4) Une politique d'« après coup » ?
L'adaptation et la politique actuelle de gestion des risques
ne visent pas le même référentiel : celui de l'adaptation
est tourné vers l'avenir alors que celui de la gestion de risques se
fonde sur des événements passés. Adaptation et gestion des
risques semblent ainsi incompatibles. Concernant les inondations, la crue de
référence retenue lors de l'élaboration des PPRi est la
plus haute crue connue. Cela signifie qu'une crue supérieure à
celles connues dans le passé n'est pas envisagée. Or, les effets
du changement climatique sont fortement susceptibles d'amplifier les
aléas actuels (ONERC, 2010). Les seuils retenus dans les PPRN ne
seraient alors pas assez larges pour anticiper les effets du changement
climatique. Le mode d'élaboration des PPRN, qui se fonde sur des
événements passés, ne permettrait donc pas d'anticiper
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Partie II : Étude du cas lyonnais et focus sur quatre
communes
des événements futurs. Même si les
modèles tiennent compte des évolutions récentes, la
gestion des risques "court après" ces risques plus qu'elle ne les
anticipe (on ne s'adapte à un événement exceptionnel que
s'il s'est déjà produit).
Dès lors, la politique de gestion du risque serait une
politique « d'après coup » qui consisterait à s'adapter
à des tendances passées : toute anticipation est donc exclue. Le
même constat peut s'appliquer à l'îlot de chaleur urbain,
dans la mesure où celui-ci a été pris en compte
après 2003. Il aura donc fallu un événement extrême
pour enclencher une prise en compte de cet aléa et le constituer comme
"risque" urbain.
Les stratégies sans regret ou à gains multiples
seraient ainsi un moyen de dépasser les limites de la planification et
de l'urbanisme en termes d'anticipation. La partie suivante a pour objet de
montrer que la stratégie actuelle lyonnaise de développement
durable est bénéfique en termes d'adaptation au changement
climatique.
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