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La coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée à  l'épreuve de la criminalité transfrontalière. Etat des lieux et esquisse de solution

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par Vernuy Eric SUYRU
Université de Yaoundé II Cameroun - Master en relations internationales, option intégration régionale et management des institutions communautaires 2011
  

Disponible en mode multipage

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    SOMMAIRE

    Introduction générale......................................................................................1

    PREMIÈRE PARTIE : LES DIFFICULTÉS DE MISE EN OEUVRE DE LA COOPÉRATION SÉCURITAIRE : UN FACTEUR D'ENRACINEMENT ET DE RECRUDESCENCE DE LA CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIÈRE DANS LE GOLFE DE GUINÉE..............................................................................................17

    Chapitre I : La faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée : un facteur structurant de multiplication des actes de criminalité transfrontalière.............................................18

    Chapitre II : L'inadéquation des initiatives actuelles de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée...............................................................41

    Conclusion de la première partie.......................................................................59

    DEUXIÈME PARTIE : LES VOIES DE RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION SÉCURITAIRE ENTRE LES ETATS DANS LE GOLFE DE GUINEE : MODERNISER LA GOUVERNANCE DES ESPACES TRANSFRONTALIERS ET CONCRETISER UN SYSTEME AUTONOME DE SECURITE COLLECTIVE..................................................60

    Chapitre III : Moderniser la gouvernance des zones frontalières nationales: Coupler les reformes économique et sociopolitique aux solutions sécuritaires.................................61

    Chapitre IV : La concrétisation d'un système autonome de sécurité collective : Un moyen de renforcement de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée............78

    Conclusion de la deuxième partie.......................................................................95

    Conclusion générale......................................................................................96

    DÉDICACES

    Au Seigneur Tout-puissant et miséricordieux, pour sa présence et sa magnificence dans ma vie ;

    A la mémoire de DJAM Ramatou Clarisse Laure, ma mère, qui consacra sa vie à la recherche de notre réussite sociale, mais très tôt partie et à jamais exilée dans l'Au-delà ;

    A maman EBENG Fatima Antoinette, pour son indéfectible amour providentiel ;

    A ma famille, mes ami(e)s et connaissances, qu'il leur plait de trouver ici le témoignage de ma profonde gratitude pour leur constante sollicitude.

    REMERCIEMENTS

    Nous exprimons notre profonde gratitude tout d'abord, à la direction de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) et à son personnel enseignant pour la formation académique et scientifique reçue ainsi que pour le sens de la rigueur et le gout de l'effort ; toutes qualités dont nous avons été en permanente quête durant notre parcours à l'institut ;

    Ensuite à notre encadreur, le Professeur Joseph Vincent NTUDA EBODE, pour sa disponibilité, son suivi bienveillant et ses conseils multiformes ; sans oublier les facilités qu'il nous a accordées pour l'accès à la bibliothèque du Centre de Recherche d'Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS) de l'Université de Yaoundé II-SOA dont il a la charge, pour l'aboutissement de ces travaux ;

    Enfin, pour aller au bout de notre parcours, nous avons bénéficié des conseils bienveillants des ainés académiques dont Charles Guy MAKONGO de la promotion Contentieux International 2007. De même qu'il nous a fallu toute la convivialité et toute l'affection de nos dynamiques camarades de la promotion IRMIC 2010, baptisée « Promotion de la Renaissance Africaine », pour qui le respect et l'estime que nous les vouons demeureront fermes. A tous, nous disons la main sur le coeur : mille fois merci !!!

    ABSTRACT

    Notre étude intitulée, La coopération sécuritaire face au défi de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée : état des lieux et esquisse de solution, s'est structurée autour de la question suivante : comment renforcer la coopération sécuritaire au regard de l'enracinement et de la recrudescence des pratiques de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée ? De ce fait, après avoir analysé les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire face à la multiplication des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, nos recherches ont scruté les voies de renforcement de ladite coopération. Lesquelles privilégient la modernisation de la gouvernance des espaces transfrontaliers et la concrétisation d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée qui, avec le soutien de l'extérieur, pourrait permettre de juguler plus efficacement le phénomène de la criminalité transfrontalière qui menace, aussi bien la navigation maritime, que la paix et la sécurité régionale et internationale.

    Our case study entitled, Security cooperation facing the challenge of transborder criminality along the gulf of Guinea: an overview and a proposed solution, was focused on following question: How to reinforce security cooperation in regards of deep-rooting and rising of transborder criminal acts along the gulf of Guinea? Thereby, after analyzing the difficulties of setting up a good security cooperation challenging the multiplication of transborder criminal acts in the gulf of Guinea, our research scrutinized the means of reinforcing the said cooperation. These means put emphasize on the modernization of the administration of the transborders spaces and the implementation of an autonomous system of collective security in the gulf of Guinea which, with the foreign contribution, can enable to check more effectively the phenomenon of transborder criminality which threatens good and peaceful maritime navigation as well as regional and international peace and security.

    ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES UTILISÉS

    AFRICOM : US African Command/ Commandement Américain pour l'Afrique

    AG/ONU : Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies

    ALPC : Armes Légères et de Petit Calibre

    AMC : African Marine Commando

    BAD : Banque Africaine de Développement

    BEAC : Banque des Etats de l'Afrique Centrale

    BFF: Bakassi Freedom Fighters

    BIR: Bataillon d'Intervention Rapide

    BM: Banque Mondiale

    BSR/AC-CEA: Bureau Sous Régional pour l'Afrique Centrale de la CEA

    CBLT: Commission du Bassin du Lac Tchad

    CDS : Commission de Défense et de Sécurité

    CEA : Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique

    CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest

    CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale

    CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

    CEN-SAD : Communauté Economique des Etats Sahélo-sahariens

    CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands Lacs

    CER : Communauté Economique Régionale

    CGG : Commission du Golfe de Guinée

    CIJ : Cour Internationale de Justice

    CIRGL : Conférence Internationale pour la Région des Grands Lacs

    CMS : Commission Mixte de Sécurité

    CNF : Commission Nationale des Frontières

    CNS : Conseil National de Sécurité

    CNUDM : Convention des Nations Unies sur le droit de la mer

    COPAX : Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale

    CREPS : Centre de Recherches d'Etudes Politiques et Stratégiques

    CRESMAC : Centre de Coordination Régionale pour la Sécurité Maritime en Afrique Centrale

    CS/ONU : Conseil de Sécurité de l'ONU

    EMR : Etat-major Régional

    FAA : Force Africaine en Attente

    FES : Fondation Friedrich Ebert Stiftung

    FLEC : Front de Libération de l'Enclave du Cabinda

    FMI : Fonds Monétaire International

    FN : Forces Nouvelles

    FOMUC : Force Multinationale en Centrafrique

    FPAE : Fondation Paul ANGO ELA pour la Géopolitique en Afrique Centrale

    FSJP : Faculté des Sciences Juridiques et Politiques

    GRIP : Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la Sécurité

    HCR : Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés

    HRW : Human Rights Watch

    IPAG : Institut Panafricain de Géopolitique

    IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

    IRIS : Institut des Relations Internationales et Stratégiques

    IRMIC : Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires

    ITIE : Initiative de Transparence dans les Industries Extractives

    LRA : Armée de Résistance du Seigneur

    MEND : Mouvement pour l'Emancipation du Delta du Niger

    MICOPAX : Mission de consolidation de la paix en Centrafrique

    MLC : Mouvement de Libération du Congo

    MOSOP : Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni

    MRU : Mano River Union/ Union du Fleuve Mano

    MTISC : Centre d'Echanges d'Informations sur le Commerce Maritime

    NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique

    OCHA : Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires de l'ONU

    OMC : Organisation Mondiale du Commerce

    ONU : Organisation des Nations Unies

    ONUCA : Bureau Régional des Nations Unies pour l'Afrique Centrale

    ONUDC : Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime

    ONUWA : Bureau Régional des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest

    OSC : Organisation de la Société Civile

    OUA : Organisation de l'Unité Africaine

    PAMINT : Patrouille Mixte Internationale

    PAS : Programmes d'Ajustement Structurel

    PF-CEEAC : Programme Frontière de la CEEAC

    PF-UA : Programme Frontière de l'Union Africaine

    RCA : République Centrafricaine

    RCSP : Revue Camerounaise de Science Politique

    RDC : République Démocratique du Congo

    RECAMP : Programme de Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix

    SADC : Southern African Development Community

    UA : Union Africaine

    UE : Union Européenne

    UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-africaine

    UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

    UNITA : Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola

    UYII/SOA : Université de Yaoundé II/SOA

    INTRODUCTION GÉNÉRALE

    I. CONTEXTE ET OBJECTIF DE L'ÉTUDE

    Le golfe de Guinée, producteur de pétrole dès l'aube des indépendances africaines, est devenu ces dernières décennies une surface de jeux politico-diplomatiques entre acteurs locaux et étrangers, mais surtout un espace d'enjeux géopolitiques pour le contrôle de ses abondantes ressources naturelles et humaines. Concomitamment à son érection comme zone d'intérêts stratégiques, objet de toutes les convoitises y compris de la part de réseaux criminels, cette région est devenue un espace dangereux du fait de l'insécurité transfrontalière qui s'y est généralisée à l'ensemble des pays. Souvent présentée comme le seul fait de bandes armées, la criminalité transfrontalière qui résulte essentiellement des activités de piraterie maritime et de criminalité terrestre, apparait également comme l'oeuvre des compagnies multinationales, des pays industrialisés et des Etats africains qui participent à sa production et ou à sa régulation1(*). Lesquels, paradoxalement, prétendent la combattre. Ce phénomène, qui se décline essentiellement en criminalité maritime et terrestre, fait l'objet, au moins dans son aspect maritime, de préoccupations au sein de la communauté internationale. En effet, le Conseil de Sécurité de l'ONU, à travers sa résolution 2039 du 29 Février 2012, a recommandé la tenue effective d'un sommet de Chefs d'Etat et de Gouvernement sur la piraterie maritime et les vols à main armée dans le golfe de Guinée. Un tel sommet aura pour objectif de favoriser la réflexion sur les solutions pouvant permettre de juguler ce phénomène qui met en péril la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des pays concernés. Pour ce faire, une réunion du comité préparatoire dudit sommet regroupant l'ONU et les organisations régionales dont la CEDEAO, la CEEAC et la CGG s'est tenue à Libreville (GABON) du 29 au 31 Mai 2012. Cette initiative rend compte, selon les termes du communiqué conjoint délivré à cet effet, « de la détermination de la communauté internationale et des différentes parties prenantes à mutualiser leurs efforts pour faire face, de manière collective et concertée, à la piraterie maritime et aux vols à main armée en mer dans le Golfe de Guinée, ainsi qu'à toutes les autres menaces transversales, régionales et transfrontalières »2(*). A la suite de cette réunion, une série d'autres tenues successivement en Juin, Octobre et Décembre 2012 ont été convoquées à l'effet d'élaborer la feuille de route du Sommet régional en préparation sur la question. Celles-ci témoignent de l'engagement de la CEEAC, de la CEDEAO et de la CGG en faveur d'une stratégie collective de paix, de sécurité et de développement pour la région3(*).

    C'est fort de l'actualité et de la sensibilité de la problématique de lutte contre le phénomène de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée que, sur les plans scientifique et pratique, cette étude a pour principal objectif de contribuer à la réflexion sur les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée ainsi que les voies et moyens de mieux la renforcer. Pour y parvenir, ces travaux de recherche procèdent à une meilleure compréhension des risques et menaces liés à ce phénomène dans la région ; au diagnostic de ses causes profondes, manifestations et répercussions sur les économies et la sécurité régionales et même internationales ; avant d'établir la nécessité d'implémenter un système autonome de sécurité collective viable et efficace dans le cadre d'une coopération sécuritaire régionale dans le golfe de Guinée. Concrètement, nos recherches militent pour une intégration sécuritaire au travers de la mutualisation et de la rationalisation des initiatives endogènes (CEDEAO, CEEAC, CGG, Etats africains) et exogènes (États-Unis, France, Chine, Union Européenne...) de sécurisation de la région, afin de mieux juguler le phénomène de la criminalité transfrontalière qui menace la stabilité sociopolitique et la viabilité économique de cet espace aux ressources naturelles et humaines avérées.

    II. REVUE DE LA LITTÉRATURE

    Deux principales conceptions meublent et caractérisent l'essentiel des études consacrées aux questions de sécurité et de défense dans le golfe de Guinée. La première se nourrit de la prolifération de coups d'Etat, mutineries, guerres civiles et interétatiques. Certaines des recherches issues de cette conception traitent essentiellement, sur la base de l'emploi de métaphores alarmistes, misérabilistes et chaotiques, de la périphérisation et donc de la dépendance de cette région vis-à-vis de la communauté internationale4(*). D'autres mettent en évidence les contraintes sécuritaires internes et externes qui pèsent sur les Etats de la région relativement à la gestion de leurs ressources naturelles5(*).

    La seconde conception, qui rétablit la centralité du golfe de Guinée dans les enjeux géopolitiques internationaux du fait que cet espace est devenu une source stratégique d'énergies fossiles, développe des approches multidimensionnelles sur les dynamiques sécuritaires internes et externes autour de la région. Les études qui en relèvent révèlent non seulement, l'impact de l'émergence de nouveaux acteurs privés spécialisés dans la criminalité et les activités illicites sur l'équilibre sécuritaire de la région, mais aussi mettent en lumière le redéploiement stratégique post guerre froide et 11 septembre 2001 d'acteurs dominants du système international dans la même région. Ainsi, si certaines de ces études analysent les enjeux pétroliers du golfe de Guinée6(*) ainsi que leurs conséquences sur la stabilité politico-sécuritaire des Etats de la région, d'autres montrent les différentes stratégies de prévention et de lutte contre l'insécurité7(*) qui menace les plateformes pétrolières et minières de la région.

    C'est dans le sillage de cette dernière problématique que des études sur les stratégies collectives et concertées de protection et de sécurisation8(*) des espaces maritimes du golfe de Guinée vont émerger dans le champ scientifique. Dans un premier temps, celles-ci analysent les intérêts occidentalo-centrés de telles initiatives9(*)et, dans un second, elles diagnostiquent les difficultés inhérentes à la mise en place d'un système de sécurité collective10(*) interne aux Etats de la région. Ce n'est donc qu'à partir de l'irruption de nouveaux défis sécuritaires comme le développement de la criminalité transfrontalière que la thématique de la coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée s'est imposée dans le champ scientifique des études relatives aux questions de sécurité et de défense de cette région11(*).

    Des deux conceptions évoquées ci-dessus, notre étude s'inscrit dans le prolongement de la dernière, c'est-à-dire dans la continuité des réflexions consacrées aux stratégies sécuritaires de lutte contre l'insécurité transfrontalière dans le golfe de guinée. Toutefois, sa particularité réside dans le choix pertinent de responsabiliser davantage les Etats et organisations régionales du golfe de Guinée dans la gestion de leur propre destin sécuritaire, par la mise en oeuvre de réformes structurelles globales durables. Ainsi, convient-il pour eux de se doter d'un véritable système inclusif et autonome de sécurité collective, capable de s'opérationnaliser automatiquement et systématiquement, avec le soutien international, pour lutter contre la criminalité terrestre et maritime dans le golfe de Guinée. Car, c'est la concrétisation effective de ce système de sécurité commune qui pourrait conférer une plus grande efficacité à la coopération sécuritaire mise en oeuvre dans le cadre de la lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    III. PROBLÉMATIQUE

    - Définition des concepts opératoires

    Toute étude scientifique à l'instar de celle qui retient notre attention nécessite, pour une meilleure saisie de son sens et de sa signification, une analyse des concepts qui la structurent. Etant donné que les concepts sont généralement le produit d'un contexte socio-historique, c'est-à-dire d'un lieu, d'une époque et d'acteurs déterminés, il nous semble fondamental non pas de les définir littéralement en leur donnant un sens commun, mais de les expliciter en les situant dans notre contexte d'étude. Dans cette optique, notre sujet intitulé La coopération sécuritaire face au défi de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée : état des lieux et esquisse de solution, mérite pour sa bonne compréhension que l'on s'appesantisse sur l'analyse de quelques concepts opératoires et expressions clés.

    Coopération sécuritaire : Cerner cette expression revient à appréhender d'abord le concept de coopération avant d'analyser l'épithète sécuritaire. Le concept de coopération peut essentiellement revêtir deux sens. Le premier désigne pour un acteur A l'action d'agir conjointement avec un acteur B. Le résultat de cette action conjointe aboutit généralement à des gains mutuels. Le second renvoie à la politique d'échanges et d'actions conjointes dans divers domaines d'ordre politique, économique, social, culturel, sportif, technique... entre divers acteurs étatiques ou infra-étatiques12(*). La coopération revêt généralement le caractère bilatéral lorsqu'elle concerne uniquement deux Etats, ou multilatéral lorsqu'elle lie un Etat aux autres au sein d'une organisation intergouvernementale. En tout état de cause, la coopération suppose un accord de volonté de deux ou plusieurs acteurs de la société internationale sur un ou plusieurs domaines précis afin d'en tirer des bénéfices mutuels.

    L'épithète sécuritaire désigne le caractère de cette coopération. En effet, selon la perspective hobbesienne de la science politique classique, « la sécurité est au coeur de l'existence de tout Etat. La stratégie de sécurité nationale a pour objectif de parer aux risques et menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de chaque nation »13(*). C'est dire la nature régalienne de cette coopération.

    Au regard de ce qui précède, la coopération sécuritaire renvoie à la politique d'échanges et d'actions conjointes dans le domaine de la sécurité et de la défense entre Etats. Elle prend très souvent des formes technique, logistique ou informationnelle. Elle se matérialise par des accords qui sont des arrangements entre deux ou plusieurs Etats « proches par leurs idées ou leurs sentiments »14(*) et désireux de collaborer dans le domaine sécuritaire. En d'autres termes, la coopération sécuritaire a pour objectif de parer aux risques et menaces susceptibles de porter sensiblement atteinte à l'intégrité territoriale, à la stabilité politique, à la viabilité économique et à la sécurité des populations de chacun des Etats parties. Ainsi cet accord peut être perçu comme « un engagement d'alliance militaire, un regroupement d'intérêts politique ou économique ou tout simplement un contrat convenu par un accord de volontés ».15(*)

    Stratégiquement, la coopération sécuritaire englobe non seulement l'assistance militaire technique, mais également des actions de coopération ponctuelles matérialisées par des accords de défense, d'assistance mutuelle et de non-agression qui créent entre les Etats des liens plus étroits. Plus qu'une simple alliance militaire, la coopération sécuritaire entraine une certaine harmonisation de la vie diplomatique des Etats parties et même généralement l'existence d'institutions politiques communes.16(*) Ce qui donne souvent lieu à la mise en place d'un système de sécurité homogène efficace composé de l'armée, de la gendarmerie, de la police, de l'appareil judiciaire et pénitentiaire et de l'administration gouvernementale au sein de chaque Etat.

    Golfe de Guinée : Le golfe de Guinée peut être appréhendé comme « une sous région dont les contours réels et définitifs sont difficiles à saisir »17(*). Le Golfe de Guinée apparaît de ce fait comme un concept géographique et géopolitique encore flou. Dès lors, nous allons l'appréhender sous deux conceptions distinctes mais complémentaires :

    - Dans sa dimension historique et géoculturelle, le golfe de Guinée correspondait à l'ancienne « côte des esclaves »18(*) qui s'étendait des cotes littorales de l'actuelle Côte-d'Ivoire au Delta du Niger au Nigeria. Aujourd'hui, cette région peut être considérée comme « la façade côtière atlantique allant du Sénégal à l'Angola »19(*) où vivent actuellement une mosaïque de peuples issus des civilisations bantou et sahélienne, pratiquant les religions chrétienne, musulmane et animiste, et repartis dans divers Etats issus de la colonisation anglaise (Nigéria), belge (RDC), espagnole (Guinée Equatoriale), française (Gabon) et portugaise (Angola). C'est dire que cet espace représente un arc-en-ciel de civilisations, d'où sa riche diversité culturelle.

    - Concernant sa dimension politico-institutionnelle (conception retenue dans le cadre de cette étude), le golfe de Guinée s'identifie d'abord au domaine maritime des huit Etats membres et observateurs de la Commission du Golfe de Guinée (CGG)20(*) créée les 18 et 19 novembre 1999 à Libreville. Cependant, avec la découverte de nombreuses ressources naturelles au sein des Etats voisins de l'hinterland à ceux de la CGG à partir de la décennie 90, cette sous région réalise désormais la synthèse des Etats de l'Afrique occidentale et centrale ayant une ouverture réelle ou fictive sur l'océan Atlantique. D'où la présente recherche a été étendue au Tchad, à la RCA et même au Niger.

    In fine, ses nombreuses richesses et sa position géostratégique font du golfe de Guinée un espace de compétition où, face au foisonnement des activités illicites, les Etats s'organisent pour sa sécurisation.

    Criminalité transfrontalière : Pour saisir le sens de cette expression, il convient d'abord d'appréhender la signification des notions de crime et de criminalité. En droit pénal, un crime se définit comme « une infraction de droit commun ou infraction politique, sanctionnée, pour les personnes physiques, de la réclusion ou de la détention à perpétuité ou à temps, voire d'une peine d'amende et de peines complémentaires, et, pour les personnes morales, de l'amende et, dans les cas prévus par la loi, de peines privatives ou restrictives de droits ».21(*) La criminalité quant à elle renvoie à l' « ensemble des infractions à la loi pénale commises pendant une période de référence (en général l'année) dans un pays déterminé. On distingue la criminalité légale (ensemble des infractions sanctionnées par les juridictions légales), la criminalité apparente (ensemble des faits apparemment constitutifs d'infractions connus des autorités publiques), la criminalité réelle (ensemble des infractions commises, en incluant, par une évaluation, celles demeurées inconnues) ».22(*)

    Au regard de ce qui précède, la criminalité renvoie à l'ensemble des infractions de toute nature, punies par les lois en vigueur, se produisant dans un territoire donné au cours d'une période déterminée. Elle épouse diverses formes allant du vol en bandes organisées à la piraterie maritime en passant par le trafic de drogues et autres stupéfiants, d'organes et ossements humains ainsi que le commerce illégal des matières premières. La particularité de ce phénomène est qu'elle s'opère de part et d'autre des frontières nationales de plusieurs Etats. D'où son caractère transfrontalier du fait de la mondialisation qui a favorisé le phénomène et l'a fortement amplifié. En effet, la porosité des frontières nationales, la libre circulation et le blanchiment des capitaux ainsi que la déréglementation tous azimuts ont favorisé l'émergence d'une économie parallèle où s'échangent illégalement des biens licites et d'un marché illégal pour l'échange des biens illégaux23(*).

    Il convient de noter que ce phénomène s'organise autour de groupes structurés en réseaux à travers les frontières étatiques des divers Etats du golfe de Guinée. Ainsi, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée signée par 124 Etats le 15 décembre 2000 définit l'expression groupe organisé comme un groupe structuré de trois personnes ou plus, existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves, pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou autre. De cette définition, les experts en tirent quatre principaux traits caractéristiques : le caractère permanent et organisé du groupe, la recherche du profit et ou du pouvoir, le recours à la violence, à la peur, à l'influence et la corruption au-delà des frontières et la spécialisation dans des activités illégales à dimension transnationale. Dans la région du golfe de Guinée ces groupes se sont constitués autour des diasporas camerounaise, congolaise, nigériane...

    - Question de recherche

    Selon le Bureau maritime International (BMI), le golfe de Guinée fait désormais partie des trois zones de piraterie dans le monde, avec le golfe d'Aden et le Sud-est asiatique24(*). Même si l'attention médiatique et politique de la communauté internationale reste encore focalisée sur les côtes somaliennes, considérées comme l'épicentre de la piraterie maritime dans le monde25(*), il convient de relever que le centre de la criminalité maritime et terrestre semble de plus en plus se déplacer vers le golfe de Guinée, du fait de l'abondance des ressources offshore dans ses eaux et de la professionnalisation accrue des agents vecteurs de ce phénomène. En effet, le golfe de Guinée « perd annuellement environ un million de dollar de revenu à cause de la pêche illégale ; 60% du trafic des êtres humains se passe en Afrique Subsaharienne selon les Nations Unies ; le déplacement illicite du pétrole dans le Delta du Niger vaut trois millions de dollars par jour selon Human Rights Watch organisation ; un quart de la cocaïne consommée en Europe passe par l'Afrique de l'Ouest selon l'Office des drogues et des crimes des Nations Unies ; la piraterie mondiale a augmenté de 10% en 2007, cette augmentation étant directement attribuée aux attaques en Afrique. »26(*) Concernant ce dernier volet, le BMI a recensé 53 actes de piraterie et de vol à main armée dans le golfe de Guinée en 201127(*). De plus, la région comprise entre le Delta du Niger au Nigéria28(*) et la Zone D des eaux maritimes des Etats du golfe de Guinée membres de la CEEAC29(*) semble être la plus touchée par ce phénomène. Tandis que les confins transfrontaliers RCA-Tchad-Cameroun constituent un véritable « triangle de la mort »30(*) du fait de l'insécurité galopante qui y sévit. Et ce, malgré l'existence d'initiatives de coopération sécuritaire en vue d'y remédier dans le golfe de Guinée.

    De ce qui précède, notre étude est portée par une intention noble, une volonté de compréhension et d'élucidation du réel. Celle de rendre intelligible les enjeux et surtout les défis, ainsi que les perspectives de la coopération sécuritaire face au foisonnement des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Ainsi, la question qu'il convient de se poser est celle de savoir : comment renforcer la coopération sécuritaire au regard de l'enracinement et de la recrudescence des pratiques de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée ?

    - Délimitation spatio-temporelle du sujet

    Délimiter un sujet consiste à circonscrire de façon précise et explicite ses frontières, c'est-à-dire décider de ce qui fait partie ou non du sujet, dans toutes ses dimensions, en justifiant clairement les choix effectués. Aussi, notre étude prend-elle en compte les décennies allant des années 1970 aux années 2010. Décennies au cours desquelles le golfe de Guinée a fait l'objet d'une invasion d'attaques et d'actes d'origine criminelle de toute sorte, tant au niveau de ses cotes maritimes qu'au niveau de son espace terrestre, créant de ce fait un climat d'insécurité généralisée dans la région. Période également au cours de laquelle des initiatives diverses d'origine endogène et exogène ont vu le jour dans l'optique de sécuriser cet espace géostratégique.

    De même, cette étude va couvrir l'ensemble des Etats identifiés comme faisant partie du golfe de Guinée, membres ou non de la CGG. Toutefois, un accent particulier sera mis sur l'interaction des dynamiques criminelle et sécuritaire au sein de la zone maritime commune au Cameroun, au Gabon, à la Guinée-Equatoriale, au Nigéria et à Sao-Tomé et Principe. Les eaux territoriales partagées par ces Etats constituent en effet l'épicentre de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée. Les espaces terrestres prendront, quant à eux, en compte les espaces transfrontaliers considérés comme le «  triangle de la mort »31(*) et les territoires du Nord-Nigéria et de la RDC, zones de prédilection où s'opérationnalisent les pratiques criminelles et illicites de diverse nature.

    IV. HYPOTHÈSES

    Une hypothèse est une réponse provisoire à une question. « Etymologiquement, une hypothèse est une thèse mal fondée, qui n'est pas encore étayée et qui peut finalement se révéler juste ou fausse. Ainsi, les hypothèses de travail sont des réponses a priori à l'ensemble des questions que l'on se pose. Il s'agit souvent d'intuitions qui n'ont au départ comme fondement que l'expérience du chercheur ou l'avis d'une personne qui connaît bien le sujet »32(*).

    Ainsi comme hypothèses de travail à cette étude, nous suggérons :

    1- Les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire seraient un facteur déterminant d'enracinement et de multiplication des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    2- Les voies de renforcement de la coopération sécuritaire passeraient par la modernisation de la gouvernance des espaces transfrontaliers et la concrétisation d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée.

    V. MÉTHODOLOGIE

    La méthodologie employée dans le cadre de ce travail s'articule autour de trois axes complémentaires, permettant d'assurer la logique et la cohérence de notre démarche scientifique.

    - Collecte des données

    Pour vérifier les hypothèses susmentionnées, la méthode de collecte des données axée à la fois sur l'analyse documentaire et sur l'observation empirique des faits nous a semblé opportune.

    En effet, la recherche documentaire consistait à consulter la littérature spécialisée sur la question faisant l'objet de notre étude d'une part, et des déclarations, résolutions, communiqués et actes juridiques officiels, ainsi que des données statistiques d'autre part émanant des organismes publics et privés. Dès lors, outre les travaux consacrés aux enjeux et défis sécuritaires dans le golfe de Guinée lues et étudiées provenant essentiellement du Centre de Recherche d'Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS) de l'Université de Yaoundé II-SOA, de la Fondation Paul ANGO ELA de Géopolitique en Afrique Centrale (FPAE) et de la bibliothèque de l'IRIC, nous avons également exploité les supports numériques et sources fiables d'information provenant de nos recherches sur Internet.

    Sur le terrain, l'observation a été particulièrement sensible à l'évolution de l'actualité sur les dynamiques sécuritaires en cours, eu égard au foisonnement des actes de criminalité dans les espaces considérés.

    - Analyse des données

    Les données collectées ont été passées au crible d'une analyse pluridisciplinaire. Le choix de ce modèle d'analyse se justifie par les données de diverse nature exploitées dans le cadre de nos recherches.

    Le modèle économique nous a permis de mettre en exergue le paradoxe existant entre le potentiel des ressources naturelles dont regorgent les Etats du golfe de Guinée et la pauvreté dans laquelle sont plongées leurs populations. Ainsi, nous pouvons expliquer la multiplication des actes illicites et de piraterie maritimes qui essaiment la région à partir des motivations d'ordre économique.

    Le modèle juridique nous a permis d'analyser les instruments juridiques nationaux, bilatéraux, régionaux et internationaux adoptés par les Etats dans le golfe de Guinée pour lutter contre les actes de criminalité transfrontalière. A cet effet, nous expliquerons la faiblesse opérationnelle de la coopération sécuritaire dans cette région par l'absence de textes juridiques de coopération bilatérale, régionale et interrégionale adéquats.

    Le modèle sociologique nous a permis de mettre en relief les revendications des différents groupes sociaux impliqués dans la production et ou la régulation de l'insécurité dans le golfe de Guinée, susceptibles d'expliquer la diversité voire l'inconciliabilité des motivations et intérêts de chaque acteur et groupe d'acteurs.

    Le modèle géopolitique enfin a été convoqué pour analyser les logiques et intérêts des différents acteurs riverains et étrangers impliqués dans la sécurisation des zones dangereuses du golfe de Guinée. Etant entendu que cette région revêt une importance géostratégique, eu égard à l'importance de ses ressources naturelles. C'est donc à partir de la course vers l'exploitation de ces ressources que nous pouvons comprendre l'intérêt que les grandes puissances portent à cette région, à travers la mise en oeuvre des stratégies solitaires de sécurisation de leurs approvisionnements miniers et halieutiques.

    C'est donc à partir du modèle de la pluridisciplinarité que nous avons pu analyser les jeux et enjeux de la coopération sécuritaire à l'aune de la multiplication des pratiques de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    - Interprétation des données

    Pour interpréter les données collectées et analysées dans nos recherches, nous avons eu recours à trois paradigmes des relations internationales :

    Tout d'abord, il s'agit du paradigme de l'intergouvernementalisme. En effet, ce paradigme postule que les décisions des organisations internationales résultent d'un processus de marchandages-négociations entre les Etats rationnels, membres de celles-ci. Stanley HOFFMANN considère ainsi la mise en commun des souverainetés nationales au sein des organisations internationales et régionales comme un facteur de multiplication de la puissance. Ainsi, les difficultés actuelles de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée pour lutter contre la criminalité transfrontalière dans cette région semblent tributaires du faible degré de coordination et d'harmonisation des politiques sécuritaires des différentes initiatives à l'oeuvre dans cet espace. De ce fait, cette coopération sécuritaire apparait comme une contingence et comme le produit d'un processus de marchandages-négociations entre les Etats africains entre eux au sein de la CEDEAO, de la CEEAC et de la CGG, et entre ces derniers et les partenaires étrangers.

    Ensuite, nous avons le paradigme réaliste. A travers ce paradigme, nous voudrons montrer que le concept de sécurité nationale est à la fois au fondement et à la fin de toute politique extérieure de l'Etat, y compris celui du golfe de Guinée. Pour ce faire, ce dernier, en coopération avec d'autres, devrait concilier ses moyens politico-diplomatiques à ses capacités militaires pour mieux se prémunir des effets du phénomène de la criminalité transfrontalière qui menacent sa sécurité. D'où l'édification d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée, qui permettrait de lutter efficacement contre ce phénomène et de réaliser la sécurité nationale de tous par tous et pour tous, s'avère être un impératif catégorique pour la viabilité politico-sécuritaire de la région.

    Enfin, nous avons convoqué le paradigme du transnationalisme pour mettre en exergue l'importance du rôle de la pluralité d'acteurs autres que les Etats dans la production et la régulation de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Car, du fait de la nature même de la criminalité qui écume la région, nous sommes amenés à constater que les groupes criminels constitués en réseaux maffieux profitent de la porosité et du décloisonnement des frontières nationales pour transnationaliser, régionaliser et internationaliser leurs activités qui menacent l'équilibre sécuritaire du golfe de Guinée. De ce fait, il faudrait que les Etats de la région renforcent le volet opérationnel de leur coopération par l'institution de patrouilles conjointes au niveau de leurs frontières terrestre et maritime s'ils espèrent dissuader, démanteler et arrêter les gangs de banditisme transfrontalier.

    VI. CHOIX ET JUSTIFICATION DU PLAN D'ANALYSE

    Pour étayer notre analyse, nous avons structuré notre argumentaire autour de deux grandes parties subdivisées chacune en deux chapitres s'achevant par une conclusion.

    La première s'intitule Les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire : un facteur d'enracinement et de recrudescence des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Il s'agit ici de procéder à l'état des lieux des difficultés que rencontre la coopération sécuritaire déployée pour sécuriser le golfe de Guinée. Pour y parvenir, celle-ci s'articule autour de La faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée : un facteur structurant de multiplication des actes de criminalité transfrontalière (Chapitre I) et L'inadéquation des initiatives actuelles de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée (Chapitre II).

    La seconde s'intitule Les voies de renforcement de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée : Moderniser la gouvernance des espaces transfrontaliers et concrétiser un système autonome de sécurité collective. Nous esquissons ici les voies et moyens pouvant contribuer au renforcement de la coopération sécuritaire, afin de la rendre plus efficace dans sa lutte contre les pratiques criminelles transfrontalières dans le golfe de Guinée. Pour ce faire, elle se décline en deux chapitres : Moderniser la gouvernance des zones frontalières nationales : Coupler les reformes économique et sociopolitique aux solutions sécuritaires (Chapitre III) ; La concrétisation d'un système autonome de sécurité collective : un moyen de renforcement de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée (Chapitre IV).

    Une conclusion générale interviendra enfin pour faire le bilan de l'analyse en suggérant des recommandations à l'endroit des destinataires premiers de ces travaux, à savoir les décideurs et acteurs impliqués dans la sécurisation du golfe de Guinée au quotidien.

    PREMIÈRE PARTIE :

    LES DIFFICULTÉS DE MISE EN OEUVRE DE LA COOPÉRATION SÉCURITAIRE : UN FACTEUR D'ENRACINEMENT ET DE RECRUDESCENCE DES ACTES DE CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIÈRE

    DANS LE GOLFE DE GUINÉE

    CHAPITRE I :

    LA FAILLITE DE L'ETAT DANS LE GOLFE DE GUINÉE : UN FACTEUR STRUCTURANT DE MULTIPLICATION DES ACTES DE CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIÈRE

    Parler de la faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée, en tant qu'acteur ayant vocation à assurer la défense et la sécurité de son territoire, des personnes et des biens à l'intérieur de ses frontières nationales, c'est procéder à l'étude des causes et des symptômes de sa défaillance dans quelques unes de ses « fonctions essentielles ou simplement légitimantes »33(*). Ces fonctions s'objectivent dans la capacité que possède ce dernier à assurer la défense et la sécurité de tout son espace territorial et à fournir des services sociaux de base34(*) à sa population en proie à la pauvreté et à l'insécurité.

    C'est suite à l'incapacité de l'Etat dans le golfe de Guinée d'assumer efficacement ces fonctions que celui-ci va progressivement connaitre la faillite dans l'accomplissement effectif et efficace de ses missions régaliennes, notamment la sécurisation de son espace territorial.

    Par voie de conséquence, de nombreux acteurs privés infra et transétatiques dont le rôle et l'influence prendront de l'importance dans le golfe de Guinée ces dernières décennies vont émerger, parmi lesquels les groupes criminels figurent en première place. Ayant saisi la fenêtre d'opportunités qui s'ouvrait à eux avec le phénomène de la mondialisation, à travers la dérégulation financière, les mouvements de capitaux et de populations ainsi que le décloisonnement et la porosité des frontières étatiques, pour régionaliser et internationaliser des activités illicites et illégales jusque là circonscrites aux limites territoriales nationales, ces entrepreneurs privés du crime organisé représentent aujourd'hui une menace sérieuse à la paix et la sécurité régionales et internationales.

    Dès lors, analyser la faillite de l'Etat comme facteur déterminant de multiplication des actes de criminalité dans le golfe de Guinée revient de prime abord à étudier le sens et le contenu de cette faillite (Section I). Ensuite, nous nous appesantirons sur les conséquences politico-sécuritaires de la désagrégation de l'Etat dans la région du golfe de Guinée (Section II).

    SECTION I : DE LA FAILLITE DE L'ETAT DANS LE GOLFE DE GUINÉE : SENS ET CONTENU

    Entreprendre d'étudier les causes profondes et les manifestations durables de la faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée s'avère être un exercice difficile, tant la question a déjà fait l'objet de réflexions savantes et prolifiques de la part des spécialistes de « la science politique africaniste »35(*). Toutefois, loin du débat sur l'indigénisation de l'Etat importé en Afrique36(*), c'est un exercice nécessaire qui nous permettra de mettre en relief la corrélation objective qui s'établit entre cette faillite et l'émergence, puis la multiplication des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    Aussi, cette réflexion va-t-elle s'articuler autour de deux axes essentiels : les considérations générales sur la faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée (paragraphe I) et les expressions de la criminalité transfrontalière dans la région (paragraphe II).

    Paragraphe I : Considérations générales sur la faillite de l'Etat dans golfe de Guinée

    Durant les premières décennies de leur existence en tant qu'acteurs souverains de la société internationale, les nouveaux Etats du golfe de Guinée, aux infrastructures économiques primaires et arriérées sur le plan technologique et aux structures politiques embryonnaires, vont s'enliser dans une spirale de crises économique, financière, sociale, institutionnelle et politique qui vont les conduire à ce que de nombreux auteurs ont qualifié de faillite de l'Etat africain. Pour mieux appréhender cette faillite, nous allons mettre un accent sur les approches théoriques de celle-ci (A), avant d'envisager les symptômes empiriques de la désagrégation de cet Etat (B).

    A. Approches théoriques sur la faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée

    Toute étude sur la faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée, ses causes et ses manifestations, s'inscrit logiquement dans le sillage des réflexions menées en amont depuis plusieurs décennies sur la crise de l'Etat en Afrique. Les productions écrites qui en ressortent tentent d'expliquer cette faillite à partir de deux conceptions théoriques, complémentaires et imbriquées, de l'Etat africain : la théorie de « l'Etat-politique du ventre » et celle de « l'Etat néo-patrimonial ».

    S'agissant de la première conception théorique sur la faillite de l'Etat en Afrique, celle de l'Etat-politique du ventre, elle a pour chef de file Jean-François BAYART37(*). Comme le souligne Mwayila TSHIYEMBE38(*), Directeur de l'Institut Panafricain de Géopolitique (IPAG) à Nancy, la thèse centrale de cet auteur est que « l'accès au pouvoir d'Etat est également l'accès aux ressources matérielles et morales de cet Etat (pp. 103-118). Il désigne ce processus d'accaparement arbitraire de l'Etat et de ses ressources par le terme « d'accumulation ». Cette accumulation devient « la politique du ventre » (p.122) car « l'appareil d'Etat est en soi un morceau de ce gâteau national » et un espace de coercition (p.300). Il s'ensuit que les accapareurs constituent ou tentent de constituer une classe dominante (p.125), qui exerce ou cherche à exercer l'hégémonie (pp. 146-147) et invente la gouvernementalité ou les cultures originales de l'Etat (p.304). Cet Etat repose sur des fondements autochtones et sur un processus de réappropriation des institutions coloniales qui en garantissent l'historicité (p.317).»39(*) Autrement dit, l'Etat-politique du ventre est un Etat à la merci d'une élite gouvernante extrêmement minoritaire ayant comme mode de régulation sociale la corruption et le clientélisme.

    Concernant le second modèle explicatif de la faillite de l'Etat africain, celui de l'Etat néo-patrimonial, il est l'oeuvre de Jean-François MEDARD40(*). Pour lui en effet, la faillite de l'Etat en Afrique est en premier lieu celle de l'Etat néo-patrimonial. Ce dernier se caractérise par un mode de gestion très particulier ignorant régulièrement et respectant très rarement la distinction entre le domaine public de l'Etat et le domaine privé individuel. Ce type d'Etat apparait intrinsèquement comme autoritaire, car le recours à la coercition et au patronage étant les deux ressorts fondamentaux de celui-ci. Tout comme J.-F. BAYART qui parle de fondements autochtones, J.-F. MEDARD estime que cet Etat est une société politique organisée sur des bases traditionnelles et archaïques. D'ailleurs il l'affirme en soulignant que « le patrimonialisme constitue le commun dénominateur de pratiques diverses si caractéristiques de la vie politique africaine, à savoir le népotisme, le clanisme, le tribalisme, le régionalisme, le clientélisme, le copinage, le patronage, le prébendalisme, la corruption, la prédation, le factionnisme, etc., qu'elles soient fondées sur l'échange social ou sur l'échange économique »41(*). C'est dire que c'est un type d'Etat qui fonctionne essentiellement en marge des principes républicains de respect de la chose publique, de la poursuite et la sauvegarde perpétuelles de l'intérêt collectif, en tant que patrimoine inaliénable de la communauté nationale.

    Certes, les thèses exposées ci-dessus ont fait l'objet de nombreuses critiques42(*). Cependant, la prolifération des crises économiques et financières et des tensions politiques et sociales qui ont ébranlé les institutions républicaines de cet Etat dans la jonction des décennies 80-90, vont finir par consacrer sa faillite dans le plein accomplissement effectif de ses missions essentielles et légitimantes. Par voie de conséquence, la survenance de ces bouleversements sociopolitiques en Afrique va rendre pertinents ces modèles explicatifs.

    C'est donc à partir de ces conceptions théoriques sur la faillite de l'Etat en Afrique qu'il convient de mettre en exergue les symptômes empiriques de la désagrégation de ce dernier dans le golfe de Guinée.

    B. Les symptômes empiriques de la désagrégation de l'Etat dans le golfe de Guinée

    Aborder les symptômes de la désagrégation de l'Etat du golfe de Guinée, c'est ressortir les principaux indices annonciateurs de sa faillite. En effet, ceux-ci sont nombreux et divers. Mais pour les besoins de l'analyse, nous nous limiterons à leurs aspects économiques et politiques.

    Tout d'abord, les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) conçus et appliqués pour redresser et adapter les économies sous-développées d'Afrique à la modernité de l'économie mondiale, ont largement été un échec social dans le golfe de Guinée. En effet, les PAS n'ont pas permis d'accélérer le processus de modernisation et de diversification en favorisant la production de nouveaux produits manufacturés et des services à contenu technologique élevé. Au contraire, ces plans ont réduit les prix des matières premières et détérioré les termes de l'échange, de sorte que la production de ces dernières n'était plus rentable pour les pays exportateurs. La réduction des recettes d'exportation qui s'ensuivra, conjuguée à la libéralisation rapide et systématique de l'économie à travers la privatisation des sociétés d'Etat, va conduire ces pays dans les abimes d'une crise sociale43(*) : le chômage et la pauvreté vont s'installer durablement dans le corps social. Il s'ensuivra une scission sociale44(*).

    Amplifiés par le phénomène de l'explosion démographique urbaine, le chômage, consécutif à la fermeture d'usines, à la compression des effectifs dans les entreprises publiques et parapubliques ainsi qu'à la non-qualification de la main-d'oeuvre abondante ; et la pauvreté, reflet de l'inadaptation et de l'insuffisance de services sociaux de base, deviennent des plaies béantes de la société nationale susceptible de la plonger dans un cancer de crises et de violences endémiques généralisées à l'ensemble de la région. En effet, la population urbanisée, qui s'organise dans l'anarchie et ce, dans le cadre d'une économie informelle qui déborde le pouvoir central avec ses revendications, constitue désormais une menace permanente à l'ordre public et à la stabilité politique de l'Etat. « Souvent, cette population, généralement sans emploi ou sous-employée, exclue de la consommation nationale et mondiale, ayant des racines encore fraiches, urbanisée, sans véritable conscience nationale, cherche à affirmer son identité (...) à travers ses affinités ethniques ou provinciales (...), lesquelles peuvent arriver à se transformer en mouvements rejetant violemment la modernité comme les fondamentalistes islamiques (...) ou d'autres mouvements qui firent leur apparition dans des pays où l'Etat n'est pas basé sur une base intégrée. »45(*)

    Si les ajustements structurels ont stabilisé les économies sous-développées de l'Afrique subsaharienne au prix d'énormes sacrifices sociaux, ils ont surtout entrainé les Etats du golfe de Guinée à recourir à l'aide internationale, aux prêts publics et aux crédits privés internationaux46(*) pour survivre. Et ce recours ne se fera pas sans conditionnalités d'ordre politique relatif à l'ouverture démocratique.

    Asphyxiés d'en haut par la crise économique qui les secoue et déchiquetés d'en bas par la crise sociale qui couve et menace d'exploser en violences généralisées du fait de la pauvreté et de l'exclusion sociale dans lesquelles les populations urbanisées sont engluées, les Etats du golfe de Guinée vont connaitre une mutation structurelle, sous la double contrainte interne des revendications populaires et externe des bailleurs de fonds internationaux, avec la libéralisation de l'espace public/politique au début des années 1990.

    En effet, frustrées par une longue période d'hibernation et de musèlement politiques47(*), les populations du golfe de Guinée, devenues majoritairement urbanisées et mieux éduquées, vont saisir la fenêtre d'opportunités que leur offre le rétablissement des libertés publiques et politiques pour chercher à s'émanciper des différents régimes en place. Cette émancipation va s'objectiver dans des manifestations contestataires et populaires ayant pour principales revendications : plus de démocratie avec l'alternance au sommet de l'Etat ; plus de libertés avec la libération des leaders d'opinion et autres opposants incarcérés ; mais également la soif de progrès social et l'affirmation de l'indépendance économique du pays par l'émancipation de l'Etat du diktat des plans d'ajustement imposés par les bailleurs de fonds internationaux. En bref, ces manifestants voulaient en découdre avec le pouvoir en place, responsables selon eux de leur retard économique et politique.

    Mais c'était sans compter sur l'inamovibilité des régimes en place qui avaient pour préoccupations premières, aidés en cela par les puissances étrangères48(*)qui cherchaient avant tout à préserver leurs intérêts stratégiques dans la région, de maintenir l'ordre public et la stabilité politique à l'intérieur de leurs territoires nationaux respectifs. En effet, pour ces pouvoirs et leurs alliés occidentaux, toute revendication de réforme politique, sociale ou économique est appréhendée comme une source potentielle de désordre social et d'instabilité politique. Car, ils ont une conception de la stabilité qui se réduit à la protection de l'Etat et du pouvoir en place. C'est ce qui justifie la violente répression des manifestations populaires appelant à l'insurrection et à la désobéissance civile.

    C'est dans ce contexte de terreur et de violence généralisées que vont se constituer des sanctuaires de l'insécurité et donc de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    Paragraphe II : Expressions et acteurs de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée

    La conséquence immédiate pour tout pays et toute région en proie aux violences et à l'instabilité politique est la destruction que celles-ci infligent, au-delà des souffrances humaines, à l'organisation sociale, économique, légale et politique de la société, autrement dit aux institutions de l'Etat.

    L'observation faite de la dynamique des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée nous permet de constater qu'elle abhorre une variété d'actions et une diversité d'acteurs. Sans prétention aucune à un inventaire exhaustif, nous allons les catégoriser en deux variables typologiques afin de mieux cerner les jeux et les enjeux de ce phénomène. De ce fait, nous distinguerons, bien qu'elles entretiennent des liens étroits l'une l'autre, la criminalité de conviction (A) de celle de situation (B).

    A. La criminalité de conviction : une criminalité à connotation politique

    Partant de la définition que nous donne le dictionnaire de français Larousse, édition 2008, du terme conviction comme étant une « croyance ferme », nous pouvons dire que la criminalité de conviction renvoie à une criminalité en laquelle les acteurs impliqués croient fermement comme étant vertueuse pour eux. C'est-à-dire un ensemble d'infractions criminelles commises à partir de croyances d'ordre politique, économique, voire idéologique solides et inébranlables. Autrement dit, c'est une criminalité qui est projetée avec la ferme intention de défendre une cause fédératrice de revendications d'ordre socioéconomique et politico-religieuse. En bref, la criminalité de conviction pourrait désigner, dans le cadre de cette étude, l'ensemble des activités illégales et illicites commises par un acteur ou un groupe d'individus organisés, dans un espace territorial diffus, dont l'intention ferme est de nuire délibérément et sensiblement à l'ordre établi en revêtant ainsi une connotation politico-idéologique, bien qu'elle ait des conséquences socioéconomiques.

    Dès lors, il convient de souligner deux traits caractéristiques qui transparaissent dans cette définition. L'intention de nuire, c'est-à-dire la volonté ferme de porter atteinte à la stabilité politique et au climat de paix sociale qui règnent dans l'espace public en question d'une part. Et sa connotation politico-idéologique, cristallisant ainsi les revendications d'un groupe d'acteurs en marge du pouvoir politique d'autre part.

    De ce fait, la criminalité de conviction met en jeu des luttes de pouvoir dans un espace politique donné pour le contrôle des positions de rente et la prédation des ressources naturelles. Elle est l'oeuvre de groupes et mouvements politico-armés ou paramilitaires qui s'investissent dans la compétition politique en contestant, par le biais de la violence, la légitimité des autorités centrales de l'Etat en question. Cette contestation porte généralement sur le contrôle et la gestion de la rente pétrolière et minière au bénéfice de la communauté nationale. Plusieurs acteurs dominants de ce type de pratiques, souvent assimilés invariablement à tort ou à raison aux groupes terroristes par la communauté internationale, ont été répertoriés dans le golfe de Guinée49(*). Il s'agit entre autres de l'ex groupe de rebelles de l'Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola (UNITA), du Front de Libération de l'Enclave du Cabinda (FLEC) en Angola ; du Movement for the Survival of the Ogoni People (MOSOP), du Movement for the Emancipation of the Niger Delta (MEND) au Nigeria ; du Bakassi Freedom Fighters (BFF) dans la péninsule de Bakassi au Cameroun ; et des mouvements politico-armés aux velléités sécessionnistes et autonomistes du Sud-KIVU et de l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) tel le Mouvement de Libération du Congo (MLC)... etc. Ces mouvements politico-militaires à consonance identitaire et nationaliste luttaient et luttent encore pour certains, les armes à la main, « pour l'émancipation des peuples opprimés qui s'en réclamaient »50(*).

    Dès lors, les modes opératoires privilégiés par cette catégorie d'acteurs se résument en deux variables : la première qui concerne les pays producteurs de pétrole consiste à lancer des attaques contre des plateformes d'exploitation pétrolière offshore. Ces attaques se soldent généralement par le sabotage de celles-ci et les prises d'otages, voire des morts suite à un échange de tirs. La seconde concernant les pays non pétroliers mais diversement dotés en ressources naturelles, le mode opératoire consiste en une rébellion-invasion d'une partie du territoire richement dotée en ressources minières, pour leur exploitation à des fins criminelles. En tout état de cause, il s'agit dans les deux cas d'une criminalité dite « spectaculaire et publicitaire »51(*) qui inclut la piraterie maritime et l'insurrection organisée. Car, la criminalité de conviction qui sévit dans le golfe de Guinée s'apparente à un nouveau type de guerre, la « guerre des ressources »52(*) dont les desseins sont à la fois politique et économique et implique aussi bien des acteurs internes qu'externes.

    Dans cette dernière hypothèse, notons qu'aussi bien les acteurs étatiques (Etats du Golfe de Guinée, Etats africains, puissances étrangères...) que non-étatiques (compagnies multinationales essentiellement) contribuent à sa production et ou à sa régulation, « soit par logique d'intérêts propres, soit par riposte ou représailles »53(*) et endossent une partie de la responsabilité. A cet effet, le rapport final du groupe d'experts de l'ONU sur le pillage des ressources de la RDC54(*) est très éloquent sur cette complicité entre les représentants des Etats55(*), les sociétés transnationales56(*) et les groupes criminels dans l'exploitation du coltan, des diamants et d'autres ressources et richesses de ce pays.

    C'est donc à partir de la conception de la criminalité de conviction qui implique les acteurs de divers ordres et produit des conséquences désastreuses sur la stabilité politique et la viabilité économique d'un Etat, d'une région donnés qu'il convient d'analyser ce que nous appelons la criminalité de situation.

    B. La criminalité de situation : une criminalité de subsistance économique

    De la notion de situation, le dictionnaire Larousse en donne la définition suivante : « position géographique, emplacement de quelque chose, état, fonction de quelqu'un par rapport aux autres, emploi rémunéré, état d'une nation, d'une collectivité etc. dans un domaine particulier : situation économique... ».

    De ce qui précède, le terme situation signifie et désigne tantôt la position géographique de quelqu'un ou de quelque chose, l'état d'une personne, d'un groupe organisé ou d'une collectivité à un moment donné du temps. Ici, ce qui retient notre attention, c'est le caractère à la fois structurel et conjoncturel de quelqu'un ou de quelque chose. C'est-à-dire, le fait que la situation d'une donnée quelconque ou d'un groupe de personnes puisse être immuable ou essentiellement dynamique.

    Par analogie, la criminalité de situation pourrait s'entendre comme la criminalité qui se nourrit d'un certain nombre d'éléments à la fois statiques et dynamiques. Autrement dit, c'est une criminalité qui trouve ses fondements dans les caractéristiques géophysiques du golfe de Guinée57(*), l'état de satisfaction matérielle d'une collectivité donnée à une période déterminée. C'est dire le caractère consubstantiel de la position géographique, du niveau de développement économique d'un groupe humain ou d'une communauté avec la prolifération des activités criminelles. D'où l'importance de la prise en considération des facteurs géographique et socioéconomique pour expliquer ce type de criminalité.

    Concernant le facteur géographique, il convient de dire que le golfe de Guinée est une région hybride qui concentre à la fois des Etats insulaire (Sao-Tomé et Principe), côtiers (Nigéria, Cameroun, Gabon, Guinée-Equatoriale, Angola, etc.) et enclavés dépendants directement de ces derniers (Tchad, République Centrafricaine, etc.). C'est dire que le golfe de Guinée constitue certes un passage stratégique pour le développement des échanges commerciaux transfrontaliers car il favorise le transit maritime et terrestre international, mais est surtout la plaque tournante des trafics illicites empruntant la mer58(*). Dès lors, à l'instar du Golfe d'Aden, les Etats du Golfe de Guinée sont en proie à la piraterie maritime, aux attaques diverses, aux prises d'otages, aux braquages spectaculaires dans les villes côtières des Etats riverains (Angola, Benin, Cameroun, Gabon, Guinée-Equatoriale, Nigéria, Togo...). Par ailleurs, cette région constitue un espace de fertilisation de l'immigration clandestine, du transit illicite des drogues et autres stupéfiants, de la contrebande et du commerce illégal des pierres précieuses (or, diamant) pillés dans la partie continentale de ces Etats. Ceci se justifie par la présence ici d'Etats faillis aux administrations corrompues et dotés d'une capacité d'intervention insuffisante. Car, « lorsque l'Etat riverain en question ne dispose pas de moyens pour intervenir et pour poursuivre les pirates, ceux-ci se sentent réconfortés dans leurs actes qu'ils s'emploieront à poursuivre, tant qu'ils ne seront pas inquiétés ou arrêtés et punis »59(*). D'où la nécessité pour ces Etats d'avoir la maitrise de leurs eaux territoriales afin de juguler ce phénomène.

    Concernant le facteur socioéconomique, la criminalité de situation est consubstantielle à la conjonction des facteurs liés à la misère et à l'exclusion sociale de la majorité des populations (chômage conduisant à l'oisiveté) d'avec la présence supposée ou réelle des richesses naturelles, sans oublier la faiblesse, voire la démission de l'Etat de l'essentiel de ses missions régaliennes. Dans cette optique, cette forme de criminalité se développe et s'enracine davantage dans les espaces transfrontaliers enclavés du golfe de Guinée. En effet, ces espaces sont pour la plupart peu dotées d'infrastructures de base en bonne qualité (routes, hôpitaux, écoles...). En plus, l'état de misère et de sous scolarisation des populations de ces aires est des plus déplorables. Aussi, se développent-ils au fil du temps, la nature ayant horreur du vide, des activités illicites et illégales en l'absence de structures étatiques de sécurisation et de coercition efficaces.

    C'est ainsi que ces régions, plongées dans une situation économique alarmante avec des populations nourrissant un sentiment d'exclusion sociale, voient se constituer de nouveaux pôles d'allégeance constitués de groupes de bandits et de mouvements paramilitaires60(*). C'est dans ce sens que les zones transfrontalières partagées par le Cameroun, le Tchad et la RCA ont été qualifiées de « triangle de la mort »61(*) en raison de l'insécurité généralisée qui y règne. Car ici, « l'insécurité prend plusieurs visages et se décline de plus en plus sous la forme des actes de coupeurs de route, du trafic et de la circulation illicites des armes légères et de petit calibre (ALPC), du vol de bétail, voire de la prise d'otages avec demande de rançon. »62(*). De ce fait, cette insécurité est activement et principalement « entretenue par d'ex-combattants, de militaires démobilisés et de bandits de grand chemin »63(*).

    En tout état de cause, qu'elle soit favorisée par des déterminants géographiques (ouverture maritime et zones transfrontalières accidentées) ou stimulée par les facteurs socioéconomiques alarmants (misère et exclusion sociale des populations), la criminalité de situation s'enracine considérablement dans le golfe de Guinée. Tout comme la criminalité de conviction, celle-ci épouse plusieurs formes (trafics de tous genres, contrebande, piraterie maritime...) qui mettent en scène une diversité d'acteurs (groupes organisés, mafias diasporiques, autorités étatiques, compagnies multinationales...).

    Par ailleurs, et il convient de le relever, il existe également un type contemporain de criminalité organisée sur et à l'aide de systèmes informatiques et cybernétiques, appelée la cybercriminalité64(*). Celle-ci, plus complexe, est davantage l'oeuvre des diasporas nigérianes et camerounaises constituées en réseau sur la toile.

    C'est donc à partir de cette typologie heuristique de la nature des activités et des acteurs de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, qu'il convient d'analyser les conséquences politico-sécuritaires de ce phénomène dans la région.

    SECTION II : LES REPERCUSSIONS DE LA DÉSINTÉGRATION DE L'ETAT DANS LE GOLFE DE GUINÉE : ENTRE INSTABILITE POLITIQUE ET INSECURITE REGIONALE

    L'échec de l'Etat dans la gestion des contraintes générées par la mondialisation, notamment la grave crise économique des décennies 80-90 et le vent de démocratisation qui s'en est suivi, va entrainer une fragilisation croissante de l'autorité étatique dans les pays du golfe de Guinée. Cette désintégration de l'autorité de l'Etat va transformer ces pays en entités nationales ingouvernables65(*) où le désordre et la prédation vont s'installer.

    Aussi, l'affaiblissement, voire le retrait de l'Etat de certaines portions du territoire national, vont-ils conduire à l'émergence, puis à la formation de réseaux d'acteurs parallèles qui vont se ruer à la conquête et au contrôle des ressources naturelles localisées dans ces espaces délaissés. Cette conquête et ce contrôle vont essentiellement s'opérationnaliser par le mode de la violence politico-armée. Ainsi, le monopole étatique de la violence armée va être relativisé66(*) avec une privatisation croissante de celle-ci. Pour comprendre les conséquences politico-sécuritaires de la faillite des missions régaliennes de l'Etat dans le golfe de Guinée, il convient d'analyser de prime abord les effets de l'attraction des ressources naturelles, objet de toutes les convoitises (Paragraphe I), avant d'envisager les conséquences de l'extension régionale de l'insécurité (Paragraphe II).

    Paragraphe I : Contrôle des ressources naturelles et privatisation de la violence politico- armée

    La crise économique sévère et durable qui a frappé de plein fouet les Etats de la région du golfe de Guinée dès les années 1980 a considérablement érodé les assises sociétales et territoriales de ceux-ci. Ces derniers présentent dès lors des caractéristiques d'Etats faibles, divisés, incapables, effondrés ou assaillis. Avec la labellisation de la région comme zone de ressources naturelles stratégiques, il s'y est installée une sorte d' « anomie sociale avec l'apparition de nouveaux acteurs, aussi variés que redoutables, qui font leur entrée dans le cercle des opérateurs privés de la violence »67(*). Et ces nouveaux opérateurs privés de la violence sont essentiellement constitués de mouvements politico-armés de diverse nature, et aux objectifs politiques et économiques imbriqués. Nous en recensons globalement deux catégories qui se livrent au pillage des ressources naturelles de cette région : les mouvements de revendications communautaristes (A) et l'oligarchie politico-militaire (B).

    A. Revendications d'ordre communautariste, guerre des ressources et entreprenariat politique

    Au cours des deux dernières décennies, les contraintes multiformes tant internes qu'externes ont accentué la crise de légitimité dont souffraient déjà maints régimes africains civils et militaires68(*). Cette crise sera exacerbée avec l'exclusion sociale des populations qui entrainera des animosités sociales, ethniques, religieuses ou culturelles au point de faire éclater les luttes d'auto prédation nationale. Celles-ci mettent en scène des affrontements entre diverses composantes du tissu social qui concourent à l'éclosion d'un climat de tensions et de chaos généralisées par l'expression de la violence politique et armée, dont le dessein est de contrôler une portion du territoire potentiellement riche en ressources naturelles. Car, « toutes les cultures et civilisations ont rationalisé et glorifié l'exemple par excellence de la déprédation humaine : la guerre »69(*). La guerre dans ce cas devient donc ainsi le moyen légitime de faire triompher les ambitions de la tribu, du clan ou de la région. Car les populations d'ici estiment avoir payé un lourd tribut lié à l'exploitation des ressources naturelles qui les appauvrit, déstabilise leur société et pollue leur environnement, voire met en danger leurs vies.

    Avec la fin du monolithisme politique, les pluralismes communautaires ont éclaté dans une logique contestataire prononcée contre les pouvoirs centraux des régimes en place dans le golfe de Guinée. Des leaders de toute sorte ont crée des causes communautaires dont ils s'instituent les hérauts et engagent des revendications politiques violentes au nom de leurs groupes. La contestation qui s'ensuit est fondée tantôt sur un sentiment d'exclusion de la gestion des affaires publiques, tantôt et surtout sur une insatisfaction dans la répartition de la manne financière issue de l'exploitation des richesses naturelles localisées dans leurs milieux de vie. En effet, la territorialisation ethnique ou régionaliste des ressources naturelles se traduit par les revendications de leur appropriation et de leur exploitation locales en totalité ou en partie. L'Etat déjà affaibli dans ses assises socioéconomiques, se voit dès lors contesté son monopole de la violence par ces nouveaux acteurs. Le mouvement d'émancipation du Delta du Niger (MEND) au Nigéria70(*)et les rebellions-invasions dans les provinces minières de la RDC constituent des exemples éloquents de cette privatisation de la violence armée par des mouvements politico-armés.

    Par ailleurs, les revendications d'un meilleur partage de la manne générée par les ressources naturelles servent souvent de prétexte aux revendications de partage du pouvoir politique71(*).

    Dans une région multiculturelle, la discrimination ethnique et tribale est en partie au coeur de la désunion politique. Les mouvements sécessionnistes et autonomistes à l'Est et au Sud-est de la RDC, en Angola72(*) et au Nigéria témoignent ainsi de l'instrumentalisation des revendications communautaires à des fins politiques. De ce fait, ces mouvements créent des alliances conjoncturelles, à la fois avec les forces extérieures73(*) et les réseaux maffieux, avec qui ils se livrent au pillage des richesses localisées dans les territoires dont ils ont le contrôle. Ces mouvements se constituent ainsi en marchands de l'insécurité et de la terreur, contribuant à l'instabilité politique de ces Etats.

    La désintégration des Etats du golfe de Guinée qui en résulte offre, de ce fait, une fenêtre d'opportunités à un ensemble d'acteurs et d'élites politico-militaires qui vont, à leur tour, criminaliser ceux-ci.

    B. Prédation de l'oligarchie politico-militaire et criminalisation de l'Etat74(*)

    Avec l'émergence et l'immersion de nouveaux acteurs, notamment les mouvements politico-armés, dans le partage des ressources naturelles par le moyen de la violence, la « conversion du service public en une source de gain privé est devenue une partie constitutive de la culture du pouvoir »75(*)au sein des Etats riverains du golfe de Guinée. En effet, une fraction de l'élite politique et de l'oligarchie bureaucratique confisque l'appareil d'Etat76(*) en s'alliant à l'Armée, déjà très affaiblie par les violentes attaques des mouvements politico-armés. « Regroupée autour d'un noyau ethnique, bénéficiant de solides appuis intérieurs et disposant du contrôle absolu des organes de répression (...), elle s'appuie, en outre, sur d'importants réseaux extérieurs et sur des connections tissées à la faveur des privatisations et au détour de ses propres participations aux réseaux internationaux de la « finance informelle » (contrebande, trafic de pierres précieuses et d'émeraudes, de diamants, d'ivoire ou de la drogue) »77(*).

    C'est à partir de l'implication de l'oligarchie politico-militaire dans le pillage des ressources naturelles que l'Etat va se criminaliser. Dès lors, l'Etat gestionnaire des ressources communes au bénéfice de l'ensemble de la communauté nationale fait l'objet d'une patrimonialisation privée de la part des autorités gouvernantes corrompues78(*). D'où le népotisme et la corruption s'institutionnalisent en mode de régulation politique et de gouvernance économique permettant aux personnes socialement importantes, grâce à leurs pouvoirs financiers construits autour du contrôle de la « finance informelle »79(*), de s'acheter des positions de pouvoir au sein de l'appareil d'Etat. Ce qui conduit à la constitution d'une certaine alliance stratégique entre cette oligarchie prévaricatrice et des groupes d'intérêts d'origine extérieure engendrant de ce fait, l'emprise et la consolidation des positions de pouvoir des agents criminels de l'Etat80(*). Dès lors, l'Etat, qui doit être le régulateur de la société, est devenu lui-même, par l'entregent de son élite politico-militaire, une source de conflits et de criminalité81(*), « un fauteur de trouble et de violence ».82(*)

    Cette course armée vers le contrôle des ressources naturelles de la part d'acteurs divers va, tel un effet boule de neige, étendre l'insécurité dans la région ; transformant ainsi le golfe de Guinée en une «nouvelle zone à haut risque »83(*).

    Paragraphe II : Les effets de l'extension régionale de l'insécurité dans le golfe de Guinée

    L'apparition et la multiplication des pratiques de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée sont favorisées par l'histoire agitée de la vie sociopolitique des Etats riverains de cet espace géographique, laquelle a fourni plusieurs opportunités aux acteurs criminels qui écument la région.

    Analyser les effets de l'extension régionale de l'insécurité dans le golfe de Guinée revient, dès lors, à poser un regard critique et objectif sur les conséquences provoquées par la gestion problématique des frontières et de l'insécurité transfrontalière propres à cette région. A cet effet, nous allons opérer deux grands constats qu'il convient d'analyser : l'absence d'un climat de paix, sécurité et stabilité dans le Golfe de Guinée (paragraphe I) et l'insécurité transfrontalière entravant les processus d'intégration régionale en cours dans cette région (paragraphe II).

    A- L'absence d'un climat de paix, sécurité et stabilité dans le golfe de Guinée

    Cette absence de paix, sécurité et stabilité s'objective par la gestion problématique de vagues de réfugiés en provenance de pays plongés dans le chaos et la violence généralisée, ainsi que dans l'insuffisance de moyens étatiques de contrôle et de surveillance des flux transfrontaliers.

    La constante de l'insécurité au niveau des espaces transfrontaliers du golfe de Guinée produit des effets néfastes directs sur les populations victimes des actes de criminalité et de violence politique commis, soit par l'appareil militaire étatique, soit par les groupes criminels privés. En effet, la violence infligée aux personnes, notamment par la destruction des villages, des assassinats, des enlèvements, des viols et autres exactions massives, induit des vagues de mouvements de refugiés et déplacés internes84(*), «qui le plus souvent, sinon tout le temps, emportent avec eux des armes légères et de petit calibre (ALPC) facilement transportables et dissimulables à cause de leur légèreté »85(*). La problématique relative à la gestion des refugiés et personnes déplacées internes met en exergue le spectre des risques sécuritaires encouru par les Etats de la région. Surtout que ceux-ci présentent des failles dans la gestion de cette catégorie de populations.

    La faillite des Etats dans la gestion des refugiés et personnes déplacées ouvre dès lors une voie royale aux trafics de tous genres et principalement à celui des ALPC86(*). La prolifération anarchique de ces armes contribue à l'essor du grand banditisme, comme en témoigne le phénomène des « coupeurs de route » dans les confins transfrontaliers RCA-Tchad-Cameroun. D'ailleurs, l'Assemblée Générale des Nations Unies (AG/ONU) «reconnait que l'absence de normes internationales est un facteur contribuant aux conflits armés, aux déplacements des populations, à la criminalité organisée et au terrorisme, et porte ainsi atteinte à la paix, à la réconciliation, à la sureté, à la stabilité et au développement économique et social durable »87(*). 

    Par ailleurs, la gestion des refugiés pose les problèmes de la protection de la nationalité et celui des différends potentiels entre nationaux et réfugiés88(*). C'est notamment le cas dans la gestion des refugiés centrafricains de l'Est-Cameroun, estimés à près de 84000 personnes selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Refugiés (HCR).

    De plus, la présence prolongée des refugiés dans certains Etats riverains du golfe de Guinée encouragent généralement les velléités expansionnistes de leurs Etats d'origine. C'est ce qui explique en partie la recrudescence des conflits à l'Est de la RDC où le Rwanda est formellement accusé d'annexer cette partie du territoire qui abrite des milliers de refugiés rwandais depuis près de deux décennies.

    En fin de compte, la gestion problématique des refugiés pose de nombreuses contraintes sécuritaires aux Etats de la région. Ceci s'explique notamment par l'insuffisance de moyens de contrôle aux frontières tant en période d'instabilité que de paix.

    L'une des caractéristiques des frontières terrestres et maritimes dans le golfe de Guinée, au-delà des querelles dont elles font l'objet, c'est le déficit d'infrastructures et services de gestion de celles-ci. 

    Selon le document de projet du Programme Frontière de la CEEAC (PF-CEEAC), ce déficit intègre « le manque des moyens de gestion des frontières au niveau local (nombre très réduit des postes frontières, absence de certains services (santé), équipements inexistants ou vétustes, insuffisance de personnel, etc.) ; le manque de coordination des services nationaux impliqués dans la gestion des frontières au sein de chaque Etat (police, renseignement, immigration, eaux et forêts, santé, etc.) ; le manque de coopération transfrontalière entre les services homologues, à la fois au niveau local et au niveau central ; le manque de qualification des personnels chargés de la gestion des frontières ; la présence d'une règlementation surabondante dans certains domaines, lacunaire dans d'autres, dont la pertinence et l'application n'ont pas été expertisées de longue date ; et une corruption endémique des agents des services frontaliers. »

    C'est dire, au moins concernant les frontières de la CEEAC, que celles-ci font l'objet d'une gestion archaïque, sans vision de développement stratégique autour d'elles de la part des Etats. D'où l'insuffisance de contrôle des flux transfrontaliers observée dans cette région, facilitant ainsi la croissance des actes de criminalité de part et d'autre des zones frontalières des Etats concernés89(*).

    Concernant le déficit de sécurisation des frontières maritimes et de contrôle des eaux territoriales dans le golfe de Guinée, il faut signaler que les actes de piraterie maritime et les vols à main armée en mer prospèrent davantage sur les cotes maritimes des pays incapables d'assumer efficacement leurs missions régaliennes sur la mer90(*). Cela traduit généralement une absence d'autorité établie et respectée qui fait place au désordre maritime. Théoriquement, il est établi que l'Etat qui subit des actes de piraterie dans ses eaux territoriales est un Etat en faillite, sinon faible et non organisé. D'ailleurs l'absence de cadres compétents et de garde-côtes entrainés et équipés permet aux pirates d'opérer en toute quiétude. Car en l'absence en nombre suffisant de moyens opérationnels de qualité pour intervenir et poursuivre les pirates, ces derniers se sentent réconfortés dans leurs actes qu'ils s'emploient à poursuivre, tant qu'ils ne sont pas arrêtés et punis91(*).

    In fine, l'absence d'un climat de paix, sécurité et stabilité dans le Golfe de Guinée due à la constance de l'insécurité transfrontalière impacte considérablement sur les différents processus d'intégration régionale dans la région.

    B- La lente évolution des processus d'intégration régionale engagés dans le golfe de Guinée

    Au-delà du bilan sociopolitique et économique chiffré92(*) de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, il convient de dire que ce phénomène emporte des conséquences plus importantes qui n'épargnent aucune économie de la région. Car l'insécurité qui règne au niveau des frontières pose une entorse considérable aux différents processus d'intégration engagés dans la région ; puisqu'elle freine les échanges commerciaux intra-zone et restreint du même coup la libre circulation des biens et des personnes.

    Depuis les indépendances, cette région a connu un foisonnement d'organisations et d'institutions communautaires qui ont structuré au fil du temps sa géopolitique93(*). Toutefois, les Communautés Economiques Régionales (CER) les plus représentatives de cette région sont la CEDEAO et la CEEAC qui constituent, à elles seules, la synthèse des traits caractéristiques géographique, économique, sociologique et politique de la région. A l'observation de leurs dynamiques sur le champ spatial de la compétition économique, ces CER semblent connaitre une progression lente de leurs échanges commerciaux intra zone. La cause profonde semble être, outre la sédimentation des marchés nationaux et la structure de production et d'exportation analogue de ces Etats, la constance de l'insécurité transfrontalière qui sévit autour et à l'intérieur de ces CER.

    En effet, l'insécurité transfrontalière a provoqué de sérieux troubles politiques en Angola, en RDC, au Congo, au Tchad, en RCA, au Burundi et au Rwanda au cours des décennies 80, 90 et même 2000, qui ont détourné l'attention et les priorités des dirigeants de la CEEAC. Ceux-ci étant trop préoccupés par « le rétablissement de leur autorité à l'intérieur de leurs frontières pour investir du temps, de l'argent et du capital politique dans le développement des liens »94(*) économiques et commerciaux avec leurs voisins. De même, l'instabilité politique récurrente au Nigéria et en Côte-d'Ivoire, considérés comme les deux géants d'Afrique de l'Ouest, participe également de la relative faiblesse des échanges commerciaux dans la CEDEAO.

    Le faible degré d'intégration économique et commerciale au sein des CER de la région du golfe de Guinée se matérialise sur le terrain par une insuffisance d'infrastructures transfrontalières de facilitation des échanges intra zone telles que les routes, les marchés et l'approvisionnement en eau et électricité, les ponts, les aménagements portuaires propres à promouvoir l'activité économique transfrontalière. D'ailleurs, les échanges intracommunautaires des CER de la région présentent des disparités économiques que l'on pourrait imputer aux contraintes sécuritaires inhérentes aux Etats de la région. Ainsi convient-il de constater que « le marché régional de l'Afrique Centrale demeure le moins performant en Afrique, avec pour 2006 des échanges intracommunautaires oscillant entre 0.5 et 1% du commerce total des Etats membres, contre (...) 10% pour la CEDEAO »95(*).

    Aussi, nous est-il donné de constater que la situation sécuritaire d'une région conditionne son niveau d'intégration économique, et donc de mobilité des facteurs de production.

    Cependant, et à l'observation des processus d'intégration en cours dans le golfe de Guinée, il ressort que l'application du principe de la libre circulation, notamment des populations et des biens, se fait selon une intensité à géométrie variable, en fonction de l'espace d'Afrique de l'ouest ou centrale considéré.

    Si dans le premier cas, la liberté de circulation est un acquis de plus en plus consacré dans son effectivité, du fait d'une relative accalmie sécuritaire, une longue expérience de migrations itinérantes entre divers groupes sociaux, d'un environnement géophysique favorable et de la volonté politique de ses dirigeants à renforcer leurs liens séculaires, tel n'est pas le cas en Afrique centrale. En effet, le paysage géographique de cet espace est marqué par un foyer de tensions et une géopolitique de la méfiance et de la défiance généralisées à l'ensemble des leaders de la sous région ; autant de facteurs qui ne favorisent pas l'effectivité de la libre circulation des biens et surtout des personnes, pourtant consacrée par les différents traités fondateurs des CER de l'Afrique Centrale.

    Ici l'insécurité transfrontalière résultant de ce climat exacerbe la multiplication des contrôles le long des corridors commerciaux96(*) ainsi qu'aux postes frontières, laquelle alimente la corruption systématique des agents des services frontaliers. Ce qui impacte directement sur le respect du principe de libre circulation dans ces CER.

    En tout état de cause, la constance de l'insécurité transfrontalière, par les effets qu'elle induit sur le niveau de développement du commerce intra zone et sur l'intensité de la libre circulation des facteurs de production, constitue l'une des causes structurelles de la lente progression des processus d'intégration régionale mis en oeuvre dans le golfe de Guinée.

    En somme, le golfe de Guinée est une région en proie à la criminalité transfrontalière, laquelle met en scène divers acteurs qui charrient les conflits et produisent l'insécurité transfrontalière autour des ressources naturelles et dont les conséquences sociopolitiques et économiques ne sont plus à démontrer. De par sa situation géographique, le golfe de Guinée offre dès lors, une fenêtre d'opportunités pour l'expérimentation et la germination des activités criminelles de tout acabit. De ce fait, cette région constitue un concentré de toutes les formes de criminalité visible et invisible.

    C'est à partir de l'étude des causes, manifestations et conséquences de la faillite de l'Etat du golfe de Guinée dans l'accomplissement optimal de ses missions régaliennes de sécurité et de défense de l'intégrité territoriale qu'il convient d'envisager, dans le chapitre suivant, l'inadéquation des mesures actuelles de lutte contre les actes de criminalité transfrontalière comme facteur explicatif de la recrudescence de ce phénomène dans la région.

    CHAPITRE II : L'INADÉQUATION DES INITIATIVES ACTUELLES DE LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIÈRE DANS LE GOLFE DE GUINÉE.

    Avec l'enracinement durable des actes du phénomène de la criminalité transfrontalière dans les espaces transfrontaliers terrestres et maritimes dans le golfe de Guinée, cette région s'est criminalisée. De sorte qu'il n'existe plus d'Etat, plus de zone transfrontalière dans cette région qui ne soit en proie à ce phénomène. Aussi, pour y remédier, un ensemble de mesures vont-elles être mises en oeuvre par divers acteurs institutionnels97(*)originaires ou ayant intérêt dans la région. Cependant, celles-ci vont s'avérer être inadéquates, c'est-à-dire inadaptées et inappropriées pour pouvoir contenir, endiguer et éradiquer le phénomène de la criminalité qui s'est répandu dans cet espace géographique. Cette inadéquation trouve ses fondements essentiellement dans la présence de « nombreuses pesanteurs inhérentes à la géopolitique régionale, aux égoïsmes nationaux et des facteurs externes » 98(*) qui rendent toute initiative de coopération problématique. Leur décryptage s'impose dès lors pour évaluer les différentes initiatives, solitaires ou concertées, de sécurisation de flux transfrontaliers autour et au sein de la région du golfe de Guinée mises en oeuvre jusqu'ici.

    Pour ce faire, le présent chapitre va s'évertuer à décrypter l'inadéquation des mesures actuelles de sécurisation de la région. De ce fait, il sera question d'analyser les limites des options souverainistes de lutte contre la criminalité (section I), tout en s'attelant à souligner les défauts inhérents aux initiatives concertées de sécurisation des espaces transfrontaliers, comme moyen de prévention et de lutte contre ce phénomènes (section II).

    SECTION I : LES LIMITES DES INITIATIVES SOUVERAINISTES DE LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ DANS LE GOLFE DE GUINÉE

    Ayant progressivement pris conscience de la menace et du danger que représentent désormais les actes de criminalité sur leurs économies et pour la stabilité politique de leurs régimes respectifs, les Etats du golfe de Guinée vont pour la plupart appréhender la lutte contre ce phénomène sous le prisme de la défense et de la sécurité nationales.

    Minimisant la portée transfrontalière et régionale de ce phénomène, ces Etats vont dès lors, et par égoïsme national, opter chacun pour une approche souverainiste exclusive pour l'éradiquer ; c'est-à-dire apporter des solutions exclusivement nationales dictées par des impératifs de sécurité intérieure. C'est ainsi que, par cette erreur de vision stratégique, les politiques solitaires nationales de sécurisation des zones frontalières qui vont être mises en oeuvre connaitront un échec (paragraphe I). Cet échec va engendrer, sous l'épreuve des faits et la contrainte des difficultés, la conclusion d'accords bilatéraux, de nature endogène et exogène, qui présenteront également des limites opérationnelles dans l'atteinte des objectifs escomptés (paragraphe II).

    Paragraphe I : L'échec des politiques solitaires nationales de sécurisation des zones frontalières dans le golfe de Guinée

    « Parce qu'elles correspondent à des histoires et à des identités nationales et qu'elles sont associées à la souveraineté, les frontières constituent des enjeux symboliques et politiques importants dans les relations internationales. (...)Le contrôle des frontières est depuis longtemps une activité fondamentale des Etats dont la défense et la régulation économique constituent les aspects les plus classiques. »99(*)

    Si telle qu'elle est définie ci-dessus, la frontière remplit classiquement plusieurs fonctions100(*), il convient de relever qu'en Afrique, et singulièrement dans le golfe de Guinée, elle conserve encore son sens ancien. En effet, du fait de l'histoire tumultueuse du continent et du « continuum conflictuel »101(*) qui a traversé la région du golfe de Guinée ces dernières décennies, le concept de frontière, est dérivé de front ; et signifie ainsi d'abord « le front d'une armée, puis vers la fin du XIIIème siècle une place fortifiée faisant face à l'ennemi.»102(*)

    C'est à partir de la conception belliciste des frontières qu'ont les Etats du golfe de Guinée, qu'il convient d'analyser l'échec des politiques solitaires nationales exclusives de sécurisation de celles-ci dans la région. Aussi apparait-il nécessaire d'étayer cette analyse en questionnant l'environnement politico-sécuritaire qui prévaut de manière récurrente dans la région (A), avant d'évaluer les ressources techniques et structurelles dont disposent ces Etats en vue d'assurer la sécurité de leurs frontières (B).

    A. Un environnement politico-sécuritaire imbibé de méfiance et de défiance entre Etats de la région

    L'un des facteurs structurant l'échec des politiques solitaires nationales exclusives de sécurisation des zones frontalières du golfe de Guinée, est sans nul doute le climat de suspicion généralisée caractérisé par une « géopolitique de la méfiance »103(*) et de la défiance réciproques qui prévaut dans la région. En effet, du fait des contentieux irrésolus relatifs aux querelles des frontières et des guerres civiles internes des années 1990 qui ont considérablement impacté sur l'équilibre sécuritaire de la région, la coopération sécuritaire à l'intérieur des CER du golfe de Guinée, dont la CEEAC et dans une moindre mesure la CEDEAO, ne pouvait être engagée sur des bases politiques sincères. D'ailleurs, la plupart des contentieux liés aux disputes des frontières n'ont pas et continuent de ne pas trouver des solutions au sein de ces CER, considérés comme le reflet du pouvoir d'influence de certains Etats aux ambitions hégémoniques régionales présumées104(*). Ainsi en est-il du différend territorial entre le Gabon et la Guinée-Equatoriale au sujet de l'île de MBANIE105(*), ainsi que du différend frontalier opposant l'Angola à la RDC au sujet de la délimitation de leurs frontières maritimes, dont la CEEAC n'a pas été appelée à se prononcer.

    D'un autre côté, les actes de défiance se multiplient aussi dans la région. En témoigne l'incident qui s'est produit à l'aéroport de Malabo, en marge du sommet sur les questions de sécurité en Afrique Centrale tenu dans la capitale équato-guinéenne les 24 et 25 Février 2000. En effet, la délégation camerounaise fut retenue quelques moments par les services de sécurité de cet aéroport. Pour le Professeur Joseph Vincent NTUDA EBODE, Directeur du Centre de Recherche en Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS) de l'Université de Yaoundé II-SOA, « cette situation n'était pas le fruit d'un hasard. Tout au contraire, elle s'inscrivait dans un contexte de revendications frontalières et de suspicion généralisée des autorités de Malabo vis-à-vis de Yaoundé.»106(*) De même, la RCA avec le Président Ange Félix PATASSE avait, en son temps, « accusé le Cameroun d'avoir servi de transit aux armes ayant failli le renverser.»107(*)

    La géopolitique de la méfiance et de la défiance généralisées observée en Afrique Centrale au début du troisième millénaire s'est également étendue à l'Afrique de l'Ouest. Ici, l'on a assisté aux accusations, à tort ou à raison, du régime de l'ancien Président Laurent GBAGBO de Côte-d'Ivoire à l'endroit du Président Blaise COMPAORE du Burkina-Faso, coupable d'après lui d'avoir soutenu financièrement et militairement les Forces Nouvelles (FN) de Guillaume SORO, l'ex rébellion qui occupa le Nord de ce pays durant près d'une décennie.

    C'est donc dans ce contexte de suspicion généralisée que les Etats du golfe de Guinée vont opter pour des mesures solitaires et exclusives de sécurisation de leurs espaces frontaliers, afin de mieux se prémunir contre les attaques des criminels dont l'Etat voisin est souvent accusé d'abriter les bases arrières.

    Cependant, cette option solitaire va s'avérer être un gros échec, notamment du fait de l'insuffisance des capacités internes des Etats à sécuriser efficacement leurs frontières respectives.

    B. L'insuffisance des capacités internes des Etats à assurer efficacement la sécurité de leurs zones frontalières

    L'insuffisance des capacités internes des Etats à assurer efficacement la sécurité de leurs frontières met ici en scène le défaut de moyens structurels et techniques suffisants et de bonne qualité dans l'accomplissement de cette tache. Car bien que l'Etat initie et met en oeuvre des actions de démarcation et de délimitation des frontières, très souvent de concert avec les Etats voisins, celles-ci ne s'inscrivent que très rarement dans une politique harmonieuse de gestion durable de leurs frontières nationales.

    D'ailleurs, de par les attributs de sa souveraineté, l'Etat va mettre à contribution une batterie de mesures structurelles et techniques nationales en vue de protéger ses frontières. D'où la mise en place de commissions nationales des frontières, comme structures chargées de la gestion et de la sécurisation des zones frontalières étatiques. De même, les capacités des services chargés de la gestion des frontières vont être développées. Il s'agit notamment du renforcement des capacités logistiques et techniques opérationnelles des services de police, de l'immigration, des douanes, des garde-côtes, bref de tout l'appareil sécuritaire de l'Etat.

    Ces mesures vont s'avérer être insuffisantes. Car en Afrique centrale, « on constate qu'hormis quelques exceptions (Burundi), les commissions nationales des frontières des Etats membres de la CEEAC, lorsqu'elles existent, ne se réunissent que d'une manière épisodique et leurs travaux ne produisent que peu d'effets »108(*).

    Par ailleurs, avec la professionnalisation et la cartellisation sans cesse croissantes des entrepreneurs privés du crime et de la violence transfrontaliers aux méthodes et techniques innovantes, les moyens de sécurisation des frontières s'avèrent limités et inadaptés, du fait de l'absence d'une politique intégrée cohérente de gestion des frontières. Cette insuffisance de moyens techniques et structurels internes de sécurisation des espaces transfrontaliers conforte les acteurs criminels dans la poursuite de leurs activités.

    D'où le constat d'échec des logiques souverainistes exclusives de sécurisation des zones transfrontalières. Dès lors, la volonté de fédérer les efforts à travers une synergie d'actions bilatérales et multilatérales de lutte contre le phénomène de la criminalité dans le golfe de Guinée, va poindre à l'horizon. Cependant, la mise en oeuvre de telles synergies va également présenter des défauts qu'il convient à présent d'analyser.

    Paragraphe II : Les limites des initiatives concertées de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée

    Le caractère transfrontalier et même régional de la criminalité et de l'insécurité dans le golfe de Guinée n'a eu de cesse de rappeler la nécessité pour les Etats de coopérer en matière de sécurité. Et ainsi d'élaborer des cadres politico-institutionnels normatifs et opérationnels permettant d'impulser et de mettre en oeuvre ces initiatives de sécurisation des zones frontalières de la région. Mais ici encore, les synergies qui vont naitre présentent le défaut de privilégier les intérêts égoïstes des co-contractants sans s'inscrire dans une vision globale, régionale, coopérative et homogène de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Les limites de ces synergies s'objectivent au travers de la prolifération des accords de coopération sécuritaire sans cohérence (A), ainsi que par l'imbroglio des partenariats avec l'extérieur (B).

    A. La prolifération d'initiatives de coopération sécuritaire dépourvues de cohérence homogène : facteur d'inefficacité

    Les pays du golfe de Guinée, dans le but d'endiguer la dynamique du phénomène de la criminalité transfrontalière qui se déploie le long de leurs frontières communes, se sont lancés à la course vers les partenariats de sécurité, sans s'assurer de leur cohérence qui est gage de leur efficacité. En effet, la coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée, en dépit des pactes de non agression et d'assistance mutuelle signés au sein des CER, privilégie les systèmes d'alliance bilatérale, voire trilatérale. Dès lors l'approche communautaire (CEDEAO, CEEAC...) de la sécurisation des espaces transfrontaliers de leurs régions respectives présente le défaut d'être postérieure à ce type d'alliance nouée par les Etats à l'intérieur et en dehors de la région. De plus, la démultiplication de ces alliances laisse transparaitre le germe de leur inefficacité, car les Etats qui les concluent le font très souvent avec l'idée de concurrencer celles qui existent préalablement.

    Ainsi en est-il, au niveau de la CEEAC, du pays le plus en proie à la criminalité et à l'insécurité transfrontalières, la RDC dont la multiplication des accords sécuritaires et militaire semble montrer un défaut de cohérence apparente. En effet, hormis les accords fragiles qui la lient au Rwanda109(*), la RDC entretient une coopération militaire chacune avec les Etats-Unis (KISANGANI), la Chine (KAMINA), l'Angola (KITONA), la Belgique (KINDU et KANANGA), l'Afrique du Sud (MURA) et la France (MBANZA NGUNGU). Chacun de ces pays cités dispose à cet effet d'une base militaire en RDC et forme ou a formé des militaires congolais. Cette situation n'est pas uniquement propre à la RDC. D'ailleurs, la quasi majorité des pays de la région se sont assurés un filet de sécurité grâce aux accords de coopération et d'assistance militaires noués avec les puissances étrangères et continentales, dont la France110(*), les Etats-Unis111(*), le Maroc112(*), la Chine113(*), Israël114(*) et l'Afrique du Sud115(*). Le constat que l'on pourrait établir ici est qu'il ya une sorte de concurrence qui se dessine en filigrane dans la conclusion de ces accords, du fait notamment de l'abondance des ressources naturelles prouvées dans la région. Il est en fait légitime de penser que ces pays étrangers poursuivent d'abord la sécurisation de leurs intérêts miniers et pétroliers dans le Golfe de Guinée.

    Avec ce trop plein d'accords bilatéraux, l'engagement des pays membres de la CEDEAO et de la CEEAC reste secondaire dans leur politique commune de sécurité qui ressemble plus à un sursaut d'orgueil qu'à une réelle volonté politique d'édification d'un instrument de sécurisation harmonieux. Toutefois, il convient de mettre à l'actif de la CEEAC la signature le 6 Mai 2009 d'un accord technique établissant les modalités de la coopération, en vue de la sécurisation les intérêts vitaux maritimes du golfe de Guinée des Etats membres. Il s'agit en fait de sécuriser les eaux territoriales du Cameroun, du Gabon, de la Guinée-Equatoriale et de Sao-Tomé et Principe, les quatre Etats membres de la CEEAC les plus en proie au phénomène de la piraterie maritime et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée. Les eaux territoriales de ces pays forment la Zone D du golfe de Guinée116(*). Cependant, étant donné la dimension transrégionale de l'insécurité maritime, nous déplorons encore l'inexistence d'un cadre formel de coopération qui s'élargirait au bloc de la CEDEAO en intégrant le Nigéria, le Benin et le Togo, trois des pays les plus touchés par la piraterie maritime en Afrique de l'Ouest117(*).

    Par ailleurs, des six zones transfrontalières118(*) identifiées par la feuille de route « paix et sécurité » de la CEEAC en avril 2010, dans le sillage du Programme Frontière de l'UA (PF-UA), visant à traiter le problème de l'insécurité et de la criminalité transfrontalières dans ces zones, il apparait qu'aucune d'entre elles n'a encore fait l'objet du déploiement d'une patrouille mixte ou conjointe de sécurisation, du fait d'un manque de coopération effectif des différents services nationaux concernés. D'ailleurs, l'initiative Tripartite de 2005 RCA-Tchad-Cameroun, en vue de lutter contre l'insécurité transfrontalière dans leurs frontières communes, et étendue au Gabon, à la Guinée-Equatoriale et au Congo en mai 2009, est une initiative louable des CER (CEEAC, CEMAC et CEN-SAD), avec le soutien du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique Centrale (ONUCA), mais encore insuffisante119(*) et inefficace par rapport à l'ampleur du phénomène du banditisme transfrontalier. Car ce type d'initiatives est davantage réactif et donc incapable de prévenir les actes de criminalité dans la région considérée. De ce fait, il est à regretter « l'absence de stratégies de prévention à long terme qui viseraient, d'une part, à anticiper les risques imminents et, d'autre part, à éradiquer les racines profondes de l'insécurité »120(*) , les patrouilles de surveillance maritime de la Zone D du golfe de Guinée, bon exemple d'action anticipatrice, relevant de l'exception.

    Les initiatives concertées de sécurisation du golfe de Guinée, du fait de leur foisonnement incohérent et de la concurrence à laquelle elles se livrent, apparaissent, en fin de compte, inefficaces. Cette inefficacité est renforcée par l'imbroglio des partenariats extérieurs aux objectifs stratégiques concurrents.

    B. Le poids de l'extérieur : la sécurisation du golfe de Guinée sous influence étrangère

    Les Etats du golfe de Guinée, dans leur volonté de mieux se prémunir contre les effets néfastes de la criminalité transfrontalière, cherchent à s'assurer un parasol de sécurité auprès des partenaires étrangers. Ceux-ci motivent leur présence dans cette région, non seulement par la nécessité de protéger leurs ressortissants en proie aux menaces de groupes terroristes, mais aussi et surtout d'assurer leurs approvisionnements en ressources naturelles dans le golfe de Guinée.

    En effet, les conséquences conjuguées de la fin de la Guerre Froide et des bouleversements intervenus suite aux attentats du 11 septembre 2001, ainsi que l'érection du golfe de Guinée en nouvel eldorado minier et pétrolier, ont attisé les convoitises121(*) des grandes puissances, faisant place aux « appels d'empire »122(*) dans la région. De ce fait, les enjeux miniers et pétroliers123(*) ici vont induire un redéploiement militaire et stratégique des grandes puissances dans cette région. Aussi, va-t-on assister, sous le prétexte de la croisade mondiale contre le terrorisme international et la piraterie maritime en haute mer, ainsi que le trafic international des drogues, à une succession de programmes de formation et de renforcement des capacités d'intervention des militaires africains, au travers d'exercices opérationnels de démonstration/simulation financés par les puissances étrangères. Parmi les puissances en présence dans la conquête et la sécurisation de leurs positions de rente, nous avons principalement la France et les Etats-Unis.

    Concernant la France, elle est particulièrement présente dans les Etats francophones de cette région et apporte un soutien logistique et financier aux troupes nationales et régionales constituées dans le cadre des CER, à travers son programme RECAMP. De plus, elle participe spécifiquement aux missions de sécurisation des cotes maritimes du golfe de Guinée à travers son bâtiment naval de guerre CORYMBE124(*) qui sillonne les eaux territoriales de la région. Les objectifs d'une telle présence s'articulent autour de la sécurisation des activités maritimes et commerciales des compagnies pétrolières et de transit françaises.

    Pour ce qui concerne les Etats-Unis, le renforcement de leur présence dans la région s'explique par la définition de leur nouvelle politique énergétique visant à s'assurer au moins 25% de la production pétrolière du Golfe de Guinée à l'horizon 2015125(*). Dès lors, le Commandement militaire américain pour l'Afrique (AFRICOM)126(*) va être redynamisé le 7 février 2007 et mis à contribution dès Octobre 2008127(*). D'ailleurs, l'US NASHVILLE128(*) fit escale dans cinq ports de la région pour dispenser des stages de formation dans les domaines aussi divers que la protection des plateformes pétrolières, la lutte contre les incendies ou encore le droit maritime. A la suite de ces exercices de démonstration et pour aller plus loin, les Etats-Unis ont formulé une demande de coopération renforcée avec la CEEAC dans l'optique de renforcer les capacités de l'Etat-major régional (EMR)129(*).

    Au demeurant, la multiplication et la diversification des accords de partenariat sécuritaire avec l'extérieur ne manquent pas de produire des effets pervers. Car ces accords conduisent « les pays membres à faire peu d'efforts pour pérenniser »130(*) la coopération sécuritaire régionale. Cet état de fait « peut même se traduire par un sentiment de désappropriation, le financement et le suivi des programmes étant laissés aux partenaires extérieurs. Ces partenariats se traduisent aussi par un transfert des systèmes militaires (...) de l'aidant à l'aidé et ils posent la question des tentatives d'instrumentalisation. »131(*)

    Par son financement et son expertise technique et opérationnelle essentiellement occidentalo-centrés, la sécurisation du golfe de Guinée apparait donc être sous tutelle étrangère. Ce qui n'est pas de nature à favoriser sa viabilité et à assurer son efficacité à long terme. Car, étant à la merci des jeux et enjeux stratégiques des puissances étrangères.

    C'est à partir des limites des logiques souverainistes ci-dessus étudiées qu'il convient d'étayer les défauts techniques de conception et de mise en oeuvre des stratégies de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    SECTION II : LES DÉFAUTS TECHNIQUES DE CONCEPTION ET DE MISE EN OEUVRE DES INITIATIVES DE LUTTE CONTRE LA CRIMINALITÉ DANS LE GOLFE DE GUINÉE.

    Si les mesures adoptées jusqu'à présent dans l'optique de la sécurisation du golfe de Guinée se sont toutes révélées inadéquates, du fait des limites que présentent les options souverainistes étudiées ci-dessus, c'est davantage parce qu'elles présentent des défauts techniques inhérents à leur conception et à leur opérationnalisation. En effet, l'observation faite dans la mise en oeuvre de ces initiatives met en relief une faible coordination structurelle (paragraphe I) et une mise en oeuvre peu efficace (paragraphe II).

    Paragraphe I : Une conception plurielle insuffisamment coordonnée

    Diverses initiatives de dimensions nationale, bilatérale, trilatérale et multilatérale ont été mises à contribution dans l'optique de sécuriser les zones transfrontalières de la région du golfe de Guinée. Elles sont l'oeuvre des Etats et CER de la région avec le soutien multiforme des puissances et organisations étrangères et internationales. Cependant, le foisonnement de ces initiatives souffre d'un défaut de coordination, facteur générateur de leur inefficacité. Ceci s'explique par l'absence d'une structure homogène unique de coordination (A) et le traitement asymétrique des expressions de la criminalité dans le Golfe de Guinée (B).

    A. L'absence d'une structure de coordination des initiatives de lutte contre la criminalité dans le Golfe de Guinée

    Hormis la prolifération des initiatives endogènes et exogènes gouvernementales de sécurisation du golfe de Guinée, bon nombre d'organisations africaines et internationales se sont investies dans cette activité. Celles-ci sont entre autres la CEMAC, la CEEAC, la CEN-SAD, la CEDEAO, la CIRGL, la CEPGL, la CBLT, la CGG, l'UA et l'UE, ainsi que les Bureaux régionaux de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest (UNOWA) et du Centre (UNOCA). De ce fait, il ya presqu'autant d'initiatives qu'il existe d'acteurs sans que le tout soit pensé et mis en oeuvre dans un cadre stratégique cohérent, homogène et unique. D'où la question de leur coordination se pose avec acuité.

    Bien qu'il existe un cadre formel132(*) sensé établir une étroite collaboration entre l'UA et les CER (CEDEAO, CEEAC...) en matière de paix et de sécurité en Afrique, force est de reconnaitre que la communication entre-elles est insuffisante. D'ailleurs, l'organisation continentale panafricaine et les deux CER de la région du golfe de Guinée éprouvent des difficultés à délimiter le périmètre de leur coopération, car la première est souvent accusée par les secondes de passivité, d'ingérence, voire de non-respect de son principe informel de subsidiarité133(*). Ce déficit de collaboration et de communication rend difficile la possibilité d'harmoniser et de coordonner toutes les initiatives de sécurisation du golfe de Guinée, car les relations entre la CEEAC, la CEDEAO, la CIRGL et les autres organisations sectorielles africaines impliquées dans les actions de sécurisation de la région se limitent généralement à des contacts formels sporadiques134(*).

    La création récente de l'UNOCA, à l'instar de l'UNOWA, a pour objectif de conduire à une coopération renforcée entre les Nations Unies et ces CER. Toutefois, compte tenu de l'accroissement des risques dans la région, l'absence d'une structure homogène unique de coordination de toutes les initiatives de sécurisation du Golfe de Guinée, permettant une gestion globale et intégrée des questions de sécurité, s'avère être un défaut majeur. Bien que la CEEAC a mis en place un centre de coordination régionale pour la sécurité maritime en Afrique Centrale (CRESMAC) comme structure de coordination des approches maritimes nationales des Etats membres, permettant l'intensification des patrouilles maritimes conjointes, il est à déplorer le manque d'engagement de l'Afrique de l'Ouest135(*) dans le sens d'une fédération des synergies.

    Outre leur défaut de coordination, les initiatives de sécurisation du golfe de Guinée posent également le problème du traitement différencié qu'elles réservent à la question de la criminalité dans la région.

    B. Le traitement asymétrique des expressions de la criminalité dans le golfe de Guinée

    A l'analyse du traitement réservé par les médias nationaux et internationaux des actes de criminalité transfrontalière dans la région, il ressort que ceux-ci sont sujets à une médiatisation asymétrique différenciée. Car, on note une sorte de d' « apartheid » dans l'information que rapportent les médias de ces actes. Tandis que le phénomène de la piraterie maritime, des vols à main armée en mer du golfe de Guinée et du trafic international des drogues dans les aéroports, de par leur nature spectaculaire, publicitaire et sensationnelle, font l'objet d'une hyper médiatisation, et donc d'une politisation, dans l'espace public, les autres expressions de la criminalité comme les trafics de tous genres (ossements et organes humains, enfants, ressource naturelles ...), le phénomène des « coupeurs de route », ainsi que le vol de grosses cylindrées, du fait de leur banalisation à outrance, font l'objet d'un traitement dans la rubrique « faits divers » des organes de presse.

    Cette différenciation médiatique induit indubitablement une asymétrie dans leur gestion par les politiques136(*). D'où le défaut d'une vision globalisante des différentes facettes de la criminalité transfrontalière et par conséquent, l'absence d'une réponse stratégique transversale permettant d'endiguer et d'éradiquer le phénomène. Aussi, observe-t-on en lieu et place d'une stratégie unique, la prépondérance d'initiatives plurielles, éparses, segmentées et sans cohérence entre-elles qui prolifèrent dans l'optique de sécuriser le golfe de Guinée. Dans ce sens, outre les Commissions Mixtes de Sécurité (CMS)137(*) dans le cadre bilatéral, des initiatives trilatérale138(*) et multilatérale139(*) ont été créées.

    Sans denier aux Etats de la région leur compétence relationnelle à pouvoir conclure des accords de toute nature avec qui bon leur semble, il convient de dire ici qu'aucune de ces initiatives de sécurisation du golfe de Guinée ne s'inscrit dans une vision globale140(*), transversale141(*) et globalisante142(*) préalablement définie au niveau supranational dans un document stratégique uniforme, afin de les rendre harmonieuse, cohérente et plus efficace. Car il apparait évident aujourd'hui que la fragmentation de la question sécuritaire dans la région ne permet pas d'apporter une réponse ferme, efficace, dans son entièreté au problème de la criminalité transfrontalière. Ce qui conforte la communauté internationale à travers les Nations Unies143(*), et sous la houlette des grandes puissances cherchant à préserver leurs intérêts pétroliers dans la région, à focaliser davantage l'attention et à déployer ses efforts pour la sécurisation des voies maritimes navigables du golfe de Guinée face à la recrudescence de la piraterie maritime. Pendant ce temps, les zones transfrontalières terrestres144(*) de la région continuent à être le terreau des seigneurs du crime et de la violence armée sans foi ni loi.

    A cet effet, la distorsion observée dans le traitement et la gestion des problèmes de criminalité transfrontalière et des questions de sécurité dans le Golfe de Guinée ne contribue pas à l'efficacité des initiatives de sécurisation de cette région de manière durable.

    Dès lors, la conception plurielle et insuffisamment coordonnée des initiatives de sécurisation du golfe de Guinée constitue une entorse à l'efficacité de la coopération sécuritaire mise en oeuvre dans ce sens.

    Paragraphe II : Une mise en oeuvre opérationnelle des initiatives aux résultats peu probant

    Des défauts inhérents aux initiatives de sécurisation de la région du golfe de Guinée, la phase de leur mise en oeuvre opérationnelle constitue sans doute le facteur générateur de leur inefficacité. En effet, témoignant une certaine politique volontariste des Etats de la région à juguler le phénomène de la criminalité transfrontalière dans leur environnement immédiat, ces initiatives peinent à produire les résultats escomptés dans leur phase opérationnelle. L'inefficacité de la coopération sécuritaire qui en découle pourrait s'expliquer par le défaut d'un droit de poursuite automatique entre Etats dans la poursuite d'éventuels criminels (A), ainsi que la problématique soulevée par l'incohérence des systèmes militaires à l'oeuvre (B).

    A. Le défaut d'un droit de poursuite automatique entre les Etats concernés145(*)

    De par le caractère transfrontalier des actes de criminalité qui menacent la sécurité des pays du golfe de Guinée, l'on se serait attendu à la mise en oeuvre d'une coopération sécuritaire qui intègre la possibilité d'un droit de poursuite automatique entre les différents services étatiques146(*). Autrement dit, le droit pour un Etat X de poursuivre automatiquement un éventuel criminel, coupable d'atteinte à sa sécurité, à l'intérieur des frontières d'un autre Etat Y et vice-versa. Or, les initiatives de sécurisation du golfe de Guinée ne sont pour l'instant pas assez efficaces, précisément parce qu'elles ne reposent pas sur un cadre normatif et opérationnel rigoureux consacrant la possibilité de l'application du droit de poursuite de part et d'autre des frontières interétatiques. Pour l'instant, l'éventualité d'un droit de poursuite s'applique uniquement sur la base de programmes volontaristes, c'est-à-dire que ce droit relève encore de l'exception et non du principe.

    Le vide juridique qui en découle limite dès lors l'efficacité des initiatives de prévention et de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. On en veut pour preuve, la mort programmée de la Patrouille Mixte Internationale (PAMINT), créée par la CBLT le 15 Avril 1986 dans le but d'assurer la sécurité de la zone du Lac-Tchad, en transcendant les frontières sans porter atteinte à la souveraineté des Etats riverains147(*). En effet, chacun des Etats impliqués possédait en principe une représentation nationale de la PAMINT, qui devait être constituée des soldats des quatre Etats riverains du Lac-Tchad. Dès lors, chaque Etat membre devait envoyer ses soldats dans chacune de ces représentations nationales, afin d'assurer conjointement des patrouilles dans l'espace territorial de l'Etat en question. De ce fait, la PAMINT était sensée, par la mutualisation des forces opérationnelles, combattre de manière consensuelle et transparente les actes de criminalité dans cet espace.

    Mais, pour des raisons diverses liées, tantôt aux prétentions hégémoniques du Nigéria148(*), tantôt à la faillite et aux protestations de l'Etat tchadien149(*) dans l'exercice de ses fonctions régaliennes ou encore au manque d'intérêt de la part du Niger150(*), la PAMINT est entrée en hibernation. Ce qui a donc hypothéqué l'efficacité de la PAMINT, notamment pour la partie camerounaise qui a conservé sa représentation nationale et ses troupes, dans la poursuite et la lutte contre les entrepreneurs de l'insécurité transfrontalière qui se réfugiaient hors des zones camerounaises du Lac-Tchad.

    Et pourtant, les patrouilles de la PAMINT ont permis de limiter sensiblement les incursions des combattants tchadiens et la dynamique de la criminalité transfrontalière autour du Lac-Tchad. Sa désagrégation « accroit de manière substantielle le banditisme, les crimes et trafics transfrontaliers à la faveur de l'inexistence d'un droit de poursuite que seule la PAMINT possédait dans sa version originale »151(*).

    Question lancinante, la problématique du droit de poursuite automatique apparait désormais comme la condition sine qua non de l'efficacité des initiatives de sécurisation du golfe de Guinée. D'où l'urgence de sa consécration juridique et opérationnelle, à laquelle il faudra également adjoindre la réflexion sur la question de l'incohérence des systèmes militaires à l'oeuvre.

    B. La problématique de l'incohérence des systèmes militaires à l'oeuvre dans la sécurisation du Golfe de Guinée

    La question de la sécurisation du golfe de Guinée est devenue si prégnante que les différents Etats de la région se sont engagés dans des accords de partenariat avec les puissances étrangères152(*) dans l'optique de réaliser cet objectif. Ces partenariats avec l'étranger emportent automatiquement la greffe des systèmes militaires de ces puissances dans la conduite des forces armées des pays de la région. Cependant, au regard de la multiplicité de ces partenariats, ces systèmes militaires ne manquent pas de soulever le problème de leur incohérence sur le terrain.

    En effet par système militaire, on entend l'ensemble constitué de la doctrine d'emploi, de l'organisation ou encore de l'interopérabilité des équipements qui caractérise une force armée. Le transfert des systèmes militaires de ces puissances aux Etats, dans le cadre de leur coopération sécuritaire pose, non seulement la difficulté de leur adaptation, de leur assimilation ou encore de leur tropicalisation en contexte africain, mais aussi le problème de leur cohérence, car traditionnellement divergents et intrinsèquement concurrents. D'ailleurs les tentatives d'instrumentalisation que ces systèmes véhiculent, ainsi que les faibles capacités d'absorption et d'assimilation dont disposent les Etats bénéficiaires, posent dès lors la problématique de leur inefficacité dans leur phase opérationnelle.

    Car en effet, si le processus de formation de la culture stratégique des forces armées africaines oscillent généralement entre dynamiques d'extraversion et d'introversion153(*), force est de reconnaitre que les armées africaines éprouvent beaucoup de peine à trouver le juste équilibre154(*). D'ailleurs, la multiplicité des systèmes militaires à mettre en oeuvre sur le plan opérationnel, du fait de la concurrence à laquelle ils se livrent155(*), servent d'abord les intérêts des puissances étrangères qui en profitent pour monnayer leur expertise et vendre leurs équipements d'intervention.

    Conclusion de la première partie

    Dans cette partie, il était question de vérifier l'hypothèse selon laquelle les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire seraient un facteur structurant d'enracinement et de recrudescence des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    A cet effet, il nous a été tout d'abord donné de constater que l'enracinement des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée est consécutif à la faillite des Etats de cette région à assumer efficacement leurs missions régaliennes de défense et de sécurité de leurs territoires, du fait de la conjugaison d'un certain nombre de facteurs que nous avons étudiés. Car, s'il est vrai qu'aucune société politique organisée, fut-elle développée ou occidentale, n'est à l'abri de pratiques criminelles transfrontalières, il apparait clairement que l'enracinement et la multiplication des pratiques de ce phénomène dans le golfe de Guinée sont exacerbés par la criminalisation des élites politico-militaires gouvernantes, l'abondance des ressources naturelles, la gestion problématique des frontières interétatiques ainsi que la paupérisation et le sentiment d'exclusion sociale de la majorité des populations qui y vivent.

    Ensuite la recrudescence des pratiques criminelles transfrontalières dans le golfe de Guinée s'explique, comme nous l'avons analysé, par l'inadéquation des initiatives actuelles de sécurisation de la région. Car, nous notons que les Etats ont davantage privilégié une réponse sécuritaire exclusive, solitaire et souverainiste pour répondre au problème du phénomène de la criminalité qui se développait dans leur environnement. Mais, face à la multiplication et à l'extension régionale des actes de ce phénomène, ces Etats ont noué des accords sécuritaires de coopération bilatérale, sous régionale et régionale pour y faire face. Toutefois ceux-ci, du fait de leur prolifération non coordonnée et des défauts techniques inhérents à leur conception et à leur mise en oeuvre, se sont avérés inadéquats pour lutter efficacement contre ces actes.

    C'est donc à partir de la plausibilité de cette première hypothèse qu'il convient d'appréhender et d'analyser la seconde. Celle-ci postule que les voies et moyens de renforcement de la coopération sécuritaire passeraient à la fois par la modernisation de la gouvernance des espaces transfrontaliers et la concrétisation d'un système autonome de sécurité collective.

    DEUXIÈME PARTIE :

    LES VOIES DE RENFORCEMENT DE LA COOPERATION SECURITAIRE ENTRE LES ETATS DANS LE GOLFE DE GUINEE : MODERNISER LA GOUVERNANCE DES ESPACES TRANSFRONTALIERS ET CONCRETISER UN SYSTEME AUTONOME DE SECURITE COLLECTIVE

    CHAPITRE III : MODERNISER LA GOUVERNANCE DES ZONES FRONTALIERES NATIONALES : COUPLER LES REFORMES ECONOMIQUE ET SOCIOPOLITIQUE AUX SOLUTIONS SECURITAIRES

    Moderniser la gouvernance des espaces transfrontaliers revient, dans le cadre de cette étude, à la nécessité pour chaque Etat de la région de mettre en oeuvre une « bonne administration publique »156(*) de ses frontières nationales terrestre et maritime. Car en effet, « généralement définie comme une limite stable et définitive séparant un Etat des autres et confirmant l'étendue géographique sur laquelle s'exerce son autorité et s'applique son ordre juridique »157(*), la frontière semble n'avoir jamais vraiment fait l'objet d'une gestion intégrée cohérente, susceptible de participer au renforcement des relations amicales transfrontalières basées sur le respect et la confiance réciproques dans le golfe de Guinée. En tout état de cause, la modernisation de la gouvernance des zones transfrontalières de la région du golfe de Guinée produirait à long terme la cessation des querelles de frontières, à l'origine de conflits potentiels et de l'insécurité.

    De ce fait, cette modernisation de la gouvernance nécessite de mettre en oeuvre immédiatement des solutions globales qui intègrent, outre l'approche strictement sécuritaire, les reformes sociopolitique et économique. Celles-ci permettraient sans doute de s'attaquer aux causes profondes de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    Etant donné que la criminalité trouve un terreau fertile partout où la marginalisation économique, la pauvreté et la corruption sont durablement installées, la mise en oeuvre rapide de solutions extra-sécuritaires devrait précéder, sinon s'accompagner de mesures militaires et sécuritaires dans chaque pays riverain du golfe de Guinée. Dès lors, pour pouvoir juguler le phénomène de la criminalité nationale et ou transnationale qui menace leurs économies et attentent à la stabilité et à l'intégrité de leurs territoires respectifs, chaque Etat de la région doit d'abord, sans ménagement aucun, engager un vaste chantier de réformes structurelles à long terme (section I). Puis, se doter d'une véritable politique sécuritaire adaptée (section II), étant entendu que l'insécurité est d'abord une question de sécurité nationale, avant d'être une affaire régionale ou internationale.

    SECTION I : ENGAGER DES REFORMES STRUCTURELLES DE LONG TERME : LIMITER LES FACTEURS FAVORABLES A L'INSECURITE

    Pour endiguer durablement la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, les Etats de la région ont davantage apporté une réponse militaire en reléguant ainsi, en arrière plan, les préoccupations relatives aux questions de réformes économiques et sociopolitiques pourtant à l'origine de ce phénomène. C'est la raison pour laquelle, nous en appelons à l'engagement de réformes structurelles de longue durée de la part des Etats. Celles-ci revêtiraient essentiellement les aspects économique (paragraphe I), et sociopolitique (paragraphe II).

    Paragraphe I : Au niveau économique

    Comme nous l'avons démontré dans les développements précédents, la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée trouve ses racines dans l'incapacité de l'Etat à fournir à ses populations les services sociaux de base et à les prémunir de la pauvreté et du chômage qui ne cessent de les engluer au quotidien. Cette défaillance de l'Etat fait peser en lui, telle une épée de Damoclès, d'importants risques d'ordre social et même sécuritaire. Il convient dès lors, que celui-ci s'active à la réduction de tels risques, afin de sceller la fenêtre d'opportunités pouvant favoriser la constitution et le foisonnement d'acteurs criminels. Pour ce faire, la modernisation de la gouvernance des ressources publiques (A) et le développement des régions défavorisées (B) sont les deux axes d'action prioritaires.

    A. Moderniser la gestion des ressources publiques

    Etant donné le caractère stratégique des richesses naturelles158(*) dont regorge la région du golfe de Guinée, la force militaire ne suffit plus pour lutter efficacement contre le foisonnement des actes de criminalité transfrontalière et menaces connexes dans cette partie du continent159(*). De plus, l'affaiblissement de l'Etat dans le golfe de Guinée a entrainé une crise de gouvernabilité160(*) des autorités étatiques dans la gestion des ressources financières générées par l'exploitation des richesses naturelles161(*). Il ne fait donc plus l'ombre d'un doute que la mauvaise gouvernance des fonds générés par l'exploitation des ressources naturelles et le déficit démocratique du jeu politique interne constituent les éléments matriciels du désordre et des conflits observés dans la région162(*). De ce fait, il faudrait que les Etats riverains du golfe de Guinée engagent le chantier de la modernisation de leur gouvernance interne, afin de limiter les facteurs de trouble et de désordre dans leurs environnements respectifs.

    En effet, le chantier de la modernisation de la gouvernance des ressources publiques est un impératif catégorique qui implique que les Etats de la région s'engagent à rendre transparente la gestion de celles-ci. Cette gestion transparente induirait indubitablement des effets bénéfique : une meilleure répartition des dividendes de la manne pétrolière et minière au niveau des différentes couches sociales, un investissement dans les infrastructures sociales (hôpitaux, routes, écoles...) et une stimulation du développement industriel. Dans ce sens, l'adhésion de la quasi-totalité des Etats miniers et pétroliers du Golfe de Guinée à l'Initiative de Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) constitue un début d'engagement politique de ceux-ci. En effet, l'ITIE est une coalition d'Etats, des compagnies multinationales et des organisations de la société civile (OSC) qui veulent améliorer la transparence et la gouvernance, afin que les revenus du secteur extractif profitent au plus grand nombre. Cette initiative comporte de nombreux avantages et impacts pour les populations. Comme avantages nous avons :

    - Accès à l'information sur les revenus tirés de l'exploitation du sous-sol.

    - Bonne gouvernance, transparence et traçabilité des flux financiers y relatifs.

    - Lutte contre les détournements et la corruption.

    Comme impacts, il s'agit entre autres de :

    - Optimisation des finances publiques.

    - Amélioration des conditions de vie des populations.

    Pour ce faire, cette initiative recommande aux Etats un certain nombre d'obligations, manifestation de leur engagement politique :

    - Divulguer les paiements à l'Etat des compagnies exploitant les ressources du sous-sol.

    - Divulguer les revenus de l'Etat issus des compagnies du secteur extractif.

    - Produire régulièrement les rapports de conciliation.

    - Disséminer les rapports de conciliation auprès du public le plus large possible.

    Il reste à espérer que de telles initiatives soient effectivement concrétisées sur le terrain par la pleine application des résolutions et recommandations formulées et contenues dans ces textes internationaux, pour le bénéfice collectif des sensibilités sociopolitiques plurielles et diverses de ces Etats. Car, la modernisation de la gouvernance économique escomptée pourrait réduire les risques sécuritaires qui naissent généralement de sentiments d'exclusion sociale de la grande majorité des populations locales de la jouissance des retombées financières issues de l'exploitation des ressources naturelles, ainsi que du verrouillage du jeu politique au profit d'un groupe ultra minoritaire.

    Cette modernisation induirait indubitablement des effets bénéfiques sur les capacités de l'Etat à stimuler le développement163(*) de ses zones enclavées.

    B. Stimuler le développement de régions défavorisées

    La réduction des facteurs de risques sécuritaires internes passe également, outre la modernisation de la gouvernance des ressources financières, par le désenclavement des régions défavorisées de l'Etat d'où sont généralement exploitées lesdites richesses. Car, la pauvreté et le manque d'infrastructures sociales de base ainsi que la rareté des moyens de subsistance favorisent généralement les populations à s'adonner aux actes de criminalité. D'où la nécessité pour l'Etat d'investir les retombées financières issues de l'exploitation des richesses naturelles dans ces régions, en ciblant les secteurs porteurs de croissance économique : les routes, l'électricité, l'accès à l'eau, la santé, l'éducation, etc.

    Aussi, faudrait-il que les Etats investissent massivement au niveau de leurs cotes littorales pour développer le secteur maritime, créateur d'emplois. En effet, il est avéré que les zones maritimes du golfe de Guinée sont un milieu riche en plancton, et de ce fait, en ressources biologiques. Pour AWOUMOU Côme Damien Georges, cet espace regorge de « variétés d'essences et de biodiversité d'une valeur insoupçonnable et encore inestimée. Leurs vertus quant à la recherche biologique et pharmaceutique, la protection et la régulation de la biosphère, du climat mondial et de l'environnement en général ont été amplement mises en avant, pendant et après le sommet de RIO de 1992 sur l'environnement et le développement »164(*). Hormis ce réservoir en ressources biologiques, les côtes maritimes de la région sont un vivier en protéines animales pouvant contribuer à la sécurité alimentaire des populations riveraines, mais malheureusement encore mal exploité dans l'intérêt des Etats riverains.

    Dès lors ces derniers gagneraient à stimuler la pêche artisanale et commerciale, encore largement inexploitée, afin qu'elle profite à la fois aux communautés locales de pêcheurs et aux finances publiques. De ce fait, la pêche artisanale permettrait non seulement d'employer des milliers de personnes, mais aussi d'assurer leur sécurité alimentaire. La pêche commerciale quant à elle devrait non seulement favoriser l'exportation de produits halieutiques, mais aussi promouvoir l'entreprenariat local chargé de la transformation à des fins de consommation, en conformité avec les normes internationales165(*).

    Pour ce qui concerne les régions terrestres, les Etats et les multinationales qui exploitent les richesses naturelles devraient s'assurer que les communautés villageoises d'où sont extraites ces richesses bénéficient directement de leurs retombées, à travers la création d'emplois, d'infrastructures et de programmes sociaux. De ce fait, les Etats doivent anticiper sur les besoins de formation qualifiante de leurs populations pour qu'elles en profitent.

    La généralisation de ce type de réformes à l'ensemble des zones défavorisées des pays du golfe de Guinée permettrait d'endiguer les risques d'enracinement du phénomène de la criminalité dans chaque Etat. Et par conséquent, induire une réduction des facteurs de risques sécuritaires internes. Aux réformes économiques, il faudrait adjoindre celles sociopolitiques pour prévenir en amont la survenance de facteurs générateurs de la criminalité.

    Paragraphe II : Au niveau sociopolitique

    Au-delà des reformes économiques qui doivent sans délai être mises en oeuvre, celles sociopolitiques doivent également être amorcées par les différents Etats du golfe de Guinée pour rendre efficace la prévention des activités criminelles au sein de leurs territoires respectifs. Ces reformes sociopolitiques doivent prioritairement prendre en compte les préoccupations de la jeunesse, couche de la population la plus nombreuse et la plus vulnérable, en lui offrant les perspectives d'un avenir meilleur (A). De même, ces reformes ne pourront être pertinentes et efficaces que si un cadre de dialogue promouvant une véritable culture de la paix entre les différentes forces de la scène politique à l'intérieur des pays concernés est institué (B).

    A. Offrir d'autres alternatives aux jeunes166(*)

    Entre ses fonctions régaliennes de défense et de sécurité du territoire national d'une part, et celles de pourvoyeur du bien-être collectif d'autre part, l'Etat du golfe de Guinée s'est retrouvé débordé de toutes parts. La défaillance qui s'en est suivie a mis en difficulté les couches vulnérables de la population, notamment les plus jeunes. N'ayant pas d'autres alternatives favorables immédiates, certains se sont facilement constitués en groupes, milices et autres réseaux maffieux, aussi variés que redoutables. Et d'autres, avec l'effritement de l'autorité de l'Etat, sont devenus soit le réservoir de main-d'oeuvre abondante et bon marché des opérateurs privés de la violence167(*) se rêvant d'un destin politique providentiel hypothétique, soit systématiquement des contestataires anti-gouvernementaux qui ont uniquement en partage « l'inquiétude face à l'avenir »168(*).

    Concernant ce dernier aspect, la contestation est souvent l'oeuvre de jeunes diplômés de grandes écoles et universités sans emplois, ouverts au monde occidental dont ils caressent généralement le rêve d'accéder aux mêmes facilités de leur jeunesse, mais qui sont « réduits à scruter un horizon sans promesse »169(*). Le sentiment d'exclusion qui nait de la situation de paupérisation dans laquelle ils sont plongés les radicalise et les positionne ouvertement en pourfendeur de l'Etat et de ses institutions. « Un fossé dangereux se creuse ainsi entre nombre d'Etats... (du golfe de Guinée) et leur jeunesse ; il est annonciateur des crises sociales futures dont on ne peut prévoir l'ampleur. »170(*)

    En tout état de cause, en démissionnant de ses fonctions de producteur du bien-être pour tous, l'Etat du golfe de Guinée n'a pas offert d'autres alternatives à sa jeunesse. D'où il devient impératif que celui-ci investisse à nouveau massivement sur cette dernière, afin qu'elle puisse bénéficier de meilleures perspectives de vie. Pour ce faire, chaque Etat de la région devrait engager la mise en oeuvre de stratégies qui visent l'autonomisation des jeunes, à travers une offre de formation professionnelle adaptée aux besoins du marché du travail et la promotion de l'entreprenariat jeune par des mesures fiscales incitatives et des procédures administratives simplifiées de création d'entreprises.

    Seule l'autonomisation de la jeunesse urbaine et rurale, diplômée ou peu, pourrait détourner celle-ci de la voie facile du banditisme et de la criminalité en leur offrant l'espoir d'horizons futurs meilleurs.

    Outre le fait d'offrir de meilleures perspectives à sa jeunesse, l'Etat devrait également promouvoir une véritable culture de la paix entre toutes les composantes sociopolitiques de sa société, afin de se mettre à l'abri d'un revirement-basculement vers la violence et l'insécurité généralisées.

    B. Promouvoir la culture de la paix171(*)

    Dans l'optique de prévenir la survenance de troubles et crises sociopolitiques pouvant dégénérer en conflits, il est nécessaire de comprendre tous les contours de leurs origines. Il faut aussi faire en sorte que la violence ne soit pas l'option la plus facile à choisir. Enfin, il faut veiller à ce que l'action préventive ne soit pas source d'injustices. Car la violence trouve ses partisans lorsque la population ne dispose d'aucun moyen pour faire entendre sa voix aux autorités gouvernantes. D'où la nécessité de promouvoir une véritable culture de la paix à l'intérieur de chaque Etat du golfe de Guinée par l'institutionnalisation d'un dialogue inclusif et permanent entre autorités gouvernementales, membres de l'opposition et leaders de la société civile.

    En effet, la culture de la paix est un ensemble de valeurs, d'attitudes et de modes de comportement et de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s'attaquant à leurs causes profondes afin de résoudre les problèmes par la négociation et le dialogue entre les individus, les groupes et les nations. Pour cela, il faudrait prendre en compte la dimension religieuse dans la promotion de cette culture. Car les chefs religieux, en particulier, ont un rôle spécifique à jouer en tant qu'agents du changement, du dialogue interreligieux et de la coexistence pacifique172(*).

    Pour soutenir ces initiatives, il semble nécessaire d'élaborer des mesures structurelles visant à renforcer les normes et les institutions au service de la paix. De ce fait, les sociétés qui peuvent maitriser les conflits sociaux et tensions politiques de manière non-violente sont généralement caractérisées par des institutions politiques et sociales ouvertes à tous et tenues de rendre des comptes.

    En fin de compte, la naissance et le développement d'une culture de paix au sein des sociétés du golfe de Guinée devraient être la solution la plus durable. Car, il faut considérer le poids des mentalités et l'implication des populations dans la prévention et la lutte contre la violence et l'insécurité.

    Transcender l'approche strictement sécuritaire pour lutter efficacement contre la criminalité dans la région, passe donc par la mise en oeuvre des réformes structurelles sus-évoquées. A présent, il convient d'envisager l'adoption de politiques sécuritaires adaptées capables d'apporter une réponse durable au phénomène de la criminalité tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des frontières de l'Etat dans le golfe de Guinée.

    SECTION II : SE DOTER DE POLITIQUES SÉCURITAIRES ADAPTÉES

    La criminalité transfrontalière, de par ses effets néfastes évoqués plus haut, fait désormais peser d'énormes menaces sécuritaires qui impactent considérablement sur l'équilibre sociopolitique, économique et géopolitique des Etats du golfe de Guinée. Dès lors, face au constat d'inefficacité des différentes initiatives de lutte contre ce phénomène que nous avons pu établir, il apparait donc urgent, en plus des réformes structurelles évoquées ci-dessus, que les Etats de la région se dotent chacun de véritables dispositifs sécuritaires appropriés de prévention et de lutte contre la criminalité. Pour ce faire, chacun d'eux devrait concomitamment renforcer son action de sécurisation de son territoire sur terre et sur mer (Paragraphe I), tout en mettant en oeuvre la phase de répression de la criminalité sous toutes ses formes (Paragraphe II).

    Paragraphe I : Renforcer l'action de sécurisation de l'Etat sur terre et en mer

    Dans le vaste et ardu chantier des reformes qu'il convient de mettre rapidement en oeuvre en vue de la pleine sécurisation du golfe de Guinée, les défis à relever au plan endogène ou régional sont les plus prégnants. En effet, ceux-ci sont un préalable qui permettrait de mettre en perspectives la vision commune propre aux Etats de la région. Car, pour prévenir et lutter efficacement contre les actes de criminalité transfrontalière qui ne cessent de foisonner dans cet espace, il faudrait que les Etats de la région renforcent leur présence sur tous les segments frontaliers terrestres et maritimes de leurs territoires respectifs. Ce qui se traduirait par une action de sécurisation multimodale harmonisée et coordonnée. Raison pour laquelle la pleine réussite de cette mission passe par la création d'un comité interministériel en charge des questions sécuritaires terrestre et maritime (A). Celui-ci, à travers son action, induirait la réduction drastique des facteurs générateurs de conflits et de criminalité transfrontalière (B).

    A. Mettre en place un comité interministériel en charge des questions sécuritaires maritime et terrestre

    D'entrée de jeu, nous partageons les avis des experts et professionnels des questions de sécurité et de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, qui convergent tous sur la nécessité de coordonner l'action de sécurisation de l'Etat à travers la mise en place d'une structure unique dédiée aux questions sécuritaires maritimes et terrestres. Ladite structure serait chargée de définir et d'appliquer à l'échelle nationale une seule et même politique sécuritaire globale prenant en compte tous les moyens de prévention et de lutte contre les actes de piraterie maritime173(*) et de vols à main armée en mer, d'insécurité transfrontalière174(*), ainsi que toute forme d'activités illicites et menaces connexes qui essaiment dans l'un quelconque espace de cet Etat.

    Concrètement, il s'agit de créer et d'opérationnaliser un comité interministériel en charge des questions de sécurité terrestre et maritime dans chaque Etat qui devrait comprendre , outre les chefs de département des ministères, les experts des ministères des « Affaires sociales, des Affaires étrangères, de la Défense, de l'Intérieur, des Transports, de l'Economie, du Travail, de l'Environnement, de la Pêche et des Ressources naturelles »175(*). Son rôle serait de faire de la lutte contre toutes les formes de criminalité une priorité à travers la définition et la mise en oeuvre d'une stratégie maritime et terrestre globale et transversale s'attaquant à la fois aux menaces immédiates et aux causes profondes.

    Pour cela, ce comité devra renforcer et mettre en oeuvre la politique anti-criminalité de l'Etat par les actions suivantes :

    - L'adhésion à tous les instruments juridiques internationaux pertinents, dont le Traité sur le commerce des armes de 2009, la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée du 15 décembre 2000, la Convention de Montego Bay sur le droit de la mer de 1982 et le protocole de 2005 relatif à la convention pour la répression d'actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime. Les intégrer dans le droit domestique et former le personnel et les magistrats chargés de les appliquer ;

    - Etablir une force interservices contre toutes les formes de criminalité pour enquêter, poursuivre et arrêter les organisations de criminels sur terre et sur mer ;

    - Maintenir les forces navales et terrestres sur les zones transfrontalières afin de surveiller et de sécuriser les activités commerciales et migratoires qui s'y déroulent au quotidien

    - Enquêter sur les réseaux de trafic de carburant et autres ressources naturelles afin d'identifier les compagnies impliquées dans des activités illicites.

    C'est seulement à travers la mise en oeuvre effective de telles actions que ce comité pourrait envisager avec sérénité de réduire sensiblement les facteurs générateurs de la criminalité dans les zones transfrontalières dans le golfe de Guinée.

    B. Réduire les facteurs générateurs de conflits et de criminalité aux frontières

    La réduction des facteurs générateurs de conflits frontaliers et de criminalité transfrontalière se ferait essentiellement par la réalisation par le comité interministériel chargé des questions sécuritaires maritimes et terrestres de deux objectifs suivants : la délimitation et la démarcation des frontières étatiques ; et la promotion d'une coopération transfrontalière de type informel.

    En premier, il est clair que l'absence de délimitation et de démarcation claires des frontières nationales engendre des « zones floues » à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale ne peut être que problématique. D'ailleurs de l'avis même de l'UA, « moins d'un quart des lignes frontalières africaines sont aujourd'hui définies. Cette absence de définition engendre des zones floues à l'intérieur desquelles l'exercice de la souveraineté nationale ne peut être que problématique »176(*). Par ailleurs dans ces zones, « un simple différend entre deux communautés peut entrainer des tensions interétatiques. Lorsque ces zones incertaines recèlent des ressources naturelles (eau, forêt, pétrole, minerais, etc.), leur gestion se révèle souvent difficile et source de malentendus. »177(*)

    Aussi, devient-il nécessaire de procéder à la délimitation et la démarcation claires de toutes les frontières maritimes et terrestres dans la région du golfe de Guinée. Car sans démarcation précise de celles-ci, il est techniquement difficile de mettre en place de postes de contrôle conjoints entre deux Etats. D'où il incombe à l'Etat par le truchement de son comité interministériel d'initier et de mettre en oeuvre des politiques de démarcation et de délimitation des frontières, d'un commun accord avec les Etats voisins. Pour ce faire, il faudrait qu'un cadre juridique et réglementaire permettant de faciliter les échanges et d'assurer la gestion sécurisée des zones frontalières soit défini.

    La délimitation et la démarcation des frontières escomptées ne seraient rendues possibles que si les capacités techniques de l'Etat sont renforcées et si l'identification et la matérialisation des frontières spécifiques sont effectives. C'est dans ce sens qu'on assiste de plus en plus partout dans le Golfe de Guinée et ce, sous la houlette des organisations régionales (CBLT, CGG, CEEAC essentiellement) avec l'appui technique de l'ONU, à la matérialisation effective des limites frontalières maritimes, lacustres et terrestres de chaque Etat membre desdites organisations. De plus, les Etats vont davantage loin, dans le cadre de commissions bilatérales de sécurité178(*), pour assurer l'intangibilité de leurs frontières et l'intégrité de leurs territoires respectifs.

    En tout état de cause, la délimitation claire et la démarcation précise des frontières seraient d'un apport indéniable au dessein de réduction drastique des facteurs de survenance de conflits dans les zones frontalières partagées par deux ou plusieurs Etats. Pour rendre ce dessein viable à long terme, il convient également de favoriser la coopération transfrontalière informelle.

    Comme l'affirme Dominique BANGOURA, spécialiste française des questions de paix et sécurité africaines, les frontières sont des « espaces charnières d'échanges »179(*)entre les différentes populations et communautés qui les partagent de part et d'autre. D'ailleurs pour ces dernières, « les liens culturels, familiaux et communautaires l'emportent sur la « frontière » du reste faiblement ou non matérialisée par les Etats. »180(*)

    Dès lors, pour mieux réduire substantiellement les facteurs d'irruption de l'insécurité et des conflits à l'intérieur des zones transfrontalières du golfe de Guinée, il importe d'encourager et de favoriser la naissance, puis le développement des liens de coopération transfrontalière de type informel dans ces espaces. Pour cela, il faudrait créer les conditions favorables à la multiplication de contacts informels entre élites, populations et communautés locales installées de part et d'autre des limites territoriales étatiques clairement et préalablement définies, afin d'éviter la survenance de différends entre elles. Cela passe inévitablement par la facilitation des échanges commerciaux avec la création de marchés frontaliers181(*)et la construction d'infrastructures au rôle intégrateur (routes, hôpitaux, écoles, approvisionnement en eau et électricité...), ainsi que par la célébration d'unions mixtes entre différentes communautés issues des différents Etats géographiquement voisins.

    Par ailleurs, le développement des liens transfrontaliers informels pourrait aboutir à l'établissement d'une véritable « diplomatie des autorités locales »182(*). Cette dernière permettrait en effet, au niveau de tous les espaces transfrontaliers du golfe de Guinée, de résoudre certains conflits latents opposant les différentes communautés localisées sur ces lignes de contact interétatique. Car, du fait de la survenance régulière d'incidents entre ces communautés d'une part, et de l'éloignement de ces zones des centres de décision d'autre part, les autorités centrales devraient décentraliser et déléguer une partie du « pouvoir de règlement des conflits mineurs aux autorités administratives et traditionnelles locales »183(*). Cette délégation aurait l'avantage « d'accélérer les procédures en gagnant en coût et en efficacité, dans la mesure où ces responsables locaux se côtoient au quotidien. »184(*)

    En fin de compte, la réduction à la fois des facteurs de risques sécuritaires internes et de ceux de l'insécurité et des conflits transfrontaliers constitue les axes majeurs du renforcement de l'engagement politique de l'Etat, en vue de la mutualisation des initiatives de prévention et de lutte contre la criminalité dans le Golfe de Guinée.

    Avec le renforcement des capacités de l'action de sécurisation maritime et terrestre de l'Etat, ce dernier possèderait à coup sur tous les leviers d'une action de coercition envers les groupes criminels.

    Paragraphe II : Combattre fermement les groupes criminels

    Une fois le renforcement des capacités juridiques et techniques de l'Etat réalisé, la politique sécuritaire de ce dernier n'aurait aucune visibilité si elle ne s'accompagnait pas de son aspect opérationnel, gage de son efficacité. En effet, il urge pour l'Etat d'agir contre toutes les formes de criminalité terrestre et ou maritime. Cela passe irrémédiablement par la lutte effrénée contre les groupes criminels par le double procédé de la dissuasion (A) et de l'arrestation (B).

    A. La dissuasion des criminels

    A l'observation des expériences internationales de lutte contre les différentes formes de criminalité, notamment en matière de lutte contre la piraterie dans le golfe d'Aden, nous notons que la prévention contre les attaques de criminels n'est qu'un aspect partiel de la solution. Endiguer de façon durable et définitive la criminalité requiert à la fois de dissuader et d'arrêter les groupes issus du crime organisé qui financent, orchestrent et exécutent ces attaques. Cela implique un travail approfondi de police et de renseignement, en mer et sur terre.

    Le défi le plus urgent pour chaque Etat du golfe de Guinée est de réduire le risque d'attaques criminelles au niveau des zones frontalières afin de permettre la continuité de la circulation des flux humains et commerciaux en toute sécurité. Pour dissuader les attaques, les acteurs étatiques et les acteurs privés, compagnies pétrolières, de transport et de pêche, doivent travailler de manière complémentaire et en bonne intelligence. Les premiers doivent fournir une surveillance opérationnelle permanente de leurs frontières maritime et terrestre et les seconds doivent adopter des systèmes de défense de leurs navires en ce qui concerne la zone maritime.

    A cet effet, les forces navales de chacun de ces Etats « doivent protéger autant que possible la circulation commerciale en dissuadant les assaillants potentiels par une présence visible en mer et en réagissant promptement en cas d'attaque. Elles devraient maintenir des patrouilles dans les zones d'ancrage et les eaux territoriales, particulièrement la nuit. Les actes de piraterie se déroulant de plus en plus loin des côtes, les marines devraient également patrouiller dans les eaux internationales lorsqu'elles disposent des navires adéquats. Des vols de reconnaissance réguliers devraient être effectués afin de dissuader les pirates. Marines et polices maritimes devraient être prêtes à réagir rapidement lorsque des attaques sont signalées »185(*).

    Par ailleurs, des mesures dissuasives de sécurité doivent être prises par les navires marchands et les compagnies pétrolières en offshore. De ce fait, « les armateurs devraient prendre des mesures afin de protéger leurs navires, comme par exemple, conformément aux recommandations de l'industrie du transport maritime, la garde permanente, l'éclairage du pont, l'installation de fil barbelé autour du navire et la création d'une pièce ou d'une citadelle sécurisée où l'équipage peut se réfugier en cas d'abordage par des pirates. Les navires entrant au port ou venant s'amarrer devraient demeurer au moins à 50 milles marins (93 kilomètres) au large des côtes jusqu'à ce qu'un pilote et un poste d'amarrage soient disponibles. L'OMI186(*), en consultation avec l'industrie du transport et les forces navales, devrait définir les « meilleures pratiques » et un code de conduite adaptés aux menaces du golfe de Guinée. En attendant, l'industrie devrait se référer au Best Management Practices 4 (BMP 4), un manuel de lutte contre la piraterie au large de la Somalie »187(*)

    Au regard de ce qui précède, il apparait clair que l'Etat du golfe de Guinée a à sa disposition une batterie de mesures dissuasives de prévention et de lutte contre les actes de criminalité transfrontalière. Toutefois, nous notons que ces mesures demeurent insuffisantes, d'où la nécessité de procéder aux poursuites et arrestations de criminels.

    B. La poursuite et la mise aux arrêts des criminels

    Toute politique sécuritaire étatique ne peut démontrer son efficacité que si, dans sa mise en oeuvre, elle permet à la fois de dissuader et de mettre aux arrêts ou hors d'état de nuire les éventuels auteurs d'actes criminels. Outre la sécurisation des différents trafics terrestre et maritime transfrontaliers, les Etats devraient aussi chercher activement à appréhender et emprisonner les auteurs d'actes de piraterie et de criminalité terrestre, qu'il s'agisse de petits groupes opportunistes effectuant des raids occasionnels près du rivage ou de réseaux criminels transnationaux capables de mener des opérations de détournement et de vol sophistiquées. Les marines, les polices maritimes, la police des frontières, les services douaniers et les diverses agences de maintien de l'ordre, en étroite collaboration avec le système judiciaire, doivent établir des relations de travail coopératives afin d'emprisonner ces criminels. L'expérience somalienne a démontré le rôle crucial de la coordination entre Etats et entre acteurs militaires et de l'industrie et du partage d'informations entre tous les acteurs concernés. Dans chaque Etat de la région du golfe de Guinée, une force interservices contre la criminalité terrestre et maritime, comprenant au moins le renseignement naval et terrestre ainsi que la police des frontières devrait être établie. Puisque les criminels traversent librement les frontières, les Etats se doivent de coopérer.

    C'est ainsi par exemple qu'en ce qui concerne les espaces maritimes, « les enquêtes menées sur terre et en mer devraient viser à découvrir les bases des pirates, les caches de bateaux, d'armes et de moyens de communication. Elles devraient identifier les sources d'équipement, de financement et de renseignement. Afin de récolter autant d'informations que possible, les enquêteurs devront établir des relations étroites avec l'ensemble des opérateurs maritimes : les compagnies pétrolières, de transport et de pêche, les agents maritimes, les sociétés de sécurité privées, et surtout les pêcheurs artisanaux. Ces derniers vivent et travaillent au sein des communautés du littoral et peuvent fournir de précieuses informations sur l'activité criminelle. »188(*)

    Poursuivre et appréhender les criminels de tout acabit est essentiel afin de dissuader davantage d'individus, notamment les jeunes de basculer dans la criminalité. Il est également crucial que les Etats de la région du golfe de Guinée disposent des capacités juridiques nécessaires à la poursuite de présumés criminels. Enfin, ils devraient s'assurer que leurs forces navales, les forces de l'ordre et les composantes civiles soient tenues informées des nouvelles législations et qu'ils les appliquent en conséquence189(*).

    Transcender l'approche purement sécuritaire permet, nous l'avons relevé dans ce chapitre, de s'attaquer aux racines et aux causes profondes de la criminalité dans chaque Etat riverain du golfe de Guinée. Cette approche hybride190(*), mesures sociopolitique et économique d'une part et instruments sécuritaires d'autre part, montre à suffisance que les acteurs étatiques disposent de leviers suffisants pour assurer la sécurité de leurs territoires.

    Toutefois, pour une sécurisation optimale des espaces transfrontaliers de cette région, le temps est venu de conférer une effectivité et une efficacité à la coopération sécuritaire en vue de la prévention et de la lutte contre la criminalité transfrontalière dans le Golfe de Guinée. Pour ce faire, il convient d'envisager, de manière prospective, les actions à engager dans ce sens.

    CHAPITRE IV : LA CONCRETISATION D'UN SYSTEME AUTONOME DE SECURITE COLLECTIVE : UN MOYEN DE RENFORCEMENT DE LA COOPERATION SECURITAIRE ENTRE LES ETATS DANS LE GOLFE DE GUINEE

    Parmi les voies et moyens de prévention et de lutte contre les pratiques criminelles transfrontalières dans le golfe de Guinée, figure en bonne place la nécessité de concrétiser dans la réalité un véritable système autonome et inclusif, de caractère interrégional, de sécurité collective. Celui-ci aurait l'avantage de renforcer la coopération sécuritaire entre tous les acteurs étatiques impliqués dans la croisade contre l'insécurité et la criminalité transfrontalières dans le golfe de Guinée. Ce qui permettrait également de responsabiliser les Etats de la région en faisant d'eux les acteurs de leur propre sécurité.

    La mutualisation des initiatives escomptée, en tant qu'instrument consensuel, intégrée et homogène de prévention et de lutte contre les actes de criminalité dans la région, donnerait lieu à l'adoption d'un cadre stratégique concrétisant une vision globale de toutes les formes de criminalité et une fédération transversale des synergies de tous les acteurs impliqués dans la sécurisation du golfe de Guinée. Cette mutualisation se réaliserait sous l'observation scrupuleuse d'une double condition intimement liée : la construction d'une capacité autonome régionale et ou interrégionale de sécurité collective dans le golfe de Guinée (section I) et la nécessité de coordonner le soutien de la communauté internationale (section II).

    SECTION I : DE LA CONSTRUCTION D'UN SYSTÈME AUTONOME DE SÉCURITÉ COLLECTIVE191(*) DANS LE GOLFE DE GUINÉE

    L'un des éléments structurant la mise en oeuvre d'un système de sécurité collective endogène et autonome capable de prévenir et de lutter efficacement contre les actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, c'est sans doute la responsabilisation de tous les acteurs étatiques de la région dans la sécurisation de leurs propres espaces de vie (Paragraphe I). En faisant des Etats de la région les acteurs de leur propre sécurité, il convient de mettre en exergue la nécessité d'un leadership unipolaire, bipolaire et multipolaire capable de donner corps, sens et consistance à cette responsabilisation (Paragraphe II).

    Paragraphe I : Faire des Etats de la région les acteurs responsables de leur propre sécurité

    La nature transfrontalière des actes de criminalité dans le golfe de Guinée fait de « la coopération bilatérale, régionale et interrégionale un élément clé d'une réponse globale »192(*). Responsabiliser les Etats de la région dans la préservation de leur propre sécurité passe donc par le renforcement de leur coopération sécuritaire. Celle-ci vise à atteindre deux principaux objectifs globaux : définir et adopter une vision commune (A) ; mutualiser et coordonner les ressources (B).

    A. Adopter une vision stratégique commune et intégrée : définir les priorités et rationnaliser les initiatives en cours de mise en oeuvre

    Il nous semble opportun d'envisager une stratégie innovante de mutualisation de toutes les initiatives de sécurisation du golfe de Guinée, qui aurait le double avantage de définir les priorités et de rationnaliser ces initiatives. Cette stratégie, qui s'apparenterait à un renouveau de la coopération sécuritaire dans la région, serait une nouvelle donne stratégique permettant l'adoption d'une vision commune uniforme intégrant les différentes facettes de la criminalité transfrontalière ainsi que les champs d'action possibles de sa pleine opérationnalisation.

    Concrètement, cette nouvelle vision stratégique, en tant qu'instrument-cadre de prévention et de lutte contre toutes les formes de criminalité transfrontalière dans le Golfe de Guinée, permettrait de ne plus envisager séparément les questions de sécurité maritime et terrestre dans la région. Elle permettrait désormais, au regard de leur complémentarité évidente du fait du continuum d'insécurité qui règne dans les zones frontalières terrestres, lacustres et maritimes au sein du golfe de Guinée, de les aborder et de les traiter de manière holistique ; c'est-à-dire comme un bloc homogène, afin d'en avoir une vision globale, même si sa mise en oeuvre opérationnelle serait modulée en fonction des spécificités du milieu géophysique considéré. Dans ce sens, la globalisation des questions sécuritaires d'ordre maritime, terrestre, spatiale, voire cybernétique, ne pourra être une réalité effective que les différentes stratégies sécuritaires nationales (Etats du Golfe de Guinée) et communautaires (CEDEAO, CEEAC notamment) sont fédérées au sein d'une vision stratégique uniforme. Pour cela, il faudrait que la coopération en matière de sécurité dans le Golfe de Guinée entre la CEDEAO et la CEEAC soit formalisée sous la supervision de l'UA, par la signature effective de deux documents clés : le Mémorandum d'entente entre la CEDEAO et la CEEAC relatif à l'appui de la sécurité maritime régionale dans la région maritime de l'Afrique de l'ouest et du centre et l'Accord multilatéral relatif à la coopération visant à éradiquer les activités illicites dans la région maritime de l'Afrique de l'ouest et du centre193(*). Cette coopération ainsi formalisée permettrait de rationnaliser les initiatives déjà mises en oeuvre dans chacune des deux CER et de définir, d'un commun accord, un mécanisme efficace de coordination. Ledit mécanisme pourrait se limiter à une coordination pure et simple de type intra régional, interrégional ou internationale, ou alors procéder à la fusion de ces initiatives au profit d'une structure de type supranational.

    Dans cette dernière hypothèse, il est impératif que cette nouvelle vision stratégique soit mise en oeuvre par une structure réformée. D'où la question de l'avenir de la Commission du Golfe de Guinée (CGG) se pose avec acuité.

    Militer pour la revitalisation de la CGG semble un exercice risqué. Tant la pertinence de son existence et l'évaluation de son bilan sont hypothétiquement péjoratifs. Car voici une organisation, à la terminologie fort évocatrice quant à son périmètre de compétences, sur laquelle beaucoup d'espoirs ont été fondés lors de sa création le 19 novembre 1999 à Libreville au Gabon. Mais qui, plus d'une décennie d'existence après, ressemble davantage à un projet avorté, un rêve évanoui, bref à un regard posé sur une illusion. En effet, créée pour s'occuper prioritairement de l'étude « des voies et moyens susceptibles de préserver la paix, la sécurité et la stabilité dans le Golfe de Guinée »194(*), la CGG s'est retrouvée rapidement sclérosée, dépassée et incapable de remplir précisément cet objectif, du fait de la croissance et de l'enracinement des actes de criminalité transfrontalière (piraterie maritime et trafics illicites de tous genres...) dans cet espace géographique.

    Si la délimitation des frontières maritimes des Etats membres, abritant d'importants gisements de pétrole offshore, est à mettre à son actif, notamment dans la résolution des conflits frontaliers entre le Congo et l'Angola ou entre Sao-Tomé et Principe et le Nigéria, c'est précisément la cristallisation de l'essentiel de ses actions autour des questions pétrolières et halieutiques qui constitue paradoxalement la source de son inefficacité actuelle dans la sécurisation du golfe de Guinée. Car, étant essentiellement « un instrument diplomatique (...) pouvant encourager la coopération et canaliser les menaces de confrontation entre les pays de cette organisation qui sont tous dotés de capacités pétrolières »195(*), la CGG est restée confinée à cette tache en feignant d'ignorer que la principale menace sécuritaire qui pèse sur la région est celle de la criminalité transfrontalière. Plutôt, elle a davantage fait l'objet de tentatives d'instrumentalisation de la part de ses deux principaux concepteurs, le Gabon et le Nigéria, qui voulaient la mettre au service de leurs « desseins sous-régionaux »196(*).

    A présent, il convient de la réformer structurellement afin de lui conférer une véritable capacité régionale de mutualisation des efforts en vue de la sécurisation globale et transversale du golfe de Guinée dans ses postures institutionnelle197(*) et géopolitique198(*). A cet effet, les actions suivantes sont à mener :

    Tout d'abord procéder à la révision de son Traité fondateur. Cette révision permettrait de doter l'organisation d'une véritable capacité d'intervention de caractère supranational, en lieu et place de son rôle actuel de simple coordination et d'harmonisation peu efficaces des politiques des Etats membres199(*). Par le renforcement de son rôle, elle se verrait doter de compétences200(*) transversales contraignantes sur toute l'étendue de l'espace du golfe de Guinée en transcendant celles des organisations régionales qui s'y trouvent.

    Ensuite, pour lui conférer une visibilité géographique et une pertinence géopolitique, il faudrait l'élargir aux autres Etats de la région sur la base d'un lien de continuité et de contiguïté géographiques. Pour ce faire, il conviendrait de faire sa promotion auprès des Etats non membres dont le lien géographique avec l'un des Etats membres actuels de la Commission est clairement établi afin qu'ils y adhèrent.

    Enfin, il faudrait que la CGG réformée soit dotée de moyens conséquents pour fonctionner et remplir efficacement son objectif téléologique de sécurisation du golfe de Guinée. C'est dire l'importance de mettre à sa disposition un personnel civil et militaire compétent qui bénéficierait d'un traitement hautement compétitif ; de moderniser sa gouvernance interne par l'allègement des procédures, la responsabilisation des cadres et la facilitation du processus décisionnel ; de la doter de ressources financières propres par l'institution d'un mécanisme de financement autonome, avec prélèvement direct et disponibilité intégrale des fonds dont la gestion rationnelle et transparente devra être garantie par des contrôles d'audit réguliers.

    Ces défis à relever et qui s'apparentent à une tache titanesque au niveau régional, ne pourront prendre forme que si les ressources sont mutualiser et coordonner.

    B. Mutualiser et coordonner les ressources

    Responsabiliser les Etats de la région dans la prise en charge de leur propre destin sécuritaire revient aussi, outre l'adoption d'une vision stratégique commune autonome, à mutualiser let à coordonner les ressources en faible disponibilité.

    Pour ce qui concerne la mutualisation des ressources, il s'agit particulièrement de rendre opérationnel et d'élargir le champ des compétences du Centre de coordination régionale pour la sécurité maritime de l'Afrique centrale (CRESMAC) dont le rôle est de mettre en commun les compétences militaires et civiles des Etats de la CEEAC. La stratégie de la CEEAC vise notamment six objectifs : échange et gestion de l'information ; surveillance commune de l'espace maritime ; harmonisation des actions en mer ; institution d'une taxe maritime régionale ; acquisition d'équipements communs et institutionnalisation d'une conférence maritime régionale. Le CRESMAC a été implanté à Pointe-Noire en République du Congo et son financement doit provenir d'une taxe maritime régionale dont les modalités sont encore à définir ainsi que les contributions budgétaires des Etats membres201(*).

    A terme, ce centre doit s'accompagner de la création d'une école régionale de sécurité maritime et terrestre afin d'améliorer et de mettre en commun la connaissance et la surveillance des espaces transfrontaliers terrestres et maritimes dans le golfe de Guinée. En sus, en synergie avec le CRESMAC, cette école pourrait également accueillir des ressortissants de tous les pays du golfe de Guinée afin d'optimiser les effets bénéfiques de la mutualisation des ressources.

    De même, « afin d'améliorer la surveillance et la diffusion rapide et efficace de l'information, les Etats de la CEEAC et de la Cedeao devraient envisager sérieusement la conversion du centre d'échange d'informations sur le commerce maritime (MTISC), en voie d'être établi au Ghana, en centre interrégional de partage d'information. Le MTISC utilise un mode de collecte d'information en provenance des Etats et de l'industrie qui a fait ses preuves au large de la Somalie.»202(*)

    Pour ce qui concerne la coordination des ressources intergouvernementales, il convient de relever que celle-ci devrait s'objectiver dans les efforts sécuritaires pour des zones transfrontalières spéciales. A cet effet, la constitution ou encore la redynamisation des commissions bilatérales de sécurité aux frontières à l'oeuvre en Afrique de l'ouest et centrale participe de cette volonté de coordination desdites ressources. Dans ce sens, les engagements pris en Juillet 2011 dans le cadre de la commission mixte Cameroun-Nigéria constituent des étapes importantes qui doivent désormais se concrétiser. En effet, les deux pays ont convenu de régler définitivement la question de leur frontière terrestre et maritime et de renforcer leur coopération contre les groupes armés et les réseaux criminels.

    Seules la mutualisation et la coordination des ressources en conformité avec la vision stratégique globale préalablement définie peuvent participer à la responsabilisation des Etats du golfe de Guinée en les rendant maitres et acteurs de leur propre sécurité.

    Toutefois, certes l'édification d'un système de sécurité collective autonome dans le golfe de Guinée passe par la responsabilisation de chaque Etat de la région dans la gestion de son destin sécuritaire, mais ce système ne pourrait avoir de pertinence et de consistance que s'il existe un leadership militaro-sécuritaire capable de le rendre viable.

    Paragraphe II : De l'appel d'un leadership régional garant du système de sécurité collective dans le golfe de Guinée

    Selon AWOUMOU Côme Damien Georges, chercheur à la Fondation Paul ANGO ELA de géopolitique en Afrique Centrale, « le Golfe de Guinée souffre de l'absence d'une puissance motrice et mobilisatrice pouvant s'imposer comme le leader incontesté, de par sa capacité d'influence voire de nuisance, aussi bien au sein qu'en dehors de ladite zone, apte à s'opposer aux convoitises que suscite la région. »203(*) Or, pour donner corps et consistance au système de sécurité collective en émergence, il importe qu'un leadership, bipolaire ou multipolaire, s'affirme dans la région. Pour ce faire, nous allons d'abord procéder à l'analyse des principales forces en présence (A). De cette analyse, nous dégagerons ensuite la possibilité d'un leadership collégial structuré autour du tandem Abuja-Yaoundé (B).

    A. Analyse des principales forces en présence

    L'analyse des principales forces susceptibles de donner forme et consistance au système de sécurité commune autonome, afin de lutter efficacement contre les actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, ne prendra en compte que celles des Etats membres de la CGG. Ce choix s'objective par le fait que c'est la seule organisation de coopération à vocation sécuritaire qui comprend effectivement divers Etats originaires d'Afrique centrale et de l'ouest. En effet, il s'agira de décrypter les atouts et faiblesses du Nigéria, de l'Angola et du Cameroun principalement204(*) à l'aune de divers critères d'ordre diplomatique, socioéconomique et militaire.

    S'agissant tout d'abord du Nigéria, ce pays est généralement perçu comme le leader naturel du golfe de Guinée, du fait de nombreux atouts qui plaident en sa faveur. En effet, sur le plan diplomatique, « il a toujours affirmé sa vocation au leadership (...) ; il revendique un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l'ONU ; il est membre du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA et l'un des moteurs du NEPAD ; pilier de la CEDEAO, il se positionne également comme médiateur dans différents conflits et a créé un « fonds spécial du Nigéria » domicilié à la BAD. »205(*) Sur le plan économique, le Nigéria est le premier producteur africain de pétrole avec en 2010 une production journalière qui s'élevait à 2,4 millions de barils par jour.206(*) Sur le plan militaire, avec un cinquième du budget de l'Etat alloué aux forces de sécurité, (4,4 milliards d'euros207(*), soit environ 2886 milliards de FCFA), le Nigéria est la première puissance armée de la région208(*).

    Toutefois, ce pays est « handicapé par le caractère déplorable de son image de marque : succession de coups d'Etats, montée de l'islamisme, corruption endémique, perception comme pays de grande mafia et de blanchiment d'argent, trafic de stupéfiants, provincialisme et arnaque internationale. »209(*) Bref, le Nigéria est considéré comme l'épicentre de toutes les formes de criminalité dans la région. En effet, avec ses 170 millions d'habitants dont la majorité est en proie à l'extrême pauvreté, les bandes criminelles prospèrent grâce à la mauvaise gouvernance des affaires publiques conjuguée à la corruption des pouvoirs publics, auxquels s'ajoute une longue histoire de violence politique dans le Delta du Niger210(*).

    Concernant ensuite l'Angola, ce pays est souvent présenté comme « la puissance de substitution »211(*) au Nigéria. En effet, situé à la lisière de l'Afrique centrale et australe, ce pays présente quelques atouts qui participent de son rayonnement régional et continental. Pays richement doté de ressources pétrolières212(*), diamantifères et forestières, l'Angola mène une « diplomatie économique »213(*) d'influence dans la région214(*) par le biais de la SONANGOL, l'entreprise publique qui exploite le pétrole et gère ses revenus. Sur le plan militaire, avec une armée de plus de 135000 hommes, bien équipés et aguerris par plus de deux décennies de guerre civile, l'Angola a une réelle capacité de dissuasion dont elle s'est servie au cours de divers conflits dans la région215(*).

    Cependant, l'Angola reste encore un Etat fragile dont les fondements peuvent vaciller à tout moment. En effet, pour objectiver sa puissance, les autorités angolaises se doivent de « réimplanter l'administration surtout dans les zones anciennement occupées par l'UNITA, réinsérer les personnes déplacées et les ex-combattants confinés dans des camps, restaurer la paix dans le Cabinda, combattre la corruption au sein de la hiérarchie politique et militaire, diversifier l'économie, résorber la crise des cadres (...), s'attaquer à la montée du racisme dans le pays (legs de l'opposition ethno-raciale qui a sous-tendue la guerre civile angolaise). »216(*)

    Enfin, en ce qui concerne le Cameroun, ce pays est incontestablement présenté comme le leader naturel de l'Afrique centrale-CEMAC217(*) en dépit des velléités contestataires de certains de ses voisins, à l'instar du Gabon et de la Guinée-Equatoriale218(*). En effet, considéré comme un oasis de paix et de stabilité politique dans un désert d'instabilité et de désordre sociopolitiques récurrents, le Cameroun dispose de nombreux atouts : géographiquement, il constitue une zone de contact219(*) entre l'Afrique de l'ouest et celle du centre, les deux sous-régions qui forment le golfe de Guinée ; diplomatiquement220(*), membre du conseil de paix et de sécurité de l'UA ainsi que de la CEEAC, le Cameroun a toujours privilégié le non recours à la force dans le règlement des conflits221(*) et la coexistence pacifique des nations ; militairement, avec un budget estimé à 175,353 milliards, les forces de défense camerounaise contribuent aux opérations de maintien de la paix dans la région222(*) et dans le cadre continental et onusien. Considérant ce dernier aspect, le Cameroun dispose de nombreux atouts géophysiques permettant la tenue dans son territoire d'exercices opérationnels conjoints223(*) de protection et de sécurisation du golfe de Guinée, permettant ainsi d'entrainer les forces militaires des différents Etats riverains de la région avec l'appui technique et financier des partenaires étrangers.

    Cependant, le Cameroun « demeure (...) recroquevillé sur lui-même et ne saurait dès lors assumer seul ce rôle »224(*) de leader dans le golfe de Guinée. Car, projeté à cette échelle, le Cameroun s'apparente à une puissance moyenne qui ne saurait faire cavalier solitaire dans la gestion efficace de ses nombreuses contraintes sécuritaires. En effet, avec un effectif évalué à environ 3000 hommes en 2010, le Bataillon d'Intervention Rapide (BIR), l'unité d'élite spécialisée dans la lutte contre le grand banditisme et chargé de la sécurisation des zones frontalières terrestres et maritimes du territoire, ne semble pas encore en mesure d'assumer efficacement son rôle225(*) et d'empêcher les attaques menées envers et contre les intérêts du Cameroun226(*), miné qu'il est par les querelles intestines propres à l'armée camerounaise227(*).

    Au regard de ce qui précède, il ressort que le leadership régional en matière sécuritaire ne peut revêtir qu'un caractère dual structuré autour de l'axe Abuja-Yaoundé. Plusieurs raisons corroborent cette option.

    B. Configuration et effets escomptés d'un leadership bipolaire structuré autour de l'alliance228(*) Abuja-Yaoundé

    L'analyse faite des principales forces susceptibles de donner corps et consistance à un système autonome de sécurité collective, à même de prévenir et de lutter efficacement contre les actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée, permet d'aboutir au constat de « l'improbable légitimation d'un leader solitaire »229(*) dans la région. Dès lors, ce système devrait être garanti par un leadership bipolaire structuré autour de l'alliance Abuja-Yaoundé230(*). Plusieurs raisons militent en effet pour cette approche :

    Tout d'abord, pour des raisons d'ordre affectif. En effet, le Nigéria et le Cameroun sont deux pays unis par l'histoire231(*) et la géographie232(*). Mais pour des raisons de souveraineté et de fierté nationales, ces deux pays ont entretenu des relations dominées par la méfiance233(*) parce qu'ayant été opposés durant quatre décennies au sujet du différend autour de la délimitation de leurs frontières terrestre et maritime, trivialement connu sous l'appellation de conflit de Bakassi234(*). La résolution pacifique de ce différend a rehaussé la qualité de l'image des deux pays au niveau international et augure de l'établissement d'une meilleure coopération consulaire et sécuritaire basée sur le respect mutuel et le partage d'informations.

    Ensuite pour des raisons d'ordre strictement sécuritaire, il convient de relever que les frontières terrestre et maritime partagées par ces deux Etats entre eux d'une part235(*) et avec les autres pays voisins d'autre part236(*) peuvent être considérées comme des espaces de criminalité paroxysmique. Dès lors, ces deux pays sont condamnés à coopérer étroitement pour pouvoir juguler le phénomène de la criminalité transfrontalière qui menace de porter atteinte à leurs intérêts vitaux.

    Enfin pour des raisons d'ordre géopolitique, ces deux Etats sont les deux leaders objectifs de leurs arrière-cours régionale237(*) et sous régionale238(*) respectives, quoiqu'à géométrie variable239(*). Leur situation privilégiée au sein de ces zones d'influence offre une plus grande légitimité à ce tandem dans l'exercice conjoint du leadership dans le golfe de Guinée.

    De ce qui précède, la configuration de ce leadership bipolaire légitimé autour de l'axe Abuja-Yaoundé pourrait s'articuler de la manière suivante :

    - Au niveau bilatéral et régional, le Nigéria et le Cameroun doivent encourager les ententes entre voisins directs afin de favoriser une coopération étroite entre les autorités maritimes et terrestres et les forces de police en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière. Pour ce faire, ils doivent organiser à brève échéance des opérations de surveillance conjointe de leurs frontières communes, notamment l'étendue de l'opération Prosperity240(*) entre le Nigéria et le Bénin aux eaux togolaises ; la création d'une patrouille mixte permanente entre le Cameroun et le Nigéria au niveau de leurs frontières communes et la remise à jour de la PAMINT dans le cadre de la CBLT. De même, ils doivent participer pleinement aux efforts de la CEEAC et de la CEDEAO visant à définir une vision stratégique globale et transversale de la sécurité maritime et terrestre et mutualiser leurs ressources.

    - Au niveau interrégional, les deux Etats doivent oeuvrer pour la signature du Mémorandum d'entente entre la CEEAC et la CEDEAO à l'appui de la sécurité maritime régionale dans la région maritime de l'Afrique centrale et de l'ouest, ainsi que l'Accord multilatéral relatif à la coopération visant à éradiquer les activités illicites dans la région maritime de l'Afrique de l'ouest et du centre. Dans cette logique, le Nigéria et le Cameroun doivent favoriser la constitution du centre d'échange d'informations sur le commerce maritime (MTISC), en cours d'établissement au Ghana, un instrument de collecte et de diffusion d'information pour tous les Etats du golfe de Guinée, tout en faisant du centre régional de formation à la sécurité maritime prévu par la CEEAC un centre de dimension interrégionale. Tous ces centres, afin d'optimiser leur efficacité sur le terrain, doivent élargir leurs champs de compétences aux aspects terrestres de la criminalité et être placés sous la coordination institutionnelle de la CGG préalablement restructurée.

    L'édification d'un système de sécurité collective matérialisé par l'adoption d'une vision stratégique de sécurité commune, mise en oeuvre par un leadership bipolaire incarné par l'axe Abuja-Yaoundé, serait sans doute le préalable à toute possibilité de coopération sécuritaire efficace dans le golfe de Guinée dont la concrétisation effective nécessite la contribution de la communauté internationale241(*).

    SECTION II : LA NÉCESSAIRE CONTRIBUTION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

    Etant donné les effets septicémiques possibles des nouvelles menaces sécuritaires localisées dans le golfe de Guinée pour le reste du monde242(*), les réponses à y apporter ne peuvent plus seulement faire l'objet d'une réflexion et d'une mobilisation des Etats riverains, fussent-elles régionales. Désormais, pour la recherche de solutions pérennes et adaptées, l'apport de la communauté internationale est plus que nécessaire. Car « les Etats du golfe de guinée ne seront pas en mesure de surmonter les défis posés par l'insécurité maritime (et terrestre) sans le soutien des partenaires internationaux »243(*). Dans ce sens, ce soutien pourrait prendre la forme de réponse politique (Paragraphe I) et d'appui technico-financier (Paragraphe II).

    Paragraphe I: La réponse politique attendue de la communauté internationale

    Dans l'optique de sécuriser et de consolider leurs intérêts stratégiques dans le golfe de Guinée, les puissances étrangères ont mis en oeuvre diverses stratégies qui n'assurent pas toujours la sécurité de cette région avec succès. Ceci s'explique notamment par l'absence d'une vision homogène de sécurisation effective et efficace des zones frontalières de la région qui transcende l'approche strictement sécuritaire244(*).

    En effet, ces stratégies sont principalement l'oeuvre de trois acteurs dominants : la France, les Etats-Unis et la Chine. Si les Etats-Unis misent sur la sécurisation militaire avec AFRICOM comme cheval de Troie, et la France sur leurs liens traditionnels et l'aide au développement, la Chine quant à elle troque des infrastructures contre l'exploitation des ressources. Seulement, il se pose le problème de l'incompatibilité des intérêts de ces acteurs quant au renforcement de la sécurité de la région245(*).

    C'est sans doute pour remédier à ce défaut qu'il convient d'interpréter l'action de la communauté internationale, à travers le Conseil de Sécurité de l'ONU (CS/ONU), en faveur d'une sécurisation participative des espaces maritimes du Golfe de Guinée. En effet, le CS/ONU a adopté la résolution N° 2039 le 29 Février 2012, en vue de recommander la tenue imminente d'un sommet des Chefs-d'Etat et de gouvernement pour favoriser la réflexion sur les solutions pérennes permettant de juguler le phénomène de la piraterie maritime et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée, ainsi qu'à toutes les autres menaces transversales, régionales et transfrontalières. La tenue effective de ce sommet permettrait certainement d'apporter une réponse politique de la communauté internationale, en rapport avec la vision des Etats et des organisations du Golfe de Guinée. A condition que ces derniers aient accordé leurs violons dans le sens de l'adoption d'une vision stratégique uniforme intégrant toutes les formes de criminalité qui sévissent dans la région et les meilleurs moyens de les éradiquer.

    L'adoption d'un plan stratégique international constituerait donc une feuille de route permettant une synergie d'actions entre acteurs endogènes et exogènes de la région du golfe de Guinée. Cette réponse politique devrait donc ainsi induire la mobilisation facile de l'appui technique et financier international en direction des opérations de prévention et de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    Paragraphe II : La mobilisation de l'appui technico-financier de la communauté internationale : gage d'efficacité

    La mobilisation de l'appui technico-financier de la communauté internationale nous semble être le support indéniable à la sécurisation effective du Golfe de Guinée. Car, elle permettrait de mettre à la disposition des structures opérationnelles de prévention et de lutte contre toutes les formes de criminalité qui prolifèrent dans la région, des moyens technologiques de pointe tout en mettant à leur disposition l'expertise technique246(*) et les ressources financières conséquentes.

    Pour ce faire, il faudrait que la communauté internationale, sous l'égide de l'ONU, des Etats-Unis et de la France, multiplient les exercices d'entrainement et de perfectionnement aux techniques de combat et d'intervention aérospatiales, navales et terrestres à l'endroit des forces opérationnelles du golfe de Guinée. Ces exercices devraient intégrer les troupes de tous les Etats du golfe de Guinée, sans conditionnalités liées au respect ou non des règles de démocratie, de bonne gouvernance ou encore des droits de l'Homme247(*). Car, l'objectif ici est de doter les Etats de capacités techniques opérationnelles leur permettant de participer à la pleine sécurisation efficace de cet espace. Or, l'exclusion de certains Etats de ces exercices pourrait servir de terreau fertile aux criminels qui pourraient aller y constituer leurs bases arrière, du fait de leurs faiblesses. Dès lors, on devrait inéluctablement s'acheminer vers un partage de rôles entre les Etats-Unis, la France et l'ONU. « Les premiers s'occuperaient de la sécurité maritime tandis que l'assistance de la seconde prendrait la forme d'un soutien militaire logistique aérien et terrestre. »248(*) Tandis que l'ONU, à travers l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) en partenariat avec Interpol249(*), devraient fournir conseil et assistance pour le suivi des flux financiers aux Etats du golfe de Guinée dans le cadre des enquêtes sur les organisations de pirates, de bandes criminelles et sur le trafic des hydrocarbures. Cette répartition des rôles devrait être coordonnée par une structure opérationnelle spécialisée, la CGG réformée250(*) à l'occurrence, pour leur donner une cohérence et un sens.

    Quant à l'appui financier, la communauté internationale devra proportionner son assistance aux capacités d'absorption de la future structure opérationnelle de prévention et de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée et aligner cet appui sur les priorités de paix et de sécurité adoptée dans la vision stratégique de sécurité collective de la région du golfe de Guinée. Pour ce faire, il convient de créer un fonds international, alimenté par les centimes additionnels prélevés sur les bénéfices des compagnies multinationales qui exploitent les richesses naturelles de la région ainsi que par les dotations annuelles des grandes puissances et autres partenaires multilatéraux, pour le financement des besoins de sécurisation du golfe de Guinée.

    En fin de compte, la sécurisation effective et efficace du golfe de Guinée nécessite la conjugaison d'un certain nombre de réformes de dimension régionale appuyées par un soutien international coordonné. Ces actions devraient aboutir à la mutualisation des forces, des moyens et des ressources disponibles, afin de conférer une effectivité et une efficacité à la coopération sécuritaire déployée dans le cadre de la prévention et la lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    Conclusion de la deuxième partie

    Ce second volet de notre analyse nous a amené à vérifier l'hypothèse selon laquelle les voies de renforcement de la coopération sécuritaire passeraient à la fois par la modernisation de la gouvernance des espaces transfrontaliers et la concrétisation d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée. Car, comme nous l'avons sous-entendu dans le premier acte de nos recherches, à mesure que l'importance stratégique du golfe de Guinée s'est accrue avec la découverte de nombreuses richesses de l'industrie extractive, cette région est devenue, après le golfe d'Aden aux larges des cotes somaliennes, « la nouvelle zone à haut risque »251(*) pour la sécurité nationale, régionale et internationale.

    De ce fait, si jusqu'ici les différentes initiatives, tant endogènes252(*) qu'exogènes253(*), n'ont pas suffisamment permis d'endiguer et de juguler les risques sécuritaires relatifs à la prolifération du phénomène de la criminalité transfrontalière dans cette région, certaines mesures s'imposent désormais sur l'agenda politique régionale et internationale. Celles-ci concernent globalement la nécessité d'adopter une approche inclusive de lutte contre ce phénomène qui transcenderait les réponses exclusivement sécuritaires, afin de mieux s'attaquer à ses racines profondes ; et le renforcement de la coopération sécuritaire régionale avec le soutien de la communauté internationale, par la définition de nouveaux instruments de coopération bilatérale et multilatérale permettant de doter la région d'un système autonome de sécurité collective effective, gage d'efficacité.

    Dès lors, seules la mutualisation et la mise en cohérence desdites initiatives, à travers leur pleine coordination, constituent aujourd'hui l'horizon indépassable de la coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée. A défaut, la criminalité transfrontalière pourrait continuer d'essaimer dans la région jusqu'à atteindre un seuil critique comparable à celui-ci du golfe d'Aden.

    CONCLUSION GÉNÉRALE

    Tout au long de nos recherches, nous avons étudié le sujet suivant : La coopération sécuritaire face au défi de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée : état des lieux et esquisse de solution. Cette étude s'est structurée autour de la question de savoir : comment renforcer la coopération sécuritaire au regard de l'enracinement et de la recrudescence des pratiques de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée?

    Pour répondre à cette question, nous avons émis deux hypothèses :

    1- Les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire seraient un facteur déterminant d'enracinement et de recrudescence des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    2- Les voies de renforcement de la coopération sécuritaire passeraient à la fois par la modernisation de la gouvernance des zones transfrontalières et par la concrétisation d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée

    De ce fait, concernant la première hypothèse, nous avons effectivement vérifié, à l'épreuve des faits, les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire comme un facteur déterminant d'enracinement et de recrudescence de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Ces difficultés se matérialisant par la faillite de l'Etat du golfe de Guinée dans la gestion de ses contraintes sociopolitiques, économiques et sécuritaires internes et l'inadéquation des initiatives actuelles de prévention et de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Ce qui a contribué à l'apparition et à la professionnalisation d'entrepreneurs privés du crime et de la violence armée dans cette région.

    De même, la seconde hypothèse a également été vérifiée par le renforcement de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée. Et ce, à travers une meilleure compréhension des facteurs d'ordre économique, sociopolitique et sécuritaire de multiplication de la criminalité transfrontalière dans la région, en vue de l'édification d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée pouvant rendre cette coopération sécuritaire plus efficace. Seule l'érection de ce système, comme cadre de concertation inclusive interrégionale avec la participation et le soutien effectifs des partenaires étrangers, pourrait conférer une plus grande efficacité à la coopération sécuritaire dans la prévention et la lutte contre les actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée.

    En tout état de cause, la coopération sécuritaire dans le golfe de Guinée pourrait demeurer inefficace si les priorités ne sont pas définies, les initiatives rationnalisées et la mutualisation des efforts, qui intègrerait toutes les dimensions de la criminalité transfrontalière identifiées dans la région, réalisée.

    En somme, en nous engageant dans cette aventure intellectuelle, nous l'avons fait en étant imprégné de l'assertion de Christophe COLOMB selon laquelle : « On ne va jamais aussi loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va. » De ce fait, nous espérons n'avoir pas travesti l'objectif téléologique noble que nous nous étions assigné au début de cette étude, à savoir contribuer à la réflexion sur les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée ainsi que les voies et moyens de mieux la renforcer. Davantage, nous espérons avoir poussé la réflexion suffisamment loin sur la meilleure façon d'articuler et de rendre plus efficace la coopération sécuritaire, afin qu'elle relève effectivement et efficacement le défi de la prévention et de la lutte contre la criminalité transfrontalière dans la région.

    In fine, au regard de ce qui précède, le golfe de Guinée constitue désormais une surface de jeux et surtout un espace d'enjeux. Dès lors, nous recommandons aux décideurs et acteurs institutionnels chargés de la gestion quotidienne des problématiques de paix et de sécurité dans la région de s'approprier les principales voies de solution auxquelles nous avons abouti, afin que la sécurisation effective et efficace de celle-ci soit érigée en enjeu de stabilité sociopolitique et de viabilité économique de ses Etats riverains en particulier et de l'Afrique en général.

    ANNEXES

    ANNEXE A : CARTE DU GOLFE DE GUINEE

    251652608

    ANNEXE C

    Source : International Crisis Group, Le Golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, Rapport Afrique N°195, Dakar/Naibori/Bruxelles, 12 décembre 2012

    ANNEXE B : CARTE DES ZONES MARITIMES DE LA CEEAC

    Source : International Crisis Group, Le Golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, Rapport Afrique N°195, Dakar/Naibori/Bruxelles, 12 décembre 2012

    ANNEXE C

    Indications bibliographiques

    I- Ouvrages

    A- Ouvrages généraux :

    - BADIE, Bertrand, L'Etat importé. L'occidentalisation du monde, Paris, Fayard, 1992.

    - BANGOURA, Dominique (sous la direction de), L'Union africaine face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense, Paris, l'Harmattan, 2003, 253 P.

    - BAYART, Jean-François, L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, l'Harmattan, 1989.

    - BAYART, Jean-François et al, La criminalisation de l'Etat en Afrique, Bruxelles, Editions Complexe, 1997, 167 p.

    - BSR/AC, Les économies de l'Afrique Centrale, Dijon-Quevigny, Je publie, 2009.

    - CHARILLON, Frédéric (sous la direction de), Les relations internationales, Paris, les notices, 2008.

    - DE RIVERO, Oswaldo, Le mythe du développement. Les économies non-viables du XXIème siècle, Tunis, Editions CERES, 2003, 240 P.

    - KAMTO, Maurice (sous la direction de), L'Afrique dans un monde en mutation. Dynamiques internes ; marginalisation internationale ?, Yaoundé, Afrédit, 2010, 354 P.

    - KOUNOU, Michel, Le panafricanisme : De la crise à la renaissance. Une stratégie globale de reconstruction effective pour le troisième millénaire, Yaoundé, Editions Clé, 2007, 600 P.

    - KOUNOU, Michel, Pétrole et pauvreté au sud du Sahara. Analyse des fondements de l'économie politique du pétrole dans le Golfe de Guinée, Yaoundé, Editions Clé, 2006.

    - NTUDA EBODE, Joseph Vincent (sous la direction de), La gestion coopérative des ressources transfrontalières en Afrique Centrale : Quelques leçons pour l'intégration régionale, CREPS-FES, Yaoundé, Editions Clé, 2011, 184 P.

    B- Ouvrages spécialisés:

    - EWANGUE, Jean Lucien (sous la direction de), Enjeux géopolitiques en Afrique Centrale, Paris, l'Harmattan, 2009, 426 P.

    - FOGUE TEDOM, Alain, Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique Noire, Paris, l'Harmattan, 2008, 420 P.

    - NTUDA EBODE, Joseph Vincent (sous la direction de), Terrorisme et piraterie : De nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, CREPS-FES, Yaoundé, Presses Universitaires d'Afrique, 2010, 241 P.

    - ONANA MFEGUE, André-Hubert, Le Cameroun et ses frontières : une dynamique complexe, Paris, l'Harmattan, 2004, 286 P.

    II- Rapports et mémoires académiques

    - DOURIANG DOMGA Michel, La défense militaire des iles camerounaises du Lac Tchad, mémoire du CREPS, Septembre 2010, 68 P.

    - MENDANA MBATAMA Patricia Carine, Le Nigéria et ses voisins (Cameroun, Niger, Tchad) face à la menace BOKO HARAM, mémoire du CREPS, Année académique 2010-2011, 78 P.

    - OWONA ALIMA Kisito Marie, La prolifération des ALPC en Afrique Centrale : Etude du phénomène et critique des mécanismes de contrôle de ces armes, mémoire du CREPS, Année académique 2006-2007, 91 P.

    - SUYRU Vernuy Eric, L'état des lieux des législations nationales en matière de lutte contre la cybercriminalité en Afrique Centrale, Rapport de stage académique effectué au BSR-AC de la CEA, IRIC, Année académique 2010-2011, 30 P.

    - TCHIBAYINGA Sorelle, L'appui de l'UE au renforcement des capacités de sécurité collective africaines, mémoire de l'IRIS, 2010.

    III- Articles, revues, communications et séminaire

    A- Articles et revues:

    - Anatole AYISSI, « Illusoire interdiction de coups d'Etat », Le monde diplomatique (Manière de voir), N°51.

    - Cameroon Tribune, édition spéciale BAKASSI, N°9161/5360, 14 Aout 2008.

    - Cameroon Tribune, N°9887, 14 Juillet 2011.

    - Collette BRAECKMAN, « La République Démocratique du Congo dépecée par ses voisins », Le monde diplomatique, N°547, Octobre 1997.

    - Yves-Alexandre CHOUALA, « Conjoncture sécuritaire, champ étatique et ordre politique au Cameroun : Eléments d'analyse anthropo-politiste d'une crise de l'encadrement sécuritaire et d'un encadrement sécuritaire de crise », Polis, RCSP, Vol.8, N°Spécial, 2001.

    - Gérard CONAC, « L'Afrique et la science politique », in Revue Mondes et Cultures, XLI-4, 20 novembre 1981, PP. 711-733. 

    - Elf, fric, politique et pétroleuse... l'empire d'essence, enquête sur un super scandale d'Etat, Les dossiers du Canard enchainé, Mars 1998, 98 P.

    - Christian GEFFRAY, « Etat, richesse et criminels », in Michel SCHIRAY (sous la direction de), Trafic de drogues et criminalités économiques, Paris et Bruxelles, Mondes en Développement, 2000, PP.15-30.

    - Jeune Afrique, « Au secours ! Les américains débarquent... », N°2428, Sept-Oct. 2007.

    - Jeune Afrique, « L'ilot de la discorde », 3 Mars 2O11.

    - Jeune Afrique, « Le Nigéria est-il gouvernable ? », N°2663, du 22 au 28 Janvier 2012.

    - Philippe LEYMARIE, « Sous le choc de la révolution congolaise », Le monde diplomatique, Juillet 2007.

    - Michel LUNTUMBUE, Insécurité maritime dans le golfe de Guinée : vers une stratégie régionale intégrée ?, Note d'analyse du GRIP, Bruxelles, 31 décembre 2012, 13 P.

    - Philippe MARCHESIN, « Mitterrand l'africain », Politique Africaine n°58, Paris, Karthala, Juin 1995.

    - Achille MBEMBE, « Du gouvernement privé indirect », Dakar, CODESRIA, 1999.

    - Jean-François MEDARD, « L'Etat néopatrimonial en Afrique noire », in Jean-François MEDARD (sous la direction de), Etats d'Afrique : formation, mécanismes, crise, Paris, Karthala, 1991, PP.323-353.

    - Jean-François MÉDARD, La crise de l'État néo-patrimonial et l'évolution de la corruption en Afrique sub-saharienne, in Mondes en Développement, XXVI, 1998, PP. 56-67.

    - Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Les enjeux pétroliers du Golfe de Guinée », Diplomatie Magazine, N°8, Paris, 2004.

    - Issa SAIBOU, « Le mécanisme multilatéral de la CBLT pour la résolution des conflits et de la sécurité dans le bassin du Lac-Tchad », Enjeux, FPAE, Décembre 2004.

    - Issa SAIBOU, « La prise d'otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du banditisme transfrontalier », Polis, RCSP, Vol.1-2.

    - Mwayila TSHIYEMBE, « La science politique africaniste et le statut théorique de l'Etat africain : un bilan négatif », disponible sur www.google.fr

    - Alex de WALL, « Crises africaines et interventions internationales : en toute impunité humanitaire », Le monde diplomatique, Avril 1998.

    - Bulletin du CREPS, N°001, Janvier 2012.

    - Honneur et Fidélité, Magazine des Forces de Défense Camerounaises, N° Spécial 20 Mai 2009.

    B- Communications et séminaire :

    - AWOUMOU Côme Damien Georges, Le golfe de Guinée face aux convoitises, communication, Assemblée du CODESRIA, Maputo, 2005.

    - Georges NZONGOLA-NTALAJA, La dynamique des conflits en Afrique Centrale. Acteurs et processus, communication, 14ème Congrès biennal de l'Association Africaine de Science Politique, Durban, Juin 2012.

    - Frédéric HERAN, La réalisation d'un document scientifique, mémoire de DEA, thèse, article..., séminaire méthodologique de l'école doctorale des sciences économiques et sociales, Université de Lille I, 2003

    IV- Rapports institutionnels :

    - Rapport final du groupe des experts de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République Démocratique du Congo, Conseil de Sécurité, Nations Unies, 16 Octobre 2002.

    - Rapport du Secrétaire Général sur les activités du Bureau Régional des Nations Unies pour l'Afrique Centrale et les zones où sévit l'Armée de Résistance du Seigneur, Conseil de Sécurité, Nations Unies, 11 Juin 2012.

    - Rapport du Secrétaire Général sur les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest, Conseil de Sécurité, Nations Unies, 30 Décembre 2011.

    - AG/ONU, 2009, Traité sur le commerce des armes, A/C, 1/64/L. 38/Rev.1. , 28 Octobre 2009.

    - « Projet de programme frontière de la CEEAC », rapport de la CEEAC présenté à l'atelier des experts, 21-23 Mai 2009.

    - International Crisis Group, Cameroun : les dangers d'un régime en pleine fracture, Rapport Afrique N°161, Dakar/Bruxelles, 24 Juin 2010, 31 P.

    - International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité (I) : l'Afrique Centrale, Rapport Afrique N°181, Nairobi-Bruxelles, 7 Novembre 2011, 41 P.

    - International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, Rapport Afrique N°195, Dakar/Nairobi/Bruxelles, 12 Décembre 2012, 46 P.

    - Jason IPE et al, La mise en oeuvre de la stratégie anti-terroriste mondiale de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Rapport du Center on Global Counterterrorism Cooperation, 2010, 36 P.

    V- Atlas, dictionnaires et lexique

    - Atlas de l'Afrique (2011), Paris, les éditions du Jaguar, Décembre 2010, 255 P.

    - Dictionnaire de français Larousse, Paris, 2008.

    - Philippe MOREAU DEFARGES, Dictionnaire de géopolitique, Paris, Armand Colin, 2002, 188 P.

    - Marie-Claude SMOUTS et al, dictionnaire des relations internationales. Approches- concepts- doctrines, Paris, Dalloz, 2ème édition, 2006, 553 P.

    - Raymond GUILLIEN et al, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 14ème édition, 2003.

    VI- Liens électroniques :

    - www.africa-union.org

    - www.cameroon-tribune.cm

    - www.ceeac-eccas.org

    - www.congopage.com

    - www.fpae.net

    - www.google.fr

    - www.grip.org

    - www.hrw.org

    - www.icc-ccs.org

    - www.lemondediplomatique.fr

    - www.mémoireonline.com

    - www.rfi.fr

    - www.un.org

    Table des matières

    Sommaire...................................................................................................i

    Dédicaces...................................................................................................ii

    Remerciements............................................................................................iii

    Abstract.....................................................................................................iv

    Abréviations, acronymes et sigles utilisés..............................................................v

    Introduction générale.....................................................................................1

    Première partie : Les difficultés de mise en oeuvre de la coopération sécuritaire : un facteur d'enracinement et de recrudescence des actes de criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée......................................................................................................17

    Chapitre I : La faillite de l'Etat dans le golfe de Guinée : un facteur structurant de multiplication des actes de criminalité transfrontalière ...........................................18

    Section I : De la faillite de l'Etat du golfe de Guinée : sens et contenu...............................19

    Paragraphe I : Considérations générales sur la faillite de l'Etat du golfe de Guinée............19

    A- Approches théoriques sur la faillite de l'Etat du golfe de Guinée........................20

    B- Symptômes empiriques sur la désagrégation de l'Etat du golfe de Guinée..............22

    Paragraphe II : Expressions et acteurs de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée......................................................................................................24

    A- La criminalité de conviction : une criminalité à connotation politique...................25

    B- La criminalité de situation : une criminalité de subsistance économique................27

    Section II : Les répercussions de la désintégration de l'Etat dans le golfe de Guinée : entre instabilité politique et insécurité régionale............................................................30

    Paragraphe I : Contrôle des ressources naturelles et privatisation de la violence politico-armée.......................................................................................................31

    A- Revendications d'ordre communautariste, guerre des ressources et entreprenariat politique..........................................................................................31

    B- Prédation de l'oligarchie politico-militaire et criminalisation de l'Etat..................33

    Paragraphe II : Les effets de l'extension régionale de l'insécurité dans le golfe de Guinée...35

    A- L'absence d'un climat de paix, sécurité et stabilité dans le golfe de Guinée............35

    B- La lente évolution des processus d'intégration régionale engagés dans le golfe de Guinée.............................................................................................38

    Chapitre II : L'inadéquation des initiatives actuelles de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée...............................................................41

    Section I : Les limites des initiatives souverainistes de lutte contre la criminalité dans le golfe de Guinée..................................................................................................42

    Paragraphe I : L'échec des politiques solitaires nationales de sécurisation des zones frontalières dans le golfe de Guinée....................................................................42

    A- Un environnement politico sécuritaire imbibé de méfiance et de défiance entre Etats de la région..........................................................................................43

    B- L'insuffisance des capacités internes des Etats à assurer efficacement la sécurité de leurs zones frontalières .........................................................................45

    Paragraphe II : Les limites des initiatives concertées de lutte contre la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée..............................................................46

    A- La prolifération d'initiatives de coopération sécuritaire dépourvues de cohérence homogène : facteur d'inefficacité.............................................................46

    B- Le poids de l'extérieur : la sécurisation du golfe de Guinée sous influence étrangère..........................................................................................49

    Section II : Les défauts techniques de conception et de mise en oeuvre des initiatives de lutte contre la criminalité dans le golfe de Guinée.........................................................51

    Paragraphe I : Une conception plurielle insuffisamment coordonnée.............................51

    A- L'absence d'une structure homogène unique de coordination des initiatives de lutte contre la criminalité dans le golfe de Guinée................................................52

    B- Le traitement asymétrique des expressions de la criminalité dans le Golfe de Guinée.............................................................................................53

    Paragraphe II : Une mise en oeuvre opérationnelle des initiatives aux résultats peu probant.....................................................................................................55

    A- Le défaut d'un droit de poursuite automatique entre les Etats concernés...............56

    B- La problématique de l'incohérence des systèmes militaires à l'oeuvre dans la sécurisation du Golfe de Guinée..............................................................57

    Conclusion de la première partie.......................................................................59

    Deuxième partie : Les voies de renforcement de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée : Moderniser la gouvernance des espaces transfrontaliers et concrétiser un système autonome de sécurité collective.......................................................................60

    Chapitre III : Moderniser la gouvernance des zones frontalières nationales : Coupler les reformes économique et sociopolitique aux solutions sécuritaires.................................61

    Section I : Engager des réformes structurelles de long terme.......................................62

    Paragraphe I : Au niveau économique.................................................................62

    A- Moderniser la gouvernance des ressources publiques......................................63

    B- Stimuler le développement des régions défavorisées.......................................65

    Paragraphe II : Au niveau sociopolitique..............................................................66

    A- Offrir d'autres alternatives aux jeunes........................................................66

    B- Promouvoir la culture de la paix...............................................................68

    Section II : Se doter de politiques sécuritaires adaptées.............................................69

    Paragraphe I : Renforcer l'action de sécurisation de l'Etat sur terre et en mer..................70

    A- Mettre en place un comité interministériel en charge des questions sécuritaires maritime et terrestre.............................................................................70

    B- Réduire les facteurs générateurs de conflits et de criminalité aux frontières.........72

    Paragraphe II : Combattre fermement les criminels.................................................74

    A- La dissuasion des criminels.....................................................................75

    B- La poursuite et la mise aux arrêts des criminels..............................................76

    Chapitre IV : La concrétisation d'un système autonome de sécurité collective : un moyen de renforcement de la coopération sécuritaire entre les Etats dans le golfe de Guinée............78

    Section I : De la construction d'un système autonome de sécurité collective dans le golfe de Guinée..................................................................................................... 79

    Paragraphe I : Faire des Etats de la région les acteurs responsables de leur propre sécurité...79

    A- Adopter une vision stratégique commune et intégrée : définir les priorités et rationnaliser les initiatives en cours de mise en oeuvre.....................................79

    B- Mutualiser et coordonner les ressources......................................................82

    Paragraphe II : De l'appel d'un leadership régional garant du système de sécurité collective dans le golfe de Guinée..................................................................................84

    A- Analyse des principales forces en présence..................................................84

    B- Configuration et effets escomptés d'un leadership bipolaire structuré autour de l'alliance Abuja-Yaoundé......................................................................88

    Section II : La nécessaire contribution de la communauté internationale........................91

    Paragraphe I : La réponse politique attendue de la communauté internationale................91

    Paragraphe II : La mobilisation de l'appui technico-financier de la communauté internationale..............................................................................................93

    Conclusion de la deuxième partie......................................................................95

    Conclusion générale......................................................................................96

    Annexes....................................................................................................99

    Indications bibliographiques...........................................................................103

    Table des matières.......................................................................................109

    * 1 Marc-Louis ROPIVIA, « criminalité et activités illicites dans le Golfe de Guinée : interprétation critique et typologie », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), Piraterie et Terrorisme : de nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, Presses Universitaires d'Afrique, Yaoundé, 2010, 241P.

    * 2 Voir les termes complets dudit communiqué en Annexe C.

    * 3 La dernière réunion a désigné le Cameroun comme pays hôte dudit Sommet des Chefs d'Etats de la région sur la question, prévu courant Avril 2013.

    * 4 Voir notamment, Alex de WALL, « crises africaines et interventions internationales : en toute impunité humanitaire », Le monde diplomatique, Avril 1998 ; Anatole AYISSI, « Illusoire interdiction de coups d'Etat », Le monde diplomatique (Manière de voir) N° 51 ; Philippe LEYMARIE, « sous le choc de la révolution congolaise », Le monde diplomatique, Juillet 2007.

    * 5 Elf, fric, politique, barbouze et pétroleuse... l'empire d'essence, enquête sur un super scandale d'Etat, Paris, Les dossiers du canard enchainé, Mars 1998, 98P. ; Collette BRAECKMAN, « la République Démocratique du Congo dépecée par ses voisins », Le monde diplomatique, N° 547, Octobre 1997, PP 16-17 ; Achille MBEMBE, « Du gouvernement privé indirect », Dakar, CODESRIA, 1999 ; Alain FOGUE TEDOM, histoire diplomatique, extraversion étatique et conflits politiques en Afrique noire. Approche stratégique des conflits politiques et analyse des enjeux autour de la sécurité en Afrique noire, Thèse de Doctorat nouveau régime soutenue le 12 Décembre 2002, IEP de Strasbourg, 381P et Enjeux géostratégiques et conflits politiques en Afrique Noire, Paris, l'Harmattan, 2008, 420 P. ; Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au sud du Sahara. Analyse des fondements de l'économie politique du pétrole dans le golfe de Guinée, éditions Clé, Yaoundé, 2006, 165P. ; Yves Alexandre CHOUALA, « criminalité organisée et insécurité au Cameroun », in Jean Lucien EWANGUE (sous la direction de), Enjeux géopolitiques en Afrique Centrale, Paris, l'Harmattan, 2009, PP. 299-305. ; Issa SAIBOU, « la prise d'otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du banditisme transfrontalier », in Polis, RCSP, Vol. 1-2, 2006.

    * 6 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Les enjeux pétroliers du Golfe de Guinée », Diplomatie Magazine, N°8, Paris, 2004 ; AWOUMOU Côme Damien Georges, « Le Golfe de Guinée face aux convoitises », Maputo, communication du CODESRIA, 2005. ; Jean-Lucien EWANGUE (sous la direction de), Enjeux géopolitiques en Afrique Centrale, op.cit.

    * 7 Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), Piraterie et Terrorisme : De nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, op.cit. ; Issa SAIBOU, « Le mécanisme multilatéral de la CBLT pour la résolution des conflits et de la sécurité dans le Bassin du Lac Tchad », in Enjeux, FPAE, décembre 2004.

    * 8 Michel LUNTUMBUE, L'insécurité maritime dans le golfe de Guinée : vers une stratégie régionale intégrée ?, Note d'analyse du GRIP, Bruxelles, 31 décembre 2012, 13 P. ; Lieutenant-colonel Léandre Emmanuel KENMEGNE, « Golfe de Guinée : Ensemble pour la sécurité maritime », Honneur et Fidélité, N° Spécial 20 Mai 2009 ; Capitaine de Vaisseau Jean-Pierre MELOUPOU, « Le Golfe de Guinée et l'intégration sécuritaire : enjeux, défis et perspectives », Honneur et Fidélité, op.cit.

    * 9 « Au secours ! Les américains débarquent... », Jeune Afrique, N° 2428, 30 Sept.-06 Oct. 2007, PP. 22-27

    * 10 International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité (I) : l'Afrique Centrale, Rapport Afrique N° 181, Nairobi-Bruxelles, 7 Novembre 2011, 41 P.

    * 11 International Crisis Group, Le Golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, Rapport Afrique N°195, Dakar/Nairobi/Bruxelles, 12 décembre 2012, 46 P.

    * 12 C'est dans ce sens que l'on parle souvent de coopération internationale décentralisée.

    * 13 Aicha PEMBOURA, « Le processus de formation de la culture stratégique camerounaise : Entre extraversion et introversion », in Bulletin du CREPS, N° 001, Janvier 2012, PP. 15-17

    * 14 Hassan NJIFON NJOYA, « Les défis sécuritaires de la coopération militaire au Cameroun », in Bulletin du CREPS, op.cit. , PP.18-19

    * 15 Idem. PP. 18-19

    * 16 Ibid.

    * 17 AWOUMOU Côme Damien Georges, « Le Golfe de Guinée face aux convoitises », op.cit.

    * 18 International crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.2

    * 19 Idem, p.2

    * 20 Il s'agit de : Angola, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée-Equatoriale, Nigéria, RDC et Sao-Tomé et Principe.

    * 21 Raymond GUILLIEN et al, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 14ème édition, 2003, p.180

    * 22 Idem, p.181

    * 23 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), Terrorisme et Piraterie. De nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, op.cit.

    * 24 Sources : www.icc-ccs.org/piracy-reporting-centre/live-piracy-map.

    * 25 En effet, environ 28000 bateaux, soit 40% du transport maritime mondial, traversent les eaux somaliennes chaque année. Et, selon les statistiques du BMI, 237 attaques dont 28 détournements ont réussi, ont été recensées contre les navires en 2011. Voir Annexe E du rapport Afrique d'International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit.

    * 26 NDOUTOUME NGOME Jonathan, « Terrorisme et piraterie : quelle sécurité pour les mers du Golfe de Guinée », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit., p.176

    * 27 «Report for the period 1 january-31 December 2011», disponible sur www.icc-ccs.org, op.cit.

    * 28 Selon le BMI, le nombre d'attaques et de tentatives de piraterie au large des cotes nigérianes entre 2006 et 2009, période de l'insurrection du Delta du Niger. Si on en comptait 12 en 2006, ce chiffre a cru en 2007 pour atteindre 42 et se stabilisé en 2008 autour de 40.

    * 29 En 2009 par exemple, 39 attaques ont été signalées aux larges des cotes camerounaises, sans compter les attaques spectaculaires qui ont frappé les intérêts équato-guinéens, gabonais et santoméens durant cette période.

    * 30 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « l'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit.

    * 31 « Le triangle de la mort » renvoie aux frontières communes du Tchad, du Cameroun et de la RCA où le phénomène des coupeurs de route s'est enraciné et transformant ainsi cette zone en espace dangereux. Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), Terrorisme et Piraterie. De nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, op.cit.

    * 32 Frédéric HERAN, La réalisation d'un document scientifique, mémoire de DEA, thèse, article..., séminaire méthodologique de l'école doctorale des sciences économiques et sociales, Université de Lille I, 2003, p. 35

    * 33 Maurice KAMTO, « Crises de l'Etat et réinvention de l'Etat en Afrique », in Maurice KAMTO (sous la direction de), L'Afrique dans un monde en mutation. Dynamiques internes ; marginalisation internationale ?, Yaoundé, Afrédit, 2010, p. 55

    * 34 Notamment l'accès démocratique de la population aux soins de santé, à l'éducation, au logement... etc.

    * 35 L'expression est de Gérard CONAC, « L'Afrique et la science politique », in Revue Mondes et Cultures, XLI-4, 20 novembre 1981, PP. 711-733 ; cité par Mwayila TSHIYEMBE, « La science politique africaniste et le statut théorique de l'Etat africain : un bilan négatif », disponible sur www.google.fr

    * 36 Bertrand BADIE, L'Etat importé. L'occidentalisation du monde, Paris, Fayard, 1992.

    * 37 Jean-François BAYART, L'Etat en Afrique. La politique du ventre. Paris, Fayard, 1990.

    * 38 Mwayila TSHIYEMBE, « La science politique africaniste et le statut théorique de l'Etat africain : un bilan négatif », op.cit.

    * 39 Idem.

    * 40 Jean-François MEDARD, « L'Etat néopatrimonial en Afrique noire », Jean-François MEDARD (sous la direction de), Etats d'Afrique : formation, mécanismes, crise, Paris, Karthala, 1991, PP.323-353 ; Jean-François MÉDARD, La crise de l'État néo-patrimonial et l'évolution de la corruption en Afrique sub-saharienne, in Mondes en Développement, XXVI, 1998, PP. 56-67.

    * 41 Jean-François MEDARD, « L'Etat néopatrimonial en Afrique noire », Jean-François MEDARD (sous la direction de), Etats d'Afrique : formation, mécanismes, crise, idem, p.330.

    * 42 Les critiques portent notamment sur le caractère ethnocentrique de ces thèses. A ce propos, voir Mwayila TSHIYEMBE, op.cit.

    * 43 Car la propension des populations à déclencher des hostilités est intimement liée à la stagnation économique et à la pauvreté.

    * 44 Cette scission sociale oppose la majorité des populations de ces Etats à une oligarchie capitaliste locale. Cette dernière, plutôt réactionnaire, est essentiellement parasitaire et dépendante, et utilise tous les moyens avec l'appui actif de l'extérieur pour confisquer le pouvoir et dénier aux populations une souveraineté durement acquise et cela, malgré les conséquences politiques et économiques dramatiques qu'engendre une telle hégémonie sociale.

    * 45Oswaldo De RIVERO, Le mythe du développement. Les économies non-viables du XXIème siècle. , Tunis, Editions CERES, 2003. , p.33.

    * 46 Ce qui va renforcer leur dépendance vis-à-vis de l'extérieur.

    * 47 Du fait du culte du parti unique, seul cadre d'expression et d'exercice total du pouvoir par un seul homme, le chef de l'Etat, chef du parti.

    * 48 On pense notamment à la France avec son pré-carré en Afrique noire francophone. Lire à ce sujet Philippe MARCHESIN, Mitterrand l'africain, Politique Africaine N° 58, Paris, Karthala, Juin 1995, p.10

    * 49Voir Marc Louis ROPIVIA, « criminalité et activités illicites dans le Golfe de Guinée : interprétation, critique et typologie », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), Piraterie et Terrorisme : de nouveaux défis sécuritaires en Afrique Centrale, op.cit. PP. 221-234.

    * 50 Idem, p.222

    * 51 Ibid., p.228

    * 52 Georges NZONGOLA-NTALAJA, « La dynamique des conflits en Afrique. Acteurs et processus », disponible sur www.google.fr

    * 53 Marc Louis ROPIVIA, op. Cit., p.231

    * 54 Voir Rapport final du groupe des experts de l'ONU sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la République Démocratique du Congo, Conseil de Sécurité, Nations Unies, New-York, 16 octobre 2002.

    * 55 Parmi les huit Etats impliqués dans la guerre interafricaine à savoir, le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi comme agresseurs, l'Angola, le Zimbabwe, la Namibie et le Tchad comme alliés de la RDC, quatre sont considérés par ce rapport comme les prédateurs des richesses de la RDC : il s'agit de la RDC elle-même, du Rwanda, de l'Ouganda et du Zimbabwe dont les parents et les proches collaborateurs des chefs d'Etat sont considérés comme pilleurs.

    * 56 Les sociétés transnationales incriminées dans ce rapport proviennent de tous les coins du globe et comprennent de nouvelles compagnies montées pour la cause dans les pays suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, Canada, Chine, Emirats-Arabes unis, Etats-Unis, Finlande, France, Hong-Kong, Israël, Kazakhstan, Malaisie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse, ainsi que les sociétés appartenant aux marchands d'armes tel que Victor BOUT.

    * 57 L'ouverture à la mer et un relief très accidenté difficilement accessible.

    * 58Voir Eric NJONOU AKOUTOU, « La sauvegarde des approches maritimes nationales : un défi partagé », in Honneur et Fidélité, spécial 20 Mai 2009, PP. 28-29.

    * 59 Fweley DIANGITUTKWA, « Terrorisme et piraterie dans le Golfe de Guinée : esquisses de solutions », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit. p.100

    * 60 Nous pensons spécifiquement ici à l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) du rebelle d'origine ougandaise Joseph KONY qui commet des exactions massives à la lisière de la frontière RCA-RDC. A ce sujet voir, Rapport du Secrétaire Général sur les activités du Bureau régional des Nations Unies pour l'Afrique Centrale et les zones où sévit l'Armée de Résistance du Seigneur, Conseil de Sécurité, Nations Unies, 11 Juin 2012.

    * 61Joseph Vincent NTUDA EBODE, « l'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », in Joseph Vincent NTUDA EBODE, op.cit. p.150

    * 62 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée », op.cit. p.75

    * 63 Idem, p.75

    * 64 Voir à ce sujet SUYRU Vernuy Eric, L'état des lieux des législations nationales en matière de lutte contre la cybercriminalité en Afrique centrale, Rapport de stage académique effectué au Bureau sous régional pour l'Afrique centrale (BSR-AC) de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), IRIC, Année académique 2010-2011, 30p.

    * 65 En effet, des postes de police et des bases militaires du Nigéria vont être pillés ici et là, d'où des armes vont être emportées pour ensuite librement circuler de manière illicite sur les marchés locaux.

    * 66 Il est consacré avec Max WEBER que l'Etat détient le monopole de la violence publique et légitime à travers les instruments de coercition à sa disposition : police, forces armées, appareil judiciaire...

    * 67 Maurice KAMTO, op.cit., p.83

    * 68 Voir à ce sujet Achille MBEMBE, « Réformes économiques, contraintes extérieures et production du politique en Afrique noire », in Maurice KAMTO, op.cit. p.115

    * 69 Oswaldo de RIVERO, op.cit. p.162

    * 70 Le MEND conteste violemment l'exploitation des ressources du Delta du Niger par les attaques contres les plates-formes pétrolières qui se soldent par les prises d'otages et les morts d'hommes.

    * 71 A ce sujet, les leaders des mouvements rebelles du RCD/GOMA, du RCD/ML et du MLC ont ainsi pu accéder aux fonctions présidentielles et gouvernementales importantes à la faveur de l'accord global inclusif mettant une trêve aux violents combats qui ont embrasé la RDC au début des années 2000.

    * 72 Notamment le combat politico-armé mené par les dirigeants et combattants du Front de Libération de l'Enclave de Cabinda (FLEC)

    * 73 Nous pensons notamment au rôle joué par les puissances occidentales et étrangères qui fournissent des armes et munitions de guerre à ces mouvements en échange de l'accès aux ressources naturelles.

    * 74 Cette criminalisation est le fruit de la récurrence de coups-d'Etat et de la militarisation du corps social.

    * 75 Achille MBEMBE, op. cit., p.118

    * 76 Cette oligarchie abuse de ses fonctions privilégiées au sein de l'appareil étatique et s'en autorise pour se lancer dans des activités de trafic illicite et de contrebande de diverses natures. Voir pour plus de précision Christian GEFFRAY, « Etat, richesse et criminels », in Michel SCHIRAY (sous la direction de) Trafic de drogues et criminalités économiques, Paris et Bruxelles, Mondes en Développement, 2000, PP.15-30; Jean-François BAYART, Stephen ELLIS, Béatrice HIBOU, La criminalisation de l'État en Afrique, Bruxelles, Éditions Complexe, 1997, 167 p.

    * 77 Idem, pp. 120-121

    * 78 On assiste dès lors à une priorisation des dépenses militaires d'ordre sécuritaire au détriment des préoccupations sociales nécessaires et urgentes. Voir BSR/AC, Les économies de l'Afrique Centrale, Dijon-Quevigny, Je publie, 2009.

    * 79 La finance informelle s'entend ici comme l'ensemble des activités souterraines illégales et illicites génératrices de revenus et structurées autour de la contrebande, du trafic de pierres précieuses et d'émeraudes, d'armes, de diamants, d'ivoires, de la drogue et autres stupéfiants, d'organes et ossements humains, de la piraterie maritime, de prise d'otages, d'immigration clandestine, d'hydrocarbures... etc.

    * 80 Il se crée ainsi une sorte de dépendance chronique et pernicieuse envers les armes importées et l'expertise étrangère.

    * 81 Favorisant l'irruption de conflits armés et la sophistication du mercenariat à travers le transfert, l'afflux et le trafic des armes de divers calibres dans le Golfe de Guinée.

    * 82 Maurice KAMTO, op. cit., p.83

    * 83 International Crisis Group, « Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque », op.cit., 46 p.

    * 84 C'est le cas dans les zones transfrontalières Cameroun-Tchad-RCA et dans l'Est de la RDC.

    * 85 OWONA ALIMA Kisito Marie, La prolifération des ALPC en Afrique Centrale : Etude du phénomène et analyse critique des mécanismes de contrôle de ces armes, Mémoire de Master en Stratégie, défense, sécurité, gestion des conflits et des catastrophes, CREPS-UYII/SOA, année académique 2006-2007, p.25

    * 86 La circulation anarchique des ALPC bénéficie surtout de l'incohérence des législations nationales et de l'absence de normes internationales contraignantes en la matière.

    * 87 Confère AG/ONU, 2009, Traité sur le commerce des armes, A/C, 1/64/L. 38/Rev.1, 28 Octobre 2009, p.2

    * 88 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La région de l'Est-Cameroun et ses refugiés : mariage pour le meilleur ou pour le pire ? », Bulletin du CREPS, op.cit., PP.7-8.

    * 89 Pour une analyse complète des conséquences liées à cette insuffisance de moyens de contrôle des flux transfrontaliers, voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », op. Cit.

    * 90 Fweley DIANGITUKWA, « Terrorisme et piraterie dans le Golfe de Guinée, esquisses de solutions », op. Cit.

    * 91 Idem

    * 92 L'Afrique perd environ un million de dollars par an du fait de la pèche illégale ; 60% du trafic des êtres humains s'opère dans la région selon les Nations Unies ; Un quart de la cocaïne consommée en Europe transite par les cotes africaines selon l'Office des drogues et de crimes de l'ONU ; Le trafic illicite du pétrole coute trois millions de dollars par jour dans le Delta du Niger selon Human Rights Watch..., chiffres communiqués par NDOUTOUME NGOME Jonathan, « Terrorisme et Piraterie : quelles sécurité pour les mers du Golfe de Guinée », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit., PP. 159-182

    * 93 Il s'agit entre autres de la CEEAC, de la CEDEAO, de la CEMAC, de l'UEMOA, de la CEN-SAD, de la MRU, de la CEPGL, de la CIRGL, etc.

    * 94 International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité (I) : l'Afrique Centrale, Rapport Afrique N° 181, op.cit., p.5

    * 95 CEA/BSR-AC, Les économies de l'Afrique Centrale 2009, Je publie, Dijon-Quetigny, p.26

    * 96 Il s'agit notamment des corridors Douala-Ndjamena-Douala et Douala-Bangui-Douala dans le cadre de la CEMAC.

