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Conditions d'éligibilité du président de la république et démocratie en Afrique subsaharienne

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par Eveline RODRIGUES PEREIRA BASTOS
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 droits africains 2011
  

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II) Éléments de solution

Le recours trop fréquent, en Afrique, à la révision constitutionnelle implique en effet que soient prises des mesures spécifiques tendant à accroître fortement la difficulté de réviser la norme suprême. Car ce qui distingue une norme ordinaire d'une norme constitutionnelle, c'est la complexité résidant dans la procédure de révision de la seconde. En effet, la norme constitutionnelle perd de sa supériorité lorsqu'elle est l'objet de modifications trop fréquentes et aisées, comme cela pourrait être le cas pour une simple loi ordinaire. Peut-être que le choix d'instituer des modes de procédure de révision constitutionnelle calqués sur le modèle des États du Nord n'est pas la chose à

107 Ainsi, l'article 193 de la Constitution rwandaise du 4 juin 2003 impose que les révisions portant sur « le mandat du président de la République, sur la démocratie pluraliste ou sur la nature du régime constitutionnel, notamment la forme républicaine de l'État et l'intégrité du territoire national » fassent l'objet d'une ratification impérative par référendum.

108 Ainsi, par exemple, les alinéas 3 et 4 de l'article 103 de la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 prévoient que « La révision est définitive après avoir été approuvée par référendum. Toutefois, le projet ou la proposition n'est pas présenté au référendum lorsque le président de la République décide de le soumettre au Parlement convoqué en Congrès ».

109 Séni Mahamadou Ouédraogo, La lutte contre la fraude à la Constitution en Afrique noire francophone, op. cit., p. 391.

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faire, et qu'il faut, en la matière, prendre en compte plus fortement les spécificités liées au continent africain. C'est donc ces spécificités qui nécessitent une complexification110 de la procédure de révision constitutionnelle. Celle-ci permettra ainsi une meilleure protection, par exemple, des dispositions de limitation de mandat.

Tout d'abord, il a été identifié un problème dans l'initiative de la révision constitutionnelle. En effet, celle-ci est particulièrement restreinte et, comme il a été dit plus tôt, elle revient généralement dans les faits exclusivement au président de la République. Il faut donc envisager, dans un premier temps, un élargissement du champ des personnes habilitées à proposer une révision constitutionnelle et ne pas limiter celle-ci au bon vouloir présidentiel. On connaît des cas de prise en compte d'une telle nécessité sur le continent africain. Ainsi, dans la Constitution burkinabée111, une place est laissée à l'initiative de révision constitutionnelle émanant du peuple. L'article 161 prévoit l'exercice de ce pouvoir d'initiative par pétition, « une fraction d'au moins trente mille personnes ayant le droit de vote, introduit devant l'Assemblée des députés du peuple une pétition constituant une proposition rédigée et signée ». Il s'agit d'une solution qui peut s'avérer intéressante dans un État qui bénéficie d'une société civile et d'une opposition active et capable de s'exprimer. La réelle ouverture de l'initiative de révision constitutionnelle permettrait de constituer une source initiatrice concurrente à celle du président. Dans ce sens, on peut envisager également une réduction du quorum exigé pour le vote de la proposition de révision par les députés, afin d'ouvrir des possibilités aux députés n'appartenant pas à la majorité.

En revanche, pour ce qui est de la procédure d'adoption de la révision constitutionnelle, on a déploré une manipulation du peuple à l'occasion du référendum. Il faudra, en tout premier lieu, s'assurer que l'adoption de la révision ne puisse se faire qu'à partir d'un certain seuil de participation. De plus, Séni Mahamadou Ouédraogo propose, quant à lui, que « les réformes politiques et institutionnelles qui occasionnent très souvent en Afrique les fraudes à la Constitution se déroulent conformément à un code de bonne conduite et aux recours systématiques au consensus qui doit être recherché dans des phases de négociations assez longues112 ».

110 On entend par là la nécessité de rendre la procédure plus longue et complexe, afin que toute révision implique tous les acteurs de la société et qu'aucune ne puisse passer inaperçue.

111 Constitution du 11 juin 1991 (la dernière en date).

112 Séni Mahamadou Ouédraogo, La lutte contre la fraude à la Constitution en Afrique noire francophone, op. cit., p. 421.

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On réalise à quel point le problème de la révision constitutionnelle à des fins non démocratiques peut s'avérer dangereux pour un État et créer de la division au sein de celui-ci113. C'est pourquoi il est essentiel que chaque modification du texte constitutionnel se fasse avec le concours de tous les acteurs de la société concernée, cela à l'image des rassemblements des conférences nationales des années quatre-vingt-dix. Cependant, une fois les normes élaborées selon la volonté populaire, il faut s'assurer que leur mise en application ne fasse pas l'objet de détournement par le biais d'une interprétation faussée du texte. Les textes constitutionnels africains étant souvent en proie à une interprétation orientée vers la recherche des intérêts personnels des dirigeants, il faudra également rechercher les failles du constitutionnalisme africain pouvant favoriser une telle pratique.

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