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Les pouvoirs publics camerounais et la santé des détenus: le cas des prisons de Dschang et de Mantoum, période 1960- 1992

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par Guy Roger Voufo
Université de Dschang Cameroun - Master II en histoire 2009
  

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II- LES VISITES ET INSPECTIONS MEDICALES DES DETENUS ET DES PRISONS

Elles sont réglementées par les instruments juridiques internationaux et nationaux. Les normes internationales disposent que le médecin doit faire des inspections régulières et conseiller le directeur -régisseur -en ce qui concerne l'alimentation, l'hygiène, l'habillement et la literie des pensionnaires40. En respect de cette disposition internationale, le décret du 11 décembre 1973 dispose que "le médecin chef départemental ou son suppléant est tenu d'inspecter chaque trimestre les locaux pénitentiaires. Il peut demander que lui soient présentés les détenus"41. Il ressort de ces textes organiques que les détenus et les locaux de détention sont soumis à des visites médicales et des

40 Règle 26 de l'ERMTD.

41 Article 35 du décret n°73/774 du 11 décembre 1973.

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inspections sanitaires. De telles prescriptions valent également pour les prisons de Dschang et de Mantoum .Il s'agit à présent de scruter profondément au niveau de ces deux pénitenciers, l'inspection médicale des détenus et l'inspection sanitaire des locaux de détention.

A. La visite médicale des détenus

Le décret n°73/774 du 11 décembre 1973 insiste sur l'inspection médicale des détenus et précise les diverses périodes auxquelles ces inspections doivent avoir lieu. De nombreux événements dans la vie des détenus donnent droit à des inspections médicales. Le décret de 1973 conformément aux articles 33, 34 et 36 permet d'observer que les événements concernés sont au nombre de trois à savoir : l'incarcération ou l'emprisonnement, le transfèrement et les situations de maladie.

1. L'emprisonnement

Il marque le premier contact avec les locaux de détention. Aux termes de l'article 33 du décret de 1973, "chaque détenu est soumis au moment de son incarcération à une visite médicale"42. A cette disposition, on peut adjoindre l'article 34 qui demande au médecin consultant l'obligation de consigner les observations relatives à l'état du malade dans un cahier spécial de visites médicales43.

A la lecture de cette disposition, il apparaît clairement que la visite médicale est réservée aux détenus condamnés à des peines d'emprisonnement. A cet effet, la règle 24 de l'ERMTD renchérit que " le médecin doit examiner chaque détenu aussitôt que possible après son admission et aussi souvent que cela est nécessaire ultérieurement, particulièrement en vue de déceler l'existence possible d'une maladie physique ou mentale..."44.

42 Article 33 du décret précité.

43 Article 34 du décret du 11 décembre 1973.

44 Règle 24 de l'ERMTD.

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A l'observation des dispositions du décret de 1973 et de la règle 24 de l'ERMTD, nous pouvons distinguer plusieurs raisons importantes pour lesquelles on doit offrir aux détenus une visite médicale à leur arrivée en prison. Tout d'abord, " elle permet d'avoir une indication sur l'état sanitaire d'un détenu et dans le cas où il est malade, de lui épargner les corvées susceptibles de menacer sa vie"45. Les autres raisons et non les moindres sont les suivantes : -Une telle visite permet au personnel médical de dépister les problèmes de santé existants et de leur apporter un traitement approprié46.

- Elle permet de fournir un soutien approprié aux personnes qui peuvent souffrir des effets du manque de drogue. Cet aspect est important à plus d'un titre car "en détention, certains délinquants et criminels dépendants tentent de chercher des substances qu'ils consommaient avant même leur incarcération pour atténuer les effets de l'emprisonnement"47.

- Elle facilite l'identification des blessures éventuelles qui ont pu être infligées durant la détention initiale48.

- Elle permet en fin de compte au personnel formé d'évaluer l'état mental des détenus et de fournir un soutien approprié à ceux qui risquent de s'automutiler49.

Toutefois, la visite médicale au moment de l'incarcération ne s'effectuait pas le plus souvent dans les prisons de Dschang et de Mantoum. Ainsi, au cours de la décennie 1960, aucun détenu n'était soumis à la visite médicale au moment de son incarcération. En effet, affirme Gabriel Tsafack, "les détenus étaient incarcérés en groupe de 20 ou 30. L'infirmier n'avait pas le temps de les consulter. Ils étaient considérés comme des maquisards et ne méritaient pas

45 Alioum, "les prisons au..." 2006, p.291.

46 Isaac Piedjo, 50 ans, infirmier des prisons, Dschang, 06.09.2009.

47 Marie Théodule Beng Elingui, "l'administration pénitentiaire : Toxicomanie et troubles du comportement en milieu carcéral", Justitia, n°002 de Juin 2008, p.49.

48 Coyle, Gérer les prisons...", 2002, p.52.

49 Ibid.

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d'attention"50. Le contexte de l'époque semble expliquer ce choix car c'est dans un environnement de troubles politiques après 1960 dans la Région Bamiléké que de nombreuses personnes furent incarcérées et dans une telle atmosphère délétère, la visite médicale n'était pas envisagée. Notre interlocuteur réaffirme que sa toute première visite médicale fut faite après sept mois de détention lorsqu'il souffrait des problèmes oculaires et digestifs. Comme quoi, les textes règlementant l'univers carcéral en matière de visite médicale préalable à l'incarcération étaient ignorés. Mais, il convient de dire que même si ces visites étaient effectuées, elles étaient pour la plupart des cas bien rares51.

Ces allégations épousent aussi celles d'Adamou Yap du pénitencier de Mantoum :

Le plus souvent, les assignés parlaient de visites médicales qui n'étaient pas faites au moment de leur incarcération. Bien que l'infirmerie du CRC était bien dotée en matériel, les assignés étaient consultés rien qu'en cas de maladie et au moment de leur évacuation pour hospitalisation à l'hôpital protestant de Njissé ou départemental de Foumban52.

Ceci peut s'expliquer par le fait que la problématique dominante de l'époque demeurait la question de mettre hors d'état de nuire des adversaires politiques supposés ou réels du pouvoir en place53. Néanmoins, l'inspection médicale des détenus pouvait aussi s'opérer avant leur transfèrement.

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