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Contribution des radios communautaires à  l'enracinement de la décentralisation au Bénin. Cas de radio ILEMA

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par Houéfa-Perpétue AHOMANGNON
Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel ( ISMA ) Bénin - Licence en journalisme audiovisuel 2011
  

Disponible en mode multipage

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Après la période révolutionnaire de 1972 à 1989, le Bénin s'est engagé sur la voie de la démocratie suite à la conférence nationale des forces vives de la nation.

Au lendemain de cette conférence qui a duré du 19 au 28 Février 1990, le Bénin a tourné dos à la dictature. On ne parle donc que de la démocratie et du développement. Deux notions qui n'étaient pas trop prises en compte pendant la période révolutionnaire. Il a fallu alors la conférence des forces vives de la nation de Février 1990 pour que les dirigeants béninois commencent par parler du développement et de la démocratie et surtout de la démocratie à la base.

L'une des grandes décisions qui a donc été retenue lors de cette conférence est de permettre aux populations rurales de gérer elles-mêmes les affaires locales.

L'article 21 de la loi N°97-028 du 15 Janvier 1999 portant organisation de l'administration territoriale de la République du Bénin précise : « qu'il est institué dans la structure de l'administration territoriale de la République du Bénin, des collectivités territoriales décentralisées dotées de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. »

Quant à l'article 22 de la même loi, elle dispose que : «  les collectivités territoriales décentralisées visées à l'article 21 prennent la dénomination de commune. » 

La commune est donc comme le dispose l'article 2 de la loi N°97-029 du 15 Janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin, « le cadre institutionnel pour l'exercice de la démocratie à la base. Elle est l'expression de la décentralisation et le lieu privilégié de la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques locales. »

Ainsi, la démocratie à la base ou la décentralisation doit permettre aux dirigeants de ne plus pratiquer la politique centralisatrice mais de transmettre certains pouvoirs aux communes et donc amener les populations à mieux s'impliquer dans le développement de leur commune.

Marco ROSSI, chef de la section politique et recherche de la Direction du Développement et de la Coopération(DDC) affirme dans l'ouvrage intitulé : Décentralisation et Développement, Berne 1999 p.19 que : « Une proximité accrue des instances de décision permet à la population d'influer plus directement sur les autorités locales et les responsables politiques. ».

Mais le constat qui se fait est que cette population n'est pas encore consciente des responsabilités qui lui incombent. Il revient alors tant aux élus locaux qu'aux radios communautaires de permettre aux populations de mieux cerner cette responsabilité qui est la leur.

Cependant, on note que ces derniers surtout les radios rurales n'ont pas encore de leur côté compris comment il faut amener ces populations à se mobiliser pour le développement de leur commune.

La radio rurale qui est un moyen de communication plus proche de ses citoyens constitue un vecteur de communication et un instrument incontournable à l'enracinement de ce processus qu'est la décentralisation. Malheureusement, les radios rurales ne jouent pas encore pleinement ce rôle.

Quelles sont les raisons qui empêchent les radios communautaires surtout la radio Ilèma de contribuer à l'enracinement de la décentralisation ?

Quelles sont les actions qu'elles doivent poser pour permettre aux populations rurales de mieux s'impliquer dans les affaires locales ?

Quel intérêt les populations rurales ont à s'intéresser aux affaires locales ?

Quelles sont les approches de solution pour amener les radios rurales à contribuer au développement local ?

C'est pour répondre à ces différentes interrogations que nous avons choisi de réfléchir sur le thème « CONTRIBUTION DES RADIOS COMMUNAUTAIRES A L'ENRACINEMENT DE LA DECENTRALISATION AU BENIN : CAS DE LA RADIO ILEMA. »

Pour mieux apprécier les différents contours de ce thème, nous aborderons le sujet à travers deux chapitres précédés d'un chapitre préliminaire :

- Le chapitre préliminaire portera sur le cadre institutionnel de l'étude, les observations de stage, l'approche méthodologique.

- Le premier chapitre sera consacré au ciblage de la problématique, aux objectifs et hypothèses de l'étude.

- Le deuxième chapitre fera enfin état des approches de solutions et de leurs conditions de mise en application.

Il sera question dans le chapitre préliminaire, de la présentation du cadre institutionnel de l'étude, du choix du cadre, à l'observation de stage et de l'approche méthodologique.

Section I : Cadre institutionnel de l'étude, état des lieux.

Dans cette partie, nous parlerons de la structure qui nous a accueillies et nous ferons l'état des lieux.

PARAGRAPHE 1 : Présentation de la structure

I-Historique

La radio Ilèma est une radio communautaire créée le 30 Avril 1998. Elle est installée à Lèma un village de Dassa - Zoumè dans le département des collines situé à près de 200 km de la capitale économique du Bénin, Cotonou.

Autrefois nommée Radio Communautaire Dassa-Glazoué (RCDG), la radio a, avec le temps changé de dénomination pour devenir depuis onze ans radio Ilèma qui signifie en langue locale idatcha : `'il fait jour''. Ce qui veut dire que la radio Ilèma est venue pour éclairer la communauté locale en la faisant sortir des ténèbres.

Elle est surtout l'oeuvre de l'Association Culture Communication et Développement(ACCD) créée en 1973 par Monsieur François Sourou OKIOH. Elle est basée dans la ville de Dassa - Zoumè. Elle a pour mission de promouvoir la culture à travers la communication pour le développement.

La radio Ilèma, c'est aussi une idée de Monsieur François Sourou OKIOH, cinéaste collecteur de mémoires. C'est au cours d'une mission effectuée par l'organisation non gouvernementale belge Vredeseilenden Coopibo(VECO), au Bénin que le promoteur de l'ACCD a fait part de son ambition d'installer une radio communautaire dans la ville de Dassa - Zoumè. Veco partageant cette même ambition a accepté apporter son appui pour la mise en place de ce médium. Le processus pour l'implantation de la radio communautaire a alors débuté.

Huit enquêteurs du Centre de Développement Communautaire(CDC) ont été envoyés sur le terrain. Ils avaient pour but de connaitre les communautés, leurs traditions locales, leurs richesses naturelles et culturelles ainsi que leurs attentes.

Ces études ont été suivies d'une étude de faisabilité technique. Elle a révélé que pour un meilleur rayonnement de la radio, il est souhaitable que les installations pour la diffusion de la radio soient posées sur la quinzième (15ème) colline, une colline située à égale distance des deux chefs lieux des communes de Dassa et de Glazoué.

Dès lors, un comité de préparation de la radio (CDP) a été mis en place. Composé des représentants des principaux acteurs de développement des communes de Dassa et de Glazoué, et de certaines ONG telles que le Centre International de Développement et de Recherche(CIDR), le Centre de Recherche et d'Action pour le Développement des Infrastructures de Base(CRADIB), les groupements féminins et les chefs traditionnels idatcha et mahi, il a pour but de préparer la naissance dans de bonnes conditions de celle qui deviendra plus tard la première radio communautaire dans le département des Collines. Comme il est dit dans le cahier de charge de ce comité, l'objectif premier est : « d'expliquer aux communautés les motifs réels de création de cette radio afin d'obtenir leur adhésion massive et de les amener à s'approprier ce puissant instrument de communication. ». Plusieurs tournées d'informations et de sensibilisation des communautés à la base ont été effectuées.

Après toutes ces études, un contrat de partenariat d'une durée de cinq ans a été signé avec l'ONG Veco. Dans ce contrat, il est stipulé que « Veco doit appuyer techniquement et financièrement la création de la radio. ». Dès lors, les travaux de construction des bâtiments de la radio ont démarré. Les communautés déjà averties de l'importance de cet outil de développement se sont impliquées personnellement pour sa construction. A titre d'exemple, les pierres qui ont servi pour la construction des locaux étaient concassées et transportées par les communautés rurales. Elles ont même fait des dons en nature et en espèce avec une somme de trois millions (3 000 000) de francs CFA au comité qui a été mis en place. Ainsi le 30 Avril 1998, la radio Ilèma a été inaugurée devant un parterre d'invités dont les autorités nationales et locales et les populations.

Elle est régie par la loi 1901 et reconnue officiellement par le ministère de l'intérieur, de la sécurité et de l'administration territoriale sous le n°91-105-MISAT-DAI-S1-ASSOC du 13 Août 1991.

La radio Ilèma est créée suite à la mise en application de la loi n°97-010 du 20 Août 1997 portant libération de l'espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives aux délits en matière de presse et de communications audiovisuelle en République du Bénin.

Elle émettait alors du lundi au vendredi de 12H à 22H et les week-ends de 10H à 23H sur la fréquence 104.5MHZ avec une fréquence relais qui est 98.6 MHZ. Elle est captée dans les communes de Dassa - Zoumè, Glazoué, Savè, Savalou, Bantè et dans quelques localités des départements du Zou et du plateau. Avec le temps, elle a commencé par émettre tous les jours de six (06) heures à vingt trois (23) heures sauf les samedis où elle émet jusqu'à minuit pour la joie de ses auditeurs.

II- Missions et objectifs.

Dans l'ouvrage : « Radio Ilèma, un an déjà » à la page 12, il est précisé que la radio Ilèma a pour objectifs de :

· « Développer la communication en milieu rural ;

· Libérer la parole paysanne ;

· Valoriser les richesses culturelles et naturelles ;

· Sauvegarder les moeurs, les traditions et coutumes ;

· Accroître l'émancipation des populations à la base à travers une meilleure circulation de l'information et une expression des priorités locales en tenant compte des connaissances et conditions du métier ;

· Améliorer la participation réelle des populations particulièrement des femmes et des jeunes aux prises de décisions socioculturelles, économiques, de leur communauté ;

· Sensibiliser et éduquer les populations ;

· Consolider les acquis des populations sur tous les plans ;

· Favoriser les échanges intercommunautaires ;

· Faire circuler l'information rurale. »

III- Structure organisationnelle de la radio Ilèma.

La structure organisationnelle de la radio Ilèma est composée d'une Direction Générale, d'un Service commercial, d'une Rédaction, d'un Service des programmes, d'un Service de la production, et d'un service technique.

1°) La Direction Générale

Pour le bon fonctionnement de la radio Ilèma, il a été mis en place une Direction Générale. Située dans la ville de Dassa à 7km de la radio, au siège de l'Association Culture Communication et développement(ACCD), elle a à sa tête un Directeur Général et est chargée de coordonner toutes les activités au sein des différents services de la radio.

Toutes les grandes décisions pour l'amélioration des services de la radio viennent de la Direction Générale. Elle se charge de la signature des contrats entre les différents partenaires de la radio et celle-ci. C'est elle qui nomme les différents chefs qui doivent diriger les services de la radio et assure l'exécution à temps des services demandés par les partenaires et auditeurs.

2°) Le Service Commercial

Dirigé par un chef, il s'assure de la réalisation à temps des publicités et des annonces qui sont confiées à la radio. Il se charge de la gestion de la clientèle et la mise en oeuvre de la stratégie commerciale et marketing de la radio Ilèma. Il assure et entretient les relations avec la clientèle et suscite des besoins chez les clients par des publicités et des contrats.

3°) La rédaction

Elle a à sa tête un chef connu sous le nom de Rédacteur en chef et est composée de trois journalistes y compris le rédacteur en chef et des stagiaires qui vont à la quête de l'information. Ils se réunissent tous les jours à seize (16) heures pour la conférence de rédaction présidée par le rédacteur en chef. Au cours de cette rencontre, tout ce qui doit passer dans le journal de 19 heures 30 minutes, la seule grande édition de la journée est retenue.

Au cours de cette conférence, on répartit les reportages pour le lendemain et on aide les stagiaires pour l'écriture de leur papier et de la présentation du journal. Le rédacteur en chef désigne le présentateur du journal parlé du soir. C'est aussi à la conférence de rédaction que le rédacteur en chef définit les angles de traitement des différents sujets et le choix de ces angles.

4°) Le Service des programmes

C'est ce service dirigé par un chef des programmes, qui s'occupe de la programmation des émissions et de la conception de la grille des programmes. Il veille au respect de la grille et programme chaque animateur. C'est à lui que revient l'exactitude dans le démarrage des émissions et tout ce qui passe à l'antenne. Il justifie quand quelque chose ne va pas dans l'exécution du programme ou quand les auditeurs veulent avoir des explications sur le non-respect des heures de diffusion des émissions.

5°) Le Service de la production

Il a à sa tête un chef de production et s'assure de la conception, de la réalisation et de la production des diverses émissions de la radio. C'est lui qui définit le contenu des émissions proposées par les animateurs et voit en communion avec ces derniers la réalisation des magazines, des documentaires et d'autres émissions spécialement commandées à la radio. Il analyse les projets d'émissions et décide en collaboration avec la Direction Générale de l'opportunité et surtout de l'importance de telles ou telles émissions pour la radio.

6°) Le Service Technique

Il est composé de quatre techniciens tous supervisés par un chef technique qui :

· Assure la technique de toutes les émissions

· Protège les équipements et le déroulement harmonieux du travail contre les interruptions dommageables telles que les coupures d'électricité, les pannes d'ordinateurs

· Assure la bonne marche des équipements techniques

· S'occupe de la maintenance et de l'exploitation technique de l'émetteur et du système d'antenne

· Prend une part active dans la prise de décision d'achat de matériels pour la radio

· Juge de l'opportunité de faire appel ou non aux maintenances.

PARAGRAPHE II: Etat des lieux

Nous mettrons l'accent sur les différentes évolutions de la décentralisation au Bénin.

I. De la conférence nationale aux premières élections communales et municipales

Le Bénin, est le premier Etat d'Afrique francophone à amorcer le processus de la démocratie. C'est à travers l'organisation de la conférence nationale des forces vives de la nation de Février 1990. Cette conférence s'est tenue suite à la proclamation le 30 novembre 1974 du `'marxisme-léninisme'' à la place Goho à Abomey. Après cette proclamation, l'effet fut catastrophique dans les esprits du peuple béninois.

La première conséquence directe de cette proclamation fut l'interdiction de la mise en place de toutes organisations démocratiques. Seul le parti de la révolution populaire fut créé pour occuper toute la place. La dictature s'est alors installée. Le pays était gouverné d'une main de fer par les dirigeants d'alors. La situation économique et financière du pays allait de mal en pire. Les partenaires techniques et financiers étaient très réticents pour financer les projets de développement. Vu que le pays était dirigé par le parti unique, ce dernier n'arrivait plus à avoir l'oeil sur la situation économique et financier des zones rurales. C'est dans cet état de dépression générale que les béninois vécurent jusqu'en 1989. Cette année, les trois ordres de l'enseignement y compris le secteur privé se sont successivement mis en grève illimitée. Cette grève a été inaugurée par les étudiants dès début janvier 1989. Le pays était alors paralysé.

C'est ainsi que la situation économique et financière catastrophique du pays et l'envie des Béninois de vivre dans un pays démocratique ont fait naître dans le coeur des dirigeants l'idée d'une conférence nationale. Après un consensus national autour de cette idée, le pouvoir politique en a pris l'initiative. Le peuple y a adhéré tout en restant sur ses gardes. Un comité préparatoire de la conférence a été alors mis en place car il ne suffisait pas aux autorités centrales de l'Etat et du parti unique de décider d'une conférence nationale pour qu'elle ait effectivement lieu. La tâche assignée au comité était de réunir toutes les forces vives de la nation et d'être disponible pour accepter toutes suggestions. Les travaux du comité furent terminés le 18 février 1990 et la conférence débuta le 19 février 1990.

Avec l'organisation de cette conférence, plusieurs objectifs fixés par les dirigeants ont été atteints. Cette conférence a permis d'insérer dans leur programme de développement la démocratie à la base. Désormais les habitants des zones rurales pourront avoir la priorité pour diriger eux-mêmes l'économie et les finances locales.

Au lendemain de cette conférence, la constitution du Bénin a été ratifiée par le peuple lors d'un referendum le 02 Décembre 1990 et promulguée le 11 Décembre 1990. Les articles 150, 151, 152 et 153 de cette constitution sont consacrés à la décentralisation.

Selon l'article 150,   « les collectivités territoriales de la République sont créées par la loi. » et à l'article 151,  il est précisé que « les collectivités s'administrent librement par des conseils élus et dans les conditions prévues par la loi. »

L'article 152 indique qu' « aucune dépense de souveraineté de l'Etat ne saurait être imputée à leur budget. »

Enfin, l'article 153  stipule : « l'Etat veille au développement harmonieux de toutes ces collectivités territoriales sur la base de la solidarité nationale des potentialités régionales et de l'équilibre interrégionale. »

La conférence et surtout la constitution du 11 décembre 1990 ont ainsi posé les jalons de la décentralisation. Désormais certains pouvoirs devront être transférés aux communes. Ces dernières ont le devoir de bien les diriger.

Cependant, pendant plusieurs années, les différents gouvernements et régimes politiques qui se sont succédé à la tête du Bénin n'ont pas fait grand cas de la décentralisation. Malgré toutes les dispositions prises lors de la conférence, le premier tour des élections communales et municipales ont été organisées au Bénin en 2002, c'est-à-dire douze ans après la tenue de la conférence nationale.

Cela s'explique par le fait que l'orientation marxiste-léniniste qui a marqué le système politique béninois était basée sur le « centralisme démocratique ». La gestion des collectivités locales était confiée aux instances du parti unique. Ce qui fait que les autorités n'arrivaient pas à avoir l'oeil sur toutes les communes.

Les dispositions de la constitution du 11 Décembre 1990 relatives à la décentralisation étaient alors les bienvenues. Elles permettaient désormais de transférer certains pouvoirs et de les laisser diriger par les populations elles-mêmes.

A ce propos, Stanislas KPOGNON dit dans son ouvrage intitulé : Décentralisation et exigences éthiques, p.12 que : « Le partage des pouvoirs offre aux citoyens des villes et des campagnes, grâce à une participation citoyenne informée, d'assurer la gestion de leurs propres affaires locales ».

Mais, comme il est notifié un peu plus haut, ce processus a connu des difficultés avant sa mise en oeuvre effective qui s'est traduite par l'organisation des élections communales et municipales.

Trois ans après la conférence des forces vives de la nation en 1990, les états généraux de l'administration territoriales ont été organisés du 07 au 10 janvier 1993 à Cotonou. Une manière d'appuyer les textes de loi proposés par la conférence et de proposer au gouvernement les principes et orientations qui fondent la réforme administrative. A partir du 15 janvier 1995, les textes de loi sont adoptés. Désormais, les départements sont devenus les circonscriptions administratives du Bénin et les communes deviennent des collectivités décentrées gérées par un maire. Elles disposent de larges pouvoirs autonomes et de compétences propres. Tout cela est développé dans cinq lois à savoir :

Ø La loi n°97-028 portant orientation de l'organisation de l'administration territoriale

Ø La loi n°97-029 portant organisation des communes

Ø La loi n°98- 005 portant organisation des communes à statut particulier (Cotonou, Porto-Novo, Parakou)

Ø La loi n°98-006 portant régime électoral communal et municipal

Ø La loi n°98-007portant régime financier des communes.

Avec cette nouvelle réforme et ces textes de lois, les circonscriptions administratives passent de six à douze avec deux catégories de communes : les communes de droit communs et les communes à statut particulier. Ces dernières sont Cotonou, Porto-Novo et Parakou.

Après l'élaboration de ces textes de loi, plusieurs étapes ont été franchies avant l'organisation des premières élections locales. Il s'agit entre autres de l'organisation d'un séminaire de programmation de la réforme administrative sous le haut parrainage du président de la République Mathieu KEREKOU. Au cours du séminaire, il a émis son souhait de voir les élections municipales et communales se tenir en Avril 1996.Ce qui n'a pu être réalisé.

Le 07 Avril 1997 à l'ouverture de la première session ordinaire de l'Assemblée nationale, le président du parlement Bruno AMOUSSOU a déclaré que : « les travaux de cette session seront essentiellement consacrés à l'étude et à l'adoption des lois relatives à la décentralisation de l'administration territoriale. » Ce fut alors le début de l'étude des projets de loi par la commission des lois de l'Assemblée nationale. Une fois encore, il a été dit que les élections municipales se dérouleront en 1998.

C'est au cours de la session extraordinaire du 28 Juillet 1997 que deux textes de loi sur l'administration territoriale ont été votés. Il s'agit de la loi n°97-028 portant organisation de l'administration territoriale et de la loi n°97-029 portant organisation des communes. Quant à la loi n°98-005 portant organisation des communes à statut particulier, elle a été votée au cours de la deuxième session ordinaire de la même année. Les lois n°98-006 portant régime électoral communal et municipal et n°98-007 portant régime financier des communes ont été votées lors de la session extraordinaire qui a été convoquée après la deuxième session ordinaire de l'année 1997.

Cependant, le 13 Mars 1998, la Cour constitutionnelle a décidé que les deux premières lois sont non conformes à la constitution. Le 31 Mars 1998, elle décide que les autres lois sont non conformes à la constitution. Une fois encore, les élections n'ont pu se tenir le premier semestre de l'an 1998 comme l'a demandé le chef de l'état le général Mathieu KEREKOU.

Après ces différentes étapes, ces lois ont fini par être promulguées courant 1999-2000. Cette fois-ci, les élections locales sont programmées pour le quatrième trimestre de l'année 2000. Il fallait s'assurer que toutes les conditions sont réunies y compris l'assimilation et l'adhésion des populations à la décentralisation avant les premières élections locales. Tout a été mis en place, et les populations sont allées aux urnes pour les élections communales et municipales le Dimanche 15 Décembre 2OO2.

II. Des premières élections communales et municipales à nos jours

Après l'organisation de ces élections, tout est allé un peu plus vite. Les autorités ont compris l'importance de la décentralisation. Les conseils communaux et municipaux ont été installés avec à la clé, l'élection des maires.

Il a été créé pour la première fois en Octobre 2007 au Bénin, le Ministère de la Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du Territoire (MDGLAAT). La Délégation de l'Aménagement du Territoire une structure dont la mission est d'accompagner les communes dans leur développement et qui dépendait de la présidence de la République, est désormais rattachée à son ministère de tutelle. S'en est suivie la prise du décret n°2007-447 du 02 Octobre 2007 portant attribution organisation et fonctionnement du ministère de la décentralisation, de la gouvernance locale, de l'administration et de l'aménagement du territoire.

Le premier quinquennat des maires tendant vers sa fin, il a été organisé du 26 au 28 Novembre 2007, un forum national bilan de la réforme de l'administration territoriale avec comme recommandation, l'élaboration d'un document de politique nationale de décentralisation et de déconcentration.

Le président Boni YAYI disait dans son discours d'ouverture de ce forum rapporté dans un document intitulé : `'Les actes du forum'' p.9 que : « Ici comme ailleurs, je suis convaincu de la nécessité d'induire les changements qualitatifs qu'ils faut pour renforcer notre processus de décentralisation qui doit devenir à terme un moyen privilégié de promotion d'un développement équilibré de nos différentes régions. ».

Ce forum a permis de faire le bilan de ce qui a été réalisé dans le cadre de la décentralisation au Bénin. C'était aussi l'occasion pour les participants de proposer des réformes pour un meilleur partage du pouvoir au sein de la nation et pour une meilleure participation des populations locales à cette nouvelle réforme administrative.

Après cela, les populations étaient une fois encore aux élections municipales en avril 2008. Elles sont maintenant impliquées dans ce processus de démocratie à la base.

L'Assemblée nationale continue d'adopter d'autres lois pour une meilleure gestion des communes et leur développement. Il s'agit entre autres de la loi sur l'intercommunalité qui a été adoptée et promulguée en mai 2009. Les communes pourront désormais s'associer avec d'autres communes pour un véritable essor.

La décentralisation pour être effective, ne doit pas être l'affaire de l'Etat central seul. L'implication des autres composantes que sont : la société civile, les populations et surtout les radios communautaires, s'avère indispensable pour la réussite du processus.

Un processus qui doit aider toutes les communes à amorcer un développement durable et ceci avec les potentialités qu'elles disposent. Cependant beaucoup de communes béninoises comme la commune de Dassa - Zoumè malgré leurs richesses naturelles et culturelles ne sont pas développées.

Dans la section qui suit, nous allons justifier notre choix de la radio Ilèma située dans la commune de Dassa - Zoumè comme cadre de travail.

Section 2 : Choix du cadre et justification ; observations de stage et approche méthodologique.

Pour la rédaction de ce mémoire, nous avons bénéficié d'un stage académique de trois mois à la radio communautaire Ilèma. Elle est installée dans la commune de Dassa-Zoumè dans le département des Collines. Dans ce premier paragraphe, nous allons justifier le choix de ces cadres qui nous a servi pour l'écriture de ce mémoire. Dans le deuxième paragraphe, nous ferons part de nos observations lors du stage et de l'approche méthodologique.

PARAGRAPHE I : Choix du cadre et justification

La radio ILEMA comme susmentionnée, est installée dans la commune de Dassa-Zoumè dans le département des Collines. C'est une oeuvre de l'Association Culture Communication et Développement(ACCD). Cette association s'évertue à apporter un plus à l'enracinement de la décentralisation malgré les nombreuses difficultés qu'elle rencontre. Elle a mis en place il y a quelque années un bimestriel nommé « la voix des collines »qui consacrait des pages à la décentralisation et au développement de la commune de Dassa-Zoumè. Même si aujourd'hui ce journal n'existe plus ainsi que d'autres actions en faveur de la décentralisation, l'ACCD essaie toujours à travers la radio Ilèma de mener des actions pour le développement durable de sa commune et des communes qu'elle couvre.

Comme l'ACCD, la radio Ilèma n'arrive plus à faire certaine de ses initiatives qui rentrent dans le cadre de l'aboutissement de ce système de décentralisation. La radio Ilèma première radio communautaire du département des Collines et seule radio dans la commune de Dassa possède tous les atouts en main pour participer à l'enracinement de la décentralisation dans cette commune, une commune qui est encore sous-développée malgré les potentialités dont elle dispose.

Elle est l'une des six communes que compte le département des Collines. Ex-sous préfecture de Dassa - Zoumè, la commune de Dassa - Zoumè est limitée au nord par la commune de Glazoué, au sud par les communes de Zangnanado et de Djidja, à l'ouest par la commune de Savalou et à l'est par les communes de Savè et de kétou. Depuis l'avènement de la décentralisation, cette commune jusqu'alors sous-préfecture de Dassa-Zoumè est devenue une collectivité territoriale décentralisée. Elle est ainsi dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Ces deux attributs caractéristiques des collectivités territoriales décentralisées lui « permettent de s'administrer librement, de définir ses priorités et de mettre en oeuvre sa politique de développement local. C'est une commune de droit commun qui doit assurer les meilleures conditions de vie à l'ensemble de la population et donc assurer son développement local. ». L'article 84 de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en République du Bénin stipule que « La commune élabore et adopte son plan de développement. Elle veille à son exécution en harmonie avec les orientations nationales en vue d'assurer les meilleures conditions de vie à l'ensemble de la population. »

Cependant, Dassa - Zoumè, la ville des 41 Collines est une commune qui reste handicapée par bien de problèmes malgré les atouts dont elle dispose pour s'assurer un développement local durable.

A mi-chemin entre Cotonou, la capitale économique du Bénin et Parakou, la métropole du nord Bénin, passage obligatoire pour toutes les transactions allant de Cotonou vers les pays de l'hinterland et vice-versa avec possibilité de raccourci sur le Nigeria à l'est et le Togo à l'ouest, la commune de Dassa - Zoumè a une position géographique très intéressante pour la promotion de son économie. Elle regorge d'un potentiel économique important fait de nombreux sites touristiques, d'importantes carrières de granites et autres pierres précieuses.

La population est relativement jeune : 62% est âgée de 15 à 24 ans. Mais le taux de scolarisation est très faible. Les populations n'ont pas d'informations sur la décentralisation donc elles ne voient pas le rôle de la radio pour ce système.

Cette commune, de Dassa - Zoumè dispose d'une grotte mariale nationale qui rassemble des milliers de chrétiens chaque année. Toutefois, elle n'est pas développée. Bernard GNANTONOU dit dans son livre `'Quelques axes pour le développement de la commune de Dassa - Zoumè'' p.9 que : « Malgré ces atouts, Dassa - Zoumè n'a pas réussi l'union de ses fils et filles autour des nombreuses tâches de développement. »

Cette étude vise à contribuer au développement de cette commune en montrant l'importance de la radio communautaire dont elle dispose.

PARAGRAPHE II : Observations de stage et approche méthodologique

I. Observations de stage

Dans cette partie de notre travail, nous allons faire l'état des lieux des différents services de la radio qui nous ont accueillies.

1. Etat des lieux de la Rédaction

* Constat sur la réalisation des reportages et l'écriture des papiers.

Les informations parviennent aux journalistes de la radio ou ils vont à sa quête.

Elles parviennent aux journalistes quand il s'agit des activités institutionnelles organisées par les autorités au niveau local ou national.

Dans ce cas, les organisateurs viennent déposer la demande à la radio ou appellent directement les journalistes pour les informer.

Dans le second cas, les journalistes initient eux-mêmes des sujets de reportage.

Cependant, il faut noter que certains papiers du journal sont tirés des journaux télévisés de la chaîne privée Canal 3 Bénin et de la télévision nationale ORTB.

Les journalistes s'inspirent très souvent du journal de Canal 3 Bénin pour écrire certains papiers car, ils jugent plus crédibles voire plus fiables les informations diffusées par cette chaîne. Ce qui à notre avis, constituent une faute professionnelle car, cette situation peut les emmener à reprendre les erreurs commises par les autres.

Parfois même quand il n'y a pas le journal sur ces deux chaînes ou quand elles diffusent la même chose plusieurs fois, le journal ne se fait pas non plus à la radio ou quand il est fait, il ne dure que quelques minutes.

Un exemple très illustratif est que lors des festivités du 1er août qui a marqué le 51ème anniversaire de l'indépendance du Bénin, la radio n'a pas présenté le journal parlé du Mercredi 3 Août puisqu'ils n'avaient pas d'autres informations dans les journaux télévisés de ces deux chaînes.

En dehors des journaux télévisés, qui constituent la source principale des journalistes de radio Ilèma, leurs journaux dépendent aussi des informations tirées des quotidiens qui viennent de Cotonou. Comme ces quotidiens n'arrivent pas souvent à temps, les informations sont données tardivement.

Notons que les journalistes n'initient pas beaucoup de sujets de terrain. Ils ne font pas assez voire pas du tout des sujets d'investigation en dehors de quelques rares enquêtes sur l'insalubrité ou sur l'état défectueux des routes.

Ce qui n'est souvent pas du goût de la mairie qui considère ces initiatives comme des règlements de compte ou abus de pouvoir de la part de ces journalistes.

Les reportages à la radio sont rarement effectués par les stagiaires surtout quand il s'agit de reportages institutionnels.

* Constat sur la conférence de Rédaction

La conférence de Rédaction qui réunit tous les journalistes se tient une fois par jour sauf les weekends à 16 h. Elle est dirigée par le Rédacteur en chef ou son adjoint en cas d'absence.

Le maître de séance donne à chacun son sujet de reportage et le papier à écrire. En prélude à cela, il fait d'abord le tour de table pour savoir sur quoi chacun veut écrire et donne son avis sur le papier. Les papiers qui sont retenus font l'objet de discussion afin de déterminer et de retenir les angles de traitement.

Après ce débat, chacun rédige son papier qui sera soumis au maître de séance pour la correction.

Ces papiers sont classés par ordre d'importance pour le journal et le maître de séance désigne le présentateur du journal parlé de 19h30.

Les stagiaires désignent parmi eux un responsable qui rend compte de toutes leurs préoccupations au rédacteur en chef.

Il est tenu une liste de présence à la conférence de Rédaction.

* Constat sur la présentation du journal

Le journal est diffusé tous les jours à 19h30 min sauf les week-ends. Il y a aussi le flash info qui est présenté à 10 heures, à 12 heures et à 17 heures tous les jours sauf également les week-ends.

Le flash est initié seulement quand les stagiaires sont là et donc présenté par eux.

Quant au journal, il est présenté par deux ou trois journalistes surtout quand les stagiaires sont là sinon par un journaliste quand il n'a pas de stagiaires.

A la présentation il y a donc deux stagiaires accompagnés d'un journaliste ou un stagiaire accompagné d'un journaliste ou de deux stagiaires qui conduisent eux mêmes cette grande édition. Quand il n'a pas de stagiaires, c'est un seul journaliste qui présente le journal qui dure 15mn et souvent sans éléments sonores. Ce qui fait qu'à des moments, le journaliste est essoufflé et présente mal le journal.

L'édition du soir est reprise le lendemain matin à 07 heures. Et quand la correction du journal n'est pas bien faite ou avec des erreurs, le lendemain matin, ces mêmes erreurs sont reprises.

On constate que le journal n'a pas souvent d'éléments sonores, un problème auquel il faut trouver une solution rapide. Le journal n'a pas un chef d'édition et donc le technicien se trompe parfois quand il faut jouer un élément sonore ou un jingle.

2. Etat des lieux de la technique

La régie de la radio Ilèma est dotée de deux ordinateurs et d'une table de mixage. Les deux ordinateurs ne fonctionnent pas souvent à cause des pannes répétées. Ce qui fait que parfois, on ne retrouve pas des éléments sonores traités.

Les éléments sonores du journal sont traités à la technique puisqu'il n'existe pas un ordinateur au niveau de la Rédaction. Les sons pour le journal sont donc traités par le technicien qui ne sait pas toujours ce que le journaliste veut. Il traite ce qu'il veut et c'est à la présentation qu'on remarque parfois l'erreur. Il n'existe pas non plus d'enregistreur à la technique. Ce qui fait qu'on ne peut avoir un scoop et prendre un enregistreur à la technique. Il faut attendre pour emprunter chez un journaliste qui viendra à des heures plus tard.

Il faut doter la technique de nouveaux ordinateurs et d'enregistreurs. Il faut aussi former les techniciens qui sont là car, la plupart n'ont pas reçu de formation appropriée.

Notons que le nombre des techniciens est insuffisant. Conséquence, certaines émissions sont conduites par les animateurs eux-mêmes ou commencent sans techniciens. C'est là que nous parlons du retard des techniciens à leur poste ou des techniciens qui ne sont jamais à leur place aux heures de travail.

II. Approche méthodologique

Pour la rédaction et l'élaboration de cette étude, nous avons utilisé plusieurs pistes de recherches pour avoir les informations.

1. La recherche documentaire

Plusieurs bibliothèques nous ont permis d'avoir les avis des différents auteurs sur la question de la contribution des journalistes à l'enracinement de la décentralisation.

Il s'agit des bibliothèques de l'Ecole Nationale d'Administration de Magistrature (ENAM), de l'Institut Supérieur des Métiers de l'Audiovisuel (ISMA), de la Maison des Médias, de l'Observatoire de la Déontologie et de l'Ethique dans les Médias (ODEM), de la radio Ilèma, de la mairie de Dassa-Zoumè, du ministère de la décentralisation, du centre de documentation de l'Office de Radio et de Télévision du Bénin(ORTB) et sur internet. Là nous avons consulté des ouvrages généraux qui nous ont permis de renforcer nos connaissances sur la décentralisation et les radios communautaires.

Présentation des centres de documentation

BIBLIOTHEQUES VISITEES

NATURE DES OUVRAGES CONSULTES

TYPES D'INFORMATIONS

Bibliothèque de l'ENAM

Thèses et mémoire, Ouvrages généraux

Informations à caractère méthodologique, informations sur les médias

Centre de documentation de l'ISMA

Thèses et mémoire, Publications, rapports

Informations sur la presse audiovisuelle, Informations à caractère méthodologique

ODEM

Publications, rapports

Données sur les radios communautaires et sur l'éthique et la déontologie

Maison des médias, Ministère de la décentralisation

Ouvrages généraux

Informations sur les radios communautaires et la décentralisation

Service de documentation de l'ORTB

Ouvrages généraux, rapports

Informations sur les radios, informations générales

Mairie de DASSA - ZOUME

Ouvrages généraux

Informations sur la décentralisation

Bibliothèque de la radio Ilèma

Rapports, ouvrages généraux

Données sur les radios communautaires et la décentralisation

Internet

Publications, dictionnaire

Données générales et spécifiques

Source : Enquête terrain

2. Le questionnaire

Le questionnaire élaboré a été adressé aux professionnels des médias. Les questions étaient liées aux hypothèses de travail, l'impact des menaces qui pèsent sur les journalistes des radios communautaires, le manque de formation de ces journalistes, l'insuffisance des partenaires, le peu de soutien des autorités locales et nationales aux radios communautaires.

3. Les entretiens directs

Nous nous sommes entretenues avec des professionnels des médias des radios communautaires ainsi que des autres radios. Cet exercice nous a permis de mieux appréhender le sujet choisi sur la contribution des radios communautaires à l'enracinement de la décentralisation. Ils nous ont surtout aidés à savoir l'importance des radios communautaires dans l'univers médiatique béninois et pour l'enracinement de la décentralisation.

4. L'internet

Ce nouveau type de média nous a permis d'avoir une plus large connaissance de la décentralisation et des radios communautaires. Nous avons pris connaissance de ce qu'est la radio communautaire et qu'elles sont ses atouts et missions. Nous avons pu savoir comment fonctionnent les radios communautaires dans les autres pays

5. L'observation

Notre stage de fin de formation à la radio Ilèma s'est déroulé sur trois mois à la Rédaction de cette structure. Cela nous a permis de prendre les informations liées à notre thème.

Dans ce chapitre, il sera question de la formulation de la problématique, de l'énoncer des objectifs attachés à son traitement et les hypothèses qui sous-tendent son orientation

Section I : Ciblage de la problématique, choix et justification du sujet, spécification de la problématique et annonces de réalisation de l'étude.

PARAGRAPHE I : Ciblage de la problématique, choix et justification du sujet.

I. Problématique

L'année 1997 a été marquée par la démonopolisation de l'espace audiovisuel béninois. La loi n°97-010 du 20 Août 1997 portant libéralisation de l'espace audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives aux délits en matière de presse et de communications audiovisuelles en République du Bénin a été promulguée permettant ainsi, la création de radios et télévisions privées.

Parmi ces radios, nous avons les radios non-commerciales connues sous la dénomination de radios communautaires dont le statut est différent de celui des radios commerciales.

Cette différence est bien établie par les articles 38 et 41 de la loi suscitée.

L'article 38 de ladite loi stipule que : « au sens de la présente loi, les radiodiffusions sonores privées commerciales sont celles dont :

- Les programmes font une large part à l'information, aux émissions de service, aux émissions à vocation culturelle et aux jeux

 La partie musicale présente une variété de genres

- Les programmes ne comprennent pas de décrochage pour la diffusion d'émissions locales et sont financés au moins à 60% par la publicité. »

Quant à l'article 41 de la même loi, elle précise que : « Les radiodiffusions sonores privées non commerciales sont des radiodiffusions sonores locales et communautaires. Elles sont par vocation des radiodiffusions sonores de proximité, des radiodiffusions sonores culturelles ou scolaires.

Elles peuvent éventuellement faire appel pour une part non prépondérante de leur temps d'antenne :

- Soit à des banques de programmes ;

- Soit à un fournisseur de programmes identifié à condition que ce dernier ne poursuive pas d'objectif commercial, qu'il ait un statut associatif et que cette fourniture soit sa spécificité et particulièrement celle de ses programmes.

En aucun cas, les radiodiffusions sonores privées non commerciales ne sont autorisées à excéder 20% de recettes publicitaires dans leur budget. »

De là, nous comprenons clairement qu'une radio non-commerciale ou communautaire doit être à but non lucratif.

Dans l'ouvrage `' Etude diagnostique sur la mise en réseau des radios communautaires et associatives du Benin'', de l'URCAB, p.53, les auteurs parlent de la radio communautaire en ces termes : « Même si elle est créée par une association, elle se distingue de la radio associative par le fait que sa création et son mode de gestion impliquent fortement en amont et en aval une communauté donnée ; la radio, dans ce cas, remplit des buts uniquement sociaux et est un outil d'éducation, de distraction et de développement mis au service de la communauté concernée ».

C'est pour dire que la radio communautaire fait partie du quotidien des communautés et est donc en contact permanent avec elles.

Pour sa proximité auprès des populations, les radios communautaires peuvent constituer alors un outil indispensable pour l'enracinement de la décentralisation.

La presse, dans ce cas, a le devoir, non seulement, d'accompagner la décentralisation, mais surtout d'éclairer les choix des communautés lors des joutes électorales. Les populations rurales ont accepté l'avènement de la décentralisation sans vraiment y croire et sans rien y comprendre.

Dans le dossier du journal le municipal intitulé `'Dynamique locale: la radio communautaire, un puissant outil de mobilisation à la participation citoyenne'', publié sur le site www.le municipal.org (10 septembre 2011, 20h30 minutes) la décentralisation est définie tout simplement comme « la gestion du pouvoir à la base, la gestion des affaires locales par les populations elles- mêmes. ».

Dans l'ouvrage,  Le guide du maire'' p.14, la décentralisation est définie comme : «un système d'administration qui consacre le partage du pouvoir, des compétences, des responsabilités et des moyens entre l'état et les collectivités territoriales. ». 

Cependant, il est remarqué que jusqu'alors, les populations ne s'impliquent pas encore totalement dans les affaires locales. Alors que c'est le citoyen local qui est le vrai acteur de cette décentralisation. Dans son ouvrage `'Décentralisation et exigences éthiques'', p.27, Stanislas Y. KPOGNON affirme que : « Le citoyen est au coeur de la décentralisation. Il est au départ ; il est à la fin. Il participe de manière responsable, à la gestion des affaires locales. ». L'auteur va plus loin pour expliquer à la p.28 que : «  C'est avec la population locale et non seulement pour elle que le processus de la décentralisation s'enclenche et prend corps. » Ce qui veut dire que mieux que quiconque, la population est appelée à participer aux affaires locales. Sans elle, la décentralisation ne vit pas.

Mais comme cette dernière n'appréhende pas encore correctement les contours de cette réforme et donc inconsciente de son rôle. Il incombe alors aux radios communautaires de s'évertuer pour cet éveil de conscience des populations.

C'est à dire que ; les radios communautaires qui font partie du quotidien de ces citoyens doivent leur faire connaitre leurs responsabilités.

Mais le constat qui se fait est que dans leurs grilles de programmes, ces radios n'ont même pas initié des émissions de sensibilisation pour faire participer leurs auditeurs aux affaires locales.

Les quelques rares qui l'ont initiées l'ont fait grâce à l'appui de certaines organisations non gouvernementales. Les autres qui ont voulu le faire, n'ont pas eu de financement et la faible participation des populations en est pour quelque chose.

Au bout du rouleau, elles ont été obligées d'abandonner. Il se pose dans ces radios un vrai problème de financement et donc de manque de partenaires pour les accompagner. Dans l'ouvrage `' Etude diagnostique sur la mise en réseau des radios communautaires et associatives du Bénin'' de L'URCAB p.61, il est dit que : « L'une des faiblesses des radios communautaires, c'est la difficulté à obtenir les partenaires locaux autour d'elles. ».

Aujourd'hui encore, les responsables de ces radios qui n'ont pu avoir de financement comme le cas de celle qui fait l'objet de notre étude n'ont ni de programmes, ni d'émissions qui incitent les populations à s'intéresser aux affaires locales.

Notons aussi le manque de formation des animateurs de ces radios et leur peu d'enthousiasme à parler de la décentralisation. Il faut aussi comprendre que les mairies veulent avoir une mainmise sur ces radios et cela les empêchent de mettre à la disposition des populations les informations qu'il faut. Les mairies ne veulent pas que les radios soient au courant de toutes leurs actions surtout les finances locales. Alors qu'il est dit dans le dossier `'Dynamique locale: la radio communautaire, un puissant outil de mobilisation à la participation citoyenne'', du journal le Municipal publié sur le site www.lemunicipal.org que : « les radios communautaires sont créées pour participer au développement et ce développement passe par une participation citoyenne réussie. »

II. Choix et justification du sujet

Comme les autres médias, la radio communautaire constitue un vecteur de communication dans les communes. Ici, le rôle de ces organes est encore plus important surtout qu'ils sont au service d'une communauté et donc participent à son développement.

Un développement durable passe par une bonne décentralisation et cette décentralisation implique directement cette communauté que sert la radio communautaire.

Nous avons donc choisi de réfléchir sur le thème : « la contribution des radios communautaires à l'enracinement de la décentralisation » pour les raisons suivantes :

Ø La décentralisation est une nouvelle réforme administrative qui va permettre un développement durable de nos communes.

Ø Les radios communautaires occupent un espace privilégié dans l'univers médiatique du Bénin.

Ø Les populations ne sont pas encore bien informées de leur rôle pour un enracinement de ce processus.

Ø Les radios communautaires sont plus proches des populations rurales.

Ø Les radios communautaires ne jouent pas pleinement leur rôle pour l'enracinement de la décentralisation.

Ø Les radios communautaires rencontrent des difficultés pour s'impliquer dans ce système.

Ø Les radios communautaires constituent un outil indispensable pour l'enracinement de la décentralisation.

PARAGRAPHE II : Spécification de la problématique et annonce de réalisation de l'étude.

I. Spécification de la problématique

Les radios communautaires ne sont pas non seulement de simples vecteurs de l'information mais aussi et surtout des conseillers des populations à la base, des éducateurs, des éveilleurs de conscience, quasiment des animateurs du développement local. Leur contribution à l'enracinement de la décentralisation est de ce fait évidente.

Mais elles rencontrent d'énormes difficultés à s'appliquer à cette lourde tâche qui est la leur. C'est dans cette logique que nous avons jugé opportun de réfléchir sur ce thème (la contribution des radios communautaires à l'enracinement de la décentralisation au Bénin).

Ces problèmes spécifiques sont les suivants :

Ø Le souci des autorités locales de se servir des radios communautaires à des fins plus personnelles.

Ø Les menaces des autorités locales sur les radios communautaires.

Ø Le manque de formation des journalistes et des animateurs des radios communautaires dans le domaine de la décentralisation.

Ø L'insuffisance des partenaires pour accompagner les radios communautaires.

II. Séquence de réalisation de l'étude

La réalisation de l'étude passera par les séquences suivantes :

Ø Fixation des objectifs à atteindre ;

Ø Formulation des hypothèses de recherche ;

Ø Revue de la littérature ;

Ø Mobilisation des données ;

Ø Etablissement du diagnostic ;

Ø Approches de solutions.

Section II : Objectifs et hypothèses de l'étude, la revue de la littérature.

PARAGRAPHE I : Objectifs et hypothèses de l'étude

I. Objectifs de l'étude

ü Objectif général 

Ø Amener les radios communautaires à contribuer à l'enracinement de la décentralisation.

ü Objectifs spécifiques 

Ø Analyser les rapports qui existent entre la radio communautaire Ilèma et la mairie.

Ø Faire participer la radio communautaire Ilèma aux actions de la décentralisation.

Ø Encourager les animateurs et journalistes à initier des émissions sur la décentralisation.

II- Hypothèses de l'étude

Ø Les menaces des autorités locales et leur envie de se servir de la radio Ilèma expliquent les rapports difficiles qui existent entre elles.

Ø Le manque de formation des journalistes et animateurs des radios communautaires est à la base de leur faible participation aux actions de la décentralisation.

Ø Les radios communautaires manquent de partenaires et les journalistes sont donc peu enthousiastes à initier des émissions sur la décentralisation.

PARAGRAPHE II : La revue de la littérature

Quand on parle de la décentralisation, la contribution des radios communautaires à son enracinement est évidente.

C'est pourquoi ce sujet n'a pas laissé indifférent les auteurs qui abordent les questions de développement local et de radios communautaires.

« Etude diagnostique sur la mise en réseau des radios communautaires et associatives du Bénin ». C'est le livre écrit par l'URCAB sur les radios de type communautaire et associative du Bénin.

Dans ce livre, les auteurs ont fait une étude des difficultés que rencontrent ces radios à but non lucratifs dans l'univers médiatique béninois. Ils ont aussi fait une étude monographique de ces radios afin de permettre d'avoir une plus large connaissance de ses radios

« Médias, communication et décentralisation », c'est l'agenda 2009 publié par l'UPMB (Union des Professionnels des Médias du Bénin) et Friedrich Ebert Stiftung.

Cet agenda a fait l'état des lieux de l'ANCB (Association Nationale des Communes du Bénin) ainsi que de la décentralisation dans notre pays. Dans son message adressé aux lecteurs et aux professionnels des médias, le président de l'UPMB, Brice HOUSSOU a insisté sur l'apport des médias à l'enracinement de la décentralisation.

« Décentralisation et exigences éthiques » de Stanislas Y. KPOGNON est un ouvrage qui aborde le rôle éthique de chaque acteur intervenant pour l'enracinement de la décentralisation.

L'auteur dans son livre a parlé de la contribution des médias à l'enracinement de la décentralisation. A travers cet ouvrage, nous avons pu reconnaitre que par leur intervention, les journalistes peuvent contribuer à l'évolution harmonieuse de la société en faisant preuve d'éthique et de morale. La contribution des journalistes à l'enracinement de ce système est donc très importante.

«  Guide du reporter sur les collectivités locales ». Cet ouvrage a été écrit par l'ARAM (Association de Recherche et d'Appui aux Médias). Comme son titre l'indique, ce livre s'avère être un guide pour tous journalistes intervenants dans les collectivités décentralisées. La question de la décentralisation n'a pas été occultée. Pour mieux aborder la question dans tous ses sens et pour une bonne compréhension, des interviews ont été accordées à des experts.

Janvier K. HOUNGNON est l'auteur du livre « La décentralisation béninoise au service de la cité : quels défis pour les populations, la société civile et la presse ? ».Ayant été secrétaire général des départements du Zou et des collines pendant bien des années, il connaît les réalités sur le terrain et ce qu'il faut pour une vraie décentralisation dans notre pays. Ici, il parle du rôle de chacun pour la réussite de la décentralisation.

C'est dans un style clair et précis qu'il aborde le rôle des hommes de la presse pour l'édification de nos communes. Après lecture de ce livre, nous avons su qu'il faut développer un journalisme d'investigation pour projeter la lumière de façon inopinée sur la gestion obscure de nos cités.

Dans ce même livre, l'auteur a fait un bilan des acquis des journalistes et ce qui reste à faire pour mieux faire participer les journalistes aux actions de la décentralisation.

« Décentralisation et développement » est écrit par la DDC (Direction du Développement et de la coopération).

Dans ce livre des spécialistes de décentralisation ont abordé chacun un sujet qu'ils ont bien développé. Même s'ils n'ont pas parlé des médias, ils nous ont permis quand même de savoir plus en détail ce qu'on entend par décentralisation et comment par ce processus, des communes se sont développées. Ces différents auteurs ont donné l'exemple d'autres pays comme le Népal, la Bolivie et même le Niger et le Burkina-Faso. Ils ont aussi fait la différence entre la décentralisation et le développement.

Nous avons compris que le développement est possible sans la décentralisation, mais l'efficacité d'un gouvernement local contribue aussi à améliorer les projets de développement locaux. 

« Dynamique locale : la radio communautaire, un puissant outil de mobilisation à la participation citoyenne » est un dossier du journal `'le Municipal'' publié sur le site www.lemunicipal.org. Ce dossier aborde la question de la décentralisation et la manière dont la radio communautaire contribue à son enracinement. Tout en donnant la parole aux professionnels des médias, il a énuméré les difficultés que rencontrent ces derniers dans l'exercice de leur profession.

« Droits et lois, tous les textes fondamentaux de la HAAC (liberté de presse) » est un ensemble de textes et lois qui nous enseigne sur les droits et devoirs des médias. Avant de parler de tous ces lois et droits, il a été précédé un préambule, de la loi n° 90-32 du 11 Décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin.

« Recueil de textes sur la décentralisation ». C'est le détail des cinq lois sur la décentralisation ainsi que les décrets d'application des lois de décentralisation.

Dans ce dernier chapitre, nous procèderons à l'analyse des données recueillies d'une part, et d'autre part proposerons des solutions permettant aux radios communautaires de contribuer à l'enracinement de la décentralisation au Bénin.

Section I : Enquêtes de vérification des hypothèses et analyse des résultats.

Sous cette rubrique, nous parlerons des points qui étaient abordés lors des entretiens et procéderons à l'analyse des résultats.

PARAGRAPHE I : Enquêtes de vérification des hypothèses.

I. Enquêtes

Dans le cadre de cette étude, le questionnaire réalisé a été adressé aux journalistes de la radio Ilèma, à leurs confrères d'autres radios communautaires. Il a été aussi question d'entretiens avec des personnes ressources.

Les points suivants étaient au centre des entretiens.

ü L'accès aux informations de la mairie par les journalistes.

ü L'ignorance de la décentralisation par ces journalistes.

ü Le manque d'initiative d'émissions sur la décentralisation.

ü La contribution des journalistes des radios communautaires à l'enracinement de la décentralisation.

ü La participation citoyenne au développement local.

ü Le manque de partenariat.

ü Le manque d'enthousiasme des populations et des journalistes mêmes face aux questions de décentralisation.

ü Les raisons qui doivent motiver les radios communautaires à contribuer à l'enracinement de la décentralisation.

ü La couverture des reportages de la mairie par les journalistes.

ü Le manque de reportages d'investigations.

ü Les conséquences de la proximité entre la communauté rurale, les autorités locales et les radios communautaires.

ü Les pistes de solution pour amener les radios communautaires à contribuer à l'enracinement de la décentralisation.

Les personnes ressources enquêtées sont :

ü Les journalistes et responsables des radios communautaires.

ü Les autorités de la mairie, du ministère de la décentralisation.

ü Les responsables d'associations des radios communautaires.

II. Difficultés rencontrées

Nous avions rencontré beaucoup de difficultés dans le cadre de la réalisation de ce mémoire.

- D'abord, le manque d'informations sur les radios communautaires.

Nous avons eu du mal à trouver des ouvrages qui abordent les questions liées aux radios communautaires et à la décentralisation. Les ouvrages qui traitent aussi des questions sur les radios communautaires ne sont pas nombreux. Nous avons trouvé quelques uns mais ils ne vont pas en profondeur du sujet. Juste quelques lignes sont consacrées aux medias en général et non aux radios communautaires en particulier.

Nous avons aussi constaté la réticence des journalistes et des personnes ressources à répondre aux questionnaires. Et ce, malgré l'anonymat que nous leur avons garanti. Ils avaient peur de subir après, les réprimandes de leurs responsables. Ce qui fait qu'ils sont restés pour la plupart du temps, très réservés dans leurs réponses sur les sujets abordés.

La récupération des fichiers a pris un peu de temps à cause de l'indisponibilité des journalistes.

Les personnes ressources ont reporté à plusieurs reprises, les rendez-vous à cause de leur emploi du temps très chargé. D'autres n'ont même pas pu honorer leur engagement vis-à-vis de nous et il y en a qui ne voulaient pas nous sentir. Mais à force de patience, nous avons pu collecter des informations nécessaires qui ont beaucoup contribué à l'avancée de cette étude.

III. Présentation, analyse et traitement des données.

1°) Présentation des résultats issus du questionnaire

Ici, nous présenterons les résultats à travers les tableaux avant de procéder à leur analyse.

Nous avons adressé notre questionnaire à un échantillonnage de 60 personnes de radios communautaires. Les données issues du questionnaire adressé aux journalistes sont présentées dans le tableau suivant :

Tableau N°I : Avez-vous accès aux informations de la mairie ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°1

50

83,33

10

16,67

60

100

Commentaire : 83,33% des journalistes ont accès aux informations de la mairie. Par contre, 16,67% n'en ont pas accès.

Tableau N°II : Dénoncez -vous les fraudes des dirigeants  locaux?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°2

48

80

12

20

60

100

Commentaire : 80% des journalistes arrivent à dénoncer les malversations des autorités locales alors que 20% n'arrivent pas à le faire.

Tableau N°III : Si oui recevez-vous constamment des menaces ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°3

48

100

0

0

48

100

Commentaire : Ici l'effectif a changé. Il est de 48. Et tous les 48 journalistes qui arrivent à dénoncer les fraudes des dirigeants reçoivent constamment des menaces. Ce qui fait 100 %.

Tableau N°IV : Les menaces ont-elles été déjà mises en exécution ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°4

4

8,33

44

91,67

48

100

Commentaire : 8,33% des journalistes ont été déjà victimes des menaces contre 91,67% qui n'en ont pas encore été.

Tableau N°V : Savez-vous ce qu'est la décentralisation ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°5

45

75

15

25

60

100

Commentaire : Cette question a été posée à tous les journalistes qui constituent notre échantillonnage c'est pourquoi l'effectif revient à 60. 75% d'eux affirment savoir ce qu'est la décentralisation sur 25% qui ne savent pas.

Tableau N°VI : Si oui connaissez-vous les textes fondamentaux de la décentralisation ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°6

33

73,33

12

26,67

45

100

Commentaire : Ici l'effectif a encore changé. Il est de 45 car ce sont eux qui savent dans le tableau précédent ce qu'est la décentralisation. 26,67% des journalistes ne connaissent pas les textes fondamentaux de la décentralisation alors que 63,67% ont connaissance de ces textes.

Tableau N°VII : Avez-vous reçu des formations dans ce domaine ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°7

11

24,44

34

75,56

45

100

Commentaire : Nous gardons toujours l'effectif précédent qui est 45.Seuls 24,44% des journalistes ont reçu des formations dans ce domaine. Par contre, 81,67% n'ont pas reçu ces formations.

Tableau N°VIII : Avez-vous initié des émissions qui parlent de la décentralisation ?

 

OUI

NON

EN PROJET

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°8

20

44,44

22

48,89

3

6,67

45

100

Commentaire : Ici, nous gardons toujours le même effectif qui est 45. Ainsi, 48,89% des journalistes n'ont pas initié des émissions sur la décentralisation, 44,44% l'ont fait et 6,67% l'ont en projet.

Tableau N°IX : Pourquoi n'avoir pas initié des émissions 

 

Manque de partenaires

D'autres raisons

TOTAL

OUI

NON

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°9

17

77,27

3

13,63

2

9,10

22

100

Commentaire : Une fois encore, l'effectif a changé. Il est de 22 puisque comme le tableau précédent le montre, 22 journalistes n'ont pas initié des émissions sur la décentralisation. Ainsi donc, 77,27% de ces journalistes estiment que le manque de partenaires est à la base de l'absence d'initiation démissions de leur part. 13,63% disent non et 9,10% évoquent d'autres raisons comme leur emploi du temps très chargé.

Tableau N°X : Si oui, cela explique t- il votre peu d'enthousiasme à parler de la décentralisation ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°10

14

82,35

3

17,65

17

100

Commentaire : L'effectif a changé une fois de plus. Comme c'est 17 journalistes qui évoquent le manque de partenaires pour justifier le fait qu'ils ne font pas les émissions, cette question leur a été adressée. Et là, 82,35% disent tous que ce manque de partenaires, les motive peu à initier des émissions contre 17,65% qui pensent le contraire.

Tableau N°XI : Les populations suivent elles avec intérêt vos émissions ?

 

OUI

NON

TOTAL

Effectifs

%

Effectifs

%

Effectifs

%

Question n°11

9

45

11

55

20

100

Commentaire : L'effectif ici est de 20 puisque c'est ce nombre de journalistes qui a affirmé dans le tableau n°8 qu'ils ont initié des émissions. A cette question, 45% d'entre eux affirment que les populations suivent avec intérêt leurs émissions contre 55% qui disent le contraire.

2. Analyse des résultats

Ø Analyse des données issues de l'enquête

L'analyse de ces données nous permet de tirer certaines conclusions :

o Des questions 1et 2, nous déduisons que la majorité des journalistes des radios communautaires ont accès aux informations de la mairie et qu'ils arrivent à dénoncer les malversations et fraudes des dirigeants locaux.

o Des questions 3 et 4, nous retenons que ces journalistes et même la radio, reçoivent constamment des menaces. Parmi ces journalistes, il y en a qui ont même déjà été victimes de ces menaces. L'hypothèse n°1 est donc vérifiée ;

o Des questions 5 et 6, nous apprenons que les journalistes ont une connaissance de la décentralisation et qu'ils maitrisent même ces textes.

o De la question n°7, une majorité des journalistes de la radio Ilèma n'a pas reçu des formations dans le domaine de la décentralisation. L'hypothèse n°2 est aussi vérifiée ;

o Des questions 8, 9 et 10, nous déduisons que la majorité des radios communautaires n'ont pas initié des émissions sur la décentralisation car, ils manquent de partenaires et cela motive peu leurs journalistes à initier des émissions. L'hypothèse n°3 est aussi vérifiée ;

o De la question n°11 : les journalistes affirment que les populations ne suivent pas avec intérêt les émissions sur la décentralisation.

Ø Analyse des données issues des entretiens

Les entretiens ont servi à recueillir les avis des professionnels des médias communautaires, des journalistes de la radio Ilèma et ceux d'autres radios communautaires. Cette analyse est une synthèse.

Nous avons jugé utile de vous présenter certaines déclarations qui nous ont semblé importantes.

Question : Comment voyez-vous votre contribution à l'enracinement de la décentralisation ?

Réponse 1 : (Journaliste de la radio Ilèma)

«  Les radios communautaires sont incontournables pour la réussite de la décentralisation. Elles sont indispensables et nécessaires pour l'enracinement de ce processus. Mieux que tout, elles sont un vecteur de communication et donc servent de courroie de transmission. On ne peut aujourd'hui vouloir d'une bonne décentralisation sans faire recours aux radios communautaires.

Par leur voix, les journalistes de ces radios apportent l'information et sont écoutés par leurs auditeurs locaux. Du moment qu'ils s'adressent directement à la communauté dans les langues locales, ils sont alors les plus écoutés. Vouloir donc de l'enracinement de la décentralisation sans passer par la radio communautaire serait sans grand résultat. »

Réponse 2 : (Journaliste de la radio Idadu Fm à Savè)

« La radio communautaire joue un grand rôle pour la réussite de la décentralisation. Nous sommes dans un monde rural et c'est grâce à la radio que la population est informée et donc éveillée. Ceci dit, c'est à la radio communautaire qu'il revient de faire comprendre à la population rurale l'apport de la décentralisation pour le développement de leur commune.

Nous devons, vu la place combien importante que nous occupons dans l'univers médiatique béninois, être le canal par lequel les autorités locales informent la communauté sur leur gestion du bien public. Par notre voix, les populations pourront dénoncer ce qui ne va pas dans la commune. Nous mêmes devons faire preuve d'éthique et de moral pour situer les responsabilités de chacun. Cela nous permettra de contribuer tous à l'édification de nos cités.

Amener par exemple la population à comprendre que payer l'impôt est un devoir du citoyen et donc celui qui paie son impôt participe au développement de sa cité. C'est une lourde tâche mais nous devons y arriver pour l'enracinement de la décentralisation. »

Les radios communautaires doivent contribuer à l'enracinement de la décentralisation dans nos communes. Ceci pour bien des raisons valables puisqu'elles sont plus proches des populations rurales qui sont les plus concernées quand on parle de décentralisation. Les radios communautaires sont les compagnons de ces populations même quand elles sont dans les champs ou au marché. Ceci est d'autant plus normal car, elles interviennent directement dans les langues locales.

Cependant, dans les rédactions, la réalité est toute autre. Il n'y a pas d'émissions sur la décentralisation et donc on n'en parle même pas dans les rédactions. Plusieurs raisons expliquent cet état de chose.

La première, ce sont les menaces constamment reçues par les journalistes et la radio communautaire même. Il y a des journalistes qui ont déjà subi ces menaces ainsi que des radios qui ont déjà été une fois traduites devant la justice. Ceci pour avoir fait des émissions qui sont soupçonnées de règlement de compte ou d'abus de pouvoir par les autorités locales.

Ces menaces qui pèsent sur les journalistes font que ces derniers n'ont pas toujours l'audace de dénoncer ce qui va mal ou de faire les investigations sur des sujets jugés tabous dans la commune.

D'autres ont même dû laisser des émissions qu'ils faisaient car, ce n'étaient pas du goût des autorités qui les menaçaient souvent. C'est le cas de l'émission `'ça pas bon'' d'un journaliste en langue locale de la radio Ilèma diffusée tous les mercredis de 9 heures45minutes à 10 heures. Depuis quelques temps, ce journaliste n'anime plus cette émission parce que les menaces devenaient trop.

La seconde raison qui sous-tend cela est le manque de formation de ces journalistes. La plupart de ces journalistes n'ont pas reçu de formation dans le domaine de la décentralisation. Ce qui fait qu'ils ne sont pas assez outillés voir pas du tout pour en parler. Eux mêmes ne maitrisent pas les textes de la décentralisation et donc ne peuvent pas en parler. Ils n'appréhendent pas encore si bien leur rôle à l'enracinement de la décentralisation.

L'autre raison qui est évoquée, est le manque de partenaires pour ces radios communautaires. Cela ne les encourage pas à initier des émissions sur la décentralisation. A radio Ilèma, plusieurs émissions initiées par les journalistes et animateurs ne se poursuivent plus puisque ces journalistes n'ont pas des partenaires qui les accompagnent souvent. Quand on fait une étude de leur grille de programmes, on constate qu'il y a beaucoup d'espaces qui ne sont plus pas utilisés. Quand par hasard, il y a des partenaires qui viennent, on ressuscite certaines émissions mais ça ne durent pas.

Cependant, la population a le droit d'avoir les informations nécessaires sur la décentralisation. Même si cette population ne s'intéresse pas trop à la question, elle reste et demeure quand même l'acteur principal de ce processus. En tant que radio communautaire qui sert cette communauté, la radio devrait être leur porte-voix en matière d'information. Le fait qu'elle n'ait pas beaucoup de moyens pour mieux se lancer dans ce processus ne doit pas être un frein pour elle.

La radio Ilèma a été créée avec l'aide de la population qui écoute ses émissions. Pour elle, la radio leur appartient. Ceci dit, seule cette radio peut amener cette population à se réveiller et à comprendre que la décentralisation est un chemin qui peut conduire à la démocratie, la bonne gouvernance, le développement durable.

Section II : Approches de solutions et conditions de leur mise en oeuvre

La décentralisation est un nouveau mode de gestion du pouvoir à la base par les populations mêmes. Elle permettra le développement de nos communes. Chacun doit pouvoir apporter sa contribution pour l'enracinement de ce système.

La radio communautaire est le moyen de communication le plus proche des populations rurales. Même si elle rencontre beaucoup de difficultés, elle doit oeuvrer pour une bonne décentralisation.

Avant d'exposer les pistes de solutions, nous tenons à rappeler les efforts fournis par les associations des médias communautaires, les autorités de ces radios ainsi que certaines Organisations Non Gouvernementales(ONG) pour permettre aux radios communautaires de contribuer à l'enracinement de la décentralisation.

PARAGRAPHE I : Les solutions proposées

I. La HAAC

La HAAC (Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication) est l'instance de régulation des médias. L'article 5 de la loi organique N°92-021 du 21 Août 1992 relative à la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication(HAAC) le confirme si bien. Il stipule que « La Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication, conformément aux dispositions des articles 24,142 et 143 de la constitution a pour mission :

- De garantir et d'assurer la liberté et la protection de la presse ainsi que de tous les moyens de communication de masse dans le respect de la loi ;

- De veiller au respect de la déontologie en matière d'information et l'accès équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels d'informations et de communication ;

- De garantir l'utilisation équitable et appropriée des organismes publics de presse et de communication audiovisuelle par les institutions de la République, chacune en fonction de ses missions constitutionnelles et d'assurer le cas échéant, les arbitrages nécessaires. »

Avec cette mission qui lui est assignée, la HAAC a le devoir de mettre à la disposition des organes de presse ainsi que des professionnels des médias les moyens qu'il faut pour qu'ils respectent le code de déontologie et accomplissent leur devoir pour ne pas se présenter devant elle pour des sanctions. C'est dans cet objectif que la HAAC organise à chaque élection, des formations à l'intention des professionnels des médias. Ces formations leur permettent de connaître les comportements à avoir lors des joutes électorales pour ne pas inciter les populations à la violence.

Par rapport aux radios communautaires, la HAAC initie ces formations pour leurs animateurs et journalistes surtout pendant les élections communales et municipales. Ces formations sont animées par des journalistes du Bénin ou d'autres pays. Pour les premières élections communales et municipales au Bénin organisées en 2002, la HAAC a initié des formations à l'intention des responsables des organes de presse. L'un des thèmes qui a été développé au cours de cette séance est : `' Les enjeux de la décentralisation et des élections locales''.

Au cours de cette communication présentée par Gabriel Pascal KPEDE, secrétaire général de la mission de décentralisation, les responsables des organes présents ont eu connaissance des textes fondamentaux de la décentralisation et l'importance de la décentralisation pour le Bénin. C'est une communication qui leur a permis de savoir que les journalistes devront s'investir afin de relever le défi d'un véritable développement à la base.

Il faut noter qu'au cours des élections précédentes notamment les communales de 2002, seul l'organe public d'information ORTB avait le monopole pour les campagnes médiatiques officielles.

Mais la HAAC a compris qu'en raison des enjeux de ces élections, il s'avère nécessaire d'associer les radios privées implantées hors de Cotonou et de Parakou. Ce qui justifie sa décision N°02-081/HAAC du 10 octobre 2002 portant réglementation de la précampagne et de la campagne médiatiques pour les élections communales et municipales de décembre 2002. Dans l'article 12 de cette décision, la HAAC a autorisé les organes de presse du secteur privé (presse écrite, radios et télévision commerciales ou non commerciales) à l'exception des radios confessionnelles et les radios rurales locales à prendre part à la campagne médiatique de ces élections. Une innovation qui s'explique par le fait qu'il s'agit d'un scrutin spécifique, un scrutin de proximité. Ces radios sont donc autorisées car, elles sont les plus écoutées dans les localités où elles sont installées.

Avant d'associer ces radios privées, la HAAC a jugé utile d'outiller ces journalistes. C'est pourquoi elle a organisé cette formation. Et depuis que la HAAC a associé ces radios privées pour assurer les campagnes médiatiques, elle initie à chaque élection les formations pour ces journalistes. Une formation qui rehausse leur niveau en matière de collecte, de traitement et de diffusion des informations lors des élections.

II. Les organisations non gouvernementales

Plusieurs ONG ainsi que la société civile s'investissent pour le développement de nos communes. Comprenant alors le rôle important des radios communautaires dans les zones rurales, elles les associent à toutes leurs initiatives.

C'est le cas de l'ONG ALCRER (Association de Lutte Contre le Racisme l'Ethnocentrisme et le Régionalisme) qui organise des formations pour les journalistes et animateurs des radios communautaires. Même si cette formation n'arrive pas à être étendue à tous les journalistes des radios communautaires du Bénin, elle permet à ceux qui le reçoivent d'avoir un peu plus d'informations sur la décentralisation et la participation citoyenne au développement local.

L'ONG ALCRER sollicite les services de quelques radios communautaires pour la mise en place du mécanisme de participation citoyenne pour l'amélioration de la gouvernance locale. Parmi les radios associées, on peut citer la voix de Lokossa, FM Ahémé, Radio Kpassé, la voix de la Lama etc.

Mais avant de laisser les journalistes de ces radios suscitées initiés des émissions sur les questions de décentralisation, les responsables de cette ONG ont organisé des formations pour leur permettre d'avoir le minimum d'information sur la décentralisation et la manière dont ils peuvent amener les populations à s'intéresser à la chose publique.

Ces animateurs des radios communautaires biens aguerris, ont, sous l'instigation de cette ONG traité des thématiques comme `'l'information sur le budget de la commune'', `'les finances locales'', `'l'organisation et le fonctionnement d'une commune'', `'information sur les conditions d'une administration locale ouverte et participative''. Avec l'appui de cette ONG, les journalistes ont apporté quelque chose aux populations dans le domaine de la décentralisation. Cette action d'ALCRER a permis de passer par les radios communautaires pour éduquer les populations et les amener à connaître tout ce qui est nécessaire pour l'ancrage de la participation citoyenne dans leurs habitudes.

L'Association Mondiale des Radiodiffuseurs Communautaires (AMARC) est une ONG qui aide les radios communautaires à se procurer les équipements techniques. Elle organise aussi des formations pour les journalistes et animateurs. Elle apporte son soutien aux radios communautaires et se trouve être leur partenaire premier. En partenariat avec d'autres ONG, AMARC dote les radios dont elle a la charge de matériels de travail et les aide aussi à entrer en partenariat avec d'autres ONG ou institutions.

L'AMARC jusque là n'arrive pas encore à étendre son action vers toutes les radios communautaires mais elle couvre au moins une vingtaine de radios communautaires du Bénin. Il faut noter que c'est une ONG d'envergure internationale qui couvre d'autres radios communautaires de part le monde.

III. La radio Ilèma

La radio Ilèma a pendant plusieurs années mené des actions en faveur de la décentralisation. En partenariat avec l'Association Culture Communication et Développement (ACCD), elle avait mis en place en 1999 un bimestriel nommé `'La voix des collines''. Ce journal, comme il est venu avant les premières élections communales et municipales consacrait plusieurs de ses pages à la décentralisation. A chaque apparition de ce bimestriel, il y avait des experts en décentralisation qui expliquait ce qu'on entend par décentralisation et son opportunité pour le développement de nos communes et celui du département des Collines. On donnait la parole aux populations pour qu'elles donnent leurs avis sur la décentralisation. Elles dénonçaient ce qui ne va pas dans la commune et proposaient des solutions qui pourraient selon elles, favoriser le développement de leur commune.

La radio Ilèma et l'ACCD organisaient annuellement dans le mois de décembre `'les Journées Audiovisuelles Rurales et Environnementales de Lèma''(JAREL). Au cours de ces journées qui duraient une semaine, les organisateurs initiaient des débats grands publics où les populations étaient invitées à discuter avec des experts de la décentralisation pour avoir plus d'informations sur ce nouveau mode de gestion du pouvoir.

Les journalistes communautaires étaient aussi invités à ces journées où ils recevaient des formations sur les émissions à initier pour participer au développement local.

Pour la troisième édition de ces journées qui a duré du 04 au 11 décembre 1999, l'un des thèmes qui a été développé est : `'Quelle presse pour le développement local ?'' . Au cours de ce colloque, les journalistes ont su que pour un développement durable de leurs localités, le rôle de la presse reste important. Etaient conviés à ce séminaire les journalistes de la radio Ilèma ainsi que d'autres professionnels des médias.

Toutes ces actions de la radio Ilèma en collaboration avec l'ACCD, ont servi de tremplin pour la prise de conscience de beaucoup de journalistes locaux. Elles ont permis de savoir qu'il faut promouvoir la presse en langues locales pour amorcer un vrai développement.

PARAGRAPHE II: Les suggestions

Que faire pour permettre à la radio Ilèma et aux radios communautaires en général de contribuer à l'enracinement de la décentralisation dans nos communes et au Bénin ?

C'est à cette question que nous allons essayer de répondre en faisant des suggestions.

I. Suggestions pour amener la radio Ilèma et les autorités locales à avoir de bons rapports

ü Aux autorités locales

Les journalistes et animateurs de la radio Ilèma reçoivent constamment des menaces de la part des autorités. Ces menaces les empêchent de travailler sans craindre les réprimandes de ces autorités. Ce climat ne favorise pas l'application de la liberté de presse au Bénin et le développement.

Les autorités pourraient cesser de menacer les journalistes. Dans le code de déontologie de la presse béninoise, l'article 3 parle du « rectificatif, du droit de réponse et du droit de réplique. » C'est un devoir pour le journaliste d'accepter tout individu qui veut apporter une réplique ou une rectification à une information qui le concerne et qu'il juge fausse. Donc quand les journalistes dénoncent des faits dans leurs reportages ou investigations et que les autorités locales pensent que c'est du faux, ils peuvent inviter ces journalistes pour leur démontrer la partie fausse de ce qu'ils ont dit. Ils peuvent aussi venir à la radio négocier un temps d'antenne dans le cadre d'un droit de réponse pour expliquer leur version aux auditeurs.

Il faudrait que ces autorités mettent à la disposition des journalistes les informations nécessaires pour leur faciliter l'accès aux informations.

La radio Ilèma a un contrat avec la mairie de Dassa-Zoumè. Il ne faudrait pas que la mairie pense qu'à cause de ce contrat, les journalistes ne doivent plus dénoncer ce qui ne va pas dans la localité. Il n'y a aucune clause dans ce contrat qui stipule que la radio ne doit pas dénoncer ce que les autorités de la mairie font dans l'ombre. La mairie doit respecter sa part pour le renouvellement régulier de ce contrat.

Il va falloir revoir les clauses du contrat de partenariat entre la radio Ilèma et la mairie de Dassa. Une clause pourrait stipuler que «  les signataires peuvent revoir le mode de payement du contrat par la mairie et ensemble les deux parties pourraient s'entendre sur les modalités d'exécution de ce contrat et la période au cours de laquelle, la mairie peut honorer sa part. »

ü La radio Ilèma

Les journalistes de la radio Ilèma pourraient s'entendre avec les autorités locales pour avoir les informations qu'il leur faut. Ils devront développer un journalisme d'investigation pour pouvoir éclairer les populations sur des sujets qui fâchent dans la commune. La radio ne doit pas être utilisée à des fins personnelles. C'est ce qu'ils pensent être mauvais pour la commune qu'ils doivent dénoncer et non ce qu'ils jugent être mauvais pour les autorités. Ils ne doivent donc pas attendre quand la mairie ne signe pas leur contrat pour commencer par dénoncer. Ils devront leur faire quand c'est bénéfique pour le développement de la commune. Cela permettra aux journalistes de se faire respecter par les autorités locales.

II. Suggestions pour la formation des journalistes des radios communautaires

ü A la HAAC et aux associations des médias communautaires

La HAAC a compris que les radios communautaires jouent un rôle important dans l'univers médiatique béninois. C'est pourquoi elle les associe depuis quelques temps aux élections surtout communales et municipales.

En collaboration avec les associations des médias communautaires, la HAAC pourrait initier des formations périodiques à l'intention des professionnelles des médias communautaires. Il ne faut pas que ces autorités attendent les élections pour initier des formations. Elles doivent être initiées souvent pour apporter à ces professionnels des notions sur la décentralisation. Comme par exemple, les lois sur la décentralisation, les devoirs du citoyen pour l'édification de nos cités, le fonctionnement de la mairie, le nombre de conseil communal qu'il faut par an et quand convoquer un conseil extraordinaire etc.

ü Aux autorités de la radio Ilèma

Les autorités de la radio Ilèma pourraient elles-mêmes organiser des formations à l'intention de leurs employés. Cette organisation pourrait se faire en collaboration avec les autorités d'autres radios communautaires pour permettre aux journalistes de jouer pleinement leur rôle.

Les autorités pourraient encourager les journalistes à réaliser des sujets d'investigations et non seulement des reportages institutionnels qui n'apportent que de maigres rémunérations. Ce qui est sanctionné par le code de déontologie de la presse béninoise. Les autorités pourraient revoir leur mode de fonctionnement de la radio afin d'améliorer les conditions de vie et de travail de ces journalistes.

III. Suggestions pour trouver des partenaires qui pourront accompagner les radios communautaires

ü Aux partenaires

Il faut qu'ils comprennent que les radios communautaires sont importantes dans la réussite de la décentralisation. Quand ils viennent dans la commune pour des initiatives allant dans le sens du développement, qu'ils associent les radios communautaires.

ü La radio Ilèma

La radio Ilèma qui a besoin de ces partenaires pourrait :

o Adopter une politique pouvant permettre aux partenaires d'avoir un contact facile avec elle.

o S'entendre avec les partenaires pour initier des émissions sur la décentralisation.

o Revoir avec les partenaires les redevances radiophoniques pour mieux améliorer leurs prestations.

IV. Suggestions aux journalistes de la radio Ilèma pour qu'ils contribuent à l'enracinement de la décentralisation

Les journalistes de la radio Ilèma pourraient :

o Organiser des émissions qui seront axées sur les notions de la décentralisation.

o Prioriser les émissions en langues locales.

o Organiser des jeux radiophoniques sur les thèmes de la décentralisation auxquelles la population participera.

o Réaliser des émissions interactives voire de débats grand public avec les autorités locales et la population pour mieux cerner les contours de la décentralisation.

o Initier des émissions périodiques sur la vie de la commune.

o Initier des émissions sur le devoir du citoyen pour le développement local.

CONCLUSION

La radio communautaire rurale est un outil de communication vital pour le développement des communes et surtout du Bénin. Dans les zones rurales, elle est souvent le seul moyen de communication de masse capable de diffuser rapidement vers des auditoires vastes et éloignés, des informations essentielles sur la santé, la production agricole et animale, la commercialisation des produits, ainsi que sur la protection et la conservation des ressources naturelles.

Pour l'enracinement du système de la décentralisation, elles sont très importantes. Plus que des diffuseurs d'informations, c'est à un métier de communicateurs que doivent se convertir les animateurs de ces chaînes communautaires.

La présente étude qui a porté sur la contribution des radios communautaires à l'enracinement de la décentralisation au Bénin, nous a permis de cerner les difficultés que rencontrent les radios communautaires à jouer pleinement leur rôle d'éveilleurs de conscience des communautés.

Les hypothèses de départ dans le cadre de ce travail ont toutes été vérifiées. Il faut donc retenir que les radios communautaires font face à de grandes difficultés pour s'impliquer dans le processus de la décentralisation. Les raisons évoquées sont les menaces des autorités locales, le manque de formations des journalistes et le nombre insuffisant des partenaires pour accompagner les radios communautaires.

Faire de la décentralisation, une réussite, cela implique l'apport de chacun des membres de la société. Il ne s'agit pas de décréter la décentralisation mais de susciter l'adhésion des populations autour de celle-ci grâce à leur mobilisation parce qu'elles y trouvent un avantage certain. Et pour ce travail, les radios communautaires jouent un grand rôle.

Il faut noter que la radio communautaire est un organisme de communication indépendant à but non lucratif, à propriété collective, gérée et soutenue par des gens d'une communauté donnée. Elle est un outil de communication et d'animation qui a pour but d'offrir des émissions de qualité répondant aux besoins d'information, de culture, d'éducation, de développement et de divertissement de la communauté dont elle est issue.

Au regard de cette définition et de sa proximité avec les populations à la base, la partition de la radio communautaire pour l'adoption d'une participation citoyenne chez les populations et même chez les élus locaux est aujourd'hui plus qu'une évidence. Tout simplement parce que ces radios constituent de véritables tribunes pour donner la parole aux populations à la base.

Pour la décentralisation, elles doivent apporter l'information relative aux autorités et pour la même occasion, les amener à réagir sur des sujets d'intérêts publics bien donnés.

En effet, le rôle de la population ne s'arrête pas seulement au choix des dirigeants de la commune, mais elle doit se mobiliser autour d'eux pour des actions de développement. Et cela, les radios communautaires doivent arriver à inculper cette façon de voir dans la tête des populations.

Face aux nombreuses difficultés que rencontrent ces radios, nous avons jugé utile de proposer des solutions pour une meilleure contribution de ces organes communautaires à l'enracinement de la décentralisation au Bénin.

La décentralisation étant une technique permettant de faire participer les citoyens à la gestion des affaires locales, a pour enjeux principaux la promotion de la démocratie à la base et le développement local.

Dans un pays comme le Bénin en voie de développement et cité en exemple en matière de démocratie en Afrique, il faut alors une bonne décentralisation pour faire asseoir la démocratie à la base et une bonne renommée pour le Bénin. Et pour ce travail, les radios communautaires ont l'obligation de contribuer à l'enracinement de la décentralisation. La contribution de la radio Ilèma pour le développement de la ville de Dassa-Zoumè est nécessaire puisque c'est une radio créée par la communauté de cette ville.

Par ailleurs, nous n'écartons pas le fait qu'il pourrait exister d'autres aspects des problèmes des radios communautaires qui n'auraient pas été mis en exergue dans le cadre de ce travail. Et nous espérons que les approches de solutions et notre modeste apport à une meilleure contribution des radios communautaires à l'enracinement de la décentralisation pourrait vraiment permettre à radio Ilèma et à toutes les radios communautaires du Bénin, de contribuer à l'enracinement de la décentralisation dans nos localités et au Bénin






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