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"L'appropriation" des enjeux d'un projet par les habitants: cas de l'Agrocité à  Colombes

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par Hadrien Basch
Université Lille 1 - Master de sciences et technologies spécialité ECODEV montage de projets en éco- territoires 2012
  

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Conclusion

A partir ce travail de recherche nous avons pu comprendre les enjeux du projet R-urban et leur connexion avec les multiples crises qui traversent notre société. Toutes ces crises sont reliées à la question des modes de vie et du système économique et social qui régit notre société.

Afin d'apporter des solutions concrètes aux défis que posent ces problématiques il convient de réinterroger les notions qui ont prévalu a la construction de la ville moderne.

Les questions d'appropriation et de participation des habitants apparaissent cruciales pour de nombreux politiques et responsables des politiques relatives à la ville. De même, de multiples initiatives lient participation des habitants et transformation des processus de construction de la ville. Par exemple, le collectif ETC187 porte une réflexion et une action profonde sur l'espace public et sur la ville à travers celui ci. De même, Patrick Bouchain, au travers de l'Atelier

187 « Collectif Etc, | Architecture, espace public et urbanisme participatif. Vers une fabrique citoyenne de la ville. »

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Construire met en place des dispositifs culturels qui transforment la ville et les relations entre les individus prenant peu à peu possession d'espaces en devenir188 189.

Mais, bien que de nombreuses initiatives, essentiellement associatives voient le jour l'on peut, comme la Revue Mouvement douter de l'avenir et de ce processus :

190

Le projet R-urban, qui s'inspire des projets menés dans d'autres espaces par l'AAA, envisage cette reprise en mains citoyenne de la ville à travers tous les dispositifs que nous avons décrits dans ce travail. Ce processus ne pourra s'effectuer qu'a condition de l'envisager dans une perspective transversale : « Quoi qu'il en soit, les intellectuels ne devraient plus être sollicités de s'ériger en maîtres à penser ou en donneurs de leçon de morale, mais à travailler, fût-ce dans la plus extrême solitude, à la mise en circulation d'instruments de transversalité. »191. Celle ci est indispensable sans quoi une situation de crise globale ne peut être combattue. Il est ainsi primordial de créer des instances de transformation globale qui peuvent prendre de nombreuses formes.

En effet, comme l'affirme Felix Guattari : de nouveaux types d'instances de concertation, d'analyse, d'organisation devront être expérimentés; peut-être d'abord à petite échelle et plus largement ensuite. Si le mouvement écologiste, qui se présente en France aujourd'hui sous un jour si prometteur, ne s'attelle pas à cette tâche de recomposition d'instances militante (dans un sens tout à fait nouveau, c'est-à-dire d'agencements collectifs de subjectivation) alors à n'en pas douter, il perdra le capital de confiance dont il se trouve investi, les aspects techniques et associatifs de l'écologie étant récupérés par les partis traditionnels, le pouvoir d'Etat et l'éco-business. Le mouvement écologique devrait donc, à mon sens, se préoccuper en priorité de sa propre écologie sociale et mentale. ». Comme nous l'avons évoqué, ces espaces alternatifs de la ville permettent une conscientisation nouvelle des individus au travers de

188 Patrick Bouchain, Construire autrement: commentfaire?, 1 vol., L'impensé [Texte imprimé] / sous la direction de Patrick Bouchain et Claire David. - Arles : Actes Sud, 2006- (Arles: Actes Sud, 2006), http://www.sudoc.fr/111670977.

189 « L' U N I V E R S I T É // F O R A I N E - A l'instigation de Patrick BOUCHAIN », consulté le 16 septembre 2013, http://universiteforaine.overblog.com/.

190 Bourdeau et al., « Éditorial ».

191 Guattari, « Intervention de Félix Guattari au séminaire d'été de la Columbia University ».

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la rencontre et de la production de dispositifs inédits. Bien que ces mouvements oeuvrant pour un changement des mentalités soient ouvertement apolitiques, ils s'appuient sur des réseaux qui mobilisent de nombreux élus et personnels administratifs. Certaines mairies sont plus ouvertes que d'autres à accueillir et soutenir ces projets. Ainsi les porteurs de projets peuvent finir par dépendre des échéances municipales pour mener à bien leur projet. C'est pourquoi de nombreux militants de la ville sont dubitatifs sur la capacité de ces projets à remettre fondamentalement en cause les manières institutionnelles et héritées de construire la ville. « Les groupes qui m'intéressent sont ceux qui cherchent à construire des alternatives concrètes en marge du système dominant, sans chercher un dialogue avec des instances qui n'ont aucune volonté de changement. ». 192Pourtant des projets inspirants comme ceux menés par Lucien Kroll, architecte belge du XXème siècle, montre qu'il est possible d'établir une forme de rapport de force avec les pouvoirs publics et les bailleurs privés pour amorcer une mutation des manières de construire. Ces manières de faire participer les futurs habitants et de refuser la rationalisation à outrance imposée par le système économique met en évidence l'importance de considérer l'humain dans les projets urbains. Quant à l'environnement mon opinion est que les processus se ressemblent et fonctionnent selon le même mode opératoire. Il faut impliquer les habitants en remettant en cause la doxa de la consommation et de la rationalité. La spontanéité doit primer.

Comme l'affirme Anne Querrien : « il s'agit de donner du développement écologique des lignes de travail qui sortent des comportements stéréotypés déjà largement balisés, dont la clarté n'a d'égal que l'incapacité à leur donner consistance sur le terrain. Il s'agit de donner de la transition écologique une ou des représentations à la fois dynamiques et floues, mobilisatrices. Des représentations qui s'éloignent du modèle essentialiste et quantitatif de Bedzed, pour épouser les contours d'expériences pour lesquelles l'habitat ne sera pas forcément le premier vecteur du changement. D'autres pratiques d'organisations festives, d'apprentissages mutuels, de promenades, d'agricultures, de gestions des déchets peuvent se rencontrer sur la route de ce commun en construction »193. La question de l'appropriation et de la participation des habitants est dès lors centrale dans cette production du commun:

« Au--delà des revendications matérielles et politiques émerge l'aspiration à une

192 « L'autonomie alimentaire, dans une perspective décroissante radicale -- Mouvements », consulté le 25 septembre 2013, http://www.mouvements.info/L--autonomie--alimentaire--dans--une.html.

193 Anne Querrien, « Territoires et communautés apprenantes », Multitudes 52, no 1 (2013): 45, doi:10.3917/mult.052.0045.

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réappropriation individuelle et collective de la production de subjectivité. » Ainsi que nous l'avons vu celle ci passe par une production de subjectivé qui permet de se réapproprier des symboles et d'accompagner des processus de transformation individuels qui ont nécessairement un impact sur la communauté. C. Petcou et D. Petrescu affirment « La liberté d'agir correspond à la capacité de transmettre (un projet, une action, un mouvement...) mais aussi à celle d'interrompre, de mettre en suspension, d'introduire un intervalle (auto)critique dans un par-- cours subjectif. »194. Cette transmission du projet paraît essentielle aussi bien par sa dimension sociale que par sa potentialité mobilisatrice des individus. Si ceux ci se reconnaissent dans une communauté une nouvelle approche de la société peut s'amorcer car il y a une conscience d'intérêts communs.

Dans mon approche de la vie en commun et de la compréhension des enjeux du projet par les habitants j'ai pu appréhender certains processus de transformation. L'analyse de ces dynamiques me parait fondamentale pour la suite du projet et les évolutions à venir. De même la possibilité pour les habitants de s'exprimer sur leurs relations à l'écologie, l'urbanisme et la ville, leur appropriation du projet et les potentialités de leur implication dans celui ci est très positive. Cette analyse de leurs désirs est une condition de la continuation du projet dans le sens ou elle amène une prise de recul de tous, aussi bien des habitants que des salariés de l'association. En outre, en écho à une phrase de Michel de Certeau, « en fait la mémoire c'est l'anti--musée, elle n'est pas localisable », je dirais que les désirs ne sont pas localisables non plus et qu'ils forment des territoires informels où les individus se reconnaissent et agissent ensemble.

Mais mon approche parcellaire et partielle ne peut évidemment prétendre à l'exhaustivité. Une des limites de mon travail est évidemment le manque de temps pour réaliser plus d'entretiens et permettre ainsi à de plus nombreuses personnes de prendre du recul sur leur rôle et leur action au sein du jardin.

Bien que le projet m'ait permis d'apprendre beaucoup sur le montage d'un projet et les enjeux de la participation et de l'appropriation des habitants, je n'ai pas eu le sentiment d'utiliser tout mon potentiel malgré la mise en oeuvre la plupart des compétences que j'ai acquises lors de ma formation (compréhension du jeu d'acteurs, participation des habitants, enjeux et réalité du montage d'un projet). Outre ma participation à un séminaire

194 Petrescu, Querrien, et Petcou, « Agir urbain ».

de recherche de deux jours et à l'inauguration de l'Agrocité et du Recyclab, je n'ai pas eu le temps de trouver ma place dans ce projet.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand