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Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire

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par Nguemo Ngueabou Joël et Douala Roméo
Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée Côte d'Ivoire - Diplôme d'ingénieur des travaux statistiques 2012
  

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Conclusion

Présentation des résultats de l'étude

Cette étude nous a permis de ressortir plusieurs réalités dont certaines viennent juste confirmer les études réalisées antérieurement sur la pratique de l'excision en Côte d'Ivoire. Tout d'abord les résultats présentés dans les statistiques descriptives nous révèlent que la pratique de l'excision est plus répandue chez les musulmans. En effet, parmi les femmes excisées de toute notre population étudiée, 44% sont musulmanes. Ensuite viennent ceux qui n'ont pas de religion, puis les catholiques, les protestants et enfin les animistes et les autres religions viennent en dernière position. A ce niveau nos résultats ont mis en évidences que la pratique de l'excision est en majeure partie pratiquée par les musulmans. Cependant, une classification réalisée sur la population des femmes excisées nous a montré que cette population est essentiellement peu scolarisée (les niveaux d'instruction les plus observés sont le primaire et quelques fois le secondaire). Cette classification a fait ressortir quatre grandes classes.

La première classe est celle des étrangers (maliens, burkinabés, nigériens guinéens et autres). C'est une classe dominée par les musulmans dans laquelle près de la moitié des femmes excisées ont une forte propension à vouloir exciser leurs filles.

Le deuxième groupe est quant à lui aussi constitué des musulmans mais de nationalité ivoirienne cette fois ci. C'est le groupe constitué des Mande du Sud et d'une partie des Akan. Près du tiers des femmes présentes dans cette classe ont un avis favorable vis-à-vis de la de l'excision.

La troisième classe est celle des groupes ethniques qui sont pour la pratique de l'excision. Elle est constituée des Mande du Sud, des Krou et des Gur. Cette population est structurée en deux principales religions que sont les animistes/traditionnelles et les musulmans. Ceux qui n'ont pas de religion représentent à peu près le tiers de cette classe.

La dernière classe est quant à elle constituée de détracteurs de l'excision; ce sont les Krou et les Mande du Sud qui sont chrétiens (catholiques et protestants).

Avec cette classification, on constate de nouveau que les groupes ethniques dans lesquels l'excision est plus répandue (Mande du Sud, Krou et Gur) ne sont pas essentiellement totalement constitués de musulmans. Il existe également des peuples de l'ouest de la cote d'ivoire qui sont chrétiens ou animistes, dans lesquels l'excision est également pratiquée. Cette dernière observation devient un contraste avec l'idée selon laquelle l'excision est le fait des peuples musulmans. Même si le test d'indépendance réalisé dans cette étude nous montre une certaine liaison entre la religion et la pratique de l'excision, la recherche

Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA, Mai 2012

Douala Roméo, Nguemo Ngueabou Joel - ITS 2012 54

des motifs poussant à cette pratique révèle le contraire. En effet, lorsqu'on considère la population des personnes qui veulent que l'excision soit perpétuée, on constate que la nécessité religieuse n'est pas la raison la plus évoquée, et ceci reste valable pour les musulmans et les animistes. En effet, c'est la tradition qui est la raison la plus fréquente parmi les raisons évoquées par les pratiquants de l'excision. La religion n'est pas non plus la deuxième ni même la troisième raison la plus évoquée car après la tradition, viennent successivement, l'espérance d'une meilleur chance de mariage, la préservation de la virginité et l'hygiène corporelle de la femme. Une analyse pareille faite sur les femmes Mande du Sud, Krou et Gur qui ont été excisées conduit à des résultats pareils. Ainsi comme le soulignait le rapport de l'enquête VBG 2007, l'excision n'est pas le fait de la religion, mais ce sont les traditions ancestrales qui persistent au sein des groupes ethniques. Il est donc important de prendre des mesures qui vont pousser les populations (qui sont pour la plupart sous-scolarisées) à mettre de côté leurs conceptions traditionnelles afin d'éradiquer cette pratique qui a des conséquences néfastes aussi bien sur le plan physique que psychologique des femmes qui en sont victimes. Les recommandations proposées à cet effet sont donnés dans le paragraphe suivant.

Limites de l'étude

Le présente étude souffre de quelques insuffisances qu'il convient de souligner. Tout d'abord, il convient de noter que les données qui ont servi à notre analyse sont teintées d'une certaine dose de «genre». En effet, dans le questionnaire d'Abidjan, la section qui a trait à la mutilation sexuelle ne concerne que les femmes âgées de 12 à 49 ans. Ainsi, les avis recueillis sur la question de l'excision sont majoritairement ceux des femmes. Ces données sont donc susceptibles de nous mener à conclure à la réticence des individus vis-à-vis de la pratique de l'excision.

Par ailleurs, notre étude est essentiellement descriptive c'est-à-dire qu'elle ne fait que révéler les caractéristiques des individus ou des groupes d'individus qui pratiquent l'excision. Donc les résultats doivent être interprétés avec prudence. Particulièrement, il faudrait éviter de faire de mener des raisonnements inductifs sur la base des observations.

Recommandations

L'excision étant un véritable fléau social nuisant à la santé des femmes, il convient d'y remédier. Ce qui justifie l'intérêt que porte les organisations internationales pour cette pratique.

En effet, il ressort de notre analyse les recommandations suivantes :

- Les femmes non excisées ayant une forte probabilité de ne pas exciser leurs filles à leur tour, l'accent devrait être mis sur la sensibilisation des mères sur l'aspect néfaste de la pratique afin que celles-ci l'abandonne.

- Ayant remarqué que les musulmans ont une forte propension à exciser leurs filles, la recommandation ne peut pas être directe. Les individus jouissant de la liberté de

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religion, on ne peut pas les empêcher de exercer de droit reconnu. Par contre, nous avons soulevé le fait que les musulmans évoquent les hadith afin de justifier la pratique de l'excision, ce qui pour certains auteurs6 découle d'une mauvaise interprétation du coran. Nous recommandons ainsi que l'accent soit mis sur la sensibilisation des chefs religieux.

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6. Voir chapitre 2

Religion et pratique de l'excision en Côte d'Ivoire ENSEA, Mai 2012

Références bibliographiques

1. Violences faites aux femmes en Afrique de l'Ouest et du Centre, Unicef, Bureau régional d'Afrique de l'Ouest et du Centre

2. Étude de cas : les déterminants de l'excision en Côte d'Ivoire

3. Rapport pour l'examen périodique universel de Côte d'Ivoire - Action Canada for Population and Développent

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