Memoire Online - Type d'établissement et performance des filles dans les matières scientifiques

YAO Kouassi Gabin-Silvère Mémoire de Maîtrise, Psychologie Génétique Différentielle

Type d'établissement et performance des filles dans les matières scientifiques

RESUME

L'objectif de l'étude est d'analyser la relation entre le caractère mixte ou non mixte de l'établissement et les performances des filles dans les disciplines scientifiques. Nous avons comparé les moyennes annuelles du bilan sciences d'un échantillon composé de 32 filles âgées de 17 et 18 ans en classe de 1^ère D des deux types d'établissement. Il en ressort que les filles issues de l'établissement non mixte ont une performance supérieure dans les matières scientifiques comparativement à leurs pairs de l'établissement mixte. Ces résultats vont dans le sens de la théorie de l'auto-efficacité et de l'apprentissage vicariant telle qu'élaborée par Bandura (1986).

Mots-clés : type d'établissement, matières scientifiques, auto-efficacité, apprentissage vicariant.

Première Partie :

CONSIDERATIONS THEORIQUES

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I- PROBLEMATIQUE

Le droit de toute personne à l'éducation, a été consacré dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 (article 26). C'est à ce titre que l'éducation est universellement considérée comme quelque chose d'essentielle, en tant que moyen de transmission aux générations ultérieures, d'un corpus de connaissances et de valeurs considérées comme faisant partie d'une culture commune. Ainsi, Maurin (2003) la définit comme l'action de développer les facultés morales, physiques, intellectuelles et psychiques d'un individu. Elle vise donc à assurer à chaque individu le développement de toutes ses capacités afin de lui permettre d'avoir une vie personnelle, de la gérer et de réfléchir pour pouvoir s'orienter.

Akra (2009, p. 5) relève que: « L'éducation de l'enfant incombe aux parents, et dans une large mesure à la famille et à la société. Mais, l'évolution de la société a conduit à la formalisation de l'éducation à travers des structures telles que l'école ». C'est dire que l'éducation se réalise d'abord, dans le milieu familial et ensuite, à l'école. Après la cellule familiale, l'école reste donc le lieu privilégié où l'enfant passe la majeure partie de son temps. Cet endroit constitue pour lui un lieu d'apprentissage.

Pour déterminer le niveau d'apprentissage des élèves, il leur est constamment attribué des notes après avoir été soumis à des épreuves d'évaluation. Ces épreuves représentent un système de vérification des progrès réalisés par les élèves au moyen de contrôles continus, d'exercices et d'autres travaux échelonnés tout au long de l'année académique. Elles ont pour but de mesurer la performance des élèves dans les matières qui leur sont dispensées.

La performance scolaire a fait l'objet de nombreuses études au cours de ces dernières années. La performance d'un apprenant représente la note qui lui est attribuée après l'exécution d'une ou de plusieurs tâches (épreuves). Une

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performance est, selon Sillamy (1983, p.506) la : « mise en oeuvre d'une aptitude à partir de laquelle on peut déduire les possibilités d'un sujet dans un domaine particulier ».

Dans une autre approche, Chemama, Gallo et Leconte (cités par Kouadio, 2010) définissent la performance comme le résultat quantitatif affecté à un sujet placé dans une situation d'exercice. Elle est par conséquent, la résultante de l'application de la mesure à des épreuves. Cette performance s'apparente à une évaluation scolaire.

La performance d'un élève renvoie donc aux résultats obtenus en classe par ce dernier après la réalisation des tâches pédagogiques (contrôles continus, exercices et autres travaux) organisées par les enseignants afin de vérifier son niveau d'acquisition. Ces résultats sont généralement des indicateurs quantitatifs (notes) de la performance scolaire.

En considérant les performances scolaires en termes de notes obtenues dans une matière ou en termes de moyenne de notes dans toutes les matières, on se rend compte qu'elles peuvent être bonnes ou mauvaises. C'est pourquoi, on parle de bonnes performances et de mauvaises performances. Selon Kressou (2008), dans les disciplines scolaires, les élèves réagissent différemment aux évaluations. Dans certaines disciplines, ils réalisent de bonnes performances alors que dans d'autres, les notes qu'ils obtiennent sont moins bonnes. Les notes des élèves permettent alors de distinguer des matières dans lesquelles ils manifestent de bonnes dispositions mentales, et d'autres pour lesquelles, ce n'est pas le cas. Un même sujet peut présenter des performances différentes dans les matières enseignées.

Ainsi, l'on constate en Côte d'Ivoire, que dans les lycées et collèges, généralement, les garçons réussissent mieux dans les matières scientifiques que

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les filles. Selon Proteau (2002, p.56) : « 60% des baccalauréats attribués aux filles sont de séries littéraires, 26% de séries scientifiques et 13,4% de séries techniques ; pour les garçons ces proportions sont respectivement de 42,5%, 44,5% et 13% ». C'est pourquoi, on remarque une forte absence des filles dans les séries scientifiques et, par conséquent, une plus grande présence dans les séries littéraires.

Les matières scientifiques sont relatives aux sciences. Par opposition aux matières littéraires, ce sont des disciplines qui, dans le domaine de la connaissance présentent des caractères de rigueur, d'exigence, d'objectivité propres aux sciences. Dans le système éducatif ivoirien, au niveau de l'enseignement secondaire, sont considérées comme disciplines scientifiques les Mathématiques, les Sciences physiques, les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT).

Selon Bouteyre (cité par Kouadio, 2010), expliquer la performance scolaire, revient à identifier les facteurs en relation avec l'échec ou la réussite scolaire. Ces facteurs sont de deux ordres : les facteurs internes et les facteurs externes. Parmi les facteurs internes, des chercheurs ont montré qu'il existe un lien significatif entre le sommeil nocturne, l'intelligence, la fatigue, le stress, l'estime de soi, la motivation et la réussite scolaire (Clelland, Deschamps et Piéron cités par Kouadio, op.cit). D'autres ont montré qu'il y avait des corrélations entre les facteurs externes, à savoir : le niveau de participation parentale et les pratiques éducatives parentales, les conditions socio-économiques et la performance scolaire (Akra, 2009 ; Cuisinier, 1996 ; Djè-Bi, 1998, Kanga, 1997).

En tenant compte des corrélations entre les facteurs externes et les performances scolaires et, étant donné qu'un même sujet peut présenter des performances différentes dans les matières qui lui sont enseignées, on peut en

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déduire que l'organisation du système scolaire selon le type d'établissement, peut avoir un effet sur les performances.

Augé (2006, p. 433) définit un établissement comme « un édifice, un ensemble de locaux où se donne un enseignement (école, collège, lycée)». Les établissements sont donc de façon générale, des structures formelles à caractère public ou privé, où des professionnels assument la responsabilité de former, d'éduquer, d'instruire et de dispenser la culture et le savoir de façon collective à des sujets caractéristiques, c'est-à-dire à des élèves. (De Jean cité par Kressou, 2008). Les enseignements sont donnés dans des établissements mixtes et non mixtes.

La notion de mixité recouvre ce qui est formé de deux ou plusieurs éléments de nature différente (Maurin ,2003). Zaidman (2007) définit la mixité comme la coexistence des femmes et des hommes dans un espace social commun. Dans cette perspective, idéalement un établissement mixte est une école, un collège ou un lycée qui accueille en son sein à la fois les filles et les garçons, et un établissement non mixte accueille uniquement, soit les filles, soit les garçons.

Quelque soit le type d'établissement mixte ou non, les disciplines littéraires et scientifiques sont enseignées aux filles et aux garçons. La sous représentation des filles dans ces filières est fréquemment attribuée à une supériorité masculine en mathématique. Selon Zaidman (op.cit) dans les écoles mixtes, les femmes sont considérées comme un groupe social « minoritaire » au sens de groupe dominé. Il y a donc une domination masculine, ce qui peut empêcher ces dernières d'exprimer librement leurs potentiels.

En outre, dans les écoles mixtes, il est plus difficile de suivre la diversité des élèves. La présence de garçons et de filles dans la même salle, entraîne des

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manques d'attention et renforcent les stéréotypes de genre (Sidick et Béké, 2008).

Dans les établissements non mixtes dont l'accès est exclusivement réservé aux filles, la domination masculine est inexistante et les stéréotypes liés au genre sont moins ressentis, ce qui pourrait permettre aux filles d'exprimer facilement leur potentialité dans toutes les matières en général, et plus particulièrement, dans les disciplines scientifiques qui sont considérées comme l'apanage de la gente masculine.

Or, dans les établissements scolaires, les filles et les garçons se côtoient régulièrement quand il s'agit d'établissements mixtes ou entre elles s'il est question d'établissements non mixtes. Ce facteur pourrait jouer sur la performance des filles dans les matières scientifiques, à travers des processus tels que la domination masculine, les stéréotypes de genre, la manière dont les enseignants dispensent les cours et la politique pédagogique mise en place.

Cependant, à notre connaissance, en Côte d'Ivoire, la littérature scientifique existante n'a pas pris en compte le caractère mixte ou non des établissements scolaires dans l'explication des performances scolaires. « Il n'y a pas eu de recherches approfondies sur les effets de ces deux modèles pédagogiques dans notre système éducatif » (Sidick et Béké 2008, p.39). Même en France, bien que récente dans sa forme généralisée, la mixité scolaire ne fait encore l'objet que de très peu de recherches scientifiques (Zaidman, 2007).

Une telle étude, au plan théorique, pourrait apporter des informations complémentaires à la littérature consacrée aux déterminants des performances scolaires en général, et à ceux des performances des filles dans les matières scientifiques en particulier.

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Au plan pratique, le lien entre le caractère mixte ou non mixte de l'établissement et la performance des jeunes filles dans les matières scientifiques, pourrait permettre d'abord, aux parents et aux élèves de faire un choix raisonné du type d'établissement scolaire à retenir pour la scolarisation des filles. L'étude pourrait également suggérer aux autorités de faire la promotion d'un type d'établissement afin de relever le niveau des filles dans les matières scientifiques et de lutter contre les croyances selon lesquelles il existerait des matières dédiées aux filles et des matières dédiées aux garçons.

La présente étude vise à comparer les performances des filles dans les matières scientifiques en fonction du type d'établissement fréquenté.

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II- CADRE THEORIQUE

Nous nous intéressons à la théorie de l'auto-efficacité de Bandura (1986), plus précisément à l'apprentissage vicariant qui est l'un des concepts qui sous-tend cette théorie.

Selon Heutte (2011), la théorie de l'auto-efficacité se situe dans le cadre théorique plus large de la théorie sociale cognitive de Bandura. Elle se rapporte aux « jugements que les individus portent sur leurs capacités à organiser et à réaliser les types d'action requis pour atteindre certains objectifs » (Bandura, 1986, p. 391). En d'autres termes, la perception qu'a un individu de ses capacités à exécuter une activité influence et détermine son mode de penser, son niveau de motivation et son comportement. D'après Bandura (op.cit.), le système de croyance qui forme le sentiment d'efficacité personnelle est le fondement de la motivation et de l'action, et partant, des réalisations et du bien-être humain. Les individus qui croient à leur efficacité personnelle vont donc effectuer des choix, sélectionner des situations, des types d'activités, des actions dans lesquelles ils auront confiance en leurs capacités. Dans le domaine scolaire, la croyance d'efficacité personnelle va conduire les élèves à choisir des disciplines dans lesquelles ils pensent qu'ils ont la capacité de réussir et éviter celles dont ils pensent être moins aptes à réussir. Certains feront, par exemple, le choix des matières scientifiques au détriment des matières littéraires parce qu'ils croient en leurs capacités de réussite dans ces matières.

Bandura (1986) identifie quatre sources pouvant influencer le sentiment d'efficacité personnelle : l'expérience de maîtrise personnelle, l'apprentissage vicariant, la persuasion par autrui, l'état physiologique et émotionnel. L'apprentissage vicariant est fondé sur l'observation réfléchie d'un modèle remplissant certaines conditions favorables aux yeux de l'observateur. Différent du mimétisme, le modelage représente tout un travail d'observation par lequel,

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en extrayant les règles sous-jacentes aux styles de comportement observés, les gens construisent, par eux-mêmes, des modalités comportementales proches de celles qu'a manifestées le modèle et les dépassent en générant de nouvelles compétences et de nouveaux comportements, bien au-delà de ceux qui ont été observés. L'apprentissage par observation permet d'expliquer l'acquisition de pratiques sociales et politiques, de coutumes, voire de langues. L'opportunité de pouvoir observer un individu similaire à soi-même exécuter une activité donnée, constitue une source d'information importante influençant la perception d'auto-efficacité. Pour Carré (2004, p.17), Bandura suggère que l'apprentissage est « inscrit dans les réseaux sociaux et que les processus cognitifs servent de médiateurs puissant aux influences environnementales » (Carré, 2004).

Lecomte (2007) explique que pour évaluer ses capacités, notamment cognitifs, l'individu tire aussi des conclusions de l'observation des actions réalisées par d'autres personnes. Ce sont les sujets dont les caractéristiques (âge, sexe, etc.) sont les plus proches des siennes qui sont les plus susceptibles d'être source d'information. Par exemple, des enfants ont un sentiment d'efficacité personnelle plus élevé s'ils observent d'autres enfants talentueux que s'ils voient des adultes manifester les mêmes aptitudes cognitives.

L'auto-efficacité, plus précisément l'apprentissage par modelage peut avoir un effet sur la performance des filles dans les matières scientifiques selon le type d'établissement.

En effet, l'estimation de l'efficacité personnelle, relative à tel ou tel domaine particulier, est le résultat de la prise en compte de multiples indices comme : l'environnement, l'habileté perçue, la difficulté de la tâche,

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la quantité d'efforts déployés, l'aide reçue ou la possibilité de se référer à des modèles proches (Mosconi, 2004).

Ainsi, à travers l'apprentissage vicariant, dans l'environnement scolaire, en observant ses pairs du même sexe réussir ou échouer dans les matières scientifiques, va renforcer positivement ou négativement le sentiment d'efficacité personnelle chez les filles. L'expérience vicariante peut donc affecter les perceptions d'efficacité, sous certaines conditions liées à la fois au modèle et à l'observateur. Ainsi, le fait d'observer un partenaire jugé de compétence égale en train de réussir une action amènera le sujet à se sentir lui-même capable d'en faire autant. Inversement, les difficultés vécues par des pairs pourront affecter négativement les perceptions d'auto-efficacité du sujet (Carré, 2004). Les filles pourraient, par exemple, avoir un sentiment d'efficacité personnelle plus élevé dans les matières scientifiques quant elles observent d'autres filles réussir dans ces disciplines. Par contre, le sentiment d'auto-efficacité pourrait être plus faible chez les jeunes filles qui ne disposent pas de modèle d'identification en sciences dans leur établissement ou environnement scolaire immédiat.

De plus, à travers l'observation de leurs pairs de même sexe, les élèves développeraient progressivement une catégorisation sexuée des disciplines et aussi de soi-même et de l'autre. Par exemple, les filles observent que les matières scientifiques sont pour les garçons et étant des filles, elles ne peuvent y exceller ou entrer en compétition avec ces derniers dans ce domaine. Ces représentations sont plus marquées dans les classes mixtes et sont intériorisées par les élèves, comme participant de leur identité sexuelle (Duru-Bellat, 2010).

En définitive, notons que selon le type d'établissement mixte ou non mixte, l'efficacité perçue est « la croyance de l'individu en sa capacité d'organiser et d'exécuter la ligne de conduite requise pour produire les résultats

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souhaités » (Bandura, 2003). Elle serait une variable majeure de la qualité et de la profondeur des apprentissages : plus grand est le sentiment d'efficacité personnelle, plus élevés seront les objectifs et l'engagement dans leur poursuite. Ce sentiment influence la motivation, les aspirations, les choix, la qualité d'effort, la persistance face aux obstacles et aux échecs, la vulnérabilité au stress et à la dépression, la résistance à l'adversité (Bandura, op.cit). En d'autres termes, la croyance en leurs capacités, l'efficacité perçue, plus que leur capacité ou efficacité réelle détermine le mode de pensée, les comportements et le niveau de motivation des filles en situation d'apprentissage. Leurs réussites ou leurs échecs dans l'ensemble des matières enseignées en général et les matières scientifiques en particulier selon le caractère mixte ou non mixte de l'établissement peuvent donc en dépendre. Cette croyance peut donc avoir un effet sur leurs performances en sciences en relation avec le type d'établissement.

Au terme de la définition du cadre théorique se rapportant à l'auto-efficacité, nous rapportons quelques travaux qui s'inscrivent dans ce cadre.

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III- REVUE DES TRAVAUX

A- Caractéristiques des élèves et performances en sciences

B- Type d'établissement et performance en mathématiques.

Les travaux que nous avons présentés permettent de faire deux constats. Premièrement, les performances scolaires diffèrent selon le sexe des élèves et selon les disciplines, cette différence étant favorisée par les stéréotypes sociaux et l'image de soi. Deuxièmement, le caractère mixte ou non mixte et le caractère public ou privé de l'établissement déterminent les performances. Ces facteurs peuvent favoriser ou non les capacités cognitives de l'élève.

Cependant, bien que les résultats des recherches évoquées ici nous apportent des informations intéressantes et utiles, ils ne nous renseignent pas suffisamment sur les relations spécifiques pouvant exister entre le type d'établissement fréquenté (mixte ou non mixte) et les performances des filles en sciences. C'est pour analyser la nature de ces relations que nous formulons les hypothèses suivantes :

Il existe une relation entre le type d'établissement fréquenté et les performances dans les matières scientifiques chez les filles.

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La moyenne générale annuelle dans les matières scientifiques chez les filles des établissements non mixtes est plus élevée que celle de leurs pairs des établissements mixtes.

Deuxième partie :

CONSIDERATIONS METHODOLOGIQUES

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A- Type d'établissement

Selon Bawa (2008), la variable indépendante est la variable qui est isolée afin d'examiner la nature de la relation qui pourrait la lier à la variable mesurée. Dans notre travail, le caractère mixte ou non mixte de l'établissement constitue la variable indépendante.

Un établissement scolaire ou école est un espace aménagé où l'on accueille des individus afin que des enseignants leur dispensent des cours de façon collective (Augé, 2006). Il peut aussi être défini comme une institution formelle, un environnement construit dont l'objectif est de susciter des apprentissages chez les enfants (Akra, 2009). Nous entendons par type d'établissement, le caractère mixte ou non mixte de la structure d'accueil des élèves.

Selon Maurin (2003, p.785), un établissement mixte est : « une école qui comprend et qui reçoit des élèves des deux sexes ». Les écoles mixtes sont aussi appelées des structures coéducatives. La mixité ou la coéducation consiste donc à l'instruction et l'éducation en commun des garçons et des filles, dans des groupes mixtes. La mixité est censée à l'origine, réaliser l'égalité des chances entre filles et garçons (Zaidman, 2007).

Un établissement non mixte ou exclusif accueille uniquement, soit des filles, soit des garçons.

A travers une multitude de mécanismes quotidiens parfois très fins, le plus souvent inaperçus, la dynamique du milieu scolaire contribue à faire vivre aux garçons et aux filles des expériences très différentes liées aux rapports sociaux de sexe (Duru-Bellat citée par Mosconi, 2004). Ces mécanismes jouent à la fois dans les relations entre élèves et dans les relations entre enseignants et élèves (Mosconi, op.cit).

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Selon Duru-Bellat (2010), l'école mixte est faite d'interactions pédagogiques empruntes des stéréotypes de sexe. En effet, Duru-Bellat (op.cit) explique que dans les classes mixtes, les élèves reçoivent une grande quantité d'informations sur les comportements considérés comme socialement adéquats pour leur sexe. Ces informations passent par le biais des attentes des maîtres, et par les interactions pédagogiques, et aussi par les contacts des élèves avec leurs pairs.

L'observation des interactions effectives montre ainsi que les maîtres font très fréquemment recours aux oppositions entre garçons et filles dans la gestion quotidienne de la classe (Duru-Bellat, 2010).

Younger et al. (2002) montrent aussi que les enseignants dans les classes mixtes consacrent plus de temps aux garçons qu'aux filles (environ 56% aux garçons contre 44% aux filles).

Dans les classes mixtes, les garçons font plus l'objet de réprimandes et critiques en ce qui concerne leur conduite. Ils sont aussi notés plus sévèrement parce que les enseignants ne doutent pas de leurs capacités et attendent beaucoup plus d'eux que des filles. Ces attentes diversifiées en fonction du sexe de l'élève, et le fait que les garçons soient plus poussés à exploiter toutes leurs possibilités se manifestent de manière particulièrement nette dans les matières supposées convenir aux élèves des deux sexes (Duru-Bellat, op.cit).

Mosconi et Loudet-Verdier (cités par Duru-Bellat, 2010) précisent que les enseignants stimulent moins les filles. Dès le niveau primaire ou le collège, on observe moins d'encouragement à trouver la bonne réponse, moins de remarques d'ordre cognitif, moins de questions ouvertes.

Toutes ces différences de traitement ont une incidence en termes de confiance de soi sur les filles, et peuvent affecter leur performance dans les disciplines connotées masculines.

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En plus des interactions pédagogiques, les relations entre pairs constituent un aspect essentiel de l'expérience scolaire, à travers laquelle les élèves confirment, réélaborent leur identité sexuée, telle qu'elle s'est constituée dans le milieu familial (Mosconi, 2004). Ces relations entre pairs peuvent également affecter la performance scolaire.

De fait, le groupe de pairs de même sexe, diffuse et contrôle les normes en matière de comportement approprié à son sexe. Pour les filles, ces normes concernent, en particulier l'apparence physique et le comportement avec les garçons ; avec ces derniers, il faut être pleine d'attention, ménager leur susceptibilité, surtout ne pas avoir l'air (trop) meilleur qu'eux. Avec l'âge, le souci des garçons devient très envahissant et peut aller, jusqu'à mettre en péril leurs études (Holland et Eisenhart, 1990).

De plus, on constate des phénomènes de dominance du groupe des garçons, tant dans la cour de récréation (Zaidman cité par Mosconi, 2004) que dans la classe (Mosconi, 1994). Certains garçons ont tendance à monopoliser l'espace de la classe, didactique, quand ils peuvent utiliser le savoir pour se faire valoir, ou sonore, quand leur position scolaire ne leur permet pas de se faire remarquer autrement qu'en créant des problèmes de discipline. Ils n'hésitent pas à prendre la parole spontanément dans la classe, à interrompre l'enseignant ou d'autres élèves, particulièrement quand il s'agit des filles. Certains usent de moquerie et de dérision pour limiter les tentatives de prise de parole ou de pouvoir des filles dans la classe (Mosconi, 1994).

Alors que dans les établissements non mixtes, les filles « jugent l'ambiance de la classe plus propice au travail, plus détendue et plus confortable, dès lors que les garçons ne sont plus là pour monopoliser l'espace et qu'elles ne craignent plus leurs remarques » (Duru-Bellat, 2010 p. 203).

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En définitive, il apparait que les relations entre pairs et les interactions entre les élèves et les enseignants sont susceptibles d'avoir une influence sur le comportement des filles dans les matières scientifiques selon les types d'établissement.

Nous avons donc deux groupes d'élèves en présence : les filles issues des établissements mixtes et celles issues des établissements non mixtes. Nous évaluons leur performance en sciences en rapport avec le type d'établissement scolaire dans lequel elles sont inscrites.

B- Performance des filles en sciences

Selon Le Ny (cité par Akra, 2009), la performance est un résultat quantitatif acquis par un individu dans l'exécution d'une tâche. La performance « est obtenue à l'issue d'une mesure ou d'une notation et peut être enregistrée dans différent domaines » (Akra, op.cit). Dans le domaine scolaire, Sémé (2002, p.4) distingue deux sortes de performances : « la performance globale et la performance partielle. La première concerne l'ensemble des matières enseignées en classe, et elle est obtenue grâce aux moyennes pondérées des différentes matières ; la seconde se réfère à une catégorie de matières ou à une discipline particulière et elle représente la moyenne obtenue dans cette matière ». Nous retenons cette dernière définition pour notre étude puisqu'il s'agit d'évaluer les performances des filles uniquement en sciences.

La performance des filles en sciences renvoie donc aux notes qu'elles obtiennent dans les disciplines scientifiques, à savoir : les mathématiques, les sciences physiques et les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Pour évaluer cette performance, nous recourons à la moyenne générale du bilan sciences qui représente le travail fourni par la jeune fille dans les matières scientifiques au cours de l'année académique. Le bilan sciences est de nature quantitative continue sur l'intervalle 0-20. Ce bilan est obtenu grâce à la moyenne pondérée

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des matières scientifiques au cours des trois trimestres de l'année scolaire. Ce bilan ne figurant pas dans les relevés de notes annuels, nous le calculons en additionnant les moyennes annuelles dans les matières scientifiques et en divisant le résultat obtenu par le total des coefficients de ces moyennes qui correspond à 12.

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V- POPULATION ET ECHANTILLON D'ETUDE

A- Population

La classe de première est une classe intermédiaire entre la première année (la 2^nde) et la dernière année (Tle) du second cycle au lycée. La série D se situe entre la série C à forte corrélation scientifique et la série A plus portée sur les lettres. La classe de première C comparée à la première D est quant à elle très sélective (Ce sont les meilleurs élèves de la 2^nde C qui vont en 1^ère C). En classe de seconde, il se pose généralement un problème d'adaptation étant donné que la majorité des élèves qui sont des orientés, viennent des collèges et lycées d'autres communes. La classe de terminale quant à elle, est une classe de préparation à l'examen du baccalauréat et donc de stress pour les élèves.

Ces raisons, nous amènent à porter notre choix sur une population constituée essentiellement de jeunes filles issues de la classe de première D des lycées Classique et Sainte Marie d'Abidjan.

Le Lycée Classique d'Abidjan et le Lycée Sainte Marie d'Abidjan sont des établissements considérés comme des écoles d'excellence. Ils sont quasiment situés dans la même zone géographique dans la commune de Cocody et les critères pour y être orientés sont très sélectifs. Les élèves qui sont orientés dans ces lycées ont généralement une moyenne d'orientation supérieure ou égale à 12/20. Ces élèves proviennent de diverses communes d'Abidjan et de l'intérieur. Ils ont un âge compris entre 14 et 21 ans et sont issus de couches sociales différentes.

Le Lycée Classique d'Abidjan accueille environs 4000 élèves chaque année et le Lycée Sainte Marie d'Abidjan reçoit environs 2000 élèves.

Étant donné que nous nous proposons de comparer la performance dans les matières scientifiques de deux groupes de filles provenant de deux types

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d'établissements différents, nous avons porté notre choix sur ces deux lycées : le Lycée Classique d'Abidjan qui est un établissement mixte et le Lycée Sainte Marie d'Abidjan qui est une école exclusive réservée aux filles.

B- Échantillon d'étude

Notre échantillon est composé de filles des classes de 1^èreD extraites de la population d'étude.

Le Lycée Sainte Marie comporte trois classes de 1^ère D avec un effectif de 91 filles. Le Lycée Classique est, quant à lui, composé de 13 classes de 1^ère D avec un effectif de 566 élèves dont 215 filles et 351 garçons. Ces différents effectifs sont issus de l'année scolaire 2012-2013. Étant donné que nous n'avons pas le même nombre de filles dans les deux lycées, nous avons sélectionné toutes les filles du Lycée Sainte Marie. En ce qui concerne, le Lycée Classique, nous avons tiré de façon aléatoire huit (8) classes avec un nombre de filles à peu près équivalent au même nombre de filles que celui du Lycée Sainte Marie. Nous avons donc comme échantillon de départ 91 filles du Lycée Sainte Marie et 113 filles au Lycée Classique.

En Côte d'Ivoire, l'âge officiel requis pour être inscrit au CP1 est de 6-7 ans. Si on considère ce critère, on se rend compte qu'une personne ayant débutée l'école primaire à cet âge, sans redoubler de classe, doit se retrouver en première à l'âge de 17-18 ans. Nous avons exclu de notre échantillon de départ tous les sujets qui ont un âge inférieur à 17ans et supérieur à 18 ans. Nous nous retrouvons avec un effectif de 47 filles au Lycée Sainte Marie et 66 filles au Lycée Classique.

Le fait de reprendre une classe peut agir sur la performance. Nous avons donc éliminé de notre échantillon les redoublantes. Ce qui donne un effectif

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respectivement de 47 filles pour le Lycée Sainte Marie et de 64 filles pour le Lycée Classique.

Avoir un répétiteur à domicile, c'est-à-dire un précepteur qui dispense des cours à l'élève en dehors des heures de classe, ou suivre des cours de renforcement, peut améliorer les performances des sujets. Nous avons exclu les filles qui ont des répétiteurs et celles qui suivent des cours de renforcement. Ce qui nous donne un nouvel effectif de 17 filles au Lycée Sainte Marie et 19 filles au Lycée classique.

Il a été démontré dans de nombreuses études que la situation socio-économique des parents pouvait avoir une influence sur la réussite scolaire. Les sujets issus de couches sociales défavorisées sont en sous nombre comparativement aux sujets de couches sociales favorisées. Après avoir donc écarté de notre liste les sujets qui sont issus de familles défavorisées, nous obtenons 17 filles pour le Lycée Sainte Marie et 16 filles pour le Lycée Classique. Afin d'avoir un même nombre de sujets dans chaque lycée, nous avons tiré au sort une élève parmi les 17 filles du Lycée Sainte Marie, ce qui nous donne un effectif de 16 lycéennes par établissement. Nous avons donc un échantillon total de 32 filles.

Cet échantillon est donc formé de groupe de sujets présentant sensiblement les mêmes caractéristiques (âge, statut de l'élève, situation socio-économique, effectif).

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VI- COLLECTE DES DONNEES

A- Instruments de l'étude

Pour mener à bien notre étude, nous avons besoin d'instruments qui nous permettent d'avoir des informations sur les élèves, de recueillir leurs discours, leurs moyennes et de contrôler les variables parasites. Notre matériel est donc constitué d'un questionnaire d'identification, d'un guide d'entretien et du fichier des moyennes.

1- Le questionnaire d'identification

Le questionnaire adressé aux filles des classes de première D, nous permet de collecter des informations utiles telles que l'âge, le statut social des parents, le redoublement ou non, l'aide à domicile (répétiteur). Ces informations nous permettent de sélectionner les sujets de notre échantillon en contrôlant les variables parasites (cf. annexe I).

2. Le guide d'entretien

Nous jugeons utile d'élaborer un guide d'entretien pour recueillir auprès des filles des informations complémentaires qui peuvent nous aider à mieux expliquer les données collectées. Le guide d'entretien est constitué de questions qui permettent d'obtenir des informations concernant la perception que les filles ont des matières scientifiques et sur leur préférence pour les établissements mixtes et non mixtes. Il est composé de 16 questions (cf. Annexe II).

3. Les fichiers des moyennes

Pour déterminer la performance des filles en sciences, nous recourons aux moyennes générales annuelles des différentes matières scientifiques qui sont contenues dans les deux fichiers informatiques des moyennes : le fichier des

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moyennes du Lycée Classique et le fichier des moyennes du Lycée Sainte Marie. Ces données servent d'indicateur de performance ou de rendement dans le groupe des matières scientifiques. Elles sont reparties en fonction des deux modalités de la variable indépendante, à savoir : l'établissement mixte et l'établissement non mixte.

Selon Akra (2009), l'utilisation de la Moyenne Générale Annuelle (MGA) comme élément d'appréciation des performances scolaires, présente l'avantage d'évaluer le sujet sur une période d'au moins neuf mois tout en évitant les biais liés à l'état de santé du sujet à un moment donné. C'est dire que la moyenne générale annuelle est plus représentative des performances réelles de l'élève.

Nous retenons les moyennes générales annuelles dans chaque matière scientifique parce qu'elles semblent rendre mieux compte de la valeur réelle des élèves dans ces matières.

B- Procédure de collecte des données

Concernant la procédure de collecte des données, nous avons d'abord sélectionné les classes dans lesquelles nous administrons le questionnaire. Ensuite, nous tirons au sort des filles pour l'entretien et enfin, nous recueillons les moyennes des matières concernées auprès des services informatiques des différents lycées.

1. Le questionnaire d'identification

Les élèves étant très souvent occupés à suivre les cours, il nous était difficile d'administrer seul le questionnaire. Nous avons donc sollicité l'aide des éducateurs, à qui nous avons donné les consignes d'utilisation.

2. Le guide d'entretien

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Pour mener à bien un entretien, nous avons besoin de temps et d'espace approprié afin que les réponses des sujets ne soient pas influencées par l'environnement immédiat. Pour obtenir les discours des sujets dans des conditions identiques, nous avons, nous-mêmes réalisé les entretiens dans les bureaux des éducateurs. Nous avons commencé l'entretien au Lycée Classique où nous avons interrogé cinq filles. Afin d'avoir un même nombre de sujets dans chaque lycée, nous soumettons également cinq filles du Lycée Sainte Marie à notre entretien. Notons que les sujets soumis à l'entretien ont été choisi au hasard.

3- Les fichiers des moyennes

Nous n'avons pas eu accès aux relevés de notes des élèves. Les notes de ces relevés nous ont été transmises par les services informatiques des deux lycées sous forme de fichiers Excel.

C- Technique statistique

L'objectif de notre recherche est d'analyser la relation entre le type d'établissement et la performance des filles dans les matières scientifiques. Nous comparons la performance de deux groupes indépendants de sujets : celui fréquentant le type d'établissement mixte et l'autre fréquentant l'établissement de type non mixte. Les mesures effectuées sont des notes (moyennes). Nous avons donc des données à caractère quantitatif et continu (0-20). Aussi, les notes se distribuent-elles normalement. Nous sommes dans une situation de comparaison de deux moyennes issues d'échantillons indépendants. Nous recourons donc au t de Student comme test statistique. (cf. annexe IV, pour la preuve que les données collectées suivent la loi normale).

Les résultats obtenus sont présentés et analysés, interprétés puis discutés.

Troisième Partie :

RESULTATS

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VII- PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS

Notre objectif étant d'étudier la relation entre le caractère mixte ou non mixte de l'établissement et la performance des filles dans les disciplines scientifiques, nous présentons les résultats pour en faire une analyse.

Tableau : Moyennes Générales Annuelles (MGA) des filles dans les matières scientifiques selon le type d'établissement.

Établissements Matières	MIXTE (Lycée Classique d'Abidjan)	NON MIXTE (Lycée Sainte Marie d'Abidjan)
Mathématiques	8.97	12.42
Sciences Physiques	10.36	11.47
Sciences de la Vie et de la Terre (SVT)	11.65	12.71
Bilan sciences	10.14	12.16
Écart-type	1.87	1.01

Ces résultats nous permettent d'observer que les moyennes générales annuelles obtenues par les filles du Lycée Sainte Marie sont plus élevées que celles des filles du Lycée Classique dans toutes les matières et dans le bilan sciences. Une observation différente est faite avec les écart-types (Lycée Classique : 1.87 et Lycée Sainte Marie : 1.01), traduisant ainsi une homogénéité plus forte chez les filles du Sainte Marie.

L'analyse de ces résultats confirme nos prédictions. Cependant, il est difficile de nous prononcer sur la significativité de la différence constatée entre les deux groupes de filles sans les valeurs du t de Student.

Le t de Student calculé (t_c) est supérieur au t de Student théorique _(tthéo) à

tous les seuils de probabilité usuels (t_c =3.80 _tthéo =2.04 à 30 Ddl et au seuil de

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probabilité .05). On peut donc conclure qu'il existe une différence significative de performance dans les matières scientifiques entre les filles du Lycée Classique et celles du Lycée Sainte Marie. Ces résultats confirment donc notre hypothèse selon laquelle il existe une différence de performance dans les matières scientifiques entre les filles des établissements mixtes et les filles des établissements non mixtes. Cette différence montre que les filles du Lycée Sainte Marie ont une moyenne supérieure dans les matières scientifiques que leurs pairs du Lycée Classique. Ainsi, nous pouvons donc tirer la conclusion que les filles des établissements non mixtes sont plus performantes dans les matières scientifiques que leurs pairs des établissements mixtes.

Pour mieux comprendre les résultats relatifs au lien entre le caractère mixte ou non mixte des établissements et les performances des filles en sciences, nous donnons une interprétation psychologique à nos résultats. Cette démarche nous conduit à relier nos résultats à la théorie évoquée antérieurement.

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VIII- INTERPRETATION DES RESULTATS

Nous avons émis l'hypothèse selon laquelle la moyenne dans les matières scientifiques chez les filles des établissements non mixtes est plus élevée que celle de leurs pairs des établissements mixtes. Les résultats obtenus confirment notre hypothèse en montrant qu'il y a effectivement une relation entre le caractère de l'établissement et la performance des filles dans les disciplines scientifiques. L'explication psychologique de la relation établie par la présente étude peut être recherchée dans les éléments qui composent le milieu scolaire et pédagogique de la jeune fille, notamment les conditions d'apprentissage.

Ainsi, en se référant aux théories cognitives de l'apprentissage, les résultats pourraient s'expliquer par le fait que la performance scolaire est le résultat d'un apprentissage scolaire, et de ce fait, elle est soumise aux lois de cet apprentissage (Kouadio, 2010). Les résultats obtenus seraient liés aux conditions environnementales de l'apprentissage d'une part, et aux capacités individuelles des jeune filles, d'autre part.

En effet, au nombre des conditions environnementales à la réalisation de l'apprentissage, se trouve l'environnement scolaire. L'environnement scolaire est caractérisé dans notre étude, par le caractère mixte ou non mixte de l'établissement fréquenté par la jeune fille. Au regard des différences de caractères d'homogénéité et d'hétérogénéité des sexes que présentent ces deux types d'établissement, nous admettons que ces différences seraient suffisantes pour influencer les performances des filles en sciences. Comment ?

En se référant à la théorie de l'auto-efficacité de Bandura (1986), on peut comprendre comment les éléments qui composent l'environnement scolaire peuvent affecter la croyance des filles en leur propre capacité à réaliser des tâches dans certains domaines, notamment dans ceux des matières scientifiques en induisant une baisse de la motivation chez ces dernières.

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Les filles des établissements mixtes auraient, une motivation plus faible, et donc un sentiment d'auto-efficacité moins élevé dans les matières scientifiques que leurs pairs des écoles exclusives puisque ces matières seraient réservées selon la croyance populaire aux garçons. Les entretiens individuels que nous avons menés auprès des jeunes filles relèvent que des filles de l'établissement mixte appréhendent les matières scientifiques comme appartenant aux garçons et sous évaluent leur compétence dans ce domaine. Ces dernières reconnaissent en effet, que les garçons sont plus doués qu'elles dans ce domaine et considèrent ces matières comme la particularité de la gente masculine. Or, l'élaboration des sentiments de compétence est fortement influencée par les prescriptions sociales, notamment les rôles de sexe, et par les expériences auxquelles le sujet a été ou est confronté (Steinbruckner, 2009). Cette croyance peut être désignée sous le vocable de stéréotypes.

Les stéréotypes correspondent à des traits ou des comportements que l'on attribue à autrui ou à un groupe de façon arbitraire. Les stéréotypes de sexe attachés à certaines séries d'études ou de matières qui suggèrent un moindre niveau de capacités de l'un ou l'autre sexe peuvent amener les personnes de ce sexe à sous-évaluer leurs capacités (Bonnot et Croizet, 2011). Ces stéréotypes seraient donc plus accentués dans les groupes mixtes ; ce qui pourrait expliquer la moindre performance des filles dans les disciplines scientifiques dans les établissements mixtes car cette croyance affecterait leur sentiment d'auto-efficacité dans ce domaine.

Par ailleurs, voir les condisciples de même sexe réussir ou échouer dans les matières scientifiques, au cours des différentes évaluations tout au long de l'année académique renforcerait positivement ou négativement le sentiment d'auto-efficacité d'après l'apprentissage vicariant. Ainsi, dans les établissements mixtes, voir les filles échouer dans les disciplines scientifiques et les garçons y

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réussir renforcerait négativement leur sentiment d'efficacité personnelle dans ce domaine.

Sur la base des discours recueillis au cours des entretiens, on constate également que les filles de l'établissement non mixte auraient un sentiment d'auto-efficacité plus élevé que leurs pairs de l'établissement mixte dans les matières scientifiques. Ces discours montrent que ces dernières attribuent leur compétence dans ce domaine à leurs propres caractéristiques individuelles. Nos résultats s'expliqueraient donc par la théorie de l'auto-efficacité qui met l'accent sur la croyance qu'a le sujet en ses capacités à réaliser une tâche. Cette étude permet d'observer à travers le guide d'entretien, que le sentiment d'efficacité personnelle peut être affecté par le type d'établissement; c'est ce qui expliquerait la différence de performance dans les matières scientifiques entre les filles des deux types d'établissements.

Le champ que nous explorons n'est pas un domaine totalement inexploré. Il serait donc intéressant de confronter les résultats que nous avons obtenus à ceux des recherches antérieures.

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IX- DISCUSSION DES RESULTATS

L'objectif de notre travail est d'examiner les performances des filles dans les disciplines scientifiques selon le type d'établissement. Pour y parvenir, nous avons comparé la moyenne du bilan sciences de trente deux (32) filles issues de deux types d'établissent : mixte et non mixte. Il en est ressorti que les filles des établissements non mixtes ont une meilleure performance dans les matières scientifiques que leurs pairs de même sexe des établissements mixtes. Pour donner une signification psychologique à ces résultats, nous avons utilisé la théorie de l'auto-efficacité de Bandura (1986) qui montre que la perception qu'un individu a de ses capacités à exécuter une activité détermine son mode de penser, son niveau de motivation et son comportement. Autrement dit, la moindre performance observée dans les disciplines scientifiques chez les filles des établissements mixtes, serait attribuée à la baisse de leur sentiment d'efficacité personnelle dans ce domaine lorsqu'elles se trouvent en interaction avec les garçons.

En effet, il a été démontré dans de nombreuses études que les filles ont un sentiment d'efficacité personnelle inférieur à celle de garçons (Steinbruckner, 2009 ; Gwénaëlle et Bressoux, 2010 ; Goudemez, 2012). La plupart des recherches qui ont étudié les croyances d'efficacité selon le sexe se sont intéressées aux domaines mathématique, scientifique ou technologique. Ces études mettent en évidence l'impact des représentations sexuées des tâches et activités sur les croyances d'efficacité et/ou sur les performances objectives (Betz et Hackett, Nimrod et Heine, Junge et Dretzke, Matsui et Tsukamoto cités par Steinbruckner, 2009). Ainsi, les femmes se sentent moins compétentes et obtiennent des performances plus faibles quand elles croient ou qu'on leur fait croire que les tâches ou activités proposées sont sensibles au genre. Cela expliquerait, par exemple, pourquoi on observe que les filles s'estiment souvent moins efficaces que les garçons dans les matières scientifiques. Les garçons

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seraient donc beaucoup plus compétitifs que les filles ; ce qui pourrait expliquer qu'elles aient du mal à s'adapter aux conditions de travail quand elles se retrouvent en interaction avec ces derniers dans une même classe.

En outre, les entretiens individuels ont révélé que les filles ont leur sentiment d'auto-efficacité qui augmenterait lorsqu'elles se retrouvent entre elles dans les établissements non mixtes. Ce sentiment augmente puisqu'elles entrent en compétition avec des condisciples de même sexe et donc de « compétences égales ». Quand les filles sont entre elles, elles font donc le choix de se comparer aux autres filles.

Dans le même ordre d'idées, dans une recherche effectuée sur 215 élèves de la classe de Terminales littéraire et scientifique, Steinbruckner (2009) montre l'effet du sexe et d'une interaction entre les filles et les garçons, sur le sentiment d'efficacité personnelle dans les activités considérées comme souhaitées par les garçons. Les comparaisons des groupes deux à deux, montrent des différences significatives uniquement pour les activités considérées comme sexuées, ainsi les garçons se sentent plus compétents que les filles pour les activités considérées comme souhaitées par les garçons. Ce résultat est en partie, cohérent avec la littérature qui constate que les individus développent plus facilement des sentiments d'efficacité personnelle dans des tâches qui sont conformes à leurs rôles de sexe.

Par conséquent, notre méthodologie bien que ne disposant pas des mêmes échantillons que ceux des travaux antérieurs, a confirmé les résultats de ces travaux. Ce qui prouverait la fiabilité de nos instruments.

Par ailleurs, parmi les travaux que nous avons présentés, ceux de Vezeau et al. (2000) se rapprochent plus de notre étude du fait qu'ils ont travaillé sur les performances des filles en sciences en rapport avec le type d'établissement. Cependant, contrairement à notre étude qui a utilisé les moyennes générales

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annuelles en sciences comme mesure de la performance scolaire dans ces disciplines, Vezeau et al. (op.cit) ont utilisé des tests d'aptitudes en mathématiques comme instruments de mesure de la performance sur un échantillon de 1084 sujets.

Par ailleurs, nous notons que notre étude a une portée limitée. Elle s'est seulement intéressée à des sujets de 17 et 18 ans issus de la couche sociale favorisée, fréquentant des établissements publics d'excellences. Nos travaux ont également porté uniquement sur les moyennes d'une année scolaire (20122013) ; nous avons donc mené une étude transversale.

Les insuffisances de notre travail se situent également, au niveau des entretiens. En effet, les entretiens ont été réalisés seulement avec les filles. Il n'y a pas eu d'entretiens individuels avec les enseignants. Ces entretiens auraient permis de voir comment ces derniers se comportent avec leurs élèves dans les matières qu'ils dispensent. Aussi, nous n'avons pas administré de test pour mesurer le niveau du sentiment d'efficacité personnelle chez les filles des deux types d'établissement.

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CONCLUSION

La présente étude compare les performances des filles dans les matières scientifiques en fonction du caractère mixte ou non de l'établissement fréquenté.

Des considérations théoriques nous ont conduits à émettre l'hypothèse selon laquelle il existerait une relation entre ces deux variables. Les résultats ont montré que les filles qui fréquentent l'établissement non mixte ont une moyenne supérieure en sciences comparativement à leurs homologues fréquentant l'établissement mixte.

Ainsi, à notre époque où l'on parle de plus en plus d'égalité de chance de réussite entre les sexes, il serait intéressant que les professionnels de l'éducation, les psychologues et les décideurs prennent en compte la variable « type d'établissement » afin de permettre aux filles d'exprimer leurs potentialités intellectuelles dans le domaine des sciences.

Par ailleurs, dans les perspectives d'application de notre travail, nous recommandons la promotion des établissements non mixtes afin de relever le niveau des filles dans les matières scientifiques.

En outre, dans les établissements non mixtes, nous préconisons aux corps enseignants d'améliorer le sentiment d'efficacité personnelle des filles dans les disciplines scientifiques, en les encourageant et en les incitant à plus s'adonner à ce domaine.

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