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Analyse de la performance du programme de transition fiscale ( PTF )) au Togo

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par Ayétout AKPAKI
Ecole nationale d'administration du Togo - Inspecteur des impôts, macroéconomiste 2012
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

Chaque être humain aspire au bien-être : disposer d'un logement, bénéficier d'une éducation et avoir un emploi décent par exemple. Pour Abraham MASLOW, le bien-être est la satisfaction de cinq catégories de besoins hiérarchisés. Les besoins physiologiques qui se résument au manger, boire et se vêtir, les besoins de sécurité physique ou morale, les besoins d'appartenance à la famille ou à la collectivité, les besoins d'estime et les besoins d'accomplissement qui correspondent au besoin d'épanouissement de la personnalité. Mais, pour les économistes classiques, le terme «bien-être» est étroitement associé à l'expression «économie du bien-être» qui désigne, la recherche des moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à des situations considérées comme les meilleures possibles pour et par la collectivité.

Le lien entre bien-être et développement n'est plus à démontrer. Déjà, en 1776, Adam SMITH ne se contentait pas d'étudier ou de décrire les causes de la richesse des nations, mais, il apportait aussi les preuves que le bien être individuel de chaque membre de la communauté crée une aisance générale.1(*) Plus tard, ce fut le tour de l'économiste anglais Cécil PIGOU de témoigner que la psychologie des hommes et les relations d'ordre marchand qu'ils entretiennent concourent au bien-être général.2(*)

De nos jours, pour la communauté internationale organisée, le bien-être national est synonyme de développement et donc de croissance élevée et soutenue. Ainsi, CHAMBAS pourra dire : «Parmi les causes de la faible croissance des Etats Africains, figurent les carences des pays à offrir des biens publics indispensables au développement».3(*) Ces carences ont pour conséquences de faibles niveaux d'éducation et de santé, des infrastructures collectives insuffisantes. Au Togo par exemple, les statistiques sont alarmants : en 2006, 61.7? de la population vivaient sous le seuil de pauvreté, 74.6? des enfants étaient scolarisés, 478 décès maternels étaient enregistrés sur 100 000 accouchements et 57.1? seulement de la population avaient accès à l'eau potable. Dans la perspective de l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement, ces indicateurs devront d'ici 2015 être ramenés à 30.9? pour les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, 100? pour le taux de scolarisation nets des enfants, 143 décès maximum lors des accouchements et 75? de la population devraient avoir accès à l'eau potable. Ces objectifs, quoiqu' insuffisants nécessiteraient 985 milliards de CFA sur trois ans (2009-2011)4(*). Aussi, la mobilisation des ressources publiques, principal mode de financement des dépenses publiques, constitue-t'-elle un enjeu crucial. Quelles sont donc les moyens dont disposent les gouvernements pour financer les dépenses publiques ?

On distingue principalement deux sources de financement des dépenses de l'Etat. D'une part, les financements intérieurs que constituent les ressources non fiscales (concours du Trésor, revenus des exploitations de l'Etat...) et celles fiscales (impôts, taxes et droits), d'autre part, les financements extérieurs composés essentiellement des dons et de l'aide publique au développement.

Malgré un sous-sol riche en ressources minières, les particularités des économies des Etats de l'Afrique de l'ouest caractérisées d'une part par une quasi indisponibilité de moyens d'exploitation des matières premières et d'autre part, l'instabilité et la fragilité politique de ces Etats à conclure des accords équitables profitables pour leurs économies crée un sérieux obstacle à une mobilisation efficace des ressources provenant des exploitations.

En outre, la tendance économique universelle dans un contexte de mondialisation semble modifier le rôle des gouvernements. Dorénavant, l'intervention gouvernementale se limite à favoriser l'émergence des conditions optimales au développement des acteurs économiques. Par ailleurs, cette intervention se concentre sur des enjeux où les intérêts de la société en général divergent ou ne coïncident pas avec ceux du secteur privé. Les pertes de ressources pour les Etats vont du faible effort fiscal des populations à l'évasion et à la fraude.

Enfin, l'inexistence d'un marché intérieur fort, capable de soutenir une production locale compétitive déjà rudimentaire et exposée aux aléas du commerce internationale et de l'environnement entretient une dépendance accrue des économies locales vis-à-vis de l'extérieur.5(*) Les frontières des Etats étant poreuses, il en résulte un manque de contrôle de l'activité économique tendant à rendre l'économie locale volatile créant ainsi un manque à gagner de ressources douanières.

Face à tout ce qui précède, l'aide publique au développement devient la seule alternative de financement des dépenses publiques.6(*) Mais, de nos jours, l'économie mondiale est soumise à de fortes perturbations marquées par des crises répétitives forçant ainsi les pays développés à un retour à l'équilibre budgétaire. Ce qui entraine une aide de plus en plus rare et de plus en plus conditionnée dans un contexte marqué par un accroissement soumis au temps, des besoins en financement des économies locales. Dans ces conditions, Comment mettre en place un mécanisme fort assurant une autonomie des économies locales ? Voilà la question qui se pose aux gouvernants des pays francophones de la zone franc d'Afrique de l'ouest.

Pour répondre à cette préoccupation, la mission a été assignée à l'UEMOA de favoriser l'intégration économique sous-régionale en vue de créer un marché commun.7(*) Dans ce cadre, divers projets ont été mis en oeuvre par l'institution sous-régionale : Il s'agit de la liberté de circulation des personnes et des biens et de l'accord instituant un Tarif Extérieur Commun (TEC) entré en vigueur depuis janvier 2000. Mais, ces politiques commerciales communes entrainent une baisse croissante des recettes de la fiscalité de porte.8(*) Dans ce cadre, Comment mobiliser efficacement les ressources publiques sur le long terme ?

C'est le Conseil des Ministres de l'UEMOA qui, par la décision N°10/2006/CM/UEMOA du 23 mars 2006, a adopté le «Programme de Transition Fiscale» (PTF). Selon un rapport du Département de la Politique Economique et de la Fiscalité Intérieure (DPEFI) de l'UEMOA, la transition fiscale est le changement de la structure des recettes de l'Etat. En d'autres termes, il s'agit du passage d'une recette de l'Etat dominé par les recettes publiques provenant du commerce extérieur (fiscalité de porte) par les recettes publiques tirées de l'activité à l'intérieure de l'Etat (fiscalité intérieure). Elle a pour objectif de soutenir la croissance par un allègement des prélèvements fiscaux sur le capital et le travail et de promouvoir le financement du développement sur ressources propres. En tant que programme, le PTF est un ensemble d'actions mis en oeuvre sur une période de sept (7) ans pour atteindre quatre objectifs.9(*) Il s'agit de : la consolidation du marché commun ; le soutien à la croissance et au financement du développement ; la mobilisation optimale des ressources fiscales et douanières ; le renforcement des capacités et de la synergie entre administrations fiscales et douanières.10(*)

La décision précitée charge la commission de l'UEMOA d'élaborer les actes et instruments nécessaires à la mise en oeuvre du programme. Elle invite également les Etats membres de l'Union à prendre des mesures internes nécessaires à sa réalisation. A cet effet, la Commission de l'UEMOA a mis en place un plan d'actions qui est en cours de déclinaison au niveau des Etats. Au nombre de ces actions, on peut citer des directives, des structures de pilotages, et des indicateurs de suivi.

En conformité avec la décision du Conseil des Ministres de l'UEMOA (décision N°10/2006/CM/UEMOA), l'Etat togolais exécute présentement son programme de transition fiscale. A l'échéance 2013, il est envisagé une convergence des indicateurs vers trois (3) normes spécifiques. D'une part, le ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur doit être supérieur ou égal à 1,5 ; d'autre part, le ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales doit être supérieur à 55? ; enfin, le ratio recettes fiscales totales rapportées au Produit Intérieur Brut (PIB) nominal doit être d'au moins 17?. A l'instar des politiques d'intégration régionale en exécution, des politiques d'ouverture commerciale pilotée par l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), ainsi que l'incidence des accords futurs (Accord de Partenariat Economique avec l'Union Européenne), il est envisagé à terme la disparition en moyenne d'environ 30? des recettes budgétaires des pays africains.11(*) Or, sur le plan national, le gouvernement togolais s'est également engagé dans la réalisation notamment des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des grands projets de développement.12(*) Aussi, selon plusieurs auteurs, de profondes réformes fiscales s'imposeraient aux Etats africains tout au long des décennies à venir13(*).

Au regard de tout ceci, il s'avère indispensable de s'interroger sur les performances du Togo dans le cadre du programme de transition fiscale actuellement en cours. En d'autres termes, quelles sont les évolutions des indicateurs susmentionnés sur la période 2007-2011 ? Quels sont leurs différents niveau a fin 2011 ? Quels sont les efforts restants à fournir pour atteindre les objectifs susmentionnés à l'horizon 2013 ?

L'intérêt de ce travail est double. D'abord, il permet sur le plan général de constater les avancées dans la mise en oeuvre du PTF au Togo mais aussi de relever les éventuels manquements en vue de proposer des solutions adéquates pouvant contribuer à la réussite de ce projet. Sur le plan personnel, ce travail nous permet de rentrer en plein dans ce que sera la fiscalité de demain. Pour ce faire, il convient globalement d'assigner à cette oeuvre, un objectif de renseignement et d'évaluation de projet de développement. Ainsi donc, dans une première partie, nous allons exposer le cadre conceptuelle du programme de transition fiscale ; l'analyse portant sur l'exécution du programme constituera la seconde partie.

PREMIERE PARTIE : PHASE CONCEPTUELLE

Un programme est un ensemble d'actions, d'opérations que l'on prévoit de faire selon un ordre et des modalités déterminées. En terme économique, le programme est défini comme un ensemble de mesures et d'actions de politique économique destinées à atteindre un objectif. En tant que tel, le programme de transition fiscale est un planning de mesures devant être mise en application. Il comprend donc deux grandes phases, une de conception et l'autre d'exécution. Il convient dans une démarche d'analyse pertinente de distinguer ces deux grandes phases du PTF. Ainsi, dans la partie conceptuelle, il sera d'abord important de donner une définition complète de la transition fiscale (chapitre I) avant de détailler l'approche méthodologique (chapitre II).

Chapitre I : Qu'est-ce que la transition fiscale ?

Selon le dictionnaire Le Robert, la transition est «le passage graduel d'un état, d'un ordre à un autre». S'il est généralement admis que la transition est la phase intermédiaire de transformation, le procédé de transformation est diversement conduit selon les objectifs définis. Ainsi, la transition fiscale est définie comme le changement dans la structure des recettes fiscales de l'Etat. Elle est engagée dans l'UEMOA par la décision N°10/2006/CM/UEMOA du 23 mars 2006 portant adoption du Programme de Transition Fiscale (PTF) au sein de l'UEMOA.

Le PTF vise à faire passer les recettes fiscales des Etats de l'UEMOA dominées par les taxes douanières aux recettes fiscales dominées par les impôts et taxes intérieures. En d'autres termes, il s'agit du transfert progressif de la pression fiscale, de la fiscalité de porte vers la fiscalité intérieure.

La pertinence de ce changement s'est d'une part imposée par l'avènement de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dont l'objectif est la réduction (désarmement tarifaire) des taxes et droits de douanes sur le commerce international.14(*) D'autre part, le PTF est initié pour compenser les pertes de recettes fiscales dues à la mise en oeuvre du Tarif Extérieur Commun (TEC) de l'UEMOA. Dans un monde globalisé ou les frontières ne constituent plus des barrières fiables dans la mise en oeuvre des politiques économiques antilibérales, la compensation des recettes de porte par une fiscalité intérieure forte devient un impératif. Voilà le défi que les pays de l'UEMOA sont contraints de relever jusqu'à fin 2013.15(*) Pour ce faire, la finalité du programme initié est de réduire les risques pesant sur les recettes des Etats membres de l'UEMOA du fait d'une part, du désarmement tarifaire dans le cadre des accords commerciaux (APE, cycle de Doha, intégration des marchés) et d'autre part des chocs exogènes (crises économiques et financières) pouvant impacter négativement les quantités et les prix liés au commerce international.

Sur le plan du management de l'action publique orienté par la bonne gouvernance, la transition fiscale est une mesure relativement récente dans le champ des stratégies de développement. Si la transition fiscale vise à modifier la structure des recettes fiscales de l'Etat, il a principalement pour but d'élargir l'assiette fiscale par la promotion d'une fiscalité de développement. En effet, la décision précitée met en exergue la nécessité pour les Etats de consolider le marché commun par la convergence vers une harmonisation fiscale et le soutien à la croissance par un allègement des prélèvements fiscaux sur le capital et le travail afin de promouvoir le développement sur ressources propres.

La nécessité d'une transition fiscale des économies de l'UEMOA est le résultat de faits antérieurs qu'il faudra pour une meilleure connaissance du sujet, exposer dans une section (section 1).

En tant que programme, la transition fiscale vise des domaines précis, et recèle d'objectifs spécifiques sur lesquels des éclaircissements seront apportés (section 2).

Section 1 : Genèse de la transition fiscale

La décennie 80 et le début des années 90 ont été marqués par une croissance économique faible, voire négative dans la plupart des pays africains de la zone franc.16(*) Les grands équilibres macro-économiques et particulièrement budgétaires ont été rompus et ce, malgré les multiples efforts consentis par les Etats et leurs populations respectives. Cette situation a généré des crises sociales qui se sont vite transformées en revendications politiques (paragraphe I). Mais, l'échec des solutions politiques appliquées çà et là a amené les gouvernants à repenser le problème pour aboutir à des origines économiques et spécifiquement fiscales (paragraphe II).

Paragraphe I : Les origines politiques du programme de transition fiscale

La détérioration des termes de l'échange au début des années 90 a impacté fortement les budgets des Etats africains, principaux exportateurs de matières premières agricoles et minières. Dès lors, les subventions affectées par les Etats sur les produits de première nécessité importés ont diminué. Cette situation a engendré un relèvement du coût de la vie créant un malaise général de bien-être. Ainsi a-t'-on assisté à une prolifération des revendications sociales de toutes sortes dans les pays francophones d'Afrique. En quelques mois, les mouvements sociaux ont pris une allure de contestations politiques et de réclamations démocratiques dans presque tous les pays. La stabilité politique a été menacée par les diverses « Conférence Nationales » et certains gouvernements ont chuté. Dans ce contexte on a assisté d'une part à l'émergence d'une classe politique nouvelle avec des orientations nouvelles et d'autre part à un repli de certains dirigeants aux injonctions de la communauté internationale (A). Mais, face à l'inefficacité des solutions internes pour mettre en place de manière définitive des stratégies de relance économique, les pays de la zone franc ont opté pour une union des forces (B).

A. Une volonté d'indépendance vis-à-vis de l'ex colonisateur ou une exigence de la Communauté internationale

Les différentes conférences nationales ont privilégié une solution politique et d'ouverture démocratique au règlement du problème de la baisse du pouvoir d'achat. Certes, dans plusieurs pays francophones d'Afrique, des problèmes politiques étaient latents avant les crises. Mais, l'évènement déclencheur est une conjoncture économique entretenue par un repli sur la demande de matières premières. Par ailleurs, plusieurs écrits sous-tendent cette version en se basant sur l'effet de prolifération quasi simultané dans presque tous les pays francophones d'Afrique, des revendications.17(*) Ainsi, des réformes constitutionnelles ont été engagées dans plusieurs Etats, favorisant une ouverture politique et l'entrée au gouvernement de nouvelles personnalités politiques.

Dès lors, le constat de la dépendance économique des Etats africains vis-à-vis des ex colonisateurs a suscité de nouvelles politiques.

La majorité des gouvernements ont prôné la rupture avec l'extérieur en essayant de mettre en place les bases de politiques de développement durable. Mais, la compétitivité ne pouvait plus être restaurée sans passer par un ajustement externe, d'où la décision de réarrangement de la parité du franc CFA prise le 11 janvier 1994 à Dakar. La prise tardive des mesures d'accompagnement efficaces de la dévaluation a entrainé des inflations un peu partout. Ainsi, on enregistre des taux d'inflation record de 34? en Côte d'ivoire et 50? au Togo en 1994.18(*)

L'enlisement des pays de la zone franc d'Afrique dans des performances économiques désastreuses a amené les gouvernements par crainte de nouveaux soulèvements sociaux à accepter l'intervention des institutions de Bretton Woods.19(*). C'est le début des programmes d'ajustement structurel.

Instruments du FMI, les Facilités d'Ajustement Structurel (FAS) ou Facilités d'Ajustement Structurel Renforcé (FASR) ont été créées en 1987 pour renforcer les financements des économies en développement sur une période de trois ans après un rigoureux Programme d'Ajustement Structurel (PAS).20(*) Le FAS comporte des prêts d'un montant plus élevé mais met l'accent sur des conditionnalités très difficiles voire impossible pour les pays pauvres. Il s'agit par exemple de la croissance obligatoire, l'engagement dans la lutte contre la pauvreté et les réformes structurelles profondes. Ainsi, on a assisté dans les pays francophones d'Afrique à une réduction des dépenses publiques d'investissement pour apurer les arriérés de dette intérieure, à une privatisation en cascade des entreprises d'Etat voir des terres et à des compressions du personnel de la fonction publique. Les conséquences ont été catastrophiques pour les Etats. Surtout sur le plan social, le pouvoir d'achat des populations s'est considérablement effrité.

Les diverses expériences passées ont poussé les dirigeants à croire qu'ils pourraient mettre les atouts de leurs pays ensemble pour créer un espace économique commun à l'instar de leur Union Monétaire afin de mettre en oeuvre leur propre politique macro-économique, budgétaire et financière.

B. La nécessité d'un espace économique fort

L'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) fut créée le 10 janvier 1994 par les pays francophones d'Afrique de l'Ouest.21(*) Conçu comme un complément au Traité de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), le Traité de l'UEMOA s'appuie sur la communauté de monnaie existante pour établir une union économique opérationnelle ayant pour finalité l'émergence dans la zone, d'un espace intégré au triple plan juridique, économique et financier au sein duquel seront assurés une totale liberté de circulation des personnes, des biens, des services et des facteurs de production, ainsi que le droit de résidence et le droit d'établissement.

Plus spécifiquement et de manière additionnelle aux objectifs définis, notamment en matière monétaire dans le Traité de l'UMOA, le Traité de l'UEMOA poursuit essentiellement cinq objectifs qui sont :

- le renforcement de la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel et d'un environnement juridique rationalisé et harmonisé ;

- la convergence des performances et des politiques économiques des Etats membres par l'institution d'un dispositif de surveillance multilatérale ;

- la création entre les Etats membres, d'un marché commun basé sur la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux et le droit d'établissement, ainsi que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune ;

- l'institution d'une coordination des politiques sectorielles nationales, par la mise en oeuvre d'actions communes et de politiques communes ;

- l'harmonisation des législations des Etats membres, et particulièrement du régime de la fiscalité, en appui au bon fonctionnement du marché commun.22(*)

Il est particulièrement intéressant de souligner que dans le préambule du Traité instituant l'UEMOA, les Chefs d'Etats signataires ont affirmé «leur détermination à se conformer aux principes d'une économie de marché ouverte, concurrentielle et favorisant l'allocation optimale des ressources». Ce choix repose sur la prise de conscience qu'une intégration par le repli sur soi, n'est plus admise dans une tendance à la mondialisation.

En effet, l'examen des expériences passées en matière d'intégration économique africaine a montré que celles-ci étaient fortement influencées par les stratégies de développement par substitution aux importations. L'intégration régionale était alors perçue comme l'un des meilleurs palliatifs à l'étroitesse des marchés.

Il s'agissait dans ce cas de transposer l'autosuffisance nationale à l'autosuffisance collective au niveau régionale. Les marchés régionaux ainsi élargis devaient permettre l'autosuffisance collective de grands espaces géographiques et assurer des économies d'échelle qui auraient permis une phase d'apprentissage avant l'exposition à la concurrence à une échelle mondiale.

Ainsi, en raison de la faible taille des marchés des Etats africains, ce procédé d'intégration était perçu comme l'une des solutions de premier choix aux problèmes de croissance et de développement.

Mais, l'échec des stratégies de développement reposant sur l'autosuffisance et le repli sur soi constaté auparavant dans plusieurs intégrations d'une part, et les divers rapports positifs des accords conclus sous l'égide de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) d'autre part, montrent que les bénéfices de l'intégration des pays de l'UEMOA seraient maximisés si la politique commerciale retenue avait pour orientation l'ouverture sur les marchés internationaux.

La stratégie de développement sur laquelle reposent les objectifs de l'UEMOA consiste donc en une volonté explicite de réussir l'insertion des économies de l'Union dans l'économie mondiale sur la base des critères d'ouverture, de compétitivité et de flexibilité. Il s'agit dans l'ensemble, d'appliquer des politiques commerciales annulant ou tout au moins, minimisant les distorsions entre les marchés mondiaux et les économies nationales.

C'est dans ce contexte que l'Union douanière a été mise en place en l'an 2000.23(*)

Paragraphe II : Les origines fiscales

La fiscalité d'un Etat se distingue en deux composantes essentielles, la fiscalité de porte et la fiscalité intérieure. La fiscalité de porte consiste en la perception des taxes aux frontières par l'administration des douanes sur la base du Code des douanes tandis que la fiscalité intérieure s'appuie sur le Code Général des Impôts (CGI) et documents accessoires, pour prélever les impôts et taxes sur l'activité intérieure.

S'il est efficacement prouvé que la fiscalité de porte à une incidence sur la fiscalité intérieure, l'inverse n'est pas de règle. En d'autres termes, une augmentation des recettes de porte entraîne généralement une augmentation des recettes intérieures mais, le contraire n'est pas vérifié, surtout, avec la taxation des exportations à un taux nul. Cette indépendance de la fiscalité de porte de celle de la fiscalité intérieure, confère aux impôts et taxes intérieurs, la qualité d'outil par excellence de la politique fiscale dans un monde de plus en plus globalisé.

Ainsi, dans un contexte communautaire de diminution des droits de douanes, le manque à gagner de recettes douanières peut être compensé par la mise en place d'une politique fiscale efficace (A).

Par ailleurs, la mise en oeuvre de politique de développement local nécessite une mobilisation de ressources importantes qui tiennent compte en premier de la contribution de la communauté bénéficiaire (B).

A. Une transition comme solution aux conséquences de l'Union douanière

La mise en place de l'Union douanière depuis l'an 2000 a eu pour conséquence une libéralisation des échanges intracommunautaires. Cette libéralisation entretenue par une rationalisation et une baisse des taux nominaux des droits de porte a entraîné une diminution des recettes fiscales de porte dans l'ensemble des pays de l'Union. C'est dans ce contexte de décrue au niveau de la fiscalité de porte qu'en décembre 2005, la Commission de l'UEMOA, la BCEAO et la BOAD ont organisé à Bamako, un séminaire sur la fiscalité de développement.24(*)

Le projet de la Commission vise à renforcer les mécanismes de l'Union douanière tout en maintenant l'effort fiscal. L'harmonisation des fiscalités intérieures devrait favoriser le transfert progressif du poids des droits de la fiscalité de porte vers la fiscalité intérieure. Cette transition c'est-à-dire le passage d'une structure de l'assiette et des revenus fiscaux à prépondérance douanière à une structure de l'assiette et des revenus fiscaux à prépondérance fiscale, suppose une meilleure articulation au plan des règlementations, des procédures et de l'organisation.

B. La nécessité d'une efficiente mobilisation des recettes fiscales pour financer le développement économique et social

En septembre 2000, 191 pays membres de l'Organisation des Nations Unies se sont engagés à relever le défi de développement social en s'accordant sur la réalisation d'un certain nombre d'objectifs visant à promouvoir le bien-être de leur population respective. Au nombre de ceux-ci, on pourrait citer : l'élimination de l'extrême pauvreté,  la garantie d'une éducation primaire pour tous, la réduction de la mortalité infantile et maternelle, la lutte contre le VIH-SIDA et autres maladies et la garantie d'un environnement durable. Ces différents objectifs sont déclinés en plusieurs cibles pour permettre aux dirigeants de cerner tous les contours qu'ils devraient contenir. Un horizon limité en 2015 est fixé pour les atteindre.

La réalisation des OMD n'est pas le seul défi qui s'oppose aux pays membres de l'UEMOA. D'autres difficultés majeures telles, la réalisation des grands chantiers de développement, l'instauration d'un climat d'affaires favorisant des investissements ainsi que l'intégration économique sont communes et fondamentales à relever. Somme toute, ces grands projets visent à assurer aux pays une croissance forte et durable qui devrait favoriser le bien-être des populations.

L'importance et l'urgence des besoins ne sont plus à démontrer. Mais, face à l'ampleur des difficultés, les pays s'opposent à un manque de financement. Les experts du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) estiment que le financement des OMD seul nécessiterait 0.7? du revenu national brut des donateurs et 7? de croissance continue et soutenue sur une période de 5 ans au moins dans les pays en développement.25(*)

En effet, les gouvernants disposent de plusieurs sources pour financer les projets de développement économique et social. Ces sources de financement sont généralement de deux ordres : les sources fiscales et les sources non fiscales.

Les sources non fiscales comprennent essentiellement les fonds de pensions des caisses sociales, les bons et autres emprunts obligataires, les contributions des entreprises d'Etats et autres droits concédés ainsi que l'endettement et les dons.

Mais, la faiblesse des économies des pays de la zone franc d'Afrique de l'Ouest ne leur permet pas d'user efficacement des instruments de mobilisation interne tels que les bons de trésors. D'autres facteurs aussi, tels le manque de moyens d'exploitation des ressources nationales ainsi que l'instabilité politique ne créent pas des conditions favorables à l'investissement. Dès lors, l'endettement est devenu un moyen essentiel de financement des économies de la zone franc.

Ainsi, avec la détérioration des termes de l'échange dans les années 90, les pays de la zone franc se sont enchaînés dans un processus d'endettement pour financer leur économie. Mais, la mise en oeuvre des OMD coïncide avec l'entrée en récession des pays donateurs. Selon un rapport d'évaluation de l'ONU, «les engagements pris pour la réalisation des OMD risquent de diminuer» puisqu'ils sont en pourcentage du revenu national.26(*) Or, pour beaucoup de pays en développement, une baisse des niveaux de l'aide publique au développement ne serait pas seulement un frein au progrès ; elle risquerait d'effondrer les exportations de matières et de fragiliser les productions locales par les importations de masse.

Pour remédier à cette situation, en 2002, le sommet de Monterrey préconise de nouvelles sources de financement à prédominance fiscale. Les financements innovants de développement correspondent à quatre grandes familles de mécanismes dont le principal est «la taxe assise sur les activités mondialisées peu ou pas imposées» (taxes sur les billets d'avion ou contributions sur les transactions financières). Mais, cette solution se révèle inadaptée aux pays de la zone franc dont la part dans le commerce international est très faible.

C'est alors qu'en 2004, lors de la réunion à Brazzaville les Ministres de la zone franc ont reconnu la nécessité d'une plus grande et efficace mobilisation des recettes publiques au service de la croissance. Par la suite, en 2005, un séminaire sur la fiscalité de développement sera consacré à l'identification des mesures pour une réorientation du poids du prélèvement fiscal de la fiscalité de porte vers la fiscalité sur les activités intérieures et l'élaboration d'un programme de transition fiscale.

Section 2 : Généralités sur le Programme de Transition Fiscale (PTF)

La mise en oeuvre du PTF permet à l'Union d'expérimenter une fiscalité nouvelle, mieux recentrée sur les objectifs de développement communautaire. Dans cette perspective et dans le contexte actuel d'intégration économique, les réformes fiscales visent à terme à «harmoniser dans la mesure du nécessaire au bon fonctionnement du marché commun, les législations des Etats membres et particulièrement le régime de fiscalité» afin d'assurer une croissance continue et soutenue.27(*)

La première phase de ce vaste projet communautaire s'est concrétisée en 2000 avec la libéralisation des échanges intracommunautaires et l'adoption d'un tarif extérieur commun.28(*) La seconde phase qui aboutira à l'harmonisation fiscale proprement dite a débuté depuis 1998, avec le programme d'harmonisation de la fiscalité indirecte des Etats membres de l'UEMOA, et s'est poursuivie en 2001 avec l'harmonisation de la taxation des produits pétroliers et l'harmonisation de l'acompte sur impôt assis sur les bénéfices au sein de l'UEMOA avant de continuer en 2006 avec le programme d'harmonisation de la fiscalité directe.29(*) Ces différents projets favorisent l'éclosion d'activités économiques financières compétitives dans le cadre d'un marché ouvert et concurrentiel.

La mise en place de l'Union douanière s'étant traduite par une rationalisation et une baisse des taux nominaux des droits de porte, cette baisse devrait s'accentuer du fait de l'incidence des accords commerciaux en cours de négociation et à venir.

Par ailleurs, la mise en oeuvre par les Etats des stratégies de lutte contre la pauvreté qui induisent des charges récurrentes importantes confère à la fiscalité intérieure dans un contexte difficile de mobilisation de ressource, un rôle prépondérant dans le financement du développement et des politiques sociales.

Sur la base de tout ce qui précède, des résultats spécifiques sont définis dans la mise en oeuvre du PTF (paragraphe II) Pour atteindre ces résultats, le PTF vise plusieurs domaines d'intervention (paragraphe I).

Paragraphe I : Domaines visés par le PTF

Pour la mise en oeuvre du PTF, quatre domaines principaux sont visés. Chaque domaine comprend un ensemble d'actions dont la mise oeuvre permettra d'atteindre des résultats spécifiques. Pour une meilleure présentation de ce travail, nous distinguerons d'une part les domaines visant l'optimisation économique directe (A) et les domaines visant l'optimisation des administrations fiscales et douanières (B).

A. Domaines visant l'optimisation économique directe

Les domaines visant l'optimisation économique directe concernent la consolidation du marché du marché commun (1) et le soutien à la croissance et au financement du développement (2).

1- Consolidation du marché commun

Le PTF doit à terme, faciliter l'approfondissement du marché commun. Cet approfondissement consistera en la suppression des entraves à la libre circulation des personnes et des biens et au renforcement des instruments de libéralisation des échanges intracommunautaires.

Au plan intérieur, il s'agit de mettre en place une fiscalité de droit commun mieux articulée à la fiscalité douanière, simple, cohérente et incitative. Elle doit avoir pour but, la promotion de la compétitivité et la croissance économique tout en permettant une plus grande mobilisation des recettes fiscales et une bonne allocation des ressources.

La mise en oeuvre du PTF permet enfin d'entamer le processus d'harmonisation des fiscalités directes intérieures, en appui à l'approche de l'Union en matière de libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux ainsi que le droit d'établissement.30(*)

Pour la réalisation de ces objectifs, les mesures ci-après sont nécessaires.

a- Libéralisation des échanges intracommunautaires

Plusieurs actions sont envisagées dans ce cadre :

Il s'agit de la mise en oeuvre sans délai de mesures internes en vue de finaliser l'application des dispositions communautaires, particulièrement dans le domaine de la libéralisation des échanges intracommunautaires. Ces mesures sont retracées par l'Acte Additionnel N°04/96 du 10 mai 1996. Leurs appropriations et applications par les Etats membres devraient permettre un désarmement tarifaire total sur les produits du cru et de l'artisanat traditionnel depuis le 1er juillet 1996 et pour les produits industriels agréés pour compter du 1er janvier 2000.

En ce qui concerne la précision des critères de détermination de l'origine communautaire par les Etats membres conformément à l'article 76-a du Traité de l'Union, la Commission a entrepris une étude en vue de l'élaboration des règles d'origine définitives de l'Union. Il s'agira d'expliciter les conditions d'application du Protocole Additionnel N°III/2001 du 19 décembre 2001.31(*)

Il s'agit en outre de la notification systématique à la Commission de l'UEMOA, par les Etats membres des décisions d'agrément et de l'élimination des barrières non tarifaires.

Quant à la réflexion sur l'opportunité de mettre en place un régime de libre pratique, il a donné lieu à un séminaire regroupant les dirigeants des administrations douanières des pays de l'UEMOA. A cet effet, un cadre de concertation a été mis en place pour étudier et décider des termes de références à soumettre au consultant.

Enfin, dans les actions visant la suppression des exonérations, exemptions et autres aides fiscales, génératrices de distorsions de concurrence dans le marché commun  et l'application des mesures complémentaires d'accompagnement à l'Union douanière, en particulier l'Union a élaboré des recommandations et a invité les Etats à prendre des mesures internes en vue de leurs mises en oeuvre.

b- Tarif Extérieur Commun (TEC)

Avant l'adoption du TEC, les systèmes tarifaires en vigueur dans bon nombre de pays de l'Union étaient basés sur une prolifération des taxes. Ceci tendait à compliquer la tâche de l'administration des douanes et constituait un fort encouragement à la fraude.

Dans le cadre de la mise en oeuvre du PTF, il convient d'abord, d'éliminer toutes les mesures tarifaires non conformes au TEC, de mettre ensuite en place un dispositif complémentaire définitif en remplacement des mécanismes actuels (Taxe Conjoncturelle à l'Importation et Taxe Dégressive de Protection) pour la sauvegarde des filières sensibles.32(*)Il faut enfin de prendre en compte les contraintes de la zone en matière budgétaire, fiscale et commerciale dans les engagements tarifaires au cours des négociations commerciales futures.

c- Approfondissement de l'harmonisation des fiscalités intérieures indirectes

La fiscalité intérieure indirecte comprend essentiellement la TVA et les droits d'accises sur les activités intérieures. Il s'avère crucial dans le cadre de la mise en oeuvre du PTF d'engager des actions dans le sens d'une harmonisation des différents impôts intérieurs indirects. Ainsi, il est envisagé :

· une élimination des exonérations, exemptions et autres aides fiscales entrainant notamment des distorsions de concurrence ainsi qu'une concertation à l'initiative de la Commission de l'UEMOA avec les partenaires au développement en vue d'une élimination des exonérations applicables aux projets financés sur ressources extérieures ;

· Un élargissement de l'assiette par une fiscalisation des activités informelles en vue de relever le taux de pression fiscale, notamment le ratio TVA/PIB et le rendement des droits d'accises ;

· Un réexamen des Directives relatives aux droits d'accises en tenant compte de la spécificité de chaque Etat pour la définition de la liste et pour l'amélioration du rendement fiscal.

d- Harmonisation de la fiscalité directe

Le but de la transition fiscale est de parvenir à une harmonisation des législations fiscales tout en améliorant la cohérence des systèmes internes de taxation et le rendement des différents impôts. Il parait opportun pour arriver à cette fin dans le cadre de la consolidation du marché commun de l'UEMOA, d'éliminer toutes les entraves au bon fonctionnement du marché dont notamment les effets d'ordre fiscal liées à la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux. La décision N°16/2006/CM/UEMOA portant adoption du programme d'harmonisation de la fiscalité directe au sein de l'UEMOA a été prise dans ce sens.

Il est à remarquer qu'en général, les pays de l'Union à l'exception de la Guinée-Bissau ont hérité d'un dispositif fiscal fortement inspiré du système français. Cependant, des divergences relatives à la politique d'incitation fiscale, à l'investissement, à l'assiette et à la liquidation des impôts directs sont relevées.

Il convient dans le cadre d'une harmonisation des fiscalités, d'évaluer en premier lieu, le niveau du taux marginal effectif d'imposition du capital et des revenus du capital, du travail et de l'épargne et d'entretenir une étude sur la fiscalité des valeurs mobilières.

En second lieu, il est envisagé la mise en place d'outils de mesure du niveau de fiscalité optimale qui concilie l'impératif de mobilisation des ressources publiques et l'exigence d'un environnement propice à l'investissement et à la croissance économique.

Enfin, une évaluation du régime fiscal des services, y compris les nouveaux instruments financiers (banque, assurance, crédit-bail, capital-risque, transfert d'argent, affacturage, organisme de placement collectif en valeurs mobilières) s'impose ainsi que la signature de convention multilatérale de non double imposition et d'assistance réciproque entre les Etats.

e- Amélioration de l'environnement fiscal et douanier

Les actions inscrites dans le cadre du PTF en vue d'améliorer l'environnement fiscal reposent sur la lutte contre la fraude et la corruption, l'adoption d'un code de bonne conduite, la promotion du civisme fiscal, la simplification des procédures, la mise en place d'une fiscalité adaptée aux petites entreprises et la recherche par les Etats d'une relation de confiance entre l'administration et les contribuables.

2- Soutien à la croissance et au financement du développement

On entend par croissance économique, l'augmentation du produit national brut sur une certaine période. Une croissance forte et soutenue étalée sur une longue période crée des conditions de bien-être général c'est-à-dire le développement. Les chemins de la croissance sont multiples et divergents. Mais, plusieurs économistes s'accordent sur le rôle prépondérant de «l'investissement». Or, c'est le financement des investissements qui demeure le problème majeur dans la recherche des voies de croissance dans les pays de l'UEMOA.

Selon les experts de l'Union, les actions du PTF doivent favoriser la formation d'une épargne interne pour le financement des investissements. Les mesures envisagées doivent donc permettre une protection de certaines filières sensibles et répondre aux nouveaux besoins de financement des programmes communautaires.

Dans cette perspective, il est envisagé :

- l'adoption d'un Code communautaire des investissements. Ce Code doit tenir compte des acquis du TEC et de la législation communautaire de la concurrence ;

- l'élimination progressive des régimes dérogatoires en vue de mettre en place un dispositif de droit commun incitatif ;

- la mise en place d'une fiscalité allégée au profit de la petite épargne, du micro crédit et du secteur informel notamment dans le cadre des Centres de Gestion Agréés (CGA) ;

- la mise en place d'une fiscalité communautaire pour soutenir le Fonds d'Aide à l'Intégration Régionale (FAIR) afin de faciliter le financement de l'aménagement de territoire.

B. Domaines visant l'optimisation des administrations fiscales et douanières

L'optimisation des administrations fiscales et douanières est fonction de la mobilisation des ressources fiscales (1) et douanières et du renforcement des capacités des administrations fiscales et douanières (2).

1- Mobilisation optimale des ressources fiscales et douanières

Une mobilisation efficace des ressources fiscales et douanières permet à l'Etat de disposer de ressources financières suffisantes pour le financement des projets gouvernementaux. Elle permet aussi de réduire les risques de distorsions économiques.

Pour mobiliser efficacement les ressources fiscales dans l'Union, il serait judicieux d'inclure dans les objectifs, des stratégies et des actions visant à élargir l'assiette et le champ d'application des impôts. Il s'agira ensuite de moderniser les administrations fiscales et douanières.

a- Les actions visant l'élargissement de l'assiette

L'élargissement de l'assiette passe par une baisse des taux nominaux, une amélioration du système de recouvrement et de contrôle ainsi qu'une gestion efficace des impôts à haut rendement.

La baisse des taux nominaux comme ceux des impôts sur les sociétés et des impôts sur les revenus est une stratégie qui vise à permettre à tous les contribuables de déclarer les bases réelles de leurs activités imposables. Elle permettra de mobiliser plus de ressources fiscales en encourageant les contribuables ponctuels et en suscitant une volonté de contributions des contribuables de l'ombre.

Dans cette optique, un accent particulier doit être mis sur le contrôle fiscal régulier en vue de corriger les imperfections dues à l'auto-liquidation. Des stratégies innovantes doivent être mise en place pour transformer toutes les créances en actes.

Un élargissement de l'assiette suppose aussi des stratégies visant à assurer une gestion efficace des impôts à hauts rendements. Il s'agit principalement de la TVA et des droits d'accises. Selon les experts de l'Union, ces stratégies doivent être particulièrement centrées sur les règles de déduction et la maitrise des crédits.

b- Les actions visant la modernisation des administrations

Plusieurs actions sont programmées dans le cadre de la modernisation de l'administration.

Il s'agit d'abord de la modernisation des formes d'organisation et méthodes de travail des administrations fiscales et douanières en vue de rendre plus efficient le recouvrement des impôts, droits et taxes.

Une informatisation complète des procédures douanières et fiscales et une automatisation des procédures et formalités douanières sont ensuite indispensables.

Enfin, il est nécessaire de coordonner les actions entre les services. Ainsi, une interconnexion des systèmes d'information en vue de développer une synergie entre les administrations chargées de l'assiette, de la liquidation et du recouvrement des impôts, droits et taxes est sollicitée.

2- Renforcement des capacités entre administrations fiscale et douanière

Selon la Commission de l'UEMOA, «une synergie fiscale flexible et mieux articulée entre fiscalité de porte et fiscalité intérieure est un réceptacle propice au processus de substitution graduelle de la fiscalité intérieure à la fiscalité de porte».33(*) La perspective d'une plus grande productivité des administrations fiscales doit reposer sur la recherche d'une synergie efficace notamment en ce qui concerne l'échange et le partage d'informations. Dans cette logique, plusieurs actions doivent être entreprises.

En somme, il s'agit d'abord d'initier une politique de renforcement des capacités des administrations fiscales et douanières notamment pour lutter contre la fraude et une allocation suffisante des ressources budgétaires.

Il faudra ensuite mettre en place dans chaque Etat membre, une plateforme permettant aux administrations fiscales et douanières d'échanger des informations en temps réel particulièrement sur l'assiette fiscal.

Il faudra en outre créer des structures d'enquête, de recherche et de renseignements communs aux administrations fiscales et douanières et procéder à la mise en place par la Commission d'un cadre d'échange opérationnel entre administrations fiscales et douanières sur les nouvelles formes de délinquance économique et financière.

De plus, des initiatives tendant à créer un cadre formel de concertation des administrations chargées des douanes à l'instar du Forum des Administrations Fiscales des Etats membres de l'UEMOA (FAF-UEMOA) doivent être encouragées.

Enfin, il s'agira de renforcer les capacités de la Commission en vue de permettre un suivi et une évaluation efficace de la mise en oeuvre des réformes.

Au total, l'effectivité d'une fiscalité innovante axée sur le développement suppose la mise en oeuvre de 48 actions réparties sur 4 domaines stratégiques et engageants tant les administrations fiscales et douanières de l'Union à travers les Etats, que la Commission de l'UEMOA elle-même.

Paragraphe II : Résultats attendus du PTF

La conception et l'application des réformes par les Etats doivent permettre d'atteindre des résultats fiables. L'objectif général poursuivi par le PTF est le recentrage réussi des politiques économiques autour de la réduction de la pauvreté. Cet état des choses passe par la restauration durable des capacités financières des Etats, à travers une véritable fiscalité de développement. Selon la Commission de l'UEMOA, une fiscalité de développement suppose l'aboutissement de la convergence vers 7 résultats spécifiques. Il faut distinguer, d'une part les résultats visant une administration fiscale moderne et productive (A) et d'autre part, ceux relatifs à l'impact économique des réformes (B).

A. Une administration fiscale moderne et productive

Le Département de la Politique Economique et de la Fiscalité Intérieure de la Commission de l'UEMOA définit la modernité et la productivité d'une administration fiscale sur la base de quatre critères principaux. Le premier fait référence à un système fiscal à haut rendement sans accroissement des taux nominaux (1). Le deuxième est relatif à la simplicité, la transparence et l'équité du système fiscal (2). Un système fiscal moderne est un système fiscal stable et prévisible (3). Enfin, un système fiscal dit moderne doit être peu couteux au plan administratif (4).

1- Un système fiscal à haut rendement sans accroissement des taux nominaux

Un système fiscal est dit à haut rendement quand la part des impôts et taxes intérieurs dans les recettes totales et dans la valeur ajoutée nationale est prépondérante. Dans l'UEMOA, à l'horizon 2013, le PTF doit permettre à chaque Etat de disposer de 55? au moins des recettes fiscales intérieures dans les recettes totales soit un taux de 10? au moins dans le Produit Intérieur Brut (PIB). Mais, comment atteindre ces résultats sans augmenter les taux ?

L'ensemble des actions de l'UEMOA dans le cadre d'une fiscalité à haut rendement se regroupe à l'analyse dans deux stratégies principales. Le premier vise à pousser plus de contribuables à déclarer leurs résultats (a), le second, à utiliser l'administration comme un aiguillon (b).

a- Elargir l'assiette fiscale par les déclarations spontanées.

En dehors des niches d'actions envisagées par les réformes de l'UEMOA telles l'accroissement des taux liés à la taxation de certains produits spécifiques (directive N°03/98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998, portant harmonisation des Etats membres en matière de droits d'accises et directives N°06/2001/CM/UEMOA du 26 novembre 2001 portant harmonisation de la législation des produits pétroliers), la principale cible des réformes de l'Union est de pousser les Etats membres à rendre le secteur informel plus contributrices et à réduire les activités exonérées ou exemptées si l'on en juge par les actions visant l'optimisation fiscale.

Mais, la perspective de la hausse des rendements fiscaux repose beaucoup plus sur les taxes indirectes, la TVA principalement. Le mécanisme dit d'«auto renforcement» par Higgins semble être l'approche adopté par les Etats de l'Union pour contraindre les entreprises à la déclaration des résultats.34(*)Le système présenterait l'avantage d'être auto-renforcé tel que chacun omettant de déclarer des résultats corrects, se verrait imposé de façon plus sévère sous un autre chef ou menacé par une déclaration exacte émanant d'un autre contribuable qui, lui, aurait intérêt à cette déclaration. Au Togo par exemple, c'est l'article 310 du CGI qui apporte la modification à travers la Loi de Finances Gestion 2011.

b- L'administration en tant qu'aiguillon

Cette stratégie consiste à moderniser les services de l'administration fiscale de façon à utiliser efficacement le principe qui désigne le contrôle fiscal comme corolaire du système de déclaration. Elle regroupe un ensemble de stratégies visant le renforcement budgétaire, organisationnel et humain des services fiscaux des Etats membres de l'Union.

2- Un système fiscal simple, transparent et équitable

Un système fiscal efficace doit être simple, transparent et équitable.

La simplicité s'oppose à la complexité. Tout système fiscal à tendance à être complexe en raison des difficultés d'établissement de définitions claires et économiquement rationnelles ainsi qu'en raison de la complexité inhérente aux opérations d'entreprises. La complexité à un coût aussi bien pour l'entreprise que l'Etat. Elle oblige les entreprises à un recours permanent aux conseils fiscaux notamment pour les déclarations. Les Etats de leur côté ont tout a gagné dans la simplification des textes fiscaux. Les avantages pour les Etats vont de la lutte contre l'évasion fiscale à la diminution de la corruption.

La transparence prônée par l'UEMOA évoque l'idée de partenariat dans la relation fiscale «administration-contribuables». C'est la garantie que, l'Etat ne prélèvera que ce que le contribuable doit et que ce dernier dispose par ailleurs des moyens pour faire respecter ces droits. A travers cette règle, l'Union vise à sensibiliser le contribuable sur l'importance de la question fiscale et à entretenir chez lui, une volonté de participer à la construction des projets publics.

L'équité se décline en deux critères, l'équité horizontale qui revient à traiter de la même manière les contribuables présentant les mêmes caractéristiques (le traitement égal des égaux), et l'équité verticale qui vise principalement à réduire les inégalités d'imposition des revenus.

3- Un système fiscal stable et prévisible

On entend par stabilité, la fermeté, la solidité du système fiscal. L'Union envisage de donner les moyens aux législations fiscales des Etats membres de cerner tous les contours de la matière fiscale mais encore, de soumettre cette matière fiscale au rythme d'évolution des activités de façon qu'il y ait un équilibre permanent des indicateurs fiscaux comme cela est décidé dans l'Acte Additionnel N°04/99/CM/UEMOA portant pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de l'UEMOA.

«Les prévisions de recettes largement influencées par la performance économique, jouent un rôle important dans les projections de l'ensemble de l'économie»35(*)L'estimation des recettes donne un aperçu de l'état futur de l'économie. Les règles de prévisions des recettes fiscales doivent donc se baser sur un ensemble cohérent d'hypothèses. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'Union recommande la simplicité des textes fiscaux. Il s'agit dans ce cas, de définir pour chaque impôt, l'assiette d'imposition, les modalités de son évaluation, le taux applicable, les exonérations et déductions éventuelles, les délais ainsi que les pénalités. Les prévisions permettent d'anticiper les changements et les différents chocs pouvant peser sur la stabilité des grandeurs fiscales.

4- Un système fiscal peu coûteux au plan administratif

Dans l'approche standard de la taxation optimale, le gouvernement doit lever un niveau donné de recettes fiscales à partir d'un ensemble de moyens et d'instruments fiscaux. Le système fiscal devient coûteux au plan administratif si le poids financier des moyens rapportés aux recettes fiscales excède une proportion donnée. En 1997, le coût de gestion des impôts en France estimé à 1.6? des recettes nettes a été jugé très élevé.36(*) Dans le cadre de l'UEMOA, il convient d'améliorer le système de prélèvement principalement par l'introduction de deux mesures : la retenue à la source de l'impôt sur le revenu par les administrations fiscales et la redéfinition des missions des sociétés de surveillance en y retirant les tâches que savent mieux exécutées les administrations des douanes.

B. Impact économique attendu des réformes

L'impact attendu du PTF sur l'économie des Etats membres et de la sous-région en général est de trois ordres. Il s'agit d'abord de l'élasticité du système fiscal (1), de son efficience(2) et enfin, de sa contribution à la croissance économique (3).

1- Un système fiscal élastique

L'élasticité permet de mesurer le degré d'influence d'une variable économique sur une autre variable. En d'autre terme, l'élasticité est le rapport du pourcentage de variation des recettes par le pourcentage de variation du PIB. Le système fiscal est dit élastique si les recettes fiscales augmentent plus vite que le PIB. Ce procédé est vérifié lorsque l'élasticité est supérieure à 1.

Dans les systèmes fiscaux dominés par une forte proportion des taxes indirectes dans l'ensemble des recettes, il existe une corrélation forte entre le taux de croissance et l'évolution des recettes fiscales. Ceci est justifié par le fait que les impôts indirects (TVA, droits d'accises), réagissent à la conjoncture de l'année courante alors que les impôts directs sont calculés sur une assiette afférente à l'année passée. La volonté de l'Union de maintenir une élasticité forte et positive suppose une orientation des actions du PTF vers une plus grande maitrise des taxes indirectes en vue d'établir l'équilibre 55? recettes fiscales intérieures et 45? recettes fiscales de porte.

2- Un système fiscal non générateur de distorsions

Il y'a distorsion fiscale chaque fois que les agents économiques réagissent à des variations des prix relatifs induites par la fiscalité. Les impôts introduisent des «angles» entre les prix avant et après imposition des biens, services, facteurs de production ou activités et lorsque le montant de ces «angles» diffère, les prix relatifs varient. Par suite des modifications des prix relatifs, le comportement des agents économiques se trouve modifié de telle manière que les proportions des biens et services imposés varient, ce qui se traduit par une nouvelle affectation des ressources dans l'économie. Les différences dans l'imposition des facteurs de production peuvent donner lieu à des méthodes de production inefficaces et un niveau de production plus faible tandis que l'application de taux d'imposition différents aux biens et services finals affecte les structures de la consommation et réduit d'une manière générale le bien-être.

Au Togo, l'exemple le plus frappant est le statut particulier des entreprises de la zone franche. Non seulement, ces entreprises jouissent d'une réduction ou d'une exonération totale des droits et taxes, mais elles bénéficient aussi d'un écoulement surplace d'une partie de leur production au détriment des activités locales de même secteurs soumis au système normal.

L'Union envisage avec l'avènement du PTF, une rupture totale avec les pratiques sources de distorsions et de découragement de la compétitivité.

3- Un système fiscal qui stimule la croissance économique

Les deux piliers fédérateurs de croissance économique sont l'investissement et la consommation. C'est la raison pour laquelle toute la politique économique de l'Union dont l'objectif est d'assurer la croissance et le développement des Etats membres gravite autour de l'accroissement de ces deux piliers.

L'Union envisage d'accroitre les investissements dans la zone par la mise en place d'une fiscalité réduite pour les entreprises. Plusieurs actions sont prévues dans ce sens, notamment la baisse des taux d'imposition sur les bénéfices et les mesures fiscales visant le développement des entreprises d'investissement à capital fixe.

L'écartement de la base d'exonération et des tranches d'impôt sur le revenu est un début d'application des mesures fiscales visant à accroitre la consommation ou à favoriser l'investissement individuel.

Chapitre II : Approches méthodologiques

La conception d'un projet suppose non seulement une définition claire des objectifs et des moyens, mais aussi une description des partitions à jouer par chaque acteur. L'article 42 du Traité de l'UEMOA définit les différentes missions des acteurs communautaires dans la mise en oeuvre des projets de l'Union. Tout d'abord, la Conférence des Chefs d'Etats prend des actes additionnels conformément aux dispositions de l'article 19 du Traité.37(*) Le Conseil des Ministres à son tour édicte des règlements, des directives et des décisions. Il peut formuler aussi des recommandations et/ou des avis. Enfin, la Commission prend des règlements pour l'application des actes du Conseil et peut également formuler des recommandations et/ou des avis.

Les actes additionnels ont une portée générale. Ils sont obligatoires dans tous leurs éléments et sont directement applicables dans tout Etat membre de l'Union.

Les directives lient tout Etat membre de l'Union quant au résultat à atteindre.

Les décisions sont obligatoires dans tous leurs éléments pour les destinataires qu'elles désignent.

De manière générale, les projets d'actes, pour être applicables sont adoptés par directives, règlements ou recommandations alors que les propositions de structures institutionnelles sont prises par décisions ou règlements d'exécution.

Dans le cadre du PTF, les projets de décision sont proposés par la Commission pour adoption par le Conseil. Ainsi, l'article 2 de la décision portant adoption du PTF invite la Commission à proposer les actes et instruments nécessaires à la mise en oeuvre du programme.

Pour se conformer à cette règle, la Commission a élaboré un programme d'actions pour la mise en oeuvre du PTF. Ce programme a fait l'objet d'une note d'information au Conseil des Ministres du 16 décembre 2006. Parmi les mesures avancées, figurent : l'assistance technique aux Etats, la réalisation des études et l'organisation des séminaires et réunions. En avril 2007, la Commission a invité chaque pays de l'Union à lui transmettre son programme national de transition fiscale pour la mise en oeuvre de la décision N°10/2006/CM/UEMOA du 23 mars 2006. Sur cette base, au cours des années 2007 à 2009, plusieurs directives ont été adoptées et la Commission a procédé à des missions circulaires en vue d'évaluer l'application de la législation fiscale communautaire. Mais, ce procédé de travail s'est avéré fastidieux et inefficace. Aussi, en vue d'atteindre les objectifs assignés au PTF, la Commission a-t-elle fait adopter par le Conseil des Ministres du 17 décembre 2009, un ensemble de mesures permettant une évaluation et un suivi institutionnel dans la mise en oeuvre du programme.

Nous allons consacrer un premier point à expliciter les approches méthodologiques retenues en vue de la mise en oeuvre du PTF (section 1). Le second point évoquera la méthodologie d'analyse (section 2).

Section 1 : Approche méthodologique des indicateurs de performance et du dispositif

institutionnel de suivi

Selon le Département de la politique économique et de la fiscalité intérieure de l'UEMOA, la réussite des réformes fiscales dépend non seulement de la prise en compte des préoccupations des Etats, mais surtout de la coordination d'actions entre la Commission et les acteurs dans tous les pays de l'Union. Ainsi, la mission a été confiée à l'assistance technique d'informer, de recueillir et d'évaluer l'application de la décision portant adoption du PTF. Dans le but d'entretenir cette concertation avec les acteurs dans les administrations de l'Union, la Commission a invité les Etats à soumettre un programme national de transition fiscale. Mais, à la date limite du 24 avril 2007 fixée par la Commission, seul le Burkina, le Sénégal et le Togo ont transmis sur les 8 pays de l'Union, leurs programmes nationaux de transition fiscale.

Conscient que le développement économique et social requiert une mobilisation efficiente des ressources fiscales et donc la nécessité de reformer les outils fiscaux, la volonté de la Commission de mettre en place une transition fiscale efficace s'est accrue. Ainsi, pour responsabiliser les acteurs de chacun des Etats membres de l'Union dans le rôle qui leur revient dans la réforme fiscale, le 17 décembre 2009, le Conseil sur proposition de la Commission à adopter la décision portant sur les critères et indicateurs de la transition fiscale (paragraphe I) ainsi que celle portant création du dispositif institutionnel de suivi (paragraphe II).

Paragraphe I : Présentation des indicateurs

Dans le cadre de la mise en oeuvre du PTF, les experts sectoriels se sont réunis pour proposer des instruments de mesure pouvant servir de référence dans les différentes évaluations de la réforme tant au niveau national que sous-régional. Pour mieux appréhender ces instruments, les critères et indicateurs (A) et l'approche méthodologique (B) qui a servi à leur détermination seront successivement abordés.

A. Critères et indicateurs de transition fiscale

La décision N°34/2009/CM/UEMOA portant adoption des critères et indicateurs de la transition fiscale au sein de l'UEMOA comporte, comme l'indique son intitulé, deux instruments de mesure : les critères et les indicateurs.

On entend par critères, des principes, des repères auxquels l'on se réfère pour énoncer une proposition. En d'autres termes, ce sont les points de jugements, sans l'atteinte desquels le PTF serait synonyme d'échec. En son article 4, la décision définit trois critères principaux et six critères complémentaires.

Les critères principaux sont :

- ratio : impôts et taxes perçus au cordon douanier rapportés aux recettes fiscales totales. Ce ratio doit être inférieur ou égal à 45? ;

- ratio : recettes fiscales intérieures (directes et indirectes) rapportées aux recettes fiscales totales. Ce ratio doit être supérieur ou égal à 55? ;

- ratio : recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur. Ce ratio doit être supérieur à 1.5.

Les critères complémentaires sont définis par les ratios ci-après :

- droits de douanes et redevances statistique rapportés aux recettes fiscales totales ;

- TVA et droits d'accises au cordon douanier rapportés aux recettes fiscales totales

- recettes fiscales intérieures directes rapportées aux recettes fiscales totales ;

- recettes fiscales intérieures indirectes rapportées aux recettes fiscales totales

- recettes fiscales intérieures directes rapportées aux recettes fiscales intérieures ;

- recettes fiscales intérieures indirectes rapportées aux recettes fiscales totales.

La décision susmentionnée laisse le choix à chaque Etats membre de l'Union de déterminer les repères des critères complémentaires en fonction de son programme national de transition fiscale.

Les indicateurs sont des éléments significatifs particulièrement importants d'une situation économique et sociale qui permettent d'établir des prévisions d'évolutions ou de corrections. Les indicateurs du PTF se distinguent en indicateurs de performance et en indicateurs de suivi.

L'article 5 de la décision définit les indicateurs de performance comme des ratios dont l'atteinte et le dépassement sont souhaités pour mesurer les impacts du PTF sur la mobilisation des ressources fiscales.

L'indicateur de référence pour mesurer le niveau de mobilisation des recettes fiscales est le critère de convergence déterminé par le ratio : recettes fiscales sur PIB tel que fixé par le Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l'UEMOA. Il doit être supérieur ou égal à 17?.

Les indicateurs ci-après permettent de mesurer le comportement des composantes du ratio des recettes fiscales rapportées au PIB :

- ratio : recettes fiscales intérieures directes et indirectes sur PIB. Il doit être supérieur ou égal à 10?. Cet indicateur mesure la performance des administrations fiscales dans la mobilisation des recettes de la fiscalité intérieure ;

- ratio : impôts et taxes sur le commerce extérieur sur PIB. Il doit être supérieur ou égal à 7?. Ce ratio permet de mesurer la performance dans la mobilisation des recettes fiscales perçues sur le commerce extérieur.

Les indicateurs de suivi permettent d'apprécier le degré de réalisation d'objectifs spécifiques du PTF. Ils concernent les efforts engagés pour élargir l'assiette fiscale et pour renforcer la synergie entre les administrations fiscale et douanière.

Ils sont définis par les ratios ci-après :

- montant des moins-values (exonérations et exemptions fiscales et douanières) rapporté aux recettes fiscales totales ;

- nombre de nouveaux contribuables immatriculés rapporté au nombre de contribuables suivis par les services fiscaux ;

- nombre de contrôles effectués par les brigades mixtes impôts-douanes rapporté au nombre total de contrôles mixtes programmés ;

- nombre de services des impôts et des douanes interconnectés rapporté au nombre total des services et des douanes programmés pour être connectés.

Les normes fixées pour les critères et indicateurs de la transition fiscale sont des minima de performance que les Etats membres de l'Union doivent respecter jusqu'à l'horizon 2013.38(*) La mise en oeuvre du PTF par les Etats de l'Union est d'autant plus urgente, qu'une succession de réformes fiscales avec de nouvelles normes n'est pas exclue après l'horizon fixé pour le PTF.

Mais, en économie comme en toute autre science, il n'existe aucune difficulté quant au choix des instruments de mesure, encore faut-il qu'une cohérence scientifiquement démontrable existe entre ces instruments et la réalité. Quelle est donc l'approche méthodologique utilisée?

B. Approche méthodologique pour la détermination des indicateurs

La mise en oeuvre du PTF de l'UEMOA a suscité un engouement de la part des experts sectoriels. Ainsi, plusieurs indicateurs ont été adoptés pour évaluer les effets et autres impacts du programme. Parmi les indicateurs retenus, certains constituent les principales composantes du taux de pression fiscale. Ils font l'objet du présent commentaire qui vise à démontrer leur repère scientifique.

Pour déterminer les indicateurs, les experts sectoriels ont analysé les statistiques couvrant la période 1997-2007 de l'ensemble des Etats membres de l'Union. L'analyse porte sur l'évolution des ratios des recettes fiscales totales, des recettes fiscales intérieures et des recettes fiscales sur le commerce extérieur rapportées toutes au PIB nominal. Elle porte également sur neuf critères de transition fiscale, ajoutés aux indicateurs retenus par les experts sectoriels. Ces critères sont répartis en deux groupes. Le premier dénommé «critères principaux» comprend les ratios des «recettes fiscales sur le commerce extérieur et des recettes fiscales intérieures rapportées toutes aux recettes fiscales totales» et des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur. Le second dénommé «critères complémentaires » comprend les ratios des «recettes fiscales intérieures indirectes et les recettes fiscales intérieures directes rapportées toutes d'une part aux recettes fiscales intérieures et aux recettes fiscales totales». Ce groupe comprend également les ratios «droits de douanes et redevances statistiques» et «TVA et droits d'accises au cordon douanier» rapportés tous aux recettes fiscales totales.

Les statistiques utilisées pour l'analyse de ces différents ratios sont celles de la Banque de Données de la Surveillance Multilatérale (BDSM) communiquées par le Comité National de Politique Economique (CNPE).

L'approche retenue a consisté à examiner les critères qui avaient milité au choix de la norme minimale de 17? pour le taux de pression fiscale.39(*) Après cette analyse, les experts ont maintenu cette norme dans le cadre de la détermination des indicateurs du PTF. A ce propos, il a été déduit les repères des indicateurs de performance, composantes intermédiaires du taux de pression fiscale (recettes fiscales sur le commerce extérieur et recettes fiscales intérieures rapportées toutes au PIB nominal), de telle manière que leur somme soit égale à 17? (10? pour le ratio recettes fiscales intérieure rapportées au PIB et 7? pour les recettes fiscales sur le commerce extérieur rapportées au PIB). Les normes retenues se basent également sur les réalisations des années antérieures. Il a été tenu compte par les experts de l'objectif d'un accroissement plus rapide de l'importance de la fiscalité intérieure indirecte par rapport à la fiscalité de porte.

A partir des statistiques des différents ratios portant sur les valeurs maximales, les moyennes, les écarts types et les rythmes de progression moyens par an, des repères ont été proposés pour servir de base de discussion. Le choix du repère du ratio des recettes fiscales sur l'activité intérieure rapportées au PIB nominal a porté sur la moyenne des trois premières valeurs maxima observées sur toute la période 1997-2007.40(*) S'agissant du ratio des recettes fiscales sur le commerce extérieur rapportées au PIB nominal, le choix du repère a porté sur la moyenne des ratios moyens de la période sous revue, c'est-à-dire la valeur moyenne de l'Union.41(*)

Le choix de la norme du ratio des «recettes fiscales sur le commerce extérieur rapportées aux recettes fiscales totales» (45?) est basé sur la moyenne des ratios moyens et sur le rythme de leur baisse observée entre 2003 et 2007 par rapport à 1997-2007.42(*) Pour le ratio des «recettes fiscales intérieures rapportés au PIB» (55?), le choix a porté sur la moyenne arrondie des valeurs maximales de la moitié des Etats membres dont les ratios sont les plus élevés. Il est également tenu compte de la cohérence entre les deux ratios car, leur somme doit être égale à 100?. S'agissant du rapport «recettes fiscales sur le commerce extérieur rapportées aux recettes fiscales sur l'activité intérieure» (1.5), le choix du repère a consisté à calculer la moyenne arrondie par excès des valeurs moyennes de la période sous revue de la moitié des Etats membres ayant les ratios moyens les plus élevés.43(*)

Quant aux critères complémentaires, ils sont indicatifs. Ils permettent essentiellement d'affiner l'analyse de l'évolution de la structure des différentes catégories de recettes fiscales intérieures et celles des recettes fiscales de porte. Mais, aucune norme n'est fixée pour les critères complémentaires par respect au principe de subsidiarité. Chaque Etat devant mettre en place des dispositifs de pilotage de ses politiques fiscales visant une transition de qualité.

Paragraphe II : Description du dispositif institutionnel de suivi

La Commission, en vue de faciliter le suivi et l'exécution du PTF a proposé au Conseil des Ministres de l'UEMOA un cadre institutionnel qui a été adopté le 17 décembre 2009 par décision N°35/2009/CM/UEMOA. Le dispositif institutionnel prévoit un Comité National de suivi du PTF dans chaque Etat membre (A) et un Comité Régional de pilotage du PTF (B).

A. Le Comité National de suivi du PTF

Le Comité National de suivi du PTF a plusieurs missions. Il est d'abord chargé de superviser l'élaboration du programme national de transition fiscale. Il lui revient ensuite de suivre l'application du programme national de transition fiscale du pays. Enfin, il doit évaluer l'atteinte des objectifs de la transition fiscale par l'utilisation effective des critères et indicateurs définis par le Conseil des Ministres. Pour ce faire, il doit collecter et traiter les données nationales, en faire un examen critique et les inscrire dans un tableau de bord relatant les critères et indicateurs du programme.

Le Comité National de suivi du PTF se compose de 10 membres nommés en fonction de leur compétence par le Ministre en charge des Finances. Il s'agit de:

- un représentant du Ministre en charge des Finances ;

- un représentant de la Direction Générale des Impôts ;

- un représentant de la Direction Générale des Douanes ;

- un représentant de la Direction chargée du Commerce Extérieur ;

- un représentant de la Direction en charge de la Statistique ;

- un représentant de la Direction en charge des Politiques Economiques et de Développement ;

- un représentant de la Direction en charge de l'Industrie ;

- un représentant du Comité National de Politique Economique ;

- deux représentants du secteur privé.

Les modalités de fonctionnement du Comité National de suivi du PTF sont du ressort du Ministre en charge des Finances. La décision précitée fait obligation au comité d'élaborer un rapport trimestriel à transmettre au Comité Régional de pilotage dans le mois suivant la fin du trimestre. Ce rapport doit obligatoirement comporter un tableau présentant l'évolution des critères et indicateurs du PTF.

B. Le Comité Régional de pilotage du PTF

La principale mission du Comité Régional de pilotage est de veiller à la mise en oeuvre du PTF. Pour cela, il doit superviser la mise en oeuvre du programme, coordonner et évaluer les activités des Comités Nationaux et proposer des orientations et recommandations.

Le Comité Régional de pilotage est présidé par la Commission de l'UEMOA qui fixe également son mode de fonctionnement. Il se compose :

- de représentants de la Commission de l'UEMOA ;

- d'un représentant de la BCEAO ;

- d'un représentant de la BOAD ;

- d'un représentant de la Chambre Consulaire Régionale (CCR) ;

- du président du Comité National de suivi du PTF de chaque Etat ;

- d'un représentant de la Direction Générale des Impôts de chaque Etat membre ;

- d'un représentant de la Direction Générale des Douanes de chaque Etat membre.

Les représentants de la Direction Générale des Impôts et de la Direction Générale des Douanes constituent les points focaux du PTF.

Le Comité Régional de pilotage du PTF tient deux réunions par an sur convocation de son président. Toutefois, le président peut convoquer au cours de l'année une réunion extraordinaire en cas de besoin. A chaque session, il est désigné deux rapporteurs parmi les représentants. Le secrétariat technique est assuré par la Commission de l'UEMOA.

Section 2 : Méthodologie d'analyse

La méthodologie d'analyse présente les règles que ce travail empruntera pour résoudre les principales interrogations qu'il se pose. En effet, l'analyse de la performance du PTF consiste à mesurer l'évolution des indicateurs susmentionnés au démarrage du programme, à en déterminer leur niveau à fin 2011 et à relever les efforts restants à fournir. Mais, il convient dans une démarche d'analyse exhaustive de la performance d'étudier aussi le cadre institutionnel de mise en oeuvre des réformes ainsi que les réformes elles-mêmes. Cependant, compte tenu d'une indisponibilité d'informations pour mesurer l'efficacité du dispositif institutionnel, l'analyse de la performance du PTF consistera en une analyse quantitative des indicateurs de performance et en une analyse qualitative des réformes. Ainsi, avant de décrire la méthodologie d'analyse des réformes sur la fiscalité intérieure (paragraphe II), nous présenterons d'abord la méthodologie d'analyse des instruments de mesure (paragraphe I).

Paragraphe I : Méthodologie d'analyse quantitative des instruments de mesure de

performance

Selon Christian GENTHON, une méthodologie complète d'analyse doit non seulement décrire les outils mais aussi présenter le cadre méthodologique dans lequel ces outils seront utilisés.44(*)Il s'agit dans ce contexte de présenter les éléments d'analyse (A) et de décrire le processus d'utilisation de ces éléments (B).

A. Définition des outils d'analyse quantitative

Il existe une grande similitude entre les outils retenus pour l'analyse de la performance quantitative du PTF au Togo, et ceux utilisés par les experts de l'UEMOA pour établir l'approche méthodologique des indicateurs et critères. Cette ressemblance s'explique par la pertinence que ce travail veut revêtir. Ainsi, les outils tels les valeurs maximales et minimales, les moyennes, les écarts types, les taux globaux de progression et les taux moyens de progression serviront de moyens d'appréciation des variables (indicateurs et critères) du PTF.

1- Valeur maximale et valeur minimale

La valeur maximale est la valeur la plus élevée d'un ensemble d'observations. Par contre, la valeur minimale représente la plus petite valeur observée. Dans le cadre de cette analyse, une valeur minimale au-dessus de la norme communautaire fixée serait synonyme d'une bonne performance.

2- Moyenne

La moyenne arithmétique d'une série statistique est égale au rapport de la somme des valeurs observées par le nombre d'observations. On la note généralement

Où : xi représente la valeur observée et n le nombre d'observations.

3- Ecart type et coefficient de variation

On désigne par écart type la racine carré de la variance. Il est noté "s" Il se calcule par la formule :

désigne la valeur observée, la moyenne et n le nombre d'observation.

L'écart type mesure la dispersion autour de la moyenne. Plus l'écart type est élevé, plus les valeurs de la variable sont volatiles.

Le coefficient de variation mesure également la volatilité des unités indépendantes. Il permet de comparer des séries exprimées dans des unités différentes. Plus le coefficient de variation est élevé, plus la variable est volatile. Il est noté Cv et se calcule par la formule :

Cv

S représente l'écart type et la moyenne de la série.

4- Taux global de progression et taux moyen de progression

Le taux global de progression ou rythme de progression ou taux de croissance traduit l'évolution d'une variable entre une période initiale ( ) et une période finale ( ). Le taux global de progression noté est égal à :

représente la valeur observée de la période finale et celle de la période initiale.

Le taux moyen de progression ou rythme moyen de progression ou taux de croissance moyen permet d'évaluer l'évolution d'un agrégat en lissant les variations conjoncturelles. En d'autres termes c'est le taux de croissance équivalent à une croissance identique chaque année. Il est noté et est égale à :

Avec le nombre d'observation.

B. Processus d'analyse quantitative

Le processus d'analyse de la performance des instruments de mesure repose sur la définition des règles de décision, de la méthodologie de collecte des données et de la méthodologie de traitement des données.

1- Les règles de décision

L'analyse des instruments de mesure porte sur les critères et indicateurs du PTF définis par la décision N°34/2009/CM/UEMOA. Les règles de décision sont les différents niveaux que les critères et indicateurs du Togo doivent atteindre pour être considérés comme performant.

La décision précitée définit trois critères principaux et six critères complémentaires sur lesquelles la Commission se base pour justifier la nécessité d'une transition. Mais, la décision définit également un indicateur de performance et des indicateurs de suivi afin de mesurer les impacts du programme sur la mobilisation des ressources fiscales. Dans le cadre de ce travail, tous les critères et indicateurs seront de manière générale utilisés. Cependant, compte tenu du nombre important et d'une quasi indisponibilité des données pour certains instruments, l'analyse voudrait spécifiquement se recentrer sur trois instruments fondamentaux pour déterminer la performance des indicateurs du Togo. L'accent particulier mis sur trois critères notamment ceux relatifs aux recettes fiscales intérieures dénote du but même du programme de rendre les ressources fiscales des pays de l'UEMOA moins dépendantes des recettes de porte. Ainsi, deux critères principaux et un indicateur de performance seront succinctement étudiés. Il s'agit du ratio des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales ; du ratio des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur et du ratio des recettes fiscales totales rapportées au PIB nominal (taux de pression fiscal). Les règles de décision sont retenues selon les dispositions de la décision N°34/2009/CM/UEMOA portant adoption des critères et indicateurs de la transition fiscale au sein de l'UEMOA.

a- Règle de décision liée à la performance des recettes fiscales intérieures dans la masse des recettes fiscales totales

Selon l'article 4 de la décision précitée, le poids des recettes fiscales intérieures d'un pays par rapport à ses recettes totales sera dit optimal si lesdites recettes fiscales équivalent ou excèdent 55? des recettes totales.

b- Règle de décision liée à la performance des recettes fiscales intérieures par rapport aux recettes fiscales sur le commerce extérieur

S'il s'avère indispensable que pour garantir le financement des dépenses publiques sur fonds propres, la masse des recettes fiscales intérieures doit atteindre au minimum 55? des recettes totales, les recettes fiscales sur le commerce extérieur ne peuvent en principe excéder 45?. Dans ces conditions, le rapport des recettes fiscales intérieures aux recettes fiscales sur le commerce extérieur soit 1.22 (55?/45?) est déjà une performance des recettes fiscales intérieures par rapport aux recettes fiscales sur le commerce extérieur. L'atteinte alors de la norme de 1.5 fixée par la décision serait qualifiée comme une consolidation du poids des recettes fiscales intérieures dans les ressources fiscales du pays.

L'atteinte par le Togo des deux décisions ci-dessus sur la période d'analyse serait synonyme de réussite du programme.

c- Règle de décision liée à la performance des recettes fiscales totales dans la Production Intérieur Brut nominal (PIB).

L'article 5 de la décision N°34/2009/CM/UEMOA estime la mobilisation des recettes fiscales efficace si le rapport des recettes fiscales totales par le PIB nominal est supérieur ou égal à 17?. Dans le cadre de cette analyse, il sera tenu compte du même seuil.

2- Collecte des données

Les données ont été collectées dans la Banque de Données de la Surveillance Multilatérale (BDSM) alimentée par les Comités Nationales de Politiques Economiques (CNPE) à partir des Tableaux des Opérations Financières (TOFE) de l'Etat togolais.

Dans le cadre de ce travail, les différents critères et indicateurs représentent des variables. Les données des variables ont été collectées sur une période de 10 ans (2002-2011) soit n (nombre d'observation) égale à 10. Les informations sélectionnées constituent donc toutes les données afférentes à chacune des variables sur la période 2002-2011. Mais, pour conduire la comparaison avant-après, la période de 10 ans a été subdivisée en deux sous périodes de 5 ans chacune.

3- Traitement des données

Les données recueillies ont été saisies et traitées sur le logiciel Excel.

La saisie a consisté à établir des distributions statistiques avec chacune des variables.45(*) De manière générale, l'étude retient comme variables d'analyse, les recettes fiscales intérieures, les recettes fiscales de porte, les recettes fiscales totales, le PIB nominal, le ratio recettes fiscales totales rapportées au PIB, le ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales et le ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur soient sept variables au total. Mais, trois variables de la décision N /2009/CM/UEMOA sont spécifiquement retenues pour mesurer la performance. Il s'agit d'abord, du ratio des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales, du ratio des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur et enfin du ratio des recettes fiscales totales rapportées aux PIB nominal.

Ainsi, pour chaque variable, trois distributions statistiques ont été élaborées. D'abord, une distribution couvrant toute la période d'analyse qui retrace de manière générale le comportement des variables sur la période 2002-2011. Ensuite, une distribution dont le nombre d'observations est égale à 5 (2002-2006) est consacrée à l'analyse de l'évolution des variables avant l'adoption du programme. Enfin, une dernière distribution statistique permet de mesurer l'évolution de chacune des variables après l'adoption du PTF (2007-2011).

Dans une première phase, le traitement a consisté à recalculer toutes les données collectées dans le TOFE et à les ordonner selon les dispositions du CNPE. Ainsi, il est opportun de remarquer qu'en dehors des considérations discutables, la TVA et les droits d'accises perçues à la porte sont inclues dans les recettes douanières tandis que les impôts directs, la TVA et les droits d'accises intérieures (boisson, carburant) les taxes routières et les droits d'enregistrements forment les recettes fiscales intérieures.

Dans une seconde phase, le traitement a consisté à appliquer à chaque variable, les outils d'analyse présentés plus haut. Une confrontation avec les ratios de référence de l'UEMOA a ensuite été opérée. La présentation des résultats consiste en une interprétation des grandeurs significatives et en une illustration graphique (courbes et histogrammes).

Paragraphe II : Méthodologie d'analyse qualitative des réformes (actions)

Il s'agit ici de décrire les instruments d'analyse des actions (A) et le procédé d'analyse (B)

A. Instruments d'analyse des réformes

Les réformes ou actions constituent toutes les directives adoptées par le Conseil des Ministres de l'UEMOA dans le cadre de l'atteinte des objectifs émanant des domaines ciblés par le PTF. En d'autres termes, il s'agit d'analyser les mesures prises par le Conseil des Ministres, la Commission de l'UEMOA et les Etats afin de consolider le marché commun, de soutenir la croissance et le financement du développement, d'optimiser la mobilisation des ressources fiscales et douanières et de renforcer les capacités et la synergie entre administrations fiscales et douanières.

L'analyse des actions permet d'expliquer les diverses variations des instruments quantitatifs. Dans chacune des mesures, les dispositions relatives à l'élargissement de l'assiette, à la révision des taux, à l'organisation de l'administration fiscale et aux mutations intervenues dans l'environnement sociopolitique économiques et diplomatique en vue de l'instauration d'une véritable fiscalité de développement seront mis en exergue.

Cependant, dans le cadre de l'analyse, seul les directives de l'UEMOA répondant aux mesures contenues dans chaque domaine cible feront l'objet de l'étude compte tenu des informations disponibles. L'analyse des actions est un aperçu sur la fiscalité intérieure du Togo. Elle utilise les outils d'analyse comparative pour expliquer en détail, les raisons d'évolution des indicateurs de performance.

B. Processus d'analyse des réformes

Le système fiscal togolais est caractérisé par un ensemble hétéroclite de taxes et impôts. Mais, le PTF étant un programme engageant particulièrement les impôts et taxes intérieurs, dans le cadre de cette analyse, l'ensemble des impôts et taxes intérieurs prépondérants dans la détermination de l'assiette fiscale intérieure feront l'objet de l'étude.

Le processus d'analyse consistera dans une première phase à la présentation des réformes textuelles d'ordre strictement fiscal entreprises par le Togo. Ces réformes consistent en l'adaptation des mesures, des dispositions des différents textes fiscaux aux mesures du PTF. L'objectif étant de présenter le degré d'incorporation ou de transposition des mesures et directives de la Commission dans les textes fiscaux togolais. Il s'agit donc d'un aperçu sur le système fiscal togolais actuel qui empruntera un caractère comparatif des dispositions fiscales nationales aux dispositions fiscales sous-régionales recommandées par la Commission de l'UEMOA.

Dans une seconde phase, l'analyse qualitative utilise toutes les mesures prises sur la période d'analyse ayant une interférence fiscale pour expliquer les variations des résultats issus de l'analyse quantitative.

DEUXIEME PARTIE : PHASE D'EXECUTION

Confinés dans la précarité, les pays de la zone franc d'Afrique de l'ouest sont contraints de rechercher les voies et moyens pour assurer un bien-être minimal à leur population. Mais, comment accroitre les interventions des pouvoirs publics, agir sur l'investissement et la consommation pour assurer une croissance continue et soutenue ? L'outil fiscal semble être l'un des instruments les plus fiables pour répondre à toutes ces interrogations. Désormais, on parle de «fiscalité-développement». Aussi, faut-il moderniser le système fiscal pour l'adapter aux exigences actuelles des économies de l'UEMOA. A cet effet, le 23 mars 2006, le Programme de Transition Fiscale (PTF) a été adopté. Pour réussir cet ambitieux projet, dans une première phase, des indicateurs ont été définis, des dispositifs institutionnels ont été mis en place pour piloter et suivre le programme. A l'horizon 2013, plusieurs résultats sont envisagés. Il s'agit dans une seconde phase, d'établir une analyse à mi-parcours des différents indicateurs afin de relever ce qui a été fait (chapitre I) d'en expliquer les incidences et de ressortir ce qui reste à faire (chapitre II).

Chapitre I : Présentation des résultats

En adoptant le traité instituant l'UEMOA, le Togo à l'instar des sept autres pays membres s'engage à mettre en oeuvre toutes les réformes prônées par l'institution sous-régionale. Cet engagement inclut aussi l'application des dispositions relatives au PTF. A cet effet, le Togo doit lever tous les obstacles à la consolidation du marché commun, à la croissance et au financement du développement, à la mobilisation optimale des ressources fiscales et douanières et au renforcement des capacités et de la synergie entre administrations fiscale et douanière. Les résultats attendus sont à la hauteur des obstacles. Le Togo, à la fin du programme, devrait avoir un système fiscal simple, élastique, stable, prévisible, transparent équitable, exempt de distorsions, à haut rendement et peu couteux au plan administratif. Pour parvenir à ces résultats, un dispositif de suivi composé d'indicateurs a été créé. A l'horizon 2013, ces normes devraient correspondre à celles fixées par la décision N°34/2009/CM/UEMOA du 17 décembre 2009.

Le contexte économique mondial marqué par des crises successives engendre d'une part une baisse de l'aide publique au développement estimé à 201.4 milliards de CFA sur la période 2009-2011 et d'autre part un gap de financement des projets de réduction de la pauvreté évalué à 73.1 milliards de CFA sur la période précitée.46(*) L'imprévisibilité des ressources fiscales de porte pourtant dominante dans les recettes de l'Etat, ainsi que l'incidence des accords de partenariats futurs et les besoins sans cesse croissants de financements des projets publics, rendent l'avenir du Togo sans une source de financement fiable et prévisible difficile. D'autant plus que selon CHAMBAS, l'ouverture commerciale entrainerait à terme la disparition en moyenne d'environ 30% des recettes budgétaires des Etats africains. Il s'avère donc impératif pour le Togo de réussir au plus tard en 2013 sa transition fiscale. Pour cela, il est nécessaire de connaitre la situation actuelle des indicateurs du Togo (section 1) afin de mieux réorienter les actions. Mais, l'environnement fiscal à l'instar de l'environnement économique est marqué par une complexité telle que les actions peuvent ne pas produire les résultats espérés ou même des résultats contraire. A cet effet, il serait opportun d'avoir un aperçu de la situation fiscale actuelle (section 2).

Section 1 Présentation des variables de performances

Soucieux de mettre en place des outils pour suivre la performance des administrations financières dans leurs efforts de mobilisation des recettes fiscales pour le développement, le Conseil des Ministres de l'UEMOA a adopté des critères et des indicateurs. Dans le cadre de ce travail, les critères principaux et l'indicateur de performance prépondérant (taux de pression fiscale) sont regroupés en variables principales de performance (paragraphe II) tandis que les variables subsidiaires représentent les critères complémentaires (paragraphe I).

Paragraphe I Variables subsidiaires de performance


Globalement, les recettes fiscales totales du Togo sont passées d'une valeur minimale de 115.53 milliards de CFA en 2002 à une valeur maximale de 291.41 milliards de CFA en 2011 soit une progression moyenne de 9.69% par an sur l'ensemble de la période. Le taux moyen de progression avant l'adoption du PTF étant de 9.14% par an et 8.27% après ; les recettes fiscales totales ont été plus performantes sur l'ensemble de la période. Cependant, la hausse continue des recettes a connu un fléchissement en 2005 avec un taux de croissance minimal de 1.54% alors que les recettes totales ont oscillé entre 7.19% et 27.93%. Cette hausse continue a connu une inversion des tendances entre les recettes fiscales intérieures et les recettes fiscales sur le commerce extérieur en 2006. En effet, depuis 2006, on note une prépondérance des recettes fiscales sur le commerce extérieur mettant ainsi un coup d'arrêt à la suprématie des recettes fiscales intérieures depuis 2003.

A. Les recettes fiscales intérieures


Malgré le taux de progression annuel moyen de 8.59% sur l'ensemble de la période, les recettes fiscales intérieures ont connu une évolution peu régulière avant l'adoption du PTF avec un taux de croissance de 49.59% en 2003, elles ont chuté de -11.93% en 2005 avant de reprendre un véritable élan à partir de 2007 pour atteindre 15.90% en 2009 et 13.23% en 2011. L'écart type de 12.41 pour une moyenne de 80.11 milliards sur la période 2002-2006 est cependant moins dispersé que les 14.45 enregistrés après l'adoption du programme sur une moyenne de 105.72 milliards de CFA.

La structure des recettes fiscales intérieures a connu une modification sur la période 2002-2011. Prépondérante depuis 2002 avec une valeur maximale de 55.65% en 2003, les impôts directs ont chuté pour ne représenter que 45.26% des recettes fiscales intérieures en 2010. Cependant, leur rythme de progression a été saccadé sur l'ensemble de la période. Ainsi, on distingue une évolution de -12.88%, -2.72%, et -9.81% respectivement en 2005, 2007 et 2010. Néanmoins, leur niveau est passé de 29.17 milliards en 2002 à 59.58 milliards en 2011. Le taux de progression annuel moyen est de 9.94% sur la période 2002-2006 et 5.50% entre 2007 et 2011.

Quant aux impôts intérieurs indirects, ils ont atteint 39.50 milliards (2004) de CFA sur la première période d'analyse et 61.74 milliards (2011) sur la seconde avec une progression moyenne de 9.39% par an sur l'ensemble de la période. La TVA est dominante dans les impôts intérieurs indirects et leur valeur minimale et maximale dans les recettes intérieures s'élèvent respectivement à 19% en 2003 et 34.70% en 2010.

B. Les recettes fiscales sur le commerce extérieur

Sur la période d'observation, les recettes fiscales sur le commerce extérieur était de 100.66 milliards de CFA en moyenne annuelle. Elles ont réalisé un accroissement moyen annuel de 10.66% passant de 59.17 milliards de CFA en 2002 à 162.94 milliards de CFA en 2011. Malgré une progression continue sur l'ensemble de la période, on note cependant un essoufflement du rythme de progression entre 2005 et 2009. Ainsi, le taux de croissance sur cette période est passé de 20.21% en 2005 à 2.78% en 2009 avant de remonter à 22.32% en 2011. Sur les deux sous période d'analyse, les recettes fiscales de porte ont connues une progression moyenne de 9.25% par an et 8.14% après l'adoption du PTF.

Avec une valeur minimale de 49.50 milliards (2002) et 58.76 milliards (2007), la structure des recettes fiscales de porte est essentiellement dominée par la TVA perçue au cordon douanier par les services des douanes. Celle-ci représente en moyenne 53.83% de l'ensemble des recettes fiscales sur le commerce extérieur avec une moyenne de 51.34% avant la transition fiscale et 54.91% sur la période 2007-2011.

Représentant en moyenne 46.17% des recettes fiscales de portes, les droits de douanes ont connu une progression continue sur l'ensemble de la période. Elles sont passées de 29.88 milliards de CFA en 2002 à 73.51 milliards de CFA en 2011. Mais, on note un rythme irrégulier dans la progression : 1.52% en 2003 ; 74% en 2005 ; 8.93% en 2010 contre 13.20% en 2004, 21.52% en 2008 et 15.99% en 2011. Par ailleurs, l'écart type sur l'ensemble de la période est de 14.39 avec 9.93 enregistré sur la période post PTF.

Les résultantes des variables subsidiaires dressent un aperçu général de l'évolution des recettes fiscales sur la période 2002-2011. Il sied cependant pour une évaluation succincte de la performance du PTF de recourir aux variables centrales d'évolution.

Paragraphe II : Variables principales de performance

Les variables principales de performance comprennent les ratios des deux critères principaux de transition fiscale et le ratio de l'indicateur de référence pour mesurer le niveau de mobilisation des recettes fiscales contenu dans l'Acte Additionnel N°04/99 du 08 décembre 1999 portant pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité. Il s'agit du ratio des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes sur le commerce extérieur ; du ratio des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales et du ratio des recettes fiscales totales rapportées au PIB nominal.


Sur la période d'observation, on note une progression extraordinaire de l'ensemble des variables en 2003, jusqu'à 39.41% pour les recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur. Mais, cette hausse ne s'est pas stabilisée. Le bon positionnement de l'ensemble des normes s'est fortement dégradé en 2005 ; avec des chutes allant à -26.74% pour la norme mis en exergue en 2003. Sur le reste de la période, le rythme de progression de l'ensemble des ratios est peu régulier.

A. Ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur

Sur l'ensemble de la période 2002-2011, la norme de 1.5 retenue comme niveau minimale de performance du rapport recettes fiscales intérieures, recettes fiscales sur le commerce extérieur n'a jamais été atteinte par le Togo. On distingue cependant trois principales phases d'évolution du ratio. La première phase est marquée par une progression constante du ratio. De 0.95 en 2002, son niveau est passé à 1.39 en 2004. La deuxième phase couvre la période 2005 à 2008. Le niveau du ratio a chuté en passant de 1.02 à 0.76 (0.26) sur cette période. La dernière phase (2009-2011) est celle de stabilité relative. La moyenne de la première sous période (2002-2006) 1.12 est supérieure à celle de la seconde, 0.85 mais avec un écart type plus dispersé de 0.19.

B. Ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales


Le ratio recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales totales a connu une nette progression sur les trois premières années d'analyse. De 48.78% en 2002, les recettes fiscales se sont fortement accrues dans la part des recettes totales pour atteindre un pic de 58.09% correspondant à 92.03 milliards de CFA en 2004. Mais, à partir de 2004, on constate une évolution négative du ratio. En effet les recettes fiscales intérieures ont chuté pour ne représenter que 43.19% de l'ensemble des recettes en 2008. Il faut noter cependant que sur cette période de régression des rythmes de croissance de l'ensemble des recettes fiscales, la chute des taux de croissance des recettes fiscales intérieures (7.09% en 2006 à 1.73% en 2008) est plus proportionnelle à celle des recettes fiscales de portes (15.36% en 2006 à 13.01% en 2008). La part des recettes fiscales intérieures dans les recettes totales a repris timidement 46.16% en 2009 et 46% en 2010 mais elle est retombée rapidement à 44.09% en 2011 avec un taux de croissance de 13.23% des recettes fiscales intérieures.

Cependant, avec un taux moyen de 52.57% sur l'ensemble de la période, le Togo a atteint la norme de 55% en 2003 et 2004 respectivement 57.04% et 58.09%. La part moyenne des recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes totales est de 48.80% sur la période 2002-2006 et 45.04% après l'adoption du programme. La volatilité est moins forte sur la période 2007-2011 : écart type 1.19.

C. Ratio recettes fiscales totales rapportées aux PIB nominal

Encore désigné taux de pression fiscale, le ratio recettes fiscales totales rapportées au PIB nominal a connu une évolution peu régulière sur l'ensemble de la période d'analyse. Il a cependant avec son niveau de 17.15% enregistré en 2011 permit au Togo de remplir la norme de 17% prévue par le pacte de convergence et repris par la décision N°34/2009/CM/UEMOA.

Après avoir connu une dépression en 2005 avec son niveau de 14.45%, le taux de pression fiscale a progressivement dépassé la moyenne de 15.83% (écart type de 0.78) déterminée sur la période 2007-2011 pour se situer à 16.15% en 2007 soit 195.87 milliards de CFA de recettes. Mais, la pression fiscale est rapidement redescendue à 14.89% en 2008 avant de remonter régulièrement pour franchir la barre des 17% en 2011. En moyenne, le taux de pression fiscale a été de 14.36% sur la période 2002-2006.

Section 2 : Aperçu sur le système fiscal togolais actuel

Utilisé subsidiairement comme moyen d'intervention de l'Etat dans le domaine économique et social, le système fiscal ou fiscalité peut être défini comme l'ensemble des impôts et taxes en vigueur dans un pays à un moment donné. Les impôts et taxes étant toutes prestations pécuniaires exigées des contribuables ou redevables par la puissance publique sur la base des textes légaux. En effet, selon Gaston Jézé, « l'impôt est une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie d'autorité, à titre définitif et sans contrepartie et destinée à la couverture des charges publiques » quant à la taxe, elle correspond à la contrepartie d'une activité, c'est la rémunération d'un service offert par l'administration. Cependant la taxe est un impôt lorsqu'issue d'une loi fiscale, elle est perçue sans contrepartie.

Le système fiscal togolais se caractérise par une multiplicité de taxes et impôts. Plusieurs classifications peuvent en être faites. Cependant, la classification ordinaire consiste à distinguer la fiscalité de porte de la fiscalité intérieure.

La fiscalité de porte qui est du ressort de la Direction Générale des Douanes (DGD) est régie par le Code des Douanes. Elle regroupe les droits de douanes et taxes d'effets équivalents qui s'appliquent aux biens qui franchissent le cordon douanier togolais. Dans le cadre des réformes en vue de l'instauration d'une union douanière, le code des douanes est complété par le code communautaire des douanes adopté par le règlement N°09/2001/CM/UEMOA du 29 novembre 2001. Cette modification a eu des impacts sur la structure même des recettes de porte ; d'où, la nécessité d'une transition fiscale.

Quant à la fiscalité intérieure, elle est constituée par l'ensemble des impôts et taxes liquidés et recouvrés à l'intérieur par la Direction Générale des Impôts (DGI). Elle est régie essentiellement par le Code Général des Impôts (CGI) voté par la loi N°83-22 du 30 décembre 1983. Mais, d'autres textes tels le code des investissements, le Statut de la zone franche et les diverses conventions fiscales sont aussi souvent applicables pour déterminer les impôts et taxes intérieurs dus par certains contribuables. Dans le cadre de la transition fiscale, plusieurs dispositions des principaux textes fiscaux ont été révisées.

La mise en oeuvre des réformes entreprises dans le cadre du PTF est globalement effective dans les Etats membres de l'UEMOA. Il s'agit entre autre de l'harmonisation de la fiscalité intérieure, de l'élargissement de l'assiette fiscale et de la mise en place d'un cadre fiscal attrayant pour les investissements. Comment la transposition de ces séries de mesures s'est faite au Togo ? C'est à cette question que nous nous emploierons à résoudre dans ce bref aperçu sur le système fiscal togolais. Il s'agira d'exposer dans un premier temps le paysage des impôts intérieurs directs (paragraphe I) avant de se pencher sur les impôts intérieurs indirects (paragraphe II).

Paragraphe I : Impôts intérieurs directs

On entend par impôts directs, les impôts dont le paiement est effectué ou supporté par la personne sur qui repose la charge de l'impôt. Dans le cadre de la transition fiscale, les impôts directs ont faits l'objet de plusieurs réformes notamment par la Décision N°16/2006/CM/UEMOA portant adoption du programme d'harmonisation de la fiscalité directe au sein de l'UEMOA. Ces modifications tout en visant l'amélioration du climat des affaires dans l'espace UEMOA s'inscrivent dans une logique de dynamisme des recettes fiscales intérieures directes.

Les impôts directs se distinguent en impôts perçus sur le revenu des contribuables (A) et en autres impôts directs (B).

A. Impôts sur le revenu (IR)

Selon qu'ils frappent le revenu des ménages ou des entreprises, on distingue respectivement l'impôt sur le revenu des personnes physiques, IRPP (1) et l'impôt sur les sociétés, IS (2).

1- Impôts sur le revenu des personnes physiques (IRPP)

L'IRPP est un impôt perçu au profit du budget général de l'Etat sur 8 catégories de revenus. Il s'agit : des traitements, salaires, pensions et rentes viagères (TS) ; des bénéfices industriels commerciaux et agricole (BIC); des bénéfices non commerciaux (BNC) ; des revenus fonciers (RF) ; des revenus de capitaux mobiliers (RCM) ; des revenus des exploitations agricoles (BA) ; des rémunérations allouées aux gérants et associés de certaines sociétés et des plus-values de cession à titre onéreux de certains biens ou certains droits.

L'IRPP est établi par l'instruction N°1213/MEF/DGI du 21 décembre 1984 et est perçu sur le revenu net global des ménages déterminés selon les dispositions des articles 119 à 125 du CGI togolais. L'adjonction des revenus nets catégoriels déterminés d'après les articles 15 à 108 du CGI constitue le revenu net global imposable par tranche.

Dans le cadre de la mise en application du PTF, le paysage fiscal des impôts sur le revenu a subi des mutations créant ainsi une incidence sur les recettes fiscales directes. Ces mutations résultent aussi bien de l'incorporation des actes communautaires que des restructurations nationales. Dans un cadre d'étude, il serait originale d'exposé le paysage actuel des impôts directs ciblés par les dispositions de la transition fiscale.

a- Impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et artisanaux (IR-BIC)

L'impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et artisanaux est perçu pour le compte du budget de l'Etat sur les bénéfices nets des charges d'exploitation réalisés par des personnes physiques ou morales exerçant des activités commerciales, industrielles, artisanales au terme d'un exercice comptable. Suivant les dispositions de la directive N°16/2006/CM/UEMOA, l'IR-BIC fait partie intégrante des impôts ayant un impact significatif tant sur les recettes de l'Etat que sur le fonctionnement du marché commun. Ainsi, diverses modifications ont été entreprises pour rendre cet impôt plus optimal47(*). Ces modifications préconisées par la directive N°01/2008/CM/UEMOA visent le champ d'application de l'impôt, les règles fixant ses conditions d'exonérations et exemptions, ses modalités de détermination ainsi que sa liquidation.

S'agissant du champ d'application de l'IR-BIC, la directive précitée a été transposée par la loi de finances 2011 à l'article 31 du CGI, dans l'optique de permettre une plus grande ouverture du capital des exploitations individuelles et des sociétés de personnes et assimilées.

En ce qui concerne les modalités de détermination des résultats, une cinquième condition de déductibilité des charges préconisée par la directive N°01/2008/CM/UEMOA portant harmonisation des modalités de détermination du résultat imposable a été ajoutée aux conditions de déductibilités inscrites à l'article 39-1 du CGI par la loi de finances 2010. Par ailleurs, d'autres mesures incitatives à l'investissement ont été transposées dans le CGI par la loi de finances 2010 à travers les articles 39-1 n et s et les articles 39-2 et 39-3.

Dans le cadre de la transition fiscale, des initiatives visant à permettre une meilleure répartition du revenu national ont été prises, notamment par la révision à la baisse des taux d'IRPP et le relèvement du niveau d'exonération de 270 000 en 2008 à 900 000 CFA en 2011. Ces mesures inscrites à l'article 135 du CGI ont pour rôle d'accroitre le bien être de la population et d'inciter les déclarations spontanées.

b- Impôt sur le revenu des capitaux mobiliers (IR-CM)

L'IR-CM est prélevé à la source sur les dividendes, jetons de présence, tantièmes, et autres revenus des actions, parts sociales et obligations mis à la disposition des bénéficiaires. Il est régi par les articles 73 à 100 du CGI togolais. L'impôt est perçu dans le mois suivant l'expiration du trimestre au cours duquel le revenu est versé par application de deux taux suivant que les produits de placements soient variables ou fixes.

En vue d'inciter la population à l'investissement, à l'épargne et favoriser l'élargissement de l'assiette fiscale, dans un premier temps, la directive N°02/2010/CM/UEMOA a été édictée par le Conseil des Ministres de l'UEMOA du 30 mars 2010. Les dispositions y afférentes ont été transposées dans la loi de finances 2011 notamment aux articles 75, 84 et 98 du CGI. Mais, pour mieux cerner les objectifs visés par l'acte précédent, la directive N°02/2011/CM/UEMOA a été adoptée. La mise en application s'est faite par une réécriture dans la loi de finances portant gestion 2012 des articles 75, 84, 93, et 98 du CGI.

L'IRPP à travers notamment l'IR-BIC et l'IR-CM représente avec l'IS, les deux principaux impôts directs sur le revenu ayant déjà fait l'objet d'une harmonisation et de réformes succinctes dans le cadre du PTF. Cependant, tous les impôts directs sont visés par le règlement N°08/2008/CM/UEMOA portant adoption des règles visant à éviter la double imposition au sein de l'UEMOA et des règles d'assistance en matière fiscale. Cet acte en luttant contre la fraude et l'évasion fiscale a essentiellement pour objectif de permettre à chaque Etat membre de recouvrer toutes les créances fiscales dues par un contribuable résidant dans la zone UEMOA.

2- Impôt sur les sociétés (IS)

L'IS est un impôt perçu sur le revenu des personnes morales quelle que soit la forme juridique sauf exonération, exemption ou option pour l'IR au sens de l'article 31 du CGI. Régies par les articles 137 à 162 du CGI, les modalités de détermination de la base imposable à l'IS sont semblables à quelques exceptions près à celles de l'IR-BIC.

Dans le cadre de la mise en oeuvre du PTF, plusieurs directives ont porté sur le champ d'application, les exonérations et exemptions, les modalités de calcul et sur le taux de liquidation de l'IS. Ainsi, à travers plusieurs loi de finances, les articles 138 ; 139 ; 142 ; 146 ; 147 ; 148 ; 150 ; 160 ; du CGI ont été modifiés sur la période 2009-2012. Par ailleurs, plusieurs dispositions portant sur les modalités de détermination de l'IS comprises dans les articles 30 à 41, 48 à 52 et 112 du CGI ont été aussi réécrites. Cependant la modification majeure demeure, le taux d'IS qui est réduit de 30% à 27? du bénéfice imposable pour les industries et de 33% à 30% pour les autres entreprises.

Les modifications dans le cadre de la mise en oeuvre du PTF touchent aussi le code des investissements et le statut de la zone franche. En effet un nouveau code des investissements a été adopté en 2012 abrogeant ainsi le code des investissements adopté par la loi N°89-22 du 30 octobre 1989. S'agissant du statut de la zone franche, la loi N°89-14 du 18 septembre 1989 portant statut de la zone franche de transformation pour l'exportation a été modifié par la loi N°2011-018 portant statut de la zone franche industrielle.

Toutes ces réformes résultent de la transposition de divers actes communautaires. Il s'agit notamment de :

- la directive N°01/2008/CM/UEMOA portant harmonisation des modalités de détermination du résultat imposable dans l'espace UEMOA ;

- la directive N°05/2008/CM/UEMOA portant harmonisation du régime fiscal des provisions constituées par les banques et établissements financiers en application de la règlementation bancaire ;

- la directive N°08/2008/CM/UEMOA portant harmonisation du taux de l'impôt assis sur les bénéfices des personnes morales dans les Etats membres de l'UEMOA ;

- le règlement N°08/2008/CM/UEMOA portant adoption des règles visant à éviter la double imposition au sein de l'UEMOA et des règles d'assistance en matière fiscale ;

- le règlement N°14/2008/CM/UEMOA portant sur les règles et les conditions de constitution, de concession, d'installation et d'exploitation de la zone franche.

L'ensemble des réformes visent à mettre en oeuvre le PTF adopté par décision N°10/2006/CM/UEMOA pour atteindre les résultats suivants :

- création d'un marché intérieur par élimination de toutes les entraves fiscales ;

- fiscalité harmonisé, simple, cohérente, prévisible et incitative ;

- répartition du taux de pression fiscale sur tous les contribuables ;

- promotion du civisme fiscal et élargissement de l'assiette fiscale ;

- augmentation du rendement de l'IS et promotion de la compétitivité.

Dans le cadre de l'exécution du PTF, les dispositions afférentes aux impôts sur le revenu ont subi de nombreuses modifications. Qu'en est-il des autres impôts directs ?

B. Autres impôts intérieurs directs

Parmi les autres impôts directs figurent notamment la taxe foncière (1) et la taxe professionnelle (2).

1- Taxe foncière (TF)

La taxe foncière est établie annuellement sur les propriétés bâties et non bâties sises au Togo à l'exception de celles qui en sont expressément exonérées par les dispositions du code. Elle couvre les articles 248 à 290 du CGI et est recouvrée au profit du budget de l'Etat et des communes. La taxe foncière ne fait pas expressément partie des impôts cités dans le cadre de la transition fiscale. Cependant, les Etats sont encouragés à prendre des initiatives visant à accroitre les recettes fiscales par l'atteinte du point de convergence du taux de pression fiscale. Etant entendu que l'importance de la taxe foncière pour le financement des projets des collectivités territoriales n'est plus à démontrer, le Togo dans le cadre de la réforme administrative a rattaché par décret N°2010-027 bis /PR du 30 mars 2010 modifiant et complétant le décret N°2007-011/PR du 28 février 2007 portant attributions et organisation de la direction générale des impôts, le cadastre à la direction des domaines de la DGI. L'objectif est de mettre en place un cadastre fiscal qui répond aux normes internationales. Mais, à terme, ce projet vise à établir une législation fiscale applicable pour une meilleure perception des impôts fonciers.

2- Taxe professionnelle (TP)

L'article 232 du CGI définit la taxe professionnelle comme un impôt perçu auprès des personnes physiques ou morales qui exercent une activité professionnelle non salariée sous réserve des exemptions prévues à l'article 234 du CGI. Elle est régie par les articles 232 à 247 du CGI togolais. Tout comme la taxe foncière, la taxe professionnelle n'est pas expressément ciblée dans le cadre de la décision portant harmonisation de la fiscalité directe. Cependant, dans l'annexe de la décision N°10/2006/CM/UEMOA, toute initiative des Etats visant à accroitre le rendement des impôts tout en préservant un cadre d'investissement performant est encouragée.

On peut citer parmi les autres impôts directs, la taxe sur salaire (TS), la taxe d'habitation (TH), la taxe complémentaire sur salaire (TCS), la taxe sur la promotion touristique (TSPT) etc...Même si, actuellement, ces différentes taxes ne constituent pas encore des axes de la transition fiscale, les Etats membres sont encouragés à procéder à la révision des dispositions régissant ces différentes taxes qui font entorses à la mise en place d'une fiscalité orientée vers le développement.

Paragraphe II : Impôts intérieurs indirects

En adoptant le traité de l'UEMOA, le Togo à l'instar des autres pays de l'UEMOA s'est engagé dans un processus d'intégration par les marchés. Ce processus devrait à terme se traduire par l'instauration d'un marché commun marqué par la libre circulation des personnes et des biens. Pour atteindre cet objectif, deux axes d'harmonisation ont été visés par les Etats de l'organisation sous régionale. Le premier consiste à la levée des entraves douanières et s'est concrétisé en 2000 par l'instauration d'une union douanière. Le second, plus complexe, consiste à l'harmonisation de la fiscalité.

Pour amorcer ce second axe d'ouverture au marché commun, la Commission de l'Union a identifié les impôts et taxes indirects comme étant la part prépondérante de l'iceberg fiscal qui devait être rapidement aplanie. Ainsi, les Ministres des Finances des Etats membres de l'UEMOA se sont réunis le 03 juillet 1998 à Dakar pour adopter la décision N°01/98/CM/UEMOA portant adoption du programme d'harmonisation des fiscalités indirectes intérieures. A l'ordre des impôts et taxes retenus par cette décision, on peut citer : la TVA, les droits d'accises et les prélèvements sur les produits pétroliers. Aussi, la mise en application de cette décision, a nécessité plusieurs directives. Il s'agit notamment de :

- la directive N°02/98/CM/UEMOA portant harmonisation des législations des Etats membres en matière de taxe sur la valeur ajoutée ;

- la directive N°03/98/CM/UEMOA portant harmonisation des législations des Etats membres en matière de droits d'accises ;

- la directive N°06/2001/CM/UEMOA portant harmonisation de la taxation des produits pétroliers.

Mais, aujourd'hui, avec la décision N°10/2006/CM/UEMOA portant adoption du programme de transition fiscale, il ne s'agit plus seulement d'harmoniser la fiscalité des Etats de l'UEMOA. Ainsi, à l'harmonisation ont été adjoint, d'autres objectifs tels l'instauration d'une fiscalité de développement et l'élargissement de l'assiette fiscale. Quel est dans ce cas, le nouveau paysage de la TVA (A) des droits d'accises (B) et des droits d'enregistrement (C) au Togo?

A. Taxe sur la Valeur ajoutée (TVA)

Avant la promulgation de la loi N°83-22 portant Code Général des Impôts, le système fiscal togolais était caractérisé par un ensemble hétéroclite de taxes indirectes. En effet, la loi N°66-16 du 08 décembre 1966 a institué un code de taxes indirectes comportant : la taxe à la production, la taxe sur les prestations de services, la taxe de promotion industrielle, la taxe spéciale à l'exportation, la taxe locale etc. Plus tard, la loi N°83-22 créa une taxe indirecte unique appelée la Taxe Générale sur les Affaires (TGA) avec cependant des taux différenciés de 5% ; 14% et 30% selon le type de biens. Mais, la TGA togolais ne garantissait pas une neutralité de la taxe indirecte inventée par le français Maurice LAURE en 195448(*). Aussi, la TVA a été introduite dans la législation togolaise par la loi N°95-11 du 10 mars 1995 portant loi de finances pour la gestion 1995. Elle est régie par les articles 308 à 342 du CGI.

Dans le cadre de la transition fiscale dans l'espace UEMOA, la TVA est apparue comme l'impôt le plus rentable et le plus intégrateur. Cela pour deux raisons essentielles : D'abord, la TVA est un impôt général sur la dépense et donc, elle touche tout le tissu économique (la production, la distribution et la consommation des biens et services). Jouissant ensuite d'une neutralité économique, la TVA semble la mieux appropriée pour compenser les pertes de recettes fiscales sans nuire à la compétitivité des entreprises.

Si dans un souci d'harmonisation, le Conseil des Ministres avec la directive N°02/98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998 s'est juste contenter de rassembler les dispositions des Etats en vue d'en faire une disposition commune applicable à tous les Etats membres, dans le cadre du PTF, il fallait adjoindre aux objectifs d'harmonisation, les objectifs de rendements. Aussi, la directive N°02/2009/CM/UEMOA modifiant la directive suscitée généralise l'application de la TVA à l'ensemble des livraisons de biens et de prestations de services ainsi qu'aux importations avec une stricte limitation des exonérations et des exemptions. La généralisation est toutefois progressive en ce qui concerne le secteur agricole et le secteur des transports.49(*) D'où, le choix de les exclure temporairement du champ d'application. Cependant, depuis 2002, on constate une avancée notable dans le secteur de la santé avec la directive N°06/2002/CM/UEMOA portant détermination de la liste commune des médicaments, produits pharmaceutiques, spécialisés pour les activités médicales exonérées de la TVA.

Dans la directive N°02/2009/CM/UEMOA, la Commission de l'UEMOA propose comme ligne directrice de la transition en matière de TVA : un champ d'application élargie, des exonérations strictement limitées, un seuil de chiffre d'affaires pour la facturation, des modalités de déduction conditionnées, un taux d'imposition convergent et des modalités d'utilisation des crédits garantissant la neutralité de la taxe pour les assujettis. Pour le Togo, ces propositions se sont traduites par la transposition dans le CGI des articles 309 ; 310 ; 311 ; 311 bis ; 327 ; 327 bis ; 333 et 341 et l'abrogation des articles 340 et 341 sur la période 2007-2012.

Si, dans un projet de transition, la TVA qui est un impôt qui frappe tous les consommateurs est reformée en vue d'accroitre les recettes fiscales, qu'en est-il des impôts qui frappent une catégorie de consommateur déterminée ?

B. Droits d'Accises (DA)

Les droits d'accises désignent les impôts qui frappent de manière spécifique des produits bien déterminés. Il s'agit en réalité de surtaxes qui sont non seulement destinées à fournir au Trésor public des ressources additionnelles mais surtout à influer sur le comportement des particuliers. On peut citer par exemple les droits d'accises sur les produits cosmétiques. Comme la TVA, les droits d'accises font parties des impôts indirects qui sont appliqués dans tous les pays de l'Union et comme tout impôt indirect, ils ont des répercussions sur la situation économique. En effet, les droits d'accises augmentent le prix des produits et diminuent le pouvoir d'achat des consommateurs, ce qui peut provoquer une baisse de la demande.

Tenant compte de l'objectif de mise en cohérence des systèmes internes de taxation et d'égalité de traitement des opérateurs économiques de l'Union, une harmonisation des droits d'accises s'est avérée nécessaire. La directive N°03/98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998 a défini le champ d'application ainsi que les modalités pour la détermination de la base d'imposition. Mais, avec l'objectif de rendement qu'incarne le PTF en plus des autres objectifs, la nécessité de remodeler la disposition communautaire sur les droits d'accises s'est imposée. Ainsi, par la directive N°03/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009, de nouvelles dispositions ont été définies pour compléter l'acte communautaire de 1998. Il s'agit de la définition d'une liste de produits taxables accompagnée des taux variant de 0 à 50%.

Les modifications principales opérées par le législateur togolais prennent en compte les propositions de la directive susvisée ainsi que le programme du gouvernement en vue d'encourager la consommation de certains biens notamment aux articles 390 et 394 du CGI.

Le tableau suivant récapitule les taux de droits d'accises tels que définis par la loi de finances pour la gestion 2012 ainsi que les taux proposés par la directive N°03/2009.

Tableau N°1 : Tableau comparatif des droits d'accises nationale et communautaire

Produits imposables

Taux appliqués au Togo

Taux retenus par l'UEMOA

 

 

Min

Max

Boissons non alcoolisées: eau

2%

0%

20%

Boissons alcoolisées: bières

15%

0%

20%

Autres boissons alcoolisées

35%

15%

50%

Tabacs

40%

15%

45%

Farine de blé

1%

1%

5%

Huiles et corps gras alimentaires

1%

1%

15%

Produits de parfumerie et cosmétiques

15%

5%

15%

Café

10%

1%

12%

Sachets plastiques biodegradables

5%

5%

10%

Véhicules de tourisme dont la puissance est suprérieure à 13 chevaux

10%

5%

10%

Source : loi de finances gestion 2012 et article 6 directive N°03/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009

La transition fiscale a porté également sur la fiscalité applicable aux produits pétroliers. Les produits pétroliers étaient caractérisés par une taxation complexe au sein des Etats de l'Union. En effet, parmi les taxes frappant les produits pétroliers, on distingue : les droits de douane, la TVA, les droits d'accises spécifiques, et des taxes implicites associées aux opérations de péréquation (prélèvements tenant compte de l'évolution des cours mondiaux ou des différences de coûts de transports d'un lieu à un autre). C'est dans le double but de simplifier et d'harmoniser cette taxation que l'UEMOA propose à travers la directive N°06/2001/CM/UEMOA qu'une taxe spécifique appelée droits d'accises consolidés (DACC) se substitue progressivement aux différents prélèvements.

Mais, conscient que la fiscalité des produits pétroliers affecte la perception des coûts relatifs de chaque produit et soucieux d'offrir aux Etats de l'Union un cadre harmonisé de taxation préservant le potentiel fiscal et le bien-être des populations, la Commission de l'UEMOA a proposé dans la directive N°01/2007/CM/UEMOA un alignement du délai d'exécution de l'acte de 2001 suivant celui du PTF.

Répondant aux exigences de l'Union, le Togo met en place les mesures recommandées par la directive modificative N°01/2007/CM/UEMOA. Spécifiquement, les prix des produits pétroliers sont fixés trimestriellement par un arrêté du Ministre en charge du Commerce.

C. Droits d'Enregistrement (DE)

L'article 400 du CGI togolais définit l'enregistrement comme «la formalité accomplie par un fonctionnaire de la Direction générale des impôts selon des modalités variables mais comportant nécessairement d'une part, une analyse d'acte dont il est conservé trace ou non, constatant des faits juridiques ou des déclarations souscrites par les assujetties à défaut d'actes et d'autres part, d'après les résultats de cette analyse, la perception d'un impôt appelé droit d'enregistrement». Les droits d'enregistrement font partie des impôts indirects au motif qu'ils frappent des faits occasionnels à l'inverse des impôts directs qui frappent des situations permanentes et qui en principe sont recouvrés au moyen des rôles annuels.

Dans le cadre du PTF, les droits d'enregistrement sont visés par le règlement N°08/2008/CM/UEMOA portant adoption des règles visant à éviter la double imposition au sein de l'UEMOA et des règles en matière d'assistance fiscale.

Les droits d'enregistrement visent la taxation entre autres des actes de formation et de prorogation de sociétés, les cessions et transports des créances à terme et autres actes obligatoires, les actes de fusion de sociétés. La structure des taxations adoptées au Togo entravait la création des sociétés, la cession des actions ainsi que des fusions. Le dispositif fiscal togolais qui n'était donc pas en phase avec les recommandations de l'UEMOA a été significativement reformé afin qu'il soit conforme aux prescriptions communautaires.

Chapitre II : Examen des résultats et propositions de mesures d'amélioration

La mise en oeuvre du PTF se manifeste sur deux volets principaux. Le premier, chiffré se traduisant par des grandeurs en valeurs monétaires et statistiques, le second relatif à la modification des textes fiscaux afin d'incorporer les dispositions du programme. Certes, les différentes évolutions des indicateurs peuvent a vue d'oeil, faire appel à diverses déductions. Mais, dans un procédé scientifique et rationnel, il s'agira dans ce chapitre, de se poser des questions sur les interprétations et les éventuelles mesures correctives des indicateurs du PTF. Ainsi, la première section sera consacrée à un examen des résultats (section 1) et la seconde à la proposition de mesures complémentaires (section 2).

Section 1 : Examen des résultats

Les incidences des réformes sur l'évolution des recettes fiscales au Togo (paragraphe I) et les efforts restants à fournir en vue d'atteindre les normes de convergence préconisées par les actes de l'UEMOA (paragraphe II) seront successivement examinés.

Paragraphe I : Incidences des réformes sur l'évolution des recettes fiscales au Togo

L'évolution des indicateurs de convergence fiscale est fonction des réformes fiscales d'origine communautaire ou nationale (A) d'une part, et de l'environnement économique, social et politique (B) d'autre part.

A. Incidences des réformes fiscales sur l'évolution des recettes fiscales

En principe, pour être qualifié de performant, les variables principales du PTF doivent être supérieures ou égales à :

- 1.5 pour les recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur ;

- 55% pour les recettes fiscales intérieures (directes et indirectes) rapportées aux recettes fiscales totales ;

- 17% pour les recettes fiscales totales rapportées au PIB nominal.

Les données se présentent comme suit sur la période 2007-2011.

Tableau 2 : Evaluation en chiffre des variables principales de performance

Années

2007

2008

2009

2010

2011

Recettes fiscales intérieures/recettes fiscales de porte

0.84

0.76

0.86

0.85

0.79

Recettes fiscales intérieures/recettes fiscales totales

45.79%

43.19%

46.16%

46%

44.09%

Recettes fiscales totales/produit intérieur brut nominal

16.15%

14.89%

15.34%

15.6%

17.15%

Source : tableau réalisé par l'auteur a partir des données de la BDSM

Sur la période 2007-2011, le Togo n'a atteint pour aucune des variables les normes de performance fixées par les dispositions de l'Union excepté en 2011 ou le taux de pression fiscale a dépassé de 0.15% la norme de 17% fixée par l'article 19 de l'acte additionnel N°04/99/CM/UEMOA portant pacte de convergence, de stabilité, de croissance, et de solidarité entre les Etats membres de l'UEMOA. Quelles sont donc les interprétations fiscales des performances du Togo ?

Pour répondre à cette question, nous nous appuierons sur les réformes sous l'angle purement textuel des dispositions fiscales (1) et les réformes en vue de la modernisation de l'administration fiscale (2).

1- Réformes sous l'angle textuel

Pour mieux apprécier les performances du Togo, il s'avère indispensable de distinguer les périodes de nette régression (2007 ; 2008) et les périodes de stabilité relative (2009-2011). Il est aussi indispensable de rappeler les impôts essentiels pourvoyeurs de recettes (TVA, IR) ainsi que les domaines de réformes (champ d'application, assiette, taux de liquidation et recouvrement) des impôts.

La période biennal qui s'étale sur 2007 et 2008 est marquée par des modifications via des lois de finances sans grands enjeux pour le niveau des recettes fiscales. Cependant, la révision à la baisse dans la loi de finances 2008 des tranches d'IRPP pourrait avoir généré des répercussions sur les recettes fiscales intérieures qui se sont accrues de 1.73% seulement par rapport à 2007 tandis que sur la même année les impôts directs s'élevaient à 23.27% des recettes totales.

Tableau 3 : Taux de progression des recettes fiscales intérieures

Années

2007

2008

2009

2010

2011

Recettes fiscales intérieures

89.68

91.23

105.74

113.46

128.47

Taux de croissance en %

3.32

1.73

15.90

7.30

13.23

Source : tableau réalisé par l'auteur à partir des données de la BDSM

La période triennale 2009-2011 est celle d'une relative stabilité. Cette constance des indicateurs pourrait résulter de plusieurs actions conjuguées. La stratégie suivie par le législateur fiscal est d'autoriser l'administration fiscale à mettre en place une véritable politique de fiscalité incitatrice de croissance. L'essentiel de cette stratégie consiste à instaurer des mesures d'élargissement de l'assiette fiscale, en diminuant les exonérations et les taux d'imposition et en accentuant les pratiques de contrôle et de recouvrement des impositions. L'objectif est de réduire un peu la pression fiscale pesant sur les entreprises formelle, de les répartir sur les autres entreprises en leur permettant ainsi d'accroitre leurs investissements et productions. Comment cela s'est-il matérialisé ?

D'abord pour ce qui concerne le champ d'application des impôts, la loi de finances 2009 a élargi l'imposition à la TVA des produits obtenus à partir des matières premières locales ou des pays de l'espace CEDEAO en abrogation de l'article 59 du décret N°90/40 du 04 avril 1990 portant application de la loi N°89-14 du 18 septembre 1989. Par ailleurs, la loi de finances précitée a adopté à l'article 1425 du CGI une restriction aux entreprises éligibles au régime de la Taxe Professionnelle Unique (TPU). Quant à la loi de finances 2010, elle a limitée les exonérations en publiant une liste exhaustive des médicaments exonérés de l'imposition à la TVA et en joignant aux conditions générales de déductions des charges l'obligation de ne pas concourir à la formation d'un produit non exonéré d'impôt sur les sociétés. Par ailleurs, au nombre des mesures d'incitation à l'investissement, on peut citer dans la loi de finances de 2010, les avantages fiscaux et douaniers tout impôt confondu accordés par l'article 1476 du CGI. Par la réécriture des articles 31, 138.3 et 310 du CGI, la loi de finances 2011 a contribué à l'élargissement de l'assiette fiscale en ramenant respectivement l'imposition à l'IS comme droit commun d'imposition pour les entreprises aussi bien individuelles que sociétaires et en retirant la facturation de la TVA pour les entreprises réalisant un chiffre d'affaires de moins de 30 millions. Cette dernière mesure vise à forcer les entreprises nichées dans le régime des impositions libératoires à ressortir de plein gré vers les régimes d'impositions réelles facilement contrôlable.

La suite des mesures visant à instaurer un système fiscal performant axé sur le développement a consisté en la réduction des taux d'imposition. Sur la période de stabilité des indicateurs, les tranches d'imposition à l'IRPP ont été par deux fois revues à la baisse à travers l'article 135 du CGI. La première, par la loi de finances de 2009 ramenant le seuil maximum d'exonération de 270 000 CFA à 375 000 CFA et le taux maximum d'imposition des revenus de plus de 15 millions à 45% au lieu de 55% auparavant. La seconde par la loi de finances de 2010 a relevé le seuil maximum d'exonération à 900 000 CFA et a abaissé le taux maximum d'imposition à 40%. Sur la même période, les entreprises imposables à l'IS ont vu leur taux d'imposition chuté de 3% quel que soit le secteur. L'ensemble de ces réformes voudrait encourager les entreprises à l'investissement et la population active à l'épargne et à la consommation afin de relever le montant des prélèvements et soutenir la réduction de la pauvreté. Il faut noter que par la loi de finances portant gestion 2009, l'objectif de répartition de la pression fiscale a été poursuivi par l'instauration d'une imposition progressive des entreprises de la zone franche (article 150 du CGI).

2- Réformes sous l'angle de la modernisation de l'administration fiscale togolaise

En dehors des interprétations basées sur les différentes modifications du CGI, d'autres facteurs peuvent expliquer les performances des différents indicateurs de la transition fiscale. Il s'agit des mesures prises dans le cadre de la modernisation de l'administration des impôts du Togo. Ces mesures sont consacrées par des textes suivants :

- décret N°2006-121/PR du 20 septembre 2006 relatif à la définition des primes d'incitation des agents de l'administration des douanes et des impôts ;

- décret N°2006-122/PR du 20 septembre 2006 relatif à la mise en place du projet de réforme et de modernisation de l'administration des impôts ;

- décret N°2007-011 du 28 février 2007 portant attributions et organisation de la direction général des impôts ;

- décret N°2010-027 du 30 mars 2010 modifiant et complétant le décret N°2007-011 du 28 février 2007 portant attributions et organisation de la direction général des impôts.

Pour exécuter ces différents décrets, le Ministre des finances et la haute direction de l'administration des impôts ont pris plusieurs mesures opérationnelles sur la période 2007-2011. L'essentiel de ces mesures est récapitulé dans le tableau ci-après :

Tableau N°4 : Mesures opérationnelles prises pour la modernisation de la DGI du Togo

Domaines d'opérationnalisation

Mesures opérationnelles prises sur la période 2007-2011

Incidences directes

Modernisation de l'administration

Mise en place d'une cellule de pilotage et de suivi des réformes de modernisation de la DGI

Volonté réelle de changement aux regards du personnel et de la population

Construction d'un nouveau local pour la direction général à Lomé et la direction régionale de Kara. Construction et réhabilitation des locaux de plusieurs centres des impôts.

Amélioration de l'ergonomie du travail des agents et amélioration de l'image vis-à-vis des contribuables

Informatisation complète de la direction générale et des centres des impôts. Projet d'extension du câblage réseau, installation du SYDONIA.

Facilité de travail, gain de temps, renforcement de la maitrise des contribuables importateur/exportateur et lutte contre la corruption des agents.

Mise en place d'un guichet unique avec l'appui du Ministère du commerce et de la Chambre de commerce.

Inciter et faciliter la création d'entreprise.

Organisation des services et

renforcement des capacités.

Redéfinition des directions centrales et opérationnelles et création des directions régionales.

Adaptation de la mission aux changements de l'environnement, définition de nouvelles stratégies et coordination des services.

Renforcement en ressources humaines, formation et recyclage.

Gestion prévisionnelle des emplois et meilleure répartition des tâches.

Opérations fiscales

Définitions claires des seuils des trois régimes d'impositions et mises en place de procédures de rattachement aux différents services : DGE, DPME et CDI

Meilleur encadrement des contribuables, gestion fluides des dossiers, facilités de contrôles ciblés

Encouragement des méthodes de recensement des contribuables pour rééquilibrer la courbe des différents régimes d'impositions

Détection des contribuables de mauvaise foi et meilleur encadrement des contribuables.

Création d'un service de saisie préalable des déclarations à la DGE et projet d'extension aux autres directions afin d'automatiser le suivi des contribuables.

Rapidité de détection des contribuables défaillants et lutte contre la fraude et la corruption.

Nomination des agents des impôts receveurs et développement des garanties et assistance des contribuables.

Développement de la relation administration/collaborateur, encadrement des contribuables et amélioration de l'image de l'administration.

Renforcement du contrôle et amélioration de la qualité de la programmation des vérifications.

Renforcement du suivi des contribuables, détection et réduction des contribuables fraudeurs ou de mauvaise foi.

Source : tableau réalisé par l'auteur à partir des informations collectées à la DGI- Togo et des différents rapports du FMI.

L'ensemble des mesures opérationnelles et actions citées ci-dessus a une incidence directe sur une ou plusieurs composantes, fonction ou environnement de l'administration des impôts. Mais ces actions pourraient aussi avoir contribué indirectement à l'accroissement des recettes fiscales intérieures et surtout à la stabilisation relative des différents indicateurs de performance sur la période 2009-2011.

B. Autres incidences sur l'évolution des recettes fiscales

Malgré les performances mitigées des indicateurs de transition fiscale, les recettes fiscales intérieures du Togo s'inscrivent dans une dynamique d'évolution prévisible depuis 2007. Ainsi, elles sont passées de 89.68 milliards en 2006 à 128.47 milliards en 2011 soit un taux de croissance moyen de 7.45% et un écart type faible de 14.45 sur la période 2007-2011. Quels pourraient être les facteurs de ce dynamisme ?

L'économie togolaise se porte mieux. Les résultats macroéconomiques enregistrés depuis 2007 (évolution du PIB, RNB, IDH) et les projections inspirent l'optimisme50(*). Les problèmes de finances publiques sont en voie de résolution et le Togo a enregistré des taux de croissance de 2%, 3% et 3.8% respectivement en 2006, 2008 et 2011 à la faveur de la stabilité socio politique (1), des réformes introduites par les autorités togolaises (2) et le retour des partenaires internationaux (3).51(*)

1- Situation sociopolitique

Mis à part les troubles à l'origine sociale de 1991, le Togo a toujours connu une situation politique relativement stable. Comparés aux autres nations, les seuls bémols souvent reprochés au Togo par les instances internationales ont toujours été la bonne gouvernance et la liberté d'expression. Mais avec le gouvernement d'Union Nationale issu de l'Accord Politique Global (APG) du 20 aout 2006, les élections législatives anticipées du 14 octobre 2007 ont réuni toute la classe politique et ont permis d'associer plusieurs partis politiques à la gestion des affaires publiques. Depuis, quelques avancées ont été observées.

Il s'agit d'abord d'une consultation nationale qui a permis de mettre en place une Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Les efforts dans ce domaine ont contribué à instaurer un relatif climat de paix qui a encouragé le retour au pays des refugiés, des exilés, des togolais de l'extérieur et des investisseurs.

S'agissant du renforcement de l'Etat de droit, de la sécurité des personnes et des biens des avancées significatives ont été réalisées notamment en matière de promotion des droits humains et des libertés d'expression. A cet effet, le programme national de promotion et de la protection des «droits de l'homme » a été institué avec la mise en place d'une unité de gestion et l'organisation des ateliers régionaux de sensibilisation sur les questions de droits de l'homme.

Enfin, de nombreux efforts ont été faits en matière de gouvernance. Ces efforts sont couronnés par la mise en oeuvre des plans de modernisation des administrations (administration pure et dure, administration judiciaire, administration des finances) et l'incorporation des dispositions de l'UEMOA dans les législations nationales.

Les incidences de ces différentes mesures sur les recettes fiscales ne sont pas quantifiables. Cependant, l'instauration d'un climat de paix favorisant les affaires, la mise en place et le respect d'un cadre légal bien constitué et la reprise de la coopération internationale sont des mesures caractéristiques d'une relance économique qui ne sont pas sans conséquences positives sur les recettes fiscales. Quels est alors le contenu intrinsèque des réformes économiques ?

2- Réformes économiques des autorités togolaises

Le Togo a accompli des progrès très sensibles dans les réformes économiques depuis 2006. Cela s'est traduit par un redressement très net de la situation budgétaire et le remboursement des arriérés intérieurs accumulés. «Les réformes engagées par les autorités togolaises sont à l'origine de la hausse des recettes fiscales et du renforcement de la maitrise des dépenses publiques»52(*). Les changements engagés dans les secteurs des banques, du coton, des phosphates et de l'énergie constituent des leviers importants dans la relance de l'économie togolaise.

Les banques, institutions clés de financement de l'économie, ont été au coeur des stratégies de relance de l'économie togolaise. Ainsi, plusieurs mesures ont été prises pour leur restructuration. Il s'agit de l'arrêté N°220/MEFP du 26 décembre 2005 portant autorisation d'augmentation du capital de la BTCI, du décret N°2009-298/PR du 30 décembre 2009 portant augmentation du capital de l'UTB et du décret 2011-117/PR du 27 juin 2011 portant adoption de la stratégie de privatisation des banques à capitaux publics (BIA, UTB, BTD, BTCI). Le plan de restructuration consistant pour l'essentiel à injecter des liquidités dans les banques par rachat et émission des titres (bons, obligations) a pour objectif de donner les moyens aux banques de soutenir le développement du secteur privé prôné par le gouvernement.

L'économie togolaise a été sévèrement touchée par la flambée des prix des produits alimentaires et des combustibles en 2006 ainsi que par les fortes inondations survenues en 2008 et 2010 dont ont pâti la production agricole et les infrastructures de transports. Mais, grâce à de meilleures précipitations et à la distribution des intrants agricoles, la production céréalière a sensiblement repris. Quant à la production cotonnière, elle s'est accrue de 20 000 tonnes pour atteindre 45 000 tonnes en 2010 grâce aux mesures du gouvernement53(*). Ces mesures ont consisté à la dissolution de l'ex SOTOCO et à la création de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo (NSCT) dont le capital est détenu par l'Etat togolais et la Fédération National des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC).

Le secteur des mines togolais a également fait l'objet de profonde réforme pour stimuler la croissance54(*). Mais, la réforme majeure est celle du secteur de l'énergie. En effet d'énormes investissements ont été faits par le gouvernement en collaboration avec les bailleurs pour garantir au pays une autosuffisance en électricité.

Les impôts étant fortement dépendants de la valeur ajoutée, la relation entre le niveau des recettes fiscales togolaises et les mesures de relance économique n'est plus à démontrer. Cependant, de nos jours, aucun pays ne peut évoluer en vase clos. Il existe alors en dehors des mesures économiques internes, d'autres facteurs de développement pouvant générer des incidences sur les recettes fiscales d'un pays.

3- Retour des partenaires internationaux

Quinze années de privation d'aide internationale dans un contexte de crise sociopolitique ont plongé l'économie togolaise dans un marasme. En 2006, la dette publique du Togo était estimée à 2.3 milliards de dollars, la dette extérieure quand a elle avoisinait les 1.8 milliards de dollars.55(*). Mais, la collaboration entre le gouvernement et les instances internationales a permis d'inverser cette tendance. En effet, le 27 février 2008, un accord signé entre la banque mondiale et le Togo ouvre la voie au processus d'apurement des arriérés du pays. L'institution de Bretton Woods a en outre décidé suite à cet accord de donner un appui budgétaire immédiat au Togo en suspendant le décaissement qui frappait le pays depuis 2002 suite à l'accumulation des arriérés.

Le 21 avril 2008, le FMI officialise la reprise de sa coopération avec le Togo. Un accord triennal (2008-2010) d'un montant de 108.4 millions de dollars est approuvé en faveur du pays au titre de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC). 21.8 millions de dollars ont été immédiatement décaissés pour soutenir dans un premier temps la restructuration dans les administrations fiscales et bancaires avant de supporter l'appareil économique.

Quant à la BAD, elle a adopté en janvier 2009 le financement biennal (2009-2010) d'un Document de Stratégie par Pays Intérimaire (DSP-I) en faveur du Togo. Cette action fait suite à la levée en juillet 2008 envers l'Etat togolais des sanctions de la banque après l'apurement de ses arriérés au titre de la Facilité pour les Etats Fragiles (FEF).

L'économie Togolaise a aussi bénéficié de la reprise ou du renforcement de la coopération avec plusieurs Etats tels les Etats Unis, le Japon, la Chine et plus récemment l'Allemagne.

Le retour des partenaires a permis au gouvernement de financer les réformes économiques et parfois directement les réformes engagées pour la modernisation des administrations fiscales. Se faisant, le retour des partenaires internationaux pourrait avoir aussi favorisé l'accroissement des recettes fiscales sur la période d'analyse.

Cependant, l'ensemble des facteurs explicatifs de la hausse des recettes fiscales sur la période 2007-2011 n'est pas exhaustif. L'administration fiscale togolaise a probablement profité de la crise ivoirienne qui a favorisé les ouvertures d'entreprises suite à l'exil des investisseurs de ce pays. L'administration fiscale a également bénéficier des grands travaux de réfection des routes initiés par le gouvernement et du dynamisme du port de Lomé.

Paragraphe II : Efforts restants à fournir

Il ressort de tout ce qui précède que le Togo a mis en oeuvre d'énormes moyens pour réussir sa transition fiscale. Mais, à l'orée du nouvel horizon de convergence (2013), quels sont les efforts restants à fournir ?

C'est à cette question que s'emploiera à répondre ce paragraphe. Il s'agira d'abord de mesurer les efforts restants par rapport aux dispositifs de suivi (A) avant de faire une approche par rapport aux résultats attendus du PTF (B).

A. Efforts restant à fournir par rapport aux dispositifs de suivi

La Commission, pour s'assurer de la réussite du programme, a mis en place par deux décisions, un dispositif de suivi sous forme de norme de convergence et un dispositif institutionnel en vue de superviser et d'évaluer l'atteinte des objectifs du PTF. Il revient dans la détermination des efforts restants à fournir de ressortir ce qui a été fait par rapport au dispositif de suivi.

Tableau N°5 : Ecarts d'appréciation des normes de convergences

Libellés

Normes de convergence retenues

Niveau en 2011

Ecarts/

appréciation

Recettes fiscales intérieures/recettes fiscales de porte

1.5

0.79

0.71 défavorable

Recettes fiscales intérieures/recettes fiscales totales

55%

44.09%

10.91% défavorable

Recettes fiscales totales/produit intérieur brut nominal

17%

17.15%

Favorable

Source : tableau réalisé par l'auteur à partir des normes de la décision N°34/2009/CM/UEMOA

Malgré la mise en oeuvre de la quasi-totalité de l'ensemble des mesures préconisées dans le cadre du programme de transition fiscale et la volonté du Togo de rendre dynamique son système de prélèvement intérieur, les principales normes de suivi semblent encore insuffisamment performant. Jusqu'en 2011, les deux principaux ratios relatifs au rendement des impôts et taxes intérieurs sont loin d'atteindre les normes de performances requises. Mais, il faut remarquer que malgré la légère baisse du niveau des indicateurs de recettes intérieures en 2011, la tendance générale semble prêter à une stabilité relative depuis 2009 et même à une croissance des recettes fiscales sur l'activité intérieure. Cependant, l'effet de cette croissance a été annihilé par une croissance plus proportionnelle des recettes fiscales sur le commerce extérieur, situation qui a contribué au dépassement de la norme de pression fiscale en 2011.

Si, les ratios sur les recettes fiscales intérieures semblent de loin insuffisamment performants par rapport aux normes, cela ne remet pas en cause le processus de transition. Pour vérifier cette affirmation, il faut analyser la structure du ratio maximal de 2004.

Tableau N°6 : Comparaison de la structure des valeurs maximale et valeurs de 2011

Ratio 156(*)

Ratio 257(*)

Ratio 358(*)

Recettes intérieures

Impôts directs

Impôts indirects

2004

2011

2004

2011

2004

2011

2004

2011

2004

2011

2004

2011

1.39

0.79

58.09%

44.09%

15.48%

17.15%

92.03

128.47

52.53

66.72

39.50

61.74

Taux de progression par rapport à

9.16%

13.23%

6.29%

17.57%

13.19%

8.87%

Source : tableau réalisé par l'auteur a partir des données du TOFE

Il ressort de la comparaison des valeurs qu'hormis la pression fiscale faible due à un PIB très élevé, les ratios relatifs aux recettes fiscales intérieures de 2004 sont plus performants malgré le contexte économique défavorable qui prévalait avant 2006. Mais, les mesures du PTF prises pour une baisse des taux des impôts directs n'ont pas ralenti les recettes fiscales intérieures directes, elles ont au contraire mieux progressé qu'en 2004. Cela dénote que les progrès en vue de l'élargissement de l'assiette sont en parfaites voies en ce qui concerne les impôts directs. Cependant, beaucoup reste à faire pour les impôts indirects. Les taux des impôts indirects étant constant, (TVA principalement) une performance de la fiscalité sur les activités intérieures viendra d'une maîtrise de la gestion et de l'élargissement de l'assiette de la TVA et des droits d'accises.

En ce qui concerne le dispositif institutionnel national chargé de superviser et d'évaluer l'atteinte des objectifs du PTF, recommandé par la décision N°35/2009/CM/UEMOA, aucun document ne porte à croire qu'il aurait été créé. Les investigations faites révèlent seulement que l'article 11 du décret N°2006-122/PR du 20 décembre 2006 relatif à la mise en place du projet de réforme et de modernisation de l'administration des impôts confère à un comité de pilotage, l'obligation de rendre compte de l'état d'avancement de ses travaux au Ministre en charge des finances.

Il importerait donc de mettre en place un dispositif institutionnel qui serait chargé trimestriellement de :

- collecter et traiter les données nationales ;

- élaborer un examen critique des données traitées ;

- élaborer un tableau de bord des critères et indicateurs du PTF.

L'approche par rapport aux dispositifs de suivi ne permet pas de mesurer de manière exacte le degré d'atteinte des résultats attendus à la fin du programme. En vue d'appréhender l'état des résultats actuels, il serait indispensable de mener une analyse dans ce sens.

B. Approches par rapport aux résultats attendus du PTF

L'objectif général poursuivi par les Etats de l'UEMOA en adoptant le PTF est de permettre un recentrage des politiques économiques autour de la réduction de la pauvreté, par la restauration durable des capacités financières des Etats basée sur une véritable fiscalité de développement. Cet objectif suppose que le système fiscal soit productif (1), simple transparent et équitable (2), stable et prévisible (3), peu coûteux (4), élastique et exempt de distorsions (5) et enfin, le système fiscale doit être générateur de croissance économique (6).

1- Système fiscal productif sans accroissement des taux

La productivité d'un système fiscal se mesure par rapport à sa contribution au produit intérieur brut. L'Union estime productif, les impôts et taxes intérieurs d'un pays lorsqu'ils atteignent 10% du PIB ou 55% des recettes totales.

Tableau N°7 : Recettes fiscales intérieures en proportion du PIB nominal

Années

2007

2008

2009

2010

2011

Recettes fiscales intérieures

89.68

91.23

105.74

113.46

128.47

Produit intérieur brut

1212.80

1418.50

1493.50

1581.30

1698.70

Recettes fiscales intérieures/PIB

7.39 %

6.43%

7.08%

7.18%

7.56%

Source : tableau réalisé par l'auteur à partir des données de la BDSM

Le système fiscal togolais montre des signes de prépondérance croissante dans le PIB depuis 2008 après l'adoption du programme mais, beaucoup reste encore à faire pour franchir la norme minimale requise à l'horizon 2013.

2- Système fiscal simple, transparent et équitable

Beaucoup d'efforts ont été faits en matière de simplicité des textes fiscaux. Depuis 1998, plusieurs dispositions des directives ont été incorporées ou transposées dans le CGI. Par ailleurs, un nouveau statut de la zone franche a été adopté en 2011 et un nouveau code des investissements a été approuvé par la loi N°12-001 portant code des investissements de la république togolaise. Cependant, beaucoup reste encore à faire dans ce domaine.

La transparence prônée par l'UEMOA évoque l'idée de partenariat dans la relation fiscale «administration-contribuables». C'est la garantie que, l'Etat ne prélèvera que ce que le contribuable doit et que ce dernier dispose par ailleurs des moyens pour faire respecter ces droits. En respect des mesures de l'Union, l'administration fiscale togolaise a mis en oeuvre sur la période d'analyse plusieurs mesures visant à assurer la transparence des perceptions. Ces mesures vont, de la publication bimestrielle du cahier fiscal depuis 2007 à la mise en vigueur d'une charte du contribuable vérifié en 2012 en passant par la division de la législation et du contentieux qui a été érigée en direction en 2009. Mais, beaucoup reste encore à faire notamment la rédaction du livre des procédures fiscales et du précis de la fiscalité togolaise.

En ce qui concerne l'équité des contribuables, même si des efforts sont encours pour établir et appliquer une justice fiscale par la répartition de la pression fiscale, l'équité semble n'être que partiellement maitrisable.

3- Système fiscal stable et prévisible

La stabilité et la prévision des agrégats fiscaux sont incarnés par l'écart type. L'écart type mesure la dispersion ou la volatilité autour de la moyenne. Plus l'écart type est faible, plus les données sont stables et donc mieux prévisibles.

Dans le cas d'espèce (tableau N°8 ci-dessous), les écarts types des variables principales sont plus faibles sur la période 2007-2011. Cela montre que, par comparaison aux autres périodes, le niveau annuel des indicateurs sur la période après la transition fiscale est peu dépendant des chocs exogènes et donc stable et prévisible.

Tableau N°8 : Moyenne et écart type des indicateurs principaux

Eléments

 

RFI/RFCE

 

RFI/RFT

 

RFT/PIB

 

Moyenne

Ecart-type

Moyenne

Ecart type

Moyenne

Ecart type

2002-2011

0.97

0.21

48.80

4.84

15.09

1.45

2002-2006

1.12

0.19

52.57

4.15

14.36

1.59

2007-2011

0.82

0.04

45.04

1.19

15.83

0.78

Source : tableau réalisé par l'auteur a partir des données du TOFE 2002 à 2011

4- Système fiscal peu coûteux au plan administratif

Le système fiscal togolais serait en en lui-même peu couteux au plan administratif. Cet avantage résulterait du contexte géographique et de la concentration des entreprises dans la capitale particulièrement dans la zone portuaire. Mais, le Togo étant dépendant des importations, des mesures de prélèvement au cordon douanier de la TVA et des acomptes BIC facilitent la mobilisation des recettes fiscales. D'autres mesures telles l'obligation de disposer d'une carte d'opérateur unique pour les opérations douanière et fiscale contribuent à l'identification rapide. Cependant, beaucoup d'efforts restent à faire pour cerner les contribuables et mobiliser les recettes à des coûts moindres, il s'agit principalement de l'instauration d'une franche collaboration entre la douane et les impôts ainsi que l'organisation des contrôles mixtes douane/impôt.

5- Système fiscal élastique et non générateur de distorsions

L'élasticité des recettes fiscales est le rapport de la variation des recettes par la variation du PIB. L'élasticité positive et forte du système fiscal est obtenue quand le rapport des variations est supérieur ou égal à 1.

Tableau N°9 : Elasticité des recettes fiscales par rapport au PIB nominal

Eléments/Années

2007

2008

2009

2010

2011

Variation des recettes fiscales

0.03

0.02

0.16

0.07

0.13

Variation du PIB

0.05

0.17

0.05

0.06

0.07

Elasticité

 0.6

 0.11

3.2 

 1.16

1.85 

Source : tableau réalisé par l'auteur à partir des données de la BDSM

Depuis 2009, les recettes fiscales sur l'activité intérieures du Togo sont élastiques par rapport au PIB nominal.

Beaucoup d'efforts sont faits pour limiter la distorsion notamment par la multiplication des contrôles des brigades de la DGI et les services de contrôles du Ministère du commerce. Mais, beaucoup reste encore à faire dans ce domaine.

6- Système fiscal source de croissance économique

Selon un rapport de la Banque mondiale sur le Cadre économique du Togo, les mesures prises par le pays ces six dernières années pour relancer l'économie sont à la base de l'embellie constatée dans la croissance du PIB.59(*) Au nombre de ces mesures, on pourrait citer les outils fiscaux pour inciter l'investissement et encourager la consommation.

Cependant, si le système fiscale togolais est favorable à la croissance, celle-ci est encore largement en dessous du niveau minimal de 7% annuel requis pour renverser les tendances actuelles en matière de pauvreté et réaliser les objectifs des OMD d'ici 2015. C'est dire donc que le système fiscal togolais doit être d'une part à même de fournir des ressources sans cesse croissantes au gouvernement pour lui permettre de faire face aux dépenses sociales et aux investissements, mais aussi d'autre part apte à rechercher et à appliquer des mesures fiscales flexibles permettant au secteur privé de jouer pleinement son rôle dans le développement du pays. En quoi peuvent concrètement consister ces efforts ?

C'est à cette question que s'emploiera à répondre la section suivante.

Section 2 : Propositions de stratégies pour la réussite de la transition fiscale au Togo

L'analyse des principaux indicateurs de succès de la transition fiscale révèle une performance insuffisante du programme au Togo. En effet, depuis l'adoption et l'exécution du programme en 2006, seule la norme du taux de pression fiscale a été atteinte en 2011 sur les trois principales normes de performance. Si beaucoup d'efforts sont déployés pour atteindre les résultats fixés au programme, le Togo doit encore relever les défis de productivité fiscale pour parvenir à une transition fiscale efficace. En vue de contribuer à cet état des choses, cette analyse propose une réforme en profondeur du système fiscal (paragraphe I) et un renforcement de l'aménagement de l'administration fiscale (paragraphe II).

Paragraphe I : Réformes profondes du système fiscal

Le dynamisme du système fiscal intérieur favorable à la domination des recettes fiscales intérieures dans l'ensemble des recettes fiscales passe par une gestion optimale des impôts de transition (A) et une imposition des secteurs peu ou pas imposés (B).

A. Gestion optimale des principaux impôts de transition

La gestion optimale des impôts de transition suppose d'une part une maitrise des impôts indirects (1) et des impôts directs (2).

1- Gestion optimale des impôts indirects

Selon CHAMBAS, « seule la fiscalité indirecte interne, si elle est fondée sur une TVA bien gérée peut fournir des recettes fiscales d'un niveau élevé sans entrainer en raison des qualités de cet impôt d'importantes distorsions ».60(*) Le système fiscal togolais est certes marqué par une adaptation des textes régissant la TVA aux recommandations communautaires mais certaines pratiques doivent être prônées.

Le caractère particulier de l'économie togolaise essentiellement souterraine et informel rend difficile l'évaluation exacte des redevables de la TVA par les services du fisc togolais. Il en résulte des taxations de TVA peu ou pas reversées au Trésor public. Dans un contexte de productivité fiscal, l'article 310 du CGI a introduit en 2011 un seuil d'assujettissent de 30 millions mais, le manque de contrôle accentue la distorsion. A terme, si rien n'est fait, l'effet contraire à celui recherché par la disposition pourrait se produire. L'administration des impôts pourrait renforcer les services de recherche et d'inspection des services afin de recenser et d'établir une liste des contribuables assujettis à la TVA. Cette liste devrait être régulièrement mise à jour par les services d'assiette grâce à l'accentuation des contrôles sur pièces. Par ailleurs, l'administration pourrait par une circulaire lever l'équivoque sur les modalités temporelles de classement.

La deuxième pratique concerne la règle du butoir. Elle a été introduite dans le système fiscal togolais pour permettre au Trésor de disposer de ressource permanente. Elle consiste à reporter sur des déclarations ultérieures, l'excédent de déduction (crédit d'impôt), aucun remboursement n'étant autorisé. Les entreprises qui ont vu leur crédit de TVA s'accumuler en raison par exemple d'un programme d'investissement important se trouve dépourvues d'une trésorerie à laquelle elles devaient légitimement prétendre. La règle du butoir a un coût financier pour les entreprises. Elle accroît leur besoin en fonds de roulement et crée des distorsions. Elle constitue un frein à l'investissement. A l'heure de la fiscalité appliquée au développement, l'administration togolaise devrait rompre avec cette pratique en remboursant les crédits de TVA.

Le mécanisme de TVA est en lui-même générateur d'entraves résultant de l'interruption de la chaine des déductions qui caractérise cette taxe. On distingue à cet effet, d'une part les interruptions dues à des cas naturels tels que la vente d'occasion par un consommateur à un professionnel ; d'un bien dont il veut se défaire, l'exonération des intérêts de prêts à des particuliers et d'autre part les interruptions artificielles dues aux exonérations accordées par l'Etat. Cette dernière pratique est très répandue dans le système fiscal togolais. L'octroi des exonérations à des fins d'incitations est très néfaste du fait qu'il entraine ipso facto la non déductibilité de la TVA supportée sur un bien ou service. En effet l'exonération en entrainant des rémanences de TVA, va à l'encontre de l'objectif initial et baisse la compétitivité des producteurs domestiques bénéficiaires de l'exonération.

Il faut adjoindre aux mauvaises pratiques la retenue à la source pratiquée par certains organismes publics et le financement sur fonds extérieur des marchés nationaux en hors taxes. Il serait opportun d'éviter ces pratiques qui rendent plus complexe la gestion de la TVA.

2- Gestion optimale des impôts directs

La législation togolaise en matière d'impôts directs se trouve pour la grande majorité conforme aux recommandations de l'Union. Cependant, la performance des recettes provenant des impôts directs dynamique avant 2006, est mitigée sur l'ensemble de la période d'analyse au regard du potentiel dont recèle le Togo. L'explosion des recettes fiscales des taxes directes se heurte en effet à certaines défaillances pratiques.

Les contribuables sont titulaires de différentes catégories de revenues.61(*) Les principes d'équité horizontale conduiraient à effectuer la somme des revenus catégoriels avant l'application du barème progressif de l'IRPP. Il en résulte qu'avec l'IRPP, l'administration fiscale doit vérifier les déclarations des contribuables reportant la somme des revenues de toute nature perçus. L'IRPP faisant appel au principe déclaratif et nécessitant des liaisons lourdes et coûteuses est très difficile à appréhender réglementairement. Ainsi, l'IRPP est réduit principalement à l'impôt sur les salaires renforcé par les retenus à la source sur certains impôts tandis que les revenues des entrepreneurs individuels, des gérants de sociétés, des prestataires civiles ainsi que les revenus fonciers échappent pour une proportion considérable à l'impôt. Certes, à partir de 2011, l'article 31 du CGI soumet à l'IS les personnes physiques sauf option pour l'IRPP mais, l'application de cette disposition ne se ressent pas en tant que tel. Par ailleurs, une mesure spécifique doit être prise pour favoriser la perception des impôts fonciers. Auquel cas, si l'IRPP ne permet pas des progrès en matière d'équité et de rendement fiscal, il semble préférable d'opter pour un système fiscal cédulaire avec des taux d'impositions égaux.

En ce qui concerne l'impôt minimum forfaitaire, il correspond à la consommation de biens publics occasionnée par le fonctionnement d'une entreprise quel que soit son résultat économique. La définition des tranches au lieu des taux permet de ne pas taxer les activités à faible marge. Cependant, la mise en place d'une fiscalité favorable au développement exigerait une faible réduction des écarts de chaque tranche.

Le dynamisme du système fiscal passe aussi par une imposition des secteurs faiblement imposés.

B. Imposition des secteurs pas ou insuffisamment imposés

Une observation du système fiscal togolais révèle des secteurs faiblement imposés (1) et des activités qui échappent à l'imposition (2).

1- Imposition des secteurs insuffisamment imposés

La perception de la productivité des différents impôts révèle une insuffisance d'imposition au regard du potentiel dont regorge le Togo. Mais, l'insuffisance d'imposition serait accrue dans les secteurs informel, agricole et domanial.

Le secteur informel est une des composantes essentielles de l'économie togolaise dont la croissance et l'hétérogénéité rendent l'appréhension et l'évaluation délicate. Si, la mise en place de structures et d'outils adaptés, l'adoption de mesures incitatives visant à encourager les redevables à se soumettre aux procédures d'immatriculation ainsi que l'adoption de mécanismes de fidélisation et de suivi des contribuables sont promus, l'application reste cependant difficile.62(*) En fait, la non application rigoureuse de ces mesures conduit à des sous impositions ou à des sur impositions. Cependant, il existerait encore des défauts et défaillances de contrôle qui permettraient aux entreprises informelles de fausser les bases légales de compétitivité économiques et d'accroitre la pression fiscale sur le secteur formel organisé. Dans un contexte de transition, il serait opportun d'appliquer dans toute sa rigueur les mesures fiscales.

Selon les estimations de la Banque Mondiale, l'agriculture togolaise emploie les 2/3 de la population active et contribue à hauteur de 45% à la formation du PIB.63(*) Cependant, le secteur agricole est caractérisé par une panoplie d'exonérations fiscales depuis 1973 qui minent à l'heure des excédents, la compétitivité agricole du pays, les acteurs agricoles et le Trésor public. Il serait bénéfique d'établir une imposition progressive, d'abord synthétique du secteur. La perception de cet impôt pourrait être assurée par les centres des impôts sous le contrôle des directions régionales, ce qui amoindrirait les coûts.

Alors que les actifs immobiliers apparaissent de plus en plus de nos jours comme des indices patents de la capacité contributive de leur propriétaire, dans les faits, et paradoxalement leur rendement semble de plus en plus faible au regard du potentiel fiscal qu'ils représentent. L'on pourrait avant invoquer les questions cadastrales. Mais, depuis le rattachement du cadastre à la DGI togolaise en mars 2010, un projet de création d'un cadastre fiscal serait à l'étude.64(*) Ce projet pourrait dans une perspective de rendement des impôts fonciers, établir un système d'adressage régulièrement à jour en vue d'une perception efficace des droits et taxes fonciers.

2- Imposition des activités normalement imposables mais échappant à l'impôt

Dans les pays développés, l'économie souterraine fait partie intégrante du secteur informel. Mais, dans les pays en développement où, il existe un système régulier de taxation des activités de subsistance, les entreprises organisées de fraude ne doivent pas fiscalement être comptées parmi les structures informelles. Le Togo, comme les autres pays de l'UEMOA n'échappe pas à cette pratique. De nombreuses structures imposables au réel nichent dans le régime synthétique. Par ailleurs, il existerait de véritables réseaux frauduleux et prospères qui opèrent sans inquiétude du fisc.65(*) Dans un contexte de transition, ou une plus grande importance est accordée au système fiscal intérieur, le Togo devrait mettre en place outre les pénalités, un système anti fraude. Il pourrait consister en :

- une analyse du tissu fiscal et définition des axes de recherches ;

- une réalisation des enquêtes de qualités et mise en place d'un système de maillage et de couverture de l'espace géographique.

Ce travail permettrait de recenser les secteurs d'activités exposés à la fraude, les espaces géographiques qui le favorisent ainsi que les pratiques afin de prendre des mesures et sanctions adéquats.

La corrélation entre système fiscal efficient administration moderne est forte. Il faudrait donc pour assurer la mise en oeuvre des réformes une structure adaptée. Quelles doivent être les caractéristiques principales de cette structure ?

Paragraphe II : Renforcement de l'aménagement de l'administration des impôts

D'énormes efforts ont déjà été faits par les autorités politiques et administratives pour moderniser l'administration fiscale togolaise. Cependant, pour atteindre les objectifs du PTF, il serait nécessaire de renforcer les capacités de l'administration fiscale (A) et perfectionner la relation entre les administrations fiscale et douanière (B).

A. Renforcement des capacités de l'administration fiscale

Le renforcement des capacités de l'administration passe par une amélioration de l'organisation actuelle, une innovation en matière de contrôle fiscal, une promotion de la communication et du civisme fiscal, la création d'un service centrale de recouvrement, la formation et le recyclage des agents, l'informatisation complète des services, le renforcement du contrôle interne et du contrôle de la qualité des services rendus.

1- Amélioration de l'organisation actuelle

La libéralisation à terme de l'économie mondiale pourrait créer de vastes espaces économiques pour la circulation des biens. Ceci à d'ors et déjà commencé avec l'importance qui est donné de nos jours aux économies de blocs (UEMOA, CEMAC, SADEC, UE). Dans cette perspective, les économies nationales pourront subir directement les chocs d'autres économies.66(*) Cela appelle de la part des administrations surtout fiscale, une vision à long terme, des stratégies, des moyens d'actions éventuels et des instruments fiables de prévision et de contrôle. Le décret N°2010-02/PR modifiant et complétant le décret N°2007-011/PR portant attributions et organisations de la DGI ne prévoit pas une structure chargée d'assumer ces missions. Par ailleurs, selon CHAMBAS, il faut séparer le conceptuel de l'opérationnel pour orienter les administrations fiscales vers la performance. « Les services centraux chargés des tâches conceptuelles ont pour objet de déterminer une stratégie de mobilisation de l'impôt et de piloter l'ensemble des services. Les services opérationnels doivent appliquer la stratégie fiscale sous l'impulsion et le contrôle des services centraux».67(*)

2- Innovation en matière de contrôle fiscal

Avec l'avènement des NTIC, les mutations de l'environnement des affaires sont successives et fréquentes. L'administration fiscale togolaise s'inscrivant dans un système déclaratif, les outils de contrôle doivent être constamment renouvelés. Cette rénovation supposerait :

- la mise en place et l'adaptation quotidienne des outils et procédures de vérification (guide du vérificateur, charte du contribuable vérifié, guide des procédures contentieuse, livre des sanctions) ;

- la programmation efficiente des vérifications ;

- l'efficacité des contrôles sur pièces ;

- la mise en place des statistiques de contrôle ;

- le perfectionnement de la brigade de recherche.

3- Promotion de la communication et du civisme fiscal

Quels que soient les moyens mis en place pour appréhender l'impôt, l'amélioration des recettes fiscales reste largement dépendante de la volonté du contribuable de participer aux charges publiques. L'administration des impôts du Togo pourrait accroître cette volonté par l'établissement des partenariats avec le secteur privé, la formation et la sensibilisation régulière des contribuables, la modernisation des services gestionnaires, l'amélioration de l'accueil et de l'écoute du contribuable, l'octroi et le respect des droits du contribuable.

4- Création d'un service central de recouvrement

Les impositions faites ne sont pas forcement recouvrées en totalité. La réforme visant à attribuer le recouvrement des impositions aux agents de la DGI constitue une avancée majeure dans l'amélioration des recouvrements. Cependant, la complexité des tâches de suivi des impositions d'assiette et de contrôle ne permet pas de relancer à temps les défaillants et de suivre correctement les procédures en cas de manquement. Il serait bien de créer une brigade spéciale dotée de missions spécifiques de recouvrement des défaillants.

5- Formation et recyclage des agents

Avec le PTF apparaissent de nouveaux rôles pour l'administration fiscale des pays de l'UEMOA. Ceci fait appel à la compétence et au perfectionnement périodique des agents du fisc. A cet effet, la DGI pourrait adjoindre aux missions des services de gestion du personnel, la mission de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

6- Informatisation complète des services

Les dispositions du droit OHADA se basent essentiellement sur la rapidité et la sécurité des affaires. L'administration des impôts faisant partie intégrante de l'environnement entrepreneuriale, doit être à même de suivre cette évolution. Cela consiste à l'informatisation complète des services et procédures aussi bien au siège de la DGI que dans les centres. Par ailleurs, la mise en réseau de l'ensemble des services pourrait faciliter la recherche d'information et la diminution des coûts.

7- Renforcement du contrôle interne et instauration du contrôle de la qualité

Des mesures pourraient être prises pour élaborer et actualiser régulièrement les procédures de travail. Ces procédures pourraient servir à évaluer les agents et à vérifier la qualité des services offerts aux contribuables.

B. Développement de la relation entre administrations des impôts et des douanes

Dans les économies extraverties (tournées vers l'extérieur), l'évolution des recettes de porte implique une évolution relative des recettes intérieures.68(*) Par ailleurs, l'un des objectifs du PTF est le renforcement de la synergie entre administrations fiscale et douanière dans le but de substituer graduellement la prédominance des recettes fiscales intérieures à celle de porte. Il importe donc de rechercher des axes pour renforcer les liens entre les services des douanes et des impôts togolais.

Le premier lien entre la douane et les impôts est l'utilisation d'un identifiant unique (numéro d'identification fiscale) pour distinguer les contribuables des importateurs. Dans une optique de coopération, la douane pourrait proscrire les dédouanements sans identifiant et les impôts pourraient conditionner le renouvellement des cartes d'opérateur économique sous condition de règlement des frais douaniers.

Le partage d'informations pour une efficacité du travail pourrait être encouragé. Cette pratique augmentera l'efficacité des deux administrations surtout dans la détection et la lutte contre la fraude.

L'organisation des enquêtes mixtes des impôts et des douanes est un des volets importants de renforcement des relations entre les deux administrations.

Enfin, la mise en place d'un cadre formel de concertation sur les nouvelles formes de délinquance économique et financière et sur les expériences acquises par les agents des deux administrations pourrait constituer un axe de rapprochement gagnant-gagnant favorable à la performance des services des impôts et des douanes togolais.

CONCLUSION

Cette étude a porté sur la transition fiscale de l'UEMOA. Il s'est agi d'analyser pour le Togo, la performance sur la période 2007- 2011, du programme initié en mars 2006 pour substituer graduellement la prépondérance des recettes fiscales de porte par les recettes fiscales intérieures.

En effet, avec le vent de la libéralisation commerciale et des politiques communautaires de l'Union douanière, la nécessité pour les gouvernements de l'Union de compenser les manques à gagner consécutifs à l'allègement ou à la suppression des droits de douane s'est fait ressentir. Avec la perspective d'un approfondissement des politiques de libéralisation notamment dans le cadre des APE avec l'Union Européenne et l'assèchement des aides extérieures pour le financement du développement, cette nécessité des gouvernants de stabiliser, voire de croitre les recettes fiscales est devenue une priorité.

Répondant à cet impératif, les Etats de l'UEMOA ont mis en place un ensemble de mesures visant à promouvoir une véritable fiscalité articulée au développement. Il revient donc au programme de transition fiscale de consolider le marché commun, de soutenir la croissance et le financement du développement, de contribuer à la mobilisation optimale des ressources fiscales et de renforcer la synergie entre les administrations des impôts et des douanes. Pour atteindre ces objectifs à l'horizon 2013, un dispositif institutionnel et un dispositif de suivi ont été déterminés.

Notre analyse a consisté pour le Togo, à ressortir selon les bases méthodologiques retenues par la Commission de l'UEMOA, les performances des principaux ratios de transition fiscale fixés par la décision N°34/2009/CM/UEMOA et à déterminer les efforts restants à fournir.

On est donc dans une situation qui mérite étude. L'analyse quantitative a révélé des résultats reflétant dans une certaine mesure, une insuffisance de performance du système fiscal togolais. Plus précisément, sur les trois ratios principaux retenus, seule la norme du taux de pression fiscale a été atteinte en 2011. Cependant, les recettes fiscales intérieures ont doublé entre 2002 et 2011 avec une substitution des impôts directs par une prépondérance des impôts intérieurs indirects à partir de 2010. Quant aux recettes fiscales sur le commerce extérieur, elles ont connu une évolution erratique avec de fortes croissances sur l'ensemble de la période.

Quoiqu'insuffisamment performant, le système fiscal togolais a subi sur la période d'analyse, de profondes influences tant de la part des autorités politiques que des dirigeants de l'administration fiscale. Ces incidences se sont traduites pour la plupart par l'incorporation dans la législation fiscale des dispositions de l'Union et l'adoption des mesures et pratiques politico-économiques favorables aussi bien au renforcement du dynamisme de l'administration fiscale qu'au développement de la nation.

Cependant, d'énormes efforts restent à faire. Il parait honnête d'affirmer qu'il faudra sans doute encore plusieurs années au Togo pour atteindre les normes de performances préconisées par la Commission de l'Union et remplir ainsi les objectifs du programme.

Les années à venir seront cruciales pour le pays. En effet, les réformes de législations fiscales ne peuvent être fructueuses que si elles sont accompagnées de pratiques d'aménagement des capacités de l'administration fiscale. Une administration efficace et moderne de l'impôt est donc essentielle pour la réussite de la transition fiscale et des progrès considérables sont possibles. Il s'agit tout d'abord de renforcer les capacités de l'administration des impôts. Ceci n'est faisable sans une amélioration de l'organisation actuelle, une innovation en matière de contrôle fiscal, une promotion de la communication et du civisme fiscal, la définition d'un plan de formation et de recyclage des agents, une informatisation complète des services, un renforcement du contrôle interne et du contrôle de la qualité des services rendus. Il s'agit enfin de susciter une forte synergie entre l'administration des douanes et des impôts.

Cette brève étude de la performance du PTF n'a pas la prétention d'être exhaustive. En effet, une analyse évaluative de projet ne saurait être limitée aux quelques aspects que nous avons abordés dans ce travail. Il aurait été aussi important dans une analyse a priori complète de se pencher sur le fonctionnement des institutions de pilotage mis en place par la Commission et les Etats en vue de relever leurs performances et de proposer des solutions dans ce sens. Mieux, une étude approfondie en matière de fiscalité appliquée au développement devrait prendre en compte les impacts en aval (sur les contribuables) des nouvelles politiques fiscales en vue de percevoir l'efficacité des réformes dans un cadre d'amélioration du bien-être. Mais, malgré la ferme volonté d'atteindre la perfection, des contraintes dues notamment au manque d'informations ont pesé dans les obstacles qui se sont dressés à notre encontre. Cependant, en dépit du fait qu'elle est restreinte, ce travail voudrait s'inscrire dans la lignée des recherches internes des outils d'aide à la décision afin que, dans l'avenir, des ponts utiles au développement de notre nation soient collégialement mieux dressés entre les apprenants et les décideurs ou praticiens.

* 1Adam SMITH La recherché sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Livre V

* 2Arthur Cécil PIGOU, The economics of welfare, (1920).

* 3 Gérard CHAMBAS, Afrique au sud du Sahara, quelle stratégie de transition fiscale, CERDI, Etudes et documents, Janvier 2005, P. 3.

* 4Document Complet de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP-C) Togo, (2009-2011), Avril 2009.

* 5Economies locales fait référence aux Etats de l'Afrique de l'ouest en particulier aux pays de l'UEMOA.

* 6 Aide publique au développement s'entend des dons ou prêts à des conditions privilégiées accordées par les pays de l'OCDE et de l'OPEP ; Eric TOUSSAINT, La bourse ou la vie, la finance contre les peuples, Lucpire Sylepse CADTM, P.147.

* 7L'UEMOA, Union Economique et Monétaire Ouest Africaine a été créée par le traité du 10 janvier 1994 par sept Etats de l'Afrique de l'Ouest ayant le FCFA en partage en plus de la Guinée Bissau. Sa mission est de favoriser l'intégration économique par la création d'un marché commun.

* 8La fiscalité de porte est employée pour désigner essentiellement les taxes et droits de douanes prélevés aux frontières par l'administration des douanes..

* 9La mise en oeuvre du PTF avait été prévue par la décision N°10/2006 pour le 31 décembre 2008 au plus tard, mais, l'horizon a été repousse à 2013 par la directive N°34/2009/CM/UEMOA portant adoption des critères et indicateurs du PTF au sein de l'UEMOA.

* 10Annexe, décision N°10/2006/CM/UEMOA portant adoption du Programme de Transition Fiscale au sein de l'UEMOA.

* 11 Gérard CHAMBAS, TVA et transition fiscal en Afrique: les nouveaux enjeux, Paris, Economica, P. 181.

* 12Excellence M. Gilbert Fossoun HOUNGBO, Premier Ministre de la République Togolaise, discours de

« Déclaration de Politique Générale » devant l'Assemblée Nationale, Lomé, 04 juin 2010.

IMF, Third review under the three year arrangement, the poverty reduction and growth facility, February 2010.

* 13 Hervé DIATA et Antoine N'GAKOSSO, L'intégration et la nécessité d'une transition fiscale : cas de la TVA dans les pays de L'Union Africaine, Revue africaine de l'intégration, janvier 2007, P.78.

Gbewopo ATTILA en association, Aide publique au développement et transition fiscale, Clermont Université, Université de Clermont I, CERDI-UMR CNRS, février 2009, P.3.

* 14Le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), en français l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) fut signé le 30 octobre 1947 par 23 pays, pour harmoniser les politiques douanières des parties signataires. Le traité entra en vigueur en janvier 1948 et le secrétariat s'installa à Genève.

Cet accord multilatéral de libre-échange était destiné à faire baisser les prix pour les consommateurs, mieux utiliser les facteurs de production et favoriser l'emploi dans les secteurs où chaque pays détient un avantage comparatif. L'un des derniers cycles de négociations (l'Uruguay Round, de 1986 à 1994), clos par l'accord de Marrakech, aboutit à la création de l'Organisation mondiale du commerce.

* 15Décision N°34/2009/CM/UEMOA portant des critères et indicateurs de la transition fiscal au sein de l'UEMOA, P. 4.

* 16La période 80 à début 90 fait référence à la détérioration des termes de l'échange entrainant une baisse de la demande des matières premières, principaux produits d'exportation de la plupart des pays africains et à l'avènement des revendications d'ouverture politique.

* 17 FMI, Bénin, conjoncture économique et relance , 1993.

FMI, Le Burkina vers un libéralisme économique 1992.

FMI, Vers un encadrement du secteur informel au Burundi, 1994.

FMI, Crises financières et chutes de l'activité économique au Cameroun1991.

FMI Chômage des Gadobés et climat social tendu en Centrafrique,1991.

FMI, Effets de la baisse des prix mondiaux de café et cacao, 1992.

FMI, Instabilité politique 1900-1993 et recul de 15? du PNB 1995.

* 18 FMI,  Finances et développement  N°0057, P.13.

* 19Les institutions de Bretton Woods sont le FMI et la Banque Mondiale.

* 20Patrick LENAIN, Le FMI coll Repères, La découverte, Paris, 1993, P. 99.

* 21L'UEMOA est créée par traité signé le10 janvier 1994 et modifié le 29 janvier 2003. Il comprend 8 pays: Le Benin, le Burkina-Faso, la Cote d'ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

* 22Article 4 du Traité de l'UEMOA.

* 23 L'institution de l'Union douanière recommandée par l'article 76-a du Traité de l'UEMOA et sa mise en oeuvre par l'Acte Additionnel N°04/96 du 10 mai 1996 traduit la volonté des pays de l'UEMOA d'appliquer une politique commerciale commune en se mettant en conformité avec les Accords de Marrakech et notamment d'appliquer à travers le Règlement N°05/99/CM/UEMOA portant détermination de la valeur en douane des marchandises dans les Etats de l'UEMOA, le système d'évaluation en douane des marchandises de l'OMC basé sur la valeur transactionnelle

* 24Séminaire de réflexion sur la mise en place d'une fiscalité de développement tenu du 05 au 08 décembre 2005 à Bamako. Le terme fiscalité de développement s'entend par l'accroissement de la pression fiscal par l'élargissement de l'assiette d'imposition de manière à permettre une justice fiscal équitable favorisant l'investissement.

* 25 ONU, «Rapport sur le financement des OMD», 2001 in Recommandation N°01/2011/CM/UEMOA relative aux orientations de politique économique des Etats membres de l'Union pour l'année 2012.

DES ETATS MEMBRES DE L'UNION POUR L'ANNEE 2012

* 26 ONU, «Rapport d'évaluation des OMD», Genève, Juillet 2009.

* 27 Article 4, du Traité de l'UEMOA.

* 28Règlement N°04/2010/CM/UEMOA portant modification de l'annexe du Règlement N°08/2007/CM/UEMOA du 06 avril 2007 portant adoption de la nomenclature tarifaire du TEC sur la base du Règlement N°02/97/CM/UEMOA portant adoption du TEC de l'UEMOA.

* 29 Décision N°01/98/CM/UEMOA du 03 juillet 1998 portant adoption du programme d'harmonisation de la fiscalité indirecte.

Décision N°03/98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998 portant harmonisation de la taxation des produits pétroliers au sein de l'UEMOA.

Directive N°07/2001/CM/UEMOA du 26 novembre 2001 portant régime harmonisé de l'acompte sur impôt assis sur les bénéfices au sein de l'UEMOA.

Décision N°16/2006/CM/UEMOA du 16 décembre 2006 portant adoption du programme d'harmonisation de la fiscalité directe au sein de l'UEMOA.

* 30Article 4-c du Traité de l'UEMOA.

* 31Le Protocole Additionnel N°III/2001 repose principalement sur le critère de classification tarifaire et propose un taux de valeur ajouté communautaire de 30? sans précision des critères de détermination de l'origine communautaire.

* 32 La TCI est une taxe ad valorem destinée à lutter contre les variations erratiques des prix mondiaux de certains produits, et à contrecarrer les pratiques déloyales à l'importation.

La TDP est une taxe ad valorem, temporaire et dégressive créée pour compenser les baisses importantes de protection tarifaire liées à la mise en place du TEC.

* 33Commission de l'UEMOA, «Note de présentation du projet de décision portant adoption du PTF au sein de l'UEMOA».2006, P. 3.

* 34B. HIGGINS, Economic, Development, P.475

* 35Institut du FMI, cours de programmation et politiques financières, du 22 février au 2 avril 2010, P.2

* 36Inspection générale des finances, Rapport de la mission d'analyse comparative des administrations fiscales, Sous la supervision de Jean-Luc Lépine, Paris, (1999), miméo P.11.

* 37 Selon l'article 19 du Traité de l'UEMOA, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement prend, en tant que de besoin, des actes additionnels au Traité de l'Union. Les actes additionnels sont annexés au Traité. Ils complètent celui-ci sans toutefois le modifier. Leur respect s'impose aux organes de l'Union ainsi qu'aux autorités des Etats membres.

* 38L'année 2013 est fixée par la Commission comme étant l'horizon de convergence des économies. (voir décision N°34/2009/CM/UEMOA. Cet horizon fait suite à celui qui avait été fixé au 31 décembre 2008 pour la mise en oeuvre des réformes du PTF. Cependant, dans une perspective de réforme totale, la Commission n'exclut pas la possibilité d'une succession de réforme avec de nouvelles normes.

* 39Voir acte additionnel N°04/99/CM/UEMOA portant pacte de convergence, de croissance, de stabilité et de solidarité de l'UEMOA.

* 40La valeur maximale de ce ratio a variée entre 6.4? pour le Niger, 7? pour le Burkina et 11.5? pour le Sénégal soit une valeur maximale moyenne arrondie de 8? avec un taux de croissance de 2? envisagé sur les recettes fiscales intérieures indirectes.

* 41 La moyenne du ratio des recettes fiscales sur le commerce extérieur sur PIB nominal est de 7.3? pour l'Union. La valeur moyenne arrondie de 7? a été retenue compte tenu d'une prévision en baisse des recettes de porte.

* 42Le ratio moyen de la période 1997-2007 varie entre 39? pour le Mali à 58.7? pour la Cote d'Ivoire. Celui des autres Etas membres fluctue entre 40.7? et 54.8?. Le ratio moyen de l'Union est de 50.8? pour la période 1997-2007 et de 48.8? pour la période 2003-2007. En conséquence la norme maximale de 45? a été retenue.

* 43Le rapport moyen de la période d'étude varie de 0.81 pour la Cote d'Ivoire à 1.58 pour le Mali. Le rapport des normes a savoir 55?/45? est de 1.22. Par souci d'une harmonisation par le haut, le rapport moyen des quatre Etats ayant les ratios les plus élevés est de 1.4. Il est majoré à 1.5.

* 44Christian GENTHON, Analyse sectorielle, Méthodologie et application aux technologies de l'information, Harmattan, Paris 2004.

* 45Les variables ou caractères sont des aspects particuliers de l'individu ou d'un phénomène sur lesquels une étude s'oriente. Ils peuvent être qualitatifs ou quantitatifs.

* 46 Document Complet de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP-C.

* 47L'optimum vise le rendement de l'impôt ainsi que son utilisation comme instrument d'investissement et de répartition.

* 48DGI, cahier fiscal N°004 juillet/août 2007, «la taxe sur la valeur ajoutée», P.3.

* 49La directive N°02/2009/CM/UEMOA conditionne l'imposition du secteur agricole à la TVA par la mise en place d'une politique agricole commune; cependant, elle laisse aux Etats une faculté d'imposition. Quant aux entreprises du secteur des transports, elles peuvent être imposées si elles formulent une option pour leur assujettissement à la TVA.

* 50FMI, La renaissance de l'économie togolaise, Finances et développement avril 2010, P.11.

* 51Statistiques du FMI

* 52FMI, La renaissance de l'économie togolaise, obsit.

* 53 World Bank, «Togo at a glance», 29 march 2012.

* 54Création de la SNPT par décret N°2007-049/PR du 14 mai 2007, signature de contrat d'exploration et d'exploitation de l'offshore togolais, exploitation des minerais de fer de manganèse, de bauxite, de chromite et de leurs métaux connexes.

* 55World Bank, Togo at glance, obsit.

* 56Recettes fiscales intérieures rapportées aux recettes fiscales sur le commerce extérieur.

* 57Recettes fiscales sur le commerce intérieur rapporté aux recettes fiscales totales.

* 58Recettes fiscales totales rapportés au Produit intérieur brut nominal.

* 59Voir, rapport de l Banque Mondiale sur le cadre économique du Togo, Mars 2012.

* 60 Gérard CHAMBAS,  Fiscalité et développement en Afrique subsaharienne, Paris, éd Economica, P.57.

* 61 Voir les huit catégories de revenus cités plus haut.

* 62 Les structures et les outils font référence au guichet unique et au régime de TPU.

Les mesures incitatives se résument à l'exigence de carte d'opérateur économique pour les importations et les retenues BIC et TVA.

La principale mesure de fidélisation est la promotion dans la Loi de finances 2011des CGA à travers l'article 1478 du CGI.

* 63 Banque Mondiale, « Togo at glance », obsit.

* 64 Source : Direction des Affaires Domaniales et Cadastrale (DADC).

* 65 Cas des entreprises qui opèrent à certaines heures de la journée généralement la nuit, les restaurants, les distributeurs de produits frelatés et de biens en transit.

* 66 C'est l'exemple des pays de l'UE avec la contagion de la crise des déficits.

* 67 Gérard CHAMBAS,  Afrique au sud du Sahara, quelle stratégie de mobilisation des ressources, P.13, obsit.

* 68 L'accroissement des recettes douanières par accroissement des importations signifie une hausse de la demande et donc, un accroissement automatique des impôts sur la consommation et une augmentation relative des impôts sur le revenu.






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