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L'instabilité des marchés des céréales dans l'extrême-nord Cameroun

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par Natali KOSSOUMNA LIBAA
Université de Ngaoundéré Cameroun - Maà®trise de géographie 2001
  

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9.1.1.2. Une demande croissante

Le tableau 1 montre aussi que la population de la région croît plus vite que la quantité de vivres produite. Dans les zones les plus vulnérables, cette croissance démographique débouche sur des migrations importantes de la province de l'Extrême-Nord vers celle du Nord sur des fronts pionniers rapidement saturés et repoussés toujours plus loin4(*). De même, les mouvements humains des zones rurales vers les centres urbains se poursuivent. Alors, la part de la population agricole et celle des actifs agricoles sur la population totale diminue ; donc un actif agricole doit produire toujours plus. Sachant que dans une exploitation agricole, 1 personne sur 2 est considérée comme actif (Havard et al, 2001), et en prenant deux hypothèses de répartition entre la population agricole et la population rurale (1/3 et 2/3 d'urbains), alors 1 actif agricole doit produire la nourriture de 3 personnes dans le premier cas, et 6 personnes dans le second cas.

De plus, la demande est affectée significativement par les zones limitrophes à déficits céréaliers plus élevés5(*), Il est donc difficile de prévoir les évolutions de la demande d'une année à l'autre.

9.1.1.3. Une gestion peu rigoureuse des stocks de céréales par les paysans

Les pratiques de gestion de leurs stocks de céréales par les paysans augmentent l'insécurité alimentaire des exploitations. En effet, une gestion peu rigoureuse entraîne souvent des gaspillages de ressources au cours de la « période d'euphorie » post récolte, par des ventes intempestives, ne prenant pas compte des besoins de la famille. Cette absence de prévision ne saurait garantir la sécurité alimentaire pour une population sur le long terme, quand bien même les quantités produites suffiraient à couvrir les besoins de la famille. La prédominance de l'incertitude sur la prévision dans les pratiques de gestion explique en partie cette situation (Legile, 1999).

Les pertes post-récolte sont également un élément important. Elles se justifient essentiellement par la non-maîtrise des techniques de conservation et de traitements par les populations, mais également par le coût élevé des produits insecticides. Le taux de pertes après récoltes et durant la période de stockage des céréales serait compris entre 25 et 40 % de la production stockée6(*). Une réduction de ces pertes permettrait une économie de céréales mobilisables pour la consommation locale.

9.1.1.4. Difficultés de communication entre zones excédentaires et déficitaires : un obstacle aux échanges

Les marchés situés dans les zones de faible production de sorgho sont les plus difficilement accessibles (Kossoumna, 2001). Les marchés de Doukoula, Hougno, Blangoua, Mada, Ardaf se trouvent dans cette situation pendant la saison des pluies. Les routes non praticables en saison des pluies entraînent des coûts de transport qui, par conséquent impose une variation des prix des céréales sur les marchés. Ainsi, les régions qui se caractérisent en général par des déficits céréaliers comme celles du Mayo Danay (Doukoula, Ardaf, Hougno...) et qui en plus sont inaccessibles aux périodes les plus critiques (juillet, août) sont insuffisamment couvertes par les commerçants. Les quantités de céréales sur ces marchés s'en trouvent réduites. Alors, elles sont chères et inaccessibles à la grande majorité des populations aux revenus très faibles pendant cette période de l'année. Le coût de transport est d'autant plus important que l'on se trouve dans des régions pauvres et à l'équilibre alimentaire fragile

D'un autre côté, certaines régions isolées du Logone et Chari (Mada, Blangoua) qui produisent en général des excédents de maïs lorsque la pluviométrie y est favorable, se trouvent bloquées par des contraintes de débouchés à cause notamment des coûts de transport importants, de leur déconnexion des grands centres de consommation (Kousseri, N'djaména, Maroua...) et certains obstacles non officiels (tracasseries policières, coupeurs de routes sur ces axes). En saison pluvieuse, les pistes deviennent impraticables pour les camions (10 tonnes) chargés du transport des céréales. Il s'ensuit ainsi une immobilisation et une accumulation des céréales et par conséquent une chute des prix sur ces marchés. Ces contraintes limitent, en outre le mouvement des céréales vers les zones déficitaires où une demande réelle existe.

Finalement, l'approvisionnement des zones enclavées dépend traditionnellement des cercles de production régionaux qui s'épuisent à mesure que la campagne s'écoule alors que les sources d'approvisionnement des marchés des grandes villes sont diversifiées. A la source du problème d'information, on trouve le producteur et les commerçants qui éprouvent des difficultés à connaître les rendements pour pouvoir anticiper sur leurs effets sur le marché. En plus les difficultés d'accessibilité ne permettent pas une bonne circulation des informations concernant la production et le marché, ce qui contribue à renforcer l'incertitude des prix sur ces marchés.

* 4 On peut prendre comme exemple le village de Mafa kilda situé à la périphérie de Garoua et créé il y a près de deux décennies. Ce village de migrants de l'Extrême-Nord est arrivé à saturation ; des signes de dégradation des ressources naturelles y sont désormais perceptibles. Comme les migrants continuent d'arriver, les paysans repoussent toujours plus loin les limites du terroir à la recherche des terres agricoles ; d'autres quittent le village pour aller plus loin.

* 5 L'intervention alternative ou simultanée des pays frontaliers à l'instar du Nigeria et du Tchad à l'achat ou à la vente des céréales dues pour la plupart aux aléas ou aux conjonctures, mais également aux surproductions sont des facteurs d'instabilité des cours céréaliers. Très difficile à déterminer tant en valeur qu'en volume puisque pour la grande partie clandestin, son importance dans les fluctuations des prix n'est pas négligeable. La demande extérieure est instable et imprévisible. En 1999 par exemple, les Tchadiens qui avaient l'habitude de s'approvisionner, en cas de déficit, au Cameroun ont reçu des aides de la Libye et ne se sont pas présentés sur les marchés fortement excédentaires de l'Extrême-Nord.

* 6 Document de synthèse du séminaire - atelier de concertation sur la promotion du stockage villageois, tenu à Garoua du 19 au 21 février 2002.

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