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Conditions d'éligibilité du président de la république et démocratie en Afrique subsaharienne

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par Eveline RODRIGUES PEREIRA BASTOS
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 droits africains 2011
  

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Section 2 : La tendance minoritaire de l'exercice de plus de deux mandats, une volonté de limiter le pouvoir sous contrôle

La clause de limitation de mandat précédemment citée enferme l'exercice du pouvoir dans un nombre très limité de mandats par individu. Il existe des configurations différentes dans le constitutionalisme des États africains. En effet, s'il y est généralement admis que l'exercice de deux mandats successifs est une limite de bon sens qui fournit des garanties démocratiques à l'État dans lequel elle est instituée, rien n'empêche certains États de trancher en faveur de la possibilité, pour un individu, de briguer plus de deux mandats, sans pouvoir pour autant enchaîner trois mandats

75 Cet ancien président s'est d'ailleurs vu remettre, en 2011, le prix Mo Ibrahim, qui récompense les chefs d'État respectant les règles de la bonne gouvernance.

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successifs. C'est donc ici le caractère successif du mandat qui est limité (I). À l'opposé de ce schéma de limitation, on trouve, en nette progression, les Constitutions africaines qui ouvrent le champ à une possibilité de rééligibilité infinie (II).

I) La recherche du compromis par la clause limitant uniquement les seuls
mandats successifs

À mi-chemin entre le principe de limitation absolu du mandat et l'absence de limitation de celui-ci, on trouve la limitation à deux mandats d'application immédiate. Il s'agit d'une clause de limitation de mandat qui ne vise à réglementer en réalité que le caractère successif du mandat. En effet, c'est le nombre de renouvellement successif qui est limité à un. Ainsi, le président de la République ayant réalisé deux mandats successifs ne pourra immédiatement se représenter, mais pourra cependant laisser la place à un successeur pour, par la suite, une fois le mandat de celui-ci passé, revenir au pouvoir.

On ne recense pas beaucoup d'États ayant opté pour ce type de clause. On peut néanmoins citer le cas du Cap-Vert, où la Constitution actuelle76 prévoit à son article 146 alinéa 1 que « le président de la République ne peut se porter candidat à un troisième mandat dans les cinq ans suivant immédiatement le terme de son second mandat consécutif ». On retrouve également ce type de clause de limitation de mandat au Mozambique. En effet, l'article 147 prévoit à son alinéa 4 que « le Président de la République n'est rééligible qu'une fois », puis ajoute à l'alinéa 5 : « le Président de la République qui a été élu deux fois consécutives peut se représenter à l'élection présidentielle seulement cinq ans après son dernier mandat77 », les cinq ans mentionnés correspondant à la durée d'un mandat présidentiel.

L'avantage que confère ce type de clause réside dans le compromis qu'elle permet de réaliser entre la limitation stricte du mandat, qui, on le verra plus tard, n'est pas exempte de toute critique, et la possibilité donnée par une Constitution de renouveler des mandats indéfiniment. De plus, cette clause, par la souplesse qu'elle apporte, permet d'inciter à la patience les chefs d'État qui seraient tentés de se maintenir au pouvoir, en

76 Constitution du 14 février 1981 (révisée en 1992).

77 Nous traduisons les alinéas 4 et 5 : « O Presidente da República só pode ser reeleito uma vez », « O Presidente da República que tenha sido eleito duas vezes consecutivas só pode candidatar-se a eleições presidenciais cinco anos após o último mandato ».

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leur offrant la possibilité de briguer à nouveau les fonctions présidentielles en cas d'échec aux élections.

Néanmoins, on peut nuancer les avantages conférés par une telle disposition lorsque l'on prend le temps d'observer un exemple contemporain en la matière. Cet exemple ne nous vient pas d'un État situé sur le continent africain, mais de la Fédération de Russie. En effet, Vladimir Poutine vient d'être reconduit aux fonctions présidentielles aux élections de 2012, après avoir précédemment laissé le pouvoir à Dmitri Medvedev en 2008, faute de pouvoir se présenter à l'époque. En effet, l'article 81 alinéa 3 de la Constitution russe78 empêchait ce dernier de renouveler son mandat alors qu'il avait déjà effectué deux mandats précédemment. Malgré l'apparente légalité du processus, l'analyse politique vient mettre en lumière un processus de détournement des dispositions constitutionnelles. Vladimir Poutine a, en effet, en 2008, en plus d'avoir obtenu le poste de Premier ministre et de chef du parti Russie unie, été considéré comme détenant effectivement le pouvoir, et Dmitri Medvedev ne constituait qu'un moyen pour lui de respecter en apparence les règles constitutionnelles, tout en restant aux commandes. Si l'on estime que l'esprit d'une telle disposition est de permettre un renouvellement régulier des élites au pouvoir, afin d'éviter le phénomène de la personnalisation du pouvoir et de sa concentration, en l'espèce, la disposition ne remplit pas la fonction qui lui est assignée. C'est cette faiblesse que l'on peut craindre dans le cas des États africains ayant adopté une telle disposition.

À l'opposé des mesures de limitation du nombre de mandats, on trouve des Constitutions qui, bien plus que de permettre la réalisation de plus de deux mandats pour une seule et même personne, ignorent le principe de limitation.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus