b) Agir sur les difficultés sociales à
Vénissieux
A Vénissieux la réflexion sur l'adaptation est
arrivée avec l'obligation de réaliser un PCET et s'est construite
autour d'une caractéristique majeure de la commune que sont les
difficultés sociales.
Vénissieux fait partie des villes obligées par
la loi Grenelle 2 à réaliser un Plan climat. La ville a donc
dû aborder les deux volets atténuation et adaptation. Si
l'atténuation est clairement identifiée et relativement simple
à mettre en oeuvre, ce n'est pas le cas de l'adaptation. La
chargée de mission développement durable de la ville affirme
ainsi « On saute sur la sobriété parce que c'est ce qui
nous paraît accessible, le plus pratique ». Le Plan climat de
Vénissieux a été élaboré à l'aide de
la Mallette Plan climat, un outil proposé par l'Agence locale de
l'énergie (ALE) lyonnaise pour aider les communes à mettre en
place leur plan climat. Il se présente sous la forme d'un tableau qui
fait ressortir les différentes actions du ressort des communes en
matière d'atténuation et d'adaptation. Pour chaque action, il est
précisé si elle relève de l'un ou l'autre de ces volets,
ou des deux. La commune de Vénissieux a utilisé cette grille pour
faire un diagnostic des actions réalisées. « On a fait
l'exercice de répondre à cette Mallette [...] et effectivement il
y a plein d'actions qui font apparaître l'aspect adaptation ».
La mise en place d'une stratégie d'adaptation passe donc d'abord
par la compilation d'actions existantes, comme pour le Grand Lyon.
Les risques liés au changement climatique sont de deux
ordres pour la chargée de mission développement durable. D'abord,
il s'agit d'anticiper un changement climatique : c'est avant tout le
réchauffement qui est mis en avant, avec une augmentation prévue
du nombre de jours de canicule par an. Les incidences éventuelles sur le
régime des précipitations sont évoquées, même
si les enjeux en la matière sont limités pour la commune qui
n'est pas concernée par un risque d'inondation. Ensuite, il s'agit
d'anticiper la hausse du coût de l'énergie, qui réaffirme
l'enjeu du droit à l'énergie et de la précarité
énergétique. Ce deuxième point est identifié comme
étant de l'ordre de l'adaptation. « Le changement climatique et
son évolution c'est deux choses. C'est 1, réchauffement,
effectivement. Et puis 2, c'est une énergie trop chère donc il
faut travailler sur le droit à l'énergie, sur la
précarité énergétique. Tout ça c'est un
volet pour nous, c'est du volet de l'adaptation ».
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
L'adaptation est ainsi associée d'emblée aux
difficultés sociales à Vénissieux, un enjeu
déjà fort pour la commune qui pourrait être exacerbé
avec le changement climatique. La chargée de mission
développement durable de la ville affirme « On a une population
particulièrement sensible sur Vénissieux avec de grosses
difficultés de faire de la rénovation, de la
réhabilitation sur un patrimoine qui est mal adapté ».
Cette entrée sociale s'explique par le positionnement politique des
élus. Selon la chargée de mission, le maire, ainsi que
l'élu au développement durable et à l'énergie
référent au Plan climat, sont communistes et donc très
sensibles aux questions sociales. « Le maire est communiste, donc
très très humaniste. C'est l'homme avant tout, donc l'idée
c'est de protéger ces populations et de les soutenir ». Cette
entrée sociale de l'adaptation est revendiquée par les
élus : l'adjoint au développement durable affirme ainsi
« Déjà aujourd'hui, pour être franc, la
préoccupation des élus de Vénissieux c'est s'adapter
à la violente crise sociale dont l'impact est dominant dans la
société, dans la vie quotidienne ».
L'adaptation est donc vue comme l'occasion d'agir sur les
difficultés sociales par le biais du droit à l'énergie,
d'autant que c'est une préoccupation ancienne de la ville.
Vénissieux a en effet voulu participer à une Opération
programmée d'amélioration thermique des bâtiments (OPATB)
et a déposé un dossier de candidature en 200223. Or
cette candidature a échoué pour des raisons financières et
juridiques. La part importante de logement social à Vénissieux a
posé problème en termes de financement car le logement social est
une compétence de l'État, or l'OPATB était financée
majoritairement par le Grand Lyon. L'opération n'a donc pas vu le jour,
malgré la réalisation d'un certain nombre d'études en
2008. Deux plans de sauvegarde ont été lancés en 2006,
mais ces opérations sont très ponctuelles et ne sont pas
généralisables en raison de leur coût très
élevé pour la collectivité. Deux
copropriétés ont été concernées : Montelier
2 et Grandes terres des Vignes. Elles se caractérisent par de grandes
difficultés, à la fois sociales (habitants au niveau de vie
très modeste) et en termes de qualité du bâti (isolation
très mauvaise). L'objectif principal des plans de sauvegarde est la
réduction des consommations énergétiques dans un enjeu
social et environnemental. Ces opérations de rénovation ont
été financées par des fonds publics à hauteur de 80
%. Dans le cas de Grandes Terres des Vignes, une copropriété de
300 logements située sur le plateau des Minguettes, le
23 Des informations relatives à l'OPATB de
Vénissieux sont disponibles en annexe 7.
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
coût total des travaux s'élève à
7,5 millions d'euros dont 5,7 millions ont été financés
par des subventions publiques24. « Les plans de sauvegarde
c'est une démonstration. Ils vont être une réussite, mais
ce n'est pas généralisable ».
Le Plan climat du Grand Lyon a permis de remettre sur la table
l'objectif d'efficacité énergétique du logement
privé modeste. L'un des objectifs affichés dans le plan d'actions
partenarial du Plan climat consiste en effet à « Assurer la
réhabilitation thermique du parc social de logements ». Le Grand
Lyon a ainsi lancé un Programme d'intérêt
général (PIG) énergie sur le périmètre du
Grand Projet de Ville de Vénissieux. « Le PIG énergie
est apparu comme une réponse à l'impossibilité d'engager
l'OPATB [...] Ce qui a été refusé il y a trois-quatre ans
pour l'OPATB, finalement est revenu à travers le Plan climat
».
Le volet obligatoire de l'adaptation est donc vu comme une
opportunité d'agir sur les difficultés sociales à
Vénissieux, par le biais d'une opération de réhabilitation
thermique de l'habitat, le PIG énergie.
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