    * 97 Il s'agit entre autres des Etats riverains du golfe de Guinée, des puissances étrangères, des autres Etats africains, des CER de la région et d'ailleurs et même des organisations onusiennes.

    * 98 International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité..., op.cit., p.1

    * 99 Marie-Claude SMOUTS et al. Dictionnaire des relations internationales..., op.cit., PP. 245-246.

    * 100 La frontière remplit classiquement les fonctions de délimitation territoriale, d'interface pour les échanges économiques, de déterminant identitaire, d'exercice de la souveraineté, etc.

    * 101 Niagalé BAGAYOKO-PENONE, « L'Afrique subsaharienne entre violence et régulation », in Frédéric CHARILLON (sous la direction de), Les relations internationales, Les notices, Paris, 2006, p.189

    * 102 Marie-Claude SMOUTS et al, op.cit., p.245

    * 103 International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité..., op.cit., p.18

    * 104 La CEEAC par exemple a été considérée comme un levier du pouvoir d'influence régionale et internationale du Gabon de l'époque du Président Omar BONGO ONDIMBA, tout comme le Nigéria influence la politique de la CEDEAO.

    * 105 Dans cette affaire, les deux pays ont décidé de recourir à la médiation internationale de l'ONU, susceptible de déboucher sur une solution judiciaire de la part de la CIJ. Voir « l'ilot de la discorde », Jeune Afrique, 3 Mars 2011.

    * 106 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La redistribution de la puissance en Afrique Centrale médiane CEMAC : la nouvelle configuration des alliances sous régionales », in Jean-Lucien EWANGUE (sous la direction de), op.cit., p.50

    * 107 Idem., p.50

    * 108 Document du PF-CEEAC, op.cit.

    * 109 Cet accord vise à mettre fin à la crise sécuritaire et politique à l'Est de la RDC.

    * 110 Nous pensons notamment ici aux accords qui lient la France au Tchad, au Cameroun, au Gabon, au Congo-Brazzaville, à la Centrafrique, au Togo, au Benin, à la Côte-d'Ivoire, lesquels s'inscrivent dans le cadre du programme de renforcement des capacités africaines au maintien de la paix (RECAMP) et dont certains ont fait l'objet de révision depuis Mars 2009.

    * 111 Avec son dispositif militaire African Command (AFRICOM).

    * 112 Ce pays a un accord militaire avec la Guinée-Equatoriale.

    * 113 Outre le fait qu'elle dispose d'une base militaire à KAMINA en RDC, la Chine participe aussi à la formation de militaires africains.

    * 114 Le Cameroun bénéficie des conseils et de l'expertise militaire d'officiers israéliens, qui ont notamment permis de rendre opérationnel le Bataillon d'intervention rapide (BIR), une unité d'élite qui combat spécialement la criminalité terrestre et maritime qui menace la stabilité et la sécurité du territoire camerounais.

    * 115 Ce pays entretient une coopération militaire chacune avec la RDC et la RCA.

    * 116 Le golfe de Guinée a été divisé en quatre zones dont les zones A, B et D s'étendent de la frontière angolaise au sud jusqu'au nord du Nigéria. Voir cartes des eaux territoriales de la CEEAC et du golfe de Guinée en Annexes.

    * 117 Cette coopération pourrait facilement s'opérationnaliser dans le cadre de la Commission du Golfe de Guinée (CGG) qui comprend déjà comme membre l'Angola, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée-Equatoriale, le Nigéria, la RDC et Sao-Tomé et Principe, et qui pourrait s'ouvrir au Benin et au Togo.

    * 118 Il s'agit de : Tchad-Soudan-Tchad ; Tchad-Cameroun-RCA ; Cameroun-Guinée Equatoriale-Nigéria ; Angola-Congo-RDC ; RCA-Congo-RDC et le fleuve Congo, ainsi que RDC-Burundi-Rwanda.

    * 119 Voir à ce sujet, Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la Zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit. PP.149-158

    * 120 Document PF-CEEAC, op.cit.

    * 121 Come Damien Georges AWOUMOU, Le Golfe de Guinée face aux convoitises, op.cit.

    * 122 Voir Wullson MVOMO ELA, « Pétrostratégie et appels d'empire dans le Golfe de Guinée », in Jean-Lucien EWANGUE (sous la direction de), op.cit., PP. 181-194

    * 123 Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « Les enjeux pétroliers dans le Golfe de Guinée », op.cit.

    * 124 Cette base d'entrainement flottante permet la tenue des exercices conjoints des équipages, en vue de renforcer les capacités des forces marines des pays de la région. Voir Eric NJONOU AKOUTOU, « La sauvegarde des approches maritimes nationales : un défi partagé », in Honneur et Fidélité, op.cit., PP. 28-29

    * 125 Voir « Le pétrole d'Afrique noire. Filet de sécurité pour l'économie mondiale. », p.1, disponible sur www.congopage.com

    * 126Lire à ce propos Alain FOGUE TEDOM, « Le mythe de la marginalisation stratégique de l'Afrique : analyse de la dynamique américaine et chinoise autour du pétrole africain », in Maurice KAMTO, op.cit., PP. 255-291

    * 127 On assiste dès lors à une opération de séduction de la marine américaine sur les cotes maritimes des pays du golfe de Guinée dont les personnels militaires et civils vont participer aux exercices de perfectionnement et de renforcement des capacités en vue lutter contre la piraterie maritime et les attaques contre les plateformes pétrolières.

    * 128 Navire de guerre américain pesant 17 000 tonnes et comptant environ 420 membres d'équipage.

    * 129 Voir International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité (I) : l'Afrique Centrale, op.cit., p.21

    * 130 Idem, p.22

    * 131 Ibid., p.22

    * 132 Un protocole d'accord a été adopté en 2008 entre l'UA d'une part, la CEDEAO et la CEEAC d'autre part notamment. Celui-ci, le « protocole d'accord de coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité entre l'UA, les CER et les mécanismes de coordination des brigades régionales en attente de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du Nord », reconnait le rôle des CER dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits dans leur zone de juridiction et prévoit un échange régulier d'informations, l'élaboration d'activités et de programmes conjoints dans le domaine de la paix et de la sécurité.

    * 133 Principe en vertu duquel la prééminence de l'UA devrait céder le pas à l'expertise régionale des CER dans le traitement des dossiers où l'intervention continentale n'est pas nécessaire. Voir International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité (I) : l'Afrique Centrale, op.cit., p.22 ; Dominique BANGOURA (sous la direction de), L'Union Africaine face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense, Paris, l'Harmattan, 2003, 253 P.

    * 134 Il convient de relativiser ce propos en ajoutant qu'on note ici et là une certaine volonté de rapprochement des CER telles que la CEEAC et la CEDEAO dans la perspective d'une meilleure synergie d'actions dans la sécurisation de l'espace maritime du golfe de Guinée. Mais, à l'heure de cette réflexion, ce rapprochement ne s'est pas encore concrétisé par un protocole d'accord formel.

    * 135 Depuis le 26 Février 2006, le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique Centrale (COPAX), sous la houlette du Secrétaire Général de la CEEAC, a commis une étude qui vise à proposer une « stratégie de sécurisation des intérêts vitaux en mer des Etats de la CEEAC du Golfe de Guinée, articulée autour du COPAX et favorisant une synergie avec la Commission du Golfe de Guinée et la CEDEAO ». Les termes de référence de ladite étude ont été validés lors de la 8ème réunion de la Commission de Défense et de Sécurité (CDS) du COPAX tenue le 02 Mai 2008 à Yaoundé, et la stratégie qui en ressort a été positivement censurée le 5 Décembre 2008 à Kinshasa à l'occasion de la 9ème session du CDS.

    * 136 Et pourtant, nous convenons avec Michel LUNTUMBUE du Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la Sécurité (GRIP) que, la stratégie de sécurité maritime, devrait, pour être efficace, englober les politiques visant à combattre les menaces posées par d'autres formes de criminalité transfrontalière. Voir Michel LUNTUMBUE, Insécurité maritime dans le golfe de Guinée : vers une stratégie régionale intégrée ?, op.cit.

    * 137 Le Cameroun a par exemple signé des accords de coopération instituant des CMS avec tous ses voisins, en dépit des difficultés d'application sur le terrain qui s'expliquent par les égoïsmes nationaux, les conflits internes et l'ignorance des règles en vigueur dans les pays d'accueil.

    * 138 Il s'agit notamment de l'initiative tripartite Cameroun-Tchad-RCA pour la sécurisation de leurs frontières terrestres communes.

    * 139 L'on pense ici au CRESMAC qui vise à sécuriser les intérêts vitaux en mer des Etats de la CEEAC du Golfe de Guinée.

    * 140 Une vision globale de la criminalité transfrontalière dans le Golfe de Guinée permettrait de traiter toutes les formes de criminalité (terrestre, maritime, voire cybernétique) avec la même détermination qui offrirait l'occasion d'apprécier leurs interactions, tout en différenciant les méthodes de prévention et de lutte.

    * 141 Une vision transversale de prévention et de lutte contre la criminalité dans le golfe de Guinée permettrait de ratisser large en prenant en compte toutes les sphères territoriales d'Afrique de l'Ouest et du Centre ayant un lien géographique ou une connexité géopolitique avec la région.

    * 142 La vision globalisante quant à elle aurait l'avantage de définir la place, le rôle et la contribution des partenaires étrangers qui ont leurs intérêts stratégiques à sécuriser et à préserver dans le Golfe de Guinée.

    * 143 En témoigne la réunion initiée par les Nations Unies le 31 Mai 2012 à Libreville. Celle-ci portait sur la mise en place d'un comité préparatoire au sommet des Chefs-d'Etat et de Gouvernement sur la piraterie maritime et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée. Composé des experts de la CEEAC, de la CEDEAO, de la CGG, de l'UA, de l'UNOCA et de l'UNOWA, ce comité à pour objectif de favoriser « la réflexion sur les solutions pouvant permettre de juguler ce phénomène qui met en péril la navigation internationale, la sécurité et le développement des pays concernés. » Voir communiqué final en annexe.

    * 144 Si les regards semblent se focaliser sur la piraterie maritime et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée, les autres modalités de la criminalité continuent de sévir à travers les frontières terrestres en mettant sensiblement en péril la sécurité des personnes et des biens, ainsi que la stabilité sociopolitique des Etats concernés ; sans que des efforts suffisants et des moyens conséquents ne soient mobilisés et déployés pour y remédier.

    * 145 Nous notons par exemple que, dans la coopération bilatérale sécuritaire Cameroun-Nigéria, il n'existe pas de droit de poursuite, compte tenu des différences des systèmes militaires qu'ils emploient. Toutefois, un protocole d'accord devrait prochainement être conclu pour résoudre les problèmes d'extradition entre les deux pays.

    * 146 En témoigne, la prise d'otages de sept touristes français dans la localité de DABANGA dans la région de l'Extrême-Nord au Cameroun par un groupe de criminels se revendiquant de la secte islamiste et terroriste BOKO HARAM, le 19 février 2013, et qui ont été amenés au Nigéria, ne permettant pas ainsi aux forces de défense et de sécurité camerounaises de pouvoir les poursuivre en territoire nigérian.

    * 147 Cette PAMINT concernait les troupes du Cameroun, du Niger, du Nigéria et du Tchad.

    * 148 Le Nigéria s'est retiré de la PAMINT en I991 et a fermé sa représentation nationale pour des raisons stratégiques, car il préparait ses revendications sur les localités camerounaises situées à l'Est du Lac-Tchad.

    * 149 L'armée tchadienne était composée de certains éléments véreux qui s'adonnaient au rançonnement des populations, ainsi qu'à la violation des frontières lacustres entre le Tchad et le Cameroun ; et qui furent arrêtés par la gendarmerie camerounaise pour être venus commettre des exactions dans l'ile camerounaise de NIMERY. En guise de protestation, le Tchad se retira en 2009.

    * 150 Le Niger se retira dès lors qu'il considérait que la PAMINT n'avait plus aucun intérêt pour lui suite à la disparition des eaux du Lac de son coté.

    * 151 Michel DOURYANG DOMGA, La défense militaire des iles camerounaises du Lac-Tchad, Mémoire de Master en stratégie, défense, sécurité, gestion des conflits et des catastrophes, CREPS-UYII-SOA, Septembre 2010, p.53

    * 152 Il s'agit, en guise de rappel, de la France, des Etats-Unis, de la Chine, de l'Angola et de l'Afrique du Sud notamment.

    * 153 Voir à ce sujet Aicha PEMBOURA, « Le processus de formation de la culture stratégique camerounaise : entre extraversion et introversion », in Bulletin du CREPS, op.cit., PP.15-17

    * 154 Cet équilibre n'est qu'imparfaitement trouvé entre l'héritage de systèmes militaires des anciennes puissances coloniales, le transfert des systèmes issus des accords de coopération sécuritaire et militaire noués avec d'autres puissances, ainsi que les contraintes nées de l'évolution technologique.

    * 155 Nous notons ici que le programme américain AFRICOM est une réponse au programme français RECAMP ; a cet effet, le navire de guerre français CORYMBE et celui américain US NASHVILLE ont sillonné les cotes maritimes du golfe de Guinée l'un après l'autre.

    * 156 Marie Claude SMOUTS et al. Dictionnaire des relations internationales, op.cit. , p.250

    * 157 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée », op.cit., p.50

    * 158 Pour une typologie exhaustive des richesses naturelles du golfe de Guinée, voir Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), La gestion coopérative des ressources transfrontalières en Afrique Centrale : Quelques leçons pour l'intégration régionale, FES et CREPS, Yaoundé, éditions Clé, 2011, 184 P.

    * 159 Jason IPE et al, La mise en oeuvre de la stratégie antiterroriste mondiale de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Rapport du Center on Global Counterterrorism Cooperation, 2010, 36 P.

    * 160 Cette crise de la gouvernabilité se caractérise particulièrement par l'effondrement de la maitrise de l'Etat sur ses frontières territoriales et maritimes et sur les mouvements migratoires des personnes au niveau des zones de contact transfrontalier.

    * 161 Ceci se traduit notamment par une absence de socialisation de ces richesses et un déficit de démocratisation de leur gestion. Voir à ce sujet Michel KOUNOU, Pétrole et pauvreté au sud du Sahara. Analyse des fondements de l'économie politique du pétrole dans le Golfe de Guinée. , Yaoundé, Editions Clé, 2006.

    * 162 En Afrique comme ailleurs, les problèmes de gouvernance, de stabilité politique, de croissance ou de développement sont quasi-indissociables. Car la recherche de la justice est une des motivations des personnes qui se lancent dans les activités illicites. Et même ceux qui poursuivent d'autres buts finissent toujours par invoquer la justice pour légitimer leurs actes.

    * 163 Car la clé du futur se trouve dans un investissement continu et planifié dans la richesse humaine.

    * 164 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit.

    * 165 Voir International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.28

    * 166 Car les jeunes représentent un réservoir de talents et d'intelligence dont les pays du golfe de Guinée, sous-développés, ne peuvent s'en passer pour atteindre leur émergence. En effet, ceux-ci auront besoin d'un capital humain, d'une classe créative capable de relever ce défi.

    * 167 Maurice KAMTO, op.cit. p.83

    * 168 Idem, p.83

    * 169 Ibid., p.83

    * 170 Ibid., p.84

    * 171 Le concept de culture de la paix trouve son fondement philosophique dans le préambule de l'Acte constitutif de l'UNESCO selon lequel,  la guerre prenant naissance dans l'esprit des Hommes, c'est dans l'esprit des Hommes qu'il d'ériger les défenses pour la paix.

    * 172 L'insurrection islamiste menée par la secte BOKO HARAM contre les églises et communautés chrétiennes du Nigéria et particulièrement dans sa partie Nord témoigne de l'exacerbation des tensions religieuses dans ce pays. D'où il apparait important que les autorités religieuses de tous bords s'activent auprès de leurs communautés de fidèles respectives pour endiguer la spirale de violence interreligieuse dans ce pays et promouvoir l'esprit de tolérance religieuse entre les populations d'un même pays.

    * 173 Voir entre autres Cyrille Serge ATONFACK GUEMO, « La mutualisation des moyens de lutte contre les actes de piraterie dans la sous région CEEAC », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit., PP.123-147  et Jonathan NDOUTOUME NGOME, « Terrorisme et piraterie : quelle sécurité pour les mers du Golfe de Guinée ? », idem, PP.159-182.

    * 174 Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », ibid., PP.149-158.

    * 175 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit. p. ii

    * 176 Voir Projet de PF-CEEAC, op.cit.

    * 177 Idem.

    * 178 Le Cameroun a par exemple conclu des accords de création de commissions mixtes de sécurité transfrontalière avec ses voisins, dont le Nigéria (12 Février 2012), le Tchad (23 octobre 2007) et la RCA (Aout 2006). Ces commissions visent à instituer un cadre de confiance et de dialogue régulier pour la résolution concertée des problèmes de sécurité qui se posent au niveau de leurs frontières communes.

    * 179 Dominique BANGOURA, « Frontières et espaces frontaliers en Afrique Centrale », in Jean-Lucien EWANGUE (sous la direction de), op.cit., p.225

    * 180 Idem, p.225

    * 181 On pense notamment ici au marché frontalier de KYE-OSSI qui met en interaction des commerçants camerounais avec des populations gabonaises et équato-guinéennes majoritairement de l'ethnie FANG.

    * 182 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit., p.72

    * 183 Idem, p.73

    * 184 Ibid., p.73

    * 185 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit. p.29

    * 186 L'OMI entendue comme l'Organisation Maritime Internationale.

    * 187 International Crisis Group, Le golfe de Guinée: la nouvelle zone à haut risqué, op.cit., p.30

    * 188 Ibid., p.31

    * 189 Ibid., p.31

    * 190 La solution militaire n'aura de sens que si elle s'accompagne d'une solution politique.

    * 191 Ce système de sécurité collective devrait s'appuyer sur la solidarité et la responsabilité de tous les Etats du golfe de Guinée et garanti par un leadership collégial structuré autour de l'axe Abuja-Yaoundé. A terme, il vise à mutualiser les efforts de prévention et de lutte contre la criminalité transfrontalière dans la région.

    * 192 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.31

    * 193 Idem, p.32

    * 194 Etanislas NGODI et Mathias Eric OWONA NGUINI, op.cit., p.223

    * 195 Idem, p. 223 et 224.

    * 196 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit.

    * 197 Institutionnellement le golfe de Guinée se réduit aux Etats membres de la CGG.

    * 198 Géopolitiquement, le golfe de Guinée s'étendrait des cotes libériennes jusqu'au Cap en Afrique du Sud et s'élargirait aux Etats pétroliers et miniers de l'hinterland de cette région.

    * 199 Car comme le démontre Cyrille Serge ATONFACK GUEMO, Commissaire de la Marine camerounaise, les souverainetés des Etats membres sont un facteur préjudiciel au bon fonctionnement de la CGG. Voir Cyrille Serge ATONFACK GUEMO, op.cit., p.139 et 140.

    * 200 La CGG doit de ce fait élaborer et mettre en oeuvre des politiques sectorielles de renforcement de la sécurité de la région en conformité avec la vision stratégique définie préalablement.

    * 201 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.22

    * 202 Idem, p.32

    * 203 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit., p.6

    * 204 La RDC, géant géographique et démographique en Afrique Centrale, aurait pu également être analysée si elle n'était pas en proie à une instabilité politique chronique et une insécurité endémique qui menacent de la balkaniser et relativisent sérieusement son influence dans la région.

    * 205 Idem, p.9

    * 206 Sources : Jeune Afrique N°2663 du 22 au 28 Janvier 2012, p.24

    * 207 Idem

    * 208 Le Nigéria se classe en tête tant en matière d'équipements que d'effectifs avec une force navale d'environ 15000 hommes, une quinzaine de vedettes Defender, une dizaine de patrouilleur hauturier pour la sécurisation des installations maritimes, une dizaine de patrouilleurs côtiers destinés à la surveillance du littoral ainsi que de petits bâtiments de débarquement amphibie. Voir International Crisis Group, Le Golfe de Guinée : la Nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.6

    * 209 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit., p.9

    * 210Voir International Crisis Group, Le Golfe de Guinée : la Nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.7

    * 211 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit.

    * 212 L'Angola était en 2006 le deuxième producteur africain de pétrole avec 1,6 millions de barils par jour. Idem.

    * 213 Ibid.

    * 214 Notamment en RDC où la SONANGOL jouit d'un agrément de distribution d'hydrocarbures. Ibid.

    * 215 Nous pensons au conflit congolais dans les Grands Lacs et à la récente crise postélectorale ivoirienne dans lesquels l'Angola a apporté son soutien aux pouvoirs en place avec des fortunes diverses.

    * 216 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit.

    * 217 Avec environ 50% de la population, du PIB et de la masse monétaire en circulation dans la zone CEMAC, le Cameroun possède de nombreux atouts faisant de lui le pole universitaire, industriel et agricole de la sous-région.

    * 218 Ce pays, du fait de ses avoirs financiers sans cesse croissant grâce à l'exploitation pétrolière, a d'ailleurs réclamé et obtenu l'inscription du principe de la rotation à la tête des institutions de la CEMAC, mettant ainsi fin au consensus de Fort-Lamy de 1972 qui réservait certains postes de responsabilité à certains Etats de l'organisation. C'est ainsi que ce pays obtenu le poste de gouverneur de la BEAC, au grand dam du Gabon qui l'occupait depuis plus de trois décennies déjà.

    * 219 Du fait de son double héritage culturel issu de son passé colonial, le Cameroun réalise la synthèse des deux principaux courants d'expression du golfe de Guinée, le français et l'anglais, et peut donc ainsi atténuer la méfiance qui caractérise les relations entre Etats dits francophones et ceux dits anglophones de la région.

    * 220 Diplomatiquement, le Cameroun, après avoir piloté la mise en oeuvre du COPAX, a été désigné comme pays hôte du Sommet des Chefs d'Etats de la région sur les questions de piraterie maritime et des vols à main armée dans le golfe de Guinée prévu courant Avril 2013 à Yaoundé. Tout ceci témoigne du poids certain du réseau politique et diplomatique camerounais dans le golfe de Guinée.

    * 221 Comme l'atteste le règlement pacifique du différend frontalier et terrestre qui l'opposa au Nigéria au sujet de la péninsule de Bakassi, par le mode juridictionnel et diplomatique.

    * 222 Ainsi en est-il de l'envoi de 120 soldats du Bataillon d'Intervention Rapide (BIR) dans le cadre de la mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX) en décembre 2012, en vue d'apporter un soutien militaire aux autorités de Bangui en proie à la menace des rebelles du mouvement SELEKA qui comptait les renverser.

    * 223 Nous pensons ici notamment à l'opération OBANGAME 2013, un exercice opérationnel conjoint de simulation/riposte d'attaques aux larges des eaux du golfe de Guinée qui s'est tenu au Cameroun durant la dernière semaine de Février 2013.

    * 224 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit., p.11

    * 225 Cette perception est corroborée par l'enlèvement par un groupe se revendiquant de la secte islamiste et terroriste BOKO HARAM de sept touristes français le 19 Février 2013 dans la localité de DABANGA, dans la région de l'Extrême-Nord. Selon les informations fournies par les autorités camerounaises et relayées par les médias officiels, cette bande de ravisseurs s'est ensuite introduite au Nigéria en franchissant la frontière commune aux deux Etats au grand désarroi du dispositif sécuritaire camerounais déployé à cet effet.

    * 226 Comme en témoigne la prise en otage du sous-préfet de Bakassi en février 2011 qui a été revendiquée par l'African Marine Commando (AMC). Cette autorité aurait été libérée après versement d'une rançon. Peu de temps auparavant, un autre sous-préfet enlevé avait été exécuté par ses ravisseurs. Voir International Crisis Group, Le Golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.17

    * 227 Considéré comme une armée dans une armée, le BIR bénéficie d'un traitement spécial, avec des avantages et primes qui sont conférés à ses éléments et dont ne bénéficient pas toujours les soldats ordinaires, ce qui suscite jalousies et tensions au sein de l'armée. Voir International Crisis Group, Cameroun : les dangers d'un régime en pleine fracture. , Rapport Afrique N°161, 24 juin 2010, p.9

    * 228 Pour Philippe MOREAU DEFARGES, une alliance est une composante essentielle des relations internationales « classiques », donc du jeu géopolitique. Dans le cas d'espèce, l'alliance entre Abuja et Yaoundé devrait se créer autour d'un ennemi commun, le phénomène de la criminalité transfrontalière qui constitue une menace sérieuse pour leur stabilité et leur sécurité communes. Voir Philippe MOREAU DEFARGES, Dictionnaire de géopolitique, Paris, Armand Colin, p. 9.

    * 229 AWOUMOU Côme Damien Georges, op.cit.

    * 230 Contrairement à ce que pense AWOUMOU Côme Damien Georges, un axe Abuja-Yaoundé-Luanda nous semble impertinent et inapproprié pour cause du faible engagement de l'Angola au sein de la CEEAC, plus attiré par les avantages économiques que lui procure son appartenance à la SADC. Et pourtant, la CEEAC est la CER la plus viable en Afrique centrale et la plus engagée dans la lutte contre la criminalité et l'insécurité maritimes dans le golfe de Guinée.

    * 231 Historiquement le Nigéria et le Cameroun occidental, d'avant la réunification du 1er Octobre 1961 avec la République du Cameroun, ont été administrés par la même puissance coloniale, l'Angleterre. Raison pour laquelle les deux pays ont en partage l'anglais comme langue officielle.

    * 232 Géographiquement, ces deux pays partagent environ 1690 Km de limites frontalières mettant en contact des populations de part et d'autre. Ces populations entretiennent des liens culturels et historiques de vassalité surtout dans la partie Nord des deux pays.

    * 233 Joseph Vincent NTUDA EBODE, « La nouvelle posture géopolitique du Cameroun et la lutte contre la piraterie dans le Golfe de Guinée », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction), Piraterie et Terrorisme : de nouveaux défis sécuritaires en Afrique centrale, op.cit., p.56

    * 234 Ce conflit a pris un terme après la signature le 12 juin 2006 des accords de Greentree définissant le processus de rétrocession de Bakassi au Cameroun, conformément à l'arrêt de la Cour Internationale de Justice (CIJ) du 10 Octobre 2002. Le 14 Aout 2008, le transfert effectif d'autorité sur la péninsule de Bakassi à la partie camerounaise s'est déroulé à Calabar, en République du Nigéria. Pour un historique assez exhaustif sur le déclenchement, le déroulement et le dénouement de ce conflit, voir Cameroon Tribune, édition spéciale BAKASSI, N° 9161/5360, 14 Aout 2008.

    * 235 En effet, les eaux territoriales de la zone D du golfe de Guinée à laquelle appartient le Cameroun et celles voisines du Nigéria sont les plus en proie aux attaques des pirates en mer. Par ailleurs, avec la montée de l'islamisme fondamentaliste et la radicalisation insurrectionnelle de la secte islamiste et terroriste BOKO HARAM dans le Nord du Nigéria, ces deux pays partagent la même inquiétude sécuritaire quant aux conséquences des actes susceptibles d'être menés de part et d'autre des frontières par les membres de ce groupe.

    * 236 A ce niveau, les confins transfrontaliers RCA-Tchad-Cameroun sont considérés comme le « triangle de la mort ». Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », op.cit.,

    * 237 C'est le cas du Nigéria au sein de la CEDEAO où il est soupçonné par les pays d'expression francophone d'impérialisme militaro-économique régional.

    * 238 C'est le cas du Cameroun dans la CEMAC qui, malgré les velléités offensives de la Guinée-Equatoriale, demeure encore la plaque tournante de la sous-région.

    * 239 Il est clair que la CEMAC, regroupement de 6 Etats faiblement peuplés et économiquement non viables, ne saurait équivaloir la CEDEAO, organisation d'une quinzaine d'Etats fortement peuplés et aux économies croissantes.

    * 240 C'est une opération lancée le 28 septembre 2011 conjointement par le Nigéria et le Bénin et qui vise à prévenir les attaques de pirates au large de leurs eaux territoriales.

    * 241 Comme le souligne le Professeur Joseph Vincent NTUDA EBODE, « la lutte contre la criminalité organisée est un objectif de défense et de politique extérieure. (...) Il devient indispensable d'avoir une approche globale de la lutte contre cette forme de criminalité, en renforçant la coopération internationale... ». Voir Joseph Vincent NTUDA EBODE, « L'insécurité transfrontalière dans la zone RCA-Tchad-Cameroun et l'initiative tripartite », in Joseph Vincent NTUDA EBODE (sous la direction de), op.cit., p.155

    * 242 Comme en témoigne l'enlèvement de sept ressortissants français dans la zone frontalière Cameroun-Nigéria par un groupe se revendiquant de la secte islamiste et terroriste BOKO HARAM le 19 Février 2013. Ou encore la prise d'otages de 3 membres d'un équipage russe à BAKASSI le week-end du 24 Février 2013.

    * 243 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit., p.33

    * 244 En effet, la communauté internationale ne devrait pas se limiter à une solution sécuritaire exclusive du problème de la criminalité transfrontalière dans le golfe de Guinée. Elle devrait élargir la gamme de solutions aux aspects liés à la gouvernance économique, le développement, l'application de la loi, en impliquant tous les ministères et organismes concernés. Idem.

    * 245 Cette présence des puissances étrangères participe de la guerre économique pour les ressources naturelles à laquelle elles se livrent dans le golfe de Guinée. Ce qui donne lieu à un grand jeu à quatre (Etats riverains, France, Etats-Unis et Chine) ou les pays du golfe de Guinée jouent essentiellement sur la concurrence sino-occidentale pour l'accès aux ressources, afin de renforcer leur pouvoir de négociation.

    * 246Les Etats et les donateurs doivent identifier ensemble les besoins en matière de renforcement des capacités et répartir les taches en fonction de la volonté et des domaines d'expertise des bailleurs.

    * 247 L'opération OBANGAME qui s'est déroulée en Mars 2011 a permis la formation sur les techniques de communication maritimes des personnels du Cameroun, du Gabon, du Nigéria et de Sao-Tomé et Principe. La Guinée-Equatoriale n'a pas été invitée à y participer par les Etats-Unis à cause des allégations sur ses violations des droits de l'Homme.

    * 248 International Crisis Group, Mettre en oeuvre l'architecture de paix et de sécurité : l'Afrique centrale (I), op.cit., p.21

    * 249 Interpol, à travers sa Maritime Piracy Task Force qui travaille déjà à la collecte de preuves, à l'échange de données et au renforcement des capacités afin de traduire les pirates somaliens devant les tribunaux, devrait étendre ses opérations dans le golfe de Guinée.

    * 250 Elle rendrait en effet les efforts de la communauté internationale complémentaires en direction des Etats membres, pour éviter les doubles emplois et les offres concurrentes de matériel et de formation.

    * 251 International Crisis Group, Le golfe de Guinée : la nouvelle zone à haut risque, op.cit. 46 p.

    * 252 Les stratégies solitaires d'Etats, organisations sous régionales et régionales du golfe de Guinée.

    * 253 Les initiatives des puissances étrangères visant à sécuriser leurs intérêts vitaux dans le golfe de Guinée.






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