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Etat des lieux de l'édition du livre littéraire en RDC de 2000 à  2010

( Télécharger le fichier original )
par Billy Mangole
Institut supérieur de statistique de Kinshasa - Graduat 2012
  

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III.2 Critiques et suggestion

III.2.1 Critiques

Le graphique et tableaux présentés nous renseigne bien sur le passage actuel de la littérature congolaise au travers de sa production. Christophe Cassiau HAURIE parle même de la traversée du désert41(*) pour qualifier le paysage asséché de cette littérature.

Une situation assez particulière pour un pays qui a connu une littérature prolifique louée de tous les horizons. Cette traversée du désert, pour emprunter le vocabulaire de l'auteur français, se justifie aussi par l'absence quasi-totale des maisons d'édition qui s'en donnent à l'aventure littéraire dans un environnement socioéconomique dégradant.

Parmi plusieurs contraintes qui freinent l'émergence littéraire en RDC, nous avons relevé entre autres :

A) L'arsenal fiscal contre-productif

Les taxes sont un obstacle majeur à la diffusion et à la consommation du livre en RDC où publier un ouvrage est déjà un acte de foi. Ces taxes qui s'imposent sur les auteurs, les libraires et les maisons d'édition influent considérablement sur le prix du livre vendu, alors que déjà le pouvoir d'achat des lecteurs potentiels est très bas.

Cette politique fiscale est beaucoup plus rigoureuse pour des livres importés. Ils sont assujettis à la TVA, à la taxe de l'OCC et aux droits de douane perçus par la DGDA.

B) L'absence du financement pour la BNC et les maisons d'édition nationales

Créée en 1949, la Bibliothèque central (ancienne appellation de la BNC) était un service spécialisé du secrétariat général du gouvernement général. Au 30 Juin 1960, elle conservait 90 000 volumes et 1500 périodiques.

A l'avènement de la 2ième République, la Bibliothèque centrale est devenue un service administratif du département de la culture avec comme seules fonctions l'enregistrement et la gestion de la production intellectuelle du pays.

L'ordonnance n° 89010 du 18 Janvier 1989 `'portant création de la Bibliothèque nationale du Zaïre'' crée un service public à caractère scientifique et technique doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière.

Plusieurs missions sont dévolues à la BNC, entre autres : diffusion des collections, conservation de la production intellectuelle, promotion des normes internationales et aussi oeuvrer à la promotion de la lecture en alimentant les bibliothèques publiques en ouvrages et en organisant des campagnes de sensibilisation à la lecture. Pour cette dernière mission, aucun rôle dans ce sens n'a été joué par la BNC42(*).

Cela se justifie notamment par le manque de financement étatique qui caractérise cette institution. Les maisons d'édition étatiques également subissent le même sort. Les Editions Lokole en est un exemple type. Jusqu'à présent cette maison d'édition de l'Etat manque un bâtiment administratif, ce qui handicape sérieusement son fonctionnement.

C) La littérature d'exil

La condamnation à l'exil dont souffre la plupart des écrivains congolais de grande renommée est un handicap sérieux à l'état de sante de la littérature congolaise.

Le vrai problème n'est pas seulement la rupture parfois irrémédiable des grands auteurs congolais avec leur pays d'origine, mais aussi leur absence sur la scène congolaise qui, en effet, est vécue comme un drame par les jeunes auteurs congolais en mal de modèle ou de chef de file.

FAIKNZUJI et DJUNGU SIMBA vivent et publient en Belgique, Puis NGANDU NKASHAMA enseigne aux Etats-Unis où est également installé VincentYves MUDIMBE.

Jean BOLYA et Achille NGOYE n'ont jamais publié en RDC et sont totalement inconnus dans leur pays d'origine. Dominique MWANKUMI en est un autre exemple43(*).

Aujourd'hui, la création littéraire congolaise est extérieure( pour des raisons évidemment économiques) et se heurte à des exigences des éditeurs étrangers qui gomment les spécificités de cette littérature tout en la rendant en même temps peu connue chez les siens et diluée dans la sphère francophone.

D) L'épineux problème de langue d'écriture

Le français est reconnu comme langue officielle de la RDC depuis son accession à l'indépendance. Il est donc la langue d'enseignement à tout le niveau d'étude et celle du travail et de l'administration.

Si cette langue joue le rôle de cohésion nationale dans un pays où est parlé de centaines de dialectes, il reste cependant minoritaire. Christophe Cassiau HAURIE parle du français au Congo, comme une langue élitiste liée au savoir et au pouvoir et ne faisant pas partie de l'identité culturelle du pays44(*). A cela doit s'ajouter le taux croissant d'analphabétisme qui caractérise la plupart des pays pauvres.

Aujourd'hui, l'immense majorité des titres écrits en langue locale concerne les éditions religieuses et quelques publications financées par les ONG de développement.

Le reste, livres scientifiques, littéraires, universitaires et autres ne sont jamais écrits dans une langue autre que le français.

Dans cette situation, il est bien difficile de séduire un lectorat dont l'écrasante majorité est acquise aux langues nationales.

E) L'absence des maisons d'édition littéraires

Les maisons d'édition qui s'adonnent à la production littéraire sont très rares en RDC, aussi la quasi-totalité de ces maisons d'édition se concentrent à Kinshasa et au Katanga. C'est sans doute la raison qui justifie la prédominance de ces deux provinces dans notre étude.

Cette situation fragilise l'émergence de la littérature congolaise, surtout que ces rares maisons d'éditions congolaises publient majoritairement à compte d'auteur.

On voit mal dans ce cas, comment un écrivain peut prendre en charge les frais d'édition et des taxes alors que la situation économique du pays est précaire.

* 41 Christophe CASSIAU-HAURIE, Littérature en RDC : La traversée du désert, op.cité

* 42 Christophe CASSIAU-HAURIE, l'Etat contre le livre, le cas du Congo Démocratique, op.cité

* 43 Christophe CASSIAU-HAURIE, Littérature en RDC : La traversée du désert, op.cité

* 44 Christophe CASSIAU-HAURIE, Littérature en RDC : La traversée du désert, op.cité

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille