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La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001

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par Kouadio Adolphe N'GORAN
Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012
  

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2-État de la question

Des études ont été faites sur la communauté libanaise de Côte d'Ivoire. Cependant elles sont souvent limitées non seulement dans le temps mais aussi dans la méthodologie adoptée. Dans cette documentation, nous avons eu recours au mémoire de Kojok Salma13(*). Cet ouvrage de 154 pages est intéressant parce que dans la mesure où elle retrace toute l'histoire de la migration libanaise en Côte d'Ivoire avant 1945. Kojok présente son étude en trois parties. Elle aborde premièrement l'origine de l'émigration libanaise en Côte d'Ivoire. Dans le premier axe de son travail, elle montre les causes de l'émigration du Liban. Selon elle, les raisons qui ont préparé cette émigration relève à la fois de la conjoncture historique et politique du Liban. Ces causes qui sont liées à la vie politique de l'histoire du Liban sont l'occupation de l'empire ottoman en 1860 et joint le Liban à la Syrie. Cet empire s'est accaparé de toutes les richesses économiques du Liban. La liberté des citoyens libanais était confisquée. Face toutes ces difficultés, ces Libanais et Syriens émigrent du Liban et de la Syrie à la recherche du bien être.

En dehors de la situation politique, elle montre également les facteurs qui ont facilité et entretenu cette émigration. Parmi ces facteurs, il y a entre autres les raisons personnelles, c'est-à-dire le désir de certains d'aller voir ailleurs. Il y a aussi les facilités liées à l'appel du gouverneur général de l'AOF, Roume14(*)aux Libanais à se rendre au Sénégal en 1920 pour y travailler dans la collecte des arachides et au progrès économique de la Côte d'Ivoire à partir des années 1930. Dans la deuxième partie, elle aborde l'évolution numérique et les caractères généraux des immigrants libanais en Côte d'Ivoire avant 1945. Elle démontre la croissance de la population libanaise dans la colonie de Côte d'Ivoire. Cette immigration selon elle devient croissante dans les années 1930, période de développement économique et de la mise en place effective des infrastructures économiques. Elle estime la colonie libanaise à 1000 âmes. Dans la troisième et dernière partie, Salma étudie l'action économique de cette communauté. Au niveau économique, elle affirme que les Libanais ont pour activité principale le commerce surtout celui des matières agricoles. Cet ouvrage est important dans l'écriture de l'histoire coloniale de la Côte d'Ivoire surtout qu'il aborde la vie économique et sociale d'une communauté étrangère. Cependant, elle est limitée dans le temps. Le travail ne prend en compte qu'une partie de la période coloniale.

En plus de ce mémoire, il y a l'ouvrage de Khodr Hekmat15(*)qui est également important. En effet, ce livre de 256 pages comprenant quatre parties pages est une biographie de la communauté libanaise en Côte d'Ivoire. Dans la première partie, il situe les relations ivoiro-libanaises. Dans le second axe, il présente la communauté libanaise dans toute sa diversité. C'est-à-dire au niveau religieux, économique et culturel. Dans la troisième et quatrième partie, il montre les liens qui renforcent cette amitié ivoiro-libanaise et ensuite accorde une place de choix à la communauté libanaise en faisant présentant toutes les grandes familles de ses compatriotes. Ce livre est capital dans l'écriture de cette communauté. Cependant cet ouvrage présente des limites car il fait l'apologie des autorités ivoiriennes et des membres de la communauté libanaise. Il n'aborde point les stratégies de développement de cette communauté libanaise.

Pour cette étude l'article de Jean Binet a été intérêt particulier. L'intérêt de cet article d'une quinzaine de pages réside dans le fait qu'il est l'un des premiers écrits spécialisés abordant la question libanaise dans l'économie des pays africains francophones surtout de la Côte d'Ivoire. Cet article se structure en trois parties : Dans la première partie, Jean Binet16(*) montre les premières activités des premières colonies syro-libanaises en Afrique. Ces activités étaient essentiellement commerciales. Selon lui, les premiers habitants libanais d'Afrique faisaient le colportage17(*). Ils participaient au commerce des matières premières agricoles notamment le caoutchouc, la kola. Dans la deuxième partie de cet article, il montre comment les Libanais sont passés de colporteurs au rôle d'intermédiaires entre les Africains et les maisons commerciales européennes et de propriétaires de commerces. Abordant la présence des Libanais en Côte d'Ivoire au temps colonial, il soutient que le poids économique s'est réellement senti à partir des années 1950, marquée par une prospérité économique importante avec la construction du port d'Abidjan et le prolongement du chemin de fer. Enfin, dans la troisième et dernière partie, il fait une comparaison des différentes communautés syro-libanaises dans les pays africains. Il conclut que les Syro-Libanais étaient plus nombreux au Sénégal, en Guinée et dans bien d'autres pays que la Côte d'Ivoire dans la colonisation.

Cependant, au lendemain de l'indépendance, cette communauté s'accroît en Côte d'Ivoire non seulement grâce à la prospérité économique relative, mais également à la politique d'ouverture du gouvernement ivoirien. Celle-ci est une opportunité que s'offrent les Libanais pour s'installer à Abidjan ainsi que dans les centres économiques de l'intérieur. La ville de Bouaké est un exemple édifiant. Les Libanais détiennent presque le monopole de l'activité commerciale.

Au total, cet article de Jean Binet est instructive dans la mesure où elle nous permet de comprendre l'histoire économique des premières communautés syro-libanaises d'Afrique en général, et de la Côte d'Ivoire en particulier. Cependant cet article présente des insuffisances. En effet, en limitant son étude en 1975, elle ne prend pas en compte toute l'histoire économique de cette communauté quand bien même qu'elle retrace tout le passé colonial et l'après-indépendance. Cette insuffisance se découvre également dans le fait que l'étude soit portée essentiellement sur la seule activité commerciale de ce peuple.

En plus de cet article de Jean Binet, notre choix s'est porté également sur le mémoire de maîtrise géographie de Catherine Mezaad18(*). Cet ouvrage de plus 356 pages est d'un intérêt particulier pour la connaissance de cette communauté. En effet, Mezaad retrace toute l'histoire économique et sociale des Libanais de la Colonisation jusqu' à nos jours en Côte d'Ivoire. Cet ouvrage tout comme l'article de Jean Binet comporte trois parties. Dans la première partie, elle démontre comment la réussite économique de cette communauté est un sujet à controverse. Elle présente premièrement la presse qui dépeint l'image des Libanais. Ensuite, elle aborde les différentes activités économiques de ces derniers en Côte d'Ivoire. Dans le deuxième axe, elle a fait une large présentation des acteurs du développement industriel. Dans cette partie, elle fait d'abord le récit de l'immigration des ancêtres des familles industrielles libanaises. Ensuite, elle montre les étapes de la mise en place de ces différentes familles industrielles. Enfin, dans la troisième partie, elle aborde la question de l'avenir dans un contexte de crises et les stratégies des actions envisagées pour pouvoir surmonter ces différentes crises.

Cet ouvrage présente cependant des limites même si elle fournit des informations de qualités. D'abord, l'étude manque de dimension chronologique. Elle n'est pas circonscrite dans le temps. Cela perd la qualité d'une étude sociale, surtout que le travail porte sur une communauté qui évolue dans le temps et dans une zone géographique bien définie subissant les influences politiques, physiques et sociales. Par ailleurs cette absence de chronologie ne permet pas de percevoir l'évolution économique de cette communauté. Il y a également le fait que dans la méthodologie de recherche, Mezaad affirme avoir effectué une étude de terrain, les enquêtés ne figurent nullement ni au niveau des notes de bas de page, ni dans la bibliographie. Au niveau de la bibliographie justement, il semble que son étude s'est basée sur les articles de presse ou des périodiques qui ne portent pas des signatures d'auteurs.

Toutes ces insuffisances constatées à travers ces différents écrits, nous ont conduits à orienter notre analyse sur des aspects non encore éclairés pour ressortir dans le temps, la vie économique de cette communauté. Il s'agit de ressortir de façon dynamique le processus et l'évolution de la présence économique de ces derniers de 1960 à 2001. Ce travail part des périodes de l'implantation des premières industries et s'achève aux périodes de l'accentuation des crises économiques.

* 13Salma KOJOK; op.cit. ; p154

* 14 Idem,p154

* 15 Khodr HEKMAT ; Le Liban en Côte d'Ivoire Abidjan, Hekmat, 1988, 256p

* 16Jean BINET ; «Les Libanais de l'Afrique francophone 1975 », In Kroniek van Afrika, pp258-265

* 17Le métier de vendre, le transport des marchandises pour les vendre.

* 18Catherine MEZAAD, Les investissements industriels libanais en Côte d'Ivoire, mémoire de maîtrise de géographie, Paris VII, Nanterre 1994, P256

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo