ont décidé d'admettre le Congo-Léopoldville dans l'organisation commune Africaine et Malgache. Pour le président Mauritanien qui a vu la dignité bafouée de son pays, décide de quitter l'OCAM le 06 Juillet 1965.

36Ancienne appellation de l'actuelle République Démocratique du Congo

Après le retrait officiel de la Mauritanie, la question qui reste à poser est de savoir si la pleine implication de la France dans cette Organisation, ne va-t-elle pas aussi pousser d'autres à quitter l'OCAM ?

Les raisons de ces départs sont simples à identifier. En effet, la plupart des Etats l'ont quittée pour des raisons politiques, la jugeant à tort ou à raison trop inféodée à la France. Pour certains, l'OCAM était perçu comme un « club francophone » ; En d'autres termes, comme instrument du néocolonialisme français en Afrique, souvent opposé dans les instances internationales à l'OUA, aux Etats arabes, lorsque ceux-ci dénoncent avec acuité la maladresse de la politique française sur le continent africain.37

Après l'entrée de l'île Maurice en janvier 1969 au sein de l'OCAM, dont le sigle signifie Organisation Commune Africaine Malgache et Mauricienne, la situation de son adhésion coïncide avec des retraits récurrents de ses collègues membres de l'OCAM. Successivement le 04 juillet 1973 le Madagascar se retire de l'OCAM par des accords généraux signés avec la France. Ce qui va donner Organisation Commune Africaine et Mauricienne. Le Congo-Léopoldville venu maintenir l'effectif de l'OCAM à 14 après le départ de la Mauritanie, décide de partir le 17 Avril 1972. Le Président Tchadien, François Tombalbaye abandonne la Présidence de l'OCAM en cette même année ; tandis que le Président Marcel Yassingbé Eyadéma du Togo, refuse obstinément d'en devenir le président.

Le 15 Août 1972, c'est autour de la République populaire du Congo de s'en retirer. Le Tchad et le Cameroun emboîtent le pas en 1973 respectivement les 03 Juillet et 31 Juillet. Le Gabon aussi quitte cette organisation en Septembre 1976. L'île Maurice qui représentait le quinzième membre depuis son arrivée en 1969, se retire en 1982 de l'OCAM.

De l'Organisation Commune Africaine et Malgache, en passant par l'Organisation Commune Africaine Malgache et Mauricienne, pour en arriver à l'Organisation Commune Africaine et Mauricienne, cette Organisation qui a totalisé seize(16) membres à l'origine, passe à huit lors de sa dissolution, décidée d'un commun accord le 23 Mars 1985 lors de son XIIe sommet à Lomé, au Togo.

37Pierre NANDJUI, Idem, p. 122

CONCLUSION

La diversité des colonialismes qui ont sévi en Afrique, ont exposé l'OUA à d'inévitables divisions. En particulier, les clivages linguistiques à base historique ont suscité dès 1960 une solidarité entre États francophones sous l'impulsion de Félix Houphouët-Boigny, laquelle donna Union Africaine et Malgache(U.A.M) . Cette solidarité institutionnalisée prit plusieurs formes passant de l'UAM à l'UAMCE (Union Africaine et Malgache de Coopération Economique) et enfin à l'OCAM. Le groupe anglophone que dirigeait Kwamé N'Krumah sera moins consistant et en tout cas éphémère au sein de l'OUA. Ces rivalités ont cédé progressivement le pas à des alliances idéologiques et politiques chevauchant les frontières linguistiques. La fissuration idéologique du continent née des rivalités entre les superpuissances s'est profondément répercutée au sein de l'organisation panafricaine au point que même les questions de décolonisation sur lesquelles on croyait l'unanimité définitivement acquise entre États africains, ont donné lieu à des oppositions irréductibles entre tendances « progressiste » et « modérée.»

Ainsi au lendemain de l'indépendance de l'Afrique en général et surtout de l'Afrique francophone en particulier, les États sortis des colonies ont jugé bon de s'organiser tout comme les puissances colonisatrices. Mais ce rêve n'a pu se concrétiser pour cause de malentendus. L'organisation commune africaine et malgache (OCAM), une Organisation politique qui a regroupé des pays francophones s'est inscrite dans le concert des successions des organisations. Succédant le 12 février 1965 à Nouakchott, d'abord à l'Union Africaine et malgache(U.A.M) et enfin à l'Union Africaine et Malgache de Coopération Economique, cette Organisation a eu une naissance «difficile ». La naissance de l'OCAM n'a d'une part pas été approuvée par le groupe des révolutionnaires qui souhaitent que le panafricanisme soit rependu dans toute l'Afrique. Une idéologie qu'encourageait le Président Ghanéen Kwamé N'krumah. Et d'autres parts, ce regroupement a connu une naissance contestée par ses propres membres qui avaient aussi auparavant assisté et accepté les deux Organisations qui ont précédé l'OCAM. C'est alors donc depuis la naissance de cette organisation, que les véritables maux ont commencé à miner son fonctionnement. Malgré la «Guerre» qui lui a été déclarée par le Groupe de « Casablanca», elle a continué d'exister. Mais, la tension au sein de la grande famille des États Francophones a commencé lorsque, l'OCAM créée par Houphouët sous le parrainage de la Grande Puissance France, a imposé l'admission du Congo-Léopoldville de Moise Tschombé aux membres dudit regroupement. Ce problème interne que nous qualifions de divergences politico-idéologiques prend une autre tournure quand La République islamique de Mauritanie du Président Moktar Ould Daddah quitte officiellement l'OCAM quatre mois après sa création, soit le 06 juillet 1965. Après le départ de cet État membre, la situation se dégrade de plus en plus avec la défection d'autres États membres. Car ceux-ci reprochent à l'OCAM d'être trop inféodée à la France. Cette Formation critiquée violemment, contestée, agonise du fait de ces difficultés liées aux divergences politico-idéologiques qui ont atteint leur paroxysme. C'est ce qui a fait que cette Institution n'a pu maintenir en vie cet objectif de solidarité et de coopération qu'elle s'est fixée depuis Nouakchott en 1965. Malgré les tentatives du président Félix Houphouët-Boigny de la sauver de cette léthargie institutionnelle à laquelle se sont greffés de nombreux blocages fonctionnels, l'OCAM a fini par s'effriter le 23 mars 1985 seulement après Vingt ans d'existence.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote