REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE Union -
Discipline - Travail Ministère d'Etat, Ministère du
Plan et du Développement
Ecole Nationale Supérieure de Statistique et
d'Economie Appliquée
MEMOIRE D'ETUDE DE CAS
THEME
RELIGION ET PRATIQUE DE L'EXCISION EN
COTE D'IVOIRE
Rédigé par :
DOUALA Roméo
NGUEMO NGUEABOU Joel
Elèves Ingénieurs Statisticiens
Sous la direction de :
Monsieur SIKA Lazare
Enseignant-Chercheur à l'ENSEA
Mai 2012
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Décharge
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 1
«L'ENSEA N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION, NI
IMPROBATION AUX OPINIONS ÉMISES DANS CE MÉMOIRE, ELLES DOIVENT
ÊTRE CONSIDÉRÉES COMME PROPRES A LEURS AUTEURS»
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Dédicace
A TOUTES LES FILLES DE PAR LE MONDE QUI SONT VICTIMES DE
MUTILATIONS GÉNITALES
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 2
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
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Table des matières
Décharge 1
Dédicace 2
Avant-propos 5
Remerciements 7
Liste des sigles et abréviations 8
Résumé / Abstract 11
0 Introduction générale 12
0.1 Contexte et justification du thème 12
0.2 Intérêt du sujet 13
0.3 Méthodologie 14
0.4 Les hypothèses de recherche 14
0.5 Plan du document 14
I CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL
(GÉNÉRALI-
TÉS) 16
1 Notions de religion et excision 17
1.1 Notion d'excision 18
1.2 Notion de religion 19
1.3 Causes et conséquences de la pratique de l'excsion
19
2 Revue de littérature 22
2.1 Christiannisme et excision 25
2.2 Islam et excision 26
3 Données et sources de données
29
3.1 Présentation des données d'Abidjan 30
3.1.1 Taille d'échantillon et procédures
d'échantillonnage 30
3.1.2 Collecte des données 30
3.1.3 Traitements, exploitation des données et
méthodes d'analyse . . . 30
3.2 Présentation des données de l'enquête
d'intérieur 31
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 4
3.2.1 Zone d'enquête 31
3.2.2 Stratification et domaines d'étude 31
3.2.3 Mode de tirage de l'échantillon 31
3.2.4 Base de sondage des unités primaires 32
3.2.5 Documents de collecte 32
3.2.6 Dénombrement des ménages 32
3.2.7 Saisie et traitement des données 33
3.2.8 Analyse des données 33
3.3 Traitements relatifs aux bases de données 34
II CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET EMPIRIQUE
36
4 Analyse descriptive et premiers résultats
37
4.1 Caractéristiques de la population des individus
enquêtés 37
4.1.1 Caractéristiques de la population des femmes
excisées 37
4.1.2 Caractéristiques de la population des femmes non
excisées 38
4.1.3 Caractéristiques de la population des individus
ayant l'intention
d'exciser leurs filles 39 4.1.4 Caractéristiques de
la population des individus n'ayant pas l'inten-
tion d'exciser leur fille 39
4.2 Résumé des principales caractéristiques
des populations étudiées 40
4.3 Présentation des résultats de tests
d'indépendance effectués 41
5 Analyse multivariée : analyse des
correspondances multiples et classifi-
cation 43
5.1 Choix de l'analyse 43
5.1.1 Présentation des variables 43
5.1.2 Choix et interprétation des axes factoriels 44
5.2 Classification 44
5.2.1 Classe 1 44
5.2.2 Classe 2 45
5.2.3 Classe 3 45
5.2.4 Classe 4 45
5.3 Recherche des causes évoquées par les
pratiquants de l'excision 45
Conclusion 50
Présentation des résultats de l'étude
50
Limites de l'étude 51
Recommandations 51
Références bibliographiques 53
Annexes 54
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 5
Avant-propos
L'école nationale supérieure de statistique et
d'économie Appliquée (ENSEA) est une école publique qui a
pour vocation la formation en deux ans de cadres qui reçoivent un
enseignement et acquièrent la pratique des techniques leur permettant de
diriger l'exécution des travaux statistiques, de participer à la
conception des enquêtes et de collaborer à la préparation
des programmes économiques. Elle prépare au diplôme
d'Ingénieur des Travaux Statistiques qui sanctionne un cycle
d'enseignement orienté vers les techniques appliquées de la
statistique et de l'économie, sans négliger pour autant
l'acquisition de solides bases théoriques.
La 16ieme promotion des
Ingénieurs des Travaux Statistiques a commencé sa formation le 26
septembre 2010, formation qui suit son cours à la date de production de
ce document. L'objectif de ce travail académique est d'initier les
étudiants aux travaux de recherche scientifique et surtout les
préparer à la rédaction de leur mémoire de fin de
formation qui se fera à l'issue d'un stage d'apprentissage d'une
durée de 3 mois.
La rédaction de ce document s'est faite sous la
supervision d'un Directeur de Recherche qui nous a suivi tout au long de
l'évolution de notre étude dont le thème est
«religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire».
L'étude s'est faite sur la base de l'enquête VBG 20071
dont la première phase s'est déroulée à
Abidjan suivi de la seconde phase à l'intérieur du pays dans 8
départements 2.
Le but de ce rapport est triple. D'abord, comme dit plus haut,
il permet de familiariser l'étudiant à la recherche scientifique
ainsi qu'à la préparation de la rédaction de son
mémoire. Ensuite, il est un cadre pratique d'application des
connaissances acquises par l'ITS3 tout au long de ses deux
années de formation. Enfin, le thème de recherche confié
à l'étudiant répondant à une préoccupation
de la vie de tous les jours que ce soit sur la plan social, économique
ou alors démographique le document produit peut aussi servir
d'éclairage à la prise de décision au niveau du politique
afin d'améliorer le bien-être de la population. Par ailleurs, les
générations à venir pourront aussi s'inspirer de la
méthodologie, des résultats et des conclusions formulés
dans ce document dans le cadre de leur propre recherche.
Si vous tenez ce document entre les mains cela signifie que
vous êtes probablement intéressé par la thématique
de l'excision. Tout en espérant que ce document contribuera à
1. Violences basées sur le genre
2. Bouaké, Daloa, Danané, Duékoué,
Guiglo, Korhogo, Man et Yamoussoukro
3. Ingénieur des Travaux Statistiques
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 6
répondre à un certain nombre de
préoccupations qui sont vôtre nous vous souhaitons une
agréable lecture.
Les auteurs
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 7
Remerciements
En Afrique, un vieux dicton affirme «une seule main ne
peut attacher convenablement un paquet». Ce dicton est d'autant plus vrai
dans la mesure où ce document que vous tenez entre les mains, fruit de
plusieurs mois de recherche peut être considéré comme ledit
paquet. En effet, la rédaction de ce document aurait été
difficilement concevable sans les conseils et l'assistance directe ou indirecte
de nombreuses personnes
Ainsi, nous tenons à exprimer notre gratitude à
l'égard de notre Directeur de Recherche Monsieur SIKA Lazare dont les
précieux conseils, l'assistance et le suivi nous ont permis d'arriver au
bout de ce challenge. Il a bien voulu nous consacrer de son temps malgré
son agenda extrêmement rempli.
Nous remercions également notre Directeur des
études Monsieur KOUAKOU N'Goran Jean Arnaud qui nous a inculqué
la valeur travail tout au long de notre formation.
Nous remercions le Directeur de l'ENSEA Monsieur KOFFI
N'Guessan qui nous a enseigné un nouvel esprit, celui du
développement de l'Afrique que nous croyons pouvoir sauver des maux qui
minent sont développement.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
tout le personnel enseignant et administratif de l'ENSEA qui ne cessent
d'oeuvrer afin que celle-ci soit un «Centre d'excellence en Afrique de
l'Ouest».
Qu'il nous soit permis de remercier ici nos camarades de
classe ITS 2 avec qui nous avons traversé ces deux années pas les
plus faciles mais d'autant plus passionnantes qu'elles nous ont permis
d'échanger tant sur le plan culturel qu'académique. Nous
remercions également les camarades qui ont bien voulu relire ce document
et faire des remarques afin que nous puissions l'améliorer au
quotidien.
Que tous trouvent ici l'expression de toute notre gratitude
à leur égard.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Liste des sigles et abréviations
ACM : Analyse des correspondances multiples
CAH : Classification ascendante
hiérarchique
CDE : Convention sur les droits de l'enfant
CEDEF : Convention sur l'élimination de
toutes les formes de discrimination
à l'égard des femmes
CEDIF : Comité élargi de
défense des individus et des familles
DR : District de recensement
E/MGF : Excision / Mutilations génitales
féminines
ECOSOC : Conseil économiques et social
des Nations Unies
EDS: Enquête démographique et
santé
EIS : Enquête sur les indicateurs du
SIDA
ENSEA : École Nationale Supérieure
de Statistique et d'Économie Appliquée
INS : Institut national de la statistique
ITS : Ingénieur des Travaux
Statistiques
ITS 2 : Ingénieur des Travaux
Statistiques deuxième année
MGF : Mutilations génitales
féminines
MICS : Enquête à indicateurs
multiples
OMS : Organisation mondiale de la
santé
ONG : Organisation non gouvernementale
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
développement
RCA: République CentrAfricaine
RDC : République Démocratique du
Congo
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitation
SIDA: Syndrome d'immunodéficience
acquise
SPAD : Système portable pour l'analyse
des données
SPSS : Statistical package for social science
UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la
population
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'enfance
UNIFEM 4 : Fonds des Nations Unies pour la femme
VBG : Violences basées sur le genre
VIH : Virus d'immunodéficience humaine
WHO : World health organization
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 8
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 9
Table des figures
4.1 Répartition en pourcentage des femmes excisées
selon l'appartenance à un
groupe ethnique (Source : Enquête VBG 2007, Côte
d'Ivoire) 38 4.2 Répartition en pourcentage des femmes
excisées selon l'appartenance à un
groupe religion (Source : Enquête VBG 2007, Côte
d'Ivoire) 38 4.3 Répartition en pourcentage des femmes non
excisées selon l'appartenance à
un groupe religieux (Source : Enquête VBG 2007, Côte
d'Ivoire) 39 4.4 Répartition en pourcentage des femmes non
excisées selon le groupe ethnique
(Source : Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
39 4.5 Répartition en pourcentage des individus ayant l'intention
d'exciser leurs
filles selon la religion (Source : Enquête VBG 2007,
Côte d'Ivoire) 39
4.6 Répartition en pourcentage des individus ayant
l'intention d'exciser leurs
filles selon le groupe ethnique (Source : Enquête VBG 2007,
Côte d'Ivoire) 39
4.7 Répartition en pourcentage de la population des
individus n'ayant pas l'intention d'exciser leurs filles selon la religion
(Source : Enquête VBG
2007, Côte d'Ivoire) 40 4.8 Répartition en
pourcentage de la population des individus n'ayant pas l'intention d'exciser
leurs filles selon le groupe ethnique (Source : Enquête
VBG 2007, Côte d'Ivoire) 40 4.9 Résumé
des principales caractéristiques de la population des femmes
excisées, non excisées et des individus ayant l'intention
d'exciser ou non leurs filles (Source : Enquête VBG 2007, Côte
d'Ivoire (nos estimations d'après la base
de données)) 41 4.10 Présentation des
résultats de p-value des tests d'indépendance effectués
entre les variables X et Y (Source : Enquête VBG 2007, nos calculs
sous
Stata) 42 4.11 Répartition des femmes selon leur
statut d'excision ainsi que celui de leurs
filles (Source : Enquête VBG 2007) 42 4.12
Répartition des femmes selon leur statut d'excision et selon l'intention
de
faire exciser leurs filles (Source : Enquête VBG 2007)
42
5.1 Proportion des individus justifiant la pratique de l'excision
comme nécessité
religieuse ou non (Source : Enquête VBG 2007) 46 5.2
Proportion des individus justifiant la pratique de l'excision comme bonne
tradition ou non (Source : Enquête VBG 2007) 46 5.3
Répartition en pourcentage des individus selon le groupe ethnique et du
motif évoqué pour justifier la pratique de l'excision (Source :
Enquête VBG
2007) 46
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 10
5.4 Répartition en pourcentage des individus selon le
groupe ethnique et du
motif évoqué pour justifier la pratique de
l'excision (Source : Enquête VBG
2007) 46 5.5 Répartition des individus pratiquant
l'excision selon la religion ainsi que la
raison évoquée (Source : Enquête VBG 2007,
Côte d'Ivoire) 48
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
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11
Résumé / Abstract
L'excision est une pratique qui remonte depuis l'Egypte
antique et qui n'a cessé de se perpétuer au fil des ans. Les
raisons évoquées pour justifier ce phénomène sont
nombreuses comme le soulignent les auteurs qui ont travaillé sur la
question5. Depuis le motif de préservation de la vie de
couple en gardant la femme vierge jusqu'au mariage à la
nécessité religieuse en passant par les coutumes et traditions
les raisons ne manquent pas. Cette étude dont le thème porte sur
la religion et la pratique de l'excision en Côte d'Ivoire, nous a permis
de mettre en évidence deux facteurs déterminants dans le cadre de
la pratique de l'excision en Côte d'Ivoire. Il s'agit bien entendu de la
religion et du groupe ethnique. Ces deux facteurs étant aussi fortement
corrélés. La religion musulmane est apparue comme celle où
la proportion des femmes excisées est la plus élevée ce
qui n'est pas le cas chez les chrétiens et animistes. Les Mande du Nord
apparaissent comme le groupe ethnique où l'excision des filles est
très fréquente. Ce peuple est par ailleurs, très favorable
à la perpétuation de l'excision. A l'opposé, les Akan qui
sont un peuple à majorité chrétienne (catholique et
protestant) sont moins enclins à exciser leurs filles et
présentent une faible prévalence de l'excision.
Female circumcision is a practice dating from ancient Egypt
and who has continued to be perpetuated over the years. The reasons given to
justify this are many, as the authors point out that worked on the issue. Since
the motive of preserving life by keeping the torque virgin until marriage to
religious necessity through the customs and traditions the reasons are not
lacking. This study focuses on the theme of religion and the practice of female
circumcision in Ivory Coast, has allowed us to highlight two key factors in the
practice of female circumcision in Côte d'Ivoire. This is of course
religion and ethnicity. These two factors are also highly correlated. The
Muslim religion has emerged as one where the proportion of circumcised women is
the highest which is not the case among Christians and animists. The Northern
Mande ethnic group appears as where female circumcision is very common. This
people are also very favorable to the perpetuation of female circumcision. In
contrast, the Akan people who are predominantly Christian (Catholic and
Protestant) are less likely to circumcise their daughters and have a low
prevalence of female circumcision.
5. Voir chapitre 2, revue de littératuure
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012
12
Chapitre 0 : Introduction générale
0.1 Contexte et justification du thème
Les violences basées sur le genre font partie des
formes les plus graves d'atteinte aux droits de l'Homme car elles sont
dirigées vers des individus en raison de leur appartenance à un
groupe spécifique, particulièrement à un genre
donné (homme ou femme). Elles font l'objet des enquêtes VBG
(violences basées sur le genre) notamment l'enquête VBG 2007 sur
laquelle se basera notre étude. L'expression « violences
basées sur le genre » englobe bon nombre de pratiques
dégradantes qui vont des violences physiques aux mutilations
génitales féminines (MGF) en passant par toutes les autres formes
de violences psychologiques, verbales et économiques. Comme le souligne
bien l'UNICEF dans son rapport « Violences faites aux femmes en Afrique de
l'ouest et du centre », les exemples de violences physiques, la forme la
plus répandue, atteste de l'universalité du
phénomène. Que ce soit au Canada, aux Pays-Bas, au Sri Lanka, en
Zambie, en Tanzanie, au Ghana ou en République démocratique du
Congo, l'ampleur de ces violences justifie qu'on lui accorde un
intérêt particulier. Plus de 130 millions de filles et femmes
auraient subi des MGF en 2005 dont une majorité en Afrique6 .
En ce qui concerne la Côte d'Ivoire 45% des femmes ont subi une forme de
MGF 7.
Les MGF, elles englobent différentes pratiques
traditionnelles qui entraînent l'ablation totale ou partielle d'organes
génitaux féminins. L'excision qui est parfois utilisée
sous le vocable MGF, est une pratique assez répandue à travers le
monde particulièrement en Afrique où elle est la cause
d'énormes ravages qui vont des simples traumatismes à des
problèmes de santé notamment des problèmes de
fécondité et de complication d'accouchement. C'est ainsi que le 2
juin 2006 à Genève, l'OMS montre en citant que «les femmes
ayant subi une mutilation génitale féminine ont sensiblement plus
de risques d'éprouver des difficultés lors de l'accouchement et
que leurs bébés sont davantage exposés au risque de
mourir. Parmi les complications graves de l'accouchement figurent notamment les
risques de césarienne, de forte hémorragie après la
naissance et d'hospitalisation prolongée. L'étude en question a
montré que la gravité des complications augmentait avec
l'étendue et la sévérité de la mutilation».
Par ailleurs, les femmes qui souffrent suite à la pratique de l'excision
parfois ne savent pas que c'est celle-ci qui est la cause de leur souffrance.
Ceci justifie l'intérêt particulier que revêt la lutte
contre les MGF dans les pays où elles sont encore pratiquées. Sur
le plan international, malgré les nombreuses conventions
protégeant la jeune fille et
6. UNICEF 2005
7. UNICEF, EDS 1994, 1998/1999
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 13
la femme de ces pratiques pour le moins dégradantes,
force est de constater que l'on est encore loin de son éradication
complète. Parmi ces conventions, on peut citer :
- La convention sur les droits de l'enfant (CDE)
- La convention sur l'élimination de toutes les formes de
discriminations envers les
femmes (CEDEF)
- La charte africaine sur les droits et le bien-être de
l'enfant
- La charte africaine sur les droits humains et ceux des
populations
- Le protocole additionnel sur les droits des femmes (protocole
de Maputo)
- La convention européenne des droits humains
En ce qui concerne l'Afrique, 28 pays sont
concernés8 avec des taux variant de 5% à 98% :
Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d'Ivoire, Djibouti,
Égypte, Érythrée, Éthiopie, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Liberia, Mali, Mauritanie, Niger,
Nigeria, Ouganda, Sénégal, Sierra Léone, Somalie, Soudan,
Tanzanie, Tchad, Togo, RCA et RDC. Malgré sa pratique assez
répandue, l'excision est dans certains pays punie par la
législation notamment en Côte d'Ivoire où la loi
N°98/757 du 23 décembre 1998 interdit sa pratique. Les
contrevenants s'exposent à une peine privative de liberté allant
de 1 à 20 ans et d'une amende de 360 000 à 2 000 000 FCFA.
0.2 Intérêt du sujet
Parmi les déterminants les plus cités de la
pratique de l'excision, on note l'appartenance à un groupe religieux
donné (que nous désignerons dans toute la suite de ce document
par « religion »). En Côte d'Ivoire, l'enquête MICS 2006
conduite par l'UNICEF estime à 36% le nombre de femmes excisées
dans le pays avec 34% en milieu urbain et 38% en milieu rural. Cette pratique
est bien plus fréquente dans la population musulmane avec un taux de 86%
que dans la communauté chrétienne où elle n'est que de
16%. Une autre étude menée par l'UNFPA en collaboration avec
l'ENSEA dont les résultats sont publiés dans le rapport
intitulé « Crise et violences basées sur le genre en
Côte d'Ivoire : résultats des études et principaux
défis - Octobre 2008 » disponible en téléchargement
sur internet, renchérit : « La pratique de l'excision varie
considérablement selon l'appartenance religieuse. Les MGF sont dans
l'ensemble plus fréquents chez les animistes (74%) et les musulmanes
(66%) que chez les catholiques (40%) ou les protestantes (32%). Les femmes des
autres religions viennent en dernière position (30%). Ce constat
d'ensemble se vérifie également selon le milieu de
résidence9 ». Ces deux études à l'instar
de bien d'autres qui ont été menées, mettent en
évidence à priori l'existence d'une corrélation entre la
religion et la pratique de l'excision notamment en ce qui concerne la
Côte d'Ivoire.
Cependant, est-il judicieux de considérer
l'appartenance à un groupe religieux donné comme facteur
explicatif de la pratique de l'excision? De plus, l'existence d'une telle
relation est-elle objective ou alors revêt-elle plutôt un
caractère fortuit? Le cas échéant, si
8. Amnesty International, 2005
9. Crise et violences basées sur le genre en
Côte d'Ivoire : résultats des études et principaux
défis - Octobre 2008, page 61
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 14
l'on ne peut pas considérer la religion comme facteur
explicatif de la pratique de l'excision, quel(s) est(sont) alors le(s)
déterminant(s) réel(s) de ce phénomène qui date
depuis la nuit des temps?
Afin d'apporter des éléments de réponse
à ce questionnement, nous nous devons d'adopter une démarche
scientifique.
0.3 Méthodologie
Pour répondre à ce questionnement, nous
adopterons la méthode de travail suivante. Premièrement, nous
présenterons les résultats des différentes études
et travaux qui ont été faits sur le sujet afin de se situer dans
la continuité de ceux-ci. Cette étape consiste à
répertorier et relever plus ou moins ce qui s'est dit et ce qui s'est
fait en rapport avec le sujet. Ensuite, vu que notre étude se base sur
l'enquête VBG 2007, nous allons sur la base de ces données
présenter dans un premier temps les caractéristiques
générales de la population enquêtée ensuite nous
nous intéresseront à la population des femmes excisées.
Nous préciserons ses caractéristiques notamment celles en rapport
avec le thème. Il s'agira plus précisément d'effectuer une
classification à la suite d'une ACM. Par ailleurs, les outils
utilisés seront essentiellement descriptifs.
0.4 Les hypothèses de recherche
A la fin de notre étude, nous devons être en
mesure dire si objectivement la religion est un déterminant de la
pratique de l'excision sur la base des données de l'enquête VBG
2007. Ce qui nous amène à formuler notre hypothèse de
recherche.
Hypothèse principale : L'appartenance
à un groupe religieux donné détermine l'ampleur de la
pratique de l'excision en Côte d'Ivoire.
Hypothèse secondaire : Les
données issues de l'enquête VBG 2007 ne souffrent d'aucun biais et
par conséquent reflètent bien le phénomène
étudié.
Ainsi, il s'agira pour nous tout au long de notre
étude, d'affirmer ou d'infirmer ces hypothèses sur lesquelles est
basé notre travail de recherche.
0.5 Plan du document
Le présent document est constitué de 6 chapitres
regroupés en 2 parties comportant chacune 3 chapitres. Une
ébauche des thèmes traités dans chacun des chapitres est
présentée ci-après.
Dans le chapitre premier, il sera question de présenter
les concepts tels que l'excision,
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
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ITS 2012 15
la religion, les MGF ainsi que ceux qui leur sont liés
tout en mettant en évidence leur évolution au fil du temps.
L'objectif visé étant de permettre au lecteur de maîtriser
les concepts utilisés dans ce document et leur définition car
celle-ci peut varier d'un auteur à un autre et affecter ainsi les
résultats de l'étude.
Puisque nous ne sommes pas les premiers à nous pencher
sur la question de l'excision et le lien avec la religion, nous
présenterons dans le chapitre 2 la vision des auteurs qui nous ont
précédés. Il s'agira en clair de présenter les
principales conclusions des études menées antérieurement
sur le sujet.
Comme mentionné plus haut, notre étude a pour
circonscription l'enquête VBG 2007 menée en Côte d'Ivoire et
qui a eu deux phases. Une « première phase » qui s'est
déroulée à Abidjan et une « seconde phase » qui
s'est déroulée à l'intérieur du pays. Ainsi, nous
présenterons dans le chapitre 3, les informations relatives aux
données issues de ces deux enquêtes ainsi que les méthodes
de collecte, de traitement et d'apurement de ces derniers. Enfin nous
présenterons les traitements que nous avons effectués sur la base
de données afin de la rendre opérationnelle pour notre
étude.
Dans le chapitre 4, notre étude sera essentiellement
descriptive. Dans ce sens, nous utiliserons les outils de la statistique
descriptive uni-variée et bi-variée afin de présenter
quelques caractéristiques principales de notre population ainsi que
celles de nos unités d'analyse (femmes excisées).
Dans le chapitre 5, nous utiliserons cette fois les outils de
l'analyse multivariée en nous aidant du logiciel SPAD. Il s'agira pour
nous de faire une ACM suivie s'une CAH10 afin de regrouper les
individus selon des groupes homogènes sur la base des données
collectées.
Enfin nous passerons en revue les résultats de notre
étude, les limites ainsi que quelques recommandations.
10. Classification ascendante hiérarchique
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
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Première partie
CADRE THÉORIQUE ET
CONCEPTUEL (GÉNÉRALITÉS)
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
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17
Chapitre 1
Notions de religion et excision
Comme dit plus haut dans l'introduction, l'excision est un
véritable fléau social dans le monde particulièrement dans
les pays d'Afrique. Elle préoccupe bien les Organisations
Internationales (UNFPA, UNICEF, OMS, ONG) qui ont défini bon nombre de
concepts qui lui sont liés. Afin de s'assurer de mesurer le même
phénomène, une définition des différents concepts
et expressions liés à l'excision sera faite dans ce chapitre
premier. Ces définitions proviennent essentiellement de sources
qu'à chaque fois nous préciserons.
Avant de commencer, il importe de préciser quelques
notions sur le vocabulaire employé dans ce document. Il est à
noter que bon nombre de documents que nous avons exploité dans le cadre
de cette étude, emploient beaucoup plus l'expression « mutilations
génitales féminines » (MGF) à la place d'excision.
Cette expression bien que largement employée car faisant « plus
révélateur », peut se percevoir comme étant d'un
champ plus vaste que celui de l'excision. Cependant, il n'en est rien. La
définition des MGF adoptée par l'UNICEF1 cadre avec
celle que nous donnons au terme excision qui est la suivante: « L'ablation
totale ou partielle des organes génitaux externes ou toute autre
atteinte aux organes génitaux féminins pour des raisons
culturelles ou pour d'autres raisons d'ordre non thérapeutique ».
Ainsi défini, nous utiliserons aussi l'expression MGF pour
désigner l'excision à la suite de ce document. Par ailleurs,
l'utilisation de l'expression MGF a l'avantage de ressortir le fait que
l'excision est une pratique essentiellement dirigée vers la femme et la
jeune fille même car on peut être tenté d'inclure la
circoncision masculine dans la panier de l'excision. La définition de
l'excision donnée par l'UNICEF plus haut nous aide à faire cette
distinction. En effet, cette définition précise que
l'opération doit être justifiée par toutes raisons autres
que thérapeutiques alors que la circoncision masculine est
généralement pratiquée pour des nécessités
thérapeutiques par des médecins dès la naissance ou
parfois à des âges un peu avancés de l'enfant dans les
cliniques et hôpitaux modernes. Un facteur à risque souvent
relevé dans la pratique de l'excision est l'usage d'instruments non
stérilisés, artisanaux et rudimentaires.
Par ailleurs, la terminologie liée à l'excision
a connu d'importantes évolutions. Lorsque la pratique commença
à s'étendre au-delà des frontières des
sociétés auxquelles elles y avaient initialement cours, elle
était connue sous la dénomination « circoncision
féminine
1. WHO, UNICEF and UNFPA (1997), Female Genital Mutilation: A
joint statement, World Health Organization, Geneva, pp. 1-2
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 18
» 2 ce qui laisse transparaître un parallèle
avec la circoncision masculine. Dans le cas de la jeune fille et des femmes, le
phénomène illustre une inégalité de genre aux
racines profondes qui assigne à la femme une position inférieure
dans la société, de même qu'il entraîne de graves
conséquences physiques et sociales 3. Ce qui n'est pas le cas
chez les hommes où la circoncision est pratiquée pour des raisons
thérapeutiques notamment pour aider à prévenir la
transmission du VIH/SIDA L.
1.1 Notion d'excision
L'OMS en collaboration avec l'UNFPA et l'UNIFEM projette de
revoir la typologie des E/MGF qui fait ressortir cinq (05) formes d'excision.
Cependant, la typologie la plus utilisée est constituée de 3
grands groupes répartis en fonction de la gravité du
phénomène. Comme précisé plus haut, l'excision est
aussi bien pratiquée chez la jeune fille que chez la femme adulte.
Cependant, c'est le plus souvent à l'âge de l'enfance (4 - 12 ans)
que la pratique est la plus fréquente.
D'après le document d'information sur l'excision pour
pères et mères5, en règle
générale, le clitoris est éliminé partiellement ou
totalement. Souvent les petites lèvres sont aussi enlevées. Du
point de vue médical, ces formes peuvent être comparées
à une élimination totale ou partielle du pénis, pour un
garçon. Parfois, en plus du clitoris et des petites lèvres, les
grandes lèvres sont amputées également. La peau restante
est ensuite cousue de manière à ne laisser qu'une minuscule
ouverture, permettant juste à l'urine et aux menstruations de
s'écouler. Pour toutes les formes citées, la cicatrisation des
tissus peut rendre l'ouverture du vagin si petite qu'il est nécessaire
de rouvrir la cicatrice, lors de relations sexuelles et de la naissance d'un
enfant.
En 2007, l'OMS a classé les différentes formes de
MGF en quatre (04) catégories :
- Le type 1 ou clitoridectomie qui consiste
en l'ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce;
- Le type 2 ou excision qui consiste en
l'ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec
ou sans excision des grandes lèvres;
- Le type 3 ou infibulation : c'est le
rétrécissement de l'orifice vaginal par la création d'une
fermeture réalisée en coupant et en repositionnant les
lèvres intérieures et parfois extérieures, avec ou sans
ablation du clitoris;
- Le type 4 ou non classé : rentre
dans cette catégorie toute autre procédure néfaste au
niveau des organes génitaux de la femme à des fins non
médicales, par exemple,
2. UNICEF, http ://
www.unicef-irc.org/publications/pdf/fgm_fr.pdf
3. Yoder, P. Stanley, Noureddine Abderrahim et Arlinda
Zhuzhuni, Female Genital Cutting in the Demographic and Health Surveys : A
Critical and Comparative Analysis, DHS Comparative Reports N° 7, septembre
2004, ORC Macro
4. Reynolds SJ, Sheperd ME, Risbud AR, Gangakhedkar RR,
Brookmeyer RS, Divekar AD, Mehendale SM, Bollinger RC (2004) «Male
circumcision and risk of HIV-1 and other sexually transmitted infections in
India», The Lancet, 27 mars 2004
5. http ://
www.terre-des-femmes.ch/files/FGM_PraeBroschuere_franzoesisch.pdf
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 19
piquer, percer, inciser, racler et cautériser les organes
génitaux.
Au vue de cette classification de l'OMS, il ressort que le
terme excision est employé pour désigner un type bien
précis de MGF en occurrence le type 2. Cependant dans toute la suite de
ce document, nous utiliserons le vocable « excision » pour
désigner toutes les autres types de MGF (type 1, type 2, type 3 et type
4). Ces types d'excision sont classés selon leur degré de
gravité et de conséquence sur la santé de la jeune fille
et de la femme. Par ailleurs, seuls les types 1 et 2 sont assez répandus
dans nos pays.
1.2 Notion de religion
Cicéron (consul romain, 63 av. J-C) définit la
religion comme « le fait de s'occuper d'une nature supérieure que
l'on appelle divine et de lui rendre un culte ». Dans le cadre de notre
étude, nous définissons la religion comme étant le fait
d'appartenir à un groupe qui vénère une divinité et
dont les comportements et croyances sont influencés par celui-ci. Lors
de l'enquête VBG qui a été réalisée en 2007,
la question qui a été posée aux individus
rencontrés sur le terrain afin de cerner l'appartenance à un
groupe religieux donné a été la suivante : « Quelle
religion pratiquez-vous? ». Les principales religions qui ont
été retenues sont : catholique, protestant, musulmane,
animiste/traditionnelle. Par ailleurs, non seulement il est important de
connaître l'appartenance d'un individu à une religion
donnée, mais aussi si celle-ci influence sa vie, son comportement, son
mode de pensée et bien d'autres aspects de sa vie privée et
sociale. C'est à cette fin qu'une autre question est posée
à la suite de la première et consiste à savoir quelle est
l'importance de la religion pour l'enquêté. Si ce dernier
répond que la religion n'a aucune importance à ces yeux, alors on
conclut que l'appartenance à un groupe religieux n'a pas d'influence sur
les comportements et attitudes de l'individu notamment en ce qui concerne la
pratique de l'excision.
Par ailleurs, les religions catholique, protestante, musulmane
et animiste sont essentiellement monothéistes c'est-à-dire
qu'elles vénèrent un seul Dieu. Ce qui les distingue notamment
c'est le lieu de culte ainsi que l'origine des textes sacrés. Chez les
catholiques comme chez les protestants, le culte se déroule à
l'église ou dans les temples et les textes sacrés proviennent de
la bible tandis que chez les musulmans c'est plutôt dans une
mosquée que le culte a lieu et la religion est fondée sur le
coran. Par contre, les animistes n'ont pas de lieu de culte fixe; ils offrent
des sacrifices aux disparus (qu'ils croient avoir le pouvoir de
réincarnation) dans des endroits considérés comme
sacrés.
1.3 Causes et conséquences de la pratique de
l'exc-sion
Les raisons les plus généralement
évoquées pour justifier la pratique de l'excision sont de
plusieurs ordres. Selon Amnesty International dans un rapport publié en
décembre 2005, les différentes raisons évoquées
sont les suivantes :
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
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ITS 2012 20
- Les raisons psycho-sexuelles : il s'agit ici d'abord de
réduire la sensibilité sexuelle du clitoris afin
d'atténuer le désir chez la femme pour contrôler sa
sexualité dans le but de garantir la virginité avant le mariage
et la fidélité pendant le mariage. Ensuite de garantir le mariage
car les hommes préfèrent les femmes excisées et enfin,
d'accroître le plaisir sexuel masculin.
- Les raisons d'ordre culturel : les défenseurs de
l'excision avancent comme autre argument pour défendre la pratique le
fait que la tradition ne doit pas être remise en question. A
côté de cela, on note aussi que l'excision est un rite
d'initiation de la fillette à la condition de femme et à
l'intégration sociale.
- Les raisons d'ordre religieux : malgré le fait
qu'aucune religion (sauf interprétation
erronée des livres sacrés) ne prescrit
formellement la pratique de l'excision, ses
défenseurs évoquent toujours celle-ci comme
raison justifiant cette pratique ancienne. - Les raisons d'ordre
esthétiques et hygiéniques.
Par ailleurs, l'OMS lors d'une étude menée en
2006, dégage plusieurs conséquences liées à la
pratique de l'excision. Parmi ces conséquences, les plus souvent
cités sont :
- Les risques de complication à l'accouchement :
nombreuses sont les femmes qui après avoir subi l'excision dans
l'enfance ont des complications durant l'accouchement. Cependant, bon nombre
d'entre elles ne savent la plupart du temps pas que ces complications sont
liées au fait qu'elles aient été excisées dans leur
jeunesse. L'ampleur de la complication dépend du type d'excision subi
par la femme.
- L'augmentation du nombre de décès maternels :
la complication de l'accouchement chez les femmes excisées augmente le
risque de décès chez celles-ci.
- Les problèmes d'incontinences : les femmes ayant subi
une forme d'excision sont souvent exposées à des problèmes
d'incontinence qui se traduit par l'incapacité de retenir l'urine.
- Les problèmes d'ordre sexuel (perte de désir,
absence d'orgasme)
- Les douleurs atroces, traumatisme, hémorragies
intenses : la plupart des femmes ayant été excisées ont
souvent des mauvais souvenirs liés à ces moments.
- Autres infections pouvant s'installer par les voies
urinaires suite à l'excision
L'évolution des mentalités et attitudes face
à l'excision a provoqué un changement majeur en ce qui concerne
les groupes d'exciseurs (exciseuses). De nos jours, ce ne sont plus les
exciseuses seules qui s'y livrent avec des outils rudimentaires (lames,
couteau...) mais on note de plus en plus que les professionnels de la
santé s'y mettent également. Ceci peut éventuellement se
justifier pour des raisons économiques : la recherche de gain dans la
pratique de l'excision. C'est ainsi qu'on peut lire dans le rapport de Amnesty
International cité précédemment «les exciseuses ou
les barbiers (en Egypte) ainsi que le personnel de santé (pratiquent
clandestinement) pourraient trouver dans cette pratique une source de
revenus».
Parmi les causes évoquées ci-dessus, nous nous
intéresserons de plus près à la religion. L'objectif
visé est alors de vérifier à l'aide d'outils scientifiques
la significativité de la variable religion dans l'explication du
phénomène de pratique de l'excision. Par ailleurs, les autres
raisons évoqués n'ont pas été testés par des
outils statistiques solides mais plutôt
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
sur la base d'une description de la population des
excisées.
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22
Chapitre 2
Revue de littérature
L'excision est parmi les questions qui suscitent de nos jours,
beaucoup de débats et controverses. Mais, il est à constater
qu'elle est encore mal comprise et mal connue même par les scientifiques.
Même si beaucoup de choses ont été écrites dans ce
domaine, il n'en demeure pas moins que les discours qui y dominent restent
marqués par les idéologies. C'est fort de ce constat que nous
avons entrepris, dans le cadre de cette étude de cas, de continuer
à explorer cette réalité sociale. A travers la
littérature sur la question, nous savons aujourd'hui que ceux qui
pratiquent l'excision évoquent plus ou moins la religion pour
légitimer leur acte. Plusieurs auteurs ont eu à travailler sur
l'excision. Dans l'impossibilité de pouvoir faire une revue exhaustive
de tous les écrits sur la question, nous avons choisi de nous
référer seulement à quelques-uns d'entre eux en respectant
l'ordre chronologique des publications. De ce fait, nous verrons respectivement
les ouvrages de Benoîte Groult, Awa Thiam, Fran P. Hosken Renée
Saurel, Michel Erlich, Marie et Hubert Prolonge sur l'excision.
Tout d'abord essayons de voir ce qu'en écrit
Benoîte Groult. Cette dernière, dans son ouvrage « Ainsi
soit-elle », s'est montrée très critique vis-à-vis
des MGF. D'après elle, rien ne justifie cette pratique à part la
haine du clitoris. Se fondant sur la pensée populaire, elle
caractérise «le clitoris» par : «le péché,
la source de tout mal, c'est le trou méprisable, l'étui pour
l'organe roi qui seul lui confère sa raison d'être. C'est en mot
la femme. Par lui-même il n'est rien. Un trou n'est rien. Il est creux,
négatif, vide». Pour Groult, le monde reste encore muet pour
réprimer cette pratique parce qu'il s'agit des «histoires d'organes
féminins». C'est «donc sans importance». Personne n'en
parle.
L'auteur n'a même pas de complexe face à la
religion. En effet, à ce sujet écrit-elle : «Il est juste de
dire que le coran n'est pas l'inventeur de cette mutilation. L'excision comme
le voile préexistaient à l'enseignement de Mahomet. Mais il l'a
accepté partout où elle était pratiquée mieux, il
s'en est réjoui. Les femmes juives peuvent rendre grâce à
Moise qui, pour des raisons inconnues, ne ramena pas d'Egypte cette tradition
et ne conserva que la circoncision».
Comme son titre l'indique, Awa Thiam dans son ouvrage «la
parole aux négresses» 1, donne la
parole à celles qui pendant longtemps se sont tues non pas parce
qu'elles n'avaient
1. Paris Editions DENOEL, 1978, 189 Pages
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
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pas des choses à plaindre ou à réclamer,
mais parce que le système d'oppression mâle ne leur permettait pas
toute prise de parole. L'architecture du livre comprend trois parties : la
première est intitulée « Des mots de négresses
», la deuxième a pour titre « Des maux de négresses
» et la troisième c'est « Féminisme et
révolution ».
Dans la première partie l'auteur donne la parole
à des femmes qui racontent principalement leurs conditions
désastreuses de mariage et de fiançailles.
C'est seulement à partir de la deuxième partie
qu'elle prend réellement position contre les maux dont souffrent les
femmes noires en particulier. A ce propos, elle souligne que bien que tous les
problèmes de femmes se recoupent, les femmes noires
indépendamment de toute origine : « ont en commun la condition
d'être exploitées et opprimées par le même
système phallocratique, (...). Il n'est pas rare de retrouver en Afrique
ou en Europe, des femmes battues, des femmes dont les maris sont polygames,
institutionnellement ou illégalement ».Concernant la
clitoridectomie et l'infibulation, Awa Thiam mentionne que ces pratiques sont
présentes chez les musulmans, les chrétiens et les animistes.
Partant de cette base, l'auteur récuse la thèse de la source
islamique de ces opérations en les faisant remonter au règne du
prophète Abraham.
Dans la troisième partie de son ouvrage, Awa Thiam
exhorte ses consoeurs négresses à lutter pour la recherche de
leur dignité et de la reconnaissance de leur spécificité
d'êtres humains. Pour elle, la lutte que doit mener les femmes d'Afrique
noire doit se situer à un niveau autre que celui des femmes
européennes. En effet, «en Afrique noire sévissent la
polygamie institutionnalisée, les pratiques mutilatrices sexuelles, les
mariages forcés, les fiançailles d'enfants». Ce qui est
commun à toutes les femmes c'est la «violence phallocratique».
Or «la violence engendre non pas l'humain mais plutôt sa
destruction. Elle a pour nom : fascisme phallocratique. Elle est donc à
abolir dans toute société, dans tout groupe social».
Juste à la fin de l'année de publication de
«Parole aux négresses», Fran Hosken confie ses longues et
vastes recherches sur l'excision sous forme d'un ouvrage. En effet, le
«Génital and Sexual Mutilation of Females» est publié
en 1978 et un peu avant le Séminaire de l'OMS à Khartoum en
février 1979. Quand Fran Hosken a débuté ses
investigations, il n'y avait pas beaucoup d'écrits sur les MGF
contrairement à la circoncision masculine. C'est ainsi que l'architecte
doublée de journaliste va entreprendre des recherches à travers
le monde entier. C'est la raison pour laquelle, il n'y a presque pas
aujourd'hui un travail qui se fait sur l'excision sans se référer
à l'étude de Fran Hosken.
A l'instar d'Awa Thiam, Fran Hosken, journaliste
américaine, situe les MGF dans un passé pré-islamique. A
ce propos, elle écrit : «It was first recorded in Egypt 2000 years
ago»2. Elle avance également que ces pratiques ont
tendance à augmenter à cause de la croissance
démographique. Selon les types, Fran Hosken localise les MGF dans 41
pays d'Afrique. Pour elle, 110,529 millions de femmes et de filles sont
mutilées en Afrique. En dehors, de l'Afrique, les MGF sont
pratiquées dans la Péninsule Arabique et tout au long du Golfe
Persique. Au niveau de l'Occident aussi, à cause de l'émigration,
on note ces pratiques.
2. Traduit par : les MGF ont été enregistrés
pour la première fois en Egypte il y a de cela 2000 ans
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
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Dans la première partie, l'auteur fait une vue
d'ensemble sur les conséquences des MGF sur la santé des femmes
et rapporte les recommandations du Séminaire de Khartoum. De même,
elle fait un historique de ces opérations. La deuxième partie est
plus détaillée. En effet, Fran Hosken y revient sur des cas de
pays. Elle insiste principalement sur les pays d'Afrique. Et dans la
dernière partie, elle revient sur l'ensemble des politiques qui ont
été initiées pour estomper les MGF. Dans cette partie,
Fran Hosken accuse les institutions internationales, parce que dirigées
par des hommes, d'avoir fermé les bouches sur ce mal qui frappe les
femmes. C'est ce qu'elle a appelé « The conspiracy of silence
».
A la suite de Fran Hosken, Renée Saurel publie un
ouvrage très critique sur les MGF. C'est ainsi qu'elle écrit :
« Mon propos se limite à un plaidoyer contre les mutilations qui ne
sera pas fondé sur la haine du mâle, mais ne ménagera pas
ces messieurs quand ils trouvent leur compte dans une si scandaleuse injustice
». L'ouvrage débute par l'histoire de la petite Oumou, une malienne
vivant en France avec ses parents. Cette fille qui faisait à
l'époque l'école maternelle a été excisée
à l'âge de quatre ans par une femme venue spécialement du
Mali pour la circonstance. Madame la directrice de l'école très
bouleversée par l'opération, prend l'affaire à bras le
corps. Un jour, alors qu'elle sortait de l'école, elle rencontre la
mère d'Oumou et lui demande si sa fille ne souffrait plus. Cette
dernière répond : «Non, ici ça ne dure qu'un mois, au
Mali beaucoup plus longtemps. Ça fait très mal. Oumou n'a pas
fait pipi pendant deux jours. On est obligé de le faire. Moi je ne
voulais pas. (Pourquoi?) Je ne sais pas. C'est Dieu qui l'a dit. Si on n'est
pas coupée, on ne se marie pas. C'est une femme qui vient du Mali, elle
le fait avec une lame».
Toujours dans la même logique, Saurel s'intéresse
également à une question que se posait la revue Famille et
Développement en 1975 : L'excision, base de la stabilité
familiale ou rite cruel? Le docteur Taoko de l'hôpital Yalgado, à
Ouagadougou avait tenté de répondre à cette question.
L'auteur de l'enterrée vive reprend la réponse de Taoko sans la
corrompre. Elle écrit : « En Afrique occidentale le terme
circoncision prête à confusion : il désigne d'une part
l'opération qui prive l'homme de son prépuce et la femme de son
clitoris et d'autre part, sous-entend l'initiation proprement dite. Le docteur
Taoko estime que si, en Afrique occidentale, la circoncision et l'excision ont
relevé surtout du «rite de passage», l'excision n'est plus
aujourd'hui qu'une pratique de routine au sujet de laquelle personne ne peut
fournir de «justifications convaincante».
Les ouvrages mentionnés ci- dessous ont en commun
d'être très radicaux dans la remise en cause de l'excision.
Michel Erlich3 lui est un peu modéré.
Médecin et ethnologue à la fois, Erlich minimise les
conséquences médicales de l'infibulation, pratique qu'il
maîtrise parfaitement pour avoir eu à travailler à
Djibouti. En effet, dès l'entame de l'ouvrage il avertit : «Les
répercussions médicales de l'infibulation ne m'ont pas paru
d'emblée préoccupantes. Les premiers échos des
réactions hostiles de la presse occidentale contrastent avec l'absence
d'une pathologie gynécologique majeure dans ma clientèle,
incitèrent à m'intéresser aux divers aspects de cet
étrange coutume»
L'auteur de «La femme blessée » a le
mérite d'avoir fait dans son ouvrage, une typologie
3. Dans « La femme blessée », Paris,
l'Harmattan, 1986, 321 pages
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
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de toutes les formes de MGF et d'avoir réparti chacun
des types en fonction de la zone où il est en vigueur. Il retrace aussi
les différentes campagnes qui ont eu à être menées
depuis la colonisation pour arrêter la pratique. Par ailleurs, il fait
une revue de la question de l'excision en montrant les nombreux auteurs qui
l'ont abordé.
Contrairement à ce que l'on aurait tendance à
penser, Hubert Prolongeau montre que l'excision est en expansion. En effet, il
montre que : «Cent trente millions de femmes et fillettes sont
excisées de par le monde». Ce métier de
«réparateur de clitoris», Pierre Foldes le fait gratuitement
(du moins pour ce qui concerne les femmes qui ne sont pas couvertes par la
sécurité sociale). Le spécialiste qui exerce à la
clinique Louis XIV de Saint-Germain-Laye (à l'ouest de Paris), a
été influencé par son parcours d'humanitaire qui lui a
permis de travailler en Asie d'abord, puis en Afrique. En effet, pour lui, il
faut coûte que coûte secourir les opprimés où qu'ils
se trouvent.
En gros, ce sont les ouvrages susmentionnés qui nous
ont permis de réaliser cet état de la question.Regardons à
présent l'avis des deux religions les plus touchées par cette
pratique dans le monde.
2.1 Christiannisme et excision
Lorsque les missionnaires jésuites au 16e siècle
arrivent en Abyssine (Ethiopie), ils tentent d'abolir l'excision chez les
nouveaux convertis. Mais les hommes refusent d'épouser les femmes non
excisées et les conversions cessent. Comme le rappelle Benoite Groult,
l'église décide, sur injonction du pape Paul III de
«Préférer les âmes aux organes sexuels» et de
cautionner la pratique car elle est «médicalement
nécessaire».
Puis c'est le bras de fer à la fin des années
1930 au Kenya, entre les missionnaires presbytériens écossais
opposés aux MGF, qui refusent l'accès à l'église de
toute fille excisée et les tribus Kikuyu qui, pour maintenir le rite,
fondent des écoles et des églises indépendantes qui
accueillent les filles excisées. Tout commence en 1919. Quand les
médecins missionnaires émettent une recommandation unanime pour
l'abolition de l'excision et des mesures disciplinaires pour les
chrétiens qui continueraient à s'y livrer. Mais Jomo Kenyatta s'y
opposait fortement car trouvait en l'excision une sorte de résistance
nationale à la domination coloniale. Il écrit en 1938 dans Au
pied du mont Kenya: «pas de Kikouyou digne de ce nom ne souhaite
épouser une fille non excisée. La clitoridectomie est une
mutilation corporelle considérée, en quelque sorte comme la
condition sine qua non pour recevoir un enseignement religieux et moral
complet». L'église d'Ecosse dû se plier devant cette
résistance et renoncer à la campagne d'abolition du rite de
l'excision. Quant à la pratique, elle perdure jusqu'à nos
jours.
En 1952, l'Alliance internationale Jeanne D'Arc se
définissant comme association catholique, dépose le premier
rapport officiel sur les MGF devant l'ECOSOC '. Ces prises de position visent
à faire reconnaitre par le Vatican le caractère
irréversible et donc
4. Conseil Economique et Social des Nations Unies
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
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ITS 2012 26
condamnable des MGF mais en vain. L'église se terre
devant cette controverse car elle préfère éviter toute
confrontation avec les communautés chrétiennes africaines
catholiques. Cependant, les églises africaines confrontées aux
MGF prennent clairement position contre cette pratique. Par exemple lors du
séminaire sur l'excision : culture et religion organisé à
Kolda ( sud du Sénégal) par l'ONG Enda Tiers-Monde en 1993, le
Révérend père Lopy a déclaré: «si DIEU
a trouvé que ce qu'il a réalisé dans l'homme comme dans la
femme était absolument bon, pourquoi la lame, le couteau ou le tesson de
bouteille viendraient-il supprimer la merveille du créateur ?»
2.2 Islam et excision
Il y a eu plusieurs controverses autour des mutilations
sexuelles en terre d'islam. Rappelons d'abord les deux sources qui rythment la
vie des musulmans : le coran et les recueils de la Sunnah (paroles et gestes ou
hadith du prophète Mohamed). Elles sont complétées par les
fatwas : avis des savants religieux musulmans qui, formulées dans un
langage accessible au public soit oralement soit par écrit, indiquent le
comportement à suivre pour se conformer à la volonté
divine. L'authenticité des hadiths est déterminée par
l'indentification du rapporteur qui aurait entendu le prophète le
prononcer, et de la chaine de transmission. S'il apparait clairement que le
coran ne contient aucune indication quant à l'existence ou à
l'obligation de l'excision, ses partisans invoquent des hadiths
attribués à Mohamed, qui aurait ainsi interpellé une
exciseuse : « Si tu coupes, n'exagère pas car cela rend plus
rayonnant le visage et c'est plus agréable pour le mari ». Mohamed
aurait dit aussi : que « l'excision est le mérite des filles
».Or précisément, ce hadith est qualifié
d'inauthentique au vu et au su des musulmans les plus érudits partisans
des MGF. Les hadiths représentent une arme redoutable aux mains de ceux
qui la manipulent pour faire obstacle à toute campagne luttant contre
les mutilations. Il existe un ensemble de fatwas qui se contredisent les unes
les autres sur la question de l'excision. Ce contexte encourage les adeptes de
la pratique et participe au maintien et à l'ancrage des mutilations
sexuelles féminines au sein de la société musulmane. C'est
ainsi que les médecins, gynécologues et obstétriciens, des
spécialistes de la loi islamique et certains conférenciers en
droit musulman, des grandes universités, proches des milieux
traditionnalistes religieux, continuent à justifier la pratique de
l'excision par l'existence de hadiths défenseurs de cette pratique.
Certains d'entre eux affirment même que « l'excision est source de
pudeur, d'honneur et d'équilibre psychologique ». D'autres encore
avancent des arguments médicaux recommandant l'excision comme
étant bénéfique à la santé et à
l'hygiène, les femmes pouvant procéder à « leur
hygiène intime plus facilement en l'absence d'une partie de leurs
organes génitaux». Cette coutume s'est transmise de
génération en génération. Avec le temps, elle a
été associée abusivement à la religion pour
finalement se confondre, dans l'imaginaire à un commandement du
prophète voire, une règle. Une règle selon laquelle tout
ce qui n'est pas interdit est permis. Les MGF n'étant pas interdites de
façon explicite dans le coran, elles restent donc permises et sont en
général une norme en milieu musulman.
De façon générale, les études sur
les violences basées sur le genre ont montré une
prédominance de cette pratique dans les sociétés
musulmanes. Le tableau ci-dessous donne
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 27
la prévalence (en %) de l'excision par âge dans
certains pays à majorité musulmane et les sources des
données.
|
Sources de données
|
15-49 ans
|
15-19 ans
|
35-39 ans
|
Burkina Faso
|
EDS 2003
|
76 ,6
|
65,0
|
81,6
|
Egypte
|
EDS 2005
|
95,8
|
96,4
|
95,9
|
Erythrée
|
EDS 2002
|
88,7
|
78,3
|
92,6
|
Ethiopie
|
EDS 2005
|
73,3
|
62,1
|
81,2
|
Gambie
|
MICS 2005
|
78,3
|
79,9
|
79,5
|
Guinée
|
EDS 2005
|
95,6
|
89,3
|
98,6
|
Sierra Leone
|
MICS 2006
|
94,0
|
81,1
|
97,5
|
Somalie
|
MICS 2006
|
97,9
|
96,7
|
98,9
|
Soudan
|
MICS 2000
|
90,0
|
85,5
|
91,5
|
Il parait alors vraisemblable que l'islam ait une
corrélation positive avec la pratique de l'excision ou plus
généralement, que la religion est un déterminant majeure
de la pratique de l'excision.
Cependant plusieurs exceptions semblent mettre en doute cette
assertion. En effet, il existe des sociétés ou des pays à
majorité musulman où les taux de prévalence de l'excision
sont très faible, ou du moins inferieures à ceux observés
dans les sociétés chrétiennes. Examinons quelques exemples
: Tout d'abord, il convient de noter que l'excision n'est pas pratiquée
en Lybie, Tunisie, Algérie et Maroc qui sont des pays arabes. Par
ailleurs les EDS réalisées en 2006 au Niger et en Ouganda
montrent les taux de prévalence respectifs de 2,2% et 0,6% pour les
femmes ayant entre 15 et 49 ans. Les chiffres présentés
ci-dessous doivent toutefois être interprétés avec une
certaine réserve car ils représentent des taux de
prévalence moyen dans les pays considérés et ne prennent
pas en compte la ventilation selon les régions d'habitation, le milieu
de résidence. Les études de causalité entre la religion et
l'excision suivant ces ventilations peuvent apporter plus
d'éléments explicatifs que les chiffres agrégés. De
pareilles études ont étés réalisées dans
certains pays et contribuent fortement à la mise en doute de
l'idée selon laquelle la religion islamique a une forte
corrélation positive avec la pratique de l'excision. Les dossiers
documentaires du CEDIF soulignent que dans le sud du Nigeria, les femmes
musulmanes sont moins fréquemment excisées que les
chrétiennes; au Ghana, la prévalence de la mutilation est
semblable dans les deux communautés. Le rapport de l'enquête VBG
réalisée par l'UNICEF en 2008 montre que Les MGF sont plus
fréquents chez les animistes (74%) et les musulmans (66%) que chez les
catholiques (40%) ou les protestants. La grande prévalence de l'excision
chez les animistes est essentiellement liée à la persistance de
certaines croyances et habitudes culturelles favorables à cette
pratique. Cette étude montre que l'implication de la religion dans cette
pratique varie selon les régions. Ainsi, dans les départements de
Man (87%) et de Guiglo (77%), le phénomène est plus
amplifié chez les animistes, Il est plus prononcé chez les
musulmans à Daloa et Duékoué (où plus de 60% des
femmes excisées sont musulmanes), et plus fréquent chez les
femmes sans religion résidant dans les départements de
Danané (79%) et de Korhogo (84%). La conclusion tirée de cette
étude est l'absence d'une relation de causalité entre la religion
et la pratique de l'excision. Cette multitude de cas isolés semble
montrer une absence de corrélation positive entre la religion et la
pratique de
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 28
l'excision. L'enquête réalisée par l'ONG
ONEF financée par l'UNFPA a d'ailleurs relevé qu'en Côte
d'Ivoire «l'excision n'a pas de fondement religieux, elle a tout
simplement une origine ancestrale, aussi soumet-on les jeunes filles à
la mutilation génitale par respect pour la tradition et dans le but de
perpétuer celle-ci. C'est aussi une activité lucrative qui
rapporte aux exciseuses 3 à 8 euros par fille excisée».
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012
29
Chapitre 3
Données et sources de données
Dans un souci de compréhension de la relation de
causalité entre la religion et la pratique de l'excision, nous allons
mener des analyses descriptives c'est-à-dire donner les
caractéristiques tant sociodémographiques qu'en ce qui concerne
l'excision de notre population. Ces études utilisent les données
issues d'une enquête qui s'est déroulée en deux phases en
Côte d'Ivoire en 2007, dans un contexte particulièrement
marqué par une agitation en temps de crise. En effet, du fait de la
crise politico-militaire qu'a connu le pays dès 2002, les mouvements de
population ont entraîné dans les zones de conflits la
désintégration des systèmes de protection sociale
traditionnelle, exposant les femmes et les enfants à un haut risque de
violences, d'abus sexuels et de paupérisation. Il était donc
naturel de la part des différents acteurs de la société
d'avoir des informations fiables sur les violences faites aux femmes et aux
enfants afin d'effectuer des comparaisons et de procéder à des
prises de décisions. C'est dans cette optique qu'en 2007, avec l'appui
financier de l'UNFPA, de l'UNICEF, du PNUD et de l'UNIFEM, l'ENSEA a
réalisé l'une des deux enquêtes portant sur les violences
basées sur le genre. La première s'est déroulé dans
la ville d'Abidjan et la seconde dans huit départements de
l'intérieur du pays 1. Ces enquêtes ont permis de
recueillir des informations sur l'ensemble des violences subies par les femmes
(violences physiques, violences sexuelles, violences verbales, violences
psychologiques , violences économiques). Les bases de données
issues de ces enquêtes ont au total 1 529 variables (dont 704 pour
l'enquête d'Abidjan et 825 pour l'enquête des villes de
l'intérieur). Ont été enquêtées au total 15
130 personnes dont 2 740 personnes à Abidjan et 12 390 pour les 8 autres
départements. En ce qui concerne notre étude, seules les
variables ayant un lien direct avec l'excision (Section 4 et 5 des
questionnaires de l'enquête d'Abidjan et de l'intérieur
respectivement) et la religion (Questionnaires menages) seront utilisées
pour rechercher d'éventuelles corrélations entre la religion et
l'excision ou pour élucider d'autres facteurs explicatifs de la pratique
de l'excision. Pour des raisons de commodité, nous allons fusionner ces
deux bases par ajout de variables pour avoir un large éventail
d'informations sur l'ensemble des villes et départements sus
cités. Les rapports finaux de ces enquêtes (réalisés
respectivement en 2007 pour Abidjan et en 2008 pour l'intérieur) nous
montrent les différentes étapes qui ont été suivies
depuis la collecte des données jusqu'à leur traitement. La partie
ci-dessous est une brève présentation des principales conclusions
tirées de ces différentes enquêtes. Le lecteur pourra
s'adresser à l'UNFPA Côte d'Ivoire pour de plus amples
informations concernant les résultats de ces enquêtes.
1. Bouaké, Daloa, Danané, Duekoué,
Guiglo, Korhogo, Man et Yamoussoukro
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 30
3.1 Présentation des données
d'Abidjan
3.1.1 Taille d'échantillon et procédures
d'échantillonnage
L'objectif principal de cette enquête est de fournir des
données fiables sur le niveau des différentes formes de violences
basées sur le genre en Côte d'Ivoire. Le souci premier de l'UNFPA
étant de fournir des effectifs suffisants pour pouvoir faire des
analyses correctes et pertinentes par milieu de résidence (milieu
urbain, milieu rural), groupe d'âges, sexe et niveau d'instruction. Il a
donc été décidé d'interroger 2 000 femmes de 10-49
ans et dans un tiers des ménages sélectionnés, des hommes
du même groupe d'âges. L'échantillon des femmes a
été reparti de façon équitable entre les deux
milieux de résidence (urbain et rural). D'après le rapport de
l'enquête, cet échantillon a été tiré
à partir de la liste des districts de recensement fournie par
l'EIS2 réalisée à Abidjan en 2005 et disponible
à l'Institut National de la Statistique de Côte d'Ivoire.
En choisissant d'enquêter 85 femmes de 10-49 ans par
districts de recensement, cela correspondait à un total de 24 districts
de recensement à sélectionner, soit 40 ménages par
districts de recensement pour assurer une bonne couverture de l'ensemble des
districts de recensement tirés. Malgré le caractère
multidimensionnel de l'étude, il faut noter que seules les violences
interpersonnelles étaient prises en compte, les violences
institutionnelles et sociales ne faisant pas partie de son champ.
3.1.2 Collecte des données
Trois grandes étapes ont été suivies Pour
identifier les personnes qui sont éligibles pour répondre aux
questionnaires individuels. Premièrement, l'on a procédé
à un dénombrement des ménages dans chaque district de
recensement. Ensuite, pour chaque ménage sélectionné,
toutes les femmes éligibles sont interrogées après avoir
obtenu les renseignements d'ordre général auprès du chef
de ménage ou de toute autre personne adulte capable de les fournir.
Enfin, dans un tiers des ménages sélectionnés, les hommes
éligibles ont également été enquêtés
de la même façon. Les individus à interviewer devant
être des résidents présents.
Au total, 2120 femmes âgées de 10-49 ans et 620
hommes du même groupe d'âge ont été
enquêtés.
3.1.3 Traitements, exploitation des données et
méthodes d'ana-lyse
Pour le traitement des données quantitatives, un masque
de saisie a été réalisé par un informaticien.
Après la collecte, les questionnaires ont été
codifiés, puis saisis à l'aide du logiciel EPI-INFO.
Après la saisie, les données ont
été transférées sous le logiciel EXCEL pour
être contrô-
2. Enquête sur les Indicateurs du Sida
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 31
lées qualitativement. La préparation du fichier
d'analyse s'est faite par la validation des données et la suppression
des individus dupliqués. La validation a consisté à faire
des distributions univariées afin de vérifier qu'il n'existe pas
de valeurs aberrantes au niveau des modalités des variables et que
chaque information comporte une donnée acceptable qui n'est pas
contradictoire par rapport à une autre étude menée
auparavant. La validation des données a été
réalisée en comparant les données de l'enquête aux
données sociodémo-graphiques provenant des sources de
données les plus récentes. Cette opération a permis
d'assurer la cohérence des informations saisies. Les données
inexactes ou incomplètes ont été modifiées ou
supprimées dans le fichier d'enquête. L'analyse proprement dite
des données s'est effectuée ensuite en recourant au logiciel
STATA 9.0. Compte tenu des objectifs spécifiques de l'étude, des
analyses aussi bien univariées que bivariées, ont
été effectuées.
3.2 Présentation des données de
l'enquête d'intérieur
3.2.1 Zone d'enquête
La zone d'étude sur les violences basées sur le
genre concerne quatre départements de la partie Centre Nord-Ouest et
quatre départements de la zone sud du pays. Il s'agit des
départements de Bouaké et Yamoussoukro au Centre, Danané,
Duékoué, Guiglo et Man à l'Ouest, Daloa au Centre-Ouest et
Korhogo au Nord. La collecte des données a été faite au
moyen d'une enquête par sondage utilisant les techniques d'estimation
probabiliste de sorte que chaque unité primaire et secondaire ait
à l'avance une probabilité connue de faire partie de
l'échantillon. Les résultats obtenus auprès de
l'échantillon enquêté ont ensuite été
extrapolés à l'ensemble de la population de la zone
d'étude.
3.2.2 Stratification et domaines d'étude
Le niveau ou domaine d'étude de cette enquête est
le département désagrégé par milieu de
résidence. Chaque milieu de résidence du département
constitue de ce fait une strate.
3.2.3 Mode de tirage de l'échantillon
Le mode de tirage de l'échantillon est un tirage
à trois degrés :
Au premier degré, des districts de recensement ont
été tirés dans chaque strate par un tirage
systématique avec une probabilité égale : la taille du DR
étant le nombre de ménages.
Au deuxième degré de tirage, un nombre fixe de
ménages a été tiré dans chaque DR
dénombré de manière systématique à
probabilité égale. Un effectif de 32 ménages dans chaque
DR a été retenu. Tous les membres des ménages
sélectionnés ont été identifiés à
l'aide d'un questionnaire ménage.
Au troisième degré, deux femmes
âgés de 10 à 49 ans et un homme âgé de 10
à 40 ans d'un ménage sélectionné au deuxième
degré ont été tirés et enquêtés
à l'aide du questionnaire individuel. La collecte des données
s'est faite par interview directe auprès des chefs de ménage ou
leurs représentants et les personnes éligibles
sélectionnées dans le
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 32
ménage.
3.2.4 Base de sondage des unités primaires
L'INS dispose d'une base de sondage constituée de la
liste exhaustive des 3 348 DR utilisées dans le cadre du RGPH3
de 1998. Les DR résultent du morcellement de l'ensemble du
territoire national à partir des travaux de la cartographie censitaire
réalisés en 1998. La taille moyenne d'un DR est respectivement de
l'ordre de 1 000 et 800 habitants dans les zones urbaines et rurales.
Contrairement aux unités primaires, la base de sondage
pour la sélection des ménages échantillon nécessite
une mise à jour complète de chaque DR tiré au 1er
degré par les enquêteurs sur le terrain. Le dénombrement
exhaustif des DR échantillons a permis de disposer des informations
actualisées sur le nombre de ménages et l'effectif de la
population des zones échantillonnées.
3.2.5 Documents de collecte
Deux fiches de collecte et un questionnaire individuel ont
été utilisés au cours de cette enquête VBG. Le
questionnaire individuel s'est inspiré de celui de l'enquête VBG
à Abidjan.
La fiche de dénombrement des ménages a
été utilisée pour dénombrer tous les ménages
des DR sélectionnés. Et la fiche « liste des membres du
ménage » a servi à établir le répertoire de
tous les membres d'un ménage sélectionné. Elle permet
l'identification des personnes éligibles au questionnaire individuel.
Le questionnaire individuel a été utilisé
pour collecter des informations sur les femmes âgées de 10
à 49 ans et les hommes âgés de 10 à 40 ans
tirés dans le ménage.
3.2.6 Dénombrement des ménages
Le dénombrement a été
précédé par une phase de reconnaissance de
l'étendue des DR à l'aide de la cartographie des localités
effectuée par l'INS. A l'issue des travaux de dénombrement, une
liste de ménages a été constituée pour servir de
base de sondage pour le tirage des ménages. Les ménages (32 par
grappe) ont été sélectionnés en procédant
à un tirage systématique simple. 30 838 individus ont
été recensés; parmi ceux-ci, 15 154 résident en
milieu urbain et 15 684 sont en milieu rural. La méthodologie
utilisée pour déterminer l'échantillon a également
permis d'interroger 12 413 individus à partir d'un questionnaire
individuel. Cette population est constituée de 4179 hommes
âgés de 10 à 40 ans et 8234 femmes de 10 à 49
ans.
3. Recensement Général de la Population et de
l'Habitation
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 33
En définitive, un effectif de 15 471 ménages a
été visité alors que 4096 ménages étaient
prévus. Cette différence relativement importante s'explique par
le dédoublement des ménages sur une même adresse plus
généralement par la crise militaro-politique qui a
occasionné d'importants mouvements de populations.
Les enquêteurs ont eu pour consigne d'interroger
l'ensemble des ménages recensés sur la même adresse
géographique. L'ampleur de ce phénomène étant
inégale selon les départements, chaque équipe s'est
efforcée de s'adapter à la nouvelle situation du terrain. De ce
fait, la durée des activités de collecte de données s'est
effectuée en fonction des difficultés actuelle. Si dans les
départements de Yamoussoukro et Danané, le calendrier a
été respecté, en revanche à Guiglo, la
réticence plus accrue de la population conjuguée à
l'insécurité ainsi qu'à l'inaccessibilité des DR,
ont constitués des handicapes sérieux.
3.2.7 Saisie et traitement des données
La saisie proprement dite a été faite avec le
logiciel EPI Data. Deux masques de saisie ont été
élaborés : le premier pour la fiche de dénombrement, et le
second pour les deux autres questionnaires (Ménage et Individu) afin de
mieux contrôler les identifiants géographiques.
La saisie des données sur micro-ordinateur a
débuté le 24 janvier 2008 avec les questionnaires des
départements de Bouaké, Danané, Yamoussoukro et Daloa.
Elle a été réalisée par une équipe de huit
opérateurs de saisie dont cinq femmes. Chaque opérateur de saisie
avait à sa charge les questionnaires d'un département. Les
questionnaires qui arrivaient du terrain, après codification et
vérification, étaient envoyés régulièrement
à la salle de saisie de l'ENSEA. Par ailleurs, un programme de
contrôle de qualité permettait, pour chaque département, de
détecter une fois les données saisies, les éventuelles
incohérences et réponses invraisemblables. La saisie et le
traitement des données se sont achevés le 26 février
2008.
3.2.8 Analyse des données
A l'issue des travaux de saisie et d'apurement des fichiers,
les données ont été exportées sous les logiciels
STATA et SPSS pour la tabulation. Les données de l'enquête sont
contenues dans trois fichiers :
- Le fichier dénombrement qui contient les informations
sur l'ensemble des ménages dénombrés par DR et qui sera
utilisé pour l'estimation du volume des ménages dans la zone
d'étude.
- Le fichier ménage qui découle des informations
contenues dans la fiche ménage et
qui sera utilisé pour la sélection des individus
éligibles au questionnaire individuel. - Le fichier individu, qui est
celui issu du questionnaire individuel des femmes de 10-49
ans et des hommes de 10-40 ans.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 34
3.3 Traitements relatifs aux bases de
données
La première étape du traitement consiste
à sélectionner les variables d'intérêt pour notre
étude dans chacune des bases. Le questionnaire de l'enquête de
l'intérieur étant inspiré de celui d'Abidjan, on a pu
avoir des variables similaires dans les deux bases. Ce sont ces variables qui
vont ensuite nous permettre d'effectuer la fusion des bases par ajout des
observations .En définitif on a pu avoir trente-deux variables dont dix
sont relatives aux caractéristiques sociodémographiques, que nous
allons croiser avec les vingt-deux variables de la section « mutilations
génitales féminines ». Cependant, il convient de souligner
que les concepteurs du questionnaire de l'intérieur ont adopté
une codification différente de celle de l'enquête d'Abidjan pour
certaines variables. En effet, les modalités de certaines variables ont
été codées comme des entiers alors qu'elles étaient
des chaines de caractère dans le questionnaire d'Abidjan. La fusion des
variables étant impossible si les deux variables sont de types
différents, nous avons dû changer le type numérique en
chaine de caractère.
La seconde étape du traitement consistait à
rendre les noms et les libelles des variables identiques dans les deux bases.
En effet, certaines variables qui ne figuraient pas dans le questionnaire
d'Abidjan ont été ajoutées dans le questionnaire de
l'intérieur c'est ce qui a bouleversé l'ordre des variables par
rapport au questionnaire initial.
Après avoir uniformisé les noms et les
libellés des variables dans les deux bases, nous les avons enfin
fusionné par ajout des observations. A ce niveau, il apparaissait encore
les variables où certaines modalités sont les chaines de
caractère et d'autres des codes. Nous avons donc fait recours au manuel
de codification pour transformer les codes en chaines de caractères.
Nous avons également uniformisé certaines variables dichotomiques
car la modalité « non » était parfois codée
«2 » parfois codée «1».
Après la fusion des deux bases, nous avons
procédé à un tri à plat sur toutes les variables
retenues. Cette étape nous a permis de déceler la présence
d'un grand nombre de valeurs manquantes. Notre objectif fut de savoir si ces
valeurs manquantes étaient dues à des sauts ou si celles-ci
étaient réellement des valeurs manquantes dans les sens propre du
terme. Notre objectif étant d'avoir un taux de valeur manquante par
variable inférieur ou égal à 5 pourcent. A ce niveau, nous
avons remarqué que la variable groupe ethnique, (Qui sera
déterminante pour notre analyse) présentait un très grand
nombre de valeurs manquantes, issue principalement de la base de
l'intérieur. La technique d'imputation des valeurs manquantes.
Était de regrouper les individus dans les mêmes ménages et
d'affecter l'ethnie d'un répondant à celui des autres non
répondants du même ménage. Cette méthode est
fondée sur l'hypothèse selon laquelle les individus d'un
même ménage ou à la limite, d'une même concession,
appartiendraient au même groupe ethnique. La phase technique consistait
à ranger les individus selon le département, puis selon le milieu
de résidence, puis la commune, jusqu'au niveau le plus fin qui est le
ménage. D'autres technique similaires ont été
utilisées pour traiter les valeurs manquantes d'autres variables.
Finalement, ces différentes manipulations nous ont permis d'avoir une
base prête à être utilisée. Cette base (d'extension
SAV) a ensuite été convertie en un format d'extension SBA pour
l'analyse multivariée à l'aide du logiciel SPAD.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 35
Deuxième partie
CADRE MÉTHODOLOGIQUE ET
EMPIRIQUE
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012
36
Chapitre 4
Analyse descriptive et premiers
résultats
Ce chapitre a pour but de décrire la population des
zones enquêtées selon ses caractéristiques
sociodémographiques et aussi selon ses caractéristiques en ce qui
concerne les MGF. Il s'agira donc pas de tenter d'expliquer la pratique de
l'excision ce qui dans ce cas nécessiterai une approche
économétrique. Ainsi, les résultats énoncés
dans ce chapitre sont purement descriptifs et ils mettent en évidence
les caractéristiques de la population des femmes excisées. Par
ailleurs, par pratique de l'excision, nous entendons par là les femmes
déjà excisées et l'intention d'excision. Cela permettra de
couvrir un aspect plus large de la pratique de l'excision.
Les outils que nous utiliserons sont essentiellement ceux de
la statistique descriptive univariée et bivariée. Dans un premier
temps, nous adopterons une approche globale sans distinguer le type de pratique
d'excision. Dans un second temps nous nous intéresserons aux femmes
effectivement puis à l'intention d'exciser. Afin de pouvoir
vérifier les observations tirées dans la partie descriptive, des
tests statistiques d'hypothèses seront également fait.
4.1 Caractéristiques de la population des
individus enquêtés
Avant de se lancer dans la présentation de quelles que
statistiques que ce soient, une description de la population s'avère
nécessaire afin de comprendre son organisation.
Un coup d'oeil sur les tableaux 1 et 2 en annexes nous permet
de donner quelques caractéristiques de la population
étudiée.
4.1.1 Caractéristiques de la population des femmes
excisées
En ce qui concerne la population des femmes excisées,
on constate que la proportion des femmes qui vie en milieu urbain est presque
qu'égale à celle vivant en milieu rural. Par ailleurs, on
constate que 9 femmes sur 10 sont soit célibataire, soit mariée
ou alors vivent avec un partenaire. On note aussi une forte
représentativité des musulmanes parmi les femmes excisées
(près de la moitié) ce qui laisse croire que l'excision est un
trait caractéristique de cette population. Comme on pouvait s'y
attendre, l'effectif des femmes
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
excisées décroit avec le niveau
d'éducation : les femmes ayant le niveau primaires sont les plus
nombreuses à avoir été excisées par rapport aux
niveaux les plus élevés.
Par ailleurs, chez les groupes ethniques Krou, Gur et Mande du
Sud, près d'une femme sur 4 est excisée contre 10% chez les
autres groupes ethniques (Mande du Nord et Akan).
*
FIGURE 4.1 - Répartition en
pourcentage des femmes excisées selon l'appartenance à un groupe
ethnique (Source: Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 37
FIGURE 4.2 - Répartition en
pourcentage des femmes excisées selon l'appartenance à un groupe
religion (Source: Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Si parmi les différents groupes ethniques figurent les
nationalités malienne et burkinabè c'est en raison de leur
effectif non négligeable et s'il s'est avéré
nécessaire de les inclure afin de ne pas perdre de l'information. Les
analyses qui suivront prendront en compte ces
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 38
deux nationalités au sein des groupes ethniques à
cause de leur représentativité.
4.1.2 Caractéristiques de la population des femmes
non excisées
Les femmes non excisées sont équitablement
réparties dans en milieu rural et urbain (respectivement 49% et 51%). A
la différence des femmes excisées qui sont en majeure partie
mariées qui représentent le mode de la série statistique
(38% des femmes), 6 femmes non excisées sur 10 sont célibataires.
Dans le même ordre d'idée, elles présentent la
caractéristique principale d'être principalement catholiques ou
protestantes (respectivement 34% et 30%). Les musulmanes ne viennent qu'en
troisième position avec une proportion de moins d'une femme sur 5. On
constate ainsi qu'au sein de la population des femmes non excisées, les
chrétiennes (catholiques et protestantes) sont les plus nombreuses. En
ce qui concerne le niveau d'instruction, la répartition de la population
est la même que chez les femmes non excisées. Plus en monte dans
le niveau d'étude, plus l'effectif des femmes non excisées
diminue jusqu'à atteindre près de 5%. On peut sur la base de ce
constat affirmer que le fait d'être excisée ne dépend pas
du niveau d'éducation. Ceci peut s'expliquer par le fait que les filles
sont excisées très tôt à un âge où la
majorité d'entre elles sont encore au niveau primaire et peu d'entre
elles atteindront le niveau supérieur. D'où la
décroissance de l'effectif avec le niveau croissant de l'instruction.
Si l'on retient comme critère le groupe ethnique, on
remarque que près de la moitié (47%) des femmes non
excisées sont issues du groupe ethnique Akan avec seulement environ 1
femmes sur 10 qui est excisée toujours pour ce même groupe. Sur la
base de ce résultat, on peut dire que le fait d'être
excisée n'est pas une caractéristique fondamentale du groupe
Akan.
Nous illustrons ces quelques résultats
énoncés ci-dessus par des graphiques qui permettent de
synthétiser l'information et de permettre par la même occasion une
meilleure appréhension de la situation.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
FIGURE 4.3 - Répartition en
pourcentage des femmes non excisées selon l'appartenance à un
groupe religieux (Source : Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 39
FIGURE 4.4 - Répartition en pourcentage
des femmes non excisées selon le groupe ethnique (Source: Enquête
VBG 2007, Côte d'Ivoire)
4.1.3 Caractéristiques de la population des
individus ayant l'intention d'exciser leurs filles
Les individus (hommes comme femmes) ayant l'intention d'exciser
leurs filles ont ces caractéristiques principales qu'ils vivent avec un
partenaire, sont marié(e)s ou alors célibataires : le mode de la
série étant constitué des individus vivant avec un
partenaire.
En ce qui concerne la religion, on retrouve le même
résultat que celui obtenu pour les
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
femmes excisées. Près de la moitié des
individus ayant l'intention d'exciser leurs filles sont de religion
musulmane.
FIGURE 4.5 - Répartition en
pourcentage des individus ayant l'intention d'exciser leurs filles selon la
religion (Source : Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 40
FIGURE 4.6 - Répartition en
pourcentage des individus ayant l'intention d'exciser leurs filles selon le
groupe ethnique (Source : Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Comme pour les cas précédents, on remarque que 9
individus sur 10 qui ont l'intention d'exciser leurs filles ont entre le niveau
primaire et secondaire1.
1. Voir annexe 2
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Considérons à présent le groupe ethnique,
on remarque que chez les Gur, près d'un individu sur 3 a l'intention
d'exciser ses filles suivi par les Krou où ce chiffre est d'un individu
sur 4. Les Mande du Sud viennent en troisième position avec environ 20%
des personnes interrogées qui ont l'intention d'exciser leurs filles.
Cette répartition ne met pas en évidence des
caractéristiques principales à cause des proportions presque
similaires d'un groupe d'individus à un autre si l'on exclut les groupes
maliens et burkinabè.
4.1.4 Caractéristiques de la population des
individus n'ayant pas l'intention d'exciser leur fille
On note que la caractéristique principale des individus
qui n'ont pas l'intention d'exciser leurs filles est qu'ils sont à plus
de 50% (54%) célibataires. Il convient aussi de souligner que 1 individu
sur 4 (24%) au sein de cette population est marié.
En ce qui concerne la religion, aucune
spécificité n'est à relever en raison des proportions
presqu'identiques des différents groupes religieux au sein de la
sous-population. Les catholiques, les protestants, les musulmans et les «
sans religion » représentent respectivement 25%, 24%, 27% et 20% de
la population totale.
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 41
FIGURE 4.7 - Répartition en
pourcentage de la population des individus n'ayant pas l'intention d'exciser
leurs filles selon la religion (Source : Enquête VBG 2007, Côte
d'Ivoire)
Par ailleurs, au sein de cette même population, 9
individus sur 10 ont le niveau d'instruction primaire ou secondaire
(respectivement 48% et 43%).
plus, on remarque que les Akan sont les moins enclins à
vouloir faire exciser leurs filles (1 individu sur 3) suivi par les Krou (1
individu sur 5). Une vue de cette répartition est donnée
ci-dessous.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 42
FIGURE 4.8 - Répartition en
pourcentage de la population des individus n'ayant pas l'intention d'exciser
leurs filles selon le groupe ethnique (Source : Enquête VBG 2007,
Côte d'Ivoire)
4.2 Résumé des principales
caractéristiques des populations étudiées
L'analyse descriptive effectuée ci-dessous fait
ressortir un certain nombre de résultats assez intéressant qu'il
convient de confirmer à travers des tests statistiques
d'indépendance. Ce qui sera fait à travers la section
suivante.
Le tableau ci-après donne les caractéristiques
des populations suivantes : les femmes excisées, les femmes non
excisées, les individus qui ont l'intention d'exciser leurs filles et
ceux qui n'ont pas l'intention d'exciser leurs fille.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 43
FIGURE 4.9 - Résumé des principales
caractéristiques de la population des femmes excisées, non
excisées et des individus ayant l'intention d'exciser ou non leurs
filles (Source: Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire (nos estimations
d'après la base de données))
4.3 Présentation des résultats de tests
d'indépendance effectués
Dans le souci de garder une présentation fluide et ne
pas égarer nos lecteurs dans une panoplie de chiffres, seuls les
résultats de ces tests seront présentés avec les
conclusions tirées.
Les tests d'indépendance effectués sont ceux du
Khi-deux. Supposons qu'on veuille vérifier la dépendance de deux
variables X et Y toutes deux qualitatives . Les hypothèses
testées sont alors les suivantes.
Hypothèse nulle H0 : X et Y
sont indépendantes
Contre
Hypothèse alternative H1 : X
et Y ne sont pas indépendantes
Nous ne présenterons pas ici le mécanisme de ces
tests2 mais essentiellement les résultats. Le rejet de
l'hypothèse nulle dépend d'une valeur appelée p-value
déterminée en fonction des données sur les deux variables.
C'est donc sur ce critère que la décision de rejet ou
d'acceptation de l'hypothèse nulle sera prise.
2. Le lecteur intéressé peut se
référer à l'ouvrage de Michel Lejeune, Statistique : la
théorie et ses applications, Springer 2010, 446 pages
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 44
FIGURE 4.10 - Présentation des
résultats de p-value des tests d'indépendance effectués
entre les variables X et Y (Source : Enquête VBG 2007, nos calculs sous
Stata)
Remarque : Les tests ont été
effectués avec un risque d'erreur de 5% soit 0.05. Lorsque la p-value
est supérieure à ce seuil alors on rejette l'hypothèse
d'indépendance entre les variables X et Y.
L'observation du tableau montre que les p-values
calculées sont toutes inférieures à 0.05 on conclut donc
il existe une dépendance entre l'ensemble des couples de variables
(Xi, Yj) avec i=1,2 et j=1,2,3,4,5.
A présent, nous allons nous intéresser au cas
particulier de la relation entre le statut d'excision des femmes et celui de
leurs filles puis au statut d'excision des femmes et leur intention d'exciser
leurs filles (si elles ne le sont pas encore). Les tableaux ci-après
donnent les informations croisées respectivement sur chaque couple de
ces variables.
FIGURE 4.11 - Répartition des femmes
selon leur statut d'excision ainsi que celui de leurs filles (Source :
Enquête VBG 2007)
FIGURE 4.12 - Répartition des femmes
selon leur statut d'excision et selon l'intention de faire exciser leurs filles
(Source : Enquête VBG 2007)
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 45
De ces tableaux on dégage les résultats suivants
:
- La probabilité qu'une femme non excisée ait une
fille non excisée est égale à 0.996 - La
probabilité qu'une femme non excisée ne fasse pas exciser sa
fille est de l'ordre de 0.97
- La probabilité qu'une femme excisée ait une fille
excisée est de 0.171
- La probabilité qu'une femme excisée fasse exciser
ses filles est de 0.373
Ces différents résultats sont d'autant plus
importants car ils mettent en évidence le fait que la principale
caractéristique des femmes non excisée est celle de ne pas
exciser leurs filles.
Ainsi, à l'issu de ce chapitre, on dégage les
principaux résultats suivants :
- L'appartenance à la religion musulmane augmente la
probabilité d'être excisée pour une femme;
- Les groupes ethniques qui sont enclins à la pratique de
l'excision sont les Mande du Nord, les Mande du Sud, les Krou et les Gur;
- Une femme non excisée a de fortes chances de ne pas
exciser ses filles par contre, en ce qui concerne les femmes excisées la
séparation n'est pas très nette
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS
2012 46
Chapitre 5
Analyse multivariée : analyse des
correspondances multiples et
classification
Ce chapitre a pour objectif de tenter de confirmer les
résultats qui ont été énoncés dans le
chapitre précédent. Pour cela, il procède au moyen d'une
analyse multi variée notamment une ACM1 suivi d'une
classification (CAH). Le but étant de donner d'une manière plus
précise les caractéristiques de la population en les classant en
groupes plus ou moins homogènes. Nous allons nous aider du logiciel SPAD
2, logiciel de référence en matière d'analyse
des données. Comme pour le chapitre précédent, la
méthode utilisée est essentiellement descriptive même si
elle procède autrement. Cette manière descriptive de
procéder ne nous permet pas d'expliquer encore moins de faire des
déductions sur la base des faits observés mais elle a l'avantage
de donner les caractéristiques des individus par groupes
homogènes.
5.1 Choix de l'analyse
Cette partie porte essentiellement sur la classification des
populations des femmes excisées. Cette classification est
consécutive à une ACM que nous allons réaliser sur
certaines variables sociodémographiques. Le dendrogramme3
nous suggère une classification en quatre classes que nous allons
décrire dans la suite du document.
5.1.1 Présentation des variables
Afin de réaliser cette ACM sur la population des femmes
excisées, nous avons introduit les variables susceptibles de mieux
expliquer la pratique de l'excision. Nous avons retenu six variables actives
à savoir :
1. Analyse des correspondances multiples
2. Système portable pour l'analyse des données
3. Figure représentant l'histogramme des valeurs propres
après une ACM
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 47
- La religion qui est la véritable variable sur la quelle
porte l'analyse
- groupe ethnique qui a un grand pouvoir explicatif au vu de la
revue de littérature - nationalité: Elle nous dira si l'excision
est une pratique importée ou pas.
- niveau d'instruction pourra nous donner des informations
quant à l'éventuelle corrélation entre la pratique de
l'excision et la scolarisation
- L'intention de vouloir exciser les filles, qui va nous
renseigner sur la proportion des femmes excisées qui ont tendance
à perpétuer cette pratique. Il en est de même pour la
variable «Pensez-vous que cette pratique doit continuer d'exister
?»
5.1.2 Choix et interprétation des axes
factoriels
L'histogramme des valeurs propres nous suggère de
retenir les sept ou six premiers axes ces axes restituent environ 60% de
l'inertie (quantité d'information présente dans le nuage de
points). Mais nous n'interprèterons que les deux premiers axes
factoriels.
Interprétation de l'axe 1
Cet axe restitue 11,91% de l'information. Il oppose les femmes
qui sont favorables à l'excision (situées sur le coté des
valeurs positives de l'axe) et celles qui sont y réticentes
(situées du côté des valeurs négatives de l'axe).
Interprétation de l'axe 2
Il restitue 10,29% de l'information et est principalement
déterminé par la modalité musulmane située du
côté positif de l'axe.
5.2 Classification
L'annexe 2 représente le plan factoriel obtenu
après classification des femmes selon les variables citées. Le
dendrogramme nous suggère une partition en quatre classes.
5.2.1 Classe 1
C'est la plus petite classe; elle contient 7,14% de la
population des femmes excisées. C'est une classe essentiellement
formée de musulmans (88% de la population de cette classe est musulmane
Avec seulement 5,51% de catholiques). C'est aussi la classe des
étrangers dans ce sens qu'elle est constituée à 38% de
guinéens, 30,71% de burkinabés et environ 20% de maliens. Les
ivoiriens ne constituent que 4% de la population de cette classe. Cette classe
contient d'ailleurs tous les guinéens, près du tiers des maliens
et des burkinabés et à peine 1% des ivoiriens.
population de cette classe a un faible niveau d'instruction
car 24% des personnes ont un niveau primaire tandis que seulement 5,12% ont un
niveau secondaire et les autres catégories n'étant pas
statistiquement présentes dans cette classe.
Parmi les populations de cette classe, 42,52% de personnes
pensent que la pratique de l'excision doit être perpétuée
et à peu près 49% de femmes ont l'intention d'exciser leurs
filles.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 48
5.2.2 Classe 2
Elle contient 20,65% de la population totale. Elle est presque
composée d'ivoiriens (à 85%). C'est encore une classe
essentiellement musulmane car ceux-ci représentent 96,73% de la
population de la classe. Cette classe est constituée à
près de 60% de Mande du Sud et à environ 29,3% d'Akan. Les Gur et
les Mande du Nord ont un pourcentage cumulé de 7,45%.Par ailleurs,
presque tous les Mande du Sud y figurent (92,42% de MANDE DU NORD sont dans
cette classe). Dans cette classe, 29,97% de personnes pensent que la pratique
de l'excision devrait perdurer et cette même proportion de personnes ont
l'intention d'exciser leurs filles.
5.2.3 Classe 3
Avec 26,16% de la population totale, cette classe est la
classe d'individus ayant une opinion favorable vis-à-vis de la pratique
de l'excision. En effet, 94% de personnes présentes dans cette classe
pensent que la pratique l'excision devrait être perpétuée
et 96,34% des femmes ont l'intention d'exciser leurs filles. Les trois groupes
ethniques qui caractérisent cette classe sont les GUR
(représentant 41% de la classe) , les Mande du Sud (représentant
24,30% de la classe) et les Krou (qui représentant 29,9% de la
population de la classe) cette population est structurée en deux
principales religions : les animistes /traditionnel (17,63% de la classe) , les
musulmans (28,60% de la classe) et ceux qui n'ont pas de religion (29,03% de la
classe). Environ 73% de ceux qui ont l'intention d'exciser leurs filles
appartiennent à cette classe et environ 60% d'animistes y figurent
également. Elle contient par ailleurs une proportion non
négligeable d'étrangers et à peu près 28%
d'ivoiriens.
5.2.4 Classe 4
Elle contient 46,05% de la population totale. C'est les
classes de ceux qui sont contre la pratique de l'excision. En effet,
près 96% des personnes présentes dans cette classe pensent que
cette l'excision est néfaste et n'ont pas l'intention d'exciser leurs
filles. Elle contient 21,50% de protestants, 22% de catholiques, 20% de
musulmans et 26,7% de la population de cette classe n'ont pas de religion .elle
est par ailleurs constituée à 37%de KROU, à 26,7% de Mande
du Sud, et à 31,15% de GUR. Cette classe contient près de la
moitié des ivoiriens, 81% de protestants, 68% des catholiques, 21,34% de
de musulmans et 60,69% de ceux qui n'ont pas e religion. Par ailleurs, elle
contient 67,3% des Krou, 63,52% des Mande du Sud, près de 60% des Gur et
14,08% des Akan. Les niveaux d'instructions prépondérants dans
cette classe sont les niveaux primaires et secondaires.
5.3 Recherche des causes évoquées par les
pratiquants de l'excision
La classification faite précédemment nous fait
ressortir une classe (classe 3) qui contient la majorité des personnes
ayant un avis favorable vis-à-vis de la pratique de l'excision. Cette
partie s'intéresse aux principales raisons évoquées par
les individus de cette classe.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 49
FIGURE 5.1 - Proportion des individus
justifiant la pratique de l'excision comme nécessité religieuse
ou non (Source: Enquête VBG 2007)
Le graphique ci-dessus montre la part de responsabilité
qui incombe à la religion dans la pratique de l'excision. La population
qui a été retenue pour réaliser ces graphiques est la
population qui pense que la pratique de l'excision doit continuer. Les avis
recueillis ici portent essentiellement sur les groupes ethniques qui pratiquent
le plus l'excision (les Mande du Sud, les Krou, et les Gur) auxquelles on a
ajouté les burkinabè et les maliens. Ces graphiques montrent que
la religion n'est pas la principale raison évoquée par les
pratiquants de l'excision en côte d'ivoire. En effet, seulement 9% des
mandé du sud et des GUR qui sont pour la pratique de l'excision
justifient leur position par la nécessité religieuse. Cette
proportion est de 7% chez les Krou. Cependant, bien que les proportions
étant assez faibles chez les étrangers (près de 27% de
personnes pensent que la pratique de l'excision est une nécessité
religieuse), ceux-ci s'appuient beaucoup plus sur la religion pour
légitimer cette pratique.
Plusieurs autres raisons sont évoquées par les
populations pour justifier la pratique de l'excision mais la raison la plus
évoquée par ces populations reste du moins la tradition et les
coutumes 4. Près de la totalité des maliens et des
burkinabè pensent que la pratique de l'excision doit perdurer pour des
raisons traditionnelles, indépendamment de la religion. Ceci est
également valable pour les ivoiriens : 70% de mande du Sud, 95% des Gur
et environ 91% de Krou utilisent comme motif principal la tradition. Mis
à part la tradition, les autres raisons les plus observés sont la
«préservation de la virginité» suivie de
«l'accroissement de la chance de se marier»,
«l'hygiène» et le «plus grand plaisir du mari». Dans
ce classement, la nécessité religieuse vient en avant
dernière position des raisons évoquées. Les tableaux
ci-dessous donnent la répartition de ces principales raison
évoquées pour les
4. Voir figures 5.3 et 5.4
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 50
FIGURE 5.2 - Proportion des individus justifiant la pratique
de l'excision comme bonne tradition ou non (Source : Enquête VBG 2007)
différents groupes ethniques sus cités.
FIGURE 5.3 - Répartition en pourcentage des individus
selon le groupe ethnique et du motif évoqué pour justifier la
pratique de l'excision (Source: Enquête VBG 2007)
Les figures 5.3 et 5.45 mettent en évidence
deux raisons principales qu'évoquent les individus qui pratiquent
l'excision. Il s'agit de la tradition et de l'hygiène.
5. Figure 5.4 à la page suivante
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 51
FIGURE 5.4 - Répartition en
pourcentage des individus selon le groupe ethnique et du motif
évoqué pour justifier la pratique de l'excision (Source:
Enquête VBG 2007)
Le graphique ci-dessous (figure 5.5) donne les principales
raisons évoquées par les pratiquants de l'excision dans les
différents groupes religieux.
FIGURE 5.5 - Répartition des individus
pratiquant l'excision selon la religion ainsi que la raison
évoquée (Source : Enquête VBG 2007, Côte d'Ivoire)
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 52
On peut constater que la principale raison
évoquée ici reste encore la tradition. En effet, quelque soit la
religion considérée, plus du tiers des pratiquants de l'excision
s'appuient sur la tradition pour justifier leur position .Ceci reste le cas
même dans la population des musulmans. Cependant, malgré les
faibles taux (de «nécessité religieuse»)
observés dans tous les groupes ethniques. Les musulmans sont ceux qui
utilisent le plus la religion comme motif de l'excision. 21% de musulmans
pensent en effet que la pratique de l'excision est une nécessité
religieuse contre seulement 8% chez les catholiques, 5,4% chez les animistes,
et seulement 4,5% chez les protestants. Quant à la «bonne
tradition», elle présente des taux supérieurs à 80%
quelque soit la religion considérée.
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012
53
Conclusion
Présentation des résultats de
l'étude
Cette étude nous a permis de ressortir plusieurs
réalités dont certaines viennent juste confirmer les
études réalisées antérieurement sur la pratique de
l'excision en Côte d'Ivoire. Tout d'abord les résultats
présentés dans les statistiques descriptives nous
révèlent que la pratique de l'excision est plus répandue
chez les musulmans. En effet, parmi les femmes excisées de toute notre
population étudiée, 44% sont musulmanes. Ensuite viennent ceux
qui n'ont pas de religion, puis les catholiques, les protestants et enfin les
animistes et les autres religions viennent en dernière position. A ce
niveau nos résultats ont mis en évidences que la pratique de
l'excision est en majeure partie pratiquée par les musulmans. Cependant,
une classification réalisée sur la population des femmes
excisées nous a montré que cette population est essentiellement
peu scolarisée (les niveaux d'instruction les plus observés sont
le primaire et quelques fois le secondaire). Cette classification a fait
ressortir quatre grandes classes.
La première classe est celle des étrangers
(maliens, burkinabés, nigériens guinéens et autres). C'est
une classe dominée par les musulmans dans laquelle près de la
moitié des femmes excisées ont une forte propension à
vouloir exciser leurs filles.
Le deuxième groupe est quant à lui aussi
constitué des musulmans mais de nationalité ivoirienne cette fois
ci. C'est le groupe constitué des Mande du Sud et d'une partie des Akan.
Près du tiers des femmes présentes dans cette classe ont un avis
favorable vis-à-vis de la de l'excision.
La troisième classe est celle des groupes ethniques qui
sont pour la pratique de l'excision. Elle est constituée des Mande du
Sud, des Krou et des Gur. Cette population est structurée en deux
principales religions que sont les animistes/traditionnelles et les musulmans.
Ceux qui n'ont pas de religion représentent à peu près le
tiers de cette classe.
La dernière classe est quant à elle
constituée de détracteurs de l'excision; ce sont les Krou et les
Mande du Sud qui sont chrétiens (catholiques et protestants).
Avec cette classification, on constate de nouveau que les
groupes ethniques dans lesquels l'excision est plus répandue (Mande du
Sud, Krou et Gur) ne sont pas essentiellement totalement constitués de
musulmans. Il existe également des peuples de l'ouest de la cote
d'ivoire qui sont chrétiens ou animistes, dans lesquels l'excision est
également pratiquée. Cette dernière observation devient un
contraste avec l'idée selon laquelle l'excision est le fait des peuples
musulmans. Même si le test d'indépendance réalisé
dans cette étude nous montre une certaine liaison entre la religion et
la pratique de l'excision, la recherche
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel -
ITS 2012 54
des motifs poussant à cette pratique
révèle le contraire. En effet, lorsqu'on considère la
population des personnes qui veulent que l'excision soit
perpétuée, on constate que la nécessité religieuse
n'est pas la raison la plus évoquée, et ceci reste valable pour
les musulmans et les animistes. En effet, c'est la tradition qui est la raison
la plus fréquente parmi les raisons évoquées par les
pratiquants de l'excision. La religion n'est pas non plus la deuxième ni
même la troisième raison la plus évoquée car
après la tradition, viennent successivement, l'espérance d'une
meilleur chance de mariage, la préservation de la virginité et
l'hygiène corporelle de la femme. Une analyse pareille faite sur les
femmes Mande du Sud, Krou et Gur qui ont été excisées
conduit à des résultats pareils. Ainsi comme le soulignait le
rapport de l'enquête VBG 2007, l'excision n'est pas le fait de la
religion, mais ce sont les traditions ancestrales qui persistent au sein des
groupes ethniques. Il est donc important de prendre des mesures qui vont
pousser les populations (qui sont pour la plupart sous-scolarisées)
à mettre de côté leurs conceptions traditionnelles afin
d'éradiquer cette pratique qui a des conséquences néfastes
aussi bien sur le plan physique que psychologique des femmes qui en sont
victimes. Les recommandations proposées à cet effet sont
donnés dans le paragraphe suivant.
Limites de l'étude
Le présente étude souffre de quelques
insuffisances qu'il convient de souligner. Tout d'abord, il convient de noter
que les données qui ont servi à notre analyse sont
teintées d'une certaine dose de «genre». En effet, dans le
questionnaire d'Abidjan, la section qui a trait à la mutilation sexuelle
ne concerne que les femmes âgées de 12 à 49 ans. Ainsi, les
avis recueillis sur la question de l'excision sont majoritairement ceux des
femmes. Ces données sont donc susceptibles de nous mener à
conclure à la réticence des individus vis-à-vis de la
pratique de l'excision.
Par ailleurs, notre étude est essentiellement
descriptive c'est-à-dire qu'elle ne fait que révéler les
caractéristiques des individus ou des groupes d'individus qui pratiquent
l'excision. Donc les résultats doivent être
interprétés avec prudence. Particulièrement, il faudrait
éviter de faire de mener des raisonnements inductifs sur la base des
observations.
Recommandations
L'excision étant un véritable fléau
social nuisant à la santé des femmes, il convient d'y
remédier. Ce qui justifie l'intérêt que porte les
organisations internationales pour cette pratique.
En effet, il ressort de notre analyse les recommandations
suivantes :
- Les femmes non excisées ayant une forte
probabilité de ne pas exciser leurs filles à leur tour, l'accent
devrait être mis sur la sensibilisation des mères sur l'aspect
néfaste de la pratique afin que celles-ci l'abandonne.
- Ayant remarqué que les musulmans ont une forte
propension à exciser leurs filles, la recommandation ne peut pas
être directe. Les individus jouissant de la liberté de
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
religion, on ne peut pas les empêcher de exercer de
droit reconnu. Par contre, nous avons soulevé le fait que les musulmans
évoquent les hadith afin de justifier la pratique de l'excision, ce qui
pour certains auteurs6 découle d'une mauvaise
interprétation du coran. Nous recommandons ainsi que l'accent soit mis
sur la sensibilisation des chefs religieux.
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 55
6. Voir chapitre 2
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA,
Mai 2012
Références bibliographiques
1. Violences faites aux femmes en Afrique de l'Ouest et du
Centre, Unicef, Bureau régional d'Afrique de l'Ouest et du Centre
2. Étude de cas : les déterminants de
l'excision en Côte d'Ivoire
3. Rapport pour l'examen périodique universel de
Côte d'Ivoire - Action Canada for Population and Développent
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 56
Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire
ENSEA, Mai 2012
Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS
2012 57
Annexes
Annexe 1 : Localisation des département
d'enquête
Annexe 2 : Répartition de la
population des zones enquêtées selon les caractéristiques
sociodémographiques
Annexe 3 : Choix des axes
Annexe 4 : Caractérisation par les
modalités des classes de la partition Annexe 5 : Tri
à plat des variables actives
ANNEXE 1
ANNEXE 2: REPARTITION DE LA POPULATION ENQUETEE SELON LES
CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES
|
Femmes excisées
|
Femmes non excisées
|
Intention d'exciser
|
Intention de ne pas exciser
|
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Total
|
3 555
|
100,00%
|
4 776
|
100,00%
|
1 942
|
100,00%
|
8 981
|
100,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Milieu de résidence
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Urbain
|
2 075
|
58,37%
|
2 351
|
49,23%
|
1 022
|
52,63%
|
4 774
|
53,16%
|
Rural
|
1 480
|
41,63%
|
2 425
|
50,77%
|
920
|
47,37%
|
4 207
|
46,84%
|
Total
|
3 555
|
100,00%
|
4 776
|
100,00%
|
1 942
|
100,00%
|
8 981
|
100,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Statut matrimonial
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Célibataire
|
1 136
|
31,98%
|
2 926
|
61,29%
|
651
|
33,54%
|
4 778
|
53,22%
|
Vie avec partenaire
|
725
|
20,41%
|
844
|
17,68%
|
363
|
18,70%
|
1 693
|
18,86%
|
Marié(e)
|
1 383
|
38,94%
|
815
|
17,07%
|
803
|
41,37%
|
2 101
|
23,40%
|
Divorcé
|
56
|
1,58%
|
35
|
0,73%
|
19
|
0,98%
|
80
|
0,89%
|
Séparé
|
54
|
1,52%
|
57
|
1,19%
|
14
|
0,72%
|
110
|
1,23%
|
Veuf/veuve
|
198
|
5,57%
|
97
|
2,03%
|
91
|
4,69%
|
216
|
2,41%
|
Total
|
3 552
|
100,00%
|
4 774
|
100,00%
|
1 941
|
100,00%
|
8 978
|
100,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Religion
|
|
|
|
|
|
|
|
|
catholique
|
527
|
14,88%
|
1 512
|
33,10%
|
237
|
12,22%
|
2 165
|
24,67%
|
protestante
|
432
|
12,20%
|
1 328
|
29,07%
|
136
|
7,01%
|
2 085
|
23,76%
|
Musulmane
|
1 528
|
43,14%
|
844
|
18,48%
|
856
|
44,15%
|
2 307
|
26,29%
|
Animiste/traditionnelle
|
285
|
8,05%
|
101
|
2,21%
|
255
|
13,15%
|
391
|
4,46%
|
Aucune religion
|
720
|
20,33%
|
683
|
14,95%
|
428
|
22,07%
|
1 646
|
18,76%
|
Autre religion
|
50
|
1,41%
|
100
|
2,19%
|
27
|
1,39%
|
182
|
2,07%
|
Total
|
3 542
|
100,00%
|
4 568
|
100,00%
|
1 939
|
100,00%
|
8 776
|
100,00%
|
|
Femmes excisées
|
Femmes non excisées
|
Intention d'exciser
|
Intention de ne pas exciser
|
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Niveau d'instruction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Primaire
|
851
|
61,31%
|
1 537
|
49,61%
|
503
|
64,32%
|
2 662
|
47,85%
|
Secondaire
|
453
|
32,64%
|
1 189
|
38,38%
|
215
|
27,49%
|
2 374
|
42,67%
|
Supérieur
|
27
|
1,95%
|
174
|
5,62%
|
6
|
0,77%
|
265
|
4,76%
|
Ecole coranique
|
56
|
4,03%
|
197
|
6,36%
|
57
|
7,29%
|
256
|
4,60%
|
Autre
|
1
|
0,07%
|
1
|
0,03%
|
1
|
0,13%
|
6
|
0,11%
|
Total
|
1 388
|
100,00%
|
3 098
|
100,00%
|
782
|
100,00%
|
5 563
|
100,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tranche d'âge
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10-14
|
246
|
6,93%
|
747
|
15,67%
|
179
|
9,22%
|
999
|
11,13%
|
15-19
|
642
|
18,07%
|
1 238
|
25,96%
|
367
|
18,90%
|
2 062
|
22,98%
|
20-24
|
552
|
15,54%
|
869
|
18,23%
|
265
|
13,65%
|
1 586
|
17,68%
|
25-29
|
669
|
18,83%
|
803
|
16,84%
|
332
|
17,10%
|
1 605
|
17,89%
|
30-34
|
484
|
13,63%
|
451
|
9,46%
|
257
|
13,23%
|
1 044
|
11,63%
|
35-39
|
393
|
11,06%
|
318
|
6,67%
|
267
|
13,75%
|
892
|
9,94%
|
40-44
|
308
|
8,67%
|
189
|
3,96%
|
168
|
8,65%
|
489
|
5,45%
|
45-49
|
258
|
7,26%
|
153
|
3,21%
|
107
|
5,51%
|
296
|
3,30%
|
Ensemble
|
3 552
|
100,00%
|
4 768
|
100,00%
|
1 942
|
100,00%
|
8 973
|
100,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Groupe ethnique
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Akan
|
277
|
8,20%
|
2 174
|
46,93%
|
181
|
9,89%
|
2 800
|
32,24%
|
Krou
|
905
|
26,78%
|
659
|
14,23%
|
447
|
24,41%
|
1 655
|
19,05%
|
Mande du Nord
|
462
|
13,67%
|
262
|
5,66%
|
214
|
11,69%
|
710
|
8,17%
|
Mande du Sud
|
677
|
20,04%
|
490
|
10,58%
|
329
|
17,97%
|
1 334
|
15,36%
|
Gur
|
947
|
28,03%
|
753
|
16,26%
|
619
|
33,81%
|
1 764
|
20,31%
|
Malien
|
57
|
1,69%
|
80
|
1,73%
|
28
|
1,53%
|
117
|
1,35%
|
Burkinabe
|
54
|
1,60%
|
214
|
4,62%
|
13
|
0,71%
|
306
|
3,52%
|
Total
|
3 379
|
100,00%
|
4 632
|
100,00%
|
1 831
|
100,00%
|
8 686
|
100,00%
|
ANNEXE 3: CHOIX DES AXES
Tableau des valeurs propres
Trace de la matrice: 3.00000
Numéro
|
Valeur propre
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
1
|
0,3573
|
11,91
|
11,91
|
2
|
0,3087
|
10,29
|
22,20
|
3
|
0,2217
|
7,39
|
29,59
|
4
|
0,2087
|
6,96
|
36,55
|
5
|
0,1885
|
6,28
|
42,83
|
6
|
0,1841
|
6,14
|
48,97
|
7
|
0,1784
|
5,95
|
54,91
|
8
|
0,1724
|
5,75
|
60,66
|
9
|
0,1616
|
5,39
|
66,05
|
10
|
0,1608
|
5,36
|
71,41
|
11
|
0,1543
|
5,14
|
76,55
|
12
|
0,1529
|
5,10
|
81,64
|
13
|
0,1413
|
4,71
|
86,35
|
14
|
0,1261
|
4,20
|
90,56
|
15
|
0,1155
|
3,85
|
94,41
|
16
|
0,0774
|
2,58
|
96,99
|
17
|
0,0710
|
2,37
|
99,35
|
18
|
0,0194
|
0,65
|
100,00
|
ANNEXE 4: Caractérisation par les modalités
des classes de la partition Coupure 'b' de l'arbre en 4 classes
Classe: CLASSE 1 / 4 (Effectif: 254 - Pourcentage:
7.14)
Libellés des variables
|
Modalités
caractéristiques
|
% de la modalité dans la classe
|
% de
la modalité dans l'échantillon
|
% de la classe dans la
modalité
|
Valeur-Test
|
Probabilité
|
Poids
|
NATIONALITE
|
C11=GUINEENNE
|
38,58
|
2,76
|
100,00
|
23,43
|
0,000
|
98
|
RELIGION
|
C12=musulman
|
88,98
|
42,98
|
14,79
|
15,85
|
0,000
|
1528
|
NATIONALITE
|
C11=BURKINABE
|
30,71
|
6,16
|
35,62
|
12,84
|
0,000
|
219
|
NATIONALITE
|
C11=MALIENNE
|
20,08
|
4,14
|
34,69
|
9,99
|
0,000
|
147
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NE SAIT PAS
|
8,66
|
4,14
|
14,97
|
3,24
|
0,001
|
147
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=OUI
|
42,52
|
34,21
|
8,88
|
2,79
|
0,003
|
1216
|
|
|
|
|
|
|
|
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=AKAN
|
2,76
|
7,79
|
2,53
|
-3,33
|
0,000
|
277
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
C5=PRIMAIRE
|
14,57
|
23,94
|
4,35
|
-3,72
|
0,000
|
851
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NON
|
48,82
|
60,93
|
5,72
|
-3,99
|
0,000
|
2166
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
C5=SECONDAIRE
|
5,12
|
12,74
|
2,87
|
-4,06
|
0,000
|
453
|
RELIGION
|
C12=Catholique
|
5,51
|
14,82
|
2,66
|
-4,70
|
0,000
|
527
|
RELIGION
|
Animiste/Traditionne
|
1,18
|
8,02
|
1,05
|
-4,83
|
0,000
|
285
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=NON
|
42,52
|
58,12
|
5,23
|
-5,12
|
0,000
|
2066
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU NORD
|
2,36
|
13,00
|
1,30
|
-6,04
|
0,000
|
462
|
RELIGION
|
C12=Protestante
|
0,39
|
12,15
|
0,23
|
-7,44
|
0,000
|
432
|
RELIGION
|
Pas de religion/Aucu
|
3,94
|
20,25
|
1,39
|
-7,69
|
0,000
|
720
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=GUR
|
5,12
|
26,64
|
1,37
|
-9,14
|
0,000
|
947
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU SUD
|
1,18
|
19,04
|
0,44
|
-9,17
|
0,000
|
677
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=KROU
|
3,94
|
25,46
|
1,10
|
-9,42
|
0,000
|
905
|
NATIONALITE
|
C11=IVOIRIENNE
|
3,54
|
85,65
|
0,30
|
-31,55
|
0,000
|
3045
|
Classe: CLASSE 2 / 4 (Effectif: 734 - Pourcentage:
20.65)
Libellés des variables
|
Modalités
caractéristiques
|
% de la modalité dans la classe
|
% de
la modalité dans l'échantillon
|
% de la classe dans la
modalité
|
Valeur-Test
|
Probabilité
|
Poids
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU NORD
|
58,17
|
13,00
|
92,42
|
36,97
|
0,000
|
462
|
RELIGION
|
C12=musulman
|
96,73
|
42,98
|
46,47
|
35,29
|
0,000
|
1528
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=AKAN
|
29,29
|
7,79
|
77,62
|
21,43
|
0,000
|
277
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NE SAIT PAS
|
11,17
|
4,14
|
55,78
|
9,51
|
0,000
|
147
|
NATIONALITE
|
C11=MALIENNE
|
9,26
|
4,14
|
46,26
|
7,05
|
0,000
|
147
|
|
|
|
|
|
|
|
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=OUI
|
29,97
|
34,21
|
18,09
|
-2,69
|
0,004
|
1216
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=OUI
|
28,61
|
34,51
|
17,11
|
-3,77
|
0,000
|
1227
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
C5=PRIMAIRE
|
18,26
|
23,94
|
15,75
|
-4,09
|
0,000
|
851
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=NON
|
51,36
|
58,12
|
18,25
|
-4,10
|
0,000
|
2066
|
NATIONALITE
|
C11=IVOIRIENNE
|
80,65
|
85,65
|
19,44
|
-4,16
|
0,000
|
3045
|
NATIONALITE
|
C11=GUINEENNE
|
0,00
|
2,76
|
0,00
|
-6,37
|
0,000
|
98
|
RELIGION
|
Animiste/Traditionne
|
0,00
|
8,02
|
0,00
|
-11,47
|
0,000
|
285
|
RELIGION
|
C12=Protestante
|
0,95
|
12,15
|
1,62
|
-12,52
|
0,000
|
432
|
RELIGION
|
C12=Catholique
|
1,63
|
14,82
|
2,28
|
-13,30
|
0,000
|
527
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU SUD
|
2,45
|
19,04
|
2,66
|
-14,93
|
0,000
|
677
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=GUR
|
4,90
|
26,64
|
3,80
|
-16,80
|
0,000
|
947
|
RELIGION
|
Pas de religion/Aucu
|
0,41
|
20,25
|
0,42
|
-18,46
|
0,000
|
720
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=KROU
|
1,09
|
25,46
|
0,88
|
-20,33
|
0,000
|
905
|
Classe: CLASSE 3 / 4 (Effectif: 930 - Pourcentage:
26.16)
Libellés des variables
|
Modalités
caractéristiques
|
% de la modalité dans la classe
|
% de
la modalité dans l'échantillon
|
% de la classe dans la
modalité
|
Valeur-Test
|
Probabilité
|
Poids
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=OUI
|
96,34
|
34,51
|
73,02
|
47,91
|
0,000
|
1227
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=OUI
|
94,09
|
34,21
|
71,96
|
46,01
|
0,000
|
1216
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=GUR
|
41,72
|
26,64
|
40,97
|
11,75
|
0,000
|
947
|
RELIGION
|
Animiste/Traditionne
|
17,63
|
8,02
|
57,54
|
11,67
|
0,000
|
285
|
RELIGION
|
Pas de religion/Aucu
|
29,03
|
20,25
|
37,50
|
7,50
|
0,000
|
720
|
NATIONALITE
|
C11=IVOIRIENNE
|
92,26
|
85,65
|
28,18
|
6,99
|
0,000
|
3045
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU SUD
|
24,30
|
19,04
|
33,38
|
4,62
|
0,000
|
677
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=KROU
|
29,89
|
25,46
|
30,72
|
3,53
|
0,000
|
905
|
|
|
|
|
|
|
|
|
NATIONALITE
|
C11=MALIENNE
|
2,80
|
4,14
|
17,69
|
-2,36
|
0,009
|
147
|
NATIONALITE
|
C11=BURKINABE
|
4,52
|
6,16
|
19,18
|
-2,41
|
0,008
|
219
|
RELIGION
|
C12=Protestante
|
7,74
|
12,15
|
16,67
|
-4,92
|
0,000
|
432
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
C5=SECONDAIRE
|
8,17
|
12,74
|
16,78
|
-5,00
|
0,000
|
453
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NE SAIT PAS
|
1,40
|
4,14
|
8,84
|
-5,27
|
0,000
|
147
|
NATIONALITE
|
C11=GUINEENNE
|
0,00
|
2,76
|
0,00
|
-7,39
|
0,000
|
98
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=AKAN
|
1,72
|
7,79
|
5,78
|
-9,05
|
0,000
|
277
|
RELIGION
|
C12=musulman
|
28,60
|
42,98
|
17,41
|
-10,43
|
0,000
|
1528
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU NORD
|
0,75
|
13,00
|
1,52
|
-15,48
|
0,000
|
462
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=NON
|
1,72
|
58,12
|
0,77
|
-43,67
|
0,000
|
2066
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NON
|
3,44
|
60,93
|
1,48
|
-44,09
|
0,000
|
2166
|
Classe: CLASSE 4 / 4 (Effectif: 1637 - Pourcentage:
46.05)
Libellés des variables
|
Modalités
caractéristiques
|
% de la modalité dans la classe
|
% de
la modalité dans l'échantillon
|
% de la classe dans la
modalité
|
Valeur-Test
|
Probabilité
|
Poids
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=NON
|
95,60
|
58,12
|
75,75
|
45,13
|
0,000
|
2066
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NON
|
96,82
|
60,93
|
73,18
|
44,03
|
0,000
|
2166
|
NATIONALITE
|
C11=IVOIRIENNE
|
96,88
|
85,65
|
52,09
|
18,87
|
0,000
|
3045
|
RELIGION
|
C12=Protestante
|
21,50
|
12,15
|
81,48
|
16,10
|
0,000
|
432
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=KROU
|
37,20
|
25,46
|
67,29
|
14,88
|
0,000
|
905
|
RELIGION
|
C12=Catholique
|
21,99
|
14,82
|
68,31
|
11,11
|
0,000
|
527
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU SUD
|
26,27
|
19,04
|
63,52
|
10,10
|
0,000
|
677
|
RELIGION
|
Pas de religion/Aucu
|
26,70
|
20,25
|
60,69
|
8,79
|
0,000
|
720
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
C5=PRIMAIRE
|
29,02
|
23,94
|
55,82
|
6,51
|
0,000
|
851
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
|
C5=SECONDAIRE
|
16,37
|
12,74
|
59,16
|
5,94
|
0,000
|
453
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=GUR
|
31,15
|
26,64
|
53,85
|
5,58
|
0,000
|
947
|
|
|
|
|
|
|
|
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=NE SAIT PAS
|
1,83
|
4,14
|
20,41
|
-6,52
|
0,000
|
147
|
NATIONALITE
|
C11=BURKINABE
|
2,50
|
6,16
|
18,72
|
-8,66
|
0,000
|
219
|
NATIONALITE
|
C11=GUINEENNE
|
0,00
|
2,76
|
0,00
|
-10,81
|
0,000
|
98
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=AKAN
|
2,38
|
7,79
|
14,08
|
-11,70
|
0,000
|
277
|
NATIONALITE
|
C11=MALIENNE
|
0,12
|
4,14
|
1,36
|
-12,71
|
0,000
|
147
|
GROUPE ETHNIQUE
|
=MANDE DU NORD
|
1,34
|
13,00
|
4,76
|
-21,08
|
0,000
|
462
|
RELIGION
|
C12=musulman
|
19,91
|
42,98
|
21,34
|
-26,21
|
0,000
|
1528
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
|
C9=OUI
|
1,41
|
34,51
|
1,87
|
-42,46
|
0,000
|
1227
|
PERPETUER L'EXCISION?
|
C10=OUI
|
0,79
|
34,21
|
1,07
|
-43,32
|
0,000
|
1216
|
Annexe 5: Tris à plat des variables actives
(Seuil: 2.0 %)
ROUPE ETHNIQUE
Libellé des modalités
|
Effectif avant apurement
|
Poids avant apurement
|
Effectif après apurement
|
Poids après apurement
|
=8
|
22
|
22,00
|
Ventilée
|
|
=AKAN
|
277
|
277,00
|
296
|
296,00
|
=BURKINABE
|
54
|
54,00
|
Ventilée
|
|
=GUR
|
947
|
947,00
|
974
|
974,00
|
=KROU
|
905
|
905,00
|
935
|
935,00
|
=MALIEN
|
57
|
57,00
|
Ventilée
|
|
=MANDE DU NORD
|
462
|
462,00
|
480
|
480,00
|
=MANDE DU SUD
|
677
|
677,00
|
695
|
695,00
|
*Reponse manquante*
|
154
|
154,00
|
175
|
175,00
|
NIVEAU D'INSTRUCTION
Libellé des modalités
|
Effectif avant apurement
|
Poids avant apurement
|
Effectif après apurement
|
Poids après apurement
|
C5=AUTRE
|
1
|
1,00
|
Ventilée
|
|
C5=ECOLE CORANIQUE
|
56
|
56,00
|
Ventilée
|
|
C5=PRIMAIRE
|
851
|
851,00
|
878
|
878,00
|
C5=SECONDAIRE
|
453
|
453,00
|
480
|
480,00
|
C5=SUPERIEUR
|
27
|
27,00
|
Ventilée
|
|
*Reponse manquante*
|
2167
|
2167,00
|
2197
|
2197,00
|
INTENTION D'EXCISER LA FILLE ?
Libellé des modalités
|
Effectif avant apurement
|
Poids avant apurement
|
Effectif après apurement
|
Poids après apurement
|
C9=NA SAIT PAS
|
70
|
70,00
|
Ventilée
|
|
C9=NON
|
2066
|
2066,00
|
2085
|
2085,00
|
C9=OUI
|
1227
|
1227,00
|
1254
|
1254,00
|
*Reponse manquante*
|
192
|
192,00
|
216
|
216,00
|
L'EXCISION DEVRAIT ELLE ETRE PERPETUEE?
Libellé des modalités
|
Effectif avant apurement
|
Poids avant apurement
|
Effectif après apurement
|
Poids après apurement
|
C10=NE SAIT PAS
|
147
|
147,00
|
154
|
154,00
|
C10=NON
|
2166
|
2166,00
|
2176
|
2176,00
|
C10=OUI
|
1216
|
1216,00
|
1225
|
1225,00
|
*Reponse manquante*
|
26
|
26,00
|
Ventilée
|
|
NATIONALITE
Libellé des modalités
|
Effectif avant apurement
|
Poids avant apurement
|
Effectif après apurement
|
Poids après apurement
|
C11=AUTRES AFRICAINS
|
4
|
4,00
|
Ventilée
|
|
C11=BENINOISE
|
3
|
3,00
|
Ventilée
|
|
C11=BURKINABE
|
219
|
219,00
|
233
|
233,00
|
C11=GHANENNE
|
8
|
8,00
|
Ventilée
|
|
C11=GUINEENNE
|
98
|
98,00
|
107
|
107,00
|
C11=IVOIRIENNE
|
3045
|
3045,00
|
3059
|
3059,00
|
C11=LIBERIENNE
|
6
|
6,00
|
Ventilée
|
|
C11=MALIENNE
|
147
|
147,00
|
156
|
156,00
|
C11=NIGERIANE
|
2
|
2,00
|
Ventilée
|
|
C11=NIGERIENNE
|
13
|
13,00
|
Ventilée
|
|
C11=TOGOLAISE
|
9
|
9,00
|
Ventilée
|
|
*Reponse manquante*
|
1
|
1,00
|
Ventilée
|
|
RELIGION
Libellé des modalités
|
Effectif avant apurement
|
Poids avant apurement
|
Effectif après apurement
|
Poids après apurement
|
C12=6
|
7
|
7,00
|
Ventilée
|
|
C12=AUTRE
|
50
|
50,00
|
Ventilée
|
|
Animiste/Traditionne
|
285
|
285,00
|
296
|
296,00
|
C12=Catholique
|
527
|
527,00
|
541
|
541,00
|
Pas de religion/Aucu
|
720
|
720,00
|
732
|
732,00
|
C12=Protestante
|
432
|
432,00
|
450
|
450,00
|
C12=musulman
|
1528
|
1528,00
|
1536
|
1536,00
|
*Reponse manquante*
|
6
|
6,00
|
Ventilée
|
|
|
|