WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La santé communautaire dans la région des savanes, Togo. Une étude de cas sur les commissions santé dans les districts sanitaires de Kpendjal, Tandjouaré et Tône

( Télécharger le fichier original )
par Alexander Doyle
Université libre de Bruxelles - Master en sciences de la population et du développement 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.4.3. Type d'entretiens

Suivant les propos établis par Olivier de Sardan, il n'est pas communément admis « qu'il y ait de « techniques » d'entretien. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y ait pas de « savoir-faire ». Plus exactement, on pourrait parler d'une politique de l'entretien »49.

3.4.3.1. Entretiens formels

Cette recherche a clairement privilégié l'entretien semi-directif, en ce qu'il s'agit d'interviews ayant fait l'objet d'une préparation au préalable via la création de questionnaires. Toutefois ces derniers furent préparés dans le but de servir principalement de « canevas » - et non de « guide »50. En ce sens, il s'agissait de maintenir le dialogue sous une forme de discussion semi-libre en orientant les thèmes à aborder.

- Entretiens de groupe ;

De par notre expérience dans le domaine, nous nous étions dans un premier temps, préparé à effectuer des entretiens exclusivement individuels. Cependant, durant les premiers temps de notre enquête, des séances de groupes (principalement avec les CS) se sont quelque peu imposées d'elles-mêmes. En effet, ayant obtenu des rendez-vous au préalable, le mot s'est vite ébruité, et l'ensemble des membres se faisait un plaisir de nous honorer de leur présence.

49 Olivier de Sardan, J.-P., 2008, op. cit., p. 55.

50 Olivier de Sardan, J.-P., 2008, Ibid., pp. 59-60.

30

Il n'eut pas été rationnel d'effectuer une dizaine d'entretiens individuels, en dépit du temps qui nous était imparti et du risque d'obtenir des informations trop redondantes, et par ailleurs il eut été indécent d'exclure certaines personnes de façon purement aléatoire. Étant dans un cadre participatif, l'entretien de groupe a constitué une bonne alternative. Toutefois, nous nous sommes vite aperçu que la qualité des informations différait radicalement de ce que nous pouvions obtenir avec des entretiens en tête-à-tête. Nous avons donc limité le recours à cette formule de groupe.

Dans un autre cas de figure, lors de nos visites dans des villages, nous nous sommes retrouvé à discuter généralement avec un ou deux villageois, en essayant d'incorporer au maximum les questions de notre canevas d'entretien tout en maintenant un côté naturel à la conversation. Rapidement, des villageois affluaient autour de nous, intéressés par la venue d'un étranger, blanc qui plus est, dans leur coin reculé. Malgré cette présence grandissante, la plupart restaient silencieux, simplement curieux d'assister à une situation inhabituelle. Nous maintenions généralement le dialogue avec la ou les personnes avec qui nous avions engagé cette rencontre. Dans ce cas précis, la présence du nombre ne fut pas considérée comme contraignante.

Ceci, il va sans dire, nous amène à nous positionner par rapport à l'attitude que des agents externes doivent adopter en présence de ces « groupements communautaires ». Le type de médiation mis en place est soumis à une certaine ambivalence. En tant que chercheur, nous arrivons armé d'outils et de techniques spécifiques propre à analyser une thématique particulière. L'adaptation au terrain est une stricte nécessité, quelles que soient les circonstances. Comme le rappelle volontiers Olivier de Sardan, « la principale forme de l'entretien de groupe (É), est impromptue, involontaire, non sollicitée par le chercheur. Elle est liée au fait que le socio-anthropologue travaille en « situation naturelle » (naturalistic setting) »51. Imposer le recours à des rencontres individuelles est un modèle qui semble aller contre toute logique participative. Les tendances actuelles vantant les bienfaits du communautarisme s'avèrent - à travers ce type de cas précis - contraires à leurs applications pratiques. Plus concrètement, ces entretiens de groupe, ne seraient-ils pas de la « participation communautaire » en acte ?

Malgré certains avantages que l'entretien individuel est susceptible de nous apporter, l'entretien de groupe est sujet à élargir la discussion, prenant ainsi la forme d'un échange-débat participatif. En effet, au fur et à mesure de notre étude de terrain, notre connaissance en la matière devint plus ample. Nous avons pu constater de nombreuses situations défaillantes et aperçues des stratégies intéressantes déployées par certains cas isolés. Cela étant, ces points

51 Olivier de Sardan, J.-P., 2008, op. cit., p. 64.

31

particuliers devaient être portés, à notre sens, à la connaissance de tous ; cette façon de procéder s'est donc montrée plus efficace. Des adaptations novatrices pourtant restées dans l'ombre car non-formalisées ou simplement mal interprétées par ces groupements ne pouvaient être que bénéfiques.

En guise d'illustration, la présidente de Nanergou, Tône récapitule notre débat-entretien à ses collègues sur une thématique bien spécifique : les activités collectives.

« Il nous faisait savoir, dans nos activités, dans notre travail. On doit faire des activités de groupe, au début on nous a pas dit ça, mais c'est une idée qu'il a émit que ça c'est très important. Il nous dit qu'on doit aller dans les villages, en groupe, mobiliser les gens, causer avec eux. Donc ce qu'il a dit, on n'avait pas fait ça, actuellement c'est très bon. Il y en a qui nous connaissent, mais d'autres qui nous connaissent pas. Il y a certains villages qui n'ont pas de membre de la Commission Sante. Si nous, nous allons dans ce quartier là, en groupe, pour les réunir, causer avec eux, et leur montre la valeur, l'importance des Commissions Santé, c'est très bon. Comme ça on va voir beaucoup de personnes qui vont fréquenter le centre. Donc, il a émis ce problème là que nous avons, j'ai beaucoup acclamé l'idée, ça m'a beaucoup intéressé. Parce que si nous restons sur place, que chacun a eu ses problèmes, ce n'est pas bon. Il faut que nous allions vers la population, ensemble, pour pouvoir discuter de ça. Que chaque fois nous serons plus à savoir quoi dire, à chaque fois on aura des idées à mûrir et puis discuter avec la population, comme ça le travail va bien marcher. Ça c'est très bon » [Présidente de la CS de Nanergou, Tône].

- La durée des entretiens ;

Concernant la durée des entretiens à proprement parler, ils oscillaient en moyenne entre une demi-heure et une heure. Ceci étant, en fonction de notre intérêt porté par leurs propos, certains échanges furent interrompus après une quinzaine de minutes, d'autres en revanche atteignirent quasiment les deux heures d'interviews, notamment lorsque nous fûmes confronté, comme mentionné précédemment, à des personnes ayant un statut-pluriel.

- L'utilisation de la langue française et le recours à un traducteur-interprète ;

L'entièreté des entretiens effectués avec les prestataires des USP se fit en français. Concernant les CS, une majeure partie d'entre eux était en mesure de s'exprimer dans la langue officielle. Dans certains cas, nous dûmes être assisté par un traducteur-interprète travaillant pour 3ASC, afin de nous assurer de la qualité de leurs discours. A propos des patients et des villageois interrogés, nous avons, la majorité du temps, eu recours également à

32

un traducteur-interprète. Les biais susceptibles d'être engendrés de part l'assistance d'un tiers seront mentionnés dans le point I.5. Limites de l'étude et contraintes épistémologiques.

La catégorie sociale et l'âge constituaient deux facteurs quant à la connaissance de langue française. En effet, les fonctionnaires d'État et autres personnes travaillant ou ayant travaillé en zone urbaine étaient mieux aptes à s'exprimer dans la langue de Molière. Par ailleurs, l'école primaire est aujourd'hui gratuite dans les écoles publiques du Togo ; selon l'UNICEF52, le taux d'alphabétisation des jeunes de 15-24 ans pour la période 2005-2010 est de 85 % pour les hommes et de 68 % pour les femmes. De plus, suivant cette même source, le taux net de fréquentation scolaire dans le primaire pour la période 2005-2010 est de 86 % en zone rurale et 94 % en milieu urbain. Ces chiffres semblent nous autoriser à estimer que la connaissance du français, chez les jeunes générations n'est plus un problème majeur, surtout lorsque que l'on s'aperçoit que la part de Togolais âgés de moins de 15 ans représente 40,8 % de la population entière pour l'année 201253.

3.4.3.2. Échanges informels

Ces rencontres diverses avec des personnes n'appartenant pas à nos quatre GI défini a priori mirent en évidence l'existence de groupes « invisibles » ou « extérieurs », point essentiel pour répondre à ce besoin de triangulation54. Il s'agit principalement de personnes travaillant de façon directe pour 3ASC (personnel de l'ONG) ou indirecte (collaborateurs indépendants, ASC, membres du COGES ou du CMB, etc.) mais également d'individus pouvant être désignées sous la dénomination de « thérapeutes traditionnels ».

Ces interactions multiples nous ont donné la possibilité de soutirer des informations complémentaires et d'intégrer des notions ou données supplémentaires sur la problématique investiguée. Elles n'en étaient pas moins intéressantes et utiles à la compréhension globale de notre cadre d'étude.

Soulignons que les thématiques abordées sont intimement liées au sujet de ce mémoire mais le canevas méthodologique ne fut pas forcément respecté (ou adapté) et se rapporte clairement au domaine de la conversation.

52 http://www.unicef.org/french/infobycountry/togo_statistics.html#90 (page consultée le 7 mai 2013).

53 http://www.statistiques-mondiales.com/moins_de_15_ans.htm (page consultée le 7 mai 2013).

54 Olivier de Sardan, J.-P., 2008, op. cit., pp. 81-82.

33

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci