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Les commémorations du 11 novembre en Belgique francophone pendant l'entre-deux-guerres. Les cas de Bruxelles, Liège et Mons

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par Emeline WYNANTS
Université de Liège - Master en histoire 2012
  

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2.9.3.1.2.2 1936, l'incident rexiste.

Cet incident ne s'inscrit pas dans la même logique que celui de 1928. Premièrement, celui-ci se déroule lors du cortège habituel lié au 11 novembre.

Après la cérémonie au cimetière de Robermont, la foule se rend à la place Saint-Lambert afin de réaliser le salut aux drapeaux alliés. Près de la place, il y avait un kiosque à journaux où une cinquantaine635(*) de rexistes636(*) se joint au cortège. Commence alors la provocation : les rexistes ne se découvrent pas lors de la montée des drapeaux, saluent les hymnes nationaux du salut nazi, ils entonnent ensuite le chant rexiste juste après La Brabançonne. Les jeunes gardes socialistes et communistes637(*) entament alors L'Internationale. Face à une foule mécontente, les Rexistes battent en retraite sous la protection de la police. La foule les suit jusque devant leur local où pendant une heure, des cris protestataires se font entendre : « A bas Rex », « Allez saluer comme ça chez les Boches », « Filez à Berlin »,... La Police se charge de faire circuler les protestataires de plus en plus nombreux, si bien qu'il n'y eut aucune friction. Une seule arrestation est à déplorer : après plusieurs avertissements, un des rexistes refuse de gagner l'intérieur du local, il est donc arrêté à titre préventif. A 13h30, le calme était revenu.638(*)

Il est intéressant de confronter ce récit avec celui donné par le journal rexiste. Titré « Des Marxistes provoquent un incident », l'article est long d'une quinzaine de lignes qui ne disent rien, si ce n'est le lieu de l'incident et la rapidité d'action des services d'ordre. 639(*)

Cesdeux incidents sont de beaux exemples de la tension politique qui règne continuellement en Belgique durant l'entre-deux-guerres. Mais de plus, nous pouvons les relier au pacifisme qui résulte du pacte de Locarno. En effet, la guerre est mise hors la loi et les partis extrémistes, totalitaires sont perçus comme des agitateurs prêts à refaire couler le sang.640(*) Si l'on ajoute à cela, le fait que le respect des morts et le souvenir des héros de la guerre est vécu par une partie de la population - majoritairement les Anciens Combattants- comme un véritable devoir, nous pouvons facilement comprendre que le moindre geste irrespectueux puisse mettre le feu aux poudres. Toutefois, il est intéressant de constater que ces événements restent des phénomènes mineurs et rapidement circonscrit ce qui tend à confirmer l'importance qu'ont acquises les commémorations de l'Armistice au fil du temps.

* 635La Meuse nous parle d'une quarantaine. Malgré cette différence, nous pouvons constater que les chiffres restent de l'ordre du raisonnable et qu'il n'y a pas d'exagération.

* 636Rex: Un des plus importants mouvements d'extrême droite d'avant-guerre en Belgique francophone est Rex créé par Léon Degrelle. Au départ simple maison d'édition catholique, celle-ci va se transformer en parti politique puis en mouvement collaborationniste durant la Seconde Guerre mondiale.

DI MURO G.F., Léon Degrelle et l'aventure rexiste (1927-1940), Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2005, p.15-20.

* 637 Entre 1932 et 1936, les activités éducatives et récréatives des Jeunes Gardes Socialistes sont délaissées au profit de la propagande socialiste et des luttes politiques. C'est sans doute ce qui permet le rapprochement avec les Communistes, eux aussi antimilitaristes et antifascistes. Ce rapprochement débute après les grèves de juin 1936 : la fusion des deux associations de Jeunes Gardes est décidée en septembre et un congrès, entérinant cette décision se tient les 1er et 2 novembre.

C'est donc ce qui explique la présence des communistes à cette manifestation.

POURVEUR B., Etude du mouvement des jeunes gardes socialistes de 1932 à 1939 : aperçu de l'action politique des JGS et de leurs relations avec les jeunesses communistes, en particulier dans l'arrondissement de Liège, mémoire de master en Histoire, inédit, Université de Liège, année académique 1994-1995, p. 59-63.

* 638Le Journal de Liège, 12 novembre 1936, p.1 ; La Meuse, 12 novembre 1936, p.3 ; La Wallonie, 12 novembre 1936, p.1-5

* 639Le Pays Réel, 12 novembre 1936, p.3.

Il aurait été intéressant de voir si cet événement était relaté dans LAHAYE G., Le Parti rexiste dans l'arrondissement de Liège : 1935-1940, mémoire de licence en Histoire, inédit, Université de Liège, année académique 1980-1981. Malheureusement, ce dernier ayant été mal rangé, nous n'avons pu y avoir accès.

* 640DUMOULIN M., GÉRARD E., VAN DEN WIJNGAERT M. et DUJARDIN V., Nouvelle histoire de Belgique, Volume 2 : 1905-1950, Bruxelles, Editions Complexe, p. 72, 84, 103, et 146.

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