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Evolution du couvert végétal dans la province du Boulkiemdé: cas de la commune de Poa au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Youssouf TIENDREBEOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise option géographie physique 2013
  

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III. 5. 2. Le système de production

Il s'agit de toutes les formes d'utilisation du sol et la manière d'assurer cette utilisation, elle englobe aussi les formes d'élevage. Le système de culture dans la zone est de type traditionnel avec pour prédominance la culture de céréales. Le sorgho et le mil occupent les premières places, soit environ 80% des superficies, ensuite viennent l'arachide, le haricot, le riz...

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III. 5. 2. 1. Les pratiques agricoles

L'agriculture de notre zone d'étude est essentiellement pluviale. Il s'agit d'une agriculture itinérante sur brûlis avec comme caractère principal l'instabilité des parcelles d'exploitation. La taille des champs varie de un à quatre hectares (toute spéculation confondue), avec une durée indéterminée, car la population ne dispose pas d'autre espace pour une éventuelle mise en jachère.

L'agriculture sur brûlis et le billonnage ont attiré notre attention dans la zone d'étude. Au moment de la préparation des champs c'est-à-dire avant les semis, les populations défrichent la végétation et la brûlent. Le système consiste à couper la végétation, à brûler les brindilles et les feuilles mortes, avant de cultiver sur les cendres. Le bois est ensuite ramené à la maison pour servir d'énergie domestique. Ce système a du mal à s'adapter à un espace cultivable réduit et insuffisant. Environ 95 % de la population ont recours à cette pratique pour préparer les champs. De plus les résidus sont brûlés sur les souches des arbustes. Selon YELEMOU C. (2008), cette méthode contribue à la détérioration de la structure du sol et anéantie la régénérescence végétative qui est très néfaste sur l'environnement. On assiste alors à un déboisement sans reboisement, même si certaines espèces comme Vitellaria paradoxa, Parkia biglobosa, Lannea microcarpa, Azadirachta indica, Bombax costatum ... sont le plus souvent épargnées ; car elles sont jugées utiles par la population. Les autres espèces tendent de plus en plus à disparaître. C'est le cas de Faidherbia albida, Acacia pennata, Borasuss aethiopum, Fucus iteophylla, Fucus platyphylla, Securidaca longepedunculata.

Par ailleurs, l'enquête fait auprès des paysans appuyer par l'étude terrain, c'est-à-dire l'observation et le comptage des espèces dans les champs révèlent qu'il y a en moyenne 10 à 30 arbres à l'hectare. Cette moyenne tient compte de la topographie et des sols. Selon YELEMOU C. opt. cit., l'arbre a un rôle protecteur et améliorant par :

- la diminution de la vitesse des vents (limitation de l'érosion éolienne) ;

- l'amélioration de la fertilité du sol (apport de biomasse) ;

- l'enracinement et la couverture du sol (limitation de l'érosion hydrique).

Le labour en billons consiste à retourner des bandes de terre les unes sur les autres de manière à

surélever des « planches » ou « billons » au-dessus de quelques sillons profonds. C'est une technique adaptée aux types de sols (gravillonnaires, sablo-argileux, sableux et argileux) en présence, mais quand elle est exécutée dans le sens des pentes aussi faibles soient-elles, favorisent des actions d'érosion importantes. Malheureusement, la non maîtrise de cette technique conduit certains paysans à faire le billonnage dans le sens de la pente. C'est une technique qui lorsqu'elle est bien maîtrisée permet une meilleure utilisation des réserves d'humus ; une moindre perte des éléments fertilisants et

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une meilleur infiltration des eaux de pluies. Toutes ces techniques sont mises en oeuvre par l'utilisation d'équipements agricoles semi-modernes tels que la houe manga et la charrue à traction asine ou bovine.

Selon notre enquête, 100 % de la population sont convaincues de la dégradation du couvert végétal. En effet, pour l'amélioration de leur rendement, les paysans combinent plusieurs types d'intrants dans un même champ. Sur un total de 186 personnes enquêtées, 57,53 % de la population estimaient utiliser dans le même champ du compost, de la fumure organique et des engrais chimiques. Pendant ce temps 22,58 % combinent du compost et la fumure organique. La Photo 7 montre un compostage, une fosse creusée et aménagée à l'aide de cuirasses dans le but de fabriquer de l'humus à partir de la décomposition de débris végétaux et de déchets d'animaux. On ajoute certains produits enrichissants tels que : le phosphate, la cendre etc. Le reste de la population (19,89 %) utilisent seulement la fumure organique.

En dehors de l'agriculture traditionnelle, nous avons l'existence de cultures maraichères qui se développent essentiellement autour des barrages de Yaoghin et de Gogo. Ces cultures concernent les tomates ; les choux ; les aubergines, les pommes de terre, la patate, etc. Ces cultures suivent le rythme d'une demande de plus en plus croissante de la population de la commune et de la forte demande des villes de Koudougou et de Ouagadougou.

20 %

Compost,
fumure
organique
23 %

Fumure

organique

Compost,

fumure

organique,

engrais

chimique

57 %

Source : enquête terrain Poa TIENDREBEOGO Y. / septembre 2011

Figure 10 : les types d'intrants utilisés par la population III. 5. 3. Le mode d'élevage

Aux différentes actions négatives des agriculteurs sur le couvert végétal, s'ajoutent celles des éleveurs. La technique d'élevage dans la commune de Poa n'a pas évolué. Elle est encore pareille à celle de nos aïeux. C'est une technique qui consiste à faire paître les animaux dans la brousse pendant

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l'hivernage. En début de saison sèche, c'est-à-dire après les récoltes une bonne partie du troupeau est envoyé sur les chaumes des récoltes. Les animaux élevés sont les bovins, les caprins, les ovins etc. et la volaille. Le manque d'espace cultivable oblige les éleveurs à trouver des guides (bergers et bouviers) pour leurs animaux pendant la saison des pluies. Ces derniers n'hésitent pas à couper les branches des arbres pour l'alimentation du troupeau. C'est un élevage de type extensif fortement dépendant des ressources forestières, dont le mode d'alimentation du bétail est indiqué dans le tableau VII (cf. annexe). Le bétail est parqué avec du bois. Ils construisent généralement des maisons en briques dont la toiture est en paille. La fréquence de renouvellement du bois est de 2 à 3 ans contre 1 à 2 ans pour la paille.

Comme dans les différentes techniques de fertilisations et de conservations, les paysans associent plusieurs modes d'élevage à la fois (cf. figure 12). En effet, l'utilisation des herbes fraîches et l'émondage des ligneux constituent le mode d'alimentation du bétail qui agit et/ou exposent directement le couvert végétal à la dégradation. Ce mode est plus important car il intervient dans tous les domaines.

Le stockage de foins, les herbes fraiches et les résidus de récoltes ont une part très importante dans la zone. Sur 186 personnes interrogées 45,70 % de la population combinent ces différents modes (cf. fig. 12). Ceux qui combinent les résidus de récoltes et les herbes fraîches occupent le deuxième rang avec 23,12 %. Les paysans qui utilisent les sous-produits agro-industriels ne sont pas nombreux, car cela nécessite des moyens financiers. 9,14 % de la population utilisent en même temps les résidus de récoltes, les herbes fraîches et les sous-produits agro-industriels. Les populations qui pratiquent l'émondage ne sont pas nombreuses, parce que les espèces appétées par les animaux sont en pleine diminution. 12,20 % de la population combinent quant à eux l'émondage, les herbes fraîches, le stockage de foin et de résidus de récoltes. 4,84 % de la population combinent le stockage de foin, de résidus de récoltes, des herbes fraîches et de sous-produit agro-industriels. En effet, il faut que les paysans produisent une quantité suffisante, pour qu'ils puissent avoir des résidus de récoltes et des foins suffisants pour le bétail. Vue que l'agriculture dans la commune de Poa est pluviale, extensive, avec des moyens traditionnels sur des sols médiocres, cela constitue une véritable dégradation du milieu.

Le système d'élevage de la commune qui est de type sédentaire, agit directement sur le sol (piétinement) et sur le couvert végétal. Plus de 98 % des paysans pratiquent ce type d'élevage.

9,14 %

4,84 %

23,12 %

12,20 %

45,70 %

Stockage de foin, résidus de

produit agro-industriels

Résidus de récoltes, herbes

industriels

Emondage, stockage de foin,

résidus de récoltes, herbes

fraîches

Stockage de foin, résidus de

récoltes, herbes fraîches

Résidus de récoltes, herbes

fraîches

55

Source : enquête terrain Poa TIENDREBEOGO.Y / septembre 2011

récoltes, herbes fraîches, sous-

Figure 11 : le mode utilisé pour l'alimentation des animaux

fraîches, sous-produit agro-

Pendant la saison sèche, les arbustes constituent la seule source d'alimentation des caprins et des ovins laissés en divagation. Ils broutent principalement les feuilles fraîches de ces arbustes et certains arbres sur lesquels ils peuvent grimper (YELEMOU C .2008). Cette pression ralentit considérablement la croissance de ces ligneux et entraine progressivement leur disparition.

L'émondage est généralement pratiqué pendant la période critique (mars à juin) et concerne les espèces appétées par les animaux telles que Faidherbia albida, Lannea microcarpa, Ficus ingens... Cette pratique entraine une dégradation continue de la strate arbustive et arborée.

La commune de Poa est également une zone de transhumance pour de nombreux troupeaux qui suivent le rythme des saisons à la recherche de pâturage. Ce passage des animaux à cette période, augmente une forte pression sur le couvert végétal et entraine par la suite des conditions favorables à l'érosion.

L'élevage de la volaille est une des activités les plus pratiquées dans la commune de Poa. C'est un type d'élevage ou la volaille se nourrit directement de produit de récoltes. Cela nécessite comme nous l'avons dit précédemment pour le cas d'élevage des ruminants une production conséquente. Ce mode d'alimentation contribue évidemment à la dégradation du couvert végétal.

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Tableau V : le nombre de têtes d'animaux et de volailles dans la commune de Poa

Animaux

Années

Bovins

Ovins

Caprins

Asins

Équins

Porcins

Volailles

2007

4

400

16

881

31

513

3

246

7

9 601

142

577

2011

4

700

17

500

32

500

3

080

9

10 350

149

695

 

Source : DPRA/Boulkièmdé 2012

On constate qu'il y a une croissance du nombre de tête d'animaux dans la commune de Poa. Ce qui conduit évidement à une détérioration des ressources naturelles. Il faut toutefois relever que l'action de l'élevage n'est pas toujours néfaste. Par la fumure organique qu'il apporte et par la zoochorie, le bétail contribue à la propagation de nombreuses espèces et à la régénération des sols. Mais pour cela, il faut un équilibre entre les ressources pâturées et le nombre d'animaux (GUIRE M. 1997). L'élevage représente certes, un atout pour assurer une sécurité alimentaire équilibrée dans le cadre du développement durable, mais dans la forme d'exploitation actuelle des ressources, il constitue un facteur de dégradation du milieu.

III. 6. LES ACTIVITÉS NON AGRICOLES III. 6. 1. La coupe du bois

Dans la commune de Poa, le bois est la principale source d'énergie. Les enquêtes menées auprès des paysans surtout, auprès des femmes montrent qu'effectivement la coupe du bois est un phénomène réel. Ainsi, par ordre d'importance les sources d'utilisation du bois sont : bois de chauffe (ménage) 63,27 % ; bois d`oeuvre 23,15% ; préparation du dolo 9,30 % ; vente 2,96 % ; pharmacopée 1,74 %.

Ces pourcentages dressent les divers usages du bois dans la commune. Cependant, le mode d'approvisionnement est la coupe du bois et le ramassage du bois sec. Notons que dans cette partie du Burkina Faso la strate arborée est presque inexistante, donc on n'a pas assez de bois mort, ainsi la pratique dominante est la coupe du bois vert qui concerne directement les arbustes ligneux. Les espèces non ligneuses utilisées sont préférentiellement Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa. Ces arbres sont coupés, débités et séchés.

L'utilisation du bois pour la préparation du dolo ou bière de mil a attiré notre attention. Les femmes interrogées à ce sujet disent qu'elles préparent en moyenne 80 à 600 litres par séance. Chaque préparation consomme un demi (1/2) à une (1) charrette de bois. Les évènements qui suscitent la préparation du dolo sont : les fêtes coutumières, les funérailles, la vente dans les marchés et enfin pour la cuisine quotidienne.

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La construction des maisons, des hangars sur lesquels les paysans gardent les résidus de récolte, est faite à partir de la coupe du bois vert. La photo 8 présente un hangar de stockage de résidus de récoltes (à Bazan) bâti uniquement avec du bois. On peut avoir 2 à 3 hangars de ce type dans une concession, c'est-à-dire que chaque chef de ménage en possède un. Le bois vert coupé et séché sert également dans le domaine de l'artisanat pour la fabrication de mortiers, daba, tabourets, tables, chaises. Les essences utilisées sont principalement : Kaya senegalensis, Balanites aegyptiaca, Vitellaria paradoxa. Les greniers sont construits également avec de la paille et du bois. Les espèces utilisées dans ce domaine sont généralement : Diospyros mespiliformis, Combretum paniculatum. En ce qui concerne les non ligneux et principalement Andropogon gayanus pour la paille. Ce type de grenier nécessite pour sa réalisation, énormément de bois et de paille (photo 9). Cette photo présente un grenier de stockage de céréales à Sougpélecé. Ce type de grenier est bâti avec du bois et de la paille. On peut avoir une dizaine de ce type de grenier dans chaque concession. Le nombre est fonction du nombre de personne possédant un champ et la taille dépend de la quantité de céréale récoltée. La fréquence de renouvellement de la paille est de 2 ans maximum, ce qui contribue à la dégradation du couvert végétal.

Que ce soit pour la cuisine, pour la construction des hangars, et des greniers... toutes les parties de l'arbre sont coupées, de façon anarchique sans règlement et utilisés par la population pour leurs besoins. L'arbre est donc très important dans la vie des populations de Poa. Cependant, la coupe anarchique et incontrôlée du bois constitue un facteur de dégradation progressive du couvert végétal.

TIENDREBEOGO Y. / POA

TIENDREBEOGO Y. / POA,

Photo 7 : un hangar de stockage de résidus de récoltes

Photo 8 : un grenier de conservation de céréales

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius