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L'intégration des médiums environnementaux dans la peinture contemporaine, une nouvelle écologie à  Kinshasa

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par Yves NGOY EBONDO
Académie des beaux- arts de Kinshasa - Licence 2013
  

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2.1.6. Le bistre

Selon Lavallée, « [...] le bistre est de soi une couleur et n'a été employé que très exceptionnellement comme encre ». Le terme « bistre », d'origine inconnue, n'existe d'ailleurs pas avant le 16e siècle et apparaît d'abord en France, se généralisant par la suite. 84(*)Jehan Le Bègue (1431) utilise les mots caligo (« caligo est color ») et fuligo (suie noire) qui sont ensuite repris respectivement par Lomazzo (1585, caligine) et Baldinucci (1681, fuligine).

Tout comme l'« encre de carbone », il s'agit d'un produit fabriqué à partir de suie ramassée dans les cheminées, idéalement, de la suie de bois uniquement. La substance recueillie est goudronneuse et de couleur brun foncé, presque noire; une fois broyée, elle se dissout facilement dans l'eau pure. Il ne reste qu'à filtrer le dépôt et l'on obtient une teinture prête à être utilisée comme encre, lavis ou aquarelle.

Le bistre se présente aussi sous forme de pastilles solides à diluer dans l'eau. Lorsqu'on s'en sert sur un papier absorbant, sa fabrication ne requiert pas de liant; cependant, on peut y ajouter de la gomme arabique pour obtenir un fini plus lustré. En outre, sa teinte varie d'une préparation à l'autre, selon la nature du bois brûlé dans la cheminée, l'âge du dépôt et sa position dans le fourneau; un même morceau produit une couleur pâle si on utilise la couche extérieure, ou foncée si l'on creuse un peu. L'encre bistre offre aux artistes d'immenses possibilités quant aux variations chromatiques des traits, qui peuvent s'échelonner du jaune safran au brun-noir foncé. De plus, elle se mélange facilement à d'autres pigments pour donner des tons différents. Par exemple, Rembrandt et son École y ajoutent de la sanguine pour une teinte plus chaude.

Le bistre n'attaque pas les fibres du papier mais un trait épais risque de transpercer la surface du support. Il ne s'oxyde pas mais, sous l'effet de la lumière, a tendance à s'étendre sans que la couleur soit pour autant altérée. Seule l'eau peut brouiller les lignes, et le temps, agissant sur une encre sans liant, peut rendre les traits gris, modifiant ainsi sa coloration. L'ajout d'une gomme ou d'une colle dans la solution d'origine se révèle alors un élément positif pour les historiens d'art. De plus, il importe de bien dissoudre et filtrer le produit afin d'éviter les pigments granuleux ou les flocons d'encre.

Recommandé aux miniaturistes qui cherchent à créer des effets de transparence et rendre la couleur chair des hommes et des personnes âgées, le bistre est surtout connu comme une encre de lavis. Il semble qu'il n'ait pas été utilisé pour l'écriture. Si l'encre de Chine produit un lavis gris, l'encre bistre est systématiquement associée au lavis brun. On la trouve dans les illustrations de manuscrits des ateliers monastiques du 14e siècle italien, puis son emploi se généralise en Italie où on la reconnaît parfois dans des dessins de différents artistes qui s'en servent au besoin. En raison de sa coloration moins intense, elle ne rend pas la profondeur avec conviction et n'autorise pas des traits d'une grande force de caractère. Raphaël l'a tout de même utilisée dans un croquis rapide de l'homme en Adoration et Léonard dans une Étude de perspective avec figures. Il existe aussi de très beaux dessins au bistre doré ou tirant vers le jaune où l'artiste, fabricant de son produit, sait tirer profit de sa transparence et de sa brillance. Nous pouvons penser aux paysages de Breughel où l'artiste « [...] recourt en outre à des touches de bistre, allant du violet-marron au jaune clair, pour [leur] conférer du pittoresque, de la transparence et une perspective aérienne »; ou bien au Portrait de Christian II de Danemark exécuté par Mabuse où les deux nuances, plus pâle pour le visage et plus foncé pour le reste, sont bien distinctes.

* 84 Pierre LAVALLÉE, op cit , p110.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand