Conclusion sur l'hypothèse 2 portant sur la
mise en oeuvre :
Que ce soit au niveau du Grand Lyon ou des communes
étudiées, l'adaptation est mise en oeuvre par des mesures sans
regret. Les principales sont le maintien et le développement de la
"nature" (eau et végétation surtout) autour et dans la ville.
L'autre action souvent reliée à l'adaptation est l'isolation
thermique des bâtiments qui participe avant tout à la
réduction des déperditions énergétiques et donc des
émissions de GES.
Le lien de ces mesures avec l'adaptation est complexe. Dans le
cas de Vénissieux l'adaptation est raccrochée aux politiques
existantes : les travaux de réhabilitation de l'habitat et le maintien
du Plateau des Grandes Terres sont deux objectifs antérieurs à
l'adaptation. Au niveau du Grand Lyon et de Villeurbanne l'adaptation est aussi
raccroché à des mesures existantes : le développement de
la nature en ville, s'il est d'abord animé par des considérations
sociales et environnementales (Vallet, 2012) est ensuite mis en lien avec la
réduction du phénomène d'îlot de chaleur urbain. De
même pour la trame verte et bleue qui est bien antérieure à
l'objectif d'adaptation39. Il s'agit donc de justifications a
posteriori. C'est ce que souligne un chargé de mission du Grand
Lyon : « On ne peut pas considérer qu'on a fait un truc parce
qu'on s'est aperçu qu'on avait un niveau critique d'ICU sur le
territoire. On ne sait pas ce qu'on a comme ICU sur le territoire. [...]
Après,
39 La trame verte et bleue est un objectif du
Grenelle Environnement, qui a d'abord comme objectif d'assurer les
continuités écologiques et de préserver la
biodiversité.
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
on aura des trucs qui seront justifiés a
posteriori ou a priori ou en partie justifiés en disant
« et c'est bon pour les ICU». Mais on ne va jamais faire un truc pour
lutter contre l'ICU ».
D'un autre côté l'adaptation permet de
réaffirmer certaines mesures. C'est en partie le cas à
Vénissieux, puisque le PIG a été mis en place suite au
Plan climat du Grand Lyon (dans un objectif d'atténuation avant tout).
C'est surtout le cas pour la végétalisation : l'îlot de
chaleur urbain a redonné un rôle au végétal, plus
seulement esthétique mais aussi utilitaire (rafraîchissement
urbain). Ainsi les questions de nature en ville ont pris une importance accrue
avec le changement climatique.
L'adaptation est donc intégrée dans le
développement urbain durable pour être mise en oeuvre, et en
même temps elle permet de réaffirmer certains enjeux. Les mesures
sans regret sont donc à la fois un moyen de justifier le fait de faire
de l'adaptation, et à la fois certaines mesures sont justifiées
par l'adaptation. Dans tous les cas, ces mesures produisent des
bénéfices multiples et n'ont pas comme seule finalité
l'adaptation climatique. Dès lors, peut-on parler d'une politique
d'adaptation ? L'adaptation n'est-elle pas plutôt fondue dans des
pratiques de développement durable ?
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