CHAPITRE-I
INTRODUCTION
L'allaitement maternel est le meilleur moyen de
fournir une alimentation idéale pour la croissance et le
développement idéal du nourrisson
(1). De manière globale, on estime que
plus de 95 % des nourrissons reçoivent un allaitement
maternel (2) mais, selon l'OMS en
2007, environ 68% d'enfants nés dans le monde ont reçu un
allaitement maternel exclusif mais moins de 15% durant les six premiers mois de
vie conformément aux recommandations de cette organisation
(3). Au Cameroun
d'après l'Enquête Démographique et de Santé 2011
(EDS-MICS 2011), 98 % des enfants de moins de six mois sont
allaités. Cependant, seulement un enfant sur cinq (20 %) n'a
reçu que le lait maternel, c'est-à-dire qu'il a été
exclusivement allaité au sein (4).
Pourtant, certains travaux ont montré que
l'introduction précoce des aliments de complément est
associée à une augmentation du risque des maladies
diarrhéiques (5, 6), un
raccourcissement de la durée de l'allaitement (7,
8) et une augmentation de 4 fois, le risque d'être
hospitalisés pour une infection respiratoire aiguë
(2). Pour limiter ces risques, l'OMS et
l'UNICEF préconisent depuis Mai 2001, d'initier l'allaitement maternel
dans la première heure suivant l'accouchement, d'opter pour un
allaitement maternel exclusif jusqu'à 6 mois et de poursuivre
l'allaitement jusqu'à 2 ans voire plus, complété par
l'introduction progressive d'une alimentation adéquate, sure,
appropriée pour l'âge, répondant aux besoins
complémentaires du nourrisson à partir de 6 mois.
(9, 10)
Si le concept d'allaitement maternel exclusif
jusqu'à 6 mois s'impose logiquement pour beaucoup, il se heurte encore
à de nombreuses barrières socioculturelles dans les pays en
développement (PED) (2).
Au Nigeria, Agho et al constatent en 2003, dans une
analyse multifactorielle, que la classe socio-économique de la
mère, l'âge et le sexe de l'enfant, la localisation
géographique ainsi que le nombre de visites prénatales
influençaient l'allaitement maternel exclusif
(11). En Ethiopie, Alemayehu et al en 2009,
retrouvent les mêmes déterminants qui ont une répercussion
sur ce type d'allaitement en plus du statut marital
(12).
Au Canada, pays pourtant
développé, Al-Sahab et al en 2006, observent que le
taux d'allaitement exclusif est de 13.8% et identifient le niveau
d'éducation, la vie en couple, l'antécédent de grossesses
et un faible IMC avant la grossesse comme déterminants principaux de ce
taux (13). Guerrero et al,
au Mexique, ont trouvé un taux d'AME de 2% et les
arguments psycho-sociaux tels « pas suffisamment de lait »
(62%) ou « lait de mauvaise qualité » (56%)
étaient identifiés (14).
Au Cameroun, Nlend et al en
1992, dans leur enquête faite à la PMI d'Essos à
Yaoundé, ont enregistré un taux de prévalence de
l'allaitement maternel exclusif de 17.10% et ont montré que seul le
nombre d'enfants influençait sur la durée d'allaitement maternel
exclusif (15). Kamga,
lors d'une enquête réalisée à
Bafoussam, dans la région de l'Ouest Cameroun en 2009, a montré
que seulement 33, 8% des mères savent qu'il faut allaiter exclusivement
leur bébé jusqu'à 6 mois et que seuls 20% le pratiquent.
L'arrêt de l'allaitement maternel se fait plus précocement chez
les femmes mariées et celles ayant un niveau d'instruction
élevé (16).
Vu l'intérêt que suscite le sujet dans le
monde à travers les études sus-cités et, la variation des
déterminants en fonction des régions, et vu qu'aucune
étude n'a été faite à l'Hôpital
Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé, qui
est un centre de référence mère-enfant dans notre pays,
nous nous proposons de faire cette étude afin d'identifier les
déterminants de l'allaitement maternel exclusif de 0 à 6 mois
chez les mamans fréquentant cet Hôpital.
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