2) Pas de prise en compte renouvelée de risques
déjà traités : le risque d'inondation et de
retrait-gonflement des argiles
Les études de cas sur les communes de Simandres et de
Saint-Didier-au-Mont-d'Or ont montré qu'il n'y avait pas de prise en
compte renouvelée des risques naturels (inondation et retrait-gonflement
des argiles) avec le changement climatique. Les acteurs expliquent cela par le
manqué de connaissances scientifiques qui est systématiquement
évoqué lors des entretiens : en l'absence de données
fiables sur les impacts du changement climatique, il est difficile de les
prendre en compte. Cyria Emelianoff40 met en lumière le lien
entre connaissances scientifiques et action politique : alors la science fonde
et justifie la prise de décision politique, à l'inverse l'absence
de connaissance justifie l'absence de mobilisation politique.
40 EMELIANOFF Cyria, 2006, « connaître
ou reconnaître les inégalités environnementales ? »,
GREGUM, université du Maine, ESO- UMR 6590 CNRS, N° 25. 9
p.
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
L'îlot de chaleur urbain fait ainsi l'objet de travaux
de caractérisation (cartographie) qui sont présentés par
les acteurs comme un préalable à l'action. La cartographie des
îlots de chaleur dans le Grand Lyon en cours d'élaboration
à la mission écologie urbaine a pour vocation d'être
intégrée dans la révision du PLU et de servir de base
à l'action. Pour autant, une approche plus intuitive est
également menée en parallèle à cette phase de
construction de connaissances. En effet bien que l'ICU ne soit pas
complètement caractérisé aujourd'hui - les
éléments qui influent sur sa formation sont connus, mais pas
l'influence exacte de chacun des paramètres - des solutions de type
« sans regret » sont déjà avancées dans le cadre
du SCOT et de la révision du PLU, en particulier le rôle de l'eau
et de la végétation. Comme l'affirme un chargé de mission
Grand Lyon : « on ne sait pas l'impact réel [des mesures de
plantation d'arbres]. C'est un truc empirique, intuitif. Mais c'est parti parce
que c'était une justification complémentaire intéressante
aux arbres » (2012).
Dès lors, comment expliquer qu'une approche intuitive
ne soit pas appliquée concernant les risques naturels ? Une
hypothèse expliquant l'absence de prise en compte de ces risques
naturels serait qu'ils ne peuvent pas, contrairement à l'ICU, être
traités par des mesures « sans regret ». En effet les mesures
à prévoir pour limiter les risques naturels représentent
des coûts importants et n'apportent pas de bénéfices
connexes. Les conditions techniques sur les constructions
(surélévation contre les inondations, renforcement des fondations
pour le mouvement de terrain) représentent des surcoûts de
construction importants et n'apportent pas d'autres bénéfices que
la stabilité de la construction. De même, la limitation de
l'urbanisation soulève des enjeux importants en termes de foncier
constructible, qui sont déjà forts avec les PPR existants. Les
politiques de risques sont déjà classiquement difficiles à
faire accepter au niveau local (Ronez, 2012 ; Sbrava, 2012),
car elles limitent les possibilités de développement et
constituent une perte de valeur foncière. Un renforcement de ces
politiques de risques serait donc certainement difficilement accepté
(Sbrava, 2012).
Ce ne serait donc pas tant le lien entre connaissances et
action qui permettrait d'expliquer la sélection d'aléas dont fait
l'objet l'adaptation climatique, mais plutôt la perception de ces
aléas, selon s'ils sont vus comme des opportunités ou des
contraintes.
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