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Conditions d'éligibilité du président de la république et démocratie en Afrique subsaharienne

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par Eveline RODRIGUES PEREIRA BASTOS
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 droits africains 2011
  

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II) Les sanctions non juridiques condamnant la révision constitutionnelle

Les sanctions non juridiques sont de diverses natures, légales ou illégales ; elles ont de réels impacts sur le renversement d'un régime. On peut les classer en trois catégories.

Il y a, premièrement, la sanction par les urnes. Il s'agit du vote de la population défavorable au dirigeant, à l'occasion d'un référendum ou d'une élection. Cette sanction politique est la sanction privilégiée et naturelle du système de la démocratie électorale, qu'elle soit directe ou représentative. La particularité du système en Afrique veut que cette arme soit difficile à utiliser, car la concentration du pouvoir, les importants moyens de celui-ci et la pratique des fraudes électorales empêchent bien souvent

151 Ismaïla Madior Fall, Le pouvoir exécutif dans le constitutionnalisme des États d'Afrique, Paris, L'Harmattan, 2008, p 179.

152 Claude Emeri, « De l'irresponsabilité présidentielle », in Pouvoirs n° 41, « Le Président », 1987, p. 139.

153 Ismaïla Madior Fall, Le pouvoir exécutif dans le constitutionnalisme des États d'Afrique, op. cit., p. 179.

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l'opposition de se mobiliser suffisamment pour conquérir le vote massif des électeurs. Néanmoins, on connaît un contre-exemple récent, qui est celui de la victoire du candidat Macky Sall aux élections présidentielles sénégalaise de 2012, contre le président sortant Abdoulaye Wade.

La seconde sanction qui sera évoquée est une sanction émanant également du peuple, mais qui s'avérera nécessaire lorsque la mise en oeuvre de la première sanction est impossible ou non appropriée. Cette sanction témoigne des limites du système de la démocratie représentative, mais en est également un principe correcteur : il s'agit de la contestation par des manifestations de rue. On connaît de nombreux exemples de soulèvements populaires depuis les indépendances154. Ceux-ci ont souvent été fortement réprimés et ont conduit parfois à un durcissement des régimes, notamment à l'époque du monopartisme. Cependant, des cas récents ont obtenu des résultats contraires et les soulèvements populaires ont permis de sanctionner un chef d'État et d'obtenir son départ. Les révolutions arabes en sont l'exemple le plus marquant.

Enfin, la sanction la plus controversée - mais qui n'est pas négligeable en Afrique - est le coup d'État. Il s'agit du recours à la violence en vue de renverser un régime en place. Le coup d'État se distingue de la révolution dans la mesure où il n'est pas populaire. Le continent africain a connu de nombreux coups d'État, et nombre d'entre eux ont été des putschs, c'est-à-dire qu'ils ont émané du pouvoir militaire. Néanmoins, lorsque l'on s'interroge sur la possible survenance d'un coup d'État comme sanction de l'instrumentalisation de la Constitution par le président de la République, on est, de prime abord, très sceptique quant aux bonnes intentions que pourraient avoir les acteurs d'un tel renversement. Néanmoins, le continent africain regorge de surprises et c'est le cas du putsch intervenu au Niger en 2010, qui a amené le départ du président Mamadou Tandja à quitter le pouvoir afin que celui-ci soit remis à des civils. Le président s'est vu sanctionner dans sa volonté de contourner la Constitution en faisant voter une nouvelle Constitution, alors même que sa démarche avait été jugée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle. Néanmoins, on ne peut se réjouir de la prolifération de ces coups d'État, même dits « démocratiques », puisque ceux-ci contribuent à la perpétuation du recours à la violence et s'éloigne des modes normaux de cessation des fonctions présidentielles, tels que la démission ou la révocation. Or, les États africains ont besoin de pacification afin de pouvoir une stabilité.

154 On peut citer, par exemple, les nombreuses manifestations estudiantines pendant le régime du Parti unique.

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La sanction politique, lorsqu'elle conduit à enfreindre la Constitution, a la fâcheuse conséquence de créer du vide autour d'elle, et donc de déstabiliser durablement l'État.

On voit malheureusement que les sanctions internes permettant de dissuader un président de la République de recourir à l'instrumentalisation des conditions d'éligibilité en Afrique sont généralement soit non appropriées à l'exigence démocratique, soit d'une efficacité faible. Dans ces conditions, la recherche de sanctions extérieures à l'État est déterminante en Afrique.

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