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La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001

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par Kouadio Adolphe N'GORAN
Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012
  

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CHAPITRE II : L'ESSOR DES LIBANAIS DANS L'INDUSTRIE FORESTIERE ET LA COMMERCIALISATION DU CAFE-CACAO ENTRE 1980 ET 1990

Dans les premières décennies de l'indépendance, la présence libanaise dans la filière bois était essentiellement dominée par les scieries et les menuiseries. Les Libanais disposent désormais non seulement des unités industrielles, mais également des agréments forestiers. Au niveau de la filière café-cacao, les Libanais ne se limitent plus aux seuls achats, mais participent à tout le processus de commercialisation de ces produits.

I-La percée des Libanais dans la filière bois

Dans les années 1960, la présence libanaise se limitait aux scieries et menuiseries. Cependant à partir de 1980, les Libanais multiplient leurs activités dans ce domaine pour plusieurs raisons. Ces raisons sont aussi bien politiques qu'économiques. Les Libanais mettent en place de véritables entreprises.

A/ Les raisons de leur ascension dans la filière bois

L'influence libanaise dans l'industrie du bois s'explique par de nombreuses raisons. Les Libanais disposent de multiples potentialités telles que les ressources financières et le soutien de leur communauté qui leur permettent d'étendre leur position dominante dans l'économie du bois.

La législation ivoirienne restreint l'octroi de licences de l'exploitation du bois. En effet, les attributions de permis temporaires d'exploitation sont accordées en priorité aux seules coopératives de producteurs et citoyens ivoiriens désirant exercer la profession d'exploitant forestier256(*). Ainsi, un opérateur économique qui ne bénéficie pas de la nationalité ivoirienne ne peut avoir facilement un agrément d'exploitation. Cette restriction traduit la volonté de l'Etat de Côte d'Ivoire de faire des Ivoiriens les seuls maîtres de cette activité. On observe qu'au lendemain de l'indépendance, les Ivoiriens ne disposaient pas de ressources financières capables pour libéraliser totalement la foresterie serait préjudiciable aux nationaux.

L'autre raison se trouve également dans le fait que la foresterie est un secteur économique stratégique, dont l'Etat envisage d'assurer le contrôle. La présence libanaise était limitée. Leur implication était bornée aux scieries et menuiseries. Cependant, cet engagement prend un tournant au début des années 1970.

La première raison de la forte implication des Libanais est l'obtention des opérateurs économiques libanais de la nationalité ivoirienne. Selon, François Verdeaux «  de nombreux Français et Libanais ont pris la double nationalité et choisissent la nationalité ivoirienne dans la déclaration fiscale dans l'espoir d'échapper à la politique d'ivoirisation »257(*). Ce fut le cas de plusieurs ressortissants libanais désireux d'opérer sur l'ensemble du territoire ivoirien. A titre d'exemple, on peut prendre deux entreprises. Il s'agit premièrement la Scierie Merhy Frères. Elle est implantée à Divo. Elle dispose d'un atelier de sciage. Le capital de cette entreprise est la propriété entière des Ivoiriens d'origine libanaise. En effet, entre 1986 et 1987, ses investissements étaient évalués à 129 millions de francs CFA. Elle emploie 33 personnes dont 19 sont Ivoiriens et 13 Africains non Ivoiriens et 1 étranger non Africain qui est le responsable. La production annuelle de grumes s'élève 30 mille mètres cube. Son point d'approvisionnement n'est point extérieur. Elle possède un agrément d'exploitation qui lui donne droit à un crédit de 20 chantiers en fonction en 1989. 258(*)

En second, il y a la Compagnie du Centre Ouest (Colbico). Elle est implantée à Daloa. Elle dispose d'un atelier de sciage. Elle est une société à responsabilité limitée appartenant à des privés Ivoiriens d'origine libanaise. Son capital est estimé à 1 million de francs CFA. Pour son approvisionnement, elle possède également un agrément qui lui donne droit à 15 chantiers. Entre 1985 et 1986, ses investissements étaient évalués à 149 millions de francs CFA259(*) dont 85 millions sont conférés aux équipements industriels. En 1985, Cette compagnie emploie 53 personnes dont 21 sont Ivoiriens et les 21 autres des africains non Ivoiriens. La Colbico arrête ses activités en 1990.260(*)

En plus de l'obtention de la nationalité Ivoirienne pour bénéficier des avantages au niveau de la filière bois, les Libanais rachètent des agréments d'exploitation forestière afin d'étendre leur influence dans ce secteur. Ils rachètent aux nationaux détenteurs des licences d'exploitation forestière souvent à des prix doubles. Le système de fermage est prévu dans le code forestier. En effet, selon la loi, les attributions de permis temporaires d'exploitation dont les moyens en personnels et en matériel sont reconnus insuffisants pour entreprendre l'exploitation pourront affermer leurs permis à un autre exploitant.261(*) Les Ivoiriens qui sont propriétaires d'agrément ne possèdent pour la majorité de ressources financières et matérielles suffisantes, soit pour démarrer, soit pour faire fonctionner normalement leurs activités. Ainsi, nombreux sont les Ivoiriens qui vendent leur code forestier aux opérateurs libanais.

Enfin, on observe une collaboration des opérateurs industriels libanais et des hommes d'affaires ivoiriens afin de bâtir de véritables entreprises. Cela trouve sa justification dans le fait que selon François Verdeaux : «  au milieu des années 1970) d'anciens chefs d'exploitation des grandes entreprises ou des ressortissants libanais s'installent à leur compte en association avec des bénéficiaires nationaux d'attribution de permis et écoulent leur production soit via les anciens groupes encore présents, soit en ayant recours à des exploitations dont l'activité reprend de l'importance à partir de ce moment »262(*). Ce type d'association a entrainé la prépondérance des Libanais dans ce domaine, car ces fusions permettent l'approvisionnement très régulier des scieries. Ensuite, l'on assiste à l'amélioration et la croissance des productions de bois à l'orée des années 1980 dans le contexte de départ en cascade des opérateurs économiques européens.

* 256Jorci, n° 27 du 17 Mars 1966, p 360

* 257François VERDEAUX «  La filière bois à travers ses âges : une coupe longitudinale dans la politique de la zone forestière ivoirienne », In Le modèle ivoirien en questions : crises-ajustements, recompositions, Sous la direction de Bernard, CONTAMIN et Harris, MEMEL-FOTÊ,Orstom, 1997, pp274-278

* 258 Institut de Recherche et de Documentation, Les industries de la première transformation du bois en Côte d'Ivoire, p57

* 259Idem, p63

* 260Ibid, p63

* 261Jorci n°28 du 8 juin 1972, p137

* 262François VERDEAUX ; op.cit. , p278

